Hé-coutez bien! Saison 1, épisode 3 - L'art de l'artisanat au Canada

Date de diffusion : le 22 décembre 2021

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

Hé-coutez bien balados

La pratique ancienne de travailler avec ses mains à des projets d'artisanat a connu un regain d'intérêt pendant la pandémie, à un moment où les gens ont voulu se garder occupés, essayer un nouveau passe-temps ou peaufiner leurs habiletés à un niveau professionnel. Mais ce n'est pas tout, selon MaegenBlack, directrice de la Fédération canadienne des métiers d'art. Nous discutons du mouvement des arts et de l'artisanat au Canada, de sa renaissance et de sa nécessité.

Animatrice

Alexandra Bassa

Invitée

Maegen Black, directrice de la Fédération canadienne des métiers d'art

Écoutez

Hé-coutez bien! Saison 1, épisode 3 - L'art de l'artisanat au Canada - Transcription

Générique : Vous êtes à l'écoute de Hé-coutez bien!, un balado de Statistique Canada où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice Alexandra.

Narration : Lorsque la pandémie de la COVID-19 a frappé, nous avons tous eu à limiter nos déplacements et nos activités. Pour certains, pas tous bien sûr, ça voulait dire se retrouver avec beaucoup plus de temps libre. Il fallait maintenant trouver de nouvelles façons de s'occuper, en tenant compte du fait que les lieux publics, les centres communautaires, les centres de sports et les autres activités habituelles n'étaient plus disponibles.

De nombreux endroits comme les universités et les bibliothèques, ont proposé une panoplie d'activités ou de cours en ligne pour donner l'occasion (ou l'impression pour certains) d'utiliser cette période pour être plus productifs, selon leurs intérêts. D'autres se sont lancé à fond dans l'activité physique, par exemple en pratiquant des cours de yoga, de zumba ou tout autre entraînement en ligne. Ou encore, avez-vous pris part à la ruée vers les vélos ou même les patins à roulettes? Certains ont préféré utiliser cette période de temps pour apprendre une nouvelle langue. Plusieurs ont préféré des activités comme les casse-têtes ou les jeux de société. Pour les plus créatifs il y avait les activités d'art et d'artisanat. L'artisanat a joué un rôle très particulier dans cette pandémie. Au niveau amateur, il a donné l'occasion aux gens de créer quelque chose de concret, ce qui est à la fois positif et productif. Certains artisans amateurs ont fait le saut vers le commercial et ont pu vendre leurs créations pour la première fois, rejoignant ainsi les rangs des artistes professionnels des métiers d'arts. Quelle que soit l'expertise, et peu importe s'il est pratiqué à des fins récréatives ou commerciales, l'artisanat peut tisser des liens et renforcer l'esprit communautaire, deux notions dont nous avions tous besoin en ces temps incertains. Pour en savoir un peu plus sur l'artisanat et les métiers d'arts, nous avons parlé à Maegen Black.

Maegen Black : Je suis Maegen Black, et je suis la directrice de la Fédération canadienne des métiers d'art.

Alexandra Bassa : Elle anime également le balado Citizens of Craft ou Citoyens des métiers d'art, disponible en anglais seulement). Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que vous faites?

Maegen Black : En fait, c'est un peu difficile d'expliquer ce que je fais. Être la directrice d'une organisation nationale de service artistique est un poste un peu inhabituel. J'aide les organisations de métiers d'art à entrer en contact, à apprendre les unes des autres et à promouvoir les métiers d'art dans leur ensemble, ici au Canada et à l'étranger. La Fédération canadienne des métiers d'art existe depuis très longtemps sous différentes formes depuis 1974; je travaille pour l'organisation depuis 15 ans à une variété de projets divers avec de merveilleuses personnes de partout au pays.

Alexandra Bassa : Ma première question est très ouverte. Qu'est-ce qui fait partie de l'artisanat?

