Rapports sur la santé
Les besoins en appareils d’aide à la mobilité, les modifications au logement et l’aide personnelle chez les Canadiens ayant une incapacité

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par Edward M. Giesbrecht, Emma M. Smith, W. Ben Mortenson et William C. Miller

Date de diffusion : le 16 Août 2017

Les limitations de la mobilité affectent de nombreux Canadiens, mais les différents types de déficiences n’ont pas tous des répercussions comparables sur les activités de la vie quotidienne ou ne contribuent pas dans la même mesure au degré d’incapacité. Dans le cadre d’une enquête nationale, 13,7 % des Canadiens ont déclaré avoir une incapacité, laquelle était définie comme un problème ou un état de santé entraînant des difficultés à accomplir des activités de la vie quotidienne au moins à certaines occasionsNote 1. La mobilité était la troisième incapacité la plus fréquemment déclarée et, dans 96 % des cas, elle était accompagnée d’au moins un autre type d’incapacitéNote 1.

Bizier et coll.Note 1 ont constaté que près de 90 % des Canadiens ayant une mobilité réduite avaient besoin d’aide pour accomplir au moins une activité de la vie quotidienne, et près de 60 % ont déclaré avoir besoin d’aide, mais ne pas en recevoir pour d’autres activitésNote 1. Plus de 8 personnes sur 10 ayant une incapacité avaient recours à un certain type d’aideNote 2.

Les personnes ayant une mobilité réduite ont un éventail d’appareils fonctionnels à leur disposition. Des aides à la marche comme des cannes, des béquilles et des marchettes sont relativement peu coûteuses, très portables et légères. Elles peuvent être utilisées dans des environnements à accessibilité variable. Les appareils d’aide à la mobilité sur roues, comme les fauteuils roulants électriques et non motorisés et les scooters de mobilité ou les triporteurs, soutiennent mieux les personnes aux prises avec des problèmes liés à la force, à l’endurance et à la posture, mais elles sont plus lourdes et peuvent seulement être utilisées dans les zones plus accessibles. En outre, les personnes ayant une mobilité réduite ont souvent besoin que leur environnement soit adapté et nécessitent de l’aide (technologique et humaine). Par exemple, la construction d’une rampe d’accès et l’élargissement de portes d’entrée contribuent à rendre l’environnement plus accessible. L’offre et le financement de ces ressources peuvent être assurés par les régimes d’assurance-maladie public et privé ou peuvent incomber à la personne.

En 2012, environ 288 800 Canadiens vivant dans la collectivité et âgés de 15 ans ou plus étaient des utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues, ce qui représentait environ 1,0 % de la population totale. Environ 197 950 personnes utilisaient un fauteuil roulant non motorisé, 108 550 utilisaient un scooter de mobilité ou un triporteur et 42 360 utilisaient un fauteuil roulant électriqueNote 3.

Les besoins particuliers des utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues sont inconnus et sont probablement différents et plus grands que les besoins de la population générale aux prises avec une incapacité. Une meilleure compréhension des besoins satisfaits et insatisfaits de ce groupe de population pourrait aider à prévoir les besoins en matière d’accessibilité et d’aide pour les personnes utilisant des appareils d’aide à la mobilité sur roues ou faisant la transition vers ces aides. Par ailleurs, cela permettrait de guider l’allocation des ressources et la hiérarchisation des services.

La présente étude vise à examiner les besoins satisfaits et insatisfaits, concernant l’adaptation de l’environnement et l’aide, chez les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues par rapport aux personnes aux prises avec une incapacité, mais qui n’utilisent pas de telles aides. Les estimations sont présentées selon le type d’appareil. L’analyse examine les besoins satisfaits et insatisfaits en matière d’appareils d’aide à la mobilité sur roues (acquis et toujours nécessaires), de modifications au logement (apportées et toujours nécessaires) et d’aide pour les activités de la vie quotidienne (reçue et toujours nécessaire). L’analyse de l’aide personnelle porte sur le nombre et le type d’activités, les fournisseurs d’aide, la fréquence et les dépenses non remboursées.

