État matrimonial : aperçu, 2011

par Anne Milan

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Cet article présente une analyse des tendances relatives à l’état matrimonial et à la nuptialité au Canada. Les données sur l’état matrimonial et la situation conjugale proviennent principalement du Recensement de la population de 20111 et des comparaisons avec des données antérieures sont établies, particulièrement avec celles de 19812.

En outre, les données sur les mariages et les divorces tirées de la Base canadienne de données sur l'état civil sont analysées, notamment pour en dégager les tendances récentes3.

État matrimonial légal

État matrimonial légal s'entend de l'état matrimonial de la personne selon la loi, c’est-à-dire, jamais marié(e), marié(e), divorcé(e) ou séparé(e), ou veuf(ve). En 2011, 46,4 % des personnes âgées de 15 ans et plus étaient légalement mariées, tandis que 53,6 % n’étaient pas mariées — c’est-à-dire jamais légalement mariées (célibataires), divorcées ou séparées, ou veuves — ce qui creuse l’écart observé pour la première fois dans l’ensemble de la population en 2001 entre la proportion de personnes mariées et non mariées4. À titre de comparaison, trente ans plus tôt, en 1981, 60,9 % de la population âgée de 15 ans et plus était mariée, alors que 39,1 % ne l’était pas.

Les provinces qui affichaient, en 2011, les proportions les plus élevées de personnes mariées au sein de la population âgée de 15 ans et plus étaient Terre-Neuve-et-Labrador (52,9 %), l’Île-du-Prince-Édouard (51,7 %), l’Ontario (50,3 %) et l’Alberta (50,2 %). Les proportions les plus faibles de personnes mariées ont été observées dans les territoires, soit au Yukon (37,6 %), dans les Territoires du Nord-Ouest (35,0 %) et au Nunavut (29,7 %), ainsi qu’au Québec (35,4 %).

La diminution, au fil du temps, de la proportion de personnes légalement mariées et la hausse correspondante de la population non mariée peuvent s’expliquer par divers facteurs, y compris un âge plus élevé au mariage et une hausse de la population divorcée ou séparée. De plus, une plus grande proportion de la population vit en union libre que par le passé — soit pour une période relativement courte avant le mariage, soit dans une relation de longue durée. Enfin, une proportion assez importante de jeunes adultes vivent au domicile parental, la plupart d’entre eux n’ayant jamais été mariés.

Les pyramides des âges selon l’état matrimonial pour 1981 et 2011 montrent à la fois l’évolution de la structure par âge de l’ensemble de la population de même que l’évolution des effectifs selon l’état matrimonial. On y observe, entre 1981 et 2011, des effectifs à la baisse de personnes mariées chez les plus jeunes jusqu’aux adultes dans la mi-quarantaine combinés à des effectifs à la hausse de personnes jamais mariées, divorcées et séparées de la mi-quarantaine jusqu’aux âges avancés (figure 1).

Il y a eu une forte augmentation dans les proportions de personnes jamais mariées au sein des personnes dans la vingtaine et la trentaine de 1981 à 2011. Ainsi, chez les jeunes adultes de 25 à 29 ans, la proportion des personnes jamais mariées est passée d’environ du quart de cette population (26,0 %) en 1981 à près des trois quarts (73,1 %) en 2011.

Au sein de la population âgée de moins de 65 ans en 1981 et de moins de 75 ans en 2011, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes de n’avoir jamais été légalement mariés — tout particulièrement les hommes de moins de 60 ans en 2011 et de moins de 35 ans en 1981 (figure 2). Cette situation est attribuable au fait que, en moyenne, les hommes contractent des unions un peu plus tardivement que les femmes et que, dans les couples de sexe opposé, les hommes tendent à se lier à des femmes légèrement plus jeunes qu’eux. La proportion des hommes qui n’étaient jamais mariés à la fin de la vingtaine a augmenté entre 1981 et 2011, passant de 32,0 % en 1981 à 78,8 % en 2011. Pour les femmes du même groupe d’âge, les proportions correspondantes sont de 20,0 % et de 67,4 %.