Maegen Black : C'est en effet la question! C'est la question qu'on me pose le plus souvent, probablement tout au long de ma vie professionnelle et il n'existe vraiment aucune définition facile et concise. Je réponds souvent quelque chose comme « Quelle est la définition de l'art? » ou « Quelle est la définition de la beauté? » Ça devient très ésotérique, mais lorsque j'essaie réellement simplement d'aller au fond des choses et de l'expliquer, l'une des versions de cette définition que j'utilise est que l'artisanat est une forme de fabrication qui associe les traditions matérielles aux compétences, à la conception et à la technologie contemporaine. Ça peut donc couvrir un vaste éventail de différents types d'artisanats et de métiers d'arts. En fin de compte, cependant, il s'agit de personnes qui fabriquent des choses pour la beauté ou pour l'utilité, et parfois à ces deux fins.

Narration - Alexandra Bassa : Selon l'Enquête sociale générale, Les Canadiens au travail et à la maison de 2016, la moitié des Canadiens ont participé à des activités créatives, les activités artisanales représentant la majorité de celles-ci, suivi par la musique et les arts visuels.

Alexandra Bassa : Est-ce qu'il y a des passe-temps ou des activités que les gens font sans nécessairement penser qu'il s'agit d'artisanat, par exemple la pâtisserie ou la boulangerie? Est-ce que ça c'est de l'artisanat?

Maegen Black : Vous savez, à nouveau, ça dépend vraiment. L'artisanat et les métiers d'art représentent vraiment tout un éventail; alors lorsque l'on parle de métier d'art à la Fédération canadienne des métiers d'art, nous désignons réellement les personnes qui travaillent de façon professionnelle à titre d'artisans; donc des personnes qui travaillent en orfèvrerie, en conception de meuble, en poterie, en soufflage du verre ou à des activités qui pour lesquelles il faut réellement un certain niveau de compétences. On ne peut toutefois pas ignorer que dans la société contemporaine, la terminologie de métier d'art ou d'artisanat s'est beaucoup étendue. Il suffit de dire que l'on perfectionne son art et cela pourrait vouloir dire n'importe quoi. Donc, je comprends pourquoi, parfois, il est un petit peu difficile de saisir cela. Je pense que d'envisager l'artisanat comme étant un éventail de capacités, permet aux gens de comprendre que leurs performances ne sont peut-être pas parfaites dans le domaine en question. Pourtant, chacun a un rôle à jouer dans toute forme de réalisation, donc je n'aime pas dire que faire son pain est inclus ou non ou que le soufflage du verre est inclus ou non. On pourrait dire qu'il s'agit un peu de la professionnalisation d'une activité, mais il y a également une place pour la participation des amateurs.

Narration - Alexandra Bassa : Si c'est la pâtisserie qui vous intéresse, les données suivantes seront peut-être plus à votre goût! En 2020, il y avait 60,4 kg de farine de blé disponible, pour chaque personne au Canada.

En 2020, le Canada a importé plus de 13,5 millions de kg de levures actives, soit plus de 3 millions de plus qu'en 2019.

Alexandra Bassa : Lorsque la pandémie a éclaté, les épiceries ont manqué de levure parce que tout à coup plein de gens ont commencé à faire du pain. Qu'est-ce qui explique cette réaction, selon vous? Pourquoi, en pleine pandémie, les gens ont-ils souhaité créer quelque chose de leurs propres mains, alors qu'ils achèteraient ça d'habitude en magasin?

Maegen Black : Vous savez, c'est juste mon impression personnelle, fondée sur le fait que j'évolue dans le monde de l'artisanat et des métiers d'art depuis si longtemps et en ayant vécu la pandémie moi-même, bien sûr. Je pense que c'est un sentiment de contrôle. Je pense que les gens avaient si peu de contrôle sur leur vie quotidienne et sur ce qu'ils pouvaient ou ne pouvaient pas faire, sans savoir ce que l'avenir allait apporter.