Méthodes

Source des données

Les données proviennent de l’Enquête canadienne sur l’incapacité (ECI) de 2012, une enquête transversale menée auprès des personnes vivant dans la collectivité et âgées de 15 ans ou plus qui ont déclaré une limitation des activités dans le cadre de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011. Dans le cadre de l’ENM, environ 1 logement canadien sur 3 a été échantillonné. Ensuite, un sous-échantillonnage des logements non répondants a été effectué.

On a communiqué avec un échantillon de répondants à l’ENM ayant déclaré une limitation des activités (n = 45 442) pour les inviter à participer à l’ECI, et le taux de réponse a été de 74,6 % Note 4. Des questions de sélection supplémentaires pour l’ECI, portant sur le type d’incapacité, le degré de difficulté éprouvée (aucune, un peu, beaucoup, incapable) et la fréquence des limitations des activités (jamais, rarement, parfois, souvent, toujours), ont été posées. Les répondants dont la fréquence de la limitation des activités déclarée était au moins « parfois » ou « rarement » et qui éprouvaient au moins « un peu de difficulté » ont été inclus dans l’ECI. L’ECI a été menée au moyen d’interviews téléphoniques assistées par ordinateur et en personne sous forme d’interview utilisant papier et crayon. Les renseignements recueillis comprenaient le type d’incapacité et la sévérité, l’aide reçue et nécessaire et l’utilisation d’appareils fonctionnelsNote 4. Les détails des calculs de pondération sont décrits ailleursNote 4.

Adaptation du domicile et appareils d’aide à la mobilité sur roues

Les répondants se sont fait demander si, à cause de leur état, ils avaient (besoins satisfaits) ou n’avaient pas, mais nécessitaient (besoins insatisfaits) les modifications au logement suivantes (six) : baignoire à porte ou douche au sol; rampe d’accès ou entrée au niveau du sol; portes d’entrée ou couloirs élargis; appareil de levage ou ascenseur; portes automatiques ou faciles à ouvrir; comptoirs de cuisine ou de salle de bain abaissés. Des questions similaires concernant les besoins satisfaits et insatisfaits ont été posées au sujet des fauteuils roulants électriques, des fauteuils roulants non motorisés et des scooters de mobilité ou des triporteurs. Les répondants affirmant ne pas avoir une aide ou un appareil dont ils avaient besoin devaient ensuite répondre à une question de suivi pour savoir pour quelles raisons ils ne l’avaient pas. Les réponses possibles étaient les suivantes : le coût; non couvert par l’assurance; ne veut pas ou n’est pas prêt à remplacer l’aide ou l’appareil; ne sait pas comment et où obtenir l’aide ou l’appareil; l’appareil n’est pas disponible localement; sur une liste d’attente; l’appareil ne peut pas être adapté à la situation; aucune raison.

Aide aux activités de la vie quotidienne

Les répondants se sont fait demander s’ils recevaient de l’aide (besoins satisfaits) et s’ils estimaient avoir besoin d’aide (besoins insatisfaits) pour les neuf activités de la vie quotidienne suivantes : la préparation des repas; les travaux ménagers quotidiens; les gros travaux ménagers; se rendre à des rendez-vous ou faire des achats; les finances personnelles; les soins personnels; les soins médicaux de base à domicile; se déplacer à l’intérieur du domicile; la garde des enfants. En raison de la petite taille de l’échantillon, aucune information sur l’aide pour la garde des enfants n’est publiée.

