Les personnes avec incapacité et l’emploi

Warning Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

par Martin Turcotte

[Communiqué dans Le Quotidien] [Article intégral en PDF]

Passer au texte

Début du texte

Début de l'encadré

Aperçu de l’étude

Cet article fournit des renseignements sur la participation au marché du travail des Canadiens âgés de 25 à 64 ans avec incapacité physique ou mentale, qu’il s’agisse de troubles liés à la vision, l’ouïe, la mobilité, la flexibilité, la dextérité, la douleur, l’apprentissage, le développement, les troubles mentaux/psychologiques ou la mémoire. Les facteurs associés à une plus grande participation en emploi des personnes avec incapacité y sont discutés, de même que les caractéristiques des emplois occupés.

  • En 2011, le taux d’emploi chez les Canadiens âgés de 25 à 64 ans avec une incapacité était de 49 %, comparativement à 79 % parmi les Canadiens sans incapacité.
  • Le taux d’emploi chez les personnes de 25 à 64 ans avec incapacité « légère » était de 68 %, comparativement à 54 % chez celles avec incapacité « modérée », à 42 % chez celles avec incapacité « sévère » et 26 % chez celles avec incapacité « très sévère ».
  • La différence dans les taux d’emploi entre les personnes avec incapacité et celles sans incapacité était moindre parmi les diplômés universitaires. Cette différence n’était pas significative dans le cas des diplômés universitaires avec incapacité légère ou modérée.
  • Environ un diplômé universitaire sur deux, avec ou sans incapacité, occupait un emploi de professionnel. Les diplômés avec une incapacité étaient cependant moins susceptibles d’occuper un emploi de gestion et gagnaient moins que ceux qui n’avaient aucune incapacité, surtout chez les hommes.
  • Parmi les Canadiens avec une incapacité, 12 % ont affirmé s’être fait refuser un emploi en raison de leur état dans les cinq années précédentes. Ce pourcentage atteignait 33 % parmi les 25 à 34 ans avec une incapacité sévère ou très sévère.

Fin de l'encadré

Introduction

Au Canada, des centaines de milliers de personnes sont limitées dans leur vie quotidienne en raison d’une incapacité physique ou mentale, mais participent activement au marché du travail et occupent souvent des emplois qui correspondent à leurs qualifications. En dépit de multiples histoires et expériences positives, les personnes avec incapacité demeurent cependant moins susceptibles d’occuper un emploi que les autres, et ce, autant au CanadaNote 1 qu’ailleurs dans le mondeNote 2.

Il est vrai que certaines personnes ont une incapacité d’une sévérité telle qu’elles sont incapables d’occuper un emploi ou de travailler dans une entreprise. Cependant plusieurs autres, qui souhaiteraient obtenir un emploi rémunéré, sont incapables d’atteindre cet objectif pour des raisons autres que celles reliées à leur condition, comme des milieux de travail physiquement inaccessibles, ou de la discrimination à l’embauche. Ces personnes peuvent donc se retrouver au chômage, ou encore se découragent de trouver un emploi.

Cette situation est problématique autant pour les personnes avec incapacité que pour la société et l’économie en général. En effet, les personnes sans emploi sont privées d’une des principales formes de participation à la société et des bénéfices qui s’y rattachentNote 3. La société, quant à elle, est privée de leurs talents et de leur contribution à l’économie, une situation qui pourrait représenter un coût d’opportunité important dans un contexte de départs massifs à la retraiteNote 4.

En réponse à cette problématique, les divers ordres gouvernementaux ont mis en œuvre de nombreux programmes et politiques d’accès à l’emploi et à l’éducation postsecondaire, entre autres pour faciliter la participation des personnes avec incapacité au marché du travail et faire diminuer les barrières sociales et matérielles rencontrées par ces personnesNote 5.

Dans un premier temps, la présente étude s’intéresse aux facteurs qui sont associés à une plus faible participation en emploi des personnes avec incapacité. Une attention particulière est accordée au degré de sévérité des incapacités et à la scolarité, car celui-ci peut exercer une influence significative sur l’emploi.

Dans un deuxième temps, l’article s’intéresse aux caractéristiques d’emploi des personnes avec incapacité, toujours en comparaison avec les personnes sans incapacité : profession, industrie, heures et semaines travaillées, revenu d’emploi. Une attention particulière est portée aux personnes avec incapacité titulaires d’un diplôme universitaire.

L’article utilise les données de l’Enquête canadienne sur l’incapacité (ECI) de 2012 (voir Sources de données, méthodes et définitions). Étant donné que l’étude s’intéresse aux liens entre le plus haut niveau de scolarité atteint et le fait d’occuper un emploi, la population d’intérêt est celle des 25 à 64 ans, pour qui les études sont habituellement terminées.

