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91-520-XWF
Projections démographiques pour le Canada, les provinces et les territoires
2005-2031


Section I : Méthodes et hypothèses

Méthode des composantes

Comme dans le cas des projections démographiques antérieures, la méthode générale de projection utilisée ici est la méthode des composantes, appliquée au niveau des provinces et des territoires.  Cette méthode est basée sur un système de comptabilité démographique et prend pour point de départ la population par âge et sexe d'une année donnée. On applique à cette population des taux de survie, de fécondité, d’immigration et d’émigration pour générer le nombre projeté de décès, de naissances et de migrants que l’on ajoute ou retranche selon le cas pour obtenir la population de l’année suivante 1

Afin de produire simultanément des projections cohérentes et comparables pour le Canada, les provinces et les territoires, les hypothèses sont formulées et appliquées au niveau des provinces et territoires. La somme des populations projetées à cette échelle géographique génère la population projetée à l’échelle du pays. Le modèle permet donc d’établir une projection séparée de chaque composante à l’échelle provinciale et territoriale qui tienne compte des différences régionales.

Population de départ

La population de départ de ces projections est établie à partir des estimations postcensitaires officielles de la population du Canada au 1er juillet 2005 (Le Quotidien, 26 octobre 2005). Ces estimations sont basées sur le Recensement de 2001, rajustées pour tenir compte du sous-dénombrement net. Elles sont disponibles par âge, sexe, provinces et territoires jusqu’au groupe d’âge ouvert de 90 ans et plus. Par contre, les résultats des présentes projections sont disponibles par année d’âge jusqu’à 99 ans. La distribution par année d’âge de la population âgée de 90 ans et plus au Recensement de 2001 a été utilisée pour répartir la population du groupe d’âge ouvert des estimations.

Fécondité

Les hypothèses de fécondité se fondent sur une analyse détaillée des tendances de la descendance finale et de l’indice synthétique de fécondité (ISF) pour le Canada dans son ensemble, puis pour chaque province et chaque territoire considérés séparément. Elles tiennent également compte de l’évolution de la fécondité dans les autres pays industrialisés.

Comme par le passé, trois hypothèses de fécondité sont formulées (faible, moyenne et forte), chacune combinant une hypothèse quant à la répartition des taux selon l’âge et une hypothèse relative à l’évolution de l’indice synthétique de fécondité jusqu’à la fin de la période de projection. Les méthodes utilisées pour déterminer le calendrier et l’intensité de la fécondité sont appliquées de la même manière pour toutes les provinces et territoires, sauf pour le Nunavut.

Justification des hypothèses

À l’instar de la majorité des pays industrialisés, le Canada a connu une chute importante de sa fécondité à partir du début des années 1960. Cette chute était d’autant plus remarquable qu’elle suivait une période où la fécondité fut élevée, le « baby-boom » (1946-1965). Si le nombre d’enfants par femme au Canada, tel que mesuré par l’indice synthétique de fécondité, s'approchait de 4,0 autour de 1960, il est passé sous le seuil de remplacement des générations (2,1 enfants par femme) en 1972 et se maintient sous ce seuil depuis lors. La tendance baissière n’a pratiquement pas connu d’interruption depuis quarante ans 2 même si l’évolution récente témoigne d’une stabilisation de l’indice autour de 1,5 enfant par femme depuis 2000. 

Tableau explicatif 1.1
Indice synthétique de fécondité (1970 à 2002) pour une sélection de pays industrialisés

                         1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2001 2002
États-Unis           2,43           1,77           1,85           1,84           2,08           1,98           2,06           2,03           2,01
France           2,47           1,93           1,95           1,81           1,78           1,71           1,88           1,89           1,88
Australie           2,86           2,15           1,89           1,89           1,90           1,82           1,76           1,73           1,76
Royaume-Uni           2,43           1,81           1,89           1,79           1,83           1,71           1,64           1,63           1,64
Canada           2,34           1,83           1,68           1,61           1,71           1,67           1,51           1,53           1,51
Europe des vingt-cinq           ..           2,02           1,88           1,70           1,64           1,45           1,48           1,46           1,46
Allemagne           2,03           1,48           1,56           1,37           1,45           1,25           1,38           1,35           1,31
Japon           2,13           1,91           1,75           1,76           1,54           1,42           1,36           1,33           ..
Italie           2,43           2,21           1,64           1,42           1,33           1,20           1,24           1,25           1,26
Source : Sardon (2004) et Statistique Canada, Division de la démographie.

L’évolution future de la structure par âge de la population canadienne et, par conséquent, les tendances à venir en matière de vieillissement dépendent surtout de l’évolution de la fécondité. Il devient alors important de se demander quand et à quel niveau cessera cette baisse. A-t-on des raisons de croire qu’elle se terminera bientôt? Est-elle déjà terminée? Il est évidemment impossible de prédire quels seront les comportements futurs des Canadiennes en matière de fécondité. On peut cependant formuler certaines hypothèses qui apparaissent plausibles à la lumière des tendances de certains de ses déterminants.

Plusieurs facteurs généralement reconnus pour exercer une influence sur la fécondité semblent pouvoir contribuer à maintenir sur elle une pression à la baisse au cours des prochaines années : la maternité intervient toujours de plus en plus tardivement, la propension au mariage continue à diminuer en même temps que l’union libre gagne en popularité, la pratique religieuse semble vouloir poursuivre son recul et les femmes sont de plus en plus scolarisées.

De plus, l’indice synthétique de fécondité atteint des niveaux très faibles dans plusieurs autres pays occidentaux (tableau explicatif 1.1 ), montrant par là qu’une fécondité plus faible que celle qui prévaut actuellement au Canada est possible. En 2002 par exemple, cet indice était de 1,32 enfant par femme en Russie, de 1,31 en Allemagne, de 1,26 en Espagne et en Italie (Sardon, 2004). Certaines provinces canadiennes comme Terre-Neuve-et-Labrador et la Colombie-Britannique connaissent également une fécondité inférieure à 1,5 enfant par femme.

À l’inverse, deux facteurs fortement reliés pourraient contribuer à une éventuelle hausse de la fécondité : la proportion grandissante d’immigrants en provenance de régions du monde à forte fécondité et la proportion grandissante de personnes de minorités visibles au Canada, dont la fécondité est supérieure à celle des autres femmes (Bélanger et Gilbert, 2003; Bélanger et Caron Malenfant, 2005). Si la fécondité des immigrantes et des femmes de minorités visibles demeurait supérieure à celle des autres femmes, une poursuite de la hausse du pourcentage de la population appartenant à l’un ou l’autre de ces groupes contribuerait à exercer une pression à la hausse sur la fécondité des Canadiennes.

