La mondialisation de la statistique

18 juin 2014

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Au cours des cent dernières années, nous sommes passés d’un monde où les agriculteurs canadiens cultivaient leurs produits pour les transporter jusqu’au marché à l’aide de charrettes tirées par des chevaux, à un univers complexe et interdépendant où il ne semble y avoir aucune frontière pour les entreprises. On fait des affaires sur Internet, les produits et services sont échangés en un clin d’œil, les économies sont plus interdépendantes tant du point de vue financier qu’économique et la production est fragmentée à travers le monde.

Dans ce contexte moderne, comment font les statisticiens pour couvrir l’ensemble des activités économiques? Comment mesurent-ils les contributions nationales relatives à des activités réparties sur une chaîne mondiale de valeurs de la production, lorsque cinq ou six pays participent à l’élaboration, aux pièces, à l’assemblage et à la commercialisation d’un produit? Comment font-ils pour catégoriser correctement les producteurs sans usine, c'est-à-dire les entreprises qui se chargent de toutes les étapes de la création des produits, à l’exception de la fabrication proprement dite? Voici quelques-uns des nouveaux défis auxquels sont confrontés les organismes statistiques.

« Il est impossible de comprendre réellement l’économie nationale sans comprendre l’économie mondiale », précise Patrick O’Hagan, directeur de la Division du commerce et des comptes internationaux. « Nous devons réfléchir plus globalement aux incidences sur notre ensemble de statistiques économiques pour pouvoir relever les défis actuels et à venir relatifs à la mesure et à la pertinence. Cela nous évitera d’être surpris, par exemple, par une transformation majeure dans un secteur d’activités ou un autre à la suite de la réorganisation de la production. »

Un marché mondial fragmenté et l’interdépendance

La production et le marché mondial sont fragmentés, et il est important de suivre leur évolution, car les économies sont maintenant fortement interdépendantes. Alors que la mondialisation pourrait engendrer des gains d’efficacité et des débouchés sur la scène mondiale, on a aussi affirmé qu’elle est porteuse d’insécurité et de risques majeurs à l’échelle internationale. Ces changements se font voir tant dans les événements économiques que dans les marchés financiers. La récession mondiale, précipitée par la crise financière qui a commencé en 2007, nous a rappelé à quel point les marchés financiers internationaux sont interreliés. Ainsi, l’initiative du G-20 visant les lacunes statistiques — menée par le Fonds monétaire international — a-t-elle été créée pour mieux comprendre et mesurer l’interdépendance.

Alors que les coûts et les avantages de la globalisation font l’objet d’évaluations menées par les universitaires et les décideurs, il n’en est pas moins que l’on apporte continuellement des modifications et des rectifications économiques. Au Canada, le secteur de la fabrication a connu un recul, ce qui reflète, en partie, un transfert outremer des activités de production. Cependant, des entreprises dont le siège social se trouvait à l’étranger ont orienté des investissements vers le Canada.

Qu’est-ce que cela signifie pour la statistique économique? « La bonne nouvelle, c’est qu’en principe le phénomène n’a pas d’incidence sur certains de nos plus importants indicateurs, comme le produit intérieur brut et les échanges commerciaux nets. Le niveau du produit intérieur brut ne devrait pas être modifié en raison de la mondialisation », explique Monsieur O’Hagan.

Toutefois, il y a d’autres conséquences. Parce que la composition sous-jacente de l’économie continue d’évoluer, mesurer les sous-composantes — industries et produits — en tenant compte des sources de données variées s’avère être un processus complexe. À titre d’exemple, les services de fabrication ou de transformation transfrontaliers sont considérés comme des achats ou des ventes de services dans les enquêtes sur la fabrication, mais comme des importations de biens dans les enquêtes sur le commerce de marchandises. Un autre exemple : quelle est la classification d’un producteur sans usine — dans la fabrication ou dans un autre secteur? Fait significatif, les chaînes mondiales de production peuvent aussi influer sur la façon de mesurer la propriété intellectuelle, la recherche-développement, les investissements directs à l’étranger, ainsi que les mouvements de revenus transfrontaliers.

