Fécondité : aperçu, 2009 à 2011

Warning Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

par Anne Milan

[Article intégral en PDF]

Passer au texte

Début du texte

Le présent article décrit l’évolution récente de la fécondité au Canada, soit au cours des années 2009, 2010 et 2011. Outre le nombre de naissances, plusieurs indicateurs sont analysés, notamment l’indice synthétique de fécondité, les taux de fécondité par âge, l’âge moyen des mères à la maternité, le rang de naissance et la descendance finale. Lorsque c’est possible, l’évolution récente est également analysée par rapport aux tendances historiques.

Nombre de naissances

En 2011, 377 636 naissances ont eu lieu au Canada, un nombre en légère hausse par rapport à l’année précédente (377 213) mais inférieur à celui observé en 2009 (380 863). Au cours des dernières années, le nombre de naissances a été plus élevé que pendant toute la période de la fin des années 1990 au début des années 2000. Cette hausse est attribuée, en partie du moins, à des niveaux de fécondité plus élevés des femmes en particulier dans la trentaine, ainsi qu’à une augmentation du nombre de femmes aux âges les plus féconds (25 à 34 ans).

Globalement, le nombre de naissances a fluctué au cours du dernier siècle, souvent à l’occasion d’événements historiques. Il y a eu relativement moins de naissances à la fin des années 1920 et durant les années 1930, soit durant la période de la Grande Crise jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale (figure 1). Au cours du baby-boom d’après-guerre, de 1946 à 1965, le nombre de naissances a fortement augmenté et a culminé, en 1959, à 479 275 naissances. Durant les années 1970 et pendant une grande partie des années 1980, le nombre de naissances a de nouveau diminué, pour augmenter de nouveau à 404 669 en 1990, soit le nombre le plus élevé des deux décennies précédentes. Il a par la suite diminué à 327 882 naissances en 2000, soit le nombre le plus faible observé depuis 1945 et ce, en dépit d’une taille de population plus grande. Malgré ces fluctuations annuelles au cours des quarante dernières années, le nombre de naissances est demeuré relativement stable, variant autour d’une moyenne de 365 000 naissances par an depuis 1971, alors que la taille de la population a elle augmenté, passant d’environ 22 millions d’habitants en 1971 à 34,5 millions d’habitants en 2011.

À l’image de la tendance au niveau national, le nombre de naissances a varié dans les diverses provinces et territoires au cours des dernières années. La baisse du nombre de naissances en 2010 comparé à l’année précédente puis la hausse observée en 2011 à l’échelle du Canada se sont aussi manifestés à l’Île-du-Prince-Édouard, au Québec, en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique, au Yukon et au Nunavut (tableau 1). À l’opposé, on a observé une baisse constante depuis 2010 du nombre de naissances à Terre-Neuve-et-Labrador et au Manitoba, baisse qui a débuté plus tôt en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick (soit en 2009) ainsi qu’aux Territoires du Nord-Ouest (soit en 2008).

Indice synthétique de fécondité

L’indice synthétique de fécondité renvoie au nombre d’enfants qu’une femme aurait au cours de sa vie reproductive si elle connaissait, à chaque âge, les taux de fécondité observés au cours d’une année civile donnée. L’indice repose donc sur une compilation des expériences en matière de fécondité de nombreuses cohortes de femmes au cours d’une année donnée. L’indice synthétique de fécondité a pour avantage d’être facile à calculer et de ne pas être affecté par les variations dans la taille ou la structure par âge de la population, ce qui permet d’établir des comparaisons annuelles, provinciales/territoriales et internationales. L’indice synthétique de fécondité au Canada était de 1,61 enfant par femme en 2011, en baisse depuis quatre ans, puisqu’il était de 1,63 en 2010, 1,67 en 2009 et de 1,68 en 2008, mais demeurant cependant plus élevé qu’au cours de la période de 1996 à 2007 (tableau 2). Comme pour toutes les années depuis 1972, l’indice synthétique de fécondité est demeuré inférieur, de 2009 à 2011, au seuil de renouvellement des générations qui est d’environ 2,1 enfants par femme, soit le niveau nécessaire pour remplacer la population en l’absence de migration.

