4 Résultats des projections

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Les résultats des projections sont présentés en trois parties. Premièrement, nous examinons les tendances futures relatives au réseau familial. Deux composantes importantes de ce réseau sont présentées : modes de vie et nombre d'enfants survivants. La première concerne le nombre de personnes âgées habitant avec leur conjoint, le principal fournisseur de soins aux personnes en perte d'autonomie. Le nombre d'enfants est également très important, car les personnes sans conjoint peuvent compter en partie sur leur aide. La première partie des résultats des projections peut être considérée comme l'offre potentielle de soutien informel provenant de la famille. Bien sûr, cette offre potentielle ne représente pas le réseau informel entier, les amis, les voisins et d'autres membres de la famille pouvant également offrir de l'aide aux personnes âgées en perte d'autonomie. Deuxièmement, on présente des résultats indiquant les tendances possibles en fonction du scénario de l'état de santé de la population retenu. Comme on l'a déjà mentionné, nous nous intéressons à l'aide reçue par les personnes âgées en raison d'une incapacité. On suppose qu'une personne ne souffrant d'aucune incapacité peut effectuer les activités prises en compte dans la présente recherche7. Bien qu'une proportion importante de personnes âgées avec incapacité n'aient pas besoin d'aide pour effectuer ces activités, la projection de leur nombre est la première étape de l'estimation de la demande globale possible de services. Finalement, la dernière série de résultats montrera le nombre et la proportion de personnes âgées avec incapacité ayant recours à différentes sources d'aide. Ces résultats permettront de déterminer si les tendances actuelles d'utilisation des services aboutiraient à une augmentation relative de l'utilisation de services d'aide à domicile, ce qui constitue l'objectif principal de la présente recherche.

La période de projection se prolonge jusqu'en 2051, fournissant une estimation des tendances à long terme compte tenu du profil d'utilisation des services d'aide à domicile observé en 1996. Les figures présentées comportent un trait séparant la période allant de 2001 à 2031 de la période allant de 2031 à 2051. Le prolongement de la période à 2051 permet un examen du contexte canadien une fois que tous les baby-boomers auront atteint 85 ans. Évidemment, les politiques et les comportements seront différents de ceux d'aujourd'hui, mais l'exercice permet de comprendre ce qui se produirait compte tenu d'un contexte relativement inchangé. Bien que l'analyse concerne principalement la période allant de 2001 à 2031, nous commenterons brièvement les résultats de la période allant de 2031 à 2051.

4.1 La disponibilité du réseau familial : la présence possible d'aidants membres de la famille

Au sein du réseau informel, les membres de la famille immédiate sont les principaux fournisseurs d'aide aux personnes âgées en perte d'autonomie. Ici, nous mettons l'accent sur deux volets très importants de la famille ayant une incidence considérable sur l'utilisation du réseau formel. Premièrement, la variation des proportions d'hommes et de femmes âgés habitant seuls aura probablement une incidence sur le nombre de personnes âgées en perte d'autonomie ayant recours au réseau formel d'aide à domicile. Le deuxième volet de ces résultats concerne la proportion de femmes âgées qui n'ont pas d'enfants survivants. Les résultats présentés à la section 2.3 montrent que la probabilité d'avoir recours au réseau formel ne varie pas grandement chez les personnes qui ont des enfants. En effet, si elles ont au moins un enfant, leur susceptibilité de n'utiliser que le réseau formel varie très légèrement. Le plus grand écart s'établit entre les femmes qui ont au moins un enfant et celles qui n'en ont pas. Nous voulons donc surtout concentrer l'analyse sur les tendances futures du nombre et de la proportion de femmes qui n'ont pas d'enfants survivants.

Proportion de personnes âgées habitant seules

Les résultats de projections indiquent une stabilisation de la proportion d'hommes et de femmes âgés habitant seuls au Canada pendant la période allant de 2001 à 2031. Cette simulation tient compte du fait que, pendant toute leur vie, les cohortes futures de personnes âgées auront été plus susceptibles de divorcer que les personnes âgées d'aujourd'hui. Cette tendance pourrait laisser croire qu'il y aura une augmentation de la proportion de personnes âgées habitant seules. Par contre, la simulation tient également compte du fait que l'écart au chapitre de l'espérance de vie favorisant les femmes diminuera probablement à l'avenir, comme cela a été le cas au cours des dernières années. Cette tendance, contrairement à l'augmentation de la probabilité d'obtenir un divorce, favorise la survie des deux conjoints et réduit la probabilité d'habiter seul dans le cas des personnes âgées qui vivent dans des ménages privés.