Les répondants ayant déclaré recevoir de l’aide devaient ensuite préciser qui fournissait cette aide parmi les choix suivants : un membre de la famille habitant dans le même ménage; un membre de la famille n’habitant pas dans le même ménage; un ami ou un voisin; une personne ou un organisme rémunéré par le répondant; une personne ou un organisme non rémunéré par le répondant; autre. À la question de suivi visant à déterminer la fréquence de l’aide reçue, les répondants pouvaient répondre : chaque jour; au moins une fois par semaine; au moins une fois par mois; moins d’une fois par mois.

Les répondants se sont fait demander s’ils avaient engagé des dépenses pour l’aide reçue et pour lesquelles ils n’ont pas obtenu ou n’obtiendront pas de remboursement. Les répondants ayant répondu par l’affirmative devaient ensuite préciser le montant de ces dépenses effectuées au cours des 12 derniers mois. Les réponses possibles étaient les suivantes : moins de 500 $; de 500 $ à moins de 1 000 $; de 1 000 $ à moins de 2 000 $; de 2 000 $ à moins de 5 000 $; de 5 000 $ à moins de 7 500 $; de 7 500 $ à moins de 10 000 $ ou 10 000 $ ou plus. En raison de la petite taille de l’échantillon, trois catégories adjacentes ont été regroupées en une seule; soit de 2 000 $ à moins de 10 000 $.

Analyses

L’ensemble de données complet est composé de personnes ayant déclaré avoir une incapacité (identifiée par une limitation des activités). Les résultats sont présentés pour les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues (par type d’appareil lorsque la taille des cellules était suffisante) et pour les personnes ayant une incapacité, mais n’utilisant pas d’appareils d’aide à la mobilité sur roues (non-utilisateurs). Des valeurs de fréquences arrondies au dixième près, des estimations ponctuelles et des erreurs types ont été calculées en utilisant Stata (version 12), après avoir tenu compte du poids affecté à la personne (représentatif à l’échelle nationale) et utilisé la méthode bootstrap comprenant 1 000 estimations de la variance par répliques et des intervalles de confiance (IC) à 95 %, dans la mesure du possible (correction pour le plan d’échantillonnage).

Résultats

Appareils d’aide à la mobilité sur roues

En 2012, des quelque 3 775 920 personnes ayant une incapacité, 288 800 (8 %) utilisaient des appareils d’aide à la mobilité sur roues (données non présentées dans les tableaux). De plus, 10 % de celles-ci ont déclaré avoir un besoin insatisfait d’un appareil supplémentaire : un fauteuil roulant électrique (5 %), un scooter de mobilité ou un triporteur (4 %) ou un fauteuil roulant non motorisé (1 %).

Pour les non-utilisateurs ayant déclaré avoir besoin d’appareils d’aide à la mobilité sur roues, l’appareil le plus fréquemment mentionné était le scooter de mobilité ou le triporteur (60 %) suivi du fauteuil roulant électrique (21 %) et du fauteuil roulant non motorisé (19 %).

La principale raison pour ne pas avoir l’appareil était le coût (77 %). Les raisons telles que l’absence d’assurance pour couvrir les frais (17 %) et le fait de ne pas savoir comment et où obtenir l’appareil (6 %) étaient moins fréquentes.

Modifications au logement

La modification la plus fréquemment apportée au logement pour les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues était une rampe d’accès ou une entrée au niveau du sol (49 %) (tableau 1). Pour chacune des six modifications (baignoire à porte ou douche au sol; rampe d’accès ou entrée au niveau du sol; portes d’entrée ou couloirs élargis; appareil de levage ou ascenseur; portes automatiques ou faciles à ouvrir; comptoirs de cuisine ou de salle de bain abaissés), les utilisateurs de fauteuils roulants électriques présentaient des taux plus élevés d’achèvement des modifications que les utilisateurs de fauteuils roulants non motorisés et de scooters de mobilité ou de triporteurs.

