StatCan et les feux de forêt en Alberta

16 mars 2017

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À la fin du printemps 2016, sous le regard impuissant des Canadiens, des feux de forêt se sont propagés dans le Nord de l'Alberta, ravageant la ville de Fort McMurray, bien connue pour l'exploitation des sables bitumineux. Quelque 88 000 résidents de Wood Buffalo, la municipalité qui englobe Fort McMurray, ont évacué leur demeure pour se réfugier ailleurs dans la province et dans d'autres régions du pays.

À leur retour dans les semaines qui ont suivi, ils ont constaté que plus de 2 500 maisons avaient été détruites par le feu.

Cet incendie de forêt de mai 2016 représente un épisode difficile de l'histoire récente du pays. La catastrophe naturelle a bouleversé des dizaines de milliers de vies et a eu des répercussions à l'échelle de l'économie provinciale et nationale.

De plus, l'évacuation a coïncidé avec la semaine où Statistique Canada menait le Recensement de la population de 2016, menaçant de perturber l'établissement du chiffre de population le plus fiable au Canada.

De quelle façon un organisme national de statistique réagit-il quand son travail est interrompu? Est-il possible de mesurer des événements chaotiques au moyen de statistiques officielles?

Planification en cas de catastrophe

StatCan avait un plan d'urgence, ce qui n'est guère étonnant quand on considère qu'il conçoit ses enquêtes des années d'avance. Après la panne de courant qui a plongé l'Ontario et le Nord-Est des États-Unis dans le noir en 2003, l'organisme a élaboré le Module sur les effets des sinistres et des catastrophes pour l'Enquête sur la population active. Il est possible d'activer ce module selon les besoins pour mesurer les effets de toute catastrophe.

Lors de l'incendie de forêt de Fort McMurray, StatCan a promptement mis en œuvre le module, comme il l'a fait par le passé. Cette fois-ci, StatCan est allé encore plus loin et a ajouté de nouvelles questions à d'autres enquêtes, dont l'Enquête mensuelle sur les industries manufacturières, l'Enquête mensuelle sur le commerce de détail et l'Enquête mensuelle sur le commerce de gros.

Heures de travail perdues... et heures supplémentaires

Lorsque l'incendie s'est approché de Wood Buffalo au début de mai, StatCan a suspendu la collecte du Recensement de 2016 et d'autres enquêtes. Comme l'explique Geoff Bowlby, directeur général de la Collecte et des Services régionaux, « les gens avaient d'autres soucis que celui de participer aux enquêtes de StatCan, ou ils n'étaient tout simplement pas là. Nous n'aurions pas été en mesure de les trouver. » Une fois que l'incendie avait été contenu et que suffisamment de gens étaient revenus dans la région, l'organisme a repris son travail.

Des questions portant sur les mois de mai et de juin 2016 ont été posées aux résidents. Par exemple, dans le cadre de l'Enquête sur la population active, on a cherché à savoir combien d'heures les répondants avaient travaillées au cours de ces mois, et si l'incendie avait eu une incidence sur ces heures de travail.

Les résultats ont démontré que, bien que des travailleurs de Wood Buffalo aient enregistré une perte nette totale de 7,6 millions d'heures de travail en mai et en juin, certains travailleurs ont en fait vu leurs heures de travail augmenter à cause de l'incendie. En particulier, les travailleurs qui ont participé aux efforts d'évacuation, de secours et de lutte contre l'incendie ont effectué de nombreuses heures de travail supplémentaires au cours de ces deux mois.

Une nouvelle façon de recueillir les données du recensement

C'est toutefois au chapitre de la collecte des données du recensement que StatCan a vraiment dû innover.

Depuis plusieurs années, l'organisme étudie différentes façons de dénombrer la population à l'aide de données administratives, c'est-à-dire des données recueillies par d'autres organisations. Des sources telles que les dossiers fiscaux peuvent servir à confirmer l'adresse d'un particulier et, par extension, à dénombrer les résidents d'une collectivité.

StatCan s'est servi de cette approche pour combler les lacunes dans le cas de Wood Buffalo. Certains résidents avaient déjà rempli leur questionnaire du recensement avant l'évacuation, et certains renseignements démographiques importants ont été amassés à une date ultérieure pour ce qui est des questionnaires détaillés. Au bout du compte, 60 % du chiffre de population de la région a été tiré de sources administratives.

Les recenseurs sont retournés dans la région en août pour recueillir les données du questionnaire détaillé du recensement auprès d'un échantillon de la population. Outre que le questionnaire détaillé a fourni des données sur l'origine ethnique, la langue, la scolarité et d'autres sujets, il est devenu pour StatCan une ressource utile aux fins de la vérification de l'exactitude du dénombrement.

« L'approche était tout à fait novatrice, dit M. Bowlby. En fait, ce fut une occasion intéressante d'expérimenter ou de mettre à l'essai des mesures que nous pourrions vouloir prendre un jour pour réduire le fardeau imposé aux Canadiens dans l'ensemble. »

Notre contribution

M. Bowlby est fier de la réaction rapide et efficace de StatCan à cet incendie. Il souligne également que la réaction du personnel de l'organisme ne découle pas simplement du désir de recueillir de bonnes données, mais de l'envie spontanée de venir en aide à ses concitoyens canadiens.

Par exemple, StatCan a avancé le jour de référence du recensement pour Wood Buffalo (le fixant au 1er mai 2016, au lieu du 10 mai, jour du recensement pour le reste du Canada), afin que les données reflètent la situation de la collectivité avant l'incendie. C'était un changement relativement mineur, mais la municipalité locale en était reconnaissante.

« Nous ne voulions pas que les données reflètent la situation après l'incendie, mais plutôt qu'elles représentent la situation juste avant que l'incendie ne se déclare, explique M. Bowlby. Nous n'étions pas obligés de le faire, mais nous estimions que c'était la décision appropriée. »

M. Bowlby espère que les données recueillies serviront à quelque chose d'utile pour les résidents et les entreprises touchés par l'incendie. Le fait de disposer de données ne permet pas de prévenir les catastrophes, mais cela peut favoriser des changements qui aident au redressement.

De plus, les données font partie des annales. Elles peignent un portrait statistique des répercussions à court, à moyen et à long terme d'une catastrophe naturelle majeure sur la vie économique et sociale d'une collectivité. Au fil de sa reconstruction, Wood Buffalo aura des données de référence en fonction desquelles mesurer ses progrès.

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