En 2011, l’indice synthétique de fécondité était supérieur au seuil de renouvellement des générations dans un territoire, le Nunavut, où il était de 2,97 enfants par femme. L’indice synthétique de fécondité était également supérieur à la moyenne nationale en Saskatchewan (1,99), dans les Territoires du Nord-Ouest (1,97), au Manitoba (1,86), en Alberta (1,81), au Yukon (1,73) et au Québec (1,69). À l’opposé, l’indice synthétique de fécondité était inférieur à la moyenne nationale en 2011 au Nouveau-Brunswick (1,54), en Ontario (1,52), en Nouvelle-Écosse (1,47), à Terre‑Neuve-et-Labrador (1,45) et en Colombie-Britannique (1,42). Avec 1,62 enfant par femme, l’indice synthétique de fécondité de l’Île‑du-Prince-Édouard était, en 2011, proche du niveau de l’ensemble du Canada.

La tendance à la baisse observée au niveau national au cours des dernières années en ce qui a trait à l’indice synthétique de fécondité a également été observée dans la plupart des provinces et des territoires. Une hausse de l’indice synthétique a été observée au Yukon, de 1,60 enfant par femme en 2010 à 1,73 en 2011. À l’Île-du-Prince-Édouard, l’indice synthétique était stable en 2010 et 2011 (1,62) et il était également stable au Nouveau-Brunswick entre 2008 et 2010 (1,59) avant de diminuer à 1,54 en 2011. La baisse la plus marquée de l’indice synthétique est survenue à Terre-Neuve-et-Labrador, passant de 1,58 enfant par femme en 2010 à 1,45 en 2011, ce qui correspond à 400 naissances de moins en 2011 comparativement à l’année précédente. Dans certaines provinces et territoires, davantage de naissances ont été observées en 2011 qu’en 2010 malgré un indice synthétique de fécondité stable ou en baisse, comme à l’Île-du-Prince-Édouard, au Québec, en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique et au Nunavut.

Plusieurs autres pays industrialisés présentent un indice synthétique de fécondité bien en deçà du seuil de renouvellement des générations qu’au Canada. Ainsi, en 2010, les indices synthétiques de fécondité de la Hongrie (1,26 enfant par femme), du Japon (1,39), de l’Allemagne (1,39) et de l’Italie (1,41) étaient tous inférieurs au nombre moyen d’enfants par femme observé au Canada1. Bien qu’il demeurait sous le seuil de remplacement des générations, l’indice synthétique de fécondité était plus élevé dans un certain nombre de pays européens qu’au Canada, notamment en Belgique (1,87), au Danemark (1,88), en Norvège (1,95), en Suède (1,98), au Royaume-Uni (1,98) et en France (1,99). Aux États-Unis, l’indice était de 1,93 en 2010, après être demeuré à 2,00 ou au-dessus de ce seuil pendant une grande partie de la décennie précédente, atteignant même le seuil de renouvellement des générations en 2007, à 2,12 enfants par femme.

Les taux de fécondité dans les deux pays les plus peuplés du monde, soit la Chine et l’Inde, pourraient avoir des répercussions différentes sur la future population de ces pays, ainsi que sur la population mondiale. La Chine, dont la population est actuellement d’environ 1,35 milliard d’habitants, avait un indice synthétique de fécondité inférieur au seuil de renouvellement des générations, à 1,60 enfant par femme en 2010, un niveau découlant en grande partie de la politique de l’enfant unique de ce pays. L’Inde, le deuxième pays le plus peuplé du monde avec 1,26 milliard d’habitants, affichait un indice synthétique de fécondité de 2,63 en 2010, ce qui est bien supérieur au seuil de renouvellement des générations. Si ces tendances en matière de fécondité se maintiennent, l’Inde dépassera la Chine comme pays le plus peuplé du monde dans environ une décennie2.

En 2012, l’indice synthétique de fécondité estimé pour le monde entier était de 2,4 enfants par femme. Bon nombre des pays les moins industrialisés présentent en général des taux de fécondité qui sont bien plus élevés qu’ailleurs, atteignant en moyenne 4,4 enfants par femme. L’indice synthétique de fécondité était de 4,7 enfants par femme en Afrique et sur ce continent, il était encore plus élevé pour certains pays, notamment au Niger (7,1), en Afrique de l’Ouest, au Burundi et en Somalie (6,4 chacun), en Afrique de l’Est3.

Taux de fécondité selon l’âge

La tendance à la baisse de l’indice synthétique de fécondité au Canada au cours des quatre dernières décennies est imputable à des baisses relativement régulières des taux de fécondité selon l’âge dans tous les groupes d’âge inférieurs à 30 ans. À l’opposé, les taux de fécondité des personnes âgées de 30 ans et plus ont, en règle générale, augmenté.