Les besoins insatisfaits les plus courants en matière de modifications au logement concernaient les aides ou appareils suivants : baignoire à porte ou douche au sol, appareil de levage ou ascenseur; rampe d’accès ou entrée au niveau du sol (tableau 2). La principale raison déclarée pour ne pas avoir apporté ces modifications était le coût (76 %). Les raisons telles que le manque d’assurance pour couvrir les frais (13 %) et le fait de ne pas savoir comment ou où obtenir ces aides (11 %) étaient moins fréquentes.

Aide aux activités de la vie quotidienne

Presque tous les utilisateurs (94 %) d’appareils d’aide à la mobilité sur roues recevaient de l’aide pour au moins une activité de la vie quotidienne. Le nombre moyen d’activités pour lesquelles ils recevaient de l’aide était de 4,37 activités (IC à 95 % : 4,30; 4,44) (tableau 3). Les activités, telles que se rendre à des rendez-vous ou faire des achats, étaient les plus fréquentes (tableau 4). Les utilisateurs de fauteuils roulants non motorisés recevaient de l’aide pour le plus grand nombre moyen d’activités (4,97 activités; IC : 4,87; 5,07), suivis de près des utilisateurs de fauteuils roulants électriques (4,83 activités; IC : 4,66; 5,00). La moyenne pour les utilisateurs de scooters de mobilité ou de triporteurs était beaucoup plus faible (2,68 activités; IC : 2,58; 2,77).

Environ les deux tiers (66 %) des personnes ayant une incapacité et n’utilisant pas d’aide à la mobilité sur roues recevaient de l’aide pour 1,76 activité de la vie quotidienne, en moyenne.

La majorité des utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues qui recevaient de l’aide en recevaient chaque jour; le nombre variait d’environ 50 % pour les personnes ayant des scooters de mobilité ou des triporteurs à plus de 70 % pour les personnes ayant des fauteuils roulants (figure 1). Les deux tiers (65 %) ont déclaré recevoir de l’aide de membres de la famille habitant dans le même ménage et 44 % ont déclaré recevoir de l’aide de membres de la famille habitant à l’extérieur du ménage (tableau 5). Le tiers (35 %) ont déclaré recevoir de l’aide d’organismes ou de personnes qu’ils ne payaient pas et le quart (27 %) ont déclaré payer pour recevoir de l’aide. Pour 14 % des utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues qui payaient pour obtenir de l’aide, par rapport à 2 % des non-utilisateurs payant pour recevoir de l’aide, les dépenses non remboursées au cours des 12 derniers mois précédents s’élevaient à 10 000 $ ou plus par année (figure 2).

Les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues ont déclaré avoir besoin d’aide, mais ne pas en recevoir (besoins insatisfaits), pour 1,85 activité supplémentaire en moyenne (données non présentées dans les tableaux). Les utilisateurs de fauteuils roulants électriques ont déclaré 2,5 activités (IC : 2,28; 2,73); les utilisateurs de fauteuils roulants non motorisés ont déclaré 1,96 activité (IC : 1,88; 2,04) et les utilisateurs de scooters de mobilité ou de triporteurs ont déclaré 1,00 activité (IC : 0,94; 1,06).

Discussion

La présente étude examine les besoins des personnes ayant une incapacité qui utilisent des appareils d’aide à la mobilité sur roues et de celles qui n’en utilisent pas. Les besoins étaient considérables chez toutes les personnes ayant une incapacité, mais les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues ont déclaré des niveaux plus élevés de besoins satisfaits et insatisfaits. Cette situation est préoccupante, étant donné le nombre croissant de personnes qui utilisent des appareils d’aide à la mobilité sur roues, en particulier dans le contexte d’une population vieillissante.

