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Littératie et numératie chez les Premières Nations vivant hors réserve et les Métis : des niveaux de compétence plus élevés se traduisent-ils par de meilleurs résultats sur le marché du travail?

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par Paula Arriagada et Darcy Hango

Date de diffusion : le 18 mai 2016 Correction date : (if required)

Début de l’encadré

Aperçu de l’étude

Cet article examine les compétences en littératie et en numératie des Premières Nations vivant hors réserve et des Métis d’âge adulte, en particulier, les facteurs et les résultats sur le marché du travail associés à des niveaux de compétence élevés. Dans cette étude, les personnes classées aux niveaux supérieurs de littératie et de numératie sont celles qui ont obtenu un niveau de 3 ou plus (sur 5) aux tests administrés par le Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) de 2012.

  • Les Premières Nations vivant hors réserve et les Métis adultes ont des scores en littératie et en numératie plus faibles que les adultes non autochtones. Par exemple, plus du tiers (35 %) des Premières Nations vivant hors réserve et 50 % des Métis âgés de 25 à 65 ans ont obtenu des scores élevés en littératie (niveau 3 ou plus), comparativement à 57 % des adultes non autochtones.
  • Un niveau de scolarité plus élevé était associé à des compétences plus élevées en littératie et en numératie, et ce tant pour les Premières Nations vivant hors réserve que pour les Métis et les non-Autochtones d’âge adulte. Toutefois, parmi les diplômés universitaires, les adultes des Premières Nations vivant hors réserve restaient moins susceptibles que les adultes non autochtones d’avoir des compétences élevées.
  • Parmi ceux qui avaient des compétences élevées en littératie (niveau 3 ou plus), la probabilité d’occuper un emploi était de 75 % parmi les Premières Nations vivant hors réserve âgés de 25 à 54 ans, comparativement à 87 % des Métis et 91 % des non-Autochtones du même âge.
  • Les non-Autochtones ayant des compétences moindres en littératie (niveau 2 ou moins) étaient plus susceptibles d’occuper un emploi que les Premières Nations vivant hors réserve ayant des compétences élevées (niveau 3 ou plus), même après la prise en compte d’autres facteurs liés à la probabilité d’emploi.
  • Parmi ceux qui occupaient des emplois, les travailleurs des Premières Nations vivant hors réserve et les travailleurs Métis qui avaient un niveau de compétence élevé étaient aussi susceptibles que leurs homologues non autochtones d’occuper un poste de gestionnaire ou de professionnel.

Fin de l’encadré

Introduction

Les recherches existantes indiquent que des compétences cognitives supérieures, comme les compétences en littératie et en numératie, sont associées à une meilleure participation au marché du travail et à un revenu plus élevéNote 1, ainsi qu’à un meilleur état de santé autodéclaréNote 2. Cependant, ces recherches ne portent pas expressément sur la population autochtone du Canada.

Les quelques recherches disponibles montrent qu’à l’échelle nationale, la population autochtone affiche des niveaux de compétence en littératie et en numératie plus faibles que la population non autochtoneNote 3. Comme il existe une forte corrélation entre le niveau de scolarité et les compétencesNote 4, l’écart entre ces populations au chapitre des compétences pourrait être attribuable en partie aux différences dans les résultats en éducation. En 2011, par exemple, près de la moitié (48 %) des Autochtones âgés de 25 à 64 ans détenaient un diplôme d’études postsecondaires, par rapport à près des deux tiers (65 %) de leurs homologues non autochtones. De plus, près de 3 Autochtones sur 10 (29 %) ne détenaient aucun certificat, grade ou diplôme, comparativement à 12 % de la population non autochtone du même groupe d’âgeNote 5.

Les répercussions de la littératie et de la numératie sur les résultats économiques et sociaux peuvent être particulièrement importantes pour les Autochtones, car ceux-ci sont généralement jeunes et leur taux de croissance démographique est supérieur à celui de la population non autochtone. En 2011, 46 % des Autochtones avaient 24 ans ou moins, comparativement à 30 % des non-AutochtonesNote 6. La proportion relativement élevée de jeunes Autochtones de même que leurs niveaux de scolarité et de compétence plus faibles que ceux de leurs homologues non autochtones pourraient entraîner d’importantes répercussions pour cette population sur le marché du travail. Les recherches antérieures confirment que les Autochtones n’obtiennent pas, en général, d’aussi bons résultats sur le marché du travail, en ce qui concerne l’emploi et le revenu, que les non-AutochtonesNote 7. Étant donné le faible niveau de scolarité de la population autochtone, celle-ci est plus vulnérable aux ralentissements économiques. Il est donc important de comprendre les facteurs qui pourraient favoriser une plus grande intégration de cette population au marché du travail.

Les données utilisées dans cet article sont tirées des résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) de 2012, une enquête de grande envergure sur les compétences en traitement de l’information des jeunes et des adultes âgés de 16 à 65 ans dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada et dans 23 autres paysNote 8. Les données du PEICA cadrent avec les objectifs de la présente étude, étant donné le suréchantillonnage des Autochtones vivant hors réserve dans les grands centres urbains de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique, ainsi que les Autochtones vivant au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. En outre, le PEICA fournit une évaluation objective de différentes compétences cognitives telles que la littératie et la numératieNote 9.

