Section 5 : Affaires de violence familiale envers les aînés déclarées par la police

par Dyna Ibrahim

Selon les estimations démographiques de 2015, les aînés (65 ans et plus) représentent environ 16 % de la population totale (Statistique Canada, 2011). Compte tenu du vieillissement de la population canadienne (Milan, 2011), des préoccupations sont de plus en plus soulevées au sujet du bien-être des aînés. Plus précisément, les préoccupations concernant les besoins des personnes âgées en matière de soins de santé et leur vulnérabilité accrue sur le plan social, physique et psychologique ont mené à la nécessité de mieux comprendre et de mieux surveiller la criminalité et la violence chez les aînés au Canada.

La présente section, fondée sur des données tirées du Programme de déclaration uniforme de la criminalité et de l’Enquête sur les homicides de 2014 de Statistique Canada, traite de la mesure dans laquelle les Canadiens de 65 ans et plusNote 1 ont été victimes de crimes violents commis par un membre de la famille. Cette section présente les principales constatations quant à la prévalence et à la nature de la violence familiale commise envers les aînés, y compris l’âge et le sexe des victimes, le lien de l’auteur présumé avec la victime, les formes de violence commises, les armes utilisées et toute blessure subie par les victimes, ainsi que la façon dont ces affaires ont été classées par la police. On y trouve également une analyse géographique de la prévalence de la violence familiale envers les aînés, de même qu’une analyse des tendances.

La présente section porte sur tous les types d’infractions avec violence prévues au Code criminel qui ont été portées à l’attention de la police en 2014, allant des menaces aux homicides, en passant par la violence physique et sexuelle. Les crimes sans violence, comme le vol et la fraude, toutes les formes de violence qui n’ont pas été corroborées par la police, ainsi que la conduite qui n’est pas visée par le Code criminel, ne sont pas compris dans cette section. De plus, l’analyse fondée sur les données de l’Enquête sur les homicides exclut les homicides qui n’ont pas été résolus par la police. Bien que la présente section contienne des renseignements contextuels importants sur les affaires de violence familiale qui sont portées à l’attention de la police, il se peut qu’elle présente un portrait sous-estimé de la portée réelle de la violence familiale au Canada.

Sauf indication contraire, tous les taux indiqués dans la présente section sont calculés pour 100 000 personnes. La section « Description de l’enquête » contient des renseignements sur les sources de données et les méthodes d’enquête ainsi que des définitions.

Début de l'encadré

Faits saillants

L’enfant adulte de la victime est le plus souvent l’auteur dans les affaires de violence commises envers les aînés et déclarées par la police

  • En 2014, plus de 9 200 personnes de 65 ans et plus ont été victimes de crimes violents déclarés par la police au Canada, ce qui représente près de 3 % des victimes de crimes violents signalés à la police (tableau 5.1).
  • Près de 4 % des victimes de violence familiale déclarée par la police étaient âgées de 65 ans et plus. Pour plus du tiers (34 %) des personnes âgées victimes de crimes violents déclarés par la police, l’auteur présumé était un membre de la famille, ce qui se traduit par un taux de 59,6 pour 100 000 aînés (tableau 5.1).
  • Plus de la moitié (59 %) des personnes âgées victimes de violence familiale étaient des femmes, dont le taux était de 24 % supérieur à celui observé chez les hommes âgés (65,4 par rapport à 52,8 pour 100 000 aînés) (tableau 5.1).
  • En général, les personnes âgées qui ont été victimes de violence familiale déclarée par la police étaient plus susceptibles d’avoir été agressées par un enfant adulte (33 %) ou un conjoint (28 %) (tableau 5.1).
  • Parmi les femmes âgées victimes de violence familiale, 1 femme sur 3 (33 %) a été agressée par un conjoint, suivi de près d’un enfant adulte de la victime (31 %). Chez les hommes âgés victimes de violence familiale, l’auteur présumé était le plus souvent un enfant adulte de la victime (35 %) (tableau 5.1).

Selon les données policières, les voies de fait représentent la forme de violence familiale la plus souvent commise à l’endroit des personnes âgées