Des données comparables

Statistique Canada est un participant engagé dans la recherche sur la mondialisation. L’organisme travaille en étroite collaboration sur plusieurs fronts avec des organismes internationaux (par exemple, les Nations Unies, l’Organisation de coopération et de développement économiques et le Fonds monétaire international) afin d’élaborer de nouveaux concepts et de meilleures pratiques pour faire en sorte que les données soient exactes, pertinentes et comparables au niveau international. « Le mieux que l’on puisse faire, c’est de se préparer de manière à pouvoir s’adapter aux changements et de se concentrer sur l’élaboration de statistiques qui demeurent aussi pertinentes que les mesures que nous avons maintenant », précise Monsieur O’Hagan.

Les organismes statistiques de tous les pays œuvrent pour relever les nombreux défis liés à la mondialisation. Voici quelques initiatives clés mises en œuvre par Statistique Canada pour composer avec la mondialisation.

Comité sur la mondialisation

Statistique Canada a mis sur pied un comité sur la mondialisation qui fournit des conseils et de la coordination lorsqu’il s’agit d’apporter des changements au programme de statistique économique. Ce comité est en train d’établir la position de Statistique Canada relativement à la classification des producteurs sans usine et de l’incidence de ces producteurs sur l’économie canadienne. En outre, il évalue les défis relatifs à la mesure afin de s’adapter en vue des services de traitement transfrontaliers et des canaux de distribution mondiaux, et il examine également l’élaboration de statistiques sur les entreprises multinationales.

Les travaux feront en sorte que le programme de statistique économique tienne compte avec exactitude de la nature changeante de la façon dont les agents économiques fonctionnent.

Commerce international et comptes internationaux

Autre signe des temps, la création de la Division du commerce des comptes internationaux résultant de la fusion de la Division du commerce international et de la Division de la statistique et des comptes internationaux afin de créer un centre d’expertise en statistiques transfrontalières et internationales. Ce changement constitue en partie une réaction à la fois aux défis relatifs à la mesure mentionnés ci-dessus et aux réalités engendrées par le rôle croissant joué par les banques canadiennes, les caisses de retraite, les fabricants et d’autres entreprises sur la scène internationale au chapitre de la production, du commerce et de l’investissement.

Dans cette perspective, de nouveaux produits sont créés, et des enquêtes-entreprises et des produits de données ont été ou sont actuellement remaniés. À titre d’exemple, les enquêtes sur les investissements directs à l’étranger et sur le commerce dans le secteur des services sont maintenant couplées à d’autres enquêtes-entreprises au moyen du registre des entreprises centralisé de l’organisme. De plus, Statistique Canada élabore à l’heure actuelle des statistiques sur les activités des sociétés canadiennes affiliées fonctionnant à l’étranger et développe des statistiques sur les activités des sociétés étrangères affiliées opérant au Canada. À leur tour, ces activités peuvent être liées aux investissements directs à l’étranger qui les ont créées.

Commission de statistique des Nations Unies

La Commission de statistique des Nations Unies évalue la façon dont les principes fondamentaux de la statistique officielle peuvent être renforcés et prépare des guides pratiques pour mettre en œuvre ces principes. En 2013, on a créé le groupe des Amis du président (en anglais seulement) afin de procéder à un examen et de coordonner toutes les initiatives internationales sur le commerce international et la mondialisation de l’économie. Statistique Canada participe activement à ce groupe.

Groupe de travail sur la production mondiale de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe

Ce groupe de travail a été créé à la fin 2011, en réponse aux questions soulevées dans le manuel The Impact of Globalization on National Accounts. Le groupe a été chargé de clarifier les normes internationales, d’examiner des concepts et des méthodologies statistiques, ainsi que de mettre en place des lignes directrices générales sur la mesure de tous les aspects de la production et du commerce mondial.

« Rares sont les démarches internationales auxquelles le Canada n’est pas partie prenante », dit Monsieur O’Hagan. « À titre d’organisme centralisé, nous sommes bien placés pour faire progresser les travaux liés à la mondialisation. De plus, notre engagement international nous est profitable parce qu’il nous permet de repenser et de remanier nos propres produits. »

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