Comme le montre la figure 3, la proportion de femmes âgées habitant seules est considérablement supérieure à la proportion d'hommes vivant une situation semblable. Ce résultat n'est pas surprenant, étant donné la différence d'âge au moment du mariage – les femmes épousent en moyenne des hommes plus âgés – et la plus grande espérance de vie des femmes. Également, les hommes sont plus nombreux à se remarier que les femmes après un divorce ou le décès de leur conjoint. Cependant, on observe une diminution de la proportion de femmes habitant seules, principalement au cours de la période allant de 2031 à 2051. Au cours de la période entière de projection, l'écart au chapitre de la proportion de femmes et d'hommes âgés habitant seuls diminue assez considérablement, passant de 37 % contre 16 % en 2001 à 30 % contre 17 % en 2051. Une diminution de la proportion de femmes âgées habitant seules devrait, toutes choses étant égales par ailleurs, atténuer la pression sur le réseau formel de services d'aide à domicile. Cependant, les résultats de la section 2.3 indiquent que le fait d'avoir un conjoint a une incidence beaucoup plus importante chez les hommes en perte d'autonomie que chez les femmes montrant un état de santé similaire. Étant donné les tendances d'utilisation observées en 1996, une baisse importante de la proportion de femmes en perte d'autonomie habitant seules ne réduira la pression sur les services d'aide à domicile que si leur conjoint fournit davantage d'aide.

Figure 3
Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus vivant seuls en ménage privé, selon le sexe, Canada, 2001 à 2051

Proportion de femmes âgées sans enfants survivants

Lorsque nous songeons au vieillissement de la population, nous avons tendance à mettre l'accent sur la proportion et sur le nombre croissants de personnes âgées de plus de 65 ans au sein de l'ensemble de la population, particulièrement lorsqu'on tient compte de l'arrivée progressive des baby-boomers dans ce groupe d'âge à compter de 2011. Les mécanismes sous-jacents au vieillissement de la population ont aussi d'autres incidences. Le vieillissement de la population au cours des dernières décennies est surtout attribuable à la décroissance des taux de fécondité. Cette décroissance a également une incidence importante sur la composition et l'étendue du réseau de soutien informel. Par définition, les parents des baby-boomers ont eu beaucoup d'enfants. Ces enfants ont de nombreux frères et soeurs, mais ont peu d'enfants. Enfin, ces derniers ont peu de frères et soeurs et, jusqu'à maintenant du moins, peu d'enfants. Cette tendance laisse supposer une variation de ce qui sera attendu des réseaux de soutien formel et informel à l'avenir.

L'analyse est axée sur les personnes qui n'ont pas d'enfants survivants. Comme il a été indiqué précédemment, le nombre d'enfants a une incidence considérable sur la probabilité d'avoir recours aux réseaux formel ou informel. Cette incidence est principalement observable lorsque l'on compare les personnes qui n'ont pas d'enfants à celles qui en ont au moins un. La figure 4 montre que la proportion de femmes âgées de 65 ans et plus sans enfants survivants passe de 16 % en 2001 à un sommet de 30 % en 2051. Près d'une femme âgée sur trois n'aurait donc pas d'enfants survivants.

Figure 4
Proportion de femmes âgées de 65 ans et plus vivant en ménage privé sans enfants survivants, Canada, 2001 à 2051

