Chapitre 2. Pays et région de naissance

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L'origine géographique des immigrants a changé substantiellement au cours des dernières décennies alors que les immigrants originaires d'Asie et d'Afrique ont eu tendance à remplacer l'immigration d'origine européenne. Cette tendance s'observe pour les groupes d'immigrants tels que définis par la première langue officielle parlée (PLOP). Le groupe des immigrants dont la première officielle parlée est le français seulement (PLOP français) se démarque toutefois du fait qu'un même ensemble de pays, la France en tête, ont alimenté ce groupe tant en 1991 qu'en 2006 (tableau 2.1). Entre ces deux recensements, les neuf mêmes pays se classent parmi les dix pays contribuant le plus à l'immigration de personnes dont la première langue officielle est le français. En plus de la France, on retrouve Haïti, les États-Unis, l'île Maurice, le Maroc, la Belgique, le Liban, l'Égypte et la Suisse. En 1991 l'Italie faisait partie de ce groupe mais a été remplacée par la République Démocratique du Congo (ancien Zaïre) en 2006.

Tableau 2.1 Les dix principaux pays de naissance chez les immigrants selon la première langue officielle parlée et pourcentage de la population que représentent les dix principaux pays par rapport au total des immigrants de chaque groupe, Canada moins le Québec

Chez les immigrants de double langue officielle parlée (PLOP français-anglais), cinq des dix plus importants pays d'origine se situaient en Europe en 1991 (Italie, Pologne, Portugal, Allemagne de l'Ouest et Roumanie), et il y en avait encore quatre 15 ans plus tard. Alors que la Roumanie occupait le septième rang en 1991, elle se classait au tout premier rang en 2006 avec 7 500 immigrants de PLOP français-anglais. De nouveaux et grands pays sources d'immigration comme la République populaire de Chine et l'Inde se sont ajoutés au groupe. Les origines géographiques des autres immigrants (non francophones) se sont aussi modifiées entre les Recensements de 1991 et 2006. En 1991 les quatre premiers pays sources étaient le Royaume-Uni, l'Italie, les États-Unis et l'Allemagne de l'Ouest, mais en 2006 la République populaire de Chine, l'Inde et les Philippines s'étaient hissées dans le peloton de tête avec le Royaume-Uni. Avec un effectif total de près de 1 150 000, les immigrants de ces trois pays constituaient 22 % de l'ensemble des immigrants non francophones au Recensement de 2006, contre 12 % en 1991.

Une autre caractéristique des origines géographiques des immigrants de langue française est que les dix premiers pays contributeurs représentent une fraction importante de l'ensemble des immigrants faisant partie de ce groupe. Ainsi, en 2006, les deux tiers de ces immigrants provenaient de ces dix pays, contre 77 % en 1991. Cette baisse du poids relatif des dix premiers pays d'immigration par rapport au total s'explique par la diversification croissante des origines des nouveaux immigrants en provenance d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et de l'Amérique latine. Cette tendance s'observe chez les deux autres groupes linguistiques. En effet, en 2006, 54 % des immigrants non francophones provenaient des dix plus importants pays sources d'immigration, comparativement à 60 % en 1991. Chez le groupe des immigrants de PLOP français-anglais, ces pourcentages étaient respectivement de 45 % et 56 %.

Un examen attentif du tableau 2.1 montre que les immigrants de PLOP français proviennent de pays où la langue française est soit la seule langue officielle du pays (France), soit l'une des langues officielles (Haïti, Belgique, Suisse), soit le pays compte des locuteurs du français en raison, notamment, de l'histoire coloniale de la France et de la Belgique (Maroc, République démocratique du Congo, Liban). L'Organisation internationale de la francophonie (OIF) classe ses pays membres en deux grandes catégories : ceux dont le français est langue officielle (seul ou avec d'autres langues) et ceux dont la langue est en partage, c'est-à-dire où l'on compte un certain nombre de locuteurs de la langue française. Au total, l'OIF compte une cinquantaine d'États dans ses rangs, dont le Canada. On a ajouté à ces deux groupes les pays de langue romane non francophones car la connaissance d'une langue romane (italien, espagnol, portugais…) tend à faciliter l'apprentissage du français, aussi une langue romane. La liste des pays inclus dans chacun de ces trois groupes apparaît à l'annexe B.