Dans cet article, nous commençons par établir le profil des compétences des Premières Nations vivant hors réserve, des Métis et des non-Autochtones âgés de 25 à 65 ansNote 10. Par la suite, nous examinons les facteurs associés à des niveaux de compétence élevés en littératie et en numératie chez les Premières Nations vivant hors réserve et les Métis ainsi que dans la population non autochtone. Dans la section finale, nous mettons l’accent sur les résultats en matière d’emploi et leur corrélation avec les niveaux de compétence élevés dans le principal groupe d’âge actif (25 à 54 ans).

Il importe de noter que la population non autochtone exclut les immigrants, car ceux-ci ont tendance à obtenir des scores moindres en numératie et en littératie. Cette tendance peut s’expliquer par le fait que la langue maternelle des immigrants n’est pas nécessairement la langue dans laquelle les tests du PEICA sont administrés, soit le français ou l’anglaisNote 11. Il est également à noter que les répondants inuits sont exclus de l’analyse en raison de la petite taille de l’échantillon de ce groupeNote 12.

Le PEICA prévoit l’évaluation des compétences en traitement de l’information des répondants sur une échelle de 0 à 500. La littératie désigne la capacité du répondant à comprendre et à utiliser des textes écrits sur papier et en format électronique, tandis que la numératie désigne sa capacité à évaluer, à utiliser et à communiquer des concepts numériques et mathématiquesNote 13. Plus le score est élevé, plus le répondant est en mesure de traiter, de comprendre et d’utiliser des informations complexes. Les résultats peuvent être présentés soit sous la forme d’une compétence moyenne de la population, soit sous la forme d’une répartition de la population entre les divers niveaux de compétence (allant du niveau inférieur à 1 au niveau 5).

Aux fins de la présente étude, nous mettons l’accent sur les répondants qui obtiennent des scores élevés en littératie et en numératie, particulièrement au niveau 3 ou plus (voir la section Sources de données, méthodes et définitions). Ceux qui se classent au niveau 3 ou plus démontrent une meilleure maîtrise des compétences en littératie et en numératie et obtiennent généralement de meilleurs résultats sociaux et en éducationNote 14. L’analyse des compétences porte sur les répondants âgés de 25 à 65 ans, tandis que l’analyse des résultats sur le marché du travail est limitée au principal groupe d’âge actif (25 à 54 ans).

Profil de littératie et de numératie

Chez les adultes âgés de 25 à 65 ans, un peu plus du tiers (35 %) des Premières Nations vivant hors réserve avaient un niveau de littératie de 3 ou plus, contre 50 % pour les Métis. En comparaison, 57 % des individus non autochtones avaient un niveau de littératie de 3 ou plus (graphique 1). Parallèlement, près du quart (24 %) des Premières Nations vivant hors réserve et 40 % des Métis affichaient un niveau de numératie élevé, comparativement à 49 % des non-Autochtones.

Graphique 1 pour l'article 14630

Description du graphique 1
Graphique 1 Proportion d'adultes de 25 à 65 ans ayant des compétences élevées en littératie et en numératie (niveau 3 ou plus) parmi les Premières Nations vivant hors réserve, les Métis et les non-Autochtones, 2012, pourcentage
  Littératie Numératie
Premières Nations vivant hors réserve 35,3 24,2
Métis 50,1 39,8
Non-Autochtones 56,6 49,3
Source(s) :
Statistique Canada, Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), 2012.

Pour mieux comprendre les compétences en traitement de l’information de la population autochtone, il faut examiner la relation entre les compétences et certaines caractéristiques sociodémographiques, particulièrement le plus haut niveau de scolarité. Cependant, les recherches existantes portant sur le lien entre les capacités, les compétences et le niveau de scolarité sont plus souvent axées sur la population en généralNote 15, de sorte que l’on en sait moins sur la nature de ces liens parmi la population autochtone.

Les résultats du PEICA montrent que les personnes ayant un niveau de scolarité élevé ont aussi un niveau de compétence élevé (graphique 2). Par exemple, parmi ceux dont le niveau de scolarité le plus élevé était un diplôme d’études secondaires ou moins, 18 % personnes des Premières Nations vivant hors réserve âgées de 25 à 65 ans avaient un niveau élevé en littératie. Ce pourcentage atteignait 35 % pour les détenteurs d’un certificat d’une école de formation professionnelle ou de métiers ou d’un certificat d’apprentissage, 53 % pour ceux qui avaient fait des études postsecondaires mais qui n’étaient pas titulaires d’un baccalauréat (mais qui pouvaient détenir un diplôme collégial), et 69 % pour les titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme de niveau supérieur. On observe une tendance semblable chez les Métis et les non-Autochtones, bien que les proportions pour ces deux derniers groupes fussent plus élevées que celles des Premières Nations vivant hors réserve.

Graphique 2 pour l'article 14630

Description du graphique 2
Graphique 2 Proportion d'adultes de 25 à 65 ans ayant des compétences élevées en littératie (niveau 3 ou plus), selon le groupe d'identité autochtone et le plus haut niveau de scolarité, 2012, pourcentage
  Premières Nations vivant hors réserve Métis Non-Autochtones (réf.)
Diplôme d'études secondaires ou moins 18 33 35
Certificat d'une école de formation professionnelle ou de métiers ou certificat d'apprentissage 35 44 44
Études postsecondaires — niveau inférieur à celui du baccalauréat 53 62 64
Études postsecondaires — baccalauréat ou diplôme de niveau supérieur 69 82 85
* significativement différent de la catégorie de référence (réf.) (p < 0,05)
Source(s) :
Statistique Canada, Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), 2012.

