Les activités en ligne des baby-boomers et des aînés canadiens
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par Ben Veenhof et Peter Timusk
Introduction
Ce qu’il faut savoir au sujet de la présente étude
Les personnes âgées utilisent Internet le moins, mais sont le groupe d’utilisateurs dont la croissance est la plus rapide
Les activités en ligne révèlent qu’Internet joue un rôle différent dans la vie des personnes âgées
Les personnes âgées sont plus susceptibles que les baby-boomers de jouer à des jeux
Les personnes âgées utilisent Internet pour rester au fait de l’actualité et des événements…
… mais elles participent moins aux groupes communautaires en ligne
Les personnes âgées utilisent le gouvernement en ligne différemment des autres utilisateurs
Internet est une source courante d’information sur la planification de la retraite pour les baby-boomers
Les personnes âgées utilisent Internet pour se renseigner sur la santé, mais elles recherchent des types de renseignements différents
Les personnes âgées n’ont pas encore adopté le commerce électronique
Quelles personnes âgées sont les plus cyberfutées?
Peu de personnes âgées non branchées ont l’intention de commencer à utiliser Internet dans un proche avenir
Sommaire
L’utilisation d’Internet par les Canadiens a transformé la façon dont ils travaillent, magasinent, obtiennent des renseignements, communiquent avec leur famille et leurs amis, et gèrent leur temps. Or, malgré l’omniprésence d’Internet, des études du clivage numérique nous rappellent qu’il existe encore des différences considérables quant à l’accès à Internet et à son utilisation en fonction de critères démographiques et socioéconomiques, l’âge étant un facteur particulièrement important1.
Comprendre l’utilisation d’Internet du point de vue de la cohorte d’âge peut fournir d’autres éléments d’information sur les différences au chapitre de l’utilisation d’Internet. En effet, il est probable que les personnes qui utilisent présentement Internet continueront de le faire et que s’atténueront progressivement les disparités de taux d’utilisation entre les groupes d’âge2. Ce rapprochement est attribuable tant au mouvement des utilisateurs actuels à travers les cohortes d’âge qu’à la nouvelle utilisation d’Internet parmi les personnes âgées d’aujourd’hui3.
Dans le présent article, nous examinons comment les aînés d’aujourd’hui de 65 ans ou plus utilisent Internet, comparativement aux baby-boomers de 45 à 64 ans, qui sont les aînés de demain. Nous décrivons les différences quant aux types d’activités en ligne et à l’intensité de l’utilisation d’Internet (voir les concepts, les définitions et les détails dans l’encadré intitulé « Ce qu’il faut savoir au sujet de la présente étude »).
Les auteurs de la présente étude s’appuient sur deux sources principales, soit l’Enquête canadienne sur l’utilisation d’Internet (ECUI) de 2007 et l’Enquête sociale générale (ESG) de 2007 pour comparer l’utilisation d’Internet parmi les baby-boomers âgés de 45 à 64 ans en 2007 et celle chez les personnes âgées de 65 ans ou plus.
L’échantillon de l’ECUI de 2007 se compose de plus de 26 000 Canadiens âgés de 16 ans ou plus, dont quelque 9 700 personnes de 45 à 64 ans et plus de 5 500 personnes de 65 ans ou plus. Plus de 23 000 personnes ont été échantillonnées dans le cadre de l’ESG de 2007, dont quelque 15 000 personnes de 45 à 64 ans et 8 300 personnes de 65 ans ou plus. Les deux enquêtes visaient les résidents des 10 provinces, à l’exclusion des personnes vivant en établissement.
À partir de l’ECUI, les auteurs analysent les activités en ligne des internautes canadiens (y compris l’utilisation d’Internet pour obtenir des renseignements sur la santé, accéder à des renseignements gouvernementaux et faire du commerce électronique) de même que le temps passé en ligne. L’ECUI porte sur l’utilisation d’Internet à partir de n’importe quel endroit, à des fins personnelles non commerciales. Certaines questions, axées notamment sur certaines activités en ligne, s’adressaient uniquement aux personnes qui ont utilisé Internet à partir de leur domicile (voir ci‑dessous la définition d’« utilisateur d’Internet à domicile »).