Bien que la proportion de femmes âgées sans enfants survivants augmente régulièrement au cours de la période projetée, il est important d'examiner les tendances des différents groupes d'âge. Chez le premier groupe d'âge (65 à 74 ans), la tendance suit celle qui est observée pour l'ensemble de la population de personnes âgées. Cependant, les deux autres groupes d'âge suivent une tendance différente. Pour ce qui est des personnes âgées de 75 à 84 ans, jusqu'en 2011, on peut observer une tendance à la baisse. En effet, dans ce groupe, la proportion de personnes âgées n'ayant pas d'enfants survivants passe de 17 % à 15 % avant de s'accroître et de rattraper celle des personnes de 65 ans et plus (30 %) en 2051. La tendance observée chez les membres du dernier groupe d'âge (85 ans et plus) est tout particulièrement intéressante. C'est chez ces personnes que la santé est la plus fragile et ce sont elles qui ont le plus grand besoin d'aide. En 2001, ce groupe d'âge était également celui qui comprenait la plus grande proportion de personnes n'ayant pas d'enfants survivants. Cependant, cette proportion passe de 22 % à 16 % entre 2001 et 2021 avant de grimper à 28 % en 2051. Cette tendance est bien sûr liée au vieillissement des baby-boomers. Au cours de la première partie de la période visée (2001 à 2021), la majorité des personnes âgées de 85 ans et plus sont des parents de baby-boomers. Par définition, ces cohortes plus âgées ont eu beaucoup d'enfants. Cependant, le remplacement progressif de ces cohortes par d'autres cohortes ayant moins d'enfants entraîne une augmentation de la proportion de personnes qui n'ont pas d'enfants survivants. Les résultats des projections montrent que, en 2036, cette proportion chez les personnes âgées de 85 ans et plus sera à peu près la même que celle qui est observée en 2001. Cela laisse supposer, du moins dans un avenir prochain, que les membres de ce groupe d'âge, qui sont les plus susceptibles d'avoir besoin d'aide, seront plus susceptibles d'avoir au moins un enfant survivant. À court terme, toutes choses étant égales par ailleurs, cette tendance devrait modérer la pression sur le réseau formel de services d'aide à domicile.

Conclusion de cette section

Il faut tenir compte de nombreux facteurs lorsqu'on évalue l'incidence de l'évolution de la composition et de l'étendue du réseau familial au cours des prochaines décennies sur la demande de services formels d'aide à domicile. Le modèle de microsimulation aborde deux de ces facteurs : le mode de vie (nous permettant d'examiner les personnes sans conjoints) et le nombre d'enfants survivants. Les deux tendances liées à ces facteurs sont opposées. Premièrement, la proportion de personnes âgées habitant seules sera relativement stable entre 2001 et 2031. Il y a une légère hausse chez les hommes tandis que le niveau est assez stable chez les femmes. Comme les hommes âgés d'aujourd'hui dépendent davantage de leur conjoint que les femmes âgées afin de recevoir de l'aide pour effectuer les activités de la vie courante, il pourrait y avoir, toutes choses étant égales par ailleurs, une légère augmentation de la pression exercée sur les services formels d'aide à domicile. Cependant, si l'on ne considère que ce premier facteur, la période allant de 2031 à 2051 semble indiquer une pression à la baisse alors que la proportion de personnes habitant seules diminuerait légèrement. Deuxièmement, pour ce qui est de la présence d'enfants survivants, les projections indiquent une augmentation de la proportion de femmes âgées n'ayant pas d'enfants survivants. Cependant, jusqu'en 2021, cette proportion régresse considérablement chez les personnes âgées de 85 ans et plus, les parents des baby-boomers formant la majorité de ce groupe d'âge. Au cours de la période suivante (2021 à 2051), la pression sur le réseau formel d'aide à domicile devrait augmenter alors que les baby-boomers joindront progressivement le rang des 85 ans et plus. La proportion de femmes sans enfants survivants en 2036 sera toutefois environ semblable à celle qui est observée en début de période.

Bien sûr, d'autres facteurs importants influeront sur la disponibilité de l'aide à domicile fournie par les membres de la famille. Par exemple, les attentes des parents âgés à l'égard de leurs enfants peuvent être très différentes de ce qui a été observé dernièrement. Également, même si nous avons tenu compte de la présence d'enfants survivants, nous n'avons pas examiné la proximité géographique de ces enfants. Il s'agit d'un volet qu'il faudra analyser dans le futur. La proportion accrue de personnes divorcées aura également des répercussions sur le réseau familial de la population âgée de demain. Bien que la microsimulation tienne compte de la tendance de la divortialité, nous possédons très peu de renseignements sur l'aide fournie par les beaux-fils et belles-filles ainsi que les enfants de parents divorcés, particulièrement sur l'aide fournie aux pères. Il faudra réaliser davantage de recherches sur ce sujet afin de mieux comprendre l'incidence de l'évolution de la composition et de l'étendue du réseau familial sur la demande de services formels de soins à domicile.

