Section 3 : Utilisation des langues dans les activités quotidiennes

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Section 3.1 Description des variables et développement des indices d'utilisation des langues
Section 3.2 Résultats des indices
Section 3.2.1 Les adultes de langue française à l'extérieur du Québec
Section 3.2.2 Les adultes de langue anglaise au Québec
Section 3.2.3 Pratiques linguistiques selon le poids des minorités de langue officielle au sein des municipalités
Référence
Notes

L'approche adoptée dans le cadre de cette section s'inspire des travaux de Landry et Allard (1994). Les pratiques langagières des membres des minorités de langue officielle dans divers domaines sociaux sont fortement tributaires du statut des langues en contact, du support institutionnel de même que du capital démographique dont disposent ces groupes. Landry et Allard utilisent la notion de « domaine social » tel que défini par Fishman (1965, 1972) et Cooper (1969) et qui désigne « un ensemble de situations sociales congrues dans lesquelles le comportement langagier est gouverné par un ensemble commun de règles comportementales ».

Nous inspirant des travaux de Landry et Allard (1994), nous avons donc identifié six domaines sociaux au sein desquels le degré d'utilisation des langues a été mesuré. Pour les membres des communautés de langue officielle en situation minoritaire, ces six domaines ont d'abord été conçus comme représentant un continuum de contacts progressivement plus étroits avec la culture du groupe linguistique majoritaire. L'un de ces domaines est celui du foyer et des langues qui y sont parlées. Ce « domaine » est utilisé comme point de comparaison avec l'utilisation des langues dans des domaines associés de façon plus ou moins variable aux sphères semi privée et publique.

Dans la présente section, nous décrirons d'abord les variables qui constituent chacun des domaines sociaux identifiés de même que chacun des indices développés à cette fin. Les résultats de l'enquête seront ensuite présentés pour ce qui est de chacun de ces domaines de même que ceux associés à un indice général d'utilisation des langues dans des domaines autres que celui de la langue d'usage au foyer. Nous présenterons également des résultats qui tiennent compte de la langue principale des membres des minorités de langue officielle, c.-à-d. celle dans laquelle ils se sentent le plus à l'aise. Enfin, ces résultats seront examinés à la lumière d'une variable « écologique », en l'occurrence la proportion que représentent les minorités de langue officielle au sein des municipalités ou subdivisions de recensement.

Section 3.1 Description des variables et développement des indices d'utilisation des langues

L'enquête recèle une information très riche sur les comportements langagiers dans divers domaines ou sphères de la vie privée et publique. La distinction entre ces deux sphères n'est cependant pas toujours très nette du fait que, par exemple, les pratiques langagières au foyer dépendent parfois de la présence des langues dans la sphère publique. La consommation des divers médias en est un exemple. Le visionnement d'une émission s'effectue en effet dans la sphère privée, mais dépend de sa disponibilité dans l'espace public. Il en va de même pour ce qui est de la lecture de livres ou de journaux.

Outre les langues parlées à la maison, nous avons donc développé cinq indices d'utilisation des langues. Le premier est celui des langues parlées avec les amis, tant celles parlées le plus souvent que celles qui sont parlées régulièrement. Le deuxième domaine est celui du réseau immédiat de contacts des adultes au sein de leur communauté. Cet indice est composé des questions portant sur l'utilisation des langues dans a) les associations, réseaux et organismes communautaires; b) les activités de bénévolat au sein d'organismes; c) les activités de soutien social à quelqu'un qui n'habitait pas dans le ménage; d) avec les voisins immédiats; et e) dans la pratique d'activités sportives au sein de la communauté.