Même si l’utilisation d’Internet n’était pas le thème principal de l’ESG 2007, celle‑ci traite de plusieurs aspects de l’utilisation d’Internet chez les Canadiens de 45 ans ou plus qui ne sont pas abordés par l’ECUI de 2007. Dans l’ESG, on a demandé aux répondants s’ils avaient utilisé Internet au cours du dernier mois et au cours des douze derniers mois, sans toutefois distinguer l’utilisation personnelle et l’utilisation reliée au travail. Nous avons analysé les données de l’ESG sur « l’utilisation d’Internet au cours des douze derniers mois » pour dégager les tendances relatives à l’utilisation d’Internet par comparaison avec les cycles précédents de l’ESG, à savoir le cycle 14 (2000) et le cycle 17 (2003) (voir le graphique 1). Ailleurs dans la présente étude, les taux d’utilisation d’Internet proviennent de l’ECUI. Les données provenant de ces deux sources ne sont pas directement comparables, mais complémentaires.
Les deux enquêtes sont fondées sur un plan d’échantillonnage complexe, et des poids bootstrap ont servi à la production d’estimations et à des essais statistiques au moyen du logiciel SAS Bootvar.
Définitions
Baby-boomers, aînés de demain et personnes âgées de demain : Ces termes désignent les personnes qui étaient âgées de 45 à 64 ans en 2007.
Personnes âgées : Ce terme désigne les personnes qui étaient âgées de 65 ans ou plus en 2007.
Utilisateur d’Internet à domicile : Dans l’ECUI de 2007, il s’agit d’une personne qui a utilisé Internet à partir de son domicile au cours des douze mois précédant l’enquête.
Messagerie instantanée : Forme courante de communication par ordinateur où deux personnes ou plus s’échangent du texte pour simuler une conversation. Windows Live Messenger et ICQ sont des exemples de logiciels de messagerie instantanée.
Fournir du contenu en ligne : Dans l’ECUI de 2007, on a également demandé aux utilisateurs s’ils avaient fourni du contenu ou participé à des groupes de discussion en ligne. Les activités de ce genre consistent notamment à tenir un blogue (contribuer à un journal en ligne), à utiliser des babillards électroniques sur Internet ou à partager des photos.
Mesure de l’intensité d’utilisation d’Internet
L’intensité de l’utilisation d’Internet peut se définir de bien des façons. Aux fins du présent article, un utilisateur intensif est une personne qui satisfait à au moins un de deux critères : un utilisateur qui dépasse le nombre moyen d’activités en ligne (« étendue de l’utilisation ») ou un utilisateur qui passe cinq heures ou plus par semaine en ligne à partir de son domicile. Cette définition a été choisie étant donné qu’il se peut que certains utilisateurs s’adonnent seulement à quelques activités (par exemple, le courrier électronique ou la messagerie instantanée), mais le fassent intensivement, en y consacrant des heures à la fois. Par contre, il se peut qu’un utilisateur passe moins de cinq heures par semaine en ligne tout en s’adonnant à un nombre d’activités qui est plus élevé que la moyenne (12 ou plus), ce qui est considéré comme une utilisation intensive aux fins de la présente étude.
Des données ont été recueillies sur 26 activités en ligne dans le cadre de l’ECUI de 20071. Pour 24 activités, les questions s’adressaient uniquement aux utilisateurs d’Internet à domicile, alors que, pour deux activités liées au commerce électronique, les questions ont été posées aux répondants qui ont utilisé Internet à partir de n’importe quel endroit. Aux fins de la présente analyse, seuls les utilisateurs d’Internet à domicile sont inclus.