De plus, plusieurs pays présentent des indices de fécondité plus élevés que celui du Canada. C’est le cas notamment de la France (1,88), de la Nouvelle-Zélande (1,95) et de l’Australie (1,76). Pour plusieurs de ces pays, les niveaux actuels ont été atteints suite au renversement d’une longue tendance à la baisse. Ajoutons qu’aux États-Unis, la fécondité oscille autour de 2,0 enfants par femme depuis plus de dix ans.

Dans la mesure où ces tendances, susceptibles d’exercer sur la fécondité des pressions à la hausse comme à la baisse, se poursuivraient au cours des prochaines années, l’importance relative de chacune d’entre elles pourrait déterminer le cours prochain de la fécondité au Canada. Cela sans compter l’intervention possible d’autres facteurs qui n’ont pas été pris en compte ici. Dans une telle situation, il est justifié d’élaborer plus d’une hypothèse d’évolution future de la fécondité.

Hypothèses d’évolution future de l’intensité de la fécondité et de son calendrier

Les trois hypothèses relatives à l’évolution de l’indice synthétique de fécondité et à la répartition des taux de fécondité selon l’âge d’ici 2031 sont résumées au tableau explicatif 1.2 , puis dans les graphiques 1.1 et 1.2 .

Hypothèse forte : l’hypothèse forte suppose que les taux de fécondité par année d’âge observés en 2002 (dernière année de données disponibles au moment de l’élaboration des hypothèses) s’élèveront linéairement jusqu’à atteindre en 2016 les taux de la dernière génération de femmes pour laquelle l’estimation de la descendance finale peut être faite avec un faible risque d’erreur, soit la génération composée des femmes nées en 1973. L’indice synthétique de fécondité du Canada passerait alors de 1,51 enfant par femme en 2002 à 1,69  enfant par femme en 2016, année où il deviendrait égal à la descendance finale des Canadiennes nées en 1973. Ensuite, les taux de fécondité seraient maintenus constants jusqu’à la fin de la période de projection. Ainsi, au niveau national, le nombre moyen d’enfants par femme obtenu au moyen de l’hypothèse forte serait comparable au plus haut niveau atteint par l’indice synthétique de fécondité depuis la fin des années soixante-dix (1,7 en 1978 et 1979, puis de 1990 à 1992). Pour le Nunavut, l’hypothèse d’une hausse de la fécondité apparaît peu vraisemblable, le niveau de la fécondité y étant déjà très élevé par rapport aux autres provinces et territoires. Pour cela, l’hypothèse forte pour le Nunavut correspond aux taux observés en 2002. Au niveau des provinces et territoires, les indices synthétiques de fécondité varieraient entre 1,46 enfant par femme à Terre-Neuve-et-Labrador et 3,03 enfants par femme au Nunavut.

L’hypothèse forte de fécondité impliquerait une hausse des taux de fécondité pour pratiquement tous les groupes d’âge, hausse qui serait toutefois plus marquée chez les femmes âgées de moins de 27 ans. Il en résulterait un rajeunissement du calendrier de la fécondité qui mènerait à un âge moyen à la maternité estimé à 28,7 ans pour le Canada dans son ensemble.

Graphique 1.1
Indice synthétique de fécondité observé (1971 à 2002) et projeté (2003 à 2031) selon trois hypothèses, Canada

Graphique 1.1 Indice synthétique de fécondité observé (1971 à 2002) et projeté (2003 à 2031) selon trois hypothèses, Canada
Source : Statistique Canada, Division de la démographie.

Graphique 1.2
Taux de fécondité par âge en 2016 selon trois hypothèses, Canada

Graphique 1.2 Taux de fécondité par âge en 2016 selon trois hypothèses, Canada
Source : Statistique Canada, Division de la démographie.

Hypothèse moyenne : depuis une dizaine d’années, la fécondité évolue lentement au pays. Comme lors des exercices de projections précédents, les indices synthétiques de fécondité de l’hypothèse moyenne sont fixés au niveau où ils se trouvaient l’année des plus récentes données de l’état civil disponibles au moment de l’élaboration des hypothèses (2002) et sont maintenus à ce niveau tout au long de la période de projection. Pour le Nunavut, l’hypothèse moyenne a également été redéfinie et obtenue en calculant la moyenne entre l’hypothèse forte et l’hypothèse faible. Selon cette hypothèse, l’indice synthétique de fécondité du Nunavut serait de 2,73 enfants par femme en 2016. Il demeurerait ainsi le territoire qui présenterait la fécondité la plus élevée. Terre-Neuve-et-Labrador, avec un indice synthétique de 1,31 enfant par femme, continuerait à présenter la plus faible fécondité au Canada. Pour l’ensemble du pays, le nombre d’enfants par femme serait d’environ 1,51 selon cette hypothèse, soit sensiblement le même niveau que celui qui avait été fixé lors des précédentes projections.

L’hypothèse moyenne, conformément à ce qui a été supposé pour l’indice synthétique de fécondité, propose de maintenir telle quelle la répartition des taux de fécondité selon l’âge dans chacune des unités géographiques. Conséquemment, l’âge moyen à la maternité demeurerait constant à 29,2 ans.

Hypothèse faible : considérant qu'au cours de la dernière décennie la fécondité a été à la baisse dans toutes les provinces et territoires, les indices synthétiques de fécondité, selon cette hypothèse, résultent de la projection au niveau provincial/territorial des tendances récentes (1993-2002 3) des taux de fécondité par année d’âge jusqu’en 2016. Par la suite, les taux de fécondité sont maintenus constants jusqu’à la fin de la période de projection. La projection linéaire de taux à la baisse menant à plus ou moins longue échéance, selon le cas, à des valeurs inférieures à zéro, il a été décidé de projeter chacun des taux par année d’âge à l’aide d’équations asymptotiques. Il en résulte une stabilisation graduelle de la structure par âge des taux de fécondité puisque le rythme de décroissance des taux à la baisse et de croissance des taux à la hausse ralentit graduellement de manière à ce que chacun des taux tende vers une limite théorique sans toutefois jamais l’atteindre (la limite inférieure étant fixée à zéro). Par ailleurs, le rythme de décroissance de la fécondité a été doublé de manière à ce qu’un ISF de 1,30, soit le même niveau de fécondité que celui de l’hypothèse faible du dernier exercice de projections, soit atteint en 2016 au niveau national. Au niveau des provinces et des territoires, l’indice synthétique de fécondité varierait entre 1,10 enfant par femme en Colombie-Britannique et 2,43 au Nunavut. 