Les immigrants francophones (de PLOP français) proviennent dans la moitié des cas de pays où le français est langue officielle (graphique 2.1). Cette proportion est demeurée stable au cours de la période entre 1991 et 2006. Près de 25 % de ceux-ci sont originaires de pays où la langue française est présente, et un pourcentage plus réduit (moins de 10 %) de pays de langue romane (autre que le français). En fait, la distribution de la population immigrante en fonction d'ensembles géographiques d'origine définis d'après le statut du français dans le pays (avec distinction des pays de langue romane autres que le français) a peu varié entre 1991 et 2006. Environ 50 % des immigrants de double langue officielle (PLOP français-anglais) proviennent de pays où le français n'a aucun statut et où la langue officielle n'est pas une langue romane autre que le français. Par contre, les immigrants originaires de pays où le français est présent (mais sans statut officiel) formaient 30 % du groupe de PLOP français-anglais entre 1991 et 2006, tandis que 15 % provenaient de pays de langue romane, un pourcentage en décroissance durant la période considérée. Les immigrants non francophones sont majoritairement issus de pays non francophones et non latins. Moins d'un pour cent d'entre eux sont originaires de pays où le français est langue officielle, et moins de 10 % d'un pays où le français est présent.

Graphique 2.1a Pourcentage des immigrants de première langue officielle parlée française selon le pays d'origine, Canada moins le Québec

Graphique 2.1b Pourcentage des immigrants de premières langues officielles parlées française et anglaise selon le pays d'origine, Canada moins le Québec

Graphique 2.1c Pourcentage des immigrants de première langue officielle parlée autre selon le pays d'origine, Canada moins le Québec

La principale évolution observée au cours des dernières décennies a consisté en une réduction appréciable de la part des immigrants d'origine européenne. Cette tendance prévaut chez les trois groupes d'immigrants définis selon la première langue officielle parlée. Pour chacun des trois groupes, le poids relatif des immigrants européens a reculé entre 1991 et 2006, passant d'environ 50 % à 40 % ou moins (graphique 2.2).

Graphique 2.2a Pourcentage des immigrants de première langue officielle parlée française selon le continent d'origine, Canada moins le Québec

Graphique 2.2b Pourcentage des immigrants de premières langues officielles parlées française et anglaise selon le continent d'origine, Canada moins le Québec

Graphique 2.2c Pourcentage des immigrants de première langue officielle parlée autre selon le continent d'origine, Canada moins le Québec

Tant les immigrants de PLOP français-anglais que les immigrants non francophones ont connu des évolutions marquées par une augmentation soutenue de la part des immigrants d'Asie et du Pacifique (de 20 % à 40 %) et par une stabilité des immigrants originaires des Amériques et d'Afrique (environ 10 % de l'ensemble des immigrants). Le groupe formé par les immigrants de PLOP français se distingue des autres groupes. Bien sûr le poids des Européens a diminué, mais cette diminution s'est produite principalement au profit des immigrants originaires d'Afrique. En 1991, les Africains représentaient 20 % de l'ensemble des immigrants de langue française, un pourcentage qui s'est accru de façon continue à un peu plus de 30 % en 2006. Durant la même période les immigrants d'Asie et du Pacifique ont légèrement accru leur part relative, tandis que celle des immigrants des Amériques a fléchi.

Groupes de minorité visible

La croissance soutenue de la population immigrée originaire d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes a eu comme conséquence d'augmenter la part des immigrants définis comme faisant partie des minorités visibles. Les immigrants de PLOP français et de PLOP français-anglais ne font pas exception à cette tendance (tableau 2.2). Sur les 60 000 immigrants de PLOP français, un peu plus de la moitié ne sont pas identifiés comme minorité visible. La majorité de ceux faisant partie d'une minorité visible s'identifie au groupe des Noirs, lequel constitue 26 % de l'ensemble des immigrants de PLOP français. Les autres groupes de minorité visible représentent chacun moins de 6 % de l'effectif total en 2006.

Tableau 2.2 Population immigrante selon la première langue officielle parlée et le groupe de minorité visible, Canada moins le Québec

Les Noirs sont beaucoup moins nombreux au sein du groupe de PLOP français-anglais (5,1 %), mais on y compte davantage d'Asiatiques, en particulier de l'Asie de l'Est (Chine, Corée, Japon) et de l'Asie du Sud (Inde, Pakistan…), ainsi que d'Arabes. Au total, 32 % des immigrants de PLOP français-anglais appartiennent au groupe des minorités visibles d'origine asiatique comparativement à 10 % chez les immigrants de PLOP français.

Chez les immigrants non francophones, le poids des minorités visibles d'origine asiatique est encore plus important, se situant à 43 %, dont de larges effectifs originaires d'Asie de l'Est et du Sud. En revanche, les Noirs ne représentent que 6 % de ce groupe. On note également que les membres non identifiés à des minorités visibles sont légèrement minoritaires tant chez les immigrants de PLOP français-anglais (48 %) que chez les non francophones (45 %), alors qu'ils sont majoritaires (55 %) parmi la population immigrante de PLOP français.

