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    Indicateurs des langues autochtones des enfants des Premières Nations vivant hors réserve, inuits et métis au Canada

    Indicateurs des langues autochtones des enfants métis âgés de moins de six ans au Canada

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    par Elisabeth Cloutier, Evelyne Bougie et Heather Tait

    Contexte
    Parler et comprendre une langue autochtone
    Exposition à des langues autochtones à la maison et dans le quartier
    Exposition à des langues autochtones et caractéristiques familiales
    Espoirs et attentes des parents
    Références bibliographiques

    Contexte

    Les Métis du Canada constituent l'un des trois groupes autochtones reconnus par la Constitution canadienne. Ils parlent traditionnellement de nombreuses langues des Premières Nations, des langues européennes ainsi que leur propre langue distinctive, soit le michif (Dorion et Préfontaine, 2001). La langue est importante pour transmettre le savoir culturel d'une génération à l'autre — elle est liée de près à la famille, à la collectivité et à la terre (Norris, 2007).

    Comme c'est le cas des autres Autochtones au Canada, les Métis sont exposés au risque de perdre leurs langues autochtones (Norris, 2007). Selon la Commission royale sur les peuples autochtones de 1996, la transmission des langues autochtones d'une génération à l'autre a été gravement compromise à l'époque des pensionnats indiens au Canada, où l'utilisation des langues autochtones y était interdite. Aujourd'hui, l'anglais et le français sont souvent les seules langues utilisées à l'école pour enseigner à la plupart des enfants autochtones (Commission royale sur les peuples autochtones, 1996). En outre, la Commission indique que la revitalisation des langues autochtones au Canada est un aspect essentiel des efforts visant à bâtir des collectivités saines ainsi que des personnes en santé.

    Le présent feuillet d'information porte sur la connaissance des langues autochtones parmi la plus jeune génération d'enfants métis au Canada, c'est-à-dire ceux âgés de moins de six ans. On y fournit des indicateurs généraux des expériences des enfants métis en ce qui a trait aux langues autochtones utilisées à la maison et dans le quartier. Les résultats reposent principalement sur les données de l'Enquête sur les enfants autochtones de 2006 et sur certains renseignements généraux tirés du Recensement de la population de 2006.

    Jeunes enfants métis au Canada

    Lors du Recensement de la population de 2006, on a dénombré quelque 35 000 enfants métis âgés de moins de six ans au Canada, ce qui représentait près de 10 % de l'ensemble de la population métisse. La plupart des jeunes enfants métis (89 %) grandissent dans les provinces de l'Ouest et en Ontario. Au Manitoba, en Saskatchewan et dans les Territoires du Nord-Ouest, où la population métisse forme une part importante de l'ensemble de la population, les jeunes enfants métis représentent près du dixième de tous les jeunes enfants de la région.

    Parler et comprendre une langue autochtone

    L'Enquête sur les enfants autochtones fournit des renseignements sur la connaissance qu'ont les enfants des langues autochtones — soit la capacité d'exprimer leurs besoins dans une langue autochtone ou de comprendre une langue autochtone lorsqu'une personne leur parle dans cette langue.

    • Au Canada, seul un faible pourcentage de jeunes enfants métis connaît une langue autochtone. Parmi les enfants métis généralement considérés comme étant en âge de parler (de deux à cinq ans), 3 % d'entre eux sont capables d'exprimer leurs besoins dans une langue autochtone et 7 % sont en mesure de comprendre une langue autochtone.
    • La connaissance des langues autochtones diffère selon la région du pays. En Saskatchewan, où 15 % des jeunes enfants métis vivent, ces enfants sont plus susceptibles que leurs homologues de la plupart des autres régions d'acquérir une langue autochtone. Près de 8 % des enfants métis de la Saskatchewan sont capables de parler une langue autochtone, et 16 % sont en mesure de comprendre une langue autochtone. En outre, alors que seulement 1 % des jeunes enfants métis vivent dans les Territoires du Nord-Ouest, cette région affiche le pourcentage le plus élevé d'enfants pouvant comprendre une langue autochtone (28 %).
    • Les langues autochtones les plus communément parlées par les jeunes enfants métis au Canada sont le cri et le déné. Parmi les langues autochtones comprises par les jeunes enfants métis, les plus fréquemment déclarées sont le cri, le déné, l'ojibwa et le michif. Près de 4 % des jeunes enfants métis sont en mesure de comprendre le cri, tandis qu'environ 1 % ou moins d'entre eux peuvent comprendre respectivement le déné, l'ojibwa et le michif.
    • La presque totalité des enfants métis qui apprennent une langue autochtone apprennent également l'anglais ou le français. Parmi les jeunes Métis qui parlent une langue autochtone, 96 % peuvent aussi parler l'anglais ou le français. Dans l'ensemble, 93 % des jeunes enfants métis peuvent exprimer leurs besoins en anglais et 13 %, en français. Près de 6 % des jeunes enfants métis sont en mesure de parler l'anglais et le français.
    • Selon le Recensement de la population de 2006, environ 1 % des jeunes enfants métis apprennent une langue autochtone comme langue première ou langue maternelle, tandis que la majorité d'entre eux apprennent l'anglais (91 %) ou le français (9 %) comme langue première. Le profil de la langue maternelle des jeunes enfants métis est semblable à celui des enfants métis âgés de 6 à 14 ans et à celui des adolescents et des jeunes adultes de 15 à 24 ans (voir le graphique 1). Comparativement aux Métis âgés de 45 ans et plus, on observe chez les générations plus jeunes une diminution de l'apprentissage d'une langue autochtone et de l'apprentissage du français en tant que langue maternelle.

