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Consommation d'alcool et de cannabis pendant la pandémie : Série d'enquêtes sur les perspectives canadiennes 6

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Diffusion : 2021-03-04

Les bouleversements sociaux et économiques engendrés par la pandémie ont constitué, pour de nombreux Canadiens, d'importantes sources d'inquiétudes et de stress. La crise de santé publique résultant de la pandémie a eu des répercussions sur presque tous les aspects de la vie sociale. De nouvelles données indiquent que le contexte actuel pourrait avoir influencé les habitudes de consommation d'alcool ou de drogues des Canadiens. En outre, certains pourraient avoir eu plus de temps pour consommer de l'alcool ou du cannabis à des fins non médicales, alors que d'autres pourraient avoir tenté, en consommant plus qu'à l'habitude, de chasser l'ennui ou de lutter contre la solitude.

Depuis le début de la pandémie, Statistique Canada a mené une série d'enquêtes par panel en ligne de façon régulière dans le cadre de la Série d'enquêtes sur les perspectives canadiennes (SEPC), afin d'évaluer la réaction des Canadiens. Toutes ces enquêtes sont statistiquement représentatives de la population canadienne.

La version la plus récente de la série — laquelle a eu lieu du 25 au 31 janvier 2021— a permis d'évaluer dans quelle mesure les Canadiens avaient changé leurs habitudes de consommation d'alcool et de drogues ou médicaments par rapport à avant la pandémie. Le présent communiqué se concentre sur la consommation d'alcool et de cannabis, les deux types de substances les plus souvent utilisées au Canada. Des analyses ultérieures à cette diffusion initiale présenteront des renseignements à propos de l'utilisation d'autres substances.

Les résultats actuels montrent que parmi les Canadiens ayant déjà consommé de l'alcool ou du cannabis, la majorité (54 % dans les deux cas) n'avaient pas changé leurs habitudes comparativement à avant la pandémie. Parmi les personnes ayant déjà consommé de l'alcool, près du quart (24 %) ont dit avoir augmenté leur consommation durant la pandémie, tandis qu'une proportion presque aussi importante (22 %) ont dit avoir diminué leur consommation. Parmi les personnes ayant déjà consommé du cannabis, plus du tiers (34 %) ont dit avoir augmenté leur consommation durant la pandémie. Les répondants ont indiqué que le stress, l'ennui et la solitude ont contribué à cette hausse.

Le nombre de Canadiens ayant augmenté leur consommation d'alcool était similaire au nombre de ceux l'ayant diminué

En janvier 2021, les deux tiers (66 %) des Canadiens âgés de 15 ans et plus, soit près de 21 millions d'entre eux, ont rapporté avoir consommé de l'alcool au moins une fois au cours des 30 derniers jours. Pour la majorité de ces personnes, leur niveau de consommation d'alcool était modéré. Dans l'ensemble, 32 % des consommateurs d'alcool avaient bu un seul verre les jours où ils avaient consommé de l'alcool au cours de la période de 30 jours, et un autre 31 % avaient bu deux verres.

En revanche, près de 1 personne sur 5 (18 %) avait bu cinq verres ou plus, soit l'équivalent d'une bouteille de vin entière, les jours où elle avait consommé de l'alcool au cours du mois précédent. Cette proportion était plus élevée que celle enregistrée avant la pandémie.

En fait, en 2017, 11 % des Canadiens ont rapporté avoir bu cinq verres ou plus les jours où ils avaient consommé de l'alcool. Ces résultats suggèrent qu'un certain nombre de personnes pourraient avoir augmenté leur consommation d'alcool durant la pandémie. Parmi les Canadiens qui avaient déjà consommé de l'alcool, près de 1 Canadien sur 4 (24 %) a effectivement évalué que sa consommation avait augmenté comparativement à avant la pandémie.

À l'échelle provinciale, les proportions les plus élevées de personnes rapportant une hausse de leur consommation d'alcool ont été enregistrées en Ontario (30 %), suivi par les provinces des Prairies (27 %), la Colombie-Britannique (22 %), le Québec (17 %) et les provinces de l'Atlantique (16 %).

Malgré que bon nombre de Canadiens aient augmenté leur niveau de consommation d'alcool depuis le début de la pandémie, plus de 1 personne sur 5 (22 %) a déclaré une diminution de la consommation d'alcool au cours de la même période. Cette proportion était encore plus élevée chez les jeunes. Au total, 33 % des Canadiens de 15 à 29 ans qui avaient consommé de l'alcool au cours du mois précédent ont dit avoir diminué leur consommation durant la pandémie, comparativement à 18 % des Canadiens de 30 à 64 ans.