Selon les résultats de l’ECI, la prévalence des besoins insatisfaits est plus élevée chez les personnes qui utilisent déjà un appareil d’aide à la mobilité sur roues. Notamment, bon nombre de ces personnes ont besoin d’un appareil supplémentaire pour leur permettre d’accomplir diverses activités et pour faciliter l’accès à des environnements variés. L’obtention d’un fauteuil roulant non motorisé semble être le moins problématique, probablement en raison des coûts moindres et du fait que ces appareils d’aide peuvent être obtenus grâce à des programmes provinciaux et à des assurances privées. Un fauteuil roulant non motorisé, léger et réglable, peut avoir un effet positif sur l’utilisateur, sur la charge des aidants et sur le degré de participationNote 5, mais en raison des coûts, de nombreuses personnes peuvent seulement se procurer un fauteuil de baseNote 6Note 7. L’étude n’indique pas si le fauteuil roulant motorisé de l’utilisateur, au moment de l’enquête, était optimal ou même satisfaisant.

Les personnes qui disposaient déjà d’un appareil d’aide à la mobilité sur roues avaient tendance à déclarer un besoin insatisfait d’un fauteuil roulant électrique (comme appareil supplémentaire), tandis que les non-utilisateurs ont principalement déclaré avoir besoin d’un scooter de mobilité ou d’un triporteur. Certains utilisateurs de fauteuils roulants non motorisés sont limités dans leur capacité à se déplacer sur de longues distances ou dans des environnements plus difficiles d’accès et peuvent ainsi choisir de ne pas participer à certaines activitésNote 8. Un état de santé ou une incapacité qui se dégrade pourrait laisser entrevoir la nécessité d’obtenir un fauteuil roulant électrique qui pourrait fournir un meilleur soutien postural et favoriser une utilisation autonome tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les scooters de mobilité ou les triporteurs sont souvent recommandés pour une utilisation à l’extérieur et pour les personnes ayant moins d’endurance, mais seulement une mobilité légèrement réduite, et pour lesquelles un certain degré de mobilité est encore possible.

La principale raison pour ne pas se procurer un appareil d’aide à la mobilité sur roues était de nature financière. Le financement provincial varie partout au pays. L’admissibilité à des appareils électriques est généralement plus restreinte et peut exiger que les demandeurs soient des utilisateurs d’appareils d’aide électriques en tout temps. De nombreux secteurs de compétence ne financent pas les scooters de mobilité ou les triporteursNote 9Note 10Note 11.

L’accessibilité au domicile et aux endroits essentiels à l’intérieur de celui-ci est cruciale pour les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur rouesNote 10Note 12. Comme prévu, comparativement aux non-utilisateurs, les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues présentaient un besoin beaucoup plus grand d’apporter des modifications au logement. Une importante étude américaine a révélé que les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues étaient 57 % plus susceptibles de devoir apporter des modifications pour améliorer l’accessibilité à leur domicile que les non-utilisateursNote 13. De même, selon l’ECI, les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues étaient deux fois plus susceptibles d’avoir une rampe d’accès ou une entrée au niveau du sol que les non-utilisateurs et trois fois plus susceptibles d’avoir un appareil de levage ou un ascenseur. Les utilisateurs de fauteuils roulants électriques présentaient le plus haut taux de chaque type de modification, ce qui reflète la difficulté à manœuvrer les appareils dans les espaces serrésNote 11. En revanche, les utilisateurs de scooters de mobilité ou de triporteurs ont généralement une certaine capacité à se lever et à se déplacer de façon autonome et ont tendance à utiliser les appareils d’aide pour se déplacer sur de plus longues distances et à l’extérieurNote 12, ce qui expliquerait les taux moins élevés de modifications apportées au logement.

En dépit d’une prévalence plus élevée des rénovations achevées, les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues ont déclaré deux fois plus de besoins insatisfaits en ce qui concerne les modifications au logement, comparativement à l’ensemble des personnes ayant une incapacité. Quel que soit l’appareil utilisé, les besoins insatisfaits les plus fréquemment déclarés concernaient une baignoire à porte ou une douche au sol, suivi d’un appareil de levage ou d’un ascenseur, les deux nécessitant des dépenses importantesNote 14Note 15. Un appareil de levage ou un ascenseur peut être essentiel pour les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues, en particulier si le domicile a plusieurs paliers. Les coûts initiaux, l’installation et l’entretien continu d’un appareil de levage ou d’un ascenseur ont été soulignés comme des obstacles à l’acquisitionNote 15.