Les résultats étaient à peu près les mêmes dans le cas de la numératie. Plus particulièrement, chez ceux qui avaient un diplôme d’études secondaires ou moins, les pourcentages d’adultes ayant un niveau de littératie d’au moins 3 étaient de 11 % pour les Premières Nations vivant hors réserve, de 24 % pour les Métis et de 28 % pour la population non autochtone. Chez les diplômés universitaires, les pourcentages étaient de 55 % pour les adultes des Premières Nations vivant hors réserve, de 72 % pour les Métis adultes et de 78 % pour les adultes non autochtones (graphique 3).

Graphique 3 pour l'article 14630

Description du graphique 3
Graphique 3 Proportion d'adultes de 25 à 65 ans ayant des compétences élevées en numératie (niveau 3 ou plus), selon le groupe d'identité autochtone et le plus haut niveau de scolarité, 2012, pourcentage
  Premières Nations vivant hors réserve Métis Non-Autochtones (réf.)
Diplôme d'études secondaires ou moins 11 24 28
Certificat d'une école de formation professionnelle ou de métiers ou certificat d'apprentissage 27 38 41
Études postsecondaires — niveau inférieur à celui du baccalauréat 35 47 54
Études postsecondaires — baccalauréat ou diplôme de niveau supérieur 55 72 78
* significativement différent de la catégorie de référence (réf.) (p < 0,05)
Source(s) :
Statistique Canada, Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), 2012.

Facteurs associés aux compétences élevées en littératie et en numératie

Dans cette section, les caractéristiques associées aux niveaux de compétence élevés en littératie et en numératie sont examinées séparément pour les Premières Nations vivant hors réserve, les Métis et les non-Autochtones âgés de 25 à 65 ans. Nous avons effectué une régression logistique pour chacun des trois groupes afin d’évaluer l’effet de plusieurs facteurs pris simultanément. Les résultats de ces modèles sont exprimés sous forme de probabilités prédites et sont présentés selon les caractéristiques démographiques, familiales et éducativesNote 16. Une probabilité de 1 correspond à 100 % de chances d’avoir un niveau de compétence élevé, tandis qu’une probabilité de 0 correspond à 0 % de chances.

Dans l’ensemble, on n’observe aucune différence entre les sexes pour ce qui est des compétences élevées en littératie (tableau 1). Les hommes et les femmes de tous les groupes (Premières Nations vivant hors réserve, Métis et non-Autochtones) avaient une probabilité semblable d’obtenir un niveau de littératie de 3 ou plus. Concernant la numératie, le pourcentage d’hommes non autochtones qui avaient un niveau de littératie de 3 ou plus était significativement plus élevé que celui des femmes non autochtonesNote 17.

Tableau 1
Probabilité prédite d'avoir des compétences élevées en littératie et en numératie (niveau 3 ou plus) parmi les Premières Nations vivant hors réserve, les Métis et les non-Autochtones âgés de 25 à 65 ans, selon diverses caractéristiques socioéconomiques, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Probabilité prédite d'avoir des compétences élevées en littératie et en numératie (niveau 3 ou plus) parmi les Premières Nations vivant hors réserve Littératie et Numératie(figurant comme en-tête de colonne).
  Littératie Numératie
Premières Nations vivant hors réserve Métis Non-Autochtones Premières Nations vivant hors réserve Métis Non-Autochtones
probabilité prédite
Sexe  
Hommes (réf.) 0,349 0,516 0,617 0,257 0,458 0,586
Femmes 0,343 0,525 0,583 0,160 0,320 0,423Note *
Groupe d’âge  
25 à 34 ans 0,338 0,521 0,630 0,184 0,366 0,528
35 à 44 ans (réf.) 0,404 0,606 0,637 0,211 0,495 0,530
45 à 54 ans 0,333 0,439 0,583Note * 0,209 0,365 0,494
55 à 65 ans 0,304 0,522 0,556Note * 0,190 0,303 0,472Note *
Niveau de scolarité  
Diplôme d’études secondaires ou moins (réf.) 0,209 0,368 0,406 0,108 0,251 0,317
Certificat d’une école de formation professionnelle ou de métiers ou certificat d’apprentissage 0,349 0,483 0,469Note * 0,214 0,380 0,411Note *
Études postsecondaires — niveau inférieur à celui du baccalauréat 0,501Note * 0,589Note * 0,634Note * 0,315Note * 0,446Note * 0,533Note *
Études postsecondaires — baccalauréat ou diplôme de niveau supérieur 0,623Note * 0,793Note * 0,824Note * 0,446Note * 0,674Note * 0,749Note *
Présentement aux études  
Oui 0,595Note * 0,545 0,694Note * 0,457Note * 0,473 0,610Note *
Non (réf.) 0,323 0,518 0,593 0,179 0,375 0,497
Niveau de scolarité des parents  
Ni le père ni la mère n’a de diplôme d’études secondaires 0,291 0,455 0,538Note * 0,144 0,311 0,440Note *
Au moins un des parents a un diplôme d'études secondaires 0,360 0,523 0,614 0,222 0,380 0,512
Au moins un des parents a fait des études postsecondaires — à un niveau inférieur à celui du baccalauréat (réf.) 0,417 0,597 0,633 0,253 0,496 0,542
Au moins un des parents a un diplôme universitaire 0,390 0,550 0,628 0,270 0,401 0,541
Nombre de livres à la maison à l’âge de 16 ans  
25 ou moins (réf.) 0,287 0,459 0,497 0,151 0,354 0,394
26 à 100 0,339 0,555 0,602Note * 0,207 0,395 0,520Note *
Plus de 100 0,487Note * 0,552 0,683Note * 0,302 0,412 0,588Note *
Province ou région de résidence  
Atlantique 0,339 0,417 0,547 0,189 0,289 0,422Note *
Québec 0,384 0,380 0,552 0,321 0,262 0,500
Ontario 0,432 0,526 0,626 0,192 0,378 0,517
Manitoba 0,302 0,530 0,628 0,185 0,448Note * 0,522
Saskatchewan (réf.) 0,259 0,367 0,597 0,160 0,268 0,507
Alberta et Colombie-Britannique 0,339 0,622Note * 0,635 0,214 0,467 0,523
Territoires 0,173 0,357 0,596 0,093 0,251 0,463
Situation d’emploi  
Occupe un emploi 0,390 0,568Note * 0,618Note * 0,246 0,419 0,530Note *
N'occupe pas d'emploi (réf.) 0,279 0,359 0,524 0,136 0,278 0,402

