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Section 1 : Profil des refuges pour femmes violentées au Canada

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Introduction

Depuis plus de 30 ans, le système de refuges au Canada accueille non seulement en toute sécurité des femmes et leurs enfants qui fuient la violence, mais offre aussi de l’aide pour mieux faire face aux situations de violence, des conseils juridiques et quantité d’autres services.

L’information relative aux refuges au Canada est recueillie au moyen de l’Enquête sur les maisons d’hébergement (EMH), un recensement biennal de tous les établissements d’hébergement pour femmes victimes de violence familiale. L’EMH, élaborée dans le cadre de l’Initiative de lutte contre la violence familiale du gouvernement fédéral, fournit un aperçu des refuges destinés aux femmes violentées et à leurs enfants au pays, en plus d’établir le profil des personnes y résidant. Étant donné qu’environ 9 refuges sur 10 interdisent l’admission d’hommes, les renseignements sur les hommes qui ont recours à ces établissements sont limités (voir l’encadré 3 : Les refuges accueillant des hommes).

D’après les résultats de l’EMH, 569 refuges offraient, en 2008, des services d’hébergement aux femmes et à leurs enfants qui fuyaient des situations de violence au Canada. Ces refuges ont accueilli un peu plus de 101 000 personnes (environ 62 000 femmes et 38 000 enfants) 1  au cours de la période de 12 mois allant du 1er avril 2007 au 31 mars 2008. Si les femmes et les enfants fuyant la violence familiale ne représentaient pas toutes les personnes admises dans les refuges destinés aux femmes violentées, ils en composaient clairement la vaste majorité (voir l’encadré 2 : Les résidents des refuges en bref) 2 .

Reposant sur les données recueillies dans le cadre de l’EMH, ce chapitre fournit de l’information sur le système de refuges au Canada, notamment le nombre d’établissements, les types de refuges et les services proposés. Il présente également un bref profil des femmes et des enfants ayant recours aux refuges au pays 3 .

Les maisons d’hébergement sont les refuges les plus couramment offerts aux femmes fuyant la violence

Des différences ont été relevées entre les 569 établissements apportant un refuge aux femmes violentées et à leurs enfants en ce qui a trait à la durée de l’hébergement et aux types de services offerts (voir l’encadré 1). Certains établissements, comme les refuges d’urgence et les centres d’urgence pour femmes, se spécialisent dans l’hébergement de très courte durée, alors que d’autres, comme les maisons d’hébergement de deuxième étape, centrent leurs efforts sur les solutions à plus long terme. Par ailleurs, si certains refuges desservent une vaste clientèle et offrent peu de services outre ceux de logement et de repas (p. ex. refuges d’urgence), d’autres mettent en oeuvre des programmes exhaustifs, ciblés sur les besoins des femmes violentées (p. ex. maisons d’hébergement et centres d’urgence pour femmes).

Encadré 1 : Les types d’établissements d’hébergement pour les femmes violentées et leurs enfants visés par l’Enquête sur les maisons d’hébergement

Le terme « refuge » est utilisé dans un sens large pour désigner tous les établissements d’hébergement qui accueillent les femmes violentées et leurs enfants à charge. En outre, aux fins de l’Enquête sur les maisons d’hébergement (EMH), on a élaboré les catégories génériques suivantes pour définir davantage les divers types de refuges. Faisant référence à ces définitions, les personnes qui ont répondu à l’EMH ont choisi le type d’établissement qui décrivait le mieux leur refuge.

Maison d’hébergement de deuxième étape :  Établissement offrant un hébergement de longue durée (3 à 12 mois) en lieu sûr avec services de soutien et d’aiguillage, conçu pour aider les femmes pendant qu’elles cherchent un logement permanent.

Maison d’hébergement ou refuge :  Établissement offrant un hébergement de courte durée ou de durée moyenne (1 jour à 11 semaines) en lieu sûr pour les femmes violentées avec ou sans enfants; également appelé « maison d’hébergement de première étape ».