Des statistiques supplémentaires sont cependant présentées afin de fournir un éclairage sur les habitudes de travail et scolaires des jeunes de 15 à 24 ans avec une incapacité. Ces statistiques comprennent des renseignements à propos des jeunes avec incapacité qui ne sont ni aux études ni en emploi (voir Les jeunes avec une incapacité et l’emploi).

Un taux d’emploi plus faible pour les personnes avec incapacité

En 2012, un peu plus de 2,1 millions de personnes âgées de 25 à 64 ans, ou 11 % de la population de ce groupe d’âge, ont déclaré être limitées dans leurs activités quotidiennes en raison d’une incapacité mentale ou physique — qu’il s’agisse de troubles liés à la vision, l’ouïe, la mobilité, la flexibilité, la dextérité, la douleur, l’apprentissage, le développement, les troubles mentaux/psychologiques ou la mémoire.Note 6 Puisque l’ECI a été réalisée sur la base d’un échantillon de répondants de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM), il est possible d’étudier la problématique de l’emploi à l’aide des données sur l’emploi qui ont été recueillies par l’ENM, en mai 2011.

Tout d’abord, en 2011, le taux de chômage des personnes de 25 à 64 ans avec incapacité se chiffrait à 11 %, par rapport à 6 % pour les personnes n’ayant déclaré aucune incapacité. Le taux de participation, soit le pourcentage de la population en emploi ou à la recherche d’un emploi était quant à lui de 55 % pour les personnes avec incapacité, comparativement à 84 % pour celles sans incapacité.

Les taux de chômage et de participation, s’ils présentent un intérêt certain, sont peut-être moins efficaces pour illustrer les difficultés des personnes avec incapacité, ces dernières étant plus susceptibles d’être découragées de se trouver du travail. Autrement dit, ce n’est pas parce que les personnes avec incapacité ne font pas partie de Note 7la population active qu’elles ne souhaitent pas travaillerNote 8.

Une mesure plus convenable est probablement celle du taux d’emploi, soit le nombre de personnes qui occupent un emploi exprimé en pourcentage de la population totale. En 2011, il était de 49 % chez les personnes de 25 à 64 ans ayant déclaré une incapacité limitant leur activité, par rapport à 79 % chez celles n’en ayant pas déclaré.

Les personnes avec incapacité sont cependant loin de former un groupe homogène : certaines ont de multiples incapacités qui limitent grandement toutes leurs activités quotidiennes, tandis que d’autres n’ont qu’une seule incapacité ayant un effet moindre sur leurs activités. Un indice de sévérité, élaboré pour l’enquête, permet de réduire de façon importante cette hétérogénéité, en tenant compte du nombre de types d’incapacité, de l’intensité des difficultés et de la fréquence des limitations d’activités.

La situation en emploi variait grandement selon le niveau de sévérité. Spécifiquement, le taux d’emploi chez les personnes 25 à 64 ans avec incapacité « légère » était de 68 %, comparativement à 54 % chez celles avec incapacité « modérée », à 42 % chez celles avec incapacité « sévère », et à 26 % chez celles avec incapacité « très sévère ».

Lorsqu’exprimé sous forme de répartition, parmi les 968 000 Canadiens avec incapacité qui occupaient un emploi, 44 % avaient une incapacité légère, 22 %, une incapacité modérée, 20 %, une incapacité sévère et 14 %, une incapacité très sévère.

Les personnes avec incapacité sont en moyenne plus âgées et moins scolarisées

Les personnes avec une incapacité sont plus âgées que celles sans incapacité. En 2011, plus de 40 % des personnes avec incapacité appartenaient au groupe des 55 à 64 ans, comparativement à 21 % de leurs homologues sans incapacité (tableau 1). Ces différences d’âge peuvent influer sur les taux d’emploi, car ceux-ci diminuent de manière importante après l’âge de 55 ansNote 9.

Tableau 1
Certaines caractéristiques des personnes âgées de 25 à 64 ans avec incapacité sévère ou très sévère, incapacité modérée ou légère ou sans incapacité, 2011
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Certaines caractéristiques des personnes âgées de 25 à 64 ans avec incapacité sévère ou très sévère Personnes sans incapacité, Personne avec incapacité légère ou modérée et Personne avec incapacité sévère ou très sévère, calculées selon répartition en pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Personnes sans incapacité Personne avec incapacité légère ou modérée Personne avec incapacité sévère ou très sévère
répartition en pourcentage
Total 100,0 100,0 100,0
Hommes 50,2 47,5 45,5
Femmes 49,8 52,5 54,5
Groupe d'âge  
25 à 34 ans 26,4 14,2 8,0
35 à 44 ans 25,2 17,9 15,8
45 à 54 ans 27,8 28,0 35,6
55 à 64 ans 20,6 39,9 40,6
Niveau de scolarité  
Inférieur à un diplôme d'études secondaires 11,3 18,9 22,1
Diplôme d'études secondaires 30,8 34,0 35,9
Certificat ou diplôme d'une école de métiers ou d'un collège 31,0 29,6 33,3
Diplôme universitaire 27,0 17,6 8,8