Les taux de fécondité suivant une tendance à la baisse chez les plus jeunes femmes et une tendance à la hausse chez les plus âgées, l’application de cette méthode génère un calendrier de la fécondité plus âgé qu’en 2002. Au cours de la période de projection, la courbe des taux selon l’âge verrait sa forme prendre l’apparence d’une courbe de plus en plus asymétrique vers la droite (graphique 1.2 ). À terme, l’âge moyen à la maternité serait d’environ 31,1 ans dans l’ensemble du Canada.

Le tableau explicatif 1.2 présente en détail les indices synthétiques de fécondité atteints en 2016 et maintenus constants par la suite pour les provinces et les territoires.

Tableau explicatif 1.2
Indice synthétique de fécondité en 2016 selon trois hypothèses, Canada, provinces et territoires

                                                        Hypothèse
Faible Moyenne Forte
Canada                      1,30                      1,51                      1,69
Terre-Neuve-et-Labrador                     1,19 1                     1,31                     1,46 2
Île-du-Prince-Édouard                     1,19                     1,49                     1,72
Nouvelle-Écosse                     1,22                     1,37                     1,59
Nouveau-Brunswick                     1,26                     1,39                     1,56
Québec                     1,22                     1,47                     1,62
Ontario                     1,28                     1,48                     1,65
Manitoba                     1,58                     1,80                     1,95
Saskatchewan                     1,70                     1,83                     2,03
Alberta                     1,55                     1,69                     1,89
Colombie-Britannique                     1,10                     1,38                     1,60
Yukon                     1,25                     1,58                     1,71
Territoires du Nord-Ouest                     1,38                     1,89                     2,25 2
Nunavut                     2,43                     2,73                     3,03 2
1. Contrairement à ce qui a été fait pour les autres provinces, la tendance projetée ne repose pas sur la période de référence 1993 à 2002 mais 1991 à 2000 et ce, afin d'obtenir une tendance à la baisse.
2. Les taux à 15, 16 et 17 ans des femmes de cette génération n'étant pas disponibles, ils ont été remplacés par les taux observés à ces âges en 1991.
Source : Statistique Canada, Division de la démographie.

Tableau explicatif 1.3
Espérance de vie à la naissance (1970 à 2002) pour une sélection de pays industrialisés

                            1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2001 2002
Hommes                         
Japon         69,3         71,7         73,4         74,8         75,9         76,4         77,7         78,1        78,3
Australie         ..         ..         71,0         72,4         73,9         75,0         76,6         77,0         77,4
Canada         69,3         70,1         71,7         73,1         74,3         75,2         76,6         77,0         77,2
Italie         68,7         69,5         70,6         72,3         73,6         74,8         76,6         76,7         76,8
Royaume-Uni         ..         ..         70,8         71,7         72,9         74,0         75,5         75,7        75,9
Allemagne         67,5         68,2         69,6         71,1         72,0         73,2         75,0         75,5        75,6
France         68,4         69,0         70,2         71,3         72,8         73,9         75,3         75,5         75,8
Europe des Vingt-cinq         ..         ..         ..         ..         ..         72,7         74,4         74,7         74,8
États-Unis         67,1         68,8         70,0         71,1         71,8         72,5         74,1         74,4         74,5
                                                                                  
Femmes                         
Japon         74,7         76,9         78,8         80,5         81,9         82,9         84,6         84,9         85,2
Australie         ..         ..         78,1         78,8         80,1         80,8         82,0         82,4         82,6
Canada         76,3         77,3         78,9         79,9         80,7         81,1         81,9         82,0         82,2
Italie         74,4         75,7         77,2         78,6         80,1         81,3         82,5         82,9         82,9
Royaume-Uni         ..         ..         76,9         77,6         78,5         79,2         80,2         80,4         80,5
Allemagne         73,5         74,4         76,1         77,4         78,4         79,7         81,0         81,3        81,3
France         75,8         76,8         78,3         79,3         80,9         81,8         82,7         82,9         83,0
Europe des Vingt-cinq         ..         ..         ..         ..         ..         79,6         80,8         81,0         81,1
États-Unis         74,7         76,6         77,4         78,2         78,8         78,9         79,5         79,8        79,9
Source : Différents organismes statistiques nationaux, Sardon (2004) et Statistique Canada, Division de la démographie.

Mortalité

Les Canadiens et Canadiennes jouissent d’une des espérances de vie à la naissance les plus élevées au monde (tableau explicatif 1.3 ). En 2002, les Canadiens n’étaient devancés à ce chapitre que par les Islandais, les Japonais, les Suédois et les Suisses ; les Canadiennes par les Japonaises, les Françaises, les Islandaises, les Espagnoles et les Suissesses.

Justification des hypothèses

La mortalité est à la fois simple et compliquée à projeter. Simple parce que les tendances observées depuis un siècle sont claires, l’espérance de vie à la naissance ayant presque toujours augmenté d’une année à l’autre même si le rythme de croissance a varié. Compliquée parce que nul ne connaît les limites de la longévité humaine et nul ne peut prévoir les progrès à venir qui pourraient influencer celle-ci. La littérature scientifique est d’ailleurs divisée en ce qui concerne les gains futurs en espérance de vie. Certains, qui prévoient que l’espérance de vie à la naissance continuera de croître à un rythme soutenu dans les prochaines décennies, ne fixent aucune limite à cette croissance à court terme (Oeppen et Vaupel, 2003). D’autres s’appuient sur le ralentissement des gains annuels moyens pour affirmer qu’on s’approche des limites de l’espérance de vie d’une population et que celle-ci ne croîtra plus beaucoup (Olshansky et al., 2001). Enfin, des chercheurs ont récemment avancé qu’une diminution de l’espérance de vie à la naissance n’est pas à exclure en raison de la prévalence grandissante de certains problèmes de santé comme l’obésité (Olshansky et al., 2005). Pour ces raisons, trois hypothèses d’évolution de la mortalité ont été élaborées.

Méthode de projection de la mortalité

Depuis 1992, la méthode utilisée fait appel au modèle proposé par Lee et Carter (1992), souvent utilisé à travers le monde pour projeter la mortalité étant donné sa relative simplicité. Ce modèle consiste à paramétriser l’évolution passée des taux de mortalité par âge pour ensuite projeter à l’aide d’un modèle statistique la série chronologique d’un de ces paramètres. Dans les deux derniers exercices, Statistique Canada a projeté l’espérance de vie nationale à l’aide de cette méthode, puis a dérivé de celle-ci les espérances de vie provinciales et territoriales en appliquant des rapports calculés en divisant l’espérance de vie de chaque province et territoire par l’espérance de vie nationale observée au cours des années récentes. On faisait donc l’hypothèse que les écarts observés entre les provinces et les territoires se maintiendraient durant toute la période de projection. Le recours aux rapports était nécessaire car l’application de la méthode Lee-Carter à chacune des provinces entraînait une divergence dans le futur des espérances de vie provinciales et territoriales par rapport à la moyenne nationale, divergence jugée moins probable puisqu’elle n’est plus observée au Canada depuis plus de 30 ans.