Aucune donnée n’est disponible sur la façon dont les modifications apportées au logement étaient financées. Les programmes fédéraux et provinciaux qui fournissent de l’aide financière et des prêts de rénovation à faible coût aux personnes ayant une incapacité ciblent principalement les personnes à faible revenu et semblent comporter un processus administratif longNote 16Note 17. Bishop Note 13 ont constaté que 85 % des répondants à leur étude finançaient eux-mêmes les rénovations à leur domicile.

Comparativement aux non-utilisateurs, les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues ont déclaré dépendre davantage des autres. Moins de 6 % d’entre eux n’avaient besoin d’aucune aide, ce qui est en deçà des taux estimés de 6 % chez les hommes et de 14 % chez les femmes dans le cadre de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2000-2001Note 18. Ces données donnent à penser que la prévalence du besoin d’aide pour accomplir des activités de la vie quotidienne a augmenté. Les utilisateurs de fauteuils roulants électriques et non motorisés affichaient des taux comparables en ce qui concerne les besoins d’aide. Les utilisateurs de scooters de mobilité ou de triporteurs étaient moins dépendants. L’écart reflète probablement le plus grand degré d’incapacité nécessitant un fauteuil roulant.

Au moins un tiers des utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues avaient besoin d’aide pour tous les types d’activités, outre la mobilité de base à l’intérieur du domicile. De plus, environ 35 % des utilisateurs de fauteuils roulants électriques et non motorisés avaient besoin d’aide pour la mobilité de base. Ce pourcentage semble avoir diminué depuis 2000-2001, alors qu’on estimait que 50 % des utilisateurs avaient besoin d’aide à la mobilitéNote 18. Une explication de cette diminution apparente pourrait être l’accessibilité accrue au domicile, comme en témoigne la prévalence des modifications apportées aux résidences. En outre, les services de réadaptation se concentrent de plus en plus sur l’adaptation du domicile et du milieu communautaire, et des initiatives misant sur le vieillissement chez soiNote 19 et la « visitabilitéNote 20 » contribuent possiblement à améliorer l’accessibilité des logements. Un autre facteur pourrait être la formation sur les habiletés en fauteuil roulantNote 21Note 22 qui, bien qu’elle ne soit pas encore courante, est de plus en plus offerte dans le cadre des soins de réadaptationNote 23. Des analyses futures pourraient examiner si cette formation a un effet sur l’autonomie et le fonctionnement à la maisonNote 8.

Le type d’aide le plus souvent requis par les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues était pour se rendre à des rendez-vous et pour faire des achats. Cela cadre avec les modifications apportées au logement les plus fréquentes, soit une rampe d’accès ou une entrée au niveau du sol. L’aide requise pour se rendre à des rendez-vous ou pour faire des achats comporte aussi probablement une certaine forme de transport, ce qui peut signifier l’adaptation du véhicule ou l’utilisation des services de transport adaptéNote 11 et, en conséquence, engendrer des dépenses supplémentaires (non déclarées dans l’ECI).

Les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues comptaient sur un réseau plus étendu de fournisseurs de soins et y faisait appel plus fréquemment que ne le faisaient les non-utilisateurs. Pour les deux groupes, la source des soins ou de l’aide la plus fréquemment mentionnée était les membres de la famille, ce qui confirme les conclusions précédentes quant aux contraintes imposées à la famille, que ses membres habitent ou non avec la personne ayant une incapacitéNote 24. Toutefois, les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues semblent dépendre davantage de personnes extérieures à la familleNote 25. Par exemple, ils étaient plus enclins à déclarer avoir recours à de l’aide rémunérée et à des personnes et à des organismes non rémunérés que les non-utilisateurs.

