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Motifs de coopération à des activités d’innovation : observations de l’Enquête canadienne sur l’innovation (2005)

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par Tobias Schmidt, Département d’économie industrielle et de gestion internationale du ZEW Mannheim, Allemagne

Le présent article résume les constatations d’une étude fondée sur les observations de l’Enquête canadienne sur l’innovation (2005), laquelle traite des raisons qui amènent les entreprises du secteur de la fabrication à coopérer à des projets d’innovation. L’analyse démontre que les facteurs qui influencent la décision de coopérer dans le but d’avoir accès à un savoir externe se rapprochent beaucoup de ceux qui influencent la décision de coopérer pour des raisons de partage des coûts. Elle révèle en outre que le financement public incite les entreprises à coopérer pour avoir accès à un savoir externe et à la recherche et développement (R‑D).

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L’étude ci‑dessus a été effectuée dans le cadre d’une visite de l’auteur à Statistique Canada en tant que chercheur en septembre 2006. Elle n’aurait pas été possible sans le soutien de Fred Gault et de son équipe de la DSIIE et le soutien financier du Centre de recherche en économie européenne (ZEW Mannheim). Les résultats de l’analyse ont été publiés en tant que document de travail du ZEW (no 07 - 018), disponible à l’adresse suivante : http://www.zew.de/de/publikationen/publikation.php3?action=detail&nr=3322

De plus amples renseignements concernant l’Enquête sur l’innovation sont disponibles ici

L’unité statistique de l’enquête est l’établissement. Dans ce texte, « établissement » devient « entreprise ».

Comme la présente étude porte sur la coopération d’une entreprise avec des partenaires externes seulement, six entreprises ayant coopéré avec d’autres entreprises de leur conglomérat ont été exclues.

Contexte

« Yahoo! eBay link up for online showdown » (The Gazette, 2006) et « Ebay talks to Microsoft, Yahoo about foe » (Wall Street Journal Europe, 2006). Ces deux manchettes annonçaient les pourparlers engagés entre deux des principaux joueurs du secteur de la recherche sur Internet en vue d’une éventuelle coopération. Il s’agit d’un exemple parmi tant d’autres de l’importance croissante de la coopération entre entreprises depuis quelques années. La coopération entre les entreprises, d’une part, et entre les entreprises et les instituts de recherche publics, d’autre part, ne se limite pas à des alliances de marketing et de vente : elle vise de plus en plus la R‑D et les activités d’innovation. Les cycles de vie des produits étant plus courts, les technologies devenant plus complexes et les possibilités de partager savoir et résultats de recherche augmentant, les entreprises sont amenées à rechercher des partenaires pour leurs activités de R‑D et d’innovation.

Stimulé par cette croissance de la coopération entre entreprises, un large corpus de textes empiriques et théoriques s’est développé autour des motivations à coopérer à des activités de R‑D et de recherche (voir, par exemple, Hagedoorn, 1993). Cette analyse a pour point de départ les raisons susceptibles d’amener une entreprise à des activités d’innovation conjointes. Le modèle utilisé est analogue à celui d’autres études qui font la distinction entre les différents partenaires de la coopération (Kaiser, 2002; Belderbos et al., 2004). L’objectif, toutefois, n’est pas d’examiner les motifs de coopérer avec un partenaire en particulier, mais bien de développer une typologie des entreprises qui coopèrent pour une raison en particulier. Plus précisément, nous nous intéressons à l’influence qu’exercent les caractéristiques et les mesures d’innovation sur la décision de coopérer à des activités d’innovation dans le contexte de la dynamique interne des entreprises concernées.

Résultats

Motifs de coopération et des activités d’innovation

L’Enquête sur l’innovation de 2005 de Statistique Canada soulève un certain nombre de questions sur le comportement des entreprises qui coopèrent à des activités d’innovation, notamment le genre de partenaires et leur situation géographique, et les motifs de coopérer à des activités d’innovation. C’est à cette dernière question que nous nous intéressons ici. L’enquête demandait aux entreprises d’indiquer les raisons qu’elles avaient de coopérer à des activités d’innovation entre 2002 et 2004 dans deux grandes catégories : développement et commercialisation des innovations. La première catégorie couvre le partage des coûts, l’accès à la R‑D et à un savoir expert essentiel, le développement de prototypes et la mise à niveau des processus de production. La seconde retient deux motifs liés à la commercialisation : l’accès à de nouveaux marchés et à de nouveaux canaux de distribution.