Les recherches existantes révèlent également une relation entre les compétences et l’âge, les niveaux de compétence moyens diminuant avec l’âgeNote 18. Dans cette analyse, aucune variation significative dans la part de ceux ayant un niveau de compétence élevé (en littératie et en numératie) n’a été observée entre les groupes d’âge pour les Premières Nations vivant hors réserve et les Métis. Dans la population non autochtone cependant, le pourcentage de personnes qui avaient des compétences élevées était plus élevé dans le groupe des 35 à 44 ans (64 % pour la littératie et 53 % pour la numératie) et plus faible dans le groupe plus âgé (56 % pour la littératie et 47 % pour la numératie)Note 19.

Comme nous le faisons remarquer dans la section qui précède, un niveau de scolarité élevé est généralement associé à un niveau de compétence élevé. Les résultats multivariés confirment cette relation. Par exemple, les Premières Nations vivant hors réserve et les Métis adultes titulaires d’un diplôme universitaire avaient une plus grande probabilité prédite d’afficher un niveau de compétence élevé en littératie que ceux qui avaient un diplôme d’études secondaires ou moins (62 % contre 21 % pour les Premières Nations; 79 % contre 37 % pour les Métis). Les résultats sont semblables en ce qui a trait aux compétences élevées en numératie.

Un autre facteur lié à la scolarité qui est associé aux compétences est l’inscription du répondant à un programme d’études. En effet, les personnes actuellement aux études ont généralement un niveau de compétence élevé, car elles utilisent et acquièrent tous les jours de nouvelles compétences en littératie et en numératieNote 20. Dans cette étude, lorsqu’il est question de l’inscription à un programme d’études, nous ne faisons aucune distinction entre les niveaux de scolaritéNote 21. Les résultats des modèles indiquent que les Premières Nations vivant hors réserve et les non-Autochtones d’âge adulte actuellement aux études sont significativement plus susceptibles d’avoir des compétences élevées en littératie et en numératie que ceux qui ne fréquentent pas un établissement d’enseignement. L’écart n’était toutefois pas significatif chez les Métis adultesNote 22.

Il existe une corrélation étroite entre le niveau de scolarité des parents et celui de leurs enfantsNote 23. Les parents dont le niveau de scolarité est élevé sont plus susceptibles d’avoir des enfants qui ont un niveau de scolarité élevé. Ces parents pourraient également influencer le niveau de compétence global (en littératie et en numératie) de leurs enfants en encourageant ceux-ci à faire des études et en entretenant des liens étroits avec le système d’éducationNote 24. Cependant, la relation entre le niveau de scolarité des parents et le niveau de compétence élevé des enfants n’était significative que chez les adultes non autochtones.

Un autre facteur important lié aux antécédents familiaux concerne la disponibilité de matériel de lecture à la maison durant l’adolescence. À cet égard, les recherches existantes ont permis de constater que l’exposition à différentes sources de stimulation intellectuelle dans la jeunesse a un effet positif sur les résultats scolaires et est associée à des niveaux de compétence plus élevés en littératie et en numératieNote 25. Dans le PEICA, ce facteur peut être approximé par le nombre estimatif de livres à la maison à l’âge de 16 ans. Plus précisément, la disponibilité de matériel de lecture à la maison peut être considérée comme aidant les jeunes à acquérir des compétences et à les accroître lors de la transition à l’âge adulte.

Les résultats indiquent que les adultes des Premières Nations vivant hors réserve qui avaient moins de livres à la maison (25 ou moins) à l’âge de 16 ans avaient une probabilité significativement plus faible de se classer à un niveau de littératie de 3 ou plus que ceux qui avaient plus de 100 livres à la maison. Cependant, les différences n’étaient pas significatives dans le cas de la numératie. Chez les Métis adultes, il n’y avait pas de différence significative dans la probabilité de compétences élevées en littératie ou en numératie selon le nombre de livres à la maison durant l’adolescence. Les adultes non autochtones qui avaient plus de 25 livres à la maison à l’âge de 16 ans étaient significativement plus susceptibles de se classer à des niveaux de compétence élevés en littératie et en numératie que ceux qui en avaient 25 ou moins.