Malgré les changements de comportements déclarés par un grand nombre de personnes, la majorité des Canadiens (54 %) ayant déjà consommé de l'alcool n'ont pas changé leurs habitudes de consommation durant la pandémie.

Parmi les personnes n'ayant pas changé leurs habitudes de consommation durant la pandémie, un certain nombre ont déclaré une consommation d'alcool élevée. Les personnes ayant augmenté leur consommation d'alcool durant la pandémie étaient les plus susceptibles d'avoir déclaré une consommation abusive d'alcool fréquente : 36 % des personnes avaient bu, au moins une fois par semaine, cinq verres ou plus à une même occasion au cours des 30 derniers jours. En comparaison, 12 % des personnes n'ayant pas changé leurs habitudes et 6 % de celles ayant réduit leur consommation d'alcool durant la pandémie ont déclaré avoir bu, au moins une fois par semaine, cinq verres ou plus à une même occasion.

L'ennui et le stress peuvent expliquer la hausse de la consommation d'alcool pour certains

Pour certaines personnes, l'isolement social, le stress et une certaine détérioration de leur état de santé mentale pourraient avoir engendré une hausse de leur consommation d'alcool. En outre, une étude portant sur la santé mentale des Canadiens et leur consommation de cannabis, d'alcool et de tabac, menée en mars et avril 2020, a montré que les personnes qui s'estimaient en moins bonne santé mentale pendant la pandémie de COVID-19 étaient plus susceptibles de déclarer une consommation accrue de cannabis, d'alcool et de produits du tabac.

Les résultats de la présente enquête montrent aussi que les Canadiens ayant vécu du stress et de l'isolement social, depuis le début de la pandémie, étaient plus susceptibles d'avoir augmenté leur consommation d'alcool. Par exemple, 41 % des répondants qui décrivaient la situation depuis le début de la pandémie comme étant « très stressante » ou « extrêmement stressante » ont dit avoir augmenté leur consommation d'alcool, par rapport à 16 % de ceux qui décrivaient la situation comme étant « un peu stressante » ou « pas du tout stressante ».

En outre, 33 % de ceux qui se sont « souvent » ou « toujours » sentis isolés des autres durant la pandémie ont augmenté leur consommation d'alcool, par rapport à 12 % de ceux n'ayant « jamais » ou « presque jamais » ressenti cet isolement.

Aux personnes ayant dit avoir augmenté leur consommation d'alcool durant la pandémie, on a demandé quelles raisons expliquaient leurs changements de comportement. Les raisons les plus fréquentes étaient l'ennui (60 %), le stress (58 %) et la commodité (53 %), soit le fait de ne pas avoir d'horaire régulier, la présence au domicile plus fréquente, ou l'accessibilité à l'alcool. La solitude (37 %) ou l'insomnie (17 %) étaient aussi des raisons qui ont été invoquées pour expliquer une hausse de consommation d'alcool.

Graphique 1  Graphique 1: Raisons de l'augmentation de la consommation d'alcool comparativement à avant la pandémie de COVID-19
Raisons de l'augmentation de la consommation d'alcool comparativement à avant la pandémie de COVID-19

Les raisons invoquées par les personnes ayant diminué leur consommation d'alcool étaient différentes. Pour certains répondants, la diminution de leur niveau de consommation pouvait être liée à certaines mesures de distanciation physique et de confinement mises en place depuis le début de la pandémie, de même que la diminution de la fréquence des contextes de socialisation en famille ou entre amis. En effet, lorsqu'on a demandé aux répondants ayant diminué leur consommation les raisons pour l'avoir fait, la raison la plus fréquemment invoquée (58 %) était la diminution des occasions de socialisation (p. ex. les rassemblements avec les amis et les membres de la famille ou les repas au restaurant). Suivait un choix personnel (p. ex. le contrôle du poids, des problèmes de santé, une aversion pour les effets de l'alcool), ces raisons ayant été invoquées par 46 % des répondants. Les autres raisons, comme le coût (10 %), les responsabilités personnelles (8 %) ou « aucune raison particulière » (9 %) étaient mentionnées beaucoup moins souvent.

Un peu plus du tiers des utilisateurs de cannabis ont augmenté leur consommation durant la pandémie

Comme une étude sur ce qui a changé depuis la légalisation du cannabis l'a démontré, la légalisation du cannabis en octobre 2018 a été liée avec une augmentation de la consommation globale, en particulier chez les personnes de 25 ans et plus. La pandémie pourrait avoir contribué à une certaine accélération de cette tendance.

Selon les données de l'enquête par panel de janvier 2021, 16 % des Canadiens ont dit avoir consommé du cannabis au moins une fois au cours des 30 derniers jours. Parmi les Canadiens ayant déjà consommé du cannabis, plus de 1 personne sur 3 (34 %) ont dit avoir augmenté leur niveau de consommation comparativement à avant la pandémie, alors que 12 % l'avaient diminué.