Même chez les personnes du début de la trentaine, la population d’hommes qui n’était jamais mariés est passée de 15,0 % en 1981 à 54,0 % en 2011, et celle des femmes, de 10,5 % en 1981 à 43,4 % en 2011. À partir de 65 ans, toutefois, on observe une certaine convergence entre les sexes, et la proportion de la population qui n’était jamais mariée était légèrement plus élevée en 1981 qu’en 2011.

Au cours des trois dernières décennies, la proportion de la population des personnes de 15 ans et plus divorcées et séparées a globalement augmenté, passant de 5,1 % en 1981 à 11,5 % en 2011. Au cours de la dernière décennie cependant, la proportion de la population des personnes divorcées et séparées de moins de 50 ans a diminué, et ce, tant pour les hommes que pour les femmes (figure 3). Dans certains groupes d’âge, la baisse de cette proportion a commencé encore plus tôt : par exemple, 12,0 % des hommes à la fin de la trentaine étaient divorcés ou séparés en 1996, comparativement à 8,3 % en 2011. Chez les femmes du même groupe d’âge, cette proportion a diminué, passant de 15,8 % à 12,1 % entre 1996 et 2011. Cette baisse pourrait s’expliquer par la diminution de la proportion des personnes légalement mariées dans ces groupes plus jeunes — en grande partie par l’augmentation des unions libres — de sorte que la proportion des personnes divorcées ou séparées est plus faible.

En revanche, tant pour les hommes que pour les femmes, l’âge des personnes divorcées ou séparées tend à augmenter et la proportion que ce groupe représente a progressé, particulièrement dans le groupe des 50 ans et plus. En 2011, environ une personne sur cinq à la fin de la cinquantaine était divorcée ou séparée (21,6 % des femmes et 18,9 % des hommes), soit la proportion la plus forte de tous les groupes d’âge. À titre de comparaison, en 1981, 6,9 % des femmes et 6,2 % des hommes de ce groupe d’âge étaient divorcés ou séparés. Il y a trente ans, toutefois, la plus forte proportion de personnes divorcées ou séparées était observée, pour les femmes, à la fin de la trentaine et au début de la quarantaine (tout près de 10 %) et pour les hommes, dans la quarantaine et au début de la cinquantaine (environ 7 %).

L’augmentation de la proportion des personnes divorcées ou séparées peut également être examinée en adoptant une approche longitudinale. Par exemple, les personnes de 55 à 59 ans en 2011 sont nées entre 1952 et 1956 et étaient donc âgées de 25 à 29 ans en 1981. Au cours de cette période de 30 ans, la proportion de personnes divorcées ou séparées a environ triplé chez les femmes de cette cohorte et a presque quintuplé chez les hommes. Des cohortes plus anciennes ont également connu des hausses de leur proportion de personnes divorcées ou séparées à mesure qu’elles vieillissaient jusqu’à 65 ans, puis des diminutions au-delà de 65 ans.

Il se peut qu’une plus grande partie de la population ait divorcé en raison des changements législatifs des dernières décennies, lesquels ont facilité l’obtention d’un divorce5. De plus, l’état matrimonial légal des personnes divorcées demeure inchangé pour les personnes qui ne se remarient pas, y compris pour celles qui vivent en union libre après un divorce. En outre, certaines personnes séparées ne divorcent pas — à court ou à long terme — pour diverses raisons.

Situation conjugale

Situation conjugale désigne la nature de la relation entre les membres d'un couple. Plus précisément, elle indique si les membres d'un couple sont légalement mariés ou s'ils vivent en union libre. En 2011, la majorité des personnes âgées de 15 ans et plus vivaient en couple, soit comme partenaires étaient en union libre soit comme conjoints mariés6. En 2011, 57,7 % des personnes âgées de 15 ans et plus vivant en ménages privés étaient en couple, une proportion légèrement inférieure à celle de 61,1 % enregistrée trente ans plus tôt, en 1981.