Pour cette série de projection, une nouvelle méthode de projection de la mortalité a été utilisée. Cette méthode, élaborée par Li et  Lee (2005), permet de projeter l’évolution de l’espérance de vie de chaque province sans provoquer de divergence par rapport à la moyenne nationale. Elle permet donc de s’affranchir des rapports provinces/Canada et d’utiliser toutes les données disponibles (taux de mortalité par provinces et territoires) afin de projeter l’évolution future de la mortalité.

Comme pour les projections démographiques précédentes, la mortalité du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut a été projetée en utilisant la méthode des rapports, les variations aléatoires parfois importantes – en raison de leurs populations peu nombreuses – limitant l’usage de la méthode utilisée pour les provinces. On a regroupé le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest qui présentent un profil de mortalité similaire. La mortalité du Nunavut a été modélisée séparément, l’espérance de vie de ce territoire étant plus faible que dans les deux autres.

Les hypothèses fortes et faibles reposent sur les intervalles de confiance à 95 % du modèle ARIMA utilisé pour projeter le paramètre de l’évolution de la mortalité pour chacune des provinces.

Hypothèses de mortalité

Le tableau explicatif 1.4   présente les espérances de vie à la naissance pour le Canada, les provinces et les territoires observées en 2002 (dernière année disponible au moment de l’élaboration des hypothèses) et projetées en 2031, selon le sexe pour les trois hypothèses. Le graphique 1.3 montre l’évolution annuelle de l’espérance de vie des Canadiennes et des Canadiens de 1971 à 2031.

Tableau explicatif 1.4
Espérance de vie à la naissance en 2002 et en 2031 selon trois hypothèses, Canada, provinces et territoires

                              Hommes Femmes
2002  2031  2002  2031
Faible Moyenne Forte Faible Moyenne Forte
Canada       77,2        81,1       81,9       82,6        82,2       85,3       86,0        86,6
Terre-Neuve-et-Labrador       75,6       79,3       80,1       80,8       80,9       84,4       85,1       85,8
Île-du-Prince-Édouard       75,6       79,8       80,7       81,5       81,3       84,9       85,6       86,2
Nouvelle-Écosse       76,4       80,3       81,1       81,9       81,5       84,6       85,3       85,9
Nouveau-Brunswick       76,4       80,5       81,3       82,1       82,0       85,2       85,8       86,5
Québec       76,6       80,5       81,3       82,0       82,1       85,2       85,8       86,4
Ontario       77,7       81,4       82,2       82,9       82,2       85,3       85,9       86,5
Manitoba       76,0       80,3       81,1       81,9       81,2       84,6       85,3       86,0
Saskatchewan       76,3       80,4       81,3       82,4       82,1       85,2       85,9       86,7
Alberta       77,3       81,3       82,2       83,3       82,1       85,4       86,1       87,0
Colombie-Britannique       78,2       81,9       82,8       83,7       82,9       86,1       86,7       87,5
Yukon       73,9       78,6       79,4       80,1       80,3       82,8       83,4       84,0
Territoires du Nord-Ouest       73,2       78,6       79,4       80,1       79,6       82,8       83,4       84,0
Nunavut       67,2       70,5       71,2       71,9       69,6       74,2       74,8       75,3
Source : Statistique Canada, Division de la démographie.

Graphique 1.3
Espérance de vie à la naissance observée (1971 à 2002) et projetée (2003 à 2031) selon trois hypothèses, Canada

Graphique 1.3 Espérance de vie à la naissance observée (1971 à 2002) et projetée (2003 à 2031) selon trois hypothèses, Canada
Source : Statistique Canada, Division de la démographie.

Selon l’hypothèse moyenne, l’espérance de vie à la naissance des Canadiens atteindrait 81,9 ans et celle des Canadiennes 86,0 ans en 2031. Il s’agit d’un gain de 4,7 ans chez les hommes et de 3,8 ans chez les femmes au cours de la période, soit un gain annuel moyen d’environ 0,14 an et 0,12 an chez les hommes et les femmes, respectivement. Cette hypothèse est légèrement plus optimiste que celle des précédentes projections démographiques qui supposait des niveaux de 80,0 et 84,0 ans en 2026 chez les hommes et les femmes respectivement. Tout comme en 2002, Terre-Neuve-et-Labrador serait la province avec la plus faible espérance de vie en 2031 alors que la Colombie-Britannique présenterait la plus élevée. L’écart entre la province jouissant de l’espérance de vie la plus élevée et celle ayant la plus faible resterait stable à environ 2,7 ans chez les hommes et passerait de 2,0 à 1,6 ans chez les femmes.

Selon l’hypothèse moyenne, l’espérance de vie à la naissance des Canadiens atteindrait 85,0 ans et celle des Canadiennes 88,6 ans en 2056.

L’hypothèse faible situerait l’espérance de vie à la naissance des Canadiens à 81,1 ans et celle des Canadiennes à 85,3 ans en 2031. Les gains seraient donc plus modérés, l’espérance de vie ne croissant que de 3,9 ans chez les hommes et de 3,1 ans chez les femmes au cours des trois prochaines décennies. L’hypothèse forte situerait l’espérance de vie à la naissance des Canadiens à 82,6 ans et des Canadiennes à 86,6 ans en 2031. Selon cette hypothèse, l’espérance de vie croîtrait de 5,4 ans chez les hommes et de 4,4 ans chez les femmes au cours de la même période.

Tous les scénarios élaborés supposent une réduction de l’écart – à l’avantage des femmes - entre l’espérance de vie des hommes et des femmes, prolongeant la tendance observée au Canada depuis 1979. Par exemple, selon l’hypothèse moyenne cet écart passerait de 5,0 ans en 2002 à 4,1 ans en 2031 pour le Canada.

Le tableau explicatif 1.5 présente quelques comparaisons internationales avec les projections réalisées par d’autres organismes statistiques de pays développés ayant aujourd’hui une espérance de vie à la naissance semblable à celle du Canada ainsi que de quelques provinces canadiennes. Il permet de comparer l’hypothèse moyenne à celle formulée par ces pays et provinces pour leurs projections respectives. On remarque que l’hypothèse moyenne s’avère cohérente avec celles de ces pays, les écarts positifs ou négatifs étant grosso modo maintenus au cours de la période de projection. Par exemple, les Françaises jouiraient d’une espérance de vie à la naissance de 88,3 ans en 2030 comparativement à 86,0 ans pour les Canadiennes ; en 2002, leur espérance de vie était respectivement de 82,9 ans et 82,2 ans. À l’inverse, les Américaines auraient toujours, en 2025, une espérance de vie à la naissance inférieure à celle des Canadiennes (83,6 ans contre 85,4 ans respectivement), maintenant les écarts observés en 2002.