    Graphique 1 Pourcentage de la population métisse dont la langue maternelle est l'anglais, le français ou une langue autochtone, selon le groupe d'âge, Canada, 2006

    Exposition à des langues autochtones à la maison et dans le quartier

    L'Enquête sur les enfants autochtones a permis de mesurer l'exposition à des langues autochtones dans une variété de contextes.

    • À la maison, environ 16 % des jeunes enfants métis sont exposés de façon régulière à une langue autochtone, à savoir quotidiennement (7 %), chaque semaine (6 %) ou chaque mois (4 %). Au total, 20 % des jeunes enfants métis sont régulièrement exposés (quotidiennement, chaque semaine ou chaque mois) à une langue autochtone à l'extérieur de la maison, soit chez d'autres personnes, soit dans le quartier où ils vivent. Chez 11 % des enfants, cette exposition survient à la fois à la maison et à l'extérieur de la maison (voir le graphique 2).
    • Parmi les jeunes enfants métis régulièrement exposés à une langue autochtone à la maison et à l'extérieur de la maison, environ 2 sur 10 (18 %) sont en mesure de parler une langue autochtone et à peu près 4 sur 10 (42 %) sont capables de comprendre cette langue. Les jeunes enfants exposés à une langue autochtone à la maison et à l'extérieur de la maison sont à peu près deux fois plus susceptibles que ceux qui sont seulement exposés à une langue autochtone à la maison de comprendre une langue autochtone. En outre, ils sont environ quatre fois plus susceptibles de comprendre une langue autochtone que ne le sont les enfants qui sont exposés à une langue autochtone à l'extérieur de la maison seulement.
    • L'exposition à des langues autochtones diffère selon la région du pays (voir le graphique 3). Près de 6 jeunes enfants métis sur 10 vivant dans les Territoires du Nord-Ouest (57 %) et environ la moitié des jeunes enfants métis de la Saskatchewan (46 %) sont régulièrement exposés à une langue autochtone, soit à la maison, soit chez d'autres personnes ou dans le quartier. En Alberta (28 %) et au Manitoba (23 %), environ un enfant métis sur quatre est régulièrement exposé à une langue autochtone à la maison ou dans d'autres contextes à l'extérieur de la maison.
    • Au Canada, près de la moitié (48 %) des enfants métis âgés de moins de six ans bénéficient de services de garde réguliers. Il s'agit de services de garde qui sont utilisés de façon constante et qui sont assurés par quelqu'un d'autre qu'un parent. Cela comprend les garderies, les garderies éducatives ou la garde préscolaire, le programme Bon départ et la garde par une personne apparentée ou une autre personne. Si nous examinons le service de garde principal où les jeunes enfants métis passent le plus de temps, une langue autochtone y est utilisée dans environ 6 % des cas.
    • Les médias constituent une autre source d'exposition à des langues autochtones. Au total, 14 % des jeunes enfants métis au Canada sont régulièrement exposés (quotidiennement, chaque semaine ou chaque mois) à des langues autochtones par l'intermédiaire des médias tels que la télévision, les DVD, la radio et les livres.

    Graphique 2 Proportion d'enfants métis âgés de moins de six ans régulièrement exposés à une langue autochtone, à la maison ou à l'extérieur de la maison, 2006

    Graphique 3 Proportion d'enfants métis âgés de moins de six ans régulièrement exposés à une langue autochtone, à la maison ou à l'extérieur de la maison, selon la région, 2006