De même, les personnes avec incapacité sont moins scolarisées, ce qui constitue un autre facteur de risque de ne pas occuper un emploi. Par exemple, 9 % des personnes avec incapacité sévère ou très sévère étaient titulaires d’un diplôme universitaire, par rapport à 27 % de celles n’ayant pas d’incapacité. Finalement, les personnes avec incapacité étaient plus souvent des femmes, dont les taux d’emploi sont aussi moins élevés.

Dans quelle mesure ces différences de profil expliquent-elles les différences de taux d’emploi? Pour répondre à cette question, on a ajusté le taux d’emploi pour tenir compte des différences liées à l’âge, au sexe, à la scolarité et à d’autres facteurs (comme la situation dans le ménage, l’autodéclaration de l’ascendance autochtone, et la province de résidence). La prise en compte de tous ces facteurs réduisait quelque peu les différences dans les taux d’emploi entre les personnes avec incapacité, mais ne les éliminait pas complètement (graphique 1).

Graphique 1 Taux d'emploi des personnes avec ou sans incapacité, non ajustés et ajustés, 2011

Description du graphique 1

Par exemple, si les personnes avec incapacité légère avaient eu des caractéristiques semblables à la moyenne pour chacun des facteurs pris en compte dans le modèle, leur taux d’emploi aurait été de 74 %, plutôt que de 68 %. Malgré cela, ce taux était toujours plus bas que celui des personnes sans incapacité, celui-ci étant d’environ 80 %.

Des taux d'emploi semblables entre diplômés universitaires avec incapacité légère et ceux sans incapacité

Une scolarité supérieure est associée à un taux d’emploi plus élevé, à la fois pour les personnes sans incapacité et pour celles avec incapacité, peu importe le degré de sévérité de cette incapacité. Plus particulièrement, les différences entre personnes avec incapacité et celles sans incapacité étaient significativement moindres parmi les personnes qui avaient un niveau de scolarité plus élevé.

En effet, parmi les diplômés universitaires, le taux d’emploi de ceux qui avaient une incapacité modérée (ajusté pour tenir compte des différences d’âge) était de 77 %, comparativement à 78 % parmi ceux avec une incapacité légère, et 83 % parmi ceux qui n’avaient pas d’incapacité (graphique 2). L’écart entre les diplômés universitaires avec incapacité légère ou modérée et ceux n’en ayant pas n’était donc pas significatifNote 10.

Graphique 2 Taux d'emploi ajusté pour l'âge selon le niveau de scolarité et le degré de sévérité de l'incapacité, 2011

Description du graphique 2

À l’inverse, la barrière à l’emploi que peut représenter le fait de ne pas avoir complété ses études secondaires semblait plus importante pour les personnes avec incapacité. Ainsi, chez les personnes qui n’avaient pas complété leurs études secondaires, 33 % de celles avec incapacité modérée étaient en emploi, comparativement à 50 % de celles avec incapacité légère et 65 % des personnes sans incapacité. Enfin, parmi les personnes de ce groupe qui avaient une incapacité sévère ou très sévère, 20 % occupaient un emploi.

Les incapacités plus sévères sont liées à des taux d'emploi moindres

Tel que démontré ci-dessus, plus le degré de sévérité d’une incapacité est élevé, moins le taux d’emploi est élevé. Cette conclusion demeurait valide dans un modèle multivarié regroupant uniquement les personnes avec incapacité, et prenant en compte les autres variables pouvant avoir une influence sur l’emploi, comme le niveau de scolarité, l’âge, ou la province de résidence.

Ainsi, la probabilité d’être en emploi, parmi les personnes avec incapacité légère, était plus de deux fois supérieure à celle des personnes avec incapacité très sévère (probabilités prédites respectives de 66 % et 30 %, tableau 2).

