Cent ans de statistiques

22 janvier 2014

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Lorsque le Bureau fédéral de la statistique a vu le jour à la suite de l'entrée en vigueur de la Loi sur la statistique de 1918, Robert H. Coats a été nommé premier statisticien fédéral et s'est vu confier la tâche monumentale de former le nouveau bureau.

« La statistique apparaît à plusieurs comme une science sèche et rébarbative [...], a indiqué M. Coats. De fait, les statistiques d'un pays sont l'expression quantitative du caractère et des activités de sa population, et on ne saurait en sous-estimer l'importance. »

En tant que 11e statisticien en chef du Canada, Wayne R. Smith a pour tâche de diriger Statistique Canada (l'organisme ayant été rebaptisé ainsi en 1971) vers son 100e anniversaire en 2018. À l'instar de ses prédécesseurs, il doit veiller à ce que les Canadiens comprennent l'importance profonde des statistiques.

La science de l'échantillonnage

Monsieur Coats serait probablement ébloui par les innovations survenues au cours du dernier siècle. À l'époque, les statistiques se résumaient avant tout à dénombrer la population ou les entreprises et à publier un tableau une fois par an. L'échantillonnage — qui consiste à tirer un échantillon de personnes et à extrapoler les résultats à l'ensemble de la population — n'allait voir le jour que plusieurs années plus tard. Aujourd'hui, presque toutes les enquêtes de Statistique Canada se déroulent de cette façon : la détermination de la taille et de la diversité de l'échantillon qu'il faut pour représenter l'ensemble de la population constitue une science en soi.

Au moyen d'un autre genre d'approche scientifique, l'équipe de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé prélève des échantillons de sang et d'urine, en plus d'effectuer d'autres mesures physiques de 7 000 personnes, afin d'établir un profil de la santé des Canadiens. L'idée que le bureau national de la statistique puisse entreprendre de telles mesures aurait été scandaleuse en 1918.

Il y a cent ans, les citoyens étaient interrogés moins souvent et ils ne s'intéressaient guère aux données produites : les statistiques étaient en grande partie réservées à l'usage exclusif du gouvernement. De nos jours, lorsque les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) sont publiés et montrent le classement des Canadiens de 15 ans en mathématiques et en lecture par rapport à leurs pairs du monde entier, ils attirent une forte couverture médiatique qui suscite un débat public et les programmes d'études sont scrutés à la loupe. Cette surveillance étroite peut être observée dans tous les pays du monde.

Le contexte a complètement changé, a déclaré Monsieur Smith dans une entrevue récente. Le siècle dernier, « les gouvernements n'essayaient pas de gérer l'économie. Le filet de sécurité social n'existait pas encore, alors les besoins d'information étaient fort simples. Au début du 20e siècle, les gouvernements n'estimaient pas avoir pour rôle de subventionner les soins de santé ou d'offrir des régimes de retraite financés par l'État. On s'attendait à ce que les personnes s'occupent d'elles-mêmes. Nous avons maintenant un système de soutien social complexe. D'immenses quantités de renseignements sont nécessaires pour appuyer ce genre de programmes et pour faciliter l'élaboration de nouvelles politiques. Les Canadiens tiennent les gouvernements responsables de ces programmes. »

Le cycle sans fin des nouvelles

Monsieur Smith est également d'avis que les statisticiens de 1918 seraient envieux du cycle des nouvelles publiées de manière continue. « Contrairement à Robert Coats et à ses pairs, nous parlons tous les jours à la population canadienne entière. Nous pouvons le faire parce que les médias amplifient notre voix et nous permettent de livrer nos données directement aux gens de tout le pays. Il y a des jours où ce n'est pas agréable, parce que les médias portent un regard critique sur tout ce que nous faisons. Toutefois, les médias figurent parmi les défenseurs de l'indépendance d'un bureau de la statistique. Ils nous tiennent responsables, nous et l'ensemble du gouvernement. Tout compte fait, les médias sont pour nous un allié de taille. Je pense en fait que Monsieur Coats aurait beaucoup aimé avoir ce genre d'attention et de présence au Canada. »

Une base solide

Monsieur Smith estime que Statistique Canada fonctionne bien aujourd'hui parce que ses prédécesseurs et leurs collaborateurs ont créé une base solide sur laquelle nous pouvons nous appuyer. « Je crois que les gens qui ont rédigé la première Loi sur la statistique (la loi qui a établi et qui régit Statistique Canada) ont fait un excellent travail. Contrairement à bien d'autres pays, ils se sont efforcés de mettre en place un système très centralisé. Leur vision était qu'il devrait y avoir un bureau central qui compilerait le plus de données statistiques possible pour tous les Canadiens et pour tous les ordres de gouvernement. »

Cette base solide nous permet aujourd'hui de concilier les données environnementales, les données économiques, les données sur la santé et les données sur la population pour l'ensemble des provinces, des territoires et des municipalités du pays.

L'innovation ne dort jamais

Les premiers statisticiens ont également pris les bonnes décisions en adoptant le principe de l'innovation constante. Bien avant que des ordinateurs trônent sur chaque bureau, Statistique Canada inventait déjà de meilleures machines à calculer pour compiler des données et envisageait de meilleures façons de comprendre notre monde. « Pensez aux personnes qui ont conçu le Système de comptabilité nationale dans les années 1940. Il s'agissait d'un effort international, mais les Canadiens y ont activement participé. Élaborer des statistiques qui résument la production totale d'un pays, de manière à ce que nous puissions surveiller le rendement de ce pays au fil du temps et élaborer des politiques pour améliorer ce rendement, représentait un énorme bond intellectuel en avant. »

Aujourd'hui, nous avons plus d'outils, mais moins de possibilités de faire des pas de géant. Le défi de l'avenir, déclare Monsieur Smith, consistera à déterminer les priorités dans un contexte de ressources limitées, de demandes croissantes d'information et d'outils technologiques de pointe. Quelles seront ces priorités? Une retraite durable pour une population dont l'espérance de vie augmente et qui vieillit? L'intégration des jeunes dans la population active? La santé? L'environnement? La productivité? Les statistiques économiques?

La meilleure façon de faire honneur aux 100 dernières années, poursuit Wayne Smith, est de continuer d'innover en demandant aux utilisateurs comment rendre les données plus actuelles et utiles. « Nous pourrions célébrer le centenaire ici au bureau central, mais je préférerais le souligner avec nos utilisateurs et intervenants. J'aimerais que nos employés entendent ce que nos utilisateurs ont à dire et ce dont ils ont besoin pour l'avenir. Nous n'aurons jamais réponse à tout, puisque les questions et les possibilités sont en constante évolution. Par conséquent, afin de souligner le 100e anniversaire de Statistique Canada, nous ne devons pas seulement célébrer le passé, mais aussi bâtir une vision pour l'avenir ».

Le mois prochain : Le Quotidien repensé

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