En 2007, la vaste majorité des baby-boomers ont utilisé Internet, alors qu’une proportion nettement moindre de personnes âgées l’ont fait (graphique 1). Toutefois, depuis 2000, c’est chez les personnes âgées que l’utilisation d’Internet a le plus augmenté : elles ont affiché en 2007 des taux d’utilisation près de quatre fois plus élevés qu’en 20004. À l’inverse, les taux correspondants pour les personnes de 15 à 24 ans avaient déjà atteint un point de quasi-saturation en 2003 (94 %), ce qui laissait peu de marge de manœuvre pour une forte croissance soutenue5.
Graphique 1 Taux d'utilisation d'Internet, selon le groupe d'âge et l'année
Bien que chaque groupe d’âge ait vu ses taux d’utilisation d’Internet croître de façon marquée, les écarts de taux demeuraient importants en 20076. Étant donné que des caractéristiques personnelles comme la situation vis‑à-vis de l’activité et le niveau de scolarité peuvent expliquer en partie les différences de taux d’utilisation d’Internet observées selon le groupe d’âge7, nous avons utilisé un modèle de régression logistique (résultats non montrés) pour déterminer les liens qui existent entre l’utilisation d’Internet et plusieurs facteurs sociodémographiques. Les résultats de cette analyse démontrent que l’âge demeure un important indice de l’utilisation d’Internet, même après que l’effet de facteurs tels que le niveau de scolarité et le revenu du ménage soit neutralisé8.
L’écart entre les baby-boomers et les personnes âgées ne se limite pas aux taux d’utilisation d’Internet. Les personnes âgées se sont adonnées en effet à une variété plus restreinte d’activités en ligne comparativement aux baby-boomers. Les choix d’activités révèlent des préférences différentes, ainsi que le rôle différent qu’Internet joue dans leur vie personnelle.
Le courrier électronique était l’utilisation d’Internet la plus répandue chez les personnes âgées : 9 internautes âgés sur 10 s’en servent à cette fin. Les baby-boomers l'utilisaient aussi dans des proportions semblables (tableau 1).
Pour les Canadiens âgés qui ont une famille élargie nombreuse et dispersée, le courrier électronique peut représenter une façon efficace de garder le contact. Une étude antérieure a révélé que les utilisateurs du courrier électronique âgés de 65 ans ou plus étaient plus susceptibles que tous les autres utilisateurs d’employer le courrier électronique pour communiquer avec les membres de leur famille9. De nombreuses personnes âgées estiment que le courrier électronique a resserré leurs liens familiaux et disent communiquer plus fréquemment avec les membres de leur famille lorsqu’elles ont accès à cet outil10.
D’autres formes de communication personnelle en ligne étaient moins populaires parmi les personnes âgées. Alors que 32 % des baby-boomers ayant accès à Internet à la maison se sont adonnés à la messagerie instantanée en 2007, cette activité n’a récolté qu’un taux de participation de 26 % chez les personnes âgées.
Par ailleurs, de nombreux internautes ont contribué au contenu sur Internet en tenant un blogue, en participant à des forums de discussion et en téléchargeant des photos en ligne. Ces activités étaient considérablement moins répandues chez les baby-boomers et les personnes âgées, qui y affichaient des taux de participation inférieurs à 10 %.
Internet est une source particulièrement populaire de loisirs pour les internautes âgés et encore davantage pour les baby-boomers. En 2007, plus de la moitié des personnes âgées qui ont utilisé Internet à domicile ont dit fureter sur Internet afin de s’amuser ou de se détendre, comparativement à plus des deux tiers des baby-boomers qui ont utilisé Internet à domicile.
Jouer à des jeux sur Internet était la deuxième activité de loisir la plus populaire parmi les personnes âgées qui ont utilisé Internet à domicile en 2007. En fait, les personnes âgées étaient plus susceptibles que les baby-boomers de s’adonner à cette activité (36 % comparativement à 27 %), fort probablement parce qu’elles disposent de plus de temps libre11; l’écart des taux de participation se resserre lorsque nous comparons seulement les baby-boomers et les personnes âgées qui font partie de la population active. Le téléchargement de musique était la troisième activité de loisir en ligne la plus répandue chez les deux groupes d’âge, mais cette activité était beaucoup moins populaire chez les aînés (15 %) que chez les baby-boomers (23 %).