Le tableau 1 présente des chiffres pondérés des motifs de coopérer à des activités d’innovation. Le motif le plus important dans tous les types d’industries est l’accès à un savoir externe (R‑D et savoir expert essentiel). C’est la raison invoquée par plus de 81 % des entreprises ayant coopéré entre 2002 et 2004. Par comparaison, les répondants ont accordé une importance moindre aux motifs liés à la commercialisation (partage des coûts et mise à niveau des processus de production); pourtant, le partage des coûts a été un facteur pertinent pour plus de la moitié des entreprises d’industries scientifiques (53,7 %) et spécialisées (64,2 %), alors que la mise à niveau des processus de production a été mentionnée comme un motif important de coopérer en matière de R‑D par 53,3 % des entreprises d’industries à forte intensité d’échelle.

Tableau 1 Pourcentage d'entreprises ayant coopéré à des activités d'innovation pour un motif donné entre 2002 et 2004, selon le type d'industrie. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira

Tableau 1
Pourcentage d'entreprises ayant coopéré à des activités d'innovation pour un motif donné entre 2002 et 2004, selon le type d'industrie

Facteurs influençant les motifs de coopération à des activités d’innovation

Une analyse économétrique a permis de caractériser les entreprises qui coopèrent à des activités d’innovation et à la R‑D pour diverses raisons. La valeur des variables dépendantes a été fixée à un dans le cas d’un motif particulier, alors qu’un ensemble de caractéristiques des entreprises et de mesures des activités d’innovation ont servi de variables indépendantes. Étant donné qu’une entreprise peut coopérer pour diverses raisons, la décision de coopérer a été estimée en bloc plutôt que séparément (au moyen d’un probit multivarié). La pondération de chaque observation entre aussi en ligne de compte dans le modèle empirique. Des régressions ont été effectuées pour 4 021 observations concernant 10 860 entreprises.

Il a été établi que les entreprises qui ont coopéré afin de partager les coûts du développement de produits et de procédés innovateurs ou qui ont coopéré à des activités d’innovation afin d’avoir accès à un savoir externe sont très semblables. Elles se livrent toutes à des activités de R‑D qui sont relativement plus orientées vers la recherche fondamentale que la recherche appliquée, elles sont toutes de grandes entreprises et il s’agit le plus souvent d’entreprises du secteur scientifique. Elles accordent en outre une grande importance aux méthodes stratégiques et aux méthodes formelles de protection. En d’autres mots, ces entreprises sont plus axées sur la recherche que les autres.

Il est plus difficile de décrire les entreprises qui ont coopéré afin de mettre à niveau leurs processus de production et de commercialiser leurs innovations. Pour les deux groupes, on n’a trouvé que quelques variables significatives. Les deux se ressemblent en ceci que l’intensité de l’innovation — mesurée en tant que dépenses en innovation dans le total des ventes — a un effet positif une fois franchi un certain seuil, alors que la part des employés ayant un grade universitaire et des employés engagés dans la R‑D n’a pas le même effet.

Par ailleurs, certaines données indiquent que l’augmentation du financement public accroît les échanges de savoir entre les intervenants dans le système national d’innovation. Les entreprises qui innovent sont plus susceptibles de coopérer afin d’avoir accès à la R‑D et au savoir externe si elles touchent des fonds publics que si elles n’en reçoivent pas.

Références

Belderbos, R., M. Carree, B. Diederen, B. Lokshin et R. Veugelers (2004). Heterogeneity in R&D Cooperation Strategies. International Journal of Industrial Organization, 22 (8-9), 1237-1263.

Hagedoorn, J. (1993). Understanding the Rationale of Strategic Technology Partnering: Interorganizational Modes of Cooperation and Sectoral Differences. Strategic Management Journal, 14 (5), 371-385.

Kaiser, U. (2002). An Empirical Test of Models Explaining Research Expenditures and Research Cooperation: Evidence for the German Service Sector. International Journal of Industrial Organization, 20 (6), 747-774.

The Gazette (2006). Yahoo! eBay link up for online showdown, B6, le 26 mai.

Wall Street Journal Europe (2006). Ebay talks to Microsoft, Yahoo about foe. p. 5, le 24 avril.

À propos de l’auteur

Au moment de la rédaction de cet article, Tobias Schmidt était chercheur au Département d’économie industrielle et de gestion internationale du ZEW Mannheim, en Allemagne. Pour de plus amples renseignements communiquez avec la DSIIE au dsiieinfo@statcan.gc.ca.