Centre de ressources familiales :  Services d’hébergement fournis dans le cadre d’une initiative du gouvernement de l’Ontario desservant une grande diversité de clients à qui l’on offre une gamme variée de services d’information et d’aiguillage.

Centre ou refuge d’urgence pour femmes :  Établissement de dépannage de courte durée (1 à 21 jours) pour les femmes et leurs enfants à charge.

Refuge d’urgence :  Établissement offrant un hébergement de courte durée (1 à 3 jours) pour une grande diversité de groupes, pas seulement pour les femmes violentées. Certains refuges peuvent accueillir des hommes aussi bien que des femmes. On peut y héberger des personnes qui ne sont pas victimes de violence familiale, mais qui se trouvent sans endroit où rester en raison d’une situation d’urgence (p. ex. expulsion pour non-paiement du loyer). Outre les services de logement et de repas, ces refuges offrent peu de services additionnels à la clientèle.

Réseau de maisons d’hébergement :  Réseau de maisons privées dans les régions rurales ou éloignées où il n’existe pas de véritables refuges. Il s’agit d’un hébergement auxiliaire d’urgence de très courte durée (1 à 3 jours).

Autres :  Tous les autres établissements d’hébergement qui offrent des services aux femmes violentées, avec ou sans enfants, qui ne sont pas classés ailleurs. Cette catégorie comprend les centres de prévention de la violence familiale en région rurale de l’Alberta, les logements provisoires au Manitoba et d’autres types de refuges d’urgence, tels les YWCA. Il se peut que ces services ne soient pas réservés uniquement aux femmes violentées.

Comme par le passé, les maisons d’hébergement et les différents établissements d’urgence demeurent les types de refuges les plus couramment utilisés par les femmes violentées au Canada (graphique 1.1). En 2008, les maisons d’hébergement, qui fournissent un hébergement de court à moyen terme, représentaient près de la moitié (47 %) de tous les refuges offerts au Canada. Les établissements d’urgence, comme les refuges d’urgence généraux et les centres d’urgence pour femmes, constituaient plus du quart (26 %) de ceux offrant un hébergement en 2008.

Le recours des femmes violentées aux refuges d’urgence a augmenté au fil des ans, tandis que les admissions dans les maisons d’hébergement, en proportion de toutes les admissions dans les refuges, ont diminué. Selon les données recueillies auprès d’un échantillon de 354 refuges ayant participé à cinq cycles consécutifs de l’EMH, les admissions dans les maisons d’hébergement correspondaient à 65 % des admissions dans tous les types de refuges en 2000, mais cette proportion était passée à 53 % en 2008. Au cours de la même période, le nombre d’admissions dans les établissements d’urgence était passé de 26 % à 40 %.

Le nombre et les types d’établissements varient dans l’ensemble du pays

En 2008, environ 70 % des refuges au Canada se trouvaient dans trois provinces, soit en Ontario (28 %), au Québec (22 %) et en Colombie-Britannique (19 %). Cependant, lorsque l’on tient compte des différences de population entre les provinces, on constate que l’Île-du-Prince-Édouard comptait le plus grand nombre de refuges par habitant (14 pour 100 000 femmes mariées, séparées ou vivant en union libre); venaient ensuite le Nouveau-Brunswick (12), Terre-Neuve-et-Labrador (11) et le Manitoba (11). À l’échelle nationale, il y avait environ 7 refuges pour 100 000 femmes mariées, séparées ou vivant en union libre (tableau 1.1) 4 .