Tableau 2
Emploi et changement de la situation en emploi, personnes avec incapacité âgées de 25 à 64 ans, 2011 et 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Emploi et changement de la situation en emploi Probabilité d'être en emploi en 2011 et Travailleurs en 2011 n'ayant plus d'emploi en 2012, calculées selon probabilités prédites unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Probabilité d'être en emploi en 2011 Travailleurs en 2011 n'ayant plus d'emploi en 2012
probabilités préditesNote 1
Sévérité de l'incapacité  
Légère (réf.) 66,1 8,6
Modérée 54,0Note * 12,3
Sévère 42,8Note * 16,5Note *
Très sévère 29,5Note * 21,8Note *
Personne a une incapacité mentale/psychologiqueNote 2  
Non (réf.) 53,0 11,3
Oui 43,4Note * 14,1
Âge de la personne quand l'incapacité a débuté  
Avant 25 ans (réf.) 48,7 9,9
À 25 ans ou après 48,9 13,1
Sexe  
Hommes (réf.) 52,6 11,3
Femmes 45,5Note * 13,2
Groupe d'âge  
25 à 34 ans (réf.) 54,2 18,0
35 à 44 ans 55,6 11,7
45 à 54 ans 58,6 8,4Note *
55 à 64 ans 37,1Note * 15,9
Niveau de scolarité  
Inférieur à un diplôme d'études secondaires (réf.) 29,4 20,6
Diplôme d'études secondaires 45,4Note * 10,8Note *
Certificat ou diplôme d'une école de métiers ou d'un collège 59,5Note * 12,4Note *
Diplôme universitaire 62,4Note * 10,2Note *
Auto identification autochotone  
Non (réf.) 49,5 12,2
Oui 36,3Note * 12,1
Situation dans le ménage  
En couple (réf.) 52,8 11,8
Parent seul 48,0 16,1
Enfant adulte 33,5Note * 19,0
Hors d'une famille de recensement 43,8Note * 10,9
Province  
Terre-Neuve-et-Labrador 41,4 34,8Note *
Île-du-Prince-Édouard 53,7 16,6Note *
Nouvelle-Écosse 47,7 14,5Note *
Nouveau-Brunswick 42,0 22,5Note *
Québec 41,1 16,2Note *
Ontario (réf.) 46,3 8,6
Manitoba 63,8Note * 14,5Note *
Saskatchewan 62,3Note * 14,6Note *
Alberta 62,5Note * 13,3Note *
Colombie-Britannique 50,7 15,1Note *
Territoires 61,8 12,1

Un autre facteur important était la scolarité. Selon le modèle, la probabilité prédite d’emploi était par exemple de 45 % pour ceux ayant obtenu un diplôme d’études secondaires, comparativement à 62 % pour ceux ayant obtenu un diplôme universitaire.

D’autre part, même en tenant compte de la sévérité et des autres facteurs, les résultats en emploi étaient moins positifs pour ceux dont l’incapacité était de nature mentale ou psychologique (trouble du développement, d’apprentissage, problème de mémoire ou une condition d’ordre émotionnel, psychologique ou de santé mentale). En effet, leur probabilité prédite d’emploi était inférieure de 10 points par rapport à celles qui avaient une incapacité d’une autre nature que mentale ou psychologique (probabilité prédite de 43 % et 53 % respectivement).

Enfin, le fait que l’incapacité ait débuté plus ou moins tôt dans la vie de la personne n’était pas associé à la probabilité d’emploi, une fois les autres facteurs pris en compte (y compris la sévérité)Note 11.

Un autre facteur important d’intégration du marché du travail est la capacité de non seulement avoir un emploi, mais de le conserver par la suite. À cet égard, des données d’emploi ont aussi été recueillies en 2012 pour les personnes avec incapacité. On est donc en mesure d’examiner, parmi les personnes qui avaient un emploi en 2011, lesquelles étaient les plus à risque de ne plus l’avoir en 2012 (soit parce qu’elles l’avaient perdu, soit parce qu’elles l’avaient quitté). Cette probabilité variait aussi en fonction des caractéristiques socio-démographiques.

Selon les résultats d’un deuxième modèle multivarié (basé sur les mêmes facteurs explicatifs), la sévérité demeurait un facteur déterminant. Parmi ceux qui étaient employés en 2011, une personne ayant une incapacité très sévère avait 2,5 fois plus de chances qu’une personne avec incapacité légère de ne plus être en emploi l’année suivante (probabilités respectives de 22 % et 9 %). Par contre, le fait d’avoir une incapacité mentale/psychologique n’était pas associé à un changement dans le statut d’emploi, tout comme l’âge auquel l’incapacité avait débuté.

De même, les personnes avec incapacité qui n’avaient pas obtenu leur diplôme d’études secondaires se montraient plus à risque d’avoir perdu ou quitté leur emploi entre 2011 et 2012 (probabilité prédite de 21 %, près du double de tous les autres groupes de scolarité).

Les personnes avec incapacité plus fortement concentrées dans les professions de la vente

Si les personnes avec incapacité sont moins susceptibles d’être en emploi, on peut se demander si celles qui en occupent un ont un profil d’emploi différent. Étant donné les différences entre les hommes et les femmes à cet égard, il est important d’effectuer les comparaisons séparément. Tous les résultats qui suivent ont été ajustés afin de tenir compte des différences dans la structure d’âge entre les groupes.