Le taux de fécondité légèrement plus élevé des femmes âgées de 30 à 34 ans que celui des femmes âgées de 25 à 29 ans, une situation prévalent depuis 2005 était toujours observé en 2011 et l’écart entre ces deux groupes d’âge a progressivement augmenté (figure 2). En 2011, le taux de fécondité pour les femmes au début de la trentaine était de 105,9 naissances pour 1 000 femmes, tandis que pour celles âgées de 25 à 29 ans, il était de 95,2 (tableau 3). Pour les femmes à la fin de la vingtaine, le taux de fécondité a généralement baissé au cours des cinq dernières décennies après avoir atteint un sommet de 225,9 naissances pour 1 000 femmes en 1959. À l’opposé, le taux de fécondité des femmes âgées de 30 à 34 ans a suivi une tendance globale à la hausse après avoir atteint un niveau minimum de 64,5 naissances pour 1 000 femmes en 1976, une tendance par ailleurs cohérente avec le report de la maternité observé au moyen d’autres indicateurs. Il convient cependant de noter que les taux de fécondité des femmes au début de la trentaine étaient même plus élevés durant la période de 1926 à 1965 qu’ils l’étaient en 2011; par exemple, ils étaient de 153,9 naissances pour 1 000 femmes en 1926, diminuant à 120,4 en 1939, avant d’augmenter de nouveau à 155,9 en 1954.

Pour la première fois en 2010, le taux de fécondité était plus élevé pour les femmes âgées de 35 à 39 ans (51,7 naissances pour 1 000 femmes) que pour les femmes âgées de 20 à 24 ans (48,0). En 2011, l’écart avait augmenté davantage, ces deux groupes d’âge présentant des taux de fécondité de 52,3 et 45,7, respectivement. Le taux de fécondité des femmes à la fin de la trentaine a été globalement à la hausse depuis la fin des années 1970. Il est à présent près du triple du seuil minimum de 18,9 naissances pour 1 000 femmes atteint en 1978, et il s’agit du taux le plus élevé pour ce groupe d’âge depuis 1966. Quoi qu’il en soit, il est toujours inférieur à la moitié du taux de fécondité selon l’âge de 1926 (114,6). À l’opposé, le taux de fécondité des femmes au début de la vingtaine, après avoir culminé à 233,6 naissances pour 1 000 femmes en 1960 et 1961, a par la suite diminué, atteignant son plus faible niveau depuis 1926 en 2011 (45,7).

L’écart a également diminué entre l’un des groupes de femmes les plus âgées (de 40 à 44 ans) et l’un des groupes de femmes les plus jeunes (de 15 à 19 ans) de la vie reproductive. En 2011, les taux de fécondité des femmes du début de la quarantaine (10,3 naissances pour 1 000 femmes) et de celles de la fin de l’adolescence (12,6) étaient relativement proches. À la fin des années 1990, le taux de fécondité des femmes au début de la quarantaine était environ le quart de celui des femmes à la fin de l’adolescence. Historiquement, le taux de fécondité selon l’âge des jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans a été élevé de la fin des années 1940 jusqu’aux années 1960, atteignant en 1959 – le pic du baby-boom – 59,7 naissances pour 1 000 femmes, soit 4,5 fois le taux observé en 2011. En général, on a observé, au cours de la période des années 1980 jusqu’à maintenant, les plus faibles taux de fécondité depuis 1926 chez les jeunes femmes. Bien qu’en 2011 il ait été à son niveau le plus élevé (10,3 naissances pour 1 000 femmes) depuis 1970, le taux de fécondité selon l’âge des femmes au début de la quarantaine était approximativement cinq fois plus élevé en 1926 (50,6) qu’en 2011.

Âge des mères à la maternité et rang des naissances

Pour la première fois depuis 1945, l’âge moyen des mères à la maternité était supérieur à 30 ans en 2010, soit 30,1 ans très précisément. En 2011, cet âge moyen a augmenté à 30,2 ans. Il est remarquable qu’en 1945, l’âge moyen des mères était assez semblable, soit 29,3 ans, mais pour des raisons bien différentes. Au début du XXe siècle, la contraception était moins efficace et la plupart des grossesses survenaient au sein de femmes mariées, le mariage à l’époque survenant cependant à des âges plus avancés. Par conséquent, la maternité était fréquente durant la vie reproductive d’une femme pendant toute la durée de son mariage. À l’opposé, l’âge plus tardif à la maternité des femmes aujourd’hui, et dont la hausse a débuté dans les années 1970, peut s’expliquer par la poursuite plus fréquente d’études supérieures, une plus forte participation au marché du travail, le report de la formation des couples ainsi que l’amélioration des méthodes permettant de contrôler le moment et le nombre des naissances.