Si la proportion de la population vivant en couple n’a pas beaucoup changé au cours de ces trois décennies, certains aspects de la diversité des couples — et des personnes qui les forment — ont eux évolué. Dans certains cas, des changements d’ordre conceptuel permettent de mesurer davantage de caractéristiques des personnes vivant en couple, par exemple, de déterminer s’il s’agit de conjoints mariés ou de partenaires en union libre ou encore si ces personnes forment des couples de sexe opposé ou de même sexe.

La plupart des personnes vivant en couple sont des conjoints mariés, mais la proportion qu’elles représentent a diminué au fil des ans. En 2011, environ les quatre cinquièmes (80,1 %) des personnes en couple étaient des conjoints mariés et le cinquième (19,9 %), des partenaires en union libre. Trois décennies plus tôt, en 1981, 93,7 % des personnes en couple étaient des conjoints mariés et 6,3 %, des partenaires en union libre.

Dans l'ensemble, la proportion de femmes en couple est plus faible en 2011 qu’en 1981 pour tous les groupes d’âge de moins de 60 ans. Chez les hommes, cette proportion en 2011 est inférieure à celle observée en 1981 pour tous les groupes d’âge de moins de 70 ans (figure 4).

En revanche, l’augmentation de la proportion de femmes vivant en couple est particulièrement évidente chez celles âgées entre 70 et 79 ans. En 2011, 46,0 % des femmes âgées de 75 à 79 ans vivaient en couple, en hausse par rapport à 29,9 % en 1981. Chez les hommes, la hausse, en pourcentage, la plus forte est observée dans le groupe des 80 ans et plus : en 2011, 67,0 % des hommes de ce groupe d’âge vivaient en couple, comparativement à 57,3 % en 1981.

La croissance de la population des personnes âgées vivant en couple, particulièrement des femmes âgées, peut être attribuable, du moins en partie, à la diminution de l’écart entre l’espérance de vie des hommes et des femmes. Si l’espérance de vie des femmes reste, en moyenne, supérieure à celle des hommes, les hommes ont affiché des hausses plus importantes de l’espérance de vie que les femmes ces dernières décennies, avec pour effet le maintien d’un plus grand nombre d’unions et même la formation de nouvelles unions à des âges plus avancés7.

Les unions libres ont par ailleurs continué de gagner du terrain au cours des trois dernières décennies au Canada. En 2011, 11,5 % des personnes âgées de 15 ans et plus vivaient en union libre comparé à 3,8 % en 1981.

C’est chez les jeunes adultes, particulièrement dans le groupe des 25 à 29 ans, que l’union libre était la plus fréquente. Cependant, l’union libre a généralement progressé au sein des cohortes de même que pour les groupes d’âge au fil du temps (figure 5). Autrement dit, l’augmentation de la proportion des personnes vivant en union libre est observée tant au sein des cohortes qu’entre les cohortes pour la plupart des années de recensement de 1981 à 2011. Ainsi, en 1981, 7,7 % des adultes de 25 à 29 ans vivaient en union libre, et cette proportion a presque triplé pour s’établir à 22,6 % en 2011. Selon l’analyse longitudinale, les personnes à la fin de la vingtaine en 1981 sont nées entre 1952 et 1956. Les personnes appartenant à cette cohorte étaient donc âgés de 55 à 59 ans en 2011, et 9,7 % d’entre eux vivaient en union libre cette année-là.

Les jeunes au début de la vingtaine sont l’une des grandes exceptions à cette tendance à la hausse. Bien que la proportion des jeunes adultes vivant en union libre ait généralement augmenté depuis qu’on la mesure, soit en 1981, elle a légèrement diminué pour les jeunes au début de la vingtaine au cours de la dernière décennie. La proportion des jeunes adultes de 20 à 24 ans vivant en union libre est passée de 13,1 % en 2001 à 11,8 % en 2011. Il se pourrait que ces jeunes adultes se concentrent davantage sur leurs études, leur emploi ou d’autres objectifs que sur la vie en couple, comme conjoints ou partenaires.