Les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues étaient presque deux fois plus susceptibles d’avoir besoin d’aide chaque jour que les non-utilisateurs. Bien que la fréquence d’aide reçue ait été répertoriée collectivement (toutes sources confondues), il est probable que l’aide provenant de membres de la famille était plus fréquente et que la charge globale qui incombe à la famille ait augmenté en conséquenceNote 26Note 27. Dans les études à venir, il serait intéressant d’étudier la fréquence et le nombre d’heures total de soutien des aidants naturels.

Peu importe qui fournissait l’aide, les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues ont engagé des dépenses non remboursées plus élevées que les non-utilisateurs. Les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues ayant payé directement pour obtenir de l’aide étaient huit fois plus susceptibles d’avoir dépensé 10 000 $ ou plus par année. En 2012, le revenu annuel moyen des personnes en âge de travailler à mobilité réduite était de 17 100 $, soit près de la moitié du revenu des particuliers sans incapacitéNote 1. Ainsi, le recours à des soins rémunérés peut entraîner des dépenses non remboursées importantes pour des personnes qui sont déjà financièrement défavorisées.

Limites

Les résultats de la présente étude doivent être examinés dans le contexte de plusieurs limites. Les personnes vivant dans des établissements institutionnels, comme des établissements de soins prolongés ou dans des réserves des Premières Nations étaient exclues de l’ECI. En outre, en raison de la petite taille de l’échantillon, certaines catégories de réponse ont été consolidées et les réponses « ne sait pas » et « non déclaré » ont été retirées. Dans certains cas, en particulier lorsque les analyses ont été stratifiées par type d’appareil, les données ne pouvaient pas être diffusées.

L’échantillon des utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues a été déterminé en ciblant les personnes utilisant un fauteuil roulant électrique, un fauteuil roulant non motorisé ou un scooter de mobilité ou un triporteur. Toutefois, environ 1 personne sur 5 utilisait une combinaison de ces appareils. Par conséquent, lorsque les données étaient présentées par type d’appareil, certaines réponses auraient été comptées plus d’une fois. Bien que cela puisse influer sur l’interprétation des résultats relatifs à l’utilisation d’un appareil donné, le fait de restreindre l’analyse aux utilisateurs d’un seul appareil aurait éliminé un grand nombre de réponses et n’aurait pas permis de tenir compte de la tendance vers l’utilisation de plusieurs appareilsNote 3.

Mot de la fin

Il est bien établi que la fourniture de fauteuils roulants et de scooters de mobilité ou de triporteurs devrait tenir compte des besoins particuliers des personnes, du contexte dans lequel elles évoluent et des activités auxquelles elles doivent participer et souhaitent participerNote 28. En outre, les personnes à mobilité réduite pourraient également avoir besoin (ou souhaiter avoir) de multiples appareils d’aide pour leur permettre d’accomplir diverses activités et faciliter l’accès à divers environnementsNote 12.

Selon les estimations de l’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2012, les personnes ayant une incapacité et utilisant des appareils d’aide à la mobilité sur roues présentaient une prévalence accrue de besoins satisfaits et insatisfaits. Ces utilisateurs ont déclaré avoir un plus grand besoin d’apporter des modifications au logement et d’avoir des appareils supplémentaires. En outre, ils avaient besoin d’aide pour un plus grand nombre d’activités et de façon plus fréquente; ils étaient aussi plus dépendants de personnes en dehors de leur communauté immédiate pour ce soutien. En particulier, le recours à de l’aide rémunérée était plus courant et les dépenses non remboursées étaient plus élevées pour les utilisateurs d’appareils d’aide à la mobilité sur roues que pour les non-utilisateurs.

Remerciements

Emma M. Smith bénéficie d’une bourse des Instituts de recherche en santé du Canada. Les travaux de W. Ben Mortenson ont été financés par une bourse de nouveau chercheur des Instituts de recherche en santé du Canada.

Références
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