Le troisième indice d'utilisation des langues est celui du domaine du travail1. Celui-ci est constitué des questions portant sur l'utilisation des langues dans le milieu de travail, le plus souvent et régulièrement, de même que sur les langues utilisées, au téléphone ou en personne, avec des gens qui ne font pas partie de l'entreprise, de la compagnie ou de l'agence pour laquelle travaillent les individus. Le quatrième indice est composé des réponses aux questions se référant au domaine institutionnel. En font partie, les réponses aux questions portant sur a) les soins reçus par le médecin de famille; b) une infirmière; c) la ligne téléphonique d'information sur la santé; d) les autres endroits habituels consultés pour l'obtention de services de soins de santé; e) l'utilisation des langues dans les commerces; f) pour remplir des formulaires tels une demande de passeport, une déclaration de revenus, une demande d'emploi, etc.; g) avec les différents corps policiers (municipaux, provinciaux et fédéral) et h) avec un avocat. Quant au dernier indice, celui de l'utilisation des langues dans la consommation des différents médias, il est composé des réponses aux questions portant sur a) l'écoute de la télévision; b) la radio; c) les journaux; d) la lecture de livres et e) l'Internet.

Il importe de mentionner ici qu'étant donné que ce ne sont pas toutes les questions qui s'adressent à tous les individus, nous avons construit les indices en fonction du nombre de questions répondues. Par exemple, dans le cas de l'indice d'utilisation des langues dans les réseaux immédiats, une personne ayant répondu à quatre questions sur les six qui constituent cet indice s'est vue attribuée un score proportionnel au nombre de questions répondues2.

Section 3.2 Résultats des indices

Section 3.2.1 Les adultes de langue française à l'extérieur du Québec

Les résultats de l'enquête révèlent de façon très nette l'orientation linguistique des adultes de langue française à l'extérieur du Québec dans leurs comportements langagiers au sein des divers domaines sociaux. Les graphiques 3.1 à 3.4 révèlent que la langue française est présente à des degrés très divers selon la province où ils résident. En général, compte tenu du poids démographique des adultes de langue française, le Nouveau-Brunswick se démarque nettement des autres provinces.

C'est dans les provinces à l'ouest de l'Ontario que l'utilisation du français est le plus faible suivies des provinces de Terre-Neuve et Labrador, de l'Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse. Toutes provinces confondues, on observe également que la prédominance du français3 tend à être plus faible dans le domaine des médias que dans ceux des réseaux de contacts immédiats, des institutions ou avec les amis. De fait, bien que le français soit présent, comme on peut le constater en tenant compte de la catégorie « autant français qu'anglais », l'utilisation prédominante du français se fait de plus en plus faible d'un domaine social à l'autre.

Graphique 3.1
Proportion d'adultes de langue française selon le taux d'utilisation des langues par domaine, provinces atlantiques à l'est du Nouveau-Brunswick, 2006

Graphique 3.1 Proportion d'adultes de langue française selon le taux d'utilisation des langues par domaine, provinces atlantiques à l'est du Nouveau-Brunswick, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Graphique 3.2
Proportion d'adultes de langue française selon le taux d'utilisation des langues par domaine, Nouveau-Brunswick, 2006

Graphique 3.2 Proportion d'adultes de langue française selon le taux d'utilisation des langues par domaine, Nouveau-Brunswick, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Graphique 3.3
Proportion d'adultes de langue française selon le taux d'utilisation des langues par domaine, Ontario, 2006

Graphique 3.3 Proportion d'adultes de langue française selon le taux d'utilisation des langues par domaine, Ontario, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Graphique 3.4
Proportion d'adultes de langue française selon le taux d'utilisation des langues par domaine, provinces à l'ouest de l'Ontario et les territoires, 2006

Graphique 3.4 Proportion d'adultes de langue française selon le taux d'utilisation des langues par domaine, provinces à l'ouest de l'Ontario et les territoires, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

L'indice général d'utilisation des langues présenté au graphique 3.5 fournit un portrait d'ensemble de l'utilisation des langues pour l'ensemble des domaines sociaux à l'exclusion des langues parlées au foyer4. Tout comme on pouvait l'observer dans les graphiques précédents, la prédominance du français n'est une réalité qu'au Nouveau-Brunswick. Hormis cette province, les adultes de langue française de l'Ontario se démarquent des autres provinces dans la mesure où près de 16 % d'entre eux utilisent uniquement ou surtout le français dans leur vie quotidienne et un autre 22 % indiquent utiliser le français et l'anglais à égalité.

