Les nouveautés en matière de comptes économiques canadiens
Les révisions de 1986 à 2022 des Indicateurs nationaux du tourisme

1. Introduction

Au moment de la diffusion des estimations des Indicateurs nationaux du tourisme (INT) du quatrième trimestre de 2022, en mars 2023, les données pour la période du premier trimestre de 1986 au troisième trimestre de 2022 ont été révisées. Les estimations pour l’ensemble de 2022, y compris le quatrième trimestre, ont été révisées de nouveau lors de la publication des estimations des INT du premier trimestre de 2023 en juin 2023. Le présent article traite des répercussions des données nouvelles et révisées du Système canadien des comptes macroéconomiques (SCCM) présentées lors de cette dernière révision des INT.

De 2019 à 2022, les dépenses touristiques en valeurs nominales ont été révisées à la baisse pour toutes les années, sauf pour l’année 2022. Plus précisément, les estimations ont été ajustées à la baisse de 0,2 milliard de dollars en 2019 et en 2020, à la baisse de 0,1 milliard de dollars en 2021 et à la hausse de 0,3 milliard de dollars en 2022.

En ce qui concerne le taux de croissance des dépenses touristiques (en valeurs nominales), les révisions ont été plus importantes en 2019 en raison de l’étalonnage des données en fonction de celles du Compte satellite provincial et territorial du tourisme (CSPTT) de 2019, le taux étant passé de +3,0 % à +4,3 %; alors qu’elles ont été minimales en 2020, le taux étant passé de -49,8 % à -49,9 %, et en 2021, année où le taux est passé de +10,7 % à +10,8 %. La croissance enregistrée en 2022 a été révisée à la hausse pour passer de 60,7 % à 61,1 %. Les taux de croissance observés en 2020, en 2021 et en 2022 affichaient une plus grande volatilité que les taux historiques des années précédentes en raison de la pandémie de COVID-19.

Sur une base trimestrielle, du premier trimestre de 2019 au quatrième trimestre de 2022, la croissance des dépenses touristiques (en valeurs réelles) a été révisée à la hausse pour 11 trimestres, à la baisse pour 4 trimestres, et a été pratiquement inchangée pour 1 trimestre (voir le tableau 1.2).

2. Sources des révisions

Les révisions des INT ont été le résultat de la mise à jour des données repères du CSPTT de 2019 et des indicateurs nouveaux et révisés du SCCM, tandis que les tableaux des ressources et des emplois (TRE) de 2019 y ont indirectement contribué. Ces révisions sont décrites ci-après.

2.1 Compte satellite provincial et territorial du tourisme, 2019

Les INT sont étalonnés selon les totaux pour le Canada compris dans le CSPTT de 2019, qui a été diffusé en février 2023. Les estimations de l’offre et les estimations du produit intérieur brut (PIB) comprises dans le CSPTT ont été calculées à partir des TRE de 2019 et de données d’enquête. Les estimations de la demande sont extraites de l’Enquête nationale sur les voyages (demande intérieure) et de l’Enquête sur les voyages des visiteurs (exportations). Les estimations de la demande pour les résidents des territoires ont été calculées à partir des TRE de 2019. Les estimations de l’emploi sont fondées sur les Comptes canadiens de productivité.

2.2 Changements méthodologiques

La méthode pour calculer les estimations du PIB comprises dans le CSPTT de 2019 pour l’industrie du transport ferroviaire a été mise à jour. Les données sources ont été utilisées de façon à mieux rendre compte des concepts économiques qu’elles devaient représenter au départ. Cela a produit d’autres ratios qui ont servi à extraire le contenu lié au tourisme du PIB total de l’industrie du transport ferroviaire. À la suite de ce changement, les estimations des autres excédents d’exploitation pour l’industrie du transport ferroviaire étaient beaucoup plus faibles que dans les versions passées du CSPTT.

2.3 Révisions du Système canadien des comptes macroéconomiques

Les révisions annuelles courantes des dépenses de consommation finale des ménages, du PIB selon l’industrie et de la balance des paiements pour la période de référence 2019 à 2021, en novembre 2022, ont donné lieu à des mises à jour trimestrielles des estimations des INT pour cette période. Les révisions apportées aux mêmes comptes pour 2022, en mai 2023, ont aussi entraîné des mises à jour trimestrielles des INT.

Par suite de ces révisions, de nouveaux renseignements repères provenant d’autres sources, notamment l’Enquête sur les dépenses des ménages, ainsi que les enquêtes sur les industries du transport, des services de restauration et débits de boissons et de l’hébergement, ont été intégrés indirectement dans les INT. Cela a eu une incidence sur les fluctuations trimestrielles des INT et sur les niveaux annuels pour toutes les années sujettes aux révisions (2019 à 2022).