Bien que les données de 2007 montrent que les internautes âgés étaient moins susceptibles que les baby-boomers d’utiliser Internet comme outil de recherche en général, plus de la moitié d’entre eux se sont servi d’Internet pour trouver des renseignements sur les voyages, la santé, les nouvelles, les sports, les conditions routières et météorologiques. La différence la plus marquée, c’est que seulement 27 % des utilisateurs âgés à domicile se sont renseignés en ligne sur des événements communautaires, comparativement à 42 % des baby-boomers.
En 2007, près de la moitié des personnes âgées (48 %) ont appartenu à un groupe, à un organisme, à un réseau ou à une association de leur collectivité au cours des douze mois précédant l’enquête. C’était le cas d’une proportion moins élevée de baby-boomers (40 %) (résultats non montrés).
La participation communautaire est considérée comme un important aspect du vieillissement en santé12, et Internet représente un des moyens d’accéder à du contenu et à des services qui peuvent favoriser la participation sociale des utilisateurs13. Alors que les personnes âgées étaient plus susceptibles d’appartenir à des groupes communautaires, elles étaient proportionnellement moins nombreuses à utiliser Internet à cette fin. Parmi les membres d’un groupe, un pourcentage moins élevé de personnes âgées (10 %) que de baby-boomers (22 %) participaient aux activités de leur groupe par Internet14 (résultats non montrés).
En 2007, les personnes âgées étaient moins susceptibles que ne l’étaient les autres internautes canadiens d’utiliser Internet à domicile pour chercher des renseignements gouvernementaux et communiquer avec les administrations publiques15. De plus, les baby-boomers et les personnes âgées utilisant le gouvernement en ligne avaient des préférences différentes quant aux renseignements et services qu’ils voulaient y obtenir (graphique 2). La proportion de ces utilisateurs qui ont communiqué avec des ministères ou des représentants gouvernementaux en ligne ne différait pas selon le groupe d’âge, mais une proportion nettement supérieure de baby-boomers ont accédé à de l’information sur des programmes ou des services particuliers et ont téléchargé et envoyé des formulaires en ligne. En outre, les baby-boomers étaient plus susceptibles que les personnes âgées de produire un questionnaire du recensement et une déclaration de revenus en ligne.
Graphique 2 Activités des utilisateurs du gouvernement en ligne, selon le groupe d'âge, 2007
Au fur et à mesure que les personnes approchent de la retraite, elles s’intéressent de plus en plus aux programmes de retraite de l’État comme le Régime de pensions du Canada, le Régime de rentes du Québec (RPC/RRQ) et la Sécurité de la vieillesse (SV)16.
Tandis que les administrations publiques mettent de plus en plus de renseignements en ligne, elles disposent toujours d’une myriade de moyens pour diffuser de l’information. Parmi eux, le courrier, Internet, les journaux, la radio, la télévision, les centres de services gouvernementaux et le téléphone.
Lorsqu’on leur a demandé comment ils désiraient recevoir des renseignements gouvernementaux sur la retraite, plus de 7 baby-boomers et personnes âgées sur 10 jamais retraités ont indiqué qu’ils aimeraient les recevoir par la poste (graphique 3).
Pour ce qui est d’Internet, les deux groupes étaient fort différents : 6 baby-boomers jamais retraités sur 10 on dit vouloir obtenir leurs renseignements de cette façon comparé à une faible proportion d’aînés jamais retraités (57 % contre 15 %).
Cette différence donne à penser que l’utilisation d’Internet comme source d’information sur les programmes de retraite de l’État pourrait augmenter chez les personnes âgées à mesure que les baby-boomers entrent dans le troisième âge. Toutefois, même si Internet croît en popularité en tant que mode de prestation de services, il y a lieu de croire qu’il complète, plutôt que remplace, les voies traditionnelles de communication des citoyens avec le gouvernement17.