Alors que la prédominance du français est très faible ou inexistante dans la plupart des autres provinces, les adultes de langue française des provinces à l'est du Nouveau-Brunswick indiquent néanmoins en faire usage au moins aussi fréquemment que l'anglais dans des proportions allant de près de 9 % à Terre-Neuve-et-Labrador et de 19 % et 21 % à l'Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse, respectivement. Les personnes de langue française du Manitoba se distinguent également de ceux des provinces de l'Ouest puisque 18 % des premiers et 16 %E des seconds affirment utiliser le français au moins aussi souvent que l'anglais dans leurs activités quotidiennes.

Graphique 3.5
Proportion d'adultes de langue française selon l'indice général d'utilisation des langues, provinces et Canada moins le Québec, 2006

Graphique 3.5 Proportion d'adultes de langue française selon l'indice général d'utilisation des langues, provinces et Canada moins le Québec, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

L'information portant sur l'utilisation des langues au quotidien par les adultes de langue française en situation minoritaire doit nécessairement être modulée par celle portant sur leur langue principale. On peut en effet s'attendre à ce que les adultes qui indiquent être plus à l'aise en français qu'en anglais aient des habitudes et des comportements langagiers différents de ceux qui indiquent être plus à l'aise en anglais5. C'est précisément ce que montre le graphique 3.6. On y constate en effet que dans toutes les provinces et territoires les adultes de langue française qui ont le français comme langue principale font une utilisation beaucoup plus grande de cette langue dans leurs activités quotidiennes que ceux qui sont plus à l'aise en anglais.

Graphique 3.6
Proportion d'adultes de langue française selon le niveau général d'utilisation du français par la langue principale, provinces et Canada moins le Québec, 2006

Graphique 3.6 Proportion d'adultes de langue française selon le niveau général d'utilisation du français par la langue principale, provinces et Canada moins le Québec, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Un examen plus approfondi des pratiques linguistiques au Nouveau-Brunswick révèle une situation assez contrastée d'une région à l'autre. Le graphique 3.7 révèle en effet que près de 48 % des adultes de langue française du Nord de cette province affirment adopter uniquement le français dans leurs activités quotidiennes alors qu'un autre 36 % affirment utiliser surtout le français. Cet indice d'utilisation des langues dans la sphère publique révèle donc que le français est la langue utilisée de façon prédominante (uniquement ou le plus souvent) par près de 85 % des adultes de langue française de cette région. Ceux du Sud-Est de la province indiquent quant à eux que le français est la langue prédominante de leurs activités quotidiennes dans une proportion d'environ 51 %, quoique près de 10 % indiquent utiliser seulement le français. Enfin, chez les adultes de langue française du reste de la province, le français est la langue prédominante pour 26 % d'entre eux alors que 19 % ont indiqué utiliser le français aussi souvent que l'anglais.

L'utilisation de la langue française en Ontario connaît également de très fortes variations selon qu'on réside dans le Sud-Est, le Nord-Est ou à Toronto. Comme on s'y attendait, ceux qui vivent dans le Sud-Est indiquent adopter le français de façon prédominante dans une proportion de près de 50 % alors que cette langue est prédominante dans des proportions de 18 % dans le Nord-Est de la province et à Ottawa. L'enquête révèle également que si l'on tient compte de l'utilisation du français et de l'anglais à égalité, le français est présent dans les comportements langagiers dans des proportions de 55 % et 47 % chez les résidents d'Ottawa et du Nord-Est de l'Ontario, respectivement. À Toronto et dans le reste de la province, ces proportions sont de 15 % et 11 %E, respectivement.