Chez les hommes, ceux avec incapacité légère ou modérée étaient à peu près aussi susceptibles que ceux sans incapacité d’occuper une profession des métiers des industries, de la construction et d’opération d’équipement, soit environ 16 % (tableau 3). Aussi, les ouvriers et manœuvres en transport et construction étaient représentés dans des proportions semblables dans chacun des groupes (environ 10 %).

Des différences plus importantes existaient en ce qui concerne d’autres groupes de professions, comme les professions des services personnels et des services d’information de la clientèle. En effet, les hommes avec incapacité sévère ou très sévère en emploi étaient au moins deux fois plus susceptibles d’occuper une de ces professions que leurs homologues sans incapacité (20 % par rapport à 8 %). Ce groupe de professions inclut les nettoyeurs, chefs ou cuisiniers, représentants du service à la clientèle, etc. On constatait aussi une plus grande concentration des hommes avec incapacité sévère ou très sévère dans les professions de la vente (14 %, par rapport à 7 % des hommes sans incapacité).

Tableau 3
Caractéristiques d'emploi des personnes de 25 à 64 ans, selon la présence et la sévérité des incapacités, résultats ajustés pour l'âge, 2011
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Caractéristiques d'emploi des personnes de 25 à 64 ans Hommes, Femmes, Sans incapacité (réf.), Avec incapacité légère ou modérée et Avec incapacité sévère ou très sévère, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Hommes Femmes
Sans incapacité (réf.) Avec incapacité légère ou modérée Avec incapacité sévère ou très sévère Sans incapacité (réf.) Avec incapacité légère ou modérée Avec incapacité sévère ou très sévère
pourcentage
Profession  
Gestion 15,7 11,8table3Note * 10,1Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 10,1 7,4table3Note * 9,9Note E: à utiliser avec prudence
Personnel professionnel 17,4 14table3Note * 11,5Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 23,5 19,3table3Note * 16,3table3Note *
Personnel technique et paraprofessionnel 9,6 10,9 7,5Note E: à utiliser avec prudence 11,5 14,5 10,1
Administration et soutien administratif 6,7 7,6Note E: à utiliser avec prudence 7,1Note E: à utiliser avec prudence 21,5 21,3 22,7
Ventes 6,6 6,6 13,5Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 9,2 9,0 11,3
Services personnels et services d’information de la clientèle 8,3 13,6table3Note * 19,9Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 19,4 24table3Note * 25,7table3Note *
Métiers des industries, de la construction et d'opération d'équipement 15,6 16,0 12,1Note E: à utiliser avec prudence 0,4 Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié
Ouvriers et manoeuvres en transport et construction 11,0 10,1 9,2Note E: à utiliser avec prudence 1,0 Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié
Ressources naturelles, agriculture et production connexe 2,4 1,8Note E: à utiliser avec prudence 2,4Note E: à utiliser avec prudence 0,6 0,6Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié
Fabrication et services d’utilité publique 6,8 7,6Note E: à utiliser avec prudence 6,6Note E: à utiliser avec prudence 2,9 2,1Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié
Industrie  
Secteur des biens  
Agriculture et ressources naturelles 5,0 3,9table3Note * 2,8Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 1,9 1,3Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié
Services publics et construction 11,9 9,9 10Note E: à utiliser avec prudence 1,8 Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié
Fabrication 15,0 13,8 9,6Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 5,4 4,5Note E: à utiliser avec prudence 5,9Note E: à utiliser avec prudence
Secteur des services  
Commerce de gros 5,9 5,5Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié 3,1 3,6Note E: à utiliser avec prudence 1,7Note E: à utiliser avec prudence table3Note *
Commerce de détail 8,9 12,4table3Note * 14,2table3Note * 10,8 11,2 15,4table3Note *
Transport et entreposage 7,2 8,4Note E: à utiliser avec prudence 8,7Note E: à utiliser avec prudence 2,6 3,8Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié
Finance, assurances, immobilier et location 5,8 2,4table3Note * 3,3Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 7,3 5,4table3Note * 6,3Note E: à utiliser avec prudence
Services professionnels, scientifiques et techniques 12,4 13,3 9,7Note E: à utiliser avec prudence 11,2 11,4 8,6Note E: à utiliser avec prudence
Services d'enseignement 5,3 6,2Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié 11,7 12,6 8Note E: à utiliser avec prudence table3Note *
Soins de santé et assistance sociale 4,0 6Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié 21,7 21,6 20,1
Information, culture et loisirs 4,0 3,9Note E: à utiliser avec prudence 5,3Note E: à utiliser avec prudence 4,0 3,9Note E: à utiliser avec prudence 5,7Note E: à utiliser avec prudence
Services d'hébergement et de restauration 3,2 5,2Note E: à utiliser avec prudence 11,8Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 5,3 6Note E: à utiliser avec prudence 10,4Note E: à utiliser avec prudence table3Note *
Autres services 4,1 3,2Note E: à utiliser avec prudence 4Note E: à utiliser avec prudence 5,2 4,4Note E: à utiliser avec prudence 4,4Note E: à utiliser avec prudence
Administrations publiques 7,4 6,0 9,8Note E: à utiliser avec prudence 7,8 7,9 7,8Note E: à utiliser avec prudence
Travail en 2011  
Temps partiel, une partie de l'année 4,0 10,2Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 9,2Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 10,5 13,9table3Note * 16,3table3Note *
Temps partiel toute l'année 2,5 4,5Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 12,5Note E: à utiliser avec prudence table3Note * 9,7 9,5 12,1
Temps plein, une partie de l'année 22,9 24,0 27,5 21,5 22,7 26,0
Temps plein toute l'année 70,6 61,3table3Note * 50,8table3Note * 58,4 53,9 45,7table3Note *
Revenus d'emploi moyenstable3Note 1 ($) 67 599 56 624table3Note * 49 242table3Note * 49 565 45 448table3Note * 42 688table3Note *