Alors d'une certaine façon, il était possible de diriger son énergie vers quelque chose qui allait apporter un moment de joie ou un moment de compréhension ou un moment de révélation dans un contexte où tout cela manquait. Donc, je pense qu'il y avait quelque chose de fondamental dans le fait de fabriquer quelque chose, que ce soit en s'essayant à un type d'arts textiles, apprendre le crochet, apprendre seul comment faire du pain des pâtisseries, ou tout simplement de prendre les premiers pas et explorer ce qui nous entourait constamment. Peut-être que nous n'avions pas le temps ou le désir de nécessairement faire ce pas et de mettre vraiment les mains dans la matière et essayer de créer et fabriquer des choses. Donc j'espère que les gens ressortent de la pandémie avec une plus profonde appréciation de tout ce qui entre dans la fabrication de toutes ces choses, que ce soit un chef de restaurant qui fait son propre pain ou autre chose... comme un type de versions consommables de ce que nous faisons... qu'il s'agisse d'un bijou ou d'un objet en verre coloré ou de la tasse dans laquelle vous buvez votre café. Il y a, comme je l'ai dit plus tôt, tout cet éventail de différents objets qui existent et qui nous entourent jusqu'à l'art public, même les choses que vous voyez dans votre ville, dans votre collectivité, qui font de votre collectivité ce qu'elle est, ou qui sont le reflet que vous avez de votre collectivité. Je pense par conséquent que même si cela commence à petite échelle, à partir de ce que vous pouvez faire avec vos mains, jusqu'à la manière dont nous sommes reliés à travers les endroits où nous vivons, où nous travaillons et où nous nous divertissons en fait. Lorsque nous n'avons plus eu accès à tout ça au cours de la pandémie, nous avons trouvé des manières plus personnelles de faire ces liens.

Narration - Alexandra Bassa : Se tisser des liens et garder contact a été très important pour de nombreuses personnes alors que nous faisons face à la pandémie.

Près de 38 % des Canadiens ont indiqué avoir éprouvé des sentiments de solitude ou d'isolement en raison de la pandémie de la COVID-19.

Alexandra Bassa : Avez-vous remarqué des tendances en rapport avec l'artisanat pendant la pandémie?

Maegen Black : Je pense que l'une des plus grandes tendances d'artisanat pendant la pandémie était définitivement de faire des masques. Vous savez, tout le monde essayait de trouver un masque pour de nombreuses raisons, des raisons de santé très importantes, mais également simplement parce que c'était quelque chose que nous pouvions faire pour s'entraider et donc une foule de personnes fabriquaient des masques et les vendaient en ligne. Beaucoup d'artistes textiles ont redirigé leurs activités pour fabriquer des masques très créatifs. Je connais des artistes à Cap-Breton qui faisaient une sorte de masques à teinture naturelle de style shibori. Des artistes dans l'ensemble du pays ont adopté des perspectives différentes en la matière. Il y a d'ailleurs eu une exposition vraiment excellente formée à partir d'un groupe Facebook dans le cadre d'un projet communautaire. Le projet breathe (respire). Si vous faites une recherche en ligne sur ce projet, vous trouverez des masques absolument fabuleux faits par des artistes dans l'ensemble du pays. Il ne s'agit pas d'œuvres qui visaient l'aspect sanitaire. Il s'agissait réellement d'œuvres artistiques sculpturales; certains étaient en écorce de bouleau, d'autres, ornés de perles et d'autres en fourrure. Un grand nombre d'artistes autochtones ont participé à la création d'œuvres de cette exposition. Il s'agissait principalement d'artistes autochtones de l'ensemble du Canada, mais également du reste de l'Amérique du Nord. C'est une belle communauté d'artistes se rassemblant et utilisant le masque comme symbole pour créer quelque chose à un moment très difficile pour tout le monde. C'était un projet vraiment beau qui s'est perpétué pour donner une exposition dans la vraie vie, si on peut dire, et non un projet issu du domaine virtuel. L'exposition est en tournée dans le pays maintenant. C'est une excellente exposition que je recommande vraiment vivement.

Je me souviens dans les mois précédant Noël, je me disais que les masques faits à la main allaient être le cadeau incontournable de l'année. J'avais raison.