Graphique 3.7
Proportion d'adultes de langue française selon l'indice général d'utilisation des langues, Nouveau-Brunswick et de ses régions, 2006

Graphique 3.7 Proportion d'adultes de langue française selon l'indice général d'utilisation des langues, Nouveau-Brunswick et de ses régions, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Graphique 3.8
Proportion d'adultes de langue française selon l'indice général d'utilisation des langues, Ontario et régions, 2006

Graphique 3.8 Proportion d'adultes de langue française selon l'indice général d'utilisation des langues, Ontario et régions, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Section 3.2.2 Les adultes de langue anglaise au Québec

Les résultats de l'enquête montrent très clairement la forte utilisation de l'anglais au quotidien chez les adultes de langue anglaise au Québec. L'information présentée au graphique 3.9 révèle en effet que ces personnes utilisent l'anglais de façon prédominante dans une proportion de 67 % avec les amis et dans une proportion de près de 60 % au sein de leurs réseaux immédiats. L'anglais prédomine également dans les contacts avec le personnel des diverses institutions publiques dans une proportion de 56 %. Quant à sa prédominance lors de l'utilisation des divers médias, elle atteint 82 %. En tenant compte de la vaste majorité des domaines sociaux de contacts, l'indice général d'utilisation des langues révèle que 64 % des adultes de langue anglaise indiquent adopter principalement l'anglais au quotidien. Lorsqu'on tient compte de ceux qui déclarent utiliser autant l'anglais que le français, l'indice général montre que l'anglais est présent plus souvent ou aussi souvent que le français dans une proportion de 85 %.

Un examen des résultats disponibles pour les diverses régions du Québec (graphique 3.10) permet de constater que les adultes de langue anglaise qui habitent les régions du Sud du Québec, de l'Est du Québec, de Montréal et de l'Ouest de la province affichent des comportements linguistiques assez analogues. En revanche ceux de la région de Québec et du reste de la province font une beaucoup plus grande place au français dans leurs activités quotidiennes. C'est ainsi que, dans l'Est du Québec, dans l'Ouest de la province ainsi qu'à Montréal, les adultes de langue anglaise indiquent faire une utilisation prédominante de l'anglais dans des proportions de 64 %, 69 % et 66 %, respectivement. Quant à ceux qui résident dans le Sud du Québec, 54 % d'entre eux ont déclaré utiliser principalement l'anglais lors de leurs activités quotidiennes. Pour ce qui est de la région de Québec et dans le reste de la province, les adultes de langue anglaise ont rapporté une utilisation prédominante de l'anglais dans des proportions de 10 % et 36 %, respectivement.

Graphique 3.9
Proportion d'adultes de langue anglaise selon le taux d'utilisation des langues par domaine, Québec, 2006

Graphique 3.9 Proportion d'adultes de langue anglaise selon le taux d'utilisation des langues par domaine, Québec, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Graphique 3.10
Proportion d'adultes de langue anglaise selon l'indice général d'utilisation des langues, Québec et régions, 2006

Graphique 3.10 Proportion d'adultes de langue anglaise selon l'indice général d'utilisation des langues, Québec et régions, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Section 3.2.3 Pratiques linguistiques selon le poids des minorités de langue officielle au sein des municipalités

Les modèles théoriques sur la vitalité des groupes ethnolinguistiques considèrent le capital démographique des communautés comme un élément fondamental de leur vitalité objective. Ainsi, plus une communauté linguistique comporte de membres ou de locuteurs, plus nombreuses seront les opportunités d'utiliser cette langue. Les résultats de l'enquête confirment clairement cet énoncé.

Les graphiques 3.11 et 3.12 montrent que cette réalité vaut tant pour les adultes de langue française à l'extérieur du Québec que pour ceux de langue anglaise au Québec. Toutefois, seule l'orientation générale de la relation entre le poids des membres des communautés linguistiques au sein des municipalités et l'utilisation de la langue minoritaire révèle un phénomène similaire entre les deux groupes linguistiques. En effet, alors que moins de 5 % des adultes de langue française vivant dans des subdivisions de recensement où leur poids relatif est inférieur à 10 % de la population utilisent le français de façon prédominante dans la pratique de leurs activités quotidiennes, près de 20 % de ceux de langue anglaise résidant dans des municipalités où leur poids relatif est similaire utilisent l'anglais de façon prédominante. Rappelons que près de 45 % des adultes de langue française de l'extérieur du Québec résident dans des municipalités où ils forment moins de 10 % de la population comparativement à moins de 12 % des adultes de langue anglaise du Québec6.