Ces différences reflètent en partie une scolarité moins élevée des hommes avec incapacité. Ces derniers, peu importe la sévérité de leur incapacité, se montraient moins portés à occuper des postes de gestion ou de professionnels que les hommes sans incapacité.

En ce qui a trait aux résultats selon l’industrie, les hommes en emploi avec une incapacité sévère ou très sévère étaient plus concentrés dans le commerce au détail (14 %, comparativement à 9 % pour ceux sans incapacité), mais proportionnellement moins représentés dans le commerce de gros, la fabrication et le secteur de la finance, des assurances, de l’immobilier et de la location.

Chez les femmes, on observait aussi une représentation moindre des personnes avec incapacité au sein des postes de gestion et de professionnels, et une plus grande représentation au sein des professions des services personnels et services d’information à la clientèle. Rappelons toutefois que tout comme dans le cas des hommes, les femmes avec incapacité sont moins susceptibles d’avoir obtenu un diplôme universitaire. La distribution des femmes en emploi avec et sans incapacité était plutôt semblable dans le cas des autres catégories professionnelles.

Les femmes en général ne sont pas réparties de la même façon que les hommes au sein des industries, celles-ci étant proportionnellement moins nombreuses que les hommes dans les secteurs des biens comme les services publics et la construction, de même que dans la fabrication. Les femmes avec une incapacité sévère ou très sévère étaient cependant concentrées dans les mêmes industries que leurs vis-à-vis masculins, soit le commerce de détail et les services d’hébergement et de restauration. Par exemple, en 2011, 10 % des femmes avec incapacité sévère ou très sévère en emploi travaillaient dans les services d’hébergement et de restauration, comparativement à 5 % des femmes sans incapacité.

Enfin, des différences sur le plan de l’intensité du travail étaient également visibles entre personnes avec ou sans incapacité. Autant chez les hommes que chez les femmes, les travailleurs avec une incapacité sévère ou très sévère se montraient moins susceptibles d’avoir occupé un emploi toute l’année à temps plein que les autres. Chez les travailleurs masculins avec incapacité sévère ou très sévère, 13 % avaient travaillé toute l’année à temps partiel, comparativement à moins de 5 % de ceux avec incapacité légère et moins de 3 % parmi ceux sans incapacité. Il n’est cependant pas possible de savoir si les personnes avec incapacité sont plus susceptibles de travailler à temps partiel par choix.

Pour ce qui est des revenus d’emploi des personnes ayant travaillé toute l’année à temps plein, les hommes avec incapacité avaient des gains moyens moins élevés que ceux sans incapacité : 49 200 $ pour ceux avec incapacité sévère ou très sévère, 56 600 $ pour ceux avec incapacité légère ou modérée et 67 600 $ pour ceux sans incapacité). Encore une fois, ces écarts sont en partie attribuables à des différences à la fois sur le plan de la scolarité et de la profession occupéeNote 12.

Les diplômés universitaires avec incapacité ont des professions semblables à celles des diplômés universitaires sans incapacité

D’après les résultats ci-dessus, les taux d’emploi des diplômés universitaires avec incapacité légère ou modérée se rapprochaient beaucoup de ceux des diplômés universitaires sans incapacité. Ceux-ci occupent-ils cependant le même type de professions que leurs collègues sans incapacité? Étant donné les plus petites tailles d'échantillon, les diplômés universitaires avec incapacité sévère ou très sévère ne peuvent cependant pas être distingués de ceux avec incapacité légère ou modérée dans l’analyse qui suit. Les résultats présentés ci-après ont cependant été ajustés pour tenir compte des différences dans la structure d’âge.