Plus de la moitié des internautes âgés ont utilisé Internet pour obtenir des renseignements sur la santé, bien qu’ils soient proportionnellement moins nombreux que les baby-boomers à l’avoir fait (52 % comparativement à 60 %) (tableau 1). Selon une étude antérieure, les utilisateurs de renseignements sur la santé tendaient à avoir une plus grande expérience en ligne que les internautes qui n’ont pas cherché de tels renseignements en ligne18. Comme les personnes âgées ont généralement moins d’expérience en ligne comparativement aux baby-boomers19, cela pourrait expliquer en partie l’écart des taux d’utilisation.
Pour les baby-boomers et les aînés qui recherchaient des renseignements en ligne sur la santé, les renseignements sur des maladies spécifiques étaient le genre d’information qu’ils cherchaient le plus souvent (graphique 4). De plus, des proportions semblables d’aînés et de baby-boomers se sont renseignés en ligne sur les médicaments, les thérapies parallèles, le système et la prestation de soins de santé et les chirurgies. Les baby-boomers étaient cependant plus susceptibles que les aînés de se renseigner sur le mode de vie, comme le régime alimentaire, la nutrition, l’exercice, la promotion de la santé (49 % contre 36 %) ou de chercher des renseignements sur l’analyse de symptômes spécifiques (47 % contre 38 %).
Parmi ceux qui ont obtenu des renseignements sur la santé en ligne et qui ont consulté un professionnel de la santé en 2007, 29 % des personnes âgées et 40 % des baby-boomers ont discuté avec ce dernier des renseignements qu’ils ont obtenus en ligne (résultats non montrés).
Le commerce électronique continue de croître au Canada, bien que la valeur des commandes en ligne soit le fait d'un groupe relativement restreint d’utilisateurs20. Le magasinage sur Internet consiste non seulement à faire des achats en ligne, mais également à regarder des produits et des services en ligne pour amasser des renseignements (faire du « lèche-vitrine ») afin de prendre des décisions d’achat, ce qui peut mener à un achat en ligne ou en magasin. Parmi les baby-boomers, à peu près 4 internautes sur 10 (41 %) ont passé des commandes en ligne en 2007, et 56 % ont dit avoir fait du lèche-vitrine en ligne pour des biens et des services. Ces activités étaient beaucoup moins répandues chez les personnes âgées (tableau 2).
Tableau 2 Commerce électronique, selon le groupe d'âge, 2007
Au nombre des achats en ligne les plus populaires figuraient les préparatifs de voyage et le matériel de lecture comme les livres, les revues et les journaux en ligne. Des proportions semblables de personnes âgées et de baby-boomers ont fait l’achat de matériel de lecture (près de 40 %). Toutefois, les personnes âgées étaient beaucoup moins susceptibles de faire des préparatifs de voyage en ligne que les baby-boomers (38 % comparativement à 53 %) (résultats non montrés).
Les baby-boomers qui ont passé des commandes en ligne en ont passé en moyenne 8 au cours de l’année, soit beaucoup plus que les personnes âgées. Parmi les personnes qui ont fait du lèche-vitrine sur Internet, une proportion plus élevée de baby-boomers (60 %) que de personnes âgées (43 %) ont indiqué que cette activité en ligne a mené par la suite à un achat en magasin auprès d’un détaillant.
Le commerce électronique peut être lié aux niveaux d’expérience sur Internet ainsi qu’aux préoccupations en matière de sécurité. Les consommateurs en ligne les plus actifs sont moins susceptibles d’avoir de grandes craintes au sujet de l’utilisation d’une carte de crédit en ligne21. Les personnes âgées tendent à avoir une moins grande expérience en ligne comparativement aux utilisateurs de moins de 65 ans, et tant les personnes âgées que les baby-boomers tendent à exprimer des niveaux élevés de préoccupation quant à la sécurité sur Internet. Par exemple, en 2007, des proportions semblables de baby-boomers et de personnes âgées qui détenaient une carte de crédit (environ 60 %) se sont déclarés très inquiets par rapport à l’utilisation de leur carte de crédit en ligne. La proportion correspondante chez les titulaires de carte de crédit de 16 à 44 ans était bien moins élevée (46 %) (résultats non montrés).