La répartition des divers types d’établissements d’hébergement varie selon chaque province et territoire. Ainsi, les maisons d’hébergement étaient plus courantes au Québec, représentant 80 % de tous les refuges dans cette province, suivi de la Nouvelle-Écosse (69 %) (tableau 1.2). En revanche, ces maisons étaient moins fréquentes en Alberta (8 %) et au Manitoba (10 %). Les établissements d’urgence, y compris les centres d’urgence pour femmes et les refuges d’urgence généraux, étaient plus courants dans les Prairies, dans les territoires et en Ontario (tableau 1.2). Par exemple, l’Alberta comptait la plus forte proportion de centres d’urgence pour femmes, lesquels constituaient près des deux tiers des refuges pour femmes violentées de cette province. Si les maisons d’hébergement de deuxième étape représentaient environ le cinquième des refuges pour femmes violentées dans la majorité des provinces ainsi qu’au Yukon, la plupart des établissements de l’Île-du-Prince-Édouard (80 %) consistaient en des refuges de deuxième étape. La plus faible prévalence de maisons d’hébergement de deuxième étape a été relevée dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut (0 %) de même qu’au Québec (10 %).

De plus en plus d’établissements favorisent l’apprentissage de l’autonomie fonctionnelle chez leurs résidentes

Comme pour les années antérieures, outre l’hébergement, de nombreux refuges proposaient une vaste gamme de programmes et de services internes aux personnes y résidant en 2008. Les services offerts par les refuges visaient à aider les femmes à composer avec les problèmes complexes que soulevaient leurs efforts pour quitter une situation de violence et surmonter leur victimisation. Le transport et l’accompagnement (p. ex. au tribunal et chez le médecin), le counselling individuel à court terme, la défense des droits, la planification de la sécurité ou de la protection et l’aiguillage pour un logement figuraient parmi les services les plus couramment offerts — presque 9 refuges sur 10 proposaient chacun de ces services à leurs résidentes (tableau 1.3).

Bon nombre de refuges offrent des services axés sur l’apprentissage de l’autonomie fonctionnelle. Selon les données de l’EMH, une formation visant l’apprentissage de l’autonomie fonctionnelle était offerte par 76 % des refuges en 2008, une proportion en hausse de 8 % par rapport à 2002 5 . Il s’agit de l’augmentation la plus marquée parmi tous les services proposés aux résidentes au cours de cette période 6 .

Les maisons d’hébergement ont plus tendance à offrir du counselling à court terme que les autres types de refuges

Les services et les programmes offerts varient selon le type d’établissement. Ainsi, la planification de la sécurité ou de la protection, le transport, l’accompagnement ainsi que le counselling individuel à court terme représentaient les services les plus couramment proposés aux résidentes de maisons d’hébergement (tableau 1.4). De plus, les maisons d’hébergement avaient davantage tendance à offrir des services de transport et de counselling individuel à court terme que presque tout autre type de refuge.

Par ailleurs, les maisons d’hébergement de deuxième étape proposaient plus souvent à leurs résidentes des services de défense des droits et d’aiguillage pour un logement. Cependant, leur mission étant généralement axée sur la recherche de solutions permanentes aux situations de violence, la plupart de ces établissements avaient tendance à miser davantage que les autres refuges sur les services d’apprentissage de l’autonomie fonctionnelle et de counselling individuel à long terme (tableau 1.4).

Les services de défense des droits et de planification de la sécurité ou de la protection étaient davantage offerts dans les centres d’urgence pour femmes, qui, avec les refuges d’urgence généraux, proposaient plus souvent que dans les autres types de refuges des services de défense des droits et d’autres services destinés plus particulièrement aux femmes ayant une incapacité, aux membres de minorités visibles ou aux lesbiennes (tableau 1.4).

Environ les trois quarts des refuges offrent des services ou des programmes conçus pour les enfants

Les résultats de l’EMH de 2008 indiquent que, en date du 16 avril 2008, 44 % des résidents de refuges pour femmes violentées étaient des enfants (voir l’encadré 2). Comme la plupart des mères cognant à la porte des établissements pour fuir la violence étaient accompagnées de leurs enfants (70 %), environ les trois quarts des refuges offraient certains services ou programmes conçus pour les enfants (tableau 1.5). Les espaces récréatifs intérieurs et extérieurs destinés aux enfants étaient les plus couramment offerts à ce chapitre, et ce, dans environ les trois quarts des refuges. Les services visant à aider les enfants à surmonter les difficultés liées à la violence familiale, comme l’orientation de groupe et le counselling individuel, ainsi que les programmes conçus pour les enfants témoins ou victimes de situations de violence, étaient également offerts dans plus de la moitié des refuges.