4.2 L'incapacité chez les personnes âgées : la demande

Dans l'avenir, le principal moteur des services d'aide à domicile sera le nombre de personnes âgées ayant une incapacité. La demande est mesurée en fonction de la variation des taux d'incapacité et de leur niveau de sévérité chez les personnes âgées ainsi que leur incidence sur le besoin d'aide. Expliquer l'incapacité est une tâche assez complexe et notre modèle ne tient compte que de l'âge, du sexe, de l'état matrimonial, du niveau de scolarité et de la province de résidence. On ne tient pas compte des facteurs tels que le style de vie, le revenu ou encore les antécédents professionnels. Néanmoins, le modèle nous permet d'effectuer une meilleure projection du nombre de personnes âgées en perte d'autonomie qu'en faisant une simple extrapolation en fonction de l'âge et du sexe.

Cette section est divisée en deux sous-sections. Dans la première partie, on présente les résultats concernant l'incapacité chez les personnes âgées de 65 ans et plus et, dans la deuxième partie, on présente les résultats relatifs aux personnes âgées ayant besoin d'aide. Tel qu'il est mentionné à la section 3.1, l'analyse de l'incapacité et du besoin d'aide n'est pas incluse dans la microsimulation, mais est plutôt basée sur les résultats d'enquêtes transversales. Nous examinons donc les facteurs associés aux incapacités et non ceux qui expliquent la transition entre la bonne santé et l'incapacité.

Incapacité des personnes âgées

On a produit trois scénarios afin d'analyser les tendances futures d'incapacité des personnes âgées habitant en ménage privé. Le premier scénario (scénario constant) représente simplement la probabilité d'avoir un degré d'incapacité (aucune, faible, modérée ou grave) identique à ce que l'on a observé en 1996. Ces probabilités ont été calculées à partir d'une régression logistique multinomiale ordonnée appliquée aux données de l'échantillon transversal de l'Enquête nationale sur la santé de la population de 1996.

Les résultats de ce premier scénario montrent qu'il y a une différence d'environ dix points de pourcentage entre les hommes et les femmes en faveur des premiers (figure 5). Pour ce qui est des hommes, le pourcentage de ceux qui sont âgés de 65 ans et plus ayant une incapacité varie d'un sommet de 38 % à un minimum de 34 %, alors que chez les femmes, le pourcentage varie de 47 % à 43 %. Les tendances observées sont affectées par l'arrivée des baby-boomers parmi les 65 ans et plus en 2011 et par leur vieillissement graduel jusqu'à 85 ans et plus en 2031. Les jeunes aînés (65 à 74 ans) étant en meilleure santé que les personnes plus âgées (85 ans et plus), le passage progressif des baby-boomers à des groupes d'âge supérieurs aura une incidence sur la proportion de personnes âgées ayant une incapacité.

Comme on peut le voir à la figure 5, les différents scénarios produisent des résultats très différents. La proportion grimpe d'environ dix points pour ce qui est du scénario de pandémie, alors que le scénario de compression résulte en une réduction d'environ sept points. Comme nous le verrons plus tard, l'incidence sur la demande de services formels d'aide à domicile peut être assez importante selon le scénario d'incapacité.

Figure 5
Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus avec incapacité parmi ceux vivant en ménage privé, selon le sexe, Canada, 2001 à 2051