En ce qui concerne la province de résidence, des études antérieures sur la population canadienne en général ont révélé que le pourcentage de répondants qui affichaient des compétences élevées en littératie et en numératie (niveau 3 ou plus) variait selon la province ou le territoireNote 26. Cependant, lorsque d’autres facteurs sont pris en compte, il semble y avoir relativement peu de variations entre les provinces quant au pourcentage de répondants classés aux niveaux de compétence élevés. Une exception notable a été identifiée dans le cas des Métis adultes vivant en Alberta et en Colombie-Britannique; ces derniers avaient un niveau de littératie significativement plus élevé que leurs homologues de la Saskatchewan.

Enfin, la relation entre l’emploi et les compétences est complexe et souvent perçue comme réciproque. D’un côté, un niveau de compétence élevé est requis pour obtenir un emploi rémunéré (particulièrement dans une économie axée sur les connaissances). De l’autre côté, le type d’emploi occupé peut aussi avoir une incidence sur le niveau de compétence. Par exemple, les titulaires de certains emplois doivent utiliser plus de compétences liées à la littératie et la numératie que les titulaires d’autres emplois, ce qui pourrait hausser leur niveau de compétence. Dans cet article, comme il est impossible de déterminer un lien de causalité en raison de la nature transversale des données, l’emploi et les compétences sont traités non seulement comme des résultats, mais aussi comme facteurs explicatifsNote 27. Les résultats suggèrent que l’occupation d’un emploi est associée à une probabilité accrue d’avoir un niveau de compétence élevé, et ce, pour tous les groupes. Cependant, les différences n’étaient significatives que pour les Métis (dans le modèle de la littératie) et les adultes non autochtones (dans le modèle de la littératie et dans celui de la numératie).

Résultats en matière d’emploi des adultes ayant des niveaux de compétence élevés

Dans cette section, les liens entre les niveaux de compétence plus élevés et les résultats au chapitre de l’emploi sont examinés pour les Premières Nations vivant hors réserve, les Métis et les non-Autochtones âgés de 25 à 54 ansNote 28. Nous cherchons plus particulièrement à répondre aux questions suivantes :

  1. les adultes ayant des niveaux de compétence élevés (niveau 3 ou plus) en littératie et en numératie sont-ils plus susceptibles d’occuper un emploi que ceux ayant des niveaux de compétence moindres?
  2. la relation entre un niveau de compétence élevé et un emploi est-elle semblable pour tous les groupes analysés?
  3. chez les adultes occupant un emploi, ceux qui ont des compétences élevées en numératie et en littératie sont-ils plus susceptibles de travailler dans des postes de professionnels ou de gestionnaires?

Selon les données du PEICA de 2012, les non-Autochtones de 25 à 54 ans affichaient un taux d’emploi plus élevé (87 %) que les Métis (79 %) et les Premières Nations vivant hors réserve (62 %) du même groupe d’âge. D’autres facteurs importants tels que l’âge, le sexe, les compétences et le niveau de scolarité ne sont toutefois pas pris en compte dans ces résultats.

Pour tester la relation entre les compétences et l’emploi, nous avons effectué une analyse multivariée afin de tenir compte de facteurs additionnels. Trois variations d’un modèle de régression logistique ont été utilisées pour examiner la relation entre, d’une part, une variable d’interaction entre l’identité autochtone et les compétences et, d’autre part, la probabilité d’emploi. L’interaction entre les niveaux de compétence et l’identité autochtone permet de déterminer si le fait d’avoir un niveau de compétence élevé a un effet semblable sur la probabilité d’emploi des Premières Nations vivant hors réserve, des Métis et des non-Autochtones d’âge adulte.

Dans le premier modèle, seule la variable combinant les compétences et l’identité autochtone était incluse. Dans le deuxième modèle, le plus haut niveau de scolarité a été ajouté en raison du lien étroit entre le niveau de scolarité et les compétences. Enfin, dans le troisième modèle, d’autres facteurs sociodémographiques liés à l’emploi ont été ajoutés, y compris le sexe, l’âge, la présence d’enfants à la maison, la situation conjugale, la province de résidence et la gravité d’une limitation d’activité liée à l’état de santé. Des modèles ont été appliqués séparément pour la littératie et la numératie.

Les recherches existantes démontrent une corrélation entre les compétences et l’emploiNote 29. En effet, on peut s’attendre à ce que les personnes ayant des niveaux de compétence élevés en littératie et en numératie soient plus susceptibles d’occuper un emploi que celles dont les niveaux de compétence sont moindres. Les résultats multivariés indiquent que les personnes ayant des niveaux de compétence élevés ont plus de chances d’avoir un emploi, mais que des différences subsistaient entre les groupes analysés (tableau 2).

Tableau 2
Probabilité prédite d’occuper un emploi selon le niveau de compétence et le groupe d'identité autochtone, adultes âgés de 25 à 54 ans, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Relation entre le niveau de compétence Littératie, Numératie, Modèle 1, Modèle 2 et Modèle 3, calculées selon probabilité prédite unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Littératie Numératie
Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3
probabilité prédite
Niveau de compétence élevé (niveau 3 ou plus)  
Premières Nations vivant hors réserve 0,708Note avec * du tableau 2 * 0,707Note avec * du tableau 2 * 0,752Note avec * du tableau 2 * 0,750Note avec * du tableau 2 * 0,744Note avec * du tableau 2 * 0,767Note avec * du tableau 2 *
Métis 0,857 0,860 0,869 0,863 0,864 0,861
Non-Autochtones (réf.) 0,907 0,902 0,912 0,921 0,915 0,921
Niveau de compétence moindre (niveau 2 ou moins)  
Premières Nations vivant hors réserve 0,563Note avec * du tableau 2 * 0,630Note avec * du tableau 2 * 0,699Note avec * du tableau 2 * 0,572Note avec * du tableau 2 * 0,626Note avec * du tableau 2 * 0,697Note avec * du tableau 2 *
Métis 0,718Note avec * du tableau 2 * 0,769Note avec * du tableau 2 * 0,800Note avec * du tableau 2 * 0,735Note avec * du tableau 2 * 0,775Note avec * du tableau 2 * 0,813Note avec * du tableau 2 *
Non-Autochtones 0,805Note avec * du tableau 2 * 0,836Note avec * du tableau 2 * 0,867Note avec * du tableau 2 * 0,805Note avec * du tableau 2 * 0,831Note avec * du tableau 2 * 0,864Note avec * du tableau 2 *