Immigration internationale

L’immigration internationale prend une importance grandissante dans la croissance démographique canadienne. Au Canada, comme dans de nombreux pays européens, la fécondité se situe depuis plus de trois décennies à des niveaux n’assurant plus le remplacement de la population. Le maintien d’une croissance démographique ne peut donc se réaliser sans une immigration relativement soutenue.

Justification des hypothèses

L’immigration pourrait être de plus en plus sollicitée pour atténuer certaines conséquences du vieillissement par ailleurs inéluctable de la population canadienne. En 2011, les premières cohortes du baby-boom atteindront 65 ans et la croissance de la population en âge de travailler devrait ralentir et pourrait possiblement devenir négative au cours de la décennie suivante sans une immigration soutenue. En même temps, le nombre et la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus augmenteront à un rythme accéléré,  exerçant ainsi des pressions accrues sur les systèmes publics de pension et de santé. Le Canada fait partie des pays où le baby-boom a été le plus prononcé, ce qui entraîne aujourd’hui un vieillissement rapide de sa population en âge de travailler et augmentera fortement le nombre et la proportion de personnes se retirant du marché du travail après 2010. Une productivité plus élevée, un allongement de la vie active ou une augmentation des taux d’activité pourraient aussi amenuiser certains des effets économiques du vieillissement et de la stagnation anticipés de la population active.

Selon certains auteurs, l’immigration internationale est l’une des composantes les plus difficiles à projeter (O’Neill et al, 2001; Lutz et al. 2004; Howe et Jackson, 2005), notamment à cause de l’absence d’une théorie convaincante et généralisée, de l’importance que prennent les politiques nationales en la matière et des considérations particulières de chaque pays. Bien que l’immigration se situe à des niveaux relativement élevés et qu’elle demeure stable depuis une quinzaine d’années au Canada, l’évolution passée des contingents annuels d’immigrants montre qu’un renversement de tendance en ce domaine peut être tout aussi subit que considérable. En 1985, le Canada accueillait 84 000 immigrants et sept ans plus tard, en 1992, 255 000 personnes étaient reçues au pays. Il apparaît donc nécessaire de proposer plus d’une hypothèse d’évolution future pour cette composante. Comme dans le passé, cet exercice de projections démographiques en propose trois, en utilisant les données de Citoyenneté et Immigration Canada (CIC).

Tableau explicatif 1.5
Espérance de vie projetée par divers organismes statistiques nationaux et provinciaux, autour de 2030

                                                        Hommes Femmes Différence
Canada (2031) 81,9 86,0 4,1
Ontario (2031) 82,6 85,0 2,4
Québec (2031) 81,8 86,4 4,6
Colombie-Britannique(2031) 79,8 84,4 4,6
Manitoba (2031) 77,4 82,2 4,6
États-Unis (2025) 77,6 83,6 6,0
France (2030) 81,0 88,3 7,3
Japon (2030) 80,1 88,0 7,9
Royaume-Uni (2030) 79,7 83,9 4,2
Source : Différents organismes statistiques nationaux et provinciaux.

Graphique 1.4
Taux d'immigration observé (1951 à 2004) et projeté (2005 à 2031) selon trois hypothèses, Canada

Graphique 1.4 Taux d'immigration observé (1951 à 2004) et projeté (2005 à 2031) selon trois hypothèses, Canada
Source : Citoyenneté et Immigration Canada et Statistique Canada, Division de la démographie.

Hypothèses d’immigration

Selon les hypothèses des présentes projections et contrairement à celles des projections passées, le nombre annuel d’immigrants évoluera en relation avec la croissance démographique en supposant donc un taux d’immigration constant jusqu’en 2031 plutôt qu’un effectif constant d’immigrants (graphique  1.4 ). À court terme, les niveaux proposés sont justifiés par la relative stabilité observée depuis 1990 et par les indications du plus récent plan d’immigration de Citoyenneté et Immigration Canada (2005) qui fixe les objectifs pour 2006 à un nombre se situant entre 225 000 et 255 000 nouveaux arrivants.

L’hypothèse moyenne suppose que le taux d’immigration atteindrait 7,0 pour mille en 2010 (cinq ans après le début des projections). Elle est encadrée d’une hypothèse forte selon laquelle le taux atteindrait 8,5 pour mille et d’une hypothèse faible où ce taux diminuerait jusqu’à 5,5 pour mille, niveaux qui seraient aussi atteints en 2010. Entre 2005 (année de départ) et 2010, les taux d’immigrants sont interpolés linéairement entre ces niveaux et le taux observé en 2004 afin d’assurer une transition lisse entre les effectifs projetés et estimés en début de période.

Après 2010, les taux d’immigration sous chacune des hypothèses demeurent constants jusqu’en 2031. Cela se traduit par un élargissement de la fourchette du nombre d’immigrants entre les deux hypothèses extrêmes, ce qui correspond bien à l’idée que l’incertitude s’accroît avec la durée de la projection. Selon ces hypothèses, le nombre d’immigrants atteindrait en 2031 environ 204 000, 280 000 et 364 000 respectivement.

En 2031, les derniers des baby-boomers auront atteint 65 ans et les effectifs de la population en âge de travailler devraient fluctuer beaucoup moins. À très long terme, on suppose donc que les effectifs d’immigrants atteints en 2031 selon chacun des scénarios demeureront constants jusqu’en 2056, l’horizon des projections faites pour l’ensemble du Canada.

La répartition provinciale des immigrants est projetée en se fondant sur les taux observés en 2003 et 2004 (graphique 1.5 ), ajustés en fonction de certains particularismes provinciaux pour mieux tenir compte des récents accords au sujet des objectifs provinciaux en matière d’immigration. Elle est maintenue constante sur toute la période de projection. Cette répartition suppose que près de 90 % des immigrants s'établiraient soit en Ontario, en Colombie-Britannique ou au Québec, ce qui est conforme aux tendances observées au cours des 20 dernières années. Le tableau explicatif 1.6  présente le nombre d’immigrants reçus par province et territoire de 1981 à 2031.

Par le passé, la répartition selon l’âge et le sexe des immigrants correspondait à la moyenne des quatre années les plus récentes et était maintenue constante pour toute la période de projection. Les faibles variations observées par le passé permettent de maintenir cette hypothèse de stabilité pour le présent exercice. Cette répartition est tout de même mise à jour et les quatre dernières années disponibles (2001-2004) sont utilisées pour la calculer.