  • Selon les données déclarées par la police, les voies de fait simples constituaient la forme de violence familiale la plus souvent commise envers les aînés en 2014. Cette forme de violence a été perpétrée à l’endroit de plus de la moitié (55 %) des aînés agressés par un membre de la famille (tableau 5.2).
  • Les données policières révèlent que la majorité des personnes âgées victimes de violence familiale ont été agressées au moyen de la force physique (60 %) ou de menaces (23 %). Une plus faible proportion de personnes âgées victimes de violence familiale déclarée par la police ont été agressées au moyen d’une arme, un couteau dans la plupart des cas (5 %). L’arme la moins susceptible d’être utilisée était une arme à feu (1 %) (tableau 5.3).
  • En 2014, 2 personnes âgées victimes sur 5 (40 %) de violence familiale déclarée par la police ont subi des blessures, dont la majorité (94 %) était des blessures corporelles mineures qui n’ont pas nécessité de soins médicaux professionnels. Bien qu’elles n’aient pas été aussi fréquentes, les blessures corporelles graves qui ont nécessité des soins médicaux professionnels ou qui ont entraîné la mort étaient plus fréquentes chez les femmes âgées victimes d’un crime aux mains d’un membre de la famille (3 %) que chez les hommes âgés (2 %) (tableau 5.4).
  • Parmi les personnes âgées victimes de violence familiale déclarée par la police, plus de la moitié (54 %) des affaires ont été classéesNote 2 par le dépôt ou la recommandation d’une accusation contre l’auteur présumé. Pour 30 % des personnes âgées victimes de violence familiale déclarée par la police, les affaires ont été classées sans mise en accusation, par exemple à la demande du plaignant de ne pas porter d’accusations (18 %). En ce qui concerne la proportion restante de 16 %, les affaires de violence familiale n’ont pas été classées parce que les preuves n’étaient pas suffisantes pour déposer une accusation contre l’auteur présumé du crime (tableau 5.5).

L’Alberta et la Saskatchewan affichent les plus forts taux de violence familiale commise envers les aînés et déclarée par la police

  • Comme c’était le cas pour la violence familiale en général, les territoires ont enregistré les plus forts taux de violence familiale envers les aînés déclarée par la police au Canada. Le Nunavut (2 100,5 pour 100 000 aînés) est le territoire qui a affiché le plus haut taux de violence familiale à l’endroit des aînés, soit un taux 35 fois plus élevé que le taux national (59,6); venaient ensuite les Territoires du Nord-Ouest (1 466,4) et le Yukon (159,7). Parmi les provinces, l’Alberta (84,7) et la Saskatchewan (81,6) ont enregistré les taux les plus élevés de violence familiale à l’endroit des aînés, tandis que l’Ontario (46,2) et l’Île-du-Prince-Édouard (47,9) ont inscrit les plus faibles taux (tableau 5.6).
  • Alors que les taux de violence familiale à l’endroit des femmes âgées et des hommes âgés étaient généralement semblables dans l’ensemble des provinces, à Terre-Neuve-et-Labrador, les femmes âgées étaient deux fois plus susceptibles d’avoir été victimes de violence familiale comparativement aux hommes âgés (89,8 par rapport à 42,4). En revanche, les taux de violence familiale chez les hommes âgés étaient légèrement plus élevés que ceux des femmes âgées à l’Île-du-Prince-Édouard, au Manitoba, en Saskatchewan, au Yukon et au Nunavut (tableau 5.6).
  • Comme c’était le cas pour les taux globaux de violence familiale déclarée par la police, les aînés vivant dans des régions métropolitaines de recensement (RMR) étaient moins susceptibles d’être victimes de violence familiale que ceux qui vivaient dans des régions autres que les RMR. En effet, le taux de violence familiale envers les aînés vivant dans des régions autres que les RMR (75,3) était 1,5 fois plus élevé que le taux observé chez les personnes vivant dans des RMR (51,1) (tableau 5.7).
  • Parmi les RMR, Abbotsford–Mission (71,0 pour 100 000 aînés) a enregistré le plus fort taux de violence familiale envers les aînés déclarée par la police en 2014, suivie de Kelowna (68,5), d’Edmonton (68,2) et de Kitchener–Cambridge–Waterloo (68,1). Le plus faible taux a été enregistré à Sherbrooke (23,2); elle était suivie des RMR ontariennes du Grand Sudbury (26,0), de London (26,3) et de St. Catharines–Niagara (27,0), qui ont toutes affiché un taux inférieur à moins de la moitié de celui observé à l’échelle nationale (tableau 5.7).
  • Les taux de violence familiale envers les aînés étaient plus élevés chez les femmes que chez les hommes dans la majorité des RMR, à l’exception de Gatineau, d’Hamilton, de Victoria, de Saskatoon, de Trois-Rivières, d’Ottawa, de London et du Grand Sudbury, où les taux de violence familiale envers les aînés étaient légèrement plus élevés chez les hommes (tableau 5.7).