Par exemple, le modèle 3 pour la littératie, qui tient compte de tous les facteurs, montre que les non-Autochtones plus qualifiés avaient la plus forte probabilité d’emploi (plus de 90 %). Les Métis les plus qualifiés avaient une probabilité de 87 % d’occuper un emploi, et ne différaient pas significativement de la population non autochtone à cet égard. Cependant, les Premières Nations vivant hors réserve les plus qualifiés avaient une probabilité d’emploi significativement moindre, à 75 %.

En fait, les adultes non autochtones moins qualifiés étaient plus susceptibles, dans une proportion de 12 points de pourcentage, d’occuper un emploi que les personnes plus qualifiées des Premières Nations vivant hors réserve (87 % contre 75 %)Note 30.

Cependant, ces résultats reflètent la probabilité d’occuper un emploi et ne tiennent pas compte du niveau de compétence associé à l’emploi en question. Pour examiner ce facteur, il est possible d’estimer des modèles semblables afin de déterminer la probabilité, pour les titulaires d’un emploi, de travailler dans des postes de gestionnaires ou de professionnelsNote 31.

En 2012, 59 % des adultes occupés âgés de 25 à 54 ans ayant participé au PEICA travaillaient dans des postes de gestionnaires ou de professionnels, tous niveaux de compétence et groupes de population confondus. Toutefois, la probabilité s’établissait à environ 71 % pour ceux qui avaient un niveau de compétence élevé (que ce soit en littératie ou en numératie). Des modèles multivariés peuvent être utilisés pour déterminer les facteurs associés à une plus forte probabilité de travailler comme gestionnaire ou comme professionnel pour chacun des trois groupes analysés.

Dans le modèle de la littératie comme dans celui de la numératie, les résultats indiquent que les personnes occupées qui possèdent des compétences moindres sont associées à une probabilité réduite de travailler comme gestionnaires ou comme professionnels (tableau 3). Ce résultat est relativement constant dans les trois groupes et les trois modèles.

Tableau 3
Probabilité prédite d’occuper un emploi de professionnel ou de gestionnaire selon le niveau de compétence et le groupe d'identité autochtone, travailleurs âgés de 25 à 54 ans, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Relation entre le niveau de compétence Littératie, Numératie, Modèle 1, Modèle 2 et Modèle 3, calculées selon probabilité prédite unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Littératie Numératie
Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3
probabilité prédite
Niveau de compétence élevé (niveau 3 ou plus)  
Premières Nations vivant hors réserve 0,638 0,660 0,658 0,655 0,678 0,681
Métis 0,583Note avec * du tableau 3 * 0,592 0,588 0,604 0,614 0,611
Non-Autochtones (réf.) 0,710 0,694 0,698 0,710 0,692 0,699
Niveau de compétence moindre (niveau 2 ou moins)  
Premières Nations vivant hors réserve 0,347Note avec * du tableau 3 * 0,463Note avec * du tableau 3 * 0,462Note avec * du tableau 3 * 0,390Note avec * du tableau 3 * 0,493Note avec * du tableau 3 * 0,486Note avec * du tableau 3 *
Métis 0,354Note avec * du tableau 3 * 0,490Note avec * du tableau 3 * 0,483Note avec * du tableau 3 * 0,376Note avec * du tableau 3 * 0,494Note avec * du tableau 3 * 0,483Note avec * du tableau 3 *
Non-Autochtones 0,421Note avec * du tableau 3 * 0,535Note avec * du tableau 3 * 0,534Note avec * du tableau 3 * 0,468Note avec * du tableau 3 * 0,567Note avec * du tableau 3 * 0,561Note avec * du tableau 3 *

Par exemple, les travailleurs non autochtones possédant des compétences élevées en littératie avaient la plus forte probabilité de détenir un poste de gestionnaire ou de professionnel (70 %). Les travailleurs des Premières Nations vivant hors réserve et les travailleurs métis ayant le même niveau de littératie avaient des probabilités prédites de 66 % et 59 % respectivement (tel qu’indiqué par le modèle 3), et ces probabilités ne différaient pas significativement du résultat obtenu pour les travailleurs non autochtones du même niveau de compétence. À l’inverse, chez les moins qualifiés, la probabilité d’occuper un poste de gestionnaire ou de professionnel était de 46 % parmi les travailleurs des Premières Nations, 48 % parmi les travailleurs Métis et 53 % parmi les travailleurs non autochtones.

Ainsi, de façon générale, les travailleurs plus qualifiés sont plus susceptibles que les travailleurs moins qualifiés d’œuvrer à titre de gestionnaires ou de professionnels. Le fait que cette relation semble également valable pour les Premières Nations vivant hors réserve et les non-Autochtones d’âge adulte est important, car elle suggère que les Premières Nations vivant hors réserve d’âge adulte qui ont des niveaux de compétence élevés bénéficient des mêmes avantages que leurs homologues non autochtones, à condition d’occuper un emploi.