Encadré 2 : Les résidents des refuges en bref

D’après les résultats de l’Enquête sur les maisons d’hébergement (EMH) de 2008, le nombre d’admissions de femmes et d’enfants dans les 569 refuges d’un bout à l’autre du Canada était supérieur à 101 000 au cours de la période de 12 mois s’échelonnant du 1er avril 2007 au 31 mars 2008. Outre ces chiffres annuels, l’EMH fournit un aperçu des femmes et des enfants qui ont recours aux services de refuges par la collecte de données sur certaines caractéristiques des résidents en un jour donné — le 16 avril 2008 en l’occurrence. Cette information peut ensuite servir à établir le profil des femmes et des enfants hébergés dans les refuges le jour de l’instantané. (Pour en savoir davantage sur les femmes violentées résidant dans les refuges, voir « Les résidents des refuges pour femmes violentées au Canada, 2008 », par Julie Sauvé et Mike Burns, Juristat, vol. 29, no 2, mai 2009.)

Plus des trois quarts des femmes vont dans les refuges pour fuir la violence

Le 16 avril 2008, approximativement 4 300 femmes et leurs 3 400 enfants à charge résidaient dans des refuges dans l’ensemble du pays 7 . Si un besoin d’hébergement ou un problème de toxicomanie 8 , entre autres raisons, expliquait la présence d’environ le quart des femmes dans des refuges, les trois quarts (3 222) étaient là pour fuir une situation de violence (tableau 1.6). Les femmes se trouvant dans un refuge en raison de la violence étaient souvent âgées entre 25 et 34 ans (36 %), et près de 8 femmes sur 10 avaient moins de 45 ans.

La violence psychologique ou physique de la part d’un conjoint ou d’un conjoint de fait figure parmi les principales raisons poussant des femmes à aller dans des refuges

Comme pour les années antérieures, les données de l’EMH de 2008 révèlent qu’environ les deux tiers (65 %) de toutes les femmes se trouvant dans un refuge le 16 avril 2008 — que la violence ait été ou non le principal motif de leur séjour — étaient là pour échapper à la violence psychologique, alors que plus de la moitié (55 %) d’entre elles fuyaient la violence physique.

La grande majorité des femmes dans les refuges tentaient de fuir la violence aux mains d’un conjoint ou d’un conjoint de fait actuel (64 %) ou ancien (12 %) (tableau 1.6). Le taux de femmes se trouvant dans des refuges pour échapper à la violence infligée par un conjoint ou un partenaire (actuel ou ancien), le 16 avril 2008, était de 31 pour 100 000 femmes 9 .

Environ le quart des femmes violentées résidant dans des refuges le jour de l’instantané avaient signalé à la police le plus récent incident de violence dont elles avaient été victimes 10 .

Des enfants accompagnaient environ 70 % des mères dans les refuges

Plus de 2 200 femmes se trouvant dans des refuges pour fuir la violence le 16 avril 2008 avaient des enfants (tableau 1.6). Environ 70 % d’entre elles avaient emmené leurs enfants à charge dans un refuge 11 . Parmi les quelque 2 900 enfants accompagnant leur mère dans un refuge pour fuir la violence, plus des deux tiers (69 %) étaient âgés de moins de 10 ans. Les femmes accompagnées de leurs enfants résidaient surtout dans des maisons d’hébergement (39 %) et des maisons d’hébergement de deuxième étape (31 %).