La répartition par âge des immigrants varie d’une province à l’autre, en partie parce que la composition selon la catégorie d’immigrants varie. Pour le Québec, l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique, où la grande majorité des immigrants s’établissent, la répartition de chaque province est utilisée. Par contre, à cause du petit nombre d’immigrants s’établissant dans les provinces atlantiques, le Manitoba, la Saskatchewan et les territoires, une seule répartition par âge est utilisée pour l’ensemble de ces régions.

Graphique 1.5
Distribution géographique des immigrants reçus en 2003 et 2004, provinces et territoires

Graphique 1.5 Distribution géographique des immigrants reçus en 2003 et 2004, provinces et territoires
Source : Citoyenneté et Immigration Canada et Statistique Canada, Division de la démographie.

Tableau explicatif 1.6
Nombre annuel d'immigrants observé (1981 à 2004) et projeté (2006 et 2031) selon trois hypothèses, Canada, provinces et territoires

                             1981 à 1985 1986 à 1990 1991 à 1995 1996 à 2001 2001 à 2004 2003 à 2004
    en milliers
Canada 102,2 164,0 236,1 206,7 234,2 228,6
Terre-Neuve-et-Labrador 0,4 0,4 0,7 0,4 0,4 0,5
Île-du-Prince-Édouard 0,1 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
Nouvelle-Écosse 1,1 1,3 2,8 2,3 1,6 1,6
Nouveau-Brunswick 0,7 0,7 0,7 0,7 0,7 0,7
Québec 17,7 29,3 40,2 29,2 39,7 41,9
Ontario 46,1 88,5 125,4 113,5 131,8 122,4
Manitoba 4,3 5,3 4,7 3,8 5,8 7,0
Saskatchewan 2,1 2,1 2,3 1,7 1,7 1,8
Alberta 13,5 14,2 17,1 12,9 15,9 16,2
Colombie-Britannique 16,2 21,8 41,8 41,9 36,2 36,1
Yukon 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Territoires du Nord-Ouest 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Nunavut 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
                             2006 2031
Faible Moyen Haut Faible Moyen Haut
  en milliers
Canada 228,5 238,4 248,3 203,8 279,6 364,1
Terre-Neuve-et-Labrador 0,5 0,6 0,6 0,3 0,4 0,6
Île-du-Prince-Édouard 0,3 0,3 0,3 0,2 0,2 0,3
Nouvelle-Écosse 1,7 1,7 1,8 1,2 1,6 2,1
Nouveau-Brunswick 0,7 0,8 0,8 0,6 0,7 0,9
Québec 42,2 43,9 45,6 32,4 44,0 56,3
Ontario 121,7 127,0 132,3 112,3 154,8 202,9
Manitoba 7,3 7,7 8,0 6,9 9,4 12,2
Saskatchewan 1,8 1,9 2,0 1,3 1,7 2,2
Alberta 16,1 16,8 17,5 15,2 20,3 26,2
Colombie-Britannique 36,1 37,6 39,2 33,3 46,0 60,2
Yukon 0,1 0,1 0,1 0,0 0,1 0,1
Territoires du Nord-Ouest 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Nunavut 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Source : Citoyenneté et Immigration Canada et Statistique Canada, Division de la démographie.

Émigration

Les émigrants sont des citoyens canadiens ou des immigrants reçus ayant quitté le Canada pour s’établir en permanence dans un pays étranger. On estime leur nombre en utilisant essentiellement des données administratives canadiennes ou américaines.

L’hypothèse retenue dans le présent exercice de projection est de maintenir constant sur toute la période de projection les taux moyens d’émigration par âge, sexe et province observés au cours des cinq dernières années. Le nombre d’émigrants générés par le modèle de projection augmenterait donc d’une année à l’autre sous l’effet de la croissance de la population canadienne, passant d’environ 45 000 personnes en 2004-2005 à environ 55 000 en 2031.

Émigrants de retour

Les émigrants de retour sont des citoyens canadiens ou des immigrants reçus ayant émigré du pays qui reviennent s’établir au Canada. Grâce à l’exploitation de données administratives, on estime leur nombre à environ 18 000 personnes annuellement depuis 1997. La grande majorité (environ 90 %) de ces émigrants de retour se concentrent dans les quatre grandes provinces canadiennes que sont l’Ontario, la Colombie-Britannique, le Québec et l’Alberta.

L’hypothèse retenue pour le présent exercice de projection est basée sur la relation qui existe entre les émigrants de retour et l’émigration passée, les Canadiens à risque d’être de retour au pays étant ceux ayant émigré dans le passé. Ainsi dans ces projections, le nombre annuel de Canadiens de retour est obtenu en appliquant un taux de migration de retour au nombre d’émigrants généré par le modèle. Le taux utilisé est de 38 %. Ce taux repose sur les dernières estimations disponibles concernant à la fois le nombre de Canadiens de retour ainsi que le nombre d’émigrants au Canada.

La répartition par âge, sexe et province provient des données des estimations de population au 1er juillet 2004 et est maintenue constante sur toute la période de projection 4

Personnes temporairement à l’étranger

Ces personnes regroupent les citoyens canadiens ou les immigrants reçus vivant temporairement à l’étranger et ne possédant plus de lieu habituel de résidence au Canada. Les données sur les personnes temporairement à l’étranger proviennent de l’Enquête sur la contre-vérification des dossiers du recensement.

Les données disponibles quant à cette composante portent sur un solde, et non un nombre. Il s’agit donc de la résultante entre deux flux, les personnes quittant (temporairement) et revenant au Canada. Au cours de la période récente, ce solde a été estimé à 26 000 annuellement. La grande majorité des pertes ont été enregistrées en Ontario, en Colombie-Britannique, au Québec et en Alberta.

L’hypothèse retenue pour le présent exercice de projection est de maintenir ce solde à 26 000 annuellement jusqu’en 2006, année du prochain recensement. Par la suite, ce solde sera réduit linéairement pour atteindre en 2011 le solde moyen depuis 1991, soit 22 000. La répartition par âge, sexe et province est obtenue des récentes données sur les estimations de population et est maintenue constante sur toute la période de projection.

Résidents non permanents

Les résidents non permanents regroupent les personnes suivantes : les personnes résidant au Canada qui demandent le statut de réfugiés, les personnes résidant au Canada qui détiennent un permis d'étudiant, un permis de travail ou un permis ministériel ainsi que toutes les personnes à charge de ces résidents qui sont nées à l'extérieur du Canada et résident au Canada. Les données sur les résidents non permanents proviennent de Citoyenneté et Immigration Canada.