Alexandra Bassa : Quand on y pense, il y a plusieurs personnes qui sont des couturiers et couturières en herbe, comme par exemple les parents qui fabriquent les costumes d'Halloween de leurs enfants. Plusieurs personnes ont fabriqué leur propres masques au début de la pandémie et ont même créé des masques personnalisés pour leurs proches. C'était une façon de pouvoir prendre soin de nos proches, de loin.

Maegen Black : C'est tout à fait ça et c'est vraiment un bel aspect de l'artisanat. C'est comme une nécessité. Vous pouvez faire quelque chose pour vous quand vous en avez besoin, mais c'est également une manière de montrer votre appréciation, que vous pouvez faire quelque chose pour aider quelqu'un grâce à une simple compétence.

Alexandra Bassa : En général, avez-vous remarqué s'il y avait effectivement un plus grand nombre de gens qui ont cherché quelque chose de créatif à faire depuis le début de la pandémie?

Maegen Black : Depuis la pandémie, je crois oui, simplement dans ma vie personnelle et dans mes connaissances, mes amis, ma famille et les gens de ma communauté. Nous avons définitivement vu davantage de gens s'essayant simplement à quelque chose de nouveau. Je ne sais pas si cela découle de ne simplement pas pouvoir faire les autres choses qui rempliraient notre temps, comme de voyager ou d'aller au restaurant ou quoi que ce soit d'autre, mais je pense que les gens cherchaient à apporter un petit peu de joie dans leur journée ou même simplement pour s'occuper, n'est-ce pas? Quelque chose à faire lorsqu'il y a tant de limites à ce que vous seriez généralement occupés à faire. Je pense que ce n'est pas étonnant que les gens se soient tournés vers l'artisanat comme exutoire.

Alexandra Bassa : Les loisirs, c'est important! Les femmes âgées de 25 à 54 ans, ont consacré en moyenne 3,6 heures par jour à des activités de loisirs en 2015, par rapport à 4,1 heures par jour, pour les hommes. Est-ce que vous une idée des types d'artisanat qui ont été les plus populaires au cours de la pandémie et pourquoi ?

Maegen Black : À nouveau, du point de vue statistique, nous n'avons pas nécessairement encore d'informations à ce sujet. Cela viendra peut-être avec le temps, mais je pense que si j'étais dans cet état d'esprit, si je devais prendre le temps d'observer dans cette optique la pandémie ou l'après-pandémie, je pense que certains des artisanats les plus simples à aborder sont ceux basés sur le textile, juste parce qu'ils ne sont, d'une certaine manière, pas aussi salissants que certains autres. Il y a bien sûr des outils et des espaces de studio dont vous avez besoin pour faire ces choses, mais il est possible de commencer à un niveau très basique, très fondamental pour faire quelque chose avec simplement une aiguille, un fil, des ciseaux et du tissu, comme premier pas. Cela peut devenir bien plus complexe en évoluant jusqu'à pouvoir filer de la laine, carder de la laine depuis l'arrière d'une patte de mouton. Cela va vraiment jusqu'aux fils individuels, n'est-ce pas? Alors je pense que pour une réponse courte ce seraient les textiles. Je vous ai donné une réponse longue, mais une réponse course serait vraiment que les textiles sont probablement l'artisanat le plus accessible que les gens peuvent aborder en premier lieu, mais il existe tout un monde de métiers d'art. Ce tout petit pas vous emmène dans un vaste monde vous incitant à essayer de nouvelles choses. Avec les studios, lorsque vous découvrez la céramique, ça devient un peu plus difficile. Vous devez avoir un four et disposer d'autres espaces particuliers où créer ces objets. Il en va de même pour le métal ou la forge. Vous devez avoir du feu, des enclumes, de la ventilation et prendre des précautions. Il existe un immense éventail d'activités, réellement immense.

Alexandra Bassa : Ce sont les textiles qui vous intéressent? En 2019, selon les estimations, 1,1 million de kg de laine brute a été achetée au Canada directement auprès des producteurs canadiens.