Même lorsqu'ils ne forment qu'entre 10 % et 30 % de la population des municipalités où ils résident, 57 % des adultes de langue anglaise utilisent l'anglais de façon prédominante au quotidien. À l'extérieur du Québec, chez ceux de langue française résidant dans des municipalités où leur poids est comparable, seulement 15 % d'entre eux font une utilisation prédominante du français dans leurs activités quotidiennes. De fait, seulement lorsqu'ils représentent 70 % ou plus de la population de la municipalité où ils résident, observe-t-on des résultats relativement analogues entre les comportements langagiers des adultes de langue française (81 %) et ceux de langue anglaise (89 %).

À la lumière des résultats observés aux graphiques 3.11 et 3.12, le graphique 3.13 présente une information similaire, mais en utilisant un niveau moyen d'utilisation des langues sur une échelle allant de 1 à 5. Un niveau moyen de 1 correspond à l'utilisation unique de la langue majoritaire alors qu'un niveau moyen de 5 correspond à l'utilisation unique de la langue officielle minoritaire. Un niveau moyen de trois correspond à une égale utilisation du français et de l'anglais. Ainsi, on peut y constater un écart important entre les deux groupes linguistiques relativement à l'utilisation de la langue minoritaire au quotidien. Seulement lorsqu'ils forment une très forte proportion au sein de leur municipalité peut-on observer une utilisation similaire de la langue officielle minoritaire.

Graphique 3.11
Proportion d'adultes de langue française selon l'indice général d'utilisation des langues par la proportion d'adultes de langue minoritaire dans la municipalité, Canada moins le Québec, 2006

Graphique 3.11 Proportion d'adultes de langue française selon l'indice général d'utilisation des langues par la proportion d'adultes de langue minoritaire dans la municipalité, Canada moins le Québec, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Graphique 3.12
Proportion d'adultes de langue anglaise selon l'indice général d'utilisation des langues par la proportion d'adultes de langue minoritaire dans la municipalité, Québec, 2006

Graphique 3.12 Proportion d'adultes de langue anglaise selon l'indice général d'utilisation des langues par la proportion d'adultes de langue minoritaire dans la municipalité, Québec, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Graphique 3.13
Niveau moyen d'utilisation de la langue officielle minoritaire chez les adultes de langue française de l'extérieur du Québec et chez les adultes de langue anglaise du Québec, selon le poids relatif des groupes minoritaires au sein des subdivisions de recensement, 2006

Graphique 3.13 Niveau moyen d'utilisation de la langue officielle minoritaire chez les adultes de langue française de l'extérieur du Québec et chez les adultes de langue anglaise du Québec, selon le poids relatif des groupes minoritaires au sein des subdivisions de recensement, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Dans l'ensemble, les résultats de l'enquête confirment l'idée énoncée au début du présent chapitre suivant laquelle l'utilisation de la langue officielle minoritaire tendrait à être moins forte au fur et à mesure qu'on se déplace des domaines sociaux plus intimes vers ceux où la langue ayant le statut social le plus important prédomine. Toutefois, des nuances doivent être apportées à cet égard, tant au sein d'un même groupe linguistique qu'entre les adultes de langue anglaise du Québec et ceux de langue française à l'extérieur de cette province.

Les résultats portant sur les adultes de langue française au graphique 3.14 indiquent que l'utilisation du français décroît en effet suivant ce déplacement d'un domaine à l'autre, mais quelques exceptions surgissent néanmoins. D'une part, chez ceux qui résident au sein de subdivisions de recensement où ils forment moins de 10 % de la population, l'utilisation du français est faible, mais la présence de cette langue dans les médias est comparable à celle observée avec les amis.

