Près de 1 entreprise sur 4 offre au moins un type de service en français et en anglais

Diffusion : 2023-06-01

À l'été 2022, les indicateurs du marché du travail canadien pointaient vers une pénurie de main-d'œuvre alors que l'emploi avait dépassé son niveau prépandémie depuis l'automne 2021. En effet, le taux de postes vacants au pays atteignait un sommet de 5,9 % en mai 2022, et le taux de chômage, un creux historique de 4,9 % en juin et juillet 2022.

Dans ce contexte, trois nouvelles questions sur la langue des services, le bilinguisme des postes et la pénurie de main-d'œuvre bilingue dans le secteur privé ont été posées de juillet à août 2022 lors de l'Enquête canadienne sur la situation des entreprises (5318). Cette enquête permet de recueillir de l'information sur les activités des entreprises et les obstacles qu'elles rencontrent ou anticipent, telle que les difficultés de recrutement liées aux pénuries de main-d'œuvre.

Les établissements d'entreprises privées peuvent par exemple offrir des services à la clientèle, de l'affichage ou un site Web en français et en anglais, ou encore réaliser leurs activités de communications internes ou externes dans les deux langues officielles du Canada. Plus de 250 000 (23,3 %) établissements d'entreprises privées au Canada offraient au moins un type de service bilingue ou menaient au moins une activité d'affaires en français et en anglais en 2022.

Des variations étaient toutefois observées par exemple selon la taille de ces entreprises. Ainsi, environ 1 entreprise sur 6 (17,1 %) comptant de 1 à 4 employés offrait certains services bilingues, comparativement à près de la moitié (49,5 %) des établissements d'entreprises comptant 100 employés ou plus. L'ensemble des entreprises offrant des services bilingues employaient 41,0 % de la main-d'œuvre du secteur privé canadien.

Environ 1 million de postes exigeaient le bilinguisme dans le secteur privé canadien en 2022, bien que plus de 60 000 entreprises s'attendaient à des difficultés pour recruter du personnel bilingue. On entend par entreprises du secteur privé, les entreprises non gouvernementales, qu'elles soient à but lucratif ou sans but lucratif.

Plus de 250 000 entreprises offrent au moins un service bilingue au Canada

Parmi les 1 082 000 établissements d'entreprises privées situées au Canada en 2022, 252 000 établissements (23,3 %) offraient certains services bilingues, c'est-à-dire qu'ils offraient au moins un type de service ou déclaraient au moins une activité d'affaires se déroulant en français et en anglais.

Cette proportion nationale masque toutefois une offre de services dans les deux langues officielles variant considérablement entre les provinces et les territoires.

Carte 1 
Environ la moitié des entreprises au Québec et au Nouveau-Brunswick offraient certains services bilingues, comparativement à environ 1 entreprise sur 10 en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique

Alors qu'environ la moitié des entreprises situées au Québec (53,6 %) et au Nouveau-Brunswick (48,9 %) offraient au moins un service bilingue, c'était le cas d'environ 1 entreprise sur 10 dans l'Ouest du pays — en Saskatchewan (8,9 %), en Alberta (10,0 %), et en Colombie-Britannique (10,6 %) — ainsi qu'à Terre-Neuve-et-Labrador (11,7 %).

En ce qui a trait à la répartition de ces entreprises sur le territoire canadien, un peu plus de la moitié (51,6 %) étaient situées au Québec (47,4 %) et au Nouveau-Brunswick (4,2 %). Cela signifie que près de la moitié (48,4 %), soit plus de 122 000 établissements d'entreprises offrant certains services bilingues étaient répartis dans le reste du Canada.

En termes de main-d'œuvre, l'ensemble des entreprises offrant au moins un type de service bilingue représentaient 41,0 % des emplois dans le secteur privé canadien.

Au Canada, les plus grandes entreprises étaient plus susceptibles d'offrir des services bilingues que les plus petites. Environ 1 entreprise sur 6 (17,1 %) comptant de 1 à 4 employés offrait certains services bilingues, comparativement à près de la moitié (49,5 %) des établissements d'entreprises comptant 100 employés ou plus. Il convient de mentionner que la grande majorité (98,1 %) des entreprises sont de petite taille (moins de 100 employés).

