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Pourquoi les usines n’innovent-elles pas? Résultats de l’Enquête sur l’innovation de 2005

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par Susan Schaan et Frances Anderson

Dans le cadre de l’Enquête sur l’innovation de 2005, on a demandé aux usines de fabrication la raison pour laquelle elles n’innovaient pas, c’est-à-dire pourquoi elles n’avaient pas fait l’introduction sur le marché d’un produit ou d’un procédé nouveau ou significativement amélioré pendant la période de référence de trois ans de 2002 à 2004. La principale réponse était l’absence de demande du marché. En examinant les autres raisons déclarées par les répondants, il a été établi que certaines entreprises non innovatrices sont peut-être, en fait, innovatrices quoiqu’elles ne se perçoivent pas comme telles. Les usines innovatrices et les usines non innovatrices perçoivent des facteurs de succès, comme le développement et la recherche de nouveaux marchés, de façons considérablement différentes. Il est improbable que les usines non innovatrices deviennent des usines innovatrices dans un avenir rapproché.

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À propos de cet article

L’unité d’échantillonnage de l’Enquête sur l’innovation de 2005 était « l’établissement statistique » qu’on nomme « usine » dans le questionnaire. Ce terme plus courant est aussi utilisé dans le présent article.

Dans les graphiques, toutes les estimations sont illustrées au moyen d’une barre horizontale. L’intervalle de confiance1, une ligne horizontale qui à la fin de la barre, montre que l’estimation se trouve dans la fourchette indiquée dans 95 % des cas. Les estimations dont les intervalles de confiance se chevauchent ne représentent pas de différences statistiquement significatives les unes par rapport aux autres; celles dont les intervalles de confiance ne se chevauchent pas représentent une différence statistiquement significative par rapport aux autres.

Pour de plus amples renseignements au sujet de l’Enquête sur l’innovation, cliquez ici.

Les résultats provisoires de l’Enquête sur l’innovation de 2005 sont maintenant disponibles. Veuillez communiquer avec susan.schaan@statcan.gc.ca pour obtenir plus de renseignements.

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Contexte

Aux fins de l’Enquête sur l’innovation de 2005, et d’après les principes directeurs du Manuel d’Oslo2, une usine « innovatrice » est définie comme une usine qui a fait l’introduction sur le marché d’un bien ou d’un service nouveau ou significativement amélioré, ou d’un procédé nouveau ou significativement amélioré, y compris une méthode nouvelle ou significativement améliorée de fournir des biens et des services. Une usine « non innovatrice » n’a pas introduit de telles choses. Seules les innovations qui ont eu lieu au cours de la période de référence de trois ans de l’enquête, soit de 2002 à 2004, ont été prises en considération dans cette analyse.

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Résultats

L’absence de demande du marché est la principale raison pour laquelle les usines n’ont pas innové

Le tiers (35,0 %) des usines de fabrication n’ont pas innové de 2002 à 2004. On a demandé à ces usines non innovatrices d’indiquer les raisons pour lesquelles elles n’ont pas innové au cours de cette période.

Sans surprise, l’absence de demande du marché est la principale raison pour laquelle les usines n’ont pas innové, la moitié (51,7 %) des usines non innovatrices ayant invoqué cette raison (graphique 1). Les trois autres principales raisons, chacune indiquée par environ un quart des usines n’ayant pas innové, sont le manque de ressources financières, la réalisation d’innovations avant la période de 2002 à 2004 et le manque de personnel formé.

Graphique 1 Usines non innovatrices, selon les raisons de ne pas innover, de 2002 à 2004. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Graphique 1
Usines non innovatrices, selon les raisons de ne pas innover, de 2002 à 2004

Certaines usines non innovatrices pourraient-elles être innovatrices malgré tout?

L’examen du cinquième (19,9 %) des usines non innovatrices ayant indiqué une raison autre que les quatre principales raisons de ne pas innover révèle que certaines usines non innovatrices pourraient en réalité être innovatrices. Certaines usines ont déclaré ne pas innover parce qu’elles fabriquaient des produits personnalisés selon les spécifications ou les demandes de leurs clients. D’autres ont indiqué qu’elles étaient sous-traitantes et suivaient les spécifications de leur client et, par conséquent, ne faisaient pas d’innovations. La question de la fabrication de produits personnalisés est intéressante. Selon le Manuel d’Oslo, les usines qui se livrent à la fabrication de produits personnalisés selon les instructions de leurs clients ne sont pas considérées comme des innovateurs en produits, à moins que les articles produits possèdent des attributs significativement différents des produits que l’usine a fabriqués par le passé. Compte tenu de l’accent mis sur les activités de fabrication de produits personnalisés de l’usine, il est possible que les innovations en procédés, plutôt qu’en produits, aient été oubliées. Il est aussi possible que ces usines attribuent l’innovation au client qui formule les spécifications plutôt qu’à elles-mêmes qui fabriquent le produit.