L'hypothèse retenue pour le présent exercice de projection maintient le nombre de résidents non permanents constant sur toute la période de projection à un niveau égal à 390 000 personnes par année, soit le niveau de la dernière année pour laquelle des données sont disponibles (2005). Ce niveau est semblable à la moyenne des trois dernières années. On suppose donc un solde nul entre les entrants et les sortants de cette sous-population. La répartition par âge, sexe et province est également maintenue constante sur toute la période de projection (tableau explicatif 1.7 ).

Tableau explicatif 1.7
Nombre de résidents non permanents en 2005, Canada, provinces et territoires

                                                        Nombre (en milliers)
Canada         389,8
Terre-Neuve-et-Labrador         2,3
Île-du-Prince-Édouard         0,5
Nouvelle-Écosse         7,0
Nouveau-Brunswick         4,3
Québec         64,8
Ontario         182,7
Manitoba         8,6
Saskatchewan         5,9
Alberta         29,8
Colombie-Britannique         83,4
Yukon         0,2
Territoires du Nord-Ouest         0,4
Nunavut         0,0
Source : Statistique Canada, Division de la démographie.

Migrations interprovinciales

Très volatile, la migration interprovinciale est sujette à de grandes fluctuations dans l’espace et le temps. S’il existe certaines tendances lourdes, comme le mouvement de la population vers l’ouest, les pôles d’attraction n’ont pas toujours été les mêmes. Les fluctuations peuvent être rapides. D’une année à la suivante, les soldes traditionnellement positifs d’une province peuvent devenir négatifs et l’inverse est aussi vrai. Avec le déclin projeté de l’accroissement naturel, la migration interprovinciale est appelée à prendre une importance de plus en plus grande dans la croissance démographique de plusieurs provinces. Il apparaît donc essentiel d’élaborer plus d’un scénario d’échanges migratoires.

Justification des hypothèses

La façon classique d’élaborer des hypothèses est de baser celles-ci sur l’observation des mouvements passés. Cette façon de faire permet l’obtention d’hypothèses vraisemblables. Comme pour les exercices de projection précédents, les hypothèses proposées sont basées sur les tendances passées et tiennent compte des données les plus récentes. À cette analyse, on doit ajouter la consultation des organismes statistiques des provinces et des territoires qui ont apporté des commentaires sur les hypothèses formulées pour chacune des composantes et plus particulièrement sur l’évolution des schémas migratoires interprovinciaux.

L’analyse des données de la période 1971-2003 permet de faire les constats suivants. Sur l’ensemble de la période, l’Alberta et la Colombie-Britannique ont été les provinces les plus favorisées par la migration interprovinciale. Leurs soldes migratoires interprovinciaux ont été positifs sept fois sur dix et, en moyenne, ces deux provinces ont enregistré des gains annuels moyens de 11 200 et 15 000 respectivement. À l’opposé, le Québec, qui présente des soldes négatifs à chaque année depuis 1971, a été la province perdant le plus dans ses échanges migratoires (-15 000 par an en moyenne). Les deux autres provinces des Prairies de même que Terre-Neuve-et-Labrador sont aussi des provinces généralement perdantes. Le Manitoba ne présente qu’un seul solde positif sur l’ensemble de la période, la Saskatchewan cinq. En moyenne, ces deux provinces perdent respectivement 5 000 et 5 800 personnes par an dans leurs échanges avec les autres provinces. Neuf fois sur dix, le solde de Terre-Neuve-et-Labrador a été négatif et en moyenne cette province, peu populeuse, perd 3 500 personnes par an dans ses échanges migratoires.

La situation de l’Ontario est plus complexe. Le solde migratoire de cette province a été positif la moitié du temps et sur l’ensemble de la période elle a enregistré des gains moyens de 3 500 par an. Les trois provinces maritimes présentent des soldes tantôt positifs (plus souvent pour l’Île-du-Prince-Édouard), tantôt négatifs (plus souvent pour le Nouveau-Brunswick). Si leurs soldes sont parfois importants relativement à leur effectif de population, à long terme les soldes négatifs et positifs s’équilibrent presque. Les soldes des trois territoires sont aussi plus souvent négatifs que positifs (six à sept fois sur 10). L’élaboration d’hypothèses de migration interne doit tenir compte de ces soldes moyens qui, observés sur une longue période, résultent en partie d’effets structurels, mais doit aussi tenir compte de la forte volatilité du phénomène migratoire.

Plusieurs facteurs permettent d’expliquer les changements parfois brusques observés au niveau des soldes migratoires interprovinciaux. Certains sont de nature cyclique (récessions économiques, par exemple), d’autres sont conjoncturels (moratoire sur la pêche à la morue, référendums au Québec) bien que leur effet puisse s’étaler sur plusieurs années. Les mouvements migratoires des années 1970 et du début des années 1980 ont été influencés par la situation politique au Québec, les chocs du marché pétrolier et une récession économique importante. La population canadienne était aussi bien plus jeune et une plus grande proportion de celle-ci était susceptible de répondre par la migration à une situation défavorable. Récemment, les mouvements migratoires semblent avoir changé pour plusieurs provinces.

Hypothèses de migration interprovinciales

Vu le haut degré d’incertitude quant à l’évolution future des flux migratoires interprovinciaux, on a élaboré quatre hypothèses. Le modèle de projection est basé sur les taux de sortie par âge pour chacune des provinces d’origine. Ces taux sont estimés à partir des données observées pour chacune des trois périodes de référence choisies et sont maintenus constants sur l’ensemble de la période de projection. Des matrices origine-destination sont ensuite utilisées pour répartir les sortants entre les autres provinces et territoires.

Hypothèse Centre-ouest

L’hypothèse « Centre-ouest » est basée sur les mouvements migratoires observés entre 1996 et 2000. Cette période a été caractérisée par la croissance du secteur des technologies de l'information qui a favorisé l'économie ontarienne et par une faible croissance économique en Colombie-Britannique. Cette hypothèse favorise à la fois l’Ontario et l’Alberta. Elle est également la plus favorable pour la Saskatchewan même si celle-ci présente en moyenne des pertes nettes de 4 200 au cours de cette période. C’est, par contre, le schéma le moins favorable pour les provinces atlantiques, le Québec, la Colombie-Britannique et les trois territoires.

Hypothèse Côte ouest

Le schéma Côte ouest, basé sur les données de la période 1988 à 1996, fait de la Colombie-Britannique la principale province de destination des migrants interprovinciaux, cette dernière ayant enregistré un solde migratoire annuel moyen de 34 000 au cours de cette période de référence. Sur le plan économique, cette période est marquée par la récession du début des années 1990 qui affecta plus particulièrement le secteur manufacturier et ainsi les soldes migratoires des provinces centrales. La Colombie-Britannique fut moins touchée, profitant de l’expansion continue des économies émergentes des pays asiatiques du Pacifique.