L’union libre a aussi gagné en popularité dans les groupes plus âgés, ce qui est probablement attribuable à une plus grande acceptation sociale de ce mode de vie par ces groupes d’âge, au vieillissement des partenaires en union libre (c’est-à-dire des partenaires plus âgés qui avaient contracté une telle union lorsqu’ils étaient plus jeunes), à un effet de cohorte ou à la combinaison de tous ces facteurs. En général, les personnes peuvent encore vouloir vivre en couple, mais peut-être sans les obligations associées au mariage. En 1981, plus de la moitié (50,6 %) des personnes vivant en union libre étaient âgées de 20 à 29 ans, et 19,0 % étaient âgées de 40 ans et plus. En 2011, moins du quart (23,7 %) des partenaires en union libre étaient dans la vingtaine, et près de la moitié (49,6 %) étaient dans la quarantaine ou plus âgés.

L’union libre a progressé plus rapidement chez les personnes plus âgées ces dernières années, particulièrement chez les personnes à la fin de la quarantaine et après. Le nombre de personnes de 65 à 69 ans vivant en union libre a augmenté de 66,5 % entre 2006 et 2011, soit le taux de croissance le plus élevé de tous les groupes d’âge. Par contre, cette progression a été beaucoup plus modeste parmi les plus jeunes, et des baisses ont même été observées dans certains groupes d’âge.

La croissance de l’union libre s’explique partiellement par le vieillissement de la grande cohorte des baby-boomers; ceux-ci, nés entre 1946 et 1965, étaient âgés de 46 à 65 ans en 2011. En fait, le nombre de conjoints mariés dans ce groupe d’âge a également augmenté entre 2006 et 2011, mais moins rapidement que l’effectif des partenaires en union libre. Ainsi, le nombre de conjoints mariés de 60 à 64 ans a augmenté de 24,6 % entre 2006 et 2011, comparativement à une croissance de plus du double, soit 53,7 %, pour les partenaires en union libre. En revanche, les personnes au début de la quarantaine appartenaient à la génération moins nombreuse appelée « X » et suivaient la grande cohorte du baby-boom, et l’effectif de ce groupe d’âge a diminué au cours des cinq dernières années. Le nombre de ces personnes vivant en union libre a diminué de plus de 7 % entre 2006 et 2011, reflétant une baisse de la population de ce groupe d’âge au cours des cinq dernières années.

Parmi l’ensemble des unions, les unions libres ont toujours été proportionnellement plus nombreuses au Québec et dans les territoires. Près de la moitié des couples au Nunavut (45,6 %) vivaient en union libre, et des pourcentages élevés ont également été enregistrés dans les Territoires du Nord-Ouest (36,4 %) et au Yukon (31,5 %). À l’échelle provinciale, 37,8 % des couples au Québec vivaient en union libre, un taux largement supérieur à la moyenne des autres provinces (14,4 %).  

La popularité plus importante de l’union libre au Québec que dans les autres provinces remonte à la Révolution tranquille des années 1960 — une période caractérisée par le déclin de l’influence de l’Église catholique et, parallèlement, par la libéralisation des lois sur le divorce, l’accès accru à la contraception, des niveaux de scolarité et des taux d’activité des femmes plus élevés8. Les territoires, particulièrement le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest, comptent des populations autochtones plus importantes et des populations plus jeunes, des caractéristiques associées à une plus grande propension à opter pour l’union libre plutôt que pour le mariage.

Couples de même sexe et de sexe opposé

Les couples de même sexe vivant en union libre ont été dénombrés pour la première fois en 2001, et les couples mariés de même sexe l’ont été pour la première fois en 20069, à la suite de la légalisation du mariage entre conjoints de même sexe au Canada en 200510.

En 2011, 64 575 couples de même sexe ont été dénombrés, et trois de ces couples sur dix étaient des couples mariés11. Cinq ans plus tôt, 45 345 de ces couples avaient été dénombrés, et 16,5 % d’entre eux étaient mariés.