Un certain nombre d’usines qui ont indiqué une autre raison que les quatre principales raisons de ne pas innover ont déclaré qu’elles ne se livraient pas à des activités d’innovation à leur emplacement, mais que ces activités étaient réalisées dans d’autres usines faisant partie de la grande entreprise ou au niveau de l’entreprise elle-même. Cette constatation témoigne de l’influence de la stratégie d’échantillonnage sur les réponses à l’enquête. L’unité d’échantillonnage était l’usine et non pas l’entreprise, les activités d’innovation à l’extérieur de l’usine ne sont donc pas prises en considération. Il s’agit clairement d’un cas où l’innovation est effectuée par la grande entreprise, mais n’est pas déclarée en raison de la stratégie d’échantillonnage.

Certaines usines ont indiqué qu’elles appartenaient à une branche d’activité « traditionnelle » dans laquelle la technologie et l’exploitation n’avaient que peu évolué. Il semble qu’un certain nombre d’usines qui ont déclaré qu’elles n’innovaient pas sont peut-être des innovateurs qui ne reconnaissent pas leurs propres innovations. De la nouvelle documentation se penche sur la question de l’innovation produite par les utilisateurs, c’est-à-dire que l’innovation qui se produit dans les usines est effectuée par les utilisateurs de la technologie et n’est plus limitée aux fabricants de technologie. Cette activité innovatrice n’est pas toujours saisie dans les enquêtes traditionnelles sur l’innovation. Une autre question est celle du changement graduel, que l’on constate souvent dans ces industries traditionnelles, comparativement aux changements « nouveaux ou significativement améliorés » dont il est question dans les enquêtes traditionnelles sur l’innovation.

La perception des facteurs de succès diffère-t-elle en fonction des usines innovatrices et des usines non innovatrices?

On a demandé aux usines d’indiquer l’importance des facteurs de leur succès. Parmi les six facteurs de succès liés au marché et aux produits suggérés, la satisfaction des clients existants a été cotée comme ayant un degré d’importance élevé par la plupart des usines, qu’elles soient innovatrices ou non (graphique 2). Par contre, en ce qui concerne les autres facteurs, il existe des différences significatives entre les usines innovatrices et non innovatrices.

Graphique 2 Usines accordant un degré d’importance élevé aux facteurs de succès liés au marché et aux produits, de 2002 à 2004. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Graphique 2
Usines accordant un degré d’importance élevé aux facteurs de succès liés au marché et aux produits, de 2002 à 2004

Le développement de nouveaux marchés nationaux et d’exportation et la recherche de nouveaux marchés étaient plus susceptibles de constituer des facteurs de succès de degré d’importance élevé pour les usines innovatrices que pour celles qui n’innovaient pas. On peut en conclure que les usines non innovatrices considèrent que leurs marchés sont stables et, par conséquent, l’expansion des marchés n’est pas aussi importante pour leur succès que celui des usines innovatrices.

Les usines innovatrices sont plus susceptibles que celles qui n’innovent pas d’indiquer que le développement de marchés-créneaux ou spécialisés constitue un facteur de succès représentant un degré d’importance élevé. Par ailleurs, les usines innovatrices sont plus susceptibles de percevoir que le développement de produits personnalisés constitue un facteur de succès ayant un degré d’importance élevé. Cette constatation est intéressante puisqu’elle suggère que l’innovation, en permettant la spécialisation et la personnalisation des produits, joue un rôle important dans le succès ou la compétitivité de l’entreprise sur le marché. Cette constatation est conforme à la tendance observée au Canada de la transition d’activités traditionnelles de fabrication vers la fabrication possédant une composante de valeur ajoutée enrichie. L’innovation semble jouer un rôle important dans la capacité d’une usine à faire cette transition.

Les usines non innovatrices le deviendront-elles dans le futur?

Selon les données de l’enquête, les usines non innovatrices seraient peu susceptibles de devenir innovatrices dans un proche avenir puisqu’elles démontrent peu de signes d’avoir effectué des activités d’innovation pendant la période de référence. Seul un modeste pourcentage d’usines non innovatrices participait à des activités de développement d’innovation qui étaient toujours en cours à la fin de 2004 (13,4 %) ou qui avaient été abandonnées pendant la période de référence de l’enquête (6,5 %).

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À propos des auteures

Susan Schaan et Frances Anderson travaillent dans la Division des sciences, de l’innovation et de l’information électronique (DSIIE) à Statistique Canada. Pour de plus amples renseignements communiquez avec la DSIIE au dsiieinfo@statcan.gc.ca.


Notes

  1. Organisation de coopération et de développement économiques et Eurostat. 1997. Principes directeurs proposés pour le recueil et l’interprétation des données sur l’innovation technologiques : Manuel d’Oslo, Paris. Ces principes directeurs ont été adoptés pour l’Enquête sur l’innovation de 2005.

  2. Comme l’échantillon tiré de l’Enquête sur l’innovation de 2005 n’est que l’un des nombreux échantillons qui aurait pu être tiré au moyen de méthodes d’échantillonnage probabiliste, une erreur d’échantillonnage peut être attribuée à chaque estimation. Les erreurs types combinées aux taux d’imputation servent de guide quant à la fiabilité des estimations en pourcentage. Le Système d’estimation de la variance due à la non-réponse et à l’imputation (SEVANI) a été utilisé pour achever ces calculs. En ce qui concerne l’Enquête sur l’innovation de 2005, un intervalle de confiance de 95 % a été utilisé pour l’échantillon probabiliste.