Les jeunes, qui sont en général les plus enclins à utiliser du cannabis, étaient plus susceptibles d'avoir augmenté leur consommation depuis le début de la pandémie. En effet, parmi les jeunes répondants de 15 à 29 ans qui avaient déjà consommé du cannabis, 43 % ont déclaré avoir augmenté leur consommation durant la pandémie. En comparaison, c'était le cas de 20 % des répondants de 50 à 64 ans et de 22 % de ceux de 65 ans et plus.

Si la majorité des utilisateurs de cannabis n'avaient pas augmenté leur niveau de consommation durant la pandémie (54 %), bon nombre d'entre eux continuaient de consommer du cannabis la majorité des jours de la semaine. En effet, parmi les utilisateurs de cannabis qui n'avaient pas changé leurs habitudes, 25 % avaient consommé cinq jours ou plus par semaine au cours des 30 derniers jours, comparativement à 35 % de ceux ayant augmenté leur consommation.

L'augmentation de l'acceptabilité sociale du cannabis, ainsi que la hausse du nombre de points de vente et de la gamme de produits offerts, comptent parmi les facteurs qui pourraient avoir mené à une consommation accrue au cours de la dernière année. Des données récentes sur les ventes de cannabis ont d'ailleurs montré qu'en 2020, les ventes des magasins de cannabis avaient plus que doublé (+120,5 %) par rapport à 2019.

En plus de ces facteurs, le stress, l'ennui et l'isolement social vécus durant la pandémie semblaient aussi liés à une augmentation de la consommation de cannabis. Par exemple, la proportion des répondants ayant augmenté leur consommation de cannabis durant la pandémie était de 23 % chez ceux qui n'avaient « jamais » ou « presque jamais » manqué de compagnie depuis le début de la pandémie, comparativement à 45 % de ceux qui en avaient manqué « souvent » ou « toujours ».

Quant aux facteurs ayant contribué à l'augmentation de la consommation de cannabis durant la pandémie, les raisons les plus souvent invoquées étaient le stress (65 %), l'ennui (58 %) et la solitude (39 %). Ces raisons étaient similaires à celles invoquées par les répondants ayant augmenté leur consommation d'alcool.

Des facteurs liés à un accès plus facile au cannabis semblaient aussi avoir favorisé l'augmentation du niveau de consommation de certains répondants. En effet, parmi ceux ayant augmenté leur consommation, 38 % ont mentionné comme facteur la commodité (p. ex. le fait de ne pas avoir d'horaire régulier et la présence à domicile plus fréquente) et 29 % ont mentionné la facilité d'accès (p. ex. l'augmentation du nombre de magasins de détail et de boutiques en ligne, ou la possibilité de livraison et de ramassage en bordure de trottoir).

Graphique 2  Graphique 2: Raisons de l'augmentation de la consommation de cannabis comparativement à avant la pandémie de COVID-19
Raisons de l'augmentation de la consommation de cannabis comparativement à avant la pandémie de COVID-19

Parmi les 12 % d'utilisateurs de cannabis ayant diminué leur consommation durant la pandémie, les trois raisons les plus fréquemment invoquées étaient un choix personnel, comme une aversion pour les effets du cannabis (64 %), suivi par la diminution des occasions de socialisation (28 %) et les responsabilités personnelles (p. ex. des obligations familiales ou professionnelles, trop occupé) (16 %).

  Note aux lecteurs

Les données du présent communiqué proviennent de la Série d'enquêtes sur les perspectives canadiennes (SEPC) de Statistique Canada, représentant un panel de Canadiens qui ont accepté de répondre à un certain nombre de courtes enquêtes en ligne. Puisque la SEPC fait appel à un panel probabiliste fondé sur l'Enquête sur la population active, elle est représentative de la population en général. La SEPC permet à Statistique Canada de recueillir des renseignements importants auprès des Canadiens de manière plus efficiente, plus rapide et moins coûteuse qu'en ayant recours aux méthodes d'enquête traditionnelles. Le premier volet de la SEPC a eu lieu du 29 mars au 3 avril 2020 et a permis de recueillir des renseignements auprès de 4 600 répondants. Le deuxième volet a eu lieu du 4 au 10 mai 2020. Le troisième volet a eu lieu du 15 au 21 juin 2020. Le quatrième volet au eu lieu du 20 au 26 juillet 2020 et le cinquième, du 14 au 20 septembre 2020. Le sixième volet, sur lequel est fondée la présente analyse, a eu lieu du 25 au 31 janvier 2021.

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