Les proportions mentionnées ci-dessus concernent strictement les personnes âgées habitant dans un ménage privé. Bien entendu, dans un scénario de compression de la morbidité, nous nous attendons à ce que moins de personnes habitent en établissement d'hébergement simplement en raison du plus faible taux d'incapacité et du fait que le degré d'incapacité est moins sévère. Le scénario d'expansion devrait aboutir à un résultat opposé. Le tableau 1 présente les résultats des projections selon les différents scénarios à trois moments différents (2001, 2031 et 2051). Si nous tenons compte du fait que les personnes ayant besoin davantage d'aide sont celles qui ont une incapacité modérée ou sévère, en plus de celles qui habitent en établissement d'hébergement, nous constatons une différence considérable entre les scénarios. Si la probabilité d'avoir une incapacité demeurait stable au niveau de 1996, 24 % de la population totale de personnes âgées aurait un besoin d'aide important en 2001 par rapport à 23 % en 2031 et à 26 % en 2051. Dans le scénario de compression, ces proportions seraient de 24 %, de 18 % et de 21 %, respectivement. Par comparaison, le scénario de pandémie donne lieu à des proportions de 24 %, de 29 % et de 32 %. La différence entre ces deux derniers scénarios est très importante : selon le scénario de pandémie, une personne âgée sur trois aurait un besoin d'aide important en 2051, par rapport à une personne âgée sur cinq selon le scénario de compression. Bien que l'augmentation du nombre de personnes âgées au cours des prochaines décennies sera le principal facteur influençant le besoin de services, l'état de santé de cette population peut jouer un rôle important en ce qui a trait à l'incidence du vieillissement des baby-boomers sur la demande de services d'aide à domicile et d'établissements de soins de longue durée.

Dans la prochaine section, nous examinons de plus près le besoin d'aide qui découle des projections du nombre de personnes en perte d'autonomie.

Les personnes âgées qui ont besoin d'aide : nombre et proportion

Le principal objectif de cette recherche est d'estimer la demande future de services d'aide à domicile. L'incapacité n'est qu'une mesure de la demande possible, puisque certaines personnes en perte d'autonomie n'ont pas besoin d'aide dans l'exécution des activités de la vie courante. Les projections tiennent compte de ce fait afin de fournir un meilleur aperçu des besoins futurs éventuels. Comme le montre la figure 6, la proportion de personnes ayant besoin d'aide demeure relativement constante tout au long de la période, variant entre 15 % et 18 %, le plus faible niveau étant observé de 2021 à 2026.

Quoique la proportion de personnes âgées ayant besoin d'aide puisse constituer une mesure approximative de la santé de cette population, les décideurs et les planificateurs de services s'intéressent visiblement davantage au nombre de personnes âgées qui pourraient avoir besoin d'aide à domicile qu'à leur proportion. Par exemple, de 2001 à 2021, la proportion de personnes âgées ayant besoin d'aide diminue légèrement, passant de 17 % à 15 %. Au cours de la même période, leur nombre augmente assez considérablement, passant de 619 000 à près de 950 000, une hausse de plus de 33 %. Ces résultats sont très importants pour ce qui est de la planification de services. La croissance réelle du nombre est à son plus haut niveau au cours de la période allant de 2021 à 2026, grimpant de plus de 160 000 au cours de celle-ci selon le scénario constant. Toujours selon ce scénario, en 2031, le nombre de personnes âgées habitant en ménage privé et ayant besoin d'aide aura plus que doublé. Le rythme de croissance ralentit ensuite considérablement et, au cours des cinq dernières années des projections, le nombre ne progresse que de 11 000 personnes. À ce moment, les cohortes les plus âgées parmi les baby-boomers seront décédées et elles seront remplacées lentement par des cohortes de taille relativement inférieure. Cependant, plus de 1,5 million de personnes âgées auraient alors besoin d'aide dans l'exécution des activités de la vie courante. Naturellement, des scénarios d'incapacité différents donnent lieu à d'autres résultats. On discutera de ces autres scénarios dans la prochaine section.

Tableau 1
Répartition de la population de personnes âgées de 65 ans et plus selon la situation vis-à-vis de l'incapacité en fonction de différents scénarios d'incapacité, Canada, 2001, 2031 et 2051

4.3 Source d'aide et demande projetée

Nous avons premièrement examiné une partie importante du réseau informel en analysant les tendances futures quant à la proportion de personnes âgées qui habiteraient seules et de la proportion de celles qui n'auraient pas d'enfants survivants. Nous avons ensuite examiné les tendances possibles quant à la santé de la population au moyen de trois scénarios d'incapacité. Dans le premier cas, on a effectué l'analyse au moyen de probabilités de transition au sein du modèle de microsimulation. On a effectué la deuxième partie au moyen de données transversales en examinant les facteurs liés aux différents degrés d'incapacité et au besoin d'aide. En combinant ces deux approches, nous obtenons un portrait de la proportion et du nombre de personnes âgées utilisant, à différents moments, les trois sources d'aide que nous avons définies. Bien entendu, les résultats sont tous fondés sur les tendances d'utilisation observées en 1996.