Conclusion

Les compétences telles que la littératie et la numératie sont essentielles à une intégration réussie à une économie fondée sur les connaissances. Il est donc important de connaître les facteurs pertinents associés à l’acquisition de niveaux de compétence élevés, particulièrement pour les groupes qui peuvent éprouver plus de difficultés à acquérir de telles compétences et à les mettre en pratique. Au Canada, un de ces groupes est la population autochtone, qui a généralement de plus faibles niveaux de scolarité et fait face à de plus grands obstacles sur le marché du travail. Les auteurs d’études antérieures ont établi un lien entre les compétences, le niveau de scolarité et l’emploi pour la population non autochtone, mais ce lien est moins bien documenté pour les groupes autochtones du Canada.

En 2012, un peu plus du tiers (35 %) des Premières Nations âgés de 25 à 65 ans vivant hors réserve avaient un niveau de littératie de 3 ou plus, par rapport à 50 % pour les Métis et à 57 % pour la population non autochtone. En outre, près du quart des Premières Nations vivant hors réserve avaient un niveau de numératie élevé, comparativement à 40 % des Métis et à 49 % des non-Autochtones.

En ce qui a trait aux caractéristiques associées aux compétences élevées en littératie et en numératie, trois constatations revêtent une importance particulière. Mentionnons tout d’abord l’incidence du plus haut niveau de scolarité atteint. Le niveau de compétence augmente avec le niveau de scolarité dans tous les groupes. Deux autres facteurs importants associés à des niveaux de compétence élevés sont l’inscription à un programme d’études pour les Premières Nations vivant hors réserve et les non-Autochtones, ainsi que l’accès à un plus grand nombre de livres à la maison à l’âge de 16 ans pour les Premières Nations d’âge adulte vivant hors réserve.

Les constatations de cette analyse soulignent également la relation importante entre les niveaux élevés de compétence et la probabilité d’emploi. De façon générale, les adultes de 25 à 54 ans qui ont des niveaux de compétence élevés ont plus de chances d’occuper un emploi. Cependant, les adultes non autochtones moins qualifiés étaient plus susceptibles, dans une proportion de 12 points de pourcentage, d’occuper un emploi que les personnes plus qualifiées des Premières Nations vivant hors réserve (87 % contre 75 %). Ces résultats suggèrent que les différences restantes dans la probabilité d’emploi entre les adultes des Premières Nations vivant hors réserve et les adultes non autochtones sont attribuables à d’autres facteurs que les données d’enquête ne permettent pas d’observer, et que d’autres recherches seront nécessaires pour comprendre ces différences. Cependant, chez les personnes occupées, les Premières Nations vivant hors réserve et les Métis hautement qualifiés étaient tout aussi susceptibles de travailler à titre de gestionnaires ou professionnels que leurs homologues non autochtones.

L’acquisition de compétences peut être considérée comme essentielle à une intégration réussie au marché du travail, et il serait utile pour les décideurs et les éducateurs de savoir comment aider les Premières Nations vivant hors réserve et les Métis ainsi que la population non autochtone à accroître leurs compétences en littératie et en numératie ainsi que dans d’autres domaines. Les résultats de la présente étude ne fournissent pas de réponses définitives permettant de déterminer pourquoi certains groupes ont des compétences plus élevées que d’autres, car les scores de compétence en littératie et en numératie reflètent un large éventail d’expériences personnelles, familiales, professionnelles et éducationnellesNote 32. Les résultats actuels révèlent néanmoins les caractéristiques importantes associées aux niveaux de compétence élevés ainsi que les expériences sur le marché du travail des Premières Nations vivant hors réserve, des Métis et des non-Autochtones d’âge adulte.

Paula Arriagada est analyste de recherche à la Division de la statistique sociale et autochtone, et Darcy Hango est chercheur avec la publication Regards sur la société canadienne de Statistique Canada.

Début de l’encadré

Sources de données, méthodes et définitions

Sources de données

Le Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) est le résultat d’un effort de collaboration international entre l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de nombreux autres organismes internationaux. Le Canada fait partie des 24 pays et régions infranationales qui ont participé à la première ronde du PEICA. L’enquête, pilotée par Statistique Canada de novembre 2011 à juin 2012, a été réalisée avec le soutien et la collaboration d’Emploi et Développement social Canada (EDSC), du Conseil des ministres de l’Éducation du Canada (CMEC) et de nombreux autres partenaires incluant les ministères et services provinciaux et territoriaux responsables de l’éducation. Le PEICA est une enquête complexe portant sur les compétences en traitement de l’information des jeunes et des adultes de 16 à 65 ans. Il comporte trois grands volets : un questionnaire sur les antécédents, une évaluation directe et un module sur l’utilisation des compétences.

Définitions

Littératie

Les répondants sont évalués du point de vue de leur capacité à exploiter des textes écrits (imprimés et numériques) pour participer à la société, réaliser leurs objectifs, accroître leurs compétences et développer leur potentiel. La démarche nécessite de repérer, de cerner et de traiter l’information qui apparaît dans une variété de textes associés à un éventail de milieux.