Les homicides sur des aînés aux mains d’un membre de la famille sont le plus souvent motivés par la frustration, la colère ou le désespoir ou par une dispute ou une querelle

  • En 2014, les voies de fait déclarées par la police étaient la forme de violence familiale la plus souvent commise envers les aînés, le taux s’établissant à 41,1 pour 100 000 aînés. Chez les femmes âgées victimes, le taux de voies de fait commises par un membre de la famille a augmenté de 9 % par rapport à 2009 pour se situer à 44,4 en 2014, alors que chez les hommes âgés, ce taux a augmenté de 2 % par rapport à 2009 pour s’établir à 37,1 en 2014 (tableau 5.8).
  • Les dossiers de la police révèlent que le taux d’homicides dans la famille sur des aînés observé en 2014 (3,4 pour 1 million d’aînés) représentait près de la moitié du taux enregistré 30 ans plus tôt. À l’exception de quelques sommets, le taux d’homicides sur des aînés commis par un membre de la famille affiche une tendance générale à la baisse, étant passé de 6,2 pour 1 million d’aînés en 1984 à 3,4 pour 1 million en 2014 (tableau 5.9).
  • Selon les dossiers de la police des années plus récentes, au total, 180 personnes âgées ont été victimes d’un homicide dans la famille entre 2004 et 2014. La moitié de ces victimes ont été tuées par un enfant adulte, alors que 32 % l’ont été par leur conjoint (tableau 5.10).
  • Près des deux tiers (64 %) des personnes âgées victimes d’un homicide dans la famille entre 2004 et 2014 étaient des femmes. L’auteur présumé d’homicide sur des femmes âgées était le plus souvent un conjoint (47 %), alors que cette proportion s’établissait à 5 % chez les hommes âgés. Chez les hommes âgés, l’auteur présumé était le plus souvent un enfant adulte de la victime (77 %), comparativement à 35 % chez les femmes âgées (tableau 5.10).
  • Au cours des 10 dernières années, les mobiles les plus souvent déclarés pour les homicides dans la famille sur des aînés comprenaient la frustration, la colère ou le désespoir (34 %) et une dispute ou une querelle (33 %) (tableau 5.11).
  • Les homicides dans la famille motivés par la frustration, la colère ou le désespoir étaient plus fréquents chez les femmes âgées (41 %) que chez les hommes âgés (22 %). Une dispute ou une querelle était plus souvent à l’origine des homicides sur des hommes (43 %) que sur des femmes (27 %) (tableau 5.11).

Fin de l'encadré

Tableaux de données détaillés

Tableau 5.1 Personnes âgées qui ont été victimes d’un crime violent, affaires déclarées par la police, selon le sexe de la victime et le lien de l’auteur présumé avec celle-ci, Canada, 2014
Tableau 5.2 Personnes âgées qui ont été victimes de violence familiale, affaires déclarées par la police, selon le sexe de la victime et le type d’infraction, Canada, 2014
Tableau 5.3 Personnes âgées qui ont été victimes de violence familiale, affaires déclarées par la police, selon le sexe de la victime et le type d’arme, Canada, 2014
Tableau 5.4 Personnes âgées qui ont été victimes de violence familiale, affaires déclarées par la police, selon le sexe de la victime et la gravité des blessures, Canada, 2014
Tableau 5.5 Personnes âgées qui ont été victimes de violence familiale, affaires déclarées par la police, selon le sexe de la victime et l’état de classement des affaires, Canada, 2014
Tableau 5.6 Personnes âgées qui ont été victimes de violence familiale, affaires déclarées par la police, selon le sexe de la victime et la province et le territoire, 2014
Tableau 5.7 Personnes âgées qui ont été victimes de violence familiale, affaires déclarées par la police, selon le sexe de la victime et la région métropolitaine de recensement, 2014
Tableau 5.8 Personnes âgées qui ont été victimes de voies de fait commises par un membre de la famille, affaires déclarées par la police, selon le sexe de la victime, Canada, 2009 à 2014
Tableau 5.9 Personnes âgées qui ont été victimes d'un homicide dans la famille, selon le sexe de la victime, Canada, 1984 à 2014
Tableau 5.10 Personnes âgées qui ont été victimes d’un homicide dans la famille, selon le lien de l’auteur présumé avec la victime, Canada, 2004 à 2014
Tableau 5.11 Personnes âgées qui ont été victimes d’un homicide dans la famille, selon le sexe de la victime et le mobile, Canada, 2004 à 2014

Références

Milan, Anne. 2011. « Structure par âge et sexe : Canada, provinces et territoires, 2010 », Rapport sur l’état de la population du Canada, produit no 91-209-X au catalogue de Statistique Canada.

Statistique Canada. 2011. Tableau 051-0001 — Estimations de la population, selon le groupe d’âge et le sexe au 1er juillet, Canada, provinces et territoires, annuel (personnes sauf indication contraire), base de données CANSIM (site consulté le 19 novembre 2015).

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