Cependant, au cours des décennies entre 1945 et le milieu des années 1970 – décennies qui chevauchent en partie la période du baby-boom au cours de laquelle l’âge moyen au mariage était relativement jeune – l’âge moyen des mères à la maternité avait même atteint un minimum de 26,7 ans en 1975.

En 1945, l’âge moyen des mères à la première naissance était de 25,2 ans, soit un âge en lien avec l’âge moyen au mariage plus élevé aussi observé à cette époque. Au milieu des années 1960, l’âge moyen des mères à la première naissance avait diminué à 23,5 ans, puis il a commencé à augmenter de nouveau vers des âges plus élevés, cette tendance se poursuivant depuis près de 50 ans. Pour les femmes qui devenaient mères pour la première fois en 2011, l’âge moyen à la naissance était de 28,5 ans (figure 3). Dans l’ensemble du Canada, en 2011, l’âge moyen des mères à la première naissance le moins élevé a été observé au Nunavut (22,1 ans) et le plus élevé en Colombie-Britannique (29,5 ans).

Plus des deux cinquièmes (43,3 %) des 377 636 naissances enregistrées au Canada en 2011 étaient des premières naissances, tandis que les autres naissances (56,7 %) étaient des deuxièmes naissances ou des naissances d’un rang plus élevé : plus d’un tiers (35,5 %) des nouveaux nés étaient des naissances de deuxième rang et environ un cinquième (21,2 %) étaient des naissances de troisième rang ou d’un rang plus élevé.

Au cours du siècle dernier, la maternité des femmes s’est de plus en plus concentrée à la fin de la vingtaine jusqu’au début de la trentaine. Plus précisément, bien que les femmes aient leur premier enfant à un âge plus avancé comparativement à la situation observée il y a plusieurs décennies, elles ont aussi généralement moins d’enfants et terminent leur maternité dans un laps de temps relativement court. L’âge moyen des mères à la deuxième naissance et aux naissances d’un rang plus élevé se situait globalement au début de la trentaine en 2011 : à la deuxième naissance, l’âge moyen des mères était de 30,9 ans, augmentant à 32,0 ans à la troisième naissance, puis à 32,6 ans à la quatrième naissance et à 33,9 ans à la cinquième naissance et aux naissances d’un rang plus élevé. En 1979, il existait un écart de près de 10 ans entre l’âge moyen à la première naissance (24,8 ans) et l’âge moyen à la cinquième naissance ou à une naissance d’un rang plus élevé (34,1 ans). En 2011, cet écart avait diminué à 5,4 ans.

En 2011, plus de la moitié des femmes ayant donné naissance étaient âgées de 30 ans et plus (52,2 %), une proportion deux fois plus élevée qu’en 1981 (23,6 %). Près d’une femme sur cinq (19,2 %) ayant donné naissance en 2011 était âgée de 35 ans et plus, alors qu’il y en avait moins d’une sur 20 (4,9 %) en 1981. À l’opposé, 3,6 % de toutes les femmes ayant donné naissance au Canada en 2011 étaient âgées de moins de 20 ans, et pour la plupart il s’agissait d’une première naissance. Cette proportion de femmes ayant donné naissance et qui étaient âgées de moins de 20 ans s’est maintenu ou a été inférieure à 5 % depuis l’année 2000. Au niveau provincial et territorial en 2011, la proportion des naissances découlant de jeunes femmes de moins de 20 ans était la plus élevé au Nunavut, à 20,8 %, suivi par les Territoires du Nord-Ouest, la Saskatchewan (8,1 % chacun) et le Manitoba (8,0 %). Cette proportion était plus faible au Québec (2,5 %), en Colombie-Britannique (2,6 %) et en Ontario (3,0 %).

Descendance finale des générations récentes

L’indice synthétique de fécondité est un indicateur communément utilisé pour analyser les tendances de la fécondité en ce qu’il est facile à calculer et qu’il peut résumer la situation pour une année civile donnée. Cet indicateur est cependant affecté par des changements dans le calendrier de la fécondité. En revanche, la descendance finale, qui représente les réelles expériences de fécondité des générations de femmes qui sont arrivées à la fin de leur vie reproductive, est un indicateur longitudinal qui n’est pas entaché de cet effet. Il peut ainsi servir à mieux comprendre les changements dans le comportement réel de diverses générations des femmes à l’égard de la fécondité. Le désavantage en est qu’il faut de nombreuses années pour obtenir les données nécessaires à son calcul pour une génération donnée. On peut calculer la descendance finale des femmes nées jusqu’en 1960 en 2011, car elles étaient alors âgées de 51 ans. Il est également possible d’estimer la descendance finale de la génération née en 1970, qui était alors âgée de 41 ans en 2011, et dont les taux de fécondité avaient déjà dépassé leur niveau maximum. De même, les taux de fécondité de la génération née en 1975 et âgée de 36 ans en 2011, avaient également commencé à baisser. La descendance finale estimée des générations plus récentes comporte un degré plus élevé d’incertitude, car une plus grande partie de leur descendance finale repose sur une extrapolation des tendances récentes.