Okay, revenons à nos moutons!

Est-ce que vous trouvez qu'il y avait beaucoup de gens qui ont essayé de nouvelles activités artisanales à W

Maegen Black : Je pense que les gens ont toujours fait cela. Depuis plusieurs, plusieurs générations, des personnes se sont essayé à de nouvelles choses ou ont essayé d'apprendre de nouvelles compétences ou de se tremper le bout des pieds dans un aspect différent de l'artisanat, quel que soit le moyen d'expression ou quelle que soit la discipline. Je pense cependant avoir constaté une augmentation de ce que je vais appeler des kits ou des ateliers; vous savez, tout ce phénomène de soirée peinture, comme je l'appelle. Je pense que cela a définitivement augmenté, parce que les gens ont, d'une certaine manière, un plus grand accès à des directives grâce à Internet et que les gens peuvent apprendre eux-mêmes.

J'ai vu des artistes faire des choses vraiment intéressantes comme une artiste en Nouvelle-Écosse.

Narration - Alexandra Bassa : Maegen a enchaîné par la suite en nous expliquant comment certains artisans ont fait preuve de créativité en vendant des trousses et des tutoriels en ligne pour enseigner une nouvelle forme d'artisanat. Parfois ils offraient même des cours virtuels en direct.

Témoignage - Andrea Tsang Jackson : Je m'appelle Andrea Tsang Jackson et je suis une artiste textile et fabricante de courtepointes basée à K'jipuktuk/Halifax, en Nouvelle-Écosse. Alissa Kloet de Keephouse Studio est une conceptrice textile qui vit à Seaforth, en Nouvelle-Écosse. Ensemble, nous sommes collaboratrices de longue date. Au cours d'un programme d'artiste en résidence auquel nous avons participé ensemble à l'été 2019, nous avons eu l'idée de collaborer sur des trousses de courtepointe. Elle s'occuperait de la conception d'une meilleure crème pour le tissu imprimé et moi du motif de la courtepointe. Les fabricants de courtepointe aiment souvent acheter du tissu en paquets appelés Fat Quarter bundles, ce qui signifie différents quarts de mètre de tissu coordonné.

Nous avons lancé notre premier paquet juste avant le début de la pandémie. Le fait de créer quelque chose à la main, nous permet de garder un lien avec le monde physique, surtout dans un monde qui a été si rapidement numérisé et rendu virtuel pendant cette pandémie. Il y a tellement de réconfort et de familiarité, associé à la courtepointe. Quand on vit des temps incertains, nous recherchons des choses auxquelles nous pouvons nous accrocher, littéralement, et les courtepointes sont tactiles. L'acte même de créer, loin de toutes les réunions Zoom et des appels sur FaceTime, créer un lien qui nous fait apprécier le moment présent. En même temps, les courtepointes c'est un peu comme recevoir un câlin physique, mais à distance lorsque nous en fabriquons pour d'autres personnes.

Maegen Black : C'est alors un pas plus loin que de simplement acheter un livre ou de simplement obtenir un manuel de marche à suivre pour essayer de faire quelque chose soi-même. Vous disposez alors d'un expert qui peut vous guider tout au long du travail et vous donner des conseils. C'est là que la magie s'opère réellement. Je trouve que lorsque l'on apprend une nouvelle compétence, parler à quelqu'un qui en sait un peu plus et qui s'y est exercé longtemps, et peut vraiment vous guider tout au long du processus, est vraiment je pense, une expérience inspirante; quelque chose qui multiplie votre niveau de compétence. En disposant de quelqu'un qui vous guide, le processus est plus facile.

Alexandra Bassa : Donc pour les auditeurs adeptes d'artisanat qui souhaiteraient passer à l'étape suivante, c'est-à-dire par exemple, des gens qui pratiquent déjà une activité d'artisanat à un niveau amateur mais qui souhaitent devenir professionnels, avez-vous des conseils pour eux? Des ressources qui pourraient leur être utiles?