Le soutien des ex-résidentes et des non-résidentes représente une part importante des activités quotidiennes des refuges

De nombreux refuges élargissent l’accès à leurs ressources à des personnes n’y restant pas, à la fois d’ex-résidentes et des personnes n’y ayant jamais résidé. Les refuges proposent leur aide à d’ex-résidentes et à des non-résidentes qui ont besoin d’un soutien particulier pour faire face à diverses situations — réagir à des menaces de violence, trouver un logement sécuritaire, obtenir un emploi et bénéficier d’une aide juridique.

En 2008, les services les plus couramment offerts aux ex-résidentes et aux non-résidentes comprenaient les lignes d’écoute téléphoniques, la planification de la sécurité ou de la protection, le counselling individuel à court terme et la défense des droits. Il s’agit de services que fournissaient les deux tiers environ des établissements (tableau 1.3).

De façon générale, les personnes ne résidant pas dans un refuge avaient moins tendance à bénéficier des services couramment proposés à celles y résidant, comme des services liés au transport et à l’accompagnement, à l’aiguillage pour un logement, aux compétences parentales et à l’apprentissage de l’autonomie fonctionnelle. Il n’en demeure pas moins que certains services, comme les lignes d’écoute téléphoniques, le counselling individuel à long terme et les programmes d’orientation familiale, étaient autant offerts aux résidentes actuelles qu’aux ex-résidentes et aux non-résidentes, et ce, par un nombre semblable de refuges (tableau 1.3). Dans l’ensemble, les maisons d’hébergement étaient plus enclines que d’autres types de refuges à proposer des services à des personnes n’y résidant pas (tableau 1.4).

Les refuges aident également à trouver différents articles, comme des vêtements et des meubles

Certaines femmes peuvent ne pas disposer des objets de première nécessité pour voler de leurs propres ailes à leur départ du refuge. Bon nombre d’établissements aident leurs résidentes à connaître un nouveau départ en leur offrant des articles comme des vêtements (79 %) et des meubles (55 %), en plus des services d’une banque alimentaire (34 %). Un nombre important de refuges proposent également ces services à d’ex-résidentes et à des non-résidentes (graphique 1.2).

Si les refuges offraient une vaste gamme de services autant à des résidentes actuelles et anciennes qu’à des non-résidentes, très peu d’entre eux élargissaient l’accès à leurs ressources pour fournir des services internes aux partenaires des résidentes, alors que 5 % proposaient un traitement ou du counselling aux partenaires violents. Cependant, environ le tiers des refuges dirigeaient ceux-ci vers un organisme externe en mesure de les aider.

Encadré 3 : Les refuges accueillant des hommes

Les refuges ayant participé à l’Enquête sur les maisons d’hébergement (EMH) ont admis 736 hommes au total en 2008. Plus de la moitié de ces admissions ont eu lieu au Nouveau-Brunswick, alors que 43 % l’ont été en Ontario. Environ 9 % des hommes se sont présentés dans des refuges pour échapper à la violence conjugale, tandis que les autres ont été admis pour d’autres motifs que la violence, notamment en raison de problèmes liés au logement.

Même si approximativement 9 refuges sur 10 interdisaient l’admission des hommes, environ 5 % des refuges pour femmes violentées acceptaient d’accueillir des hommes; 4 % d’entre eux n’avaient aucune politique à cet égard.

Parmi les 29 refuges permettant l’admission d’hommes adultes, soit 5 % des établissements, les maisons d’hébergement étaient les plus nombreuses (24 %), suivies des autres types de refuges 12  (21 %), des maisons d’hébergement de deuxième étape (17 %) et des refuges d’urgence (17 %).

Les refuges reçoivent plus d’une centaine de demandes par mois de la part de non-résidentes

Certaines personnes peuvent rechercher un autre type de soutien que l’hébergement auprès des refuges. Le traitement de telles demandes et le travail de sensibilisation font partie des activités quotidiennes de nombreux refuges. Sur une période de 12 mois (du 1er avril 2007 au 31 mars 2008), les refuges ont consacré 28 770 heures au total, selon les estimations, à des activités de sensibilisation. Ainsi, au Québec, deuxième province où les refuges étaient les plus nombreux, plus de 11 600 heures ont été consacrées au total — ou en moyenne 92 heures par refuge — à des activités de sensibilisation, soit davantage que dans toute autre province au Canada. Affichant 54 heures allouées par refuge, en moyenne, à des activités similaires, l’Ontario est arrivée au deuxième rang à ce chapitre.