En plus des facteurs déjà mentionnés, les niveaux plus faibles de commerce électronique chez les personnes âgées peuvent également s’expliquer par les régimes de consommation généraux. Comme les personnes âgées achètent généralement moins que ne le font les baby-boomers22, le fait qu’elles dépensent également moins en ligne est à prévoir. Par exemple, en 2007, les ménages âgés ont fait état de dépenses totales moyennes de 42 000 $, soit environ la moitié des dépenses totales effectuées par les ménages de la génération du baby-boom23.
Des proportions semblables de personnes âgées et de baby-boomers qui ont utilisé Internet à domicile pour leur usage personnel l’ont fait pendant cinq heures ou plus au cours d’une semaine typique (environ 40 %). Toutefois, comparativement aux personnes âgées, une proportion plus élevée de baby-boomers ont un emploi et sans doute moins de temps libre. Si, parmi les internautes, nous comparons seulement les baby-boomers et les personnes âgées qui font partie de la population active, des proportions semblables de chaque groupe ont passé cinq heures ou plus en ligne par semaine (38 %). Pour ce qui est de la population inactive, les différences entre les résultats des baby-boomers et ceux des personnes âgées étaient négligeables (résultats non montrés).
Bien que les personnes âgées et les baby-boomers aient passé le même temps à utiliser Internet à domicile, la gamme d’activités qu’ils entreprenaient différait. Sur un total possible de 26 activités en ligne, les personnes âgées se sont adonnées en moyenne à 7,6 activités, comparativement à 10,1 pour les baby-boomers.
Néanmoins, environ la moitié des personnes âgées et des baby-boomers qui ont utilisé Internet à domicile (respectivement 47 % et 53 %) étaient considérés comme des « utilisateurs intensifs » (voir « Ce qu’il faut savoir au sujet de la présente étude »). Des proportions semblables de baby-boomers actifs et inactifs étaient des utilisateurs intensifs (légèrement plus de la moitié). En outre, parmi les personnes âgées, près de la moitié des actifs et la moitié des inactifs étaient des utilisateurs intensifs.
La seule différence importante était entre les inactifs. Par exemple, 52 % des baby-boomers inactifs étaient des utilisateurs intensifs, comparés à 46 % des aînés inactifs (résultats non montrés). Si les inactifs disposent de plus de temps pour utiliser Internet à des fins personnelles, l’intensité de l’utilisation d’Internet peut être liée à leur expérience d’utilisation d’Internet au travail24.
Les utilisateurs intensifs âgés provenaient de ménages dont les niveaux de revenu médians et les niveaux de scolarité étaient semblables à ceux des autres internautes âgés (près de 30 % des membres de chaque groupe détenaient un grade universitaire). Cependant, parmi les internautes âgés, les utilisateurs intensifs et les utilisateurs non intensifs présentaient des différences selon le sexe. Légèrement plus de la moitié des hommes âgés qui ont utilisé Internet à domicile étaient des utilisateurs intensifs, comparativement à une proportion moindre d’internautes âgées (respectivement 53 % et 39 %). Chez les baby-boomers qui ont utilisé Internet à domicile de façon intensive, l’écart entre les hommes (57 %) et les femmes (49 %) était moins grand (résultats non montrés).
Les personnes âgées sont proportionnellement moins nombreuses que les baby-boomers à utiliser Internet. Parmi les personnes âgées qui n’étaient pas branchées en 2007, moins de 5 % ont dit avoir l’intention de commencer à utiliser Internet au cours de la prochaine année. Par contraste, 11 % des baby-boomers non branchés avaient l’intention de le faire.