Il existait plusieurs similitudes entre les diplômés universitaires avec ou sans incapacité (tableau 4). Tout d’abord, la proportion de diplômés universitaires avec incapacité qui occupaient un poste de professionnel, soit une profession qui exige habituellement une formation universitaire, était pratiquement la même que celle des universitaires sans incapacité (environ 49 % chez les hommes et environ 54 % chez les femmes).

Tableau 4
Caractéristiques d'emploi des hommes et des femmes de 25 à 64 ans titulaires d'un diplôme universitaire, selon la présence et la sévérité des incapacités, ajusté pour l'âge, 2011
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Caractéristiques d'emploi des hommes et des femmes de 25 à 64 ans titulaires d'un diplôme universitaire Hommes, Femmes, Sans incapacité (réf.) et Avec incapacité(figurant comme en-tête de colonne).
  Hommes Femmes
Sans incapacité (réf.) Avec incapacité Sans incapacité (réf.) Avec incapacité
pourcentage
Niveau de compétence du poste occupé  
Gestion 19,7 11,6Note E: à utiliser avec prudence table4Note * 11,9 11,2Note E: à utiliser avec prudence
Niveau de compétence A : professions qui exigent habituellement une formation universitaire 48,5 48,5 54,4 54,1
Niveau de compétence B : professions qui exigent habituellement une formation collégiale ou un programme d'apprentissage 19,5 22,1Note E: à utiliser avec prudence 19,4 21,2
Niveau de compétence C : professions qui exigent habituellement une formation secondaire ou une formation spécifique à la profession 10,0 13,3Note E: à utiliser avec prudence 12,0 10,8Note E: à utiliser avec prudence
Niveau de compétence D : professions pour lesquelles une formation en emploi est habituellement donnée 2,4 Note F: trop peu fiable pour être publié 2,3 Note F: trop peu fiable pour être publié
Travail en 2011  
Temps partiel, une partie de l'année 4,5 4,4Note E: à utiliser avec prudence 10,3 13,9Note E: à utiliser avec prudence
Temps partiel toute l'année 2,6 Note F: trop peu fiable pour être publié 8,0 8,8Note E: à utiliser avec prudence
Temps plein, une partie de l'année 22,1 15,6Note E: à utiliser avec prudence table4Note * 21,4 20,5
Temps plein toute l'année 70,7 73,3 60,3 56,8
Revenus d'emploi moyenstable4Note 1 ($) 92 681 69 197table4Note * 68 041 64 503table4Note *

Ce qui distinguait principalement les diplômés universitaires avec incapacité, du point de vue du niveau de compétence de la profession occupée, était la propension moins grande des hommes avec incapacité à occuper des postes de gestionnaires (12 %, comparativement à 20 % des diplômés universitaires masculins sans incapacité). À ce sujet, il n’y avait pas de différence significative chez les femmes.

Les diplômés universitaires avec ou sans incapacité ont également obtenu des résultats assez semblables en ce qui a trait à l’intensité du travail en 2011. Autant chez les hommes que chez les femmes, la majorité des diplômés universitaires ont travaillé à temps plein toute l’année, qu’ils aient une incapacité ou non.

Les différences plus marquées avaient trait aux revenus d’emploi. On remarquait notamment, chez les hommes, une différence plus prononcée du point de vue des revenus d’emploi : 69 200 $ en moyenne pour les diplômés universitaires masculins avec incapacité par rapport à 92 700 $ chez leurs homologues sans incapacité. Parmi les femmes, l’écart en ce qui a trait aux revenus d’emploi était plus faible, mais toujours significatif.

Plusieurs facteurs, dont l’examen dépasse les objectifs de la présente analyse, pourraient expliquer ces écarts. À titre d’exemple, notons les types de professions et les domaines d’études; le nombre d’années d’expérience sur le marché du travail; la productivité; ou les attitudes discriminatoires. À ce sujet, l’ECI a récolté des données sur les perceptions des répondants quant aux attitudes discriminatoires qu’elles ont pu rencontrer. Celles-ci sont examinées dans la section qui suit.

Perceptions de discrimination en emploi

Certains employeurs peuvent, pour toutes sortes de raisons, se montrer hésitants à embaucher des personnes avec incapacité : manque de connaissance par rapport aux enjeux d’incapacité et d’accommodement, peur d’avoir à assumer des coûts élevés, ou des obligations de nature légaleNote 13. Des études ont aussi souligné que de nombreuses personnes avec incapacité percevaient, de la part d’employeurs, des attitudes discriminatoires à leur égard, à l’embauche ou en emploiNote 14.

Une minorité de personnes avec une incapacité ont indiqué qu’elles s’étaient vu refuser, à cause de leur état, un emploi (12 %) au cours des cinq dernières années (tableau 5). Ces perceptions variaient cependant en fonction de l’âge, du sexe et du niveau de sévérité de l’incapacité.