On observe des différences notables dans la répartition géographique à l'échelle du Canada des immigrants francophones en termes de composition de la population selon les groupes de minorité visible. Le graphique 2.3 illustre ces différences pour cinq grandes régions et quelques centres urbains. On a regroupé les catégories des minorités visibles en quatre ensembles: les Noirs, les Asiatiques, les autres minorités visibles et le groupe des personnes qui n'appartiennent pas à une minorité visible. C'est en région atlantique où le poids des minorités visibles est le moins important parmi les cinq régions présentées au graphique 2.3a, celles-ci ne constituant que 25 % de la population totale des immigrants de langue française. En Ontario et en Alberta par contre, les membres des minorités visibles forment 50 % des immigrants de première langue officielle française, tandis que dans les deux provinces des prairies et en Colombie-Britannique leur poids relatif est de 40 %.

Graphique 2.3a Population des immigrants de langue française après redistribution de la catégorie français et anglais selon la minorité visible par région, Canada moins le Québec

La part relative des Noirs oscille autour de 20 % de la population des immigrants francophones en Ontario, dans les prairies et en Alberta. En Atlantique, elle est légèrement supérieure à 10 % et n'est que de 5 % en Colombie-Britannique. Dans cette dernière province, les minorités visibles sont surtout d'origine asiatique (26 % de l'ensemble des immigrants francophones, mais les deux tiers des minorités visibles), ce qui concorde avec le portrait général de l'immigration dans cette province, en grande partie originaire d'Asie. Dans les autres régions, toutefois, les Noirs représentent entre 40 % et 50 % des immigrants de langue française issus des minorités visibles.

La part de la population immigrée de langue française appartenant à une minorité visible varie également de façon importante selon la région métropolitaine (graphique 2.3b). C'est à Ottawa où le poids des minorités visibles est le plus important, soit plus de 60 % des immigrants francophones. À Toronto, Winnipeg, Calgary et Vancouver, leur poids avoisine les 50 %, alors qu'à Moncton il est d'un peu plus de 40 %. La population immigrée de langue française de la région métropolitaine d'Ottawa (côté Ontario seulement) compte une forte proportion de Noirs (41 %), bien supérieure à celle des autres villes (6 % à Vancouver; 25 % à Moncton). Toronto et Vancouver se distinguent par leur fort pourcentage de minorités visibles d'origine asiatique (26 % et 32 % respectivement).

Graphique 2.3b Population des immigrants de langue française après redistribution de la catégorie français et anglais selon la minorité visible pour quelques régions métropolitaines de recensement, Canada moins le Québec

Période d'obtention de la résidence permanente

Les immigrants de PLOP français se distinguent peu des deux autres groupes d'immigrants en ce qui a trait à la période d'immigration (obtention de la résidence permanente) au Canada. Ils ont en effet tendance à être arrivés un peu plus tôt que les immigrants non francophones mais plus tard que ceux de PLOP français-anglais (tableau 2.3). Parmi ce dernier groupe, près de la moitié (46 %) a obtenu la résidence permanente entre 1996 et 2006, comparativement à 35 % pour les immigrants de PLOP français et 31 % dans le cas du reste des immigrants. À cet égard, l'une des raisons qui explique la situation particulière des immigrants de PLOP français-anglais est la part importante des Roumains dans la composition de ce groupe, l'immigration en provenance de la Roumanie s'étant accélérée depuis la chute du régime communiste à la fin de 1989. Une autre raison réside dans la structure par âge particulière de ce groupe, qui est caractérisée par une population beaucoup plus jeune que celle des deux autres groupes d'immigrants1.

Tableau 2.3 Proportion des immigrants selon la première langue officielle parlée et la période d'immigration, Canada moins le Québec

En résumé, l'immigration internationale vers le Canada s'est rapidement transformée au cours des dernières décennies. Les immigrants d'origine européenne ont eu tendance à céder leur place aux immigrants en provenance d'Asie, d'Afrique et de l'Amérique latine. À cet égard, les immigrants de PLOP français se distinguent des autres immigrants par la proportion importante qui proviennent du continent africain. Une des conséquences de cette tendance a été de modifier la composition de la population immigrée de PLOP français qui comptait en 2006 26 % de Noirs, comparativement à 5 % dans le cas des deux autres groupes d'immigrants.


Note

  1. Par définition, une population immigrée jeune ne peut pas être arrivée depuis très longtemps au pays.

 

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