À l'échelle nationale, les données laissent supposer qu'il y aura une augmentation relative et absolue de l'utilisation du réseau formel, tandis qu'il y aura une diminution relative de l'utilisation du réseau informel chez les personnes âgées pendant la période allant de 2001 à 2031. En fait, au cours de cette période, l'écart entre la proportion de personnes utilisant seulement le réseau informel et celles qui utilisent seulement le réseau formel disparaît presque complètement (figure 7). Qui plus est, en analysant les tendances du côté des femmes, on observe que le recours exclusif au réseau formel pourrait dépasser celui du réseau informel.

L'incidence des divers scénarios d'incapacité sur la demande de services de maintien à domicile

Plus tôt, nous avons mentionné l'importance des chiffres par rapport aux proportions en ce qui a trait à la planification des services de maintien à domicile. Nous avons également observé (figure 6) que le nombre de personnes âgées en perte d'autonomie ayant besoin d'aide pourrait doubler entre 2001 et 2031. Ces chiffres représentent l'impact de conserver constante les probabilités d'avoir une incapacité, soient celles observées en 1996. Nous avons conçu les scénarios de compression et de pandémie précisément afin d'estimer l'incidence de l'état de santé de la population âgée sur la demande future des services de maintien à domicile. Selon le scénario de probabilités constantes, le taux moyen annuel de croissance de la population ayant besoin d'aide serait de 2,5 % au cours de la période allant de 2001 à 2031 (tableau 2). La pression sur le réseau formel étant supérieure à celle qui est exercée sur le réseau informel, ce taux de croissance passe à 2,7 % pour le premier réseau, par rapport à 2,2 % pour le deuxième.

Figure 6
Proportion et nombre de personnes âgées de 65 ans et plus ayant besoin d'aide, scénario d'incapacité constante, Canada, 2001 à 2051

Il est intéressant de noter l'incidence des différentes tendances de l'état de santé de la population âgée. Si l'état de santé de cette population s'améliorait (selon l'hypothèse présentée plus tôt), le taux moyen annuel de croissance pourrait n'être que de 1,9 % pour la population ayant besoin d'aide et de 2,1 % pour celle qui a recours au réseau formel de services de maintien à domicile. Par contraste, une augmentation de l'incapacité donnerait lieu à une expansion importante du taux de croissance annuel de personnes âgées en perte d'autonomie ayant besoin d'aide entre 2001 et 2031. Le scénario présenté dans ce document indique qu'il pourrait atteindre 3,1 %. Pour ce qui est de l'utilisation du réseau formel de services de maintien à domicile, le taux annuel pourrait ainsi atteindre 3,4 %.

Tableau 2
Taux de croissance annuel de la population de personnes âgées de 65 ans et plus recevant de l'aide, selon la source d'aide et le scénario d'incapacité (constant, compression, pandémie), Canada, 2001 à 2031

Figure 7
Distribution en pourcentage des personnes âgées de 65 ans et plus avec incapacité vivant en ménage privé selon la source de l'aide reçue, Canada, 2001 à 2051

Évidemment, la santé de la population a également une incidence sur l'accroissement annuel du nombre de personnes âgées résidant en établissement. Selon nos scénarios, cet accroissement pourrait varier entre 2,9 % et 3,3 %. Les politiques relatives au placement en établissement des personnes âgées en perte d'autonomie auront visiblement un effet sur le nombre de personnes ayant besoin de services de maintien à domicile. Comme il est très difficile de prévoir les politiques qui seront mises en place concernant les questions du placement en établissement par opposition à l'aide à domicile, nos résultats sont fondés sur les données recueillies en 1996 concernant les taux de placement en établissement selon l'âge, le sexe, l'état matrimonial, et le degré se sévérité de l'incapacité.

 

7 . Pour obtenir une définition de l'incapacité et des divers types d'activités étudiés, consultez l'encardé « Définitions ».