Transition de l'état de travailleurs étrangers temporaires à celui de résidents permanents

25 mai 2017

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Chaque trimestre, dans le cadre du blogue de StatCan, on publie un article sur la recherche à Statistique Canada, lequel est rédigé par un auteur invité. Feng Hou, chercheur principal au sein de la Division de l’analyse sociale et de la modélisation à Statistique Canada, a rédigé le deuxième article.

Les travailleurs étrangers temporaires occupent une place de plus en plus importante au sein de la population active canadienne. Quels sont les facteurs qui déterminent leur accès à la résidence permanente? Une nouvelle partie du programme de recherche sur les immigrants et le marché du travail de Statistique Canada vise à mieux comprendre les circonstances entourant la transition du statut de travailleur étranger temporaire à celui de résident permanent.

Tendances récentes

Au 31 décembre 2015, 310 000 personnes détenaient un permis de travail temporaire, ce qui représente 1,7 % des personnes employées au Canada. Le nombre de travailleurs étrangers temporaires a plus que quadruplé depuis 2000 (Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, 2017).

Au cours des années 2000, les travailleurs étrangers temporaires formaient une proportion de plus en plus grande de l’immigration au Canada. Par exemple, la proportion de nouveaux immigrants adultes de sexe masculin qui détenaient déjà un emploi au Canada est passée de 16,3 % en 1999 à 28,9 % en 2010. La majeure partie de cette augmentation était attribuable aux immigrants qui occupaient un emploi bien rémunéré au Canada avant d’obtenir le statut de résident permanent.

Environ 9 % des travailleurs étrangers temporaires qui sont arrivés au Canada de 1995 à 1999 sont devenus résidents permanents dans les cinq ans suivant l’obtention de leur premier permis de travail. C’était également le cas de 13 % de ceux arrivés au Canada de 2000 à 2004 et de 21 % de ceux arrivés au pays de 2005 à 2009.

La plupart des personnes qui sont passées du statut de travailleur étranger temporaire à celui de résident permanent l’ont fait dans les cinq ans après avoir obtenu leur premier permis de travail. Le taux augmente de nouveau, soit de 1 point de pourcentage à 3 points de pourcentage, 10 ans après l’obtention du premier permis. Onon observe peu d’augmentation par la suite.

Taux de transition

Le taux de transition à la résidence permanente variait selon le type de permis de travail octroyé. Parmi les personnes arrivées au Canada de 2005 à 2009, celles qui faisaient partie du Programme des aides familiaux résidants (56 %) et de la catégorie des époux ou conjoints de fait (50 %) présentaient les taux de transition après cinq ans les plus élevés. Les taux de transition vers la résidence permanente les plus faibles ont été observés parmi les personnes participant au Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS) (2 %) et celles faisant partie de la catégorie « Emploi réciproque » (9 %).

L’écart considérable du taux de transition observé selon le type de permis de travail obtenu découle de la politique gouvernementale. Par exemple, alors que toutes les personnes participant au Programme des aides familiaux résidants peuvent présenter une demande de résidence permanente après deux ans de travail à temps plein en tant que travailleurs nationaux, les travailleurs participant au PTAS ne disposent pas d’un volet de transition et peuvent seulement être employés pendant une période maximale de huit mois par année. Par contre, leur permis délivré dans le cadre du PTAS peut être renouvelé pendant plusieurs années.

Niveaux de compétence et pays d’origine

Les travailleurs étrangers temporaires hautement qualifiés sont mieux placés que les autres travailleurs étrangers temporaires pour présenter une demande de résidence permanente à titre d’immigrants de la composante économique, car le système d’immigration canadien sélectionne ces derniers en fonction des offres d’emploi des employeurs canadiens et des atouts du capital humain comme les études, l’expérience de travail au Canada et la capacité de s’exprimer dans les langues officielles.

Certaines des autres différences marquant les taux de transition parmi les divers types de permis de travail étaient également liées aux caractéristiques des régions d’origine. Par exemple, les travailleurs étrangers temporaires participant au Programme des aides familiaux résidants et au programme pilote des travailleurs peu spécialisés provenaient principalement de pays en développement. Les niveaux inférieurs de développement économique et de stabilité sociale dans certains pays d’origine étaient liés à des taux supérieurs de transition, probablement parce que les travailleurs étrangers temporaires issus de ces pays pouvaient jouir d’un meilleur niveau de vie et d’un contexte social plus favorable au Canada et se montraient donc plus enclins à demander la résidence permanente.

En examinant les taux de transition selon le niveau de qualification des travailleurs, on constate en outre le rôle évident que jouent la motivation et le désir de rester au Canada. Même si les travailleurs étrangers temporaires hautement qualifiés disposaient d’un plus grand nombre d’options leur permettant d’accéder à la résidence permanente, leur taux de transition n’était pas beaucoup plus élevé que celui des travailleurs moins qualifiés compte tenu des différences touchant les types de permis accordés et les caractéristiques sociodémographiques.