Maegen Black : Absolument. J'ai tellement de conseils pour les personnes souhaitant atteindre le niveau suivant dans un métier d'art. La première chose que je dirais est de communiquer avec leur conseil des métiers d'art local, provincial ou territorial. Que ce soit Craft Ontario dans le centre-ville de Toronto ou l'Alberta Craft Council à Edmonton, qui a également un espace à Calgary. Cela n'a pas d'importance que vous soyez dans une grande ville ou dans une région rurale. Tournez-vous vers votre conseil des métiers d'art provincial ou territorial et consultez leurs programmes. Ils peuvent vous mettre en contact avec d'autres guides ou d'autres artistes de votre propre collectivité. Tournez-vous vers votre galerie d'art locale également. Un grand nombre d'entre elles proposent des cours ou des événements ponctuels où des artistes professionnels viennent enseigner. Il y a tant de possibilités et je peux pratiquement vous garantir que dans toute collectivité qu'il s'agisse d'une grande ville ou d'un minuscule hameau au Canada, il y a une boutique d'artisanat quelque part, alors faites vos recherches. Parlez aux gens qui y travaillent, achetez des œuvres de vos artistes locaux et demandez-leur s'ils proposent des ateliers ou des cours. Si vous voulez vraiment passer au niveau supérieur, les Conseils des métiers d'art sont vraiment la marche à suivre.

Alexandra Bassa : En 2016, on comptait 14 160 artisans employés au Canada. Selon vous, qu'est-ce qui distingue vraiment les artistes canadiens?

Maegen Black : Je pense que ce qui distingue particulièrement les métiers d'art canadiens est qu'ils englobent tant d'origines et d'expériences diversifiées y compris des expériences contemporaines. Ils peuvent ainsi intégrer des traditions, mais sont également liés à ce que nous fabriquons actuellement ou les tendances des styles ou des expériences que nous avons de nos jours, ou même les concepts que nous souhaitons explorer désormais. Nous pouvons observer l'histoire d'un lieu à travers l'artisanat et la culture comme contexte et je ressens honnêtement que le Canada est un endroit tellement diversifié. Nous avons tellement de gens différents, issus d'horizons différents, qu'il s'agisse d'artistes autochtones ayant des histoires remontant à des milliers et des milliers d'années ou des immigrants ici seulement depuis quelques générations ou de tout nouveaux arrivants au Canada. L'artisanat et les métiers d'art ont accompagné toutes ces diverses expériences. Je pense que nous avons beaucoup à apprendre et à partager et que c'est une manière pour nous de nous comprendre les uns les autres sans barrières linguistiques. Je pense que l'artisanat et l'art nous permettent de partager, de croître et d'apprendre sur les autres et peut-être de mieux nous comprendre malgré toutes ces origines si diversifiées.

Le Canada a également une histoire complexe et je ne pense pas que quiconque puisse échapper à cette conversation. Je pense franchement d'ailleurs qu'il est irresponsable de ne pas penser à cette conversation. Il y a en effet également cette très profonde histoire d'artisanat autochtone au Canada qui est si belle, selon moi, et qui a beaucoup à dire et qui est si pertinente dans la société, vous savez, du point de vue artistique, du point de vue de la compréhension culturelle et de la façon dont nous pouvons commencer à nous comprendre mutuellement. Lorsque vous commencez à parler d'enjeux importants et difficiles, à travers les arts, cela aide à ouvrir des portes, à ouvrir des esprits et à ouvrir des perspectives. Je ne pense pas que cela résoudra tous les problèmes, mais je pense vraiment que c'est une façon pour les gens de communiquer. Cela présente une immense valeur. J'encourage donc également les gens à communiquer avec le Collectif des commissaires autochtones, de découvrir les collections et les musées de Premières Nations, les galeries ayant des magasins et des boutiques ainsi que les artistes travaillant dans l'ensemble du Canada issus de diverses nations et de différentes collectivités. Il y a tellement de belles choses dans notre pays grâce auxquelles nous pouvons communiquer et j'espère que les gens prennent le temps de les explorer, car le Canada est tellement diversifié, tout comme notre artisanat.