Numératie

Les répondants sont évalués du point de vue de leur capacité à exploiter des données mathématiques, afin de gérer les exigences mathématiques dans un éventail de situations de la vie quotidienne. La démarche nécessite de comprendre le contenu et les concepts mathématiques (p. ex., les quantités, les chiffres, les dimensions et les rapports) de même que la représentation de ce contenu (p. ex., les objets, les images, les diagrammes et les graphiques).

Niveaux de compétence

Les personnes qui se classent aux « niveaux supérieurs » de compétence en littératie et en numératie (niveau 3 et plus) sont celles qui ont obtenu un score de plus de 275 (sur 500) aux évaluations de ces compétences. Il convient de souligner que ces niveaux de compétence « ne représentent pas des démarcations strictes entre les aptitudes, mais ils servent à décrire un ensemble de compétences que possèdent les personnes dans une plus ou moins grande mesure. Cela ne veut pas dire que les personnes obtenant un rendement qui se situe à un niveau moins élevé sont dans l’impossibilité d’accomplir des tâches d’un niveau plus élevé; cela indique simplement qu’elles sont moins susceptibles d’accomplir ces tâches que les personnes obtenant un rendement qui se situe à un tel niveau ». Les descriptions de chaque niveau figurent ci-dessousNote 33.

Tableau explicatif
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau explicatif Littératie et Numératie(figurant comme en-tête de colonne).
  Littératie Numératie
5 Les tâches peuvent exiger du répondant qu’il recherche et intègre des informations dans des textes multiples et denses, qu’il construise des synthèses d’idées ou de points de vue semblables et opposés; ou qu’il évalue des arguments fondés sur les faits. L’application et l’évaluation de modèles d’idées logiques et conceptuelles peuvent être requises pour effectuer les tâches. L’évaluation de la fiabilité de sources probantes et la sélection de renseignements clés constituent souvent une exigence. Les tâches exigent du répondant qu’il comprenne des représentations complexes ainsi que des concepts mathématiques et statistiques abstraits et formels, éventuellement incorporés dans des textes complexes. Le répondant peut avoir à intégrer de multiples types d’informations mathématiques, pour lesquels une « traduction » ou une interprétation considérable est requise; à produire des inférences; à élaborer ou à manipuler des arguments ou des modèles mathématiques; ainsi qu’à faire preuve d’esprit critique, justifier et évaluer ses solutions ou ses choix.
4 Les tâches peuvent exiger du répondant qu’il recherche et intègre des informations dans des textes multiples et denses, qu’il construise des synthèses d’idées ou de points de vue semblables et opposés; ou qu’il évalue des arguments fondés sur les faits. L’utilisation d’inférences complexes et l’application de connaissances préalables peuvent être nécessaires pour effectuer les tâches convenablement. Les tâches exigent du répondant qu’il comprenne une gamme étendue d’informations mathématiques qui peuvent être complexes, abstraites ou incorporées dans des contextes non familiers. Ces tâches nécessitent de faire appel à des étapes multiples et de choisir les stratégies et les procédés de résolution de problèmes pertinents.
3 Les textes sont souvent denses ou longs et incluent des pages de texte continues, non continues, mixtes ou multiples. L’accent est mis davantage sur la compréhension des textes et des structures rhétoriques pour effectuer convenablement les tâches, plus particulièrement dans les activités consistant à parcourir des textes numériques complexes. Les tâches exigent du répondant qu’il cerne, interprète ou évalue une ou plusieurs informations; ces tâches exigent souvent des niveaux variés d’inférence. Les tâches exigent du répondant qu’il comprenne des informations mathématiques qui peuvent être moins explicites; ces informations, qui sont incorporées dans des contextes qui ne sont pas toujours familiers, sont représentées sous des formes davantage complexes. Ces tâches nécessitent plusieurs étapes et peuvent comprendre le choix de stratégies de résolution de problèmes et de procédés pertinents.
2 La forme des textes peut être numérique ou imprimée; les types de texte peuvent être continus, non continus ou mixtes. Les tâches de ce niveau exigent du répondant qu’il effectue des mises en correspondance entre le texte et l’information; ces tâches peuvent nécessiter de faire de la paraphrase ou d’effectuer des inférences de niveau peu élevé. Des informations concurrentes peuvent être présentes. Les tâches exigent du répondant qu’il détermine et suive des indications et des concepts mathématiques incorporés dans un ensemble de contextes familiers, où le contenu mathématique est particulièrement explicite ou visuel et comporte relativement peu d’éléments de distraction.
1 La plupart des tâches exigent du répondant qu’il lise des textes numériques ou imprimés continus, non continus ou mixtes relativement courts afin de situer une information qui est identique ou similaire à celle donnée dans la question ou la directive. Les tâches exigent du répondant qu’il applique des procédés mathématiques de base dans des contextes concrets et familiers, où le contenu mathématique est explicite et comporte peu de texte et peu d’éléments de distraction.
< 1 Les tâches de cette catégorie exigent du répondant qu’il lise des textes courts portant sur des sujets familiers afin de situer une seule information spécifique. Il y a rarement des informations concurrentes dans le texte, et l’information requise est identique, sur le plan de la forme, à celle donnée dans la question ou la directive. Les tâches exigent du répondant qu’il applique des procédés simples, notamment : compter; trier; effectuer des opérations arithmétiques de base avec des nombres entiers ou de l’argent; ou reconnaître des représentations spatiales communes dans des contextes concrets et familiers, où le contenu mathématique est explicite et comporte peu de texte ou d’éléments de distraction, voire aucun.

Fin de l’encadré


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