En ce qui concerne les parcours de transition disponibles, les catégories d’immigration par lesquelles les travailleurs étrangers temporaires ont obtenu leur résidence permanente variaient selon le type de permis de travail obtenu. Les travailleurs étrangers temporaires participant au programme pilote des travailleurs peu spécialisés étaient plus susceptibles de devenir résidents permanents au moyen du Programme des candidats des provinces, tandis que ceux faisant partie du PTAS et de la catégorie « Emploi réciproque » étaient plus susceptibles de faire la transition par le truchement du Programme de la catégorie de la famille après avoir quitté le Canada. Les travailleurs étrangers temporaires hautement qualifiés étaient plus susceptibles que les autres d’être admis à titre d’immigrants de la composante économique.

Avantage en matière de revenus pour les immigrants ayant déjà été des travailleurs étrangers temporaires

Tous les résidents permanents qui étaient auparavant des travailleurs étrangers temporaires possédaient quelques années d’expérience de travail au Canada. Par contre, ce ne sont pas tous les types d’expérience de travail prémigratoire au Canada qui ont entraîné les mêmes avantages sur le marché du travail après l’immigration. Seuls les travailleurs étrangers temporaires hautement qualifiés ou qui occupaient un emploi bien rémunéré au Canada avant de devenir résidents permanents ont profité d’un net avantage en matière de revenus par rapport aux immigrants qui sont arrivés directement de l’étranger.

Les immigrants de la composante économique qui étaient auparavant des travailleurs étrangers temporaires qualifiés touchaient, au cours de la première année complète suivant leur immigration, un revenu deux fois plus élevé que ceux qui n’avaient pas résidé au Canada auparavant. Ils touchaient près de 60 % de plus que ce même groupe 15 ans après avoir immigré. Cet avantage est légèrement inférieur lorsqu’on compare les revenus des travailleurs étrangers temporaires au cours de la première année suivant l’octroi de leur permis de travail à ceux des autres immigrants au cours de la première année suivant leur immigration.

Moins du quart de l’avantage en matière de revenus des immigrants qui étaient auparavant des travailleurs étrangers temporaires qualifiés est attribuable à leur niveau de scolarité plus élevé, à leurs compétences plus élevées en anglais, et au fait qu’ils provenaient des États-Unis ou bien de l’Europe du Nord ou de l’Ouest. Par conséquent, cet avantage en matière de revenus peut également être lié au rôle que jouent les employeurs dans la présélection, la sélection et le maintien en poste des travailleurs étrangers temporaires les plus aptes, ainsi qu’à un phénomène d’autosélection parmi les travailleurs étrangers temporaires qualifiés eux-mêmes.

En revanche, les immigrants qui étaient auparavant des travailleurs étrangers temporaires non qualifiés touchaient des revenus nettement moins élevés au moment de leur arrivée et ont connu une croissance plus lente de leurs revenus que les immigrants qui n’avaient aucune expérience de travail antérieure acquise au Canada. Cela semble indiquer que les types d’emploi pour lesquels les immigrants qui étaient auparavant des travailleurs étrangers temporaires avaient été recrutés initialement ont eu une incidence à long terme sur leurs résultats au sein du marché du travail. Il est possible que les travailleurs étrangers temporaires qui avaient été recrutés tout spécialement pour des emplois peu spécialisés et faiblement rémunérés aient éprouvé des difficultés à obtenir des emplois qualifiés et bien rémunérés après leur immigration.

Tendances en matière de revenus initiaux

La hausse considérable de la proportion d’immigrants qui occupaient un emploi bien rémunéré au Canada avant d’obtenir le statut de résident permanent a une incidence importante sur la tendance des revenus moyens des immigrants au cours des deux premières années complètes suivant leur immigration. À défaut d’une telle augmentation, les revenus moyens initiaux des immigrants de sexe masculin, par exemple, auraient diminué de 13 % au cours des années 2000.

La différence au chapitre de la proportion d’immigrants occupant un emploi bien rémunéré au Canada avant leur immigration permet aussi d’expliquer pourquoi les immigrants admis en vertu du Programme des candidats des provinces touchaient des revenus initiaux beaucoup plus élevés que les immigrants du Programme de travailleurs qualifiés.

En résumé, la probabilité de la transition du statut de travailleur étranger temporaire à celui de résident permanent variait considérablement selon le type de permis de travail obtenu et les caractéristiques du pays d’origine. Les travailleurs étrangers temporaires qui avaient occupé des emplois hautement qualifiés ou bien rémunérés au Canada avant leur immigration bénéficiaient d’un important avantage en matière de revenus comparativement aux immigrants qui sont arrivés directement de l’étranger. Ceux qui occupaient des emplois peu qualifiés ou faiblement rémunérés avant leur immigration ont continué de toucher des revenus relativement faibles, même après de nombreuses années suivant l’obtention de leur résidence permanente.

Lectures supplémentaires :

Transition de l’état de travailleurs étrangers temporaires à celui de résidents permanents, 1990 à 2014

L'avantage en matière de gains des résidents temporaires ayant obtenu le droit d'établissement au Canada

Évolution des caractéristiques des immigrants et de leurs revenus initiaux

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