Alexandra Bassa : En 2017, environ un quart des autochtones âgés de 15 ans et plus vivant hors réserve ont réalisé des sculptures, des dessins, des bijoux ou d'autres types d'œuvres d'art au cours des 12 derniers mois. Est-ce qu'il reste quelque chose que je n'ai pas mentionné et dont vous aimeriez parler?

Maegen Black : Je pense que j'encouragerais les personnes dans l'ensemble du Canada à considérer l'artisanat comme une manière de retisser des liens avec la communauté, pas seulement dans leur propre maison ou pour leur propre expérience personnelle. Ce sont deux aspects vraiment très sains et bénéfiques, mais lorsque vous émergez du cocon post-pandémique que nous nous sommes créé, tournez-vous vers votre collectivité pour découvrir les pratiques d'artisanat du moment ou les événements de métier d'art qui s'y déroulent. C'est une manière pour nous de ressortir dans la collectivité afin de se soutenir pour le plaisir, pour se sentir productifs, pour se sentir reliés. Il y a tellement d'occasions de regarder des œuvres artisanales, d'acheter de l'artisanat, si vous souhaitez en faire collection, ou de saisir l'occasion d'apprendre quelque chose de nouveau pour vous-même en essayant une nouvelle pratique d'artisanat. Des établissements d'enseignement proposent des programmes. Comme je l'ai déjà mentionné, il y a les conseils des métiers d'art dans l'ensemble du pays, des galeries, des musées, des boutiques locales, des centres d'amitié. Il y a tant d'endroits où vous pouvez entrer en contact avec les métiers d'art. Si vous cherchez à faire quelque chose d'épanouissant, je pense que ce sont d'excellents endroits à explorer.

Alexandra Bassa : Il y a plusieurs façons de s'impliquer dans le monde de l'artisanat. En décembre 2020, on comptait 67 930 entreprises dans le secteur des arts, du divertissement et des loisirs.

Alors, comment est-ce qu'on peut en savoir plus à votre sujet et sur votre travail? Est-ce que vous êtes sur les réseaux sociaux?

Maegen Black : Vous pouvez trouver de plus amples renseignements sur la Fédération canadienne des métiers d'art elle-même et les métiers d'art en général à deux endroits : le site Web canadiancraftsfederation.ca/fr/ qui présente notre organisation et toutes les nombreuses organisations avec lesquelles nous travaillons. Il y a également Citoyens des métiers d'art à citizensofcraft.ca/fr . Vous y trouverez plus de 700 profils d'artistes et d'organisations de métiers d'art dans l'ensemble du pays. Nous explorons dans cet espace la signification des métiers d'art. C'est réellement un centre d'information sur les métiers d'art et nous y proposons également un balado. Bien sûr je veux partager ça avec tout le monde, alors consultez notre site Web en effet. Je suis disponible à Citoyens des métiers d'art et à la Fédération canadienne des métiers d'art et à pratiquement tous les événements de métiers d'art auxquels je peux assister. C'est là que vous trouverez Maegen Black.

Alexandra Bassa : Et, si vous cherchez l'exposition d'art sur les masques que Maegen a mentionnée.

Maegen Black : Pour cette exposition, il suffit de faire une recherche avec le mot « breathe. » dans Facebook, avec un point à la fin; donc breathe. avec un point à la fin. Cela vous dirigera vers un groupe public qui compte environ 2 000 membres et qui présente des centaines de masques que des personnes ont fabriqués.

Alexandra Bassa : Allez voir. C'est vraiment chouette.

Alexandra Bassa : Vous étiez à l'écoute de Hé-coutez bien! Merci à Maegen Black de la Fédération canadienne des métiers d'art et à Andrea Tsang-Jackson de Third Story Workshop pour nous avoir parlé de son artisanat.

Vous pouvez vous abonner à cette émission là où vous obtenez vos balados. Vous pourrez également trouver la version anglophone de notre balado, appelé Eh Sayers. Merci de nous avoir écouté et à la prochaine!

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