2.4 Tableaux des ressources et des emplois, 2019

Les données repères des TRE de 2019 publiées en novembre 2022 ont été utilisées pour étalonner les indicateurs dans l’ensemble du SCCM, ce qui a entraîné des révisions de l’offre, de la demande, du PIB et de l’emploi trimestriels des INT, du premier trimestre de 2019 au quatrième trimestre de 2022.

3. Répercussions des révisions sur les Indicateurs nationaux du tourisme, 2019 à 2022

3.1 Révisions des composantes de la demande touristique (valeurs nominales)

Les révisions annuelles des composantes de la demande touristique (en valeurs nominales) ont fluctué. Au cours de la période de quatre ans, les données sur les services de restauration, le transport et les biens et services non touristiques ont généralement été révisées à la baisse, tandis que celles sur l’hébergement et les autres biens et services touristiques (p. ex. loisirs et spectacles, dépenses effectuées avant un voyage et services de voyage) ont généralement été révisées à la hausse (voir le tableau 2).

Les services de restauration (-1,1 milliard de dollars en moyenne) sont ceux qui ont le plus contribué aux révisions à la baisse en 2019, en 2020 et en 2021. Les données sur le transport ont également été révisées à la baisse au cours de chacune de ces trois années (-0,3 milliard de dollars). En revanche, le transport (+0,3 milliard de dollars) est le secteur qui a le plus contribué à la révision à la hausse en 2022.

3.2 Révisions des composantes de la demande touristique (taux de croissance en valeurs réelles)

Le taux de croissance annuel des dépenses touristiques (en valeurs réelles) a été révisé à la hausse de 1,3 % en 2019 et de 0,4 % en 2021, légèrement à la hausse en 2020 et légèrement à la baisse en 2022 (voir le tableau 3).

Les révisions au taux de croissance étaient généralement plus importantes dans les services d’hébergement : elles allaient de -2,2 points de pourcentage en 2022 à +4,2 points de pourcentage en 2019. La croissance des services de restauration a fait l’objet de révisions à la hausse en 2019, en 2020 et en 2021 : les révisions allaient de +1,0 point de pourcentage à +1,4 point de pourcentage, tandis qu’elle a été révisée à la baisse de 0,1 point de pourcentage en 2022.

Dans le reste des secteurs, les révisions apportées à la croissance étaient nuancées et variaient entre -0,8 point de pourcentage et +1,5 point de pourcentage.

3.3 Révisions de l’emploi généré par la demande touristique

L’emploi lié au tourisme a été révisé à la hausse pour toutes les années, sauf en 2022, année pour laquelle il était inchangé (voir le tableau 4). La plus importante révision de l’emploi lié au tourisme a eu lieu en 2021, le nombre d’emplois ayant augmenté de 498 900 à 510 500, principalement sous l’effet des révisions apportées à l’emploi dans les autres industries touristiques (p. ex. les loisirs et spectacles et les services de voyage).

À l’exclusion des changements minimes en 2022, les services de transport ont fait l’objet des révisions à la hausse les plus importantes, et la révision à la hausse la plus marquée a eu lieu en 2019 (+9 800 emplois). Les autres industries touristiques et les services d’hébergement ont aussi fait l’objet de révisions à la hausse chaque année de 2019 à 2021.

En revanche, les services de restauration ont fait l’objet d’une révision à la baisse pour chacune des années, sauf en 2022, et la révision à la baisse la plus prononcée a été effectuée en 2019 (-10 600 emplois).

L’emploi dans les industries non touristiques a été révisé à la baisse chaque année, et les révisions à la baisse les plus importantes ont eu lieu en 2019 et en 2020 (-2 200 emplois les deux années).

La croissance globale en 2022 était inchangée, les révisions à la hausse apportées aux services de restauration ayant été contrebalancées par les révisions à la baisse apportées aux autres industries touristiques et aux industries non touristiques.

3.4 Révisions du produit intérieur brut du tourisme (taux de croissance en valeurs réelles)

Les taux de croissance annuelle du PIB du tourisme ont été révisés à la hausse pour toutes les années, sauf en 2022 (voir le tableau 6). Pour cette année-là, la croissance du PIB du tourisme a été révisée à la baisse de 0,4 point de pourcentage, après avoir fait l’objet de révisions à la hausse de 0,6 point de pourcentage en moyenne au cours des trois années précédentes.

La croissance du PIB des services de transport a été révisée à la baisse de 9,7 points de pourcentage en 2021, principalement sous l’effet d’un changement de méthodologie pour le calcul du PIB dans le transport ferroviaire.