Au cours d’un mois typique, les refuges ont reçu au total plus de 62 000 demandes — environ 110 demandes par refuge, par mois —, une proportion en hausse de 16 % par rapport à 2006. Au 16 avril 2008, les refuges avaient reçu plus de 4 700 demandes de renseignements et de services de la part de non-résidentes. Plus des deux tiers de ces demandes concernaient des questions ne touchant pas le logement, comme une aide en cas de crise et un soutien moral, une assistance médicale ou des renseignements généraux.

Un moins grand nombre de services sont offerts dans les refuges en région rurale ou dans les villages

Les femmes violentées qui vivent dans de petits villages ou en région rurale peuvent éprouver des besoins particuliers en raison de l’endroit où elles habitent. Par exemple, l’isolement géographique de nombreux villages et régions rurales peut se traduire par un accès limité aux ressources sociales, comme la famille et les amis. Dans le même ordre d’idées, les collectivités plus petites ou éloignées risquent de proposer un moins grand nombre de services en ce qui a trait aux refuges, aux soins à l’enfance et à la recherche d’un logement à prix abordable (Purdon, 2004; Lunn, 2001; Jiwani, Kachuk et Moore, 1998).

Selon les données de l’EMH, très peu de refuges pour femmes violentées desservaient exclusivement des villages et des populations rurales (comptant moins de 1 000 habitants). En effet, la plupart des établissements ciblent plutôt les régions urbaines et suburbaines ou à la fois les régions urbaines, suburbaines et rurales ainsi que les villages 13 . En 2008, 57 % des refuges ne destinaient leurs services qu’aux régions urbaines et suburbaines; 39 % desservaient à la fois des régions urbaines et rurales, alors que 4 % ne ciblaient qu’un village ou une région rurale, ou un village ou une région rurale et une réserve. Près de la moitié des refuges en régions urbaine et suburbaine consistaient en des maisons d’hébergement, tandis que les établissements d’urgence étaient plus courants en région rurale et dans les villages (tableau 1.7).

Un certain nombre de points communs ont été relevés entre les 324 refuges en régions urbaine et suburbaine et les 24 refuges ne destinant leurs services qu’à des villages et à des populations rurales 14 . Ainsi, les services internes les plus couramment offerts dans les établissements desservant des régions rurales ou des villages étaient les mêmes que ceux proposés par les refuges en régions urbaine et suburbaine : counselling individuel à court terme, défense des droits, planification de la sécurité ou de la protection et aiguillage pour un logement. Dans l’ensemble, l’éventail des programmes et des services accessibles aux résidentes actuelles et anciennes ainsi qu’aux non-résidentes des établissements en régions urbaine et suburbaine était beaucoup plus large, comparativement à ce que pouvaient offrir les refuges en région rurale et dans les villages (tableau 1.8).

Toutefois, les services adaptés à la culture des femmes autochtones étaient plus couramment offerts par les refuges en région rurale et dans les villages (67 %) que par les établissements en régions urbaine et suburbaine (53 %), tout comme les services de counselling individuel à long terme, plus fréquents dans les refuges en région rurale et dans les villages (50 %) que dans les établissements ne desservant que des populations urbaines et suburbaines (38 %). En outre, les refuges en région rurale et dans les villages étaient plus enclins que les établissements en régions urbaine et suburbaine à offrir aux non-résidentes certains services, tels la défense des droits, le counselling individuel à court terme, le counselling individuel à long terme, l’aiguillage pour un logement et les services de santé mentale (tableau 1.8).