Tableau 5
Perceptions de discrimination en emploi, personnes avec incapacité, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Perceptions de discrimination en emploi Au cours des cinq dernières années, croyez-vous qu'en raison de votre état on vous ait refusé un emploi?, Total, Hommes et Femmes, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Au cours des cinq dernières années, croyez-vous qu'en raison de votre état on vous ait refusé un emploi?
Total Hommes Femmes
pourcentage
Total, situation en emploi 12,0 13,7 10,5
Avec un emploi (réf.) 10,0 10,5 9,6
Sans emploi 16,5table5Note * 21,9table5Note * 12,4
Incapacité légère ou modérée  
25 à 34 ans (réf.) 13,0 19,0 7,8
35 à 44 ans 11,3 11,6 11,1
45 à 54 ans 7,0Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 8,8Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 5,3
55 à 64 ans 4,4Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 4,8Note E: à utiliser avec prudence table5Note * Note F: trop peu fiable pour être publié
Incapacité sévère ou très sévère  
25 à 34 ans (réf.) 32,6 37,1 29,0
35 à 44 ans 23,1 27,3 20,7
45 à 54 ans 16,3table5Note * 16,5Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 16,1Note E: à utiliser avec prudence table5Note *
55 à 64 ans 13,1Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 16,4Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 8,9Note E: à utiliser avec prudence table5Note *
Incapacité sévère ou très sévère, sans emploi  
25 à 34 ans (réf.) 43,6 61,9 33,3Note E: à utiliser avec prudence
35 à 44 ans 24,6Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 30,5Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 21,0Note E: à utiliser avec prudence
45 à 54 ans 15,9Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 22,3Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 12,4Note E: à utiliser avec prudence table5Note *
55 à 64 ans 16,6Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 22,5Note E: à utiliser avec prudence table5Note * 11,0Note E: à utiliser avec prudence table5Note *

Les hommes avec incapacité étaient, de manière générale, légèrement plus portés à percevoir de la discrimination à l’emploi que les femmes (14 % et 11 % respectivement). S’ils étaient sans emploi, l’écart augmentait de façon importante (22 % par rapport à 12 % des femmes dans la même situation).

Les jeunes de 25 à 34 ans avec incapacité étaient aussi plus susceptibles d’avoir perçu de la discrimination, tout comme ceux avec une incapacité sévère ou très sévère. Par exemple, 33 % des personnes de 25 à 34 avec incapacité sévère ou très sévère croyaient qu’on leur avait refusé un emploi en raison de leur état par rapport à 16 % des 45 à 54 ans et 13 % des 55 à 64 ans.

C’est parmi les jeunes hommes de 25 à 34 ans, avec incapacité sévère ou très sévère et sans emploi, que ces proportions atteignaient des sommets : presque les deux tiers d’entre eux (62 %) croyaient qu’on leur avait refusé un emploi, au cours des cinq dernières années, à cause de leur condition. Cette proportion était deux fois supérieure à celle enregistrée chez les femmes qui possédaient les mêmes caractéristiques (33 %). Il est important de rappeler qu’il s’agit de perceptions exprimées par les répondants.

Conclusion

Tout comme les études précédentes réalisées sur le sujet, cette étude confirme avec les données les plus récentes que les personnes avec incapacité sont moins susceptibles d’occuper un emploi. Celle-ci apporte cependant un certain nombre de nouveaux constats qui permettent d’améliorer notre compréhension de la participation au marché du travail des personnes avec incapacité, lesquelles forment un groupe cible pour différentes politiques d’accès et de participation au marché du travail.

Premièrement, les personnes avec incapacité restaient moins susceptibles d’occuper un emploi que les personnes sans incapacité, et ce, même en tenant compte du fait que celles-ci sont généralement plus âgées et proportionnellement moins nombreuses à avoir fait des études universitaires.

Deuxièmement, l’éducation contribue beaucoup à aplanir les différences entre les personnes avec incapacité légère ou modérée et celles sans incapacité. Ainsi, parmi les diplômés universitaires, les personnes avec incapacité légère ou modérée avaient des taux d’emploi semblables à celui des diplômés universitaires sans incapacité.

De plus, bien qu’il existait plusieurs différences entre les personnes avec et sans incapacité du point de vue des caractéristiques d’emploi (profession, industrie, heures), celles-ci étaient moindres chez les diplômés universitaires. Il existait malgré tout des différences du point de vue des revenus d’emploi des diplômés universitaires avec incapacité, en particulier chez les hommes. Enfin, la question de la discrimination en emploi reste présente à l’esprit des personnes avec incapacité puisque 12 % d’entre elles ont affirmé s’être fait refuser un emploi en raison de leur état dans les cinq années précédant l’enquête.

Martin Turcotte est analyste principal à la Division de la statistique sociale et autochtone de Statistique Canada.

Notes


Informations reliées à cet article

Date de modification :