4. Répercussions des révisions sur les Indicateurs nationaux du tourisme, 1986 à 2018

Les estimations des INT de 1986 à 2018 ont été révisées afin de les harmoniser aux nouvelles données repères du CSPTT de 2019. Toutes les composantes de la demande touristique, du PIB et de l’emploi ont été révisées. Cette restructuration ne comprenait l’intégration d’aucune nouvelle source de données. Elle avait pour objet de réduire au minimum toute possibilité de rupture dans les séries chronologiques.

La demande touristique annuelle (en dollars courants) a été abaissée toutes les années, et les révisions à la baisse allaient de 0,4 milliard de dollars (en 1986) à 1,6 milliard de dollars (en 2014). La demande touristique a fait l’objet de révisions à la baisse se situant entre 1,3 % (en 1998) et 2,0 % (en 1986) par rapport aux estimations publiées précédemment. Les taux de croissance de la demande touristique annuelle (en valeurs nominales) se situaient tous en deçà de 0,2 point de pourcentage des taux de croissance publiés précédemment.

L’emploi généré par la demande touristique a généralement été révisé à la hausse, et la révision la plus importante a eu lieu en 2018 (+0,8 %). Les taux de croissance de l’emploi lié au tourisme se situaient tous en deçà de 0,2 point de pourcentage des estimations publiées précédemment, sauf en 2018, année où le taux a été révisé à la hausse de 0,5 point de pourcentage.

Les taux de croissance annuels du PIB du tourisme (en valeurs réelles) se situaient tous en deçà de 0,5 point de pourcentage des estimations publiées précédemment, et tous sauf trois se situaient en deçà de 0,2 point de pourcentage de ces estimations.

5. Politique de révision des Indicateurs nationaux du tourisme

La politique de révision des INT permet d’intégrer périodiquement des données nouvelles et révisées, y compris un étalonnage régulier en fonction du Compte satellite provincial et territorial du tourisme (CSPTT). Les révisions des INT sont le résultat des données nouvelles ou révisées dans les principaux comptes économiques. La politique de révision sert à améliorer la fiabilité et l’exactitude des estimations des séries chronologiques des INT. Elle est inspirée de la politique suivie pour le SCCM, qui régit quatre types de révisions : courantes, annuelles, exhaustives et de changement d’année de base (2012 à l’heure actuelle). Chacune de ces révisions est décrite ci-dessous.

Durant l’année de référence en cours, on peut réviser les estimations établies pour un trimestre donné à n’importe quel trimestre subséquent de la même année. Par exemple, on révise les estimations du premier trimestre lorsque celles se rapportant aux deuxième, troisième et quatrième trimestres de la même année civile sont diffusées. Ces révisions s’appellent des « révisions courantes » et elles permettent d’apporter des améliorations aux estimations par l’intégration des données les plus à jour disponibles (y compris les révisions des données de base résultant de déclarations tardives).

Au moment de la diffusion des INT des premier et quatrième trimestres, on peut réviser toutes les estimations pour un nombre déterminé d’années précédant l’année en cours. Ces révisions annuelles permettent d’intégrer les renseignements les plus à jour provenant, par exemple, des recensements, des enquêtes annuelles, des statistiques fiscales et des comptes publics, qui peuvent devenir disponibles bien après les faits. Le nombre d’années qui peuvent faire l’objet d’une révision reflète la politique de révision du SCCM pour cette année. De plus, lorsqu’un nouvel ensemble de données repères du CSPTT est intégré dans les INT, la période de révision est prolongée rétroactivement à l’année de référence du CSPTT. Ainsi, la fenêtre de révision des INT varie selon la fréquence des mises à jour du CSPTT et des révisions apportées aux indicateurs macroéconomiques courants durant l’année.

Les estimations peuvent faire l’objet de révisions exhaustives périodiques, qui visent principalement à introduire de nouveaux concepts, à mettre en œuvre des méthodes améliorées et à ajouter de nouvelles sources de données. Les révisions exhaustives donnent habituellement lieu à des modifications qui s’appliquent à la série chronologique complète.

On procède normalement à la mise à jour des estimations exprimées en valeurs réelles selon une nouvelle année de référence (2012 à l’heure actuelle), comme dans le cas de la diffusion des INT pour le troisième trimestre de 2018, tous les cinq ans. La mise à jour des séries en prix constants vise à éliminer le biais dans les mesures de la croissance corrigée pour tenir compte de l’inflation, au fur et à mesure que les prix relatifs dans l’économie s’écartent de ceux de l’année de base. La mise à jour des séries en prix constants entraîne uniquement des révisions des indices de prix et des agrégats en prix constants, les agrégats en prix courants n’étant pas touchés. La mise à jour des INT selon l’année de référence 2017 est prévue pour mars 2024.