La première génération du baby-boom, soit les femmes nées en 1946, est souvent utilisée comme groupe de référence du fait qu’il s’agit de la dernière génération de femmes à avoir atteint le seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme). Ces femmes ont connu des taux de fécondité bien plus élevés à la fin de l’adolescence et au début de la vingtaine que les générations nées en 1970 et plus tard. Cependant, cette fécondité a diminué relativement vite dans la trentaine et était à ces âges en fait plus faible que celle des générations de femmes qui les ont suivies. En fait, les taux de fécondité par âge de ces générations récentes, plus faibles que ceux de la génération née en 1946 jusqu’à l’âge de 28 ans, étaient plus élevés que ceux de toutes les générations précédentes de femmes après 30 ans (figure 4). Par exemple, le taux de fécondité à 40 ans de la génération née en 1970 et qui arrive à la fin de ses années de vie reproductive, était de 20,9 naissances pour 1 000 femmes, ce qui est plus élevé que celui des générations antérieures : plus du double de celui de la génération de 1955 (10,1 naissances pour 1 000 femmes) et plus du triple de celui de la génération de 1946 (6,3). Il s’agit de changements considérables, étant donné que la différence entre ces diverses générations est de moins de 25 ans.

Le niveau maximum dans les taux de fécondité était moins élevé et était observé à des âges plus avancés au sein des générations plus récentes de femmes, témoignant à la fois d’une fécondité moins élevée et d’un report du calendrier de cette fécondité. Au sein de la génération née en 1946, le taux de fécondité maximal avait été atteint à 24 ans, soit 163,8 naissances pour 1 000 femmes. Au sein de la génération née en 1965, ce sommet avait été atteint à 27 ans, soit 125,4 naissances pour 1 000 femmes, et au sein de la génération née en 1970 plus tard encore, à 28 ans (110,1). Les générations nées entre 1975 et 1979 ont atteint leur fécondité maximale à un âge encore plus élevé, soit 30 ans. Des taux de fécondité plus élevés pour les femmes dans la trentaine ne peuvent cependant pas compenser pour des taux de fécondité moins élevés dans la vingtaine. En conséquence, la descendance finale atteinte à ce jour est aussi moins élevée, les générations récentes ne pouvant simplement pas « compenser » le retard de fécondité pris dans la vingtaine par une fécondité plus élevée aux âges avancés.

Au cours du siècle dernier, à la fois l’indice synthétique de fécondité comme la descendance finale peuvent témoigner d’une fécondité plus forte durant les années du baby-boom et plus faible au cours des décennies suivantes. La différence, cependant, tient en ce que l’indice synthétique de fécondité est caractérisé par une variation plus importante d’une année à l’autre, une situation découlant du fait que cet indicateur résume le comportement fécond de plusieurs générations de femmes au cours d’une année (figure 5). Ainsi, de 1940 à 1965, l’indice synthétique de fécondité a surpassé la descendance finale en raison d’une augmentation de la fécondité au sein de toutes les générations de femmes, d’une baisse de l’âge moyen à la maternité, d’intervalles plus brefs entre les naissances, ainsi que d’un effet de rattrapage, dans une certaine mesure, des naissances qui avaient été reportées en raison de la Deuxième Guerre mondiale4. Depuis 1966, la descendance finale est plus élevée que l’indice synthétique de fécondité, une situation liée à la hausse progressive de l’âge moyen à la maternité, qui est passé de 27,6 ans en 1966 à 30,2 ans en 2011.

Notes

  1. Organisation de coopération et de développement économiques. 2010. « Indice synthétique de fécondité », Panorama des statistiques de l’OCDE 2012, site consulté le 19 mars 2013.
  2. Organisation de coopération et de développement économiques. 2010. « Indice synthétique de fécondité », Panorama des statistiques de l’OCDE 2012, site consulté le 19 mars 2013. Les chiffres de population pour la Chine et l’Inde proviennent duPopulation Reference Bureau. 2012. 2012 World Population Data Sheet.
  3. Population Reference Bureau. 2012. 2012 World Population Data Sheet.
  4. Romaniuc, A. 1984. La fécondité au Canada : Croissance et déclin, no 91-524F au catalogue de Statistique Canada.
Date de modification :