    Exposition à des langues autochtones et caractéristiques familiales

    • Un peu plus du tiers des enfants métis âgés de moins de six ans vivent exclusivement avec des parents autochtones, soit avec un parent autochtone seul (24 %), soit avec deux parents autochtones (13 %). Près de la moitié (49 %) des jeunes enfants métis vivent avec un parent autochtone et un parent non autochtone. Environ 11 % vivent avec des parents non autochtones seulement — 7 %, avec un parent non autochtone seul et 4 %, avec deux parents non autochtones.
    • Parmi les jeunes enfants métis grandissant dans un ménage qui compte deux parents autochtones ou un parent autochtone seul, environ 28 % sont régulièrement exposés à une langue autochtone à la maison. La probabilité d'être régulièrement exposés à une langue autochtone à la maison est bien moins élevée, c'est-à-dire qu'elle est d'environ 10 % dans le cas où les enfants vivent avec un parent autochtone et un parent non autochtone. Chez les enfants vivant avec un parent non autochtone seul, la probabilité d'être régulièrement exposés à une langue autochtone à la maison était aussi d'environ 10 %.
    • Environ 6 % des enfants métis âgés de moins de six ans ont au moins un parent dont la langue première est une langue autochtone. Parmi ces enfants, 77 % sont régulièrement exposés à une langue autochtone à la maison. Lorsque la langue première du parent n'est pas une langue autochtone, 13 % des enfants sont régulièrement exposés à une langue autochtone à la maison.
    • Environ 8 % des jeunes enfants métis vivent avec leurs grands-parents. Les enfants métis (27 %) vivant dans une maison où les grands-parents sont présents sont plus susceptibles que ceux ne vivant pas avec leurs grands-parents (15 %) d'être régulièrement exposés à une langue autochtone à la maison. Les données tirées du Recensement de la population de 2006 montrent que les Métis plus âgés sont plus susceptibles de parler une langue autochtone.

    Espoirs et attentes des parents

    Dans le cadre de l'Enquête sur les enfants autochtones de 2006, on a demandé aux parents dans quelle mesure il était important pour eux que leur enfant parle et comprenne une langue autochtone et s'ils croyaient que leur enfant parlerait couramment une langue autochtone.

    • À peu près 44 % des jeunes enfants métis ont des parents qui jugent très ou assez important que leur enfant parle et comprenne une langue autochtone (voir le graphique 4).
    • Environ un enfant métis sur cinq (18 %) a des parents qui croient que leur enfant parlera couramment une langue autochtone. Les attentes liées à la maîtrise de la langue autochtone passent à environ 40 % chez les enfants qui sont régulièrement exposés à une langue autochtone, soit à la maison, soit à l'extérieur de la maison.

    Les espoirs et les attentes des parents pourraient démontrer l'importance d'avoir accès à des ressources et à des occasions d'apprendre des langues autochtones dans une variété de contextes — à la maison et dans l'ensemble de la collectivité.

    Graphique 4 Proportion d'enfants métis âgés de moins de six ans dont le parent jugeait important que son enfant parle et comprenne une langue autochtone et qui croyait que son enfant parlerait couramment une langue autochtone, 2006

    Ce qu'il faut savoir au sujet du présent feuillet d'information

    L'Enquête sur les enfants autochtones, qui a été élaborée par Statistique Canada et des conseillers autochtones de partout au pays, a été menée conjointement avec Ressources humaines et Développement social Canada. L'enquête a eu lieu d'octobre 2006 à mars 2007. Les parents ou les tuteurs d'environ 10 500 enfants autochtones âgés de moins de six ans, dont près de 4 000 enfants métis, ont fourni des renseignements dans le cadre d'une combinaison d'interviews téléphoniques et sur place. Le taux de réponse global à l'enquête était de 81,1 %.

    Aux fins de l'enquête, le parent ou le tuteur devait répondre au nom de l'enfant. Pour la plupart des enfants métis (93 %), cette personne était la mère naturelle ou le père biologique. Chez la majorité des autres enfants métis, le parent ou le tuteur qui répondait au nom de l'enfant dans le cadre de l'enquête était un grand-parent, un parent de famille d'accueil ou un parent adoptif.

    Dans le présent feuillet d'information, les « enfants métis » comprennent ceux dont les parents ou les tuteurs ont indiqué qu'ils étaient Métis en réponse à la question suivante de l'Enquête sur les enfants autochtones : « Est-ce que (enfant) est Autochtone, c'est-à-dire un(e) Indien(ne) de l'Amérique du Nord, un(e) Métis ou un(e) Inuk? ». Les données sur les enfants métis incluent les enfants dont on a déclaré l'appartenance au groupe des Métis seulement et ceux dont on a déclaré l'appartenance au groupe des Métis en combinaison avec un autre groupe autochtone, soit les Indiens de l'Amérique du Nord (les Premières Nations) ou les Inuits.

    Nous avons des données seulement sur la langue maternelle du parent ou du tuteur ayant répondu à l'enquête et non sur celle de son conjoint ou de son partenaire, ni sur celle de son enfant.

    Pour obtenir plus de renseignements sur l'enquête, veuillez consulter la publication Enquête sur les enfants autochtones de 2006 : guide des concepts et méthodes (produit no 89-634 au catalogue de Statistique Canada).

    Références bibliographiques

    DORION, Leah, et Darren R. Préfontaine. 2001. « Deconstructing Métis Historiography: Giving Voice to the Métis People », publié sous la direction de L.J. Barkwell, L. Dorion, et D.R. Préfontaine, Metis Legacy, Winnipeg, Pemmican Publications Inc.

    NORRIS, Mary Jane. 2007. « Langues autochtones au Canada : nouvelles tendances et perspectives sur l'acquisition d'une langue seconde », Tendances sociales canadiennes,vol. 83, produit n11-008 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, p. 19 à 27.

    COMMISSION ROYALE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES. 1996. « Vers un ressourcement », vol. 3 dans le Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones, Ottawa, Gouvernement du Canada.

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