La proportion des couples de même sexe au Canada (0,8 % de tous les couples au Canada en 2011) était comparable à celles observées, selon des données récentes, dans d’autres pays, notamment en Australie (0,7 % en 2011)12 et au Royaume-Uni (0,4 % en 2011)13. Aux États-Unis, les couples de même sexe formaient 0,6 % de l’ensemble des ménages en 201014.

En 2011, les couples de même sexe au Canada étaient plus souvent de sexe masculin (54,5 %) que de sexe féminin (45,5 %), et ce, tant dans les couples mariés que parmi ceux vivant en union libre. Les individus vivant au sein de couples de même sexe étaient également plus jeunes que ceux des couples de sexe opposé (figure 6). Tous les groupes d’âge de moins de 55 ans comptaient des proportions plus élevées de conjoints ou de partenaires de même sexe. Environ le quart (25,3 %) des individus vivant au sein de couples de même sexe étaient âgés de moins de 35 ans comparativement à 17,5 % pour ceux de couples de sexe opposé. La différence d’âge la plus importante était observée parmi le groupe des 65 ans et plus. La proportion que représentaient les conjoints ou partenaires âgés de 65 ans et plus était presque trois fois plus élevée dans les couples de sexe opposé que dans les couples de même sexe (17,8 % contre 6,2 %).

Mariages, 200815

L’analyse des mariages au Canada s’appuie sur les données administratives tirées de la Base canadienne de données sur l’état civil. Outre le nombre de mariages, les indicateurs liés au mariage examinés dans la présente section comprennent le taux brut, la répartition mensuelle et l’âge moyen au mariage pour l’ensemble du pays de même que des écarts à l’échelle provinciale et territoriale.

En 2008, 147 848 mariages ont été célébrés au Canada, ce qui représente une deuxième baisse annuelle de suite et le plus faible nombre de mariages depuis 2004 (figure 7). Le taux brut de nuptialité, c’est-à-dire le nombre total de mariages pour 1 000 habitants, s’est établi à 4,4 en 2008, en léger recul par rapport au taux de 4,5 enregistré en 2007 (tableau 1). Il s’agit du taux brut de nuptialité le plus faible de l’histoire des données sur les mariages de l’état civil.

Le nombre de mariages a fluctué au cours du siècle dernier et a été conditionné par les événements historiques. Pendant la Grande Crise des années 1930, le nombre de mariages et le taux brut de nuptialité ont diminué, les gens étant probablement moins enclins à se marier, ou en mesure de le faire, pendant une période de chômage élevé et de conjoncture économique difficile. En 1939, l’entrée du Canada dans la Seconde Guerre mondiale a pu inciter certains couples à se marier pour éviter une éventuelle conscription — qui aurait davantage touché les hommes célibataires que les hommes mariés. Le nombre de mariages, peu élevé durant les années de guerre, a augmenté en 1946 à la fin de la guerre. Il est ensuite resté relativement stable pendant la majeure partie des années 1950 et au début des années 1960 avant d’augmenter de nouveau la décennie suivante pour atteindre un sommet de 200 470 en 1972. Cette pointe coïncide avec l’arrivée de la grande cohorte des baby-boomers aux âges associés à des taux élevés de nuptialité à l’époque. En 2000, le nombre de mariages a connu une légère hausse, peut-être à la faveur du millénaire. Malgré la croissance démographique au fil des ans, le nombre de personnes qui se marient suit une tendance générale à la baisse depuis près de quarante ans.

Depuis les années 1960, l’âge au premier mariage est en hausse. En 2008, l’âge moyen des femmes au premier mariage était de 29,6 ans, plus jeune que celui des hommes (31,0 ans). Les femmes et les hommes se mariaient pour la première fois beaucoup plus tôt dans les années 1960 et 1970, environ 23 ans pour les femmes et de 25 ans pour les hommes. Bien que l’âge moyen au mariage ait augmenté au cours des quatre dernières décennies, la différence d’âge entre les femmes