Les principales raisons données pour ne pas utiliser Internet tant chez les personnes âgées que chez les baby-boomers étaient le manque d’intérêt (environ le tiers des personnes âgées et des baby-boomers non branchés) et l’absence de besoin (1 personne sur 5 dans chaque groupe). Ces proportions pourraient nous porter à croire que la plupart des non-utilisateurs sont satisfaits de leurs moyens actuels d’information, de divertissement et de communication.
Les personnes âgées étaient plus susceptibles de mentionner leur âge comme raison de ne pas avoir l’intention de se brancher (31 % comparativement à 5 % des baby-boomers).
Un certain nombre de personnes âgées et de baby-boomers invoquent comme raisons de ne pas se brancher leur manque de compétence et leur inexpérience en ce qui a trait à Internet ou à l’ordinateur. Parmi les non-utilisateurs, les personnes âgées étaient proportionnellement moins nombreuses que les baby-boomers (16 % comparativement à 20 %) à mentionner le manque de compétence ou de formation comme raison de ne pas utiliser Internet. En outre, un certain nombre de personnes âgées et de baby-boomers non branchés (respectivement 7 % et 10 %) trouvaient qu’Internet ou l’ordinateur était trop difficile à utiliser.
Une question que les sources de données existantes ne permettaient pas d’étudier a trait à la connaissance d’Internet ainsi que des technologies et des applications qui s’y rattachent. Comme pour beaucoup de technologies, ce sont non seulement les compétences actuelles des gens, mais aussi leur expérience passée, leurs compétences perçues et leur aisance en matière de technologie qui peuvent influer sur leurs intentions de commencer à utiliser Internet. La plupart des personnes âgées ne sont pas actives sur le marché du travail et, comparativement aux Canadiens plus jeunes, certaines d’entre elles ne bénéficient pas d’un aussi vaste réseau social de collègues ou d’amis avec qui découvrir différentes utilisations d’Internet ou en discuter1.
En 2007, les personnes âgées étaient beaucoup moins susceptibles d’être branchées que ne l’étaient les baby-boomers, mais l’écart relatif des taux d’utilisation d’Internet entre ces groupes s’est resserré de 2000 à 2007.
La hausse des taux d’utilisation d’Internet parmi les Canadiens âgés continuera sans doute de croître, les aînés d’aujourd’hui continuant d’adopter Internet comme source d’information. En outre, étant donné que 80 % des baby-boomers sont présentement des internautes, ils le demeureront probablement en vieillissant. Ces évolutions, alliées au fait que peu de personnes branchées décident par la suite de cesser d’utiliser Internet, font toutes conclure à une progression des taux d’utilisation d’Internet chez les Canadiens âgés.
Bien qu’on s’attende à ce que les taux d’utilisation d’Internet continuent de s’accroître chez les aînés, on en sait moins sur la façon dont les comportements en ligne évolueront à mesure que les baby-boomers vieilliront. À chaque génération, les besoins et les préférences des gens sont susceptibles de changer avec l’âge25. Dans la présente étude, nous n’avons pas examiné l’évolution du comportement en ligne dans le temps, mais nous avons bel et bien constaté de grandes différences entre les internautes âgés et les baby-boomers branchés du point de vue des types d’activités auxquelles ils s’adonnent en ligne.
Il n’est pas tout à fait clair si les personnes âgées de demain passeront en moyenne plus de temps en ligne que les aînés d’aujourd’hui. Dans l’ensemble, le fait que les baby-boomers d’aujourd’hui s’adonnent généralement à plus d’activités en ligne semble indiquer que, à mesure que les Canadiens passent d’une cohorte d’âge à la suivante, les personnes âgées présenteront des niveaux plus élevés d’expérience de l’utilisation d’Internet et des régimes d’utilisation de plus en plus variés. Toutefois, la mesure dans laquelle ces changements surviendront variera en fonction des besoins changeants des utilisateurs.
Ben Veenhof et Peter Timusk sont des analystes à la Division des enquêtes-entreprises spéciales et de la statistique de la technologie de
Statistique Canada.