Encadré 4 : Les séjours à répétition dans les refuges

Le fait qu’une femme violentée se soit trouvée dans un refuge une seule fois ou à plusieurs reprises peut avoir une incidence sur les types de services dont elle aura besoin. Le 16 avril 2008, le quart des femmes se trouvant dans des refuges y avaient résidé au moins une fois auparavant, en baisse par rapport à la proportion de 38 % enregistrée lors de l’Enquête sur les maisons d’hébergement précédente, en 2006. Les réadmissions dans les refuges étaient plus fréquentes dans les établissements d’urgence (graphique 1.3).

En 2008, près des trois quarts des réadmissions dans des refuges s’étaient produites au cours d’une année. Parmi les résidents qui étaient de retour au refuge, la plus forte proportion (32 %) y étaient revenus une fois durant l’année précédente, alors que 23 % y avaient fait de deux à quatre séjours et 13 % en avaient fait cinq ou plus. Pour les autres clients réitérants, le dernier séjour remontait à plus d’un an (27 %) ou l’on ignorait le nombre de fois qu’ils étaient demeurés dans l’établissement durant la dernière année (5 %).

Les mesures prises par les refuges pour accroître leur accessibilité

Les refuges sont destinés à des femmes violentées de divers horizons culturels et ethniques. Comme pour les années antérieures, environ 6 refuges sur 10 offraient des services adaptés à la culture des femmes de minorités ethnoculturelles ou visibles, y compris l’accès à des services d’interprétation linguistiques, à des ressources dans différentes langues et à des conseillers au courant des problèmes liés à l’immigration et aux méthodes d’éducation appliquées dans diverses cultures. De plus, un certain nombre d’établissements étaient en mesure d’offrir des services dans plusieurs langues, outre le français et l’anglais, notamment en espagnol (28 %), en cri (13 %), en punjabi (12 %), en arabe (11 %) et en allemand (10 %) (tableau 1.9).

Les personnes ayant une incapacité ou celles limitées dans l’exercice de leurs activités quotidiennes en raison de leur état physique ou mental étaient de deux à trois fois plus susceptibles d’être victimes des formes de violence conjugale les plus graves, d’après les données de l’Enquête sociale générale de 2004 sur la victimisation (Perreault, 2009). Les résultats de l’EMH de 2008 révèlent qu’environ 10 % des femmes qui résidaient dans un refuge le 16 avril 2008 étaient aux prises avec une forme d’incapacité 15 .

En 2008, les trois quarts des refuges ont déclaré posséder au moins une entrée dans leur immeuble qui était accessible en fauteuil roulant, et les deux tiers d’entre eux disposaient de chambres à coucher et de salles de bain accessibles en fauteuil roulant. De plus, environ le quart (22 %) des refuges fournissaient un équipement ATS/ATME (c.-à-d. des téléphones spéciaux) aux personnes ayant une déficience auditive; 17 % proposaient des services de communication en langage gestuel ou d’interprétation; 17 % offraient des documents en gros caractères aux personnes ayant une déficience visuelle et 5 %, des documents en braille aux personnes aveugles.

Les refuges sont parfois incapables de répondre à la demande de services

Plus de la moitié (58 %) des refuges ayant participé à l’EMH en 2008 ont indiqué que des services améliorés ou supplémentaires étaient nécessaires afin de répondre aux besoins de leurs clients. Plus particulièrement, les refuges ont mentionné le plus souvent le besoin de services améliorés ou supplémentaires du côté des soins à l’enfance (17 %), des programmes de sensibilisation, d’éducation du public et de prévention (15 %), du logement abordable et des ressources dans le secteur de l’habitation (14 %), des services spécialisés pour des groupes cibles (p. ex. les services adaptés à différentes cultures) (8 %), des maisons d’hébergement de deuxième étape (7 %) et du counselling (7 %).