On s'attendrait plutôt à ce que le français soit moins utilisé dans la consommation des divers médias d'information qu'avec les amis, mais on peut supposer que, par exemple, la présence ou la disponibilité de cette langue à la radio et sur certaines chaînes de télévision régionales ou nationales où l'accès à l'Internet en permet une certaine utilisation chez les communautés de langue française.

Dans les municipalités où les adultes de langue française forment une forte proportion de la population, on constate aussi une plus forte utilisation de la langue minoritaire au sein des diverses institutions fournissant des services publics à la population. Cette utilisation est particulièrement forte lorsque le poids de la population francophone est supérieur ou égal à 70 % de la population totale de la municipalité.

Chez les adultes de langue anglaise du Québec, comme nous avions pu l'observer plus tôt, la consommation de médias en anglais est très forte, et ce peu importe leur poids relatif au sein des subdivisions de recensement. Tout comme c'est le cas chez les adultes de langue française, l'utilisation de la langue minoritaire est importante dans les services publics offerts par les institutions dans les municipalités où les adultes de langue anglaise constituent une part importante de la population. Les résultats du graphique 3.15 révèlent donc encore une fois que l'anglais est fortement présent dans le quotidien des adultes de langue anglaise du Québec.

Graphique 3.14
Niveau moyen d'utilisation du français selon le domaine d'utilisation par la proportion d'adultes de langue minoritaire dans la municipalité, Canada moins le Québec, 2006

Graphique 3.14 Niveau moyen d'utilisation du français selon le domaine d'utilisation par la proportion d'adultes de langue minoritaire dans la municipalité, Canada moins le Québec, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Graphique 3.15
Niveau moyen d'utilisation de l'anglais selon le domaine d'utilisation par la proportion d'adultes de langue minoritaire dans la municipalité, Québec, 2006

Graphique 3.15 Niveau moyen d'utilisation de l'anglais selon le domaine d'utilisation par la proportion d'adultes de langue minoritaire dans la municipalité, Québec, 2006
Note : Veuillez consulter l'Annexe E pour obtenir les indicateurs de qualité (cœfficients de variation (CV)) associés aux estimations ayant mené à la production de ce graphique.
Source : Statistique Canada, Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle, 2006.

Référence

Cooper, R.L. (1969).
« How can we Measure the Role which a Bilingual's Languages Plays in his Every Day Language? » In The Description and Measurement of Bilingualism, L.G. Kelly (ed.) Toronto: Toronto University Press.

Fishman, Joshua (1965).
« Who Speaks what Language to whom and when ». La linguistique, 2, 67 to 68.

Fishman, Joshua (1972).
The Sociology of Language: An Interdisciplinary Social Science Approach to Language in Society.
Rowley, MA: Newbury House.

Landry, Rodrigue and Réal Allard (1994a).
« Introduction etholinguistic vitality: a viable construct ». International Journal of the Sociology of Language, 108, pp. 5 to 13.

Landry, Rodrigue et Réal Allard (1994b).
« Diglossia, Ethnolinguistic Vitality, and Language Behavior ». International Journal of the Sociology of Language, 108, pp. 15 to 42.


Notes

  1. Le présent rapport ne présentera cependant pas d'information ni de statistiques spécifiques sur les langues utilisées au travail. Cette information sera disponible après la diffusion des données censitaires sur la langue de travail le 4 mars 2008.
  2. Une note sur la construction des indices d'utilisation des langues au quotidien figure à l'annexe F.
  3. Par prédominance de la langue minoritaire, nous entendons que les répondants ont indiqué utiliser « seulement » ou « surtout » une langue donnée.
  4. L'indice général d'utilisation des langues exclut les langues parlées à la maison mais inclut l'utilisation des langues au travail pour les personnes qui occupent un emploi.
  5. La relation entre la langue principale et les comportements langagiers peut cependant jouer dans les deux sens.
  6. Compte tenu de leur forte concentration sur l'Île de Montréal, près de 53 % des adultes de langue anglaise du Québec résident dans des subdivisions de recensement où ils forment entre 30 % et 50 % de la population.
  7. E à utiliser avec prudence