Graphique 1 
Plus les entreprises comptent d'employés, plus elles sont susceptibles d'offrir des services bilingues

L'offre de services bilingues dans le secteur privé en 2022 variait également selon le type de service offert ou d'activité d'affaires. Parmi les entreprises ayant un service à la clientèle, 16,2 % offraient ce service dans les deux langues officielles. Cela représente près de 1 entreprise sur 6 qui offrait ces services bilingues à leurs clientèles.

Parallèlement, 13,3 % des entreprises ont déclaré des activités de vente bilingues, alors que 11,7 % offraient un site Web bilingue à leurs clientèles, lorsqu'elles en avaient un. De même, 9,2 % des entreprises déclarant des activités de marketing et de publicité ou d'autres communications externes les offraient au public dans les deux langues officielles du Canada.

En contrepartie, 6,6 % des entreprises ont déclaré des communications internes bilingues. Les communications internes bilingues encouragent les travailleurs à utiliser les deux langues officielles sur leur lieu de travail. L'affichage intérieur (6,5 %) ou extérieur (4,8 %) ainsi que les activités d'exportation (2,7 %), lorsque présentes dans l'entreprise, étaient également les moins susceptibles d'être bilingues.

Plus de 4 entreprises sur 10 offraient des services à la clientèle bilingues au Québec (43,2 %) et au Nouveau-Brunswick (40,8 %). Plus du tiers des entreprises situées dans ces deux provinces (37,2 % au Québec et 34,2 % au Nouveau-Brunswick) avaient des activités de vente dans les deux langues officielles et plus du quart d'entre elles avaient un site Web bilingue (31,8 % et 25,3 %). Dans le reste du Canada, c'était le cas de moins de 1 entreprise sur 10 pour chacun de ces trois types de service ou d'activité d'affaires.

Au Québec, les entreprises des secteurs industriels du commerce de gros (79,8 %), de la fabrication (78,0 %), des arts, des spectacles et des loisirs (68,8 %) ou encore du commerce de détail (65,2 %) étaient plus successibles d'offrir certains services bilingues ou de déclarer des activités d'affaires dans les deux langues officielles. À l'inverse, les entreprises des secteurs du transport et de l'entreposage (42,7 %), de la construction (31,4 %), ou de l'agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse (26,2 %) étaient les moins susceptibles de le faire.

Au Nouveau-Brunswick, c'étaient dans les secteurs des arts, des spectacles et des loisirs (76,2 %), de la finance et des assurances (70,7 %), des services d'hébergement et de restauration (67,9 %), de la fabrication (65,1 %) et du commerce de détail (60,8 %) que se trouvaient les plus hauts taux d'entreprises offrant certains services bilingues. Les plus bas taux se trouvaient dans les secteurs du transport et de l'entreposage (27,6 %) et de la construction (35,5 %).

Dans le reste du pays, les proportions les plus élevées d'entreprises offrant certains services bilingues se trouvaient dans les secteurs industriels du commerce de gros (32,0 %), de l'industrie de l'information et de l'industrie culturelle (30,9 %), ainsi que de la finance et des assurances (25,0 %) et du commerce de détail (18,4 %). À l'opposé, le pourcentage le plus faible se constatait dans le secteur de l'agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse (6,1 %).

Environ 1 million de postes dans le secteur privé canadien exigent le bilinguisme

En 2022, environ 1 million (7,9 %) des postes en entreprise exigeaient le bilinguisme français-anglais au Canada selon l'estimation des répondants.

Carte 2 
Plus des deux tiers des entreprises offrant certains services bilingues au Québec et plus de la moitié de celles au Nouveau-Brunswick exigeaient le bilinguisme pour certains de leurs postes en 2022, comparativement à moins du quart dans le reste du Canada

Le plus grand contingent de ces postes exigeant le bilinguisme dans le secteur privé se trouvait au Québec, qui comptait près de 750 000 postes bilingues en 2022, soit un peu plus du quart (25,6 %) des emplois en entreprise dans cette province. Cette proportion était également élevée au Nouveau-Brunswick (18,5 %) où près de 50 000 postes dans le secteur privé exigeaient le bilinguisme dans les deux langues officielles de cette province.

Dans le reste du pays, plus de 275 000 postes (2,7 %) exigeaient le bilinguisme, dont plus de 180 000 (3,5 %) en Ontario, environ 15 000 (3,1 %) au Manitoba, 8 000 (2,4 %) en Nouvelle-Écosse ainsi que près de 45 000 (2,2 %) en Colombie-Britannique et environ 15 000 (0,9 %) en Alberta.