Selon cette hypothèse, le solde migratoire de l’Alberta demeure positif même si des quatre hypothèses proposées c’est celle qui est la moins favorable à cette province. Par contre, des trois périodes de référence choisies pour établir les hypothèses, l’Ontario, le Manitoba et la Saskatchewan enregistrent leurs plus grandes pertes dans celle-ci. Cette hypothèse est également généralement favorable à l’ensemble des provinces atlantiques et au Yukon. Bien qu’elle ne soit pas la plus avantageuse pour Terre-Neuve-et-Labrador, les pertes que cette province enregistre au cours de cette période sont du même ordre que celles de la période correspondant à l’hypothèse la plus favorable. Enfin, la moyenne des soldes du Québec au cours de cette période est d’environ -10 000.

Hypothèse tendances récentes

La troisième hypothèse proposée est basée sur les plus récentes tendances en matière de migration interprovinciale disponibles au moment de l’analyse, soit la période de 2000 à 2003. À plusieurs points de vue, les échanges migratoires des années récentes créent un nouveau schéma, différent de ce qui a été observé depuis 1971. Le solde migratoire du Québec, toujours négatif, s’améliore rapidement depuis 1999-2000 et en 2002-2003 le solde de cette province était le plus favorable de toute la période analysée. Il en est de même pour Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick qui voient leur solde migratoire respectif s’améliorer. Pour ces provinces le solde enregistré en 2002-2003 est le plus favorable depuis 1991-1992 (1993-1994 pour le Nouveau-Brunswick). Les soldes migratoires du Manitoba, de la Saskatchewan, de la Colombie-Britannique et des territoires sont aussi de plus en plus favorables. Évidemment, ces changements se font aux dépens des gains de l’Alberta qui en 2002-2003 ne sont que la moitié de ce qu’ils étaient trois ans plus tôt, et surtout de ceux de l’Ontario qui voit fondre en seulement trois ans son solde migratoire interprovincial de 22 400 en 1999-2000 à seulement 600 en 2000-2003. Les données provisoires pour 2003-2004 n’indiquent pas de renversement de ce qui pourrait être une nouvelle tendance, bien qu’il soit trop tôt pour le déterminer.

Lorsque comparés à ceux des deux autres périodes de référence choisies, les soldes moyens observés au cours de cette période sont les plus favorables pour Terre-Neuve-et-Labrador, le Québec, le Manitoba, ainsi que pour les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut. Pour l’ensemble des autres régions, le solde de cette période se situe entre ceux des périodes choisies pour les deux autres hypothèses. Il n’en demeure pas moins que l’Ontario et surtout l’Alberta demeurent les pôles d’attraction dominants.

Hypothèse moyenne

Une quatrième hypothèse de migrations interprovinciales a été élaborée à partir de la moyenne des hypothèses « tendances récentes » et « côte ouest ». Cette nouvelle hypothèse, nommée « moyenne », permet de couvrir un plus grand nombre d’éventualités à court et à long terme, les tendances dans les migrations interprovinciales ayant été changeantes au cours des deux dernières décennies.

Soldes projetés

Les soldes migratoires pour chacune des provinces sont présentés aux graphiques 1.6  , 1.7  , 1.8   et 1.9 . Ces graphiques illustrent bien les différences de soldes migratoires que peut créer l’application de taux constants à des structures de population variables dans le temps.

Un peu comme l’eau que l’on verse dans des vases communicants tend à se répartir également entre tous les vases du système, une croissance démographique forte dans les provinces traditionnellement gagnantes a tendance à générer proportionnellement plus de sortants de celles-ci, alors qu’une croissance relativement faible (sinon négative) au niveau des provinces traditionnellement perdantes a tendance à générer relativement moins de sortants pour celles-ci. En conséquence, les soldes positifs des provinces à forte croissance devraient se réduire au profit de celui des provinces à croissance plus faible.

Graphique 1.6
Solde migratoire interprovincial observé (1981 à 2004) et projeté (2005 à 2031) selon six scénarios, Terre-Neuve-et-Labrador, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick

Graphique 1.6 Solde migratoire interprovincial observé (1981 à 2004) et projeté (2005 à 2031) selon six scénarios, Terre-Neuve-et-Labrador, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick
Source : Statistique Canada, Division de la démographie.

Graphique 1.7
Solde migratoire interprovincial observé (1981 à 2004) et projeté (2005 à 2031) selon six scénarios, Québec, Ontario et Manitoba

Graphique 1.7 Solde migratoire interprovincial observé (1981 à 2004) et projeté (2005 à 2031) selon six scénarios, Québec, Ontario et Manitoba
Source : Statistique Canada, Division de la démographie.

Graphique 1.8
Solde migratoire interprovincial observé (1981 à 2004) et projeté (2005 à 2031) selon six scénarios, Saskatchewan, Alberta et Colombie-Britannique

Graphique 1.8 Solde migratoire interprovincial observé (1981 à 2004) et projeté (2005 à 2031) selon six scénarios, Saskatchewan, Alberta et Colombie-Britannique
Source : Statistique Canada, Division de la démographie.

Graphique 1.9
Solde migratoire interprovincial observé (1981 à 2004) et projeté (2005 à 2031) selon six scénarios, Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut

Graphique 1.9 Solde migratoire interprovincial observé (1981 à 2004) et projeté (2005 à 2031) selon six scénarios, Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut
Source : Statistique Canada, Division de la démographie.

Ainsi, même si pour toutes les provinces atlantiques, sauf l’Île-du-Prince-Édouard, les soldes sont négatifs pour les trois périodes de référence suggérées, les soldes obtenus lorsque les taux de sortie sont appliqués aux populations projetées jusqu’en 2031 sont à la hausse au cours de la période de projection et deviennent positifs avant cet horizon pour chacune de ces provinces. D’une façon corollaire, le solde de l’Ontario serait négatif en 2031 selon les quatre hypothèses bien que les soldes observés pour la période de référence de l’hypothèse Centre-ouest (1996-2000) et tendances récentes (2000-2003) soient assez fortement positifs.

Selon les quatre hypothèses, le solde migratoire du Québec demeurerait négatif jusqu’en 2031, mais les pertes seraient beaucoup moins fortes en 2031 que celles observées au cours de la période de référence correspondante. C’est aussi le cas du Manitoba. La Saskatchewan verrait elle aussi sa situation s’améliorer selon toutes les hypothèses, une des hypothèses entraînant même un solde positif avant 2031. Par contre, la forte croissance démographique de la Colombie-Britannique se traduirait par des soldes négatifs relativement importants dans le cas des hypothèses Centre-ouest et tendances récentes.



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Date de modification : 2005-12-16 Avis importants