Les refuges qui affichent complet risquent de ne pas être en mesure d’offrir les services aux femmes violentées. Si les femmes à la recherche d’un refuge peuvent être refusées pour de nombreux motifs en raison, notamment, de problèmes liés à l’alcool, aux drogues ou à la santé mentale, le manque de place est la raison la plus couramment invoquée par les refuges forcés de rejeter des demandes. Le 16 avril 2008, plus de 1 refuge sur 5 n’avait pu admettre des femmes et leurs enfants qui avaient besoin d’être hébergés. Ce jour-là, 117 établissements avaient dû refuser 299 femmes et 148 enfants au total — plus des trois quarts de ces refuges ont indiqué qu’ils avaient dirigé ces personnes ailleurs parce qu’ils affichaient complet.

Les refuges ont dépensé environ 18,7 millions de dollars pour des améliorations à leur établissement

Les refuges avaient dépensé environ 18,7 millions de dollars en rénovations et réparations durant la période de 12 mois ayant précédé la tenue de l’EMH de 2008. Les deux tiers des refuges ont déclaré avoir effectué certaines réparations dans leur établissement au cours de l’année précédente. Parmi ces réparations, 43 % étaient considérées comme majeures ou essentielles pour assurer la conformité des établissements aux normes municipales. Une autre proportion, soit 30 %, consistait en des améliorations structurales, importantes mais ne répondant pas nécessairement à des motifs de sécurité ou à un souci de conformité aux normes gouvernementales (p. ex. rendre accessibles certaines chambres en fauteuil roulant, ajouter des rampes, aménager une aire de jeux extérieure pour les enfants ou installer un nouveau système de sécurité).

Les coûts engagés par ces rénovations ont été réglés par divers moyens, y compris des dons privés (39 %), un financement provincial ou territorial (38 %), des collectes de fonds (28 %) et le Programme d’amélioration des refuges de la Société canadienne d’hypothèques et de logement 16  (22 %).

L’EMH de 2008 ne renferme pas de données financières sur les dépenses et les recettes des refuges. Recueillies à chaque deuxième cycle de l’EMH, les données de ce type les plus récentes remontent à 2006. Cette année-là, les refuges avaient estimé leurs recettes totales à 333 millions de dollars au cours de la période de 12 mois s’étant terminée le 31 mars 2006. Ces fonds provenaient en grande partie de ministères provinciaux (71 %), mais d’autres sources publiques ainsi que des collectes de fonds et des dons avaient contribué à remplir les coffres des refuges. On estimait les dépenses annuelles totales de l’exercice s’étant terminé le 31 mars 2006 à 317 millions de dollars, dont 70 % avaient été versées en salaires. Si un peu plus de la moitié (58 %) des refuges avaient alors déclaré un gain net, 42 % devaient assumer des dépenses qui équivalaient à leurs recettes ou les dépassaient.

Résumé

Les refuges pour femmes violentées offrent non seulement un abri aux femmes et aux enfants qui fuient la violence familiale, mais aussi des services dont ceux-ci ont besoin. En 2008, les 569 refuges desservant les femmes violentées partout au Canada ont admis plus de 101 000 femmes et leurs enfants. Comme pour les années antérieures, presque la moitié de ces refuges consistaient en des maisons d’hébergement, offrant un hébergement de court à moyen terme, alors que les refuges d’urgence, fournissant un hébergement à court terme, en représentaient environ le quart.

Les refuges pour femmes violentées au Canada offrent une gamme de services aux femmes y résidant, notamment des services de transport, de counselling, de défense des droits et d’aiguillage pour un logement, ainsi que, de plus en plus, des services axés sur l’apprentissage de l’autonomie fonctionnelle. Certains proposent également des services et des programmes conçus pour les enfants des résidentes, ainsi qu’un soutien constant aux ex-résidentes et des services au grand public.

Les refuges desservent des populations variées, comme en témoigne le vaste éventail de services offerts par de nombreux établissements. Cependant, l’accès aux services et aux programmes varie en fonction du type d’établissement et de son emplacement.

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