Par ailleurs, le bilinguisme peut être considéré comme un atout dans le secteur privé sans toutefois constituer une exigence de l'emploi, en particulier en contexte de pénurie de main-d'œuvre. Dans l'ensemble du Canada, moins de la moitié (46,3 %) des entreprises canadiennes qui déclaraient offrir des services bilingues exigeaient le bilinguisme pour certains de leurs postes. Cette proportion était plus élevée au Québec (69,5 %) et au Nouveau-Brunswick (56,1 %) que dans le reste du Canada (22,8 %).

Au Canada, près de la moitié des entreprises offrant des services bilingues exigeaient le bilinguisme pour certains de leurs postes de service à la clientèle (49,6 %) ou de vente (47,9 %). Environ, 4 entreprises sur 10 offrant des services bilingues exigeaient le bilinguisme pour certains de leurs postes de cadres supérieurs (41,5 %) ou pour certains de leurs autres postes de gestion (37,1 %).

Plus de 60 000 entreprises prévoient des difficultés à recruter du personnel bilingue

À l'été 2022, près de 63 000 entreprises canadiennes (5,8 %) s'attendaient à ce que le recrutement d'employés capables de travailler en anglais et en français constitue un obstacle au cours des trois mois suivants. D'ailleurs, le tiers (33,3 %) de ces entreprises n'offraient pas de services bilingues au cours de l'année précédant l'enquête. Un peu plus du tiers de ces entreprises (34,7 %) ont déclaré qu'aucun poste n'exigeait le bilinguisme.

Graphique 2 
Les difficultés de recrutement d'employés bilingues sont plus fréquentes dans les entreprises comptant cinq employés ou plus

Parmi les 252 000 entreprises qui offraient des services bilingues au Canada, 42 000 (16,8 %) ont déclaré que le recrutement d'employés capables de travailler en français et en anglais constituera un obstacle. Ce pourcentage était le plus élevé au Québec (20,6 %), suivi de Terre-Neuve-et-Labrador (16,7 %), du Nouveau-Brunswick (16,4 %) et de l'Ontario (15,5 %). Il était le plus bas en Colombie-Britannique (7,6 %), suivi de l'Alberta (8,6 %), du Manitoba (9,2 %) et de l'Île-du-Prince-Édouard (9,4 %).

La proportion d'entreprises offrant des services bilingues et anticipant des difficultés de recrutement d'employés bilingues était supérieure à la moyenne nationale dans les grands centres urbains de Montréal (22,9 %), d'Ottawa–Gatineau (21,1 % dans la partie ontarienne et 19,7 % dans la partie québécoise), de Sherbrooke (18,2 %) et de Québec (17,6 %). Parallèlement, la proportion était comparable à la moyenne nationale dans le grand centre urbain de Moncton (16,9 %), et inférieure dans ceux de Winnipeg (10,4 %) et de Toronto (9,0 %).

Ce sont surtout les entreprises comptant cinq employés ou plus qui prévoyaient des difficultés à recruter des employés bilingues dans les trois mois suivants, plus particulièrement au Québec. Au Canada, parmi les entreprises offrant des services bilingues, 21,8 % de celles comptant de 5 à 19 employés anticipaient de telles difficultés de recrutement d'employés bilingues, tout comme 22,6 % de celles comptant de 20 à 99 employés et 18,4 % de celles comptant 100 employés ou plus. La proportion était plus basse parmi les petites entreprises comptant de 1 à 4 employés (9,3 %).

Parmi les entreprises offrant des services bilingues, la proportion d'établissements prévoyant des difficultés de recrutement d'employés bilingues était plus importante dans les secteurs des services d'hébergement et de restauration (30,2 %), du commerce de détail (23,7 %), des services administratifs, des services de soutien, des services de gestion des déchets et des services d'assainissement (23,7 %), de la finance et des assurances (22,2 %), du commerce de gros (22,1 %) et des soins de santé et de l'assistance sociale (20,2 %).

En revanche, la proportion était plus basse dans les secteurs du transport et de l'entreposage (9,6 %), des services professionnels, scientifiques et techniques (9,2 %), de l'extraction minière, de l'exploitation en carrière, et de l'extraction de pétrole et de gaz (8,9 %), des arts, des spectacles et des loisirs (8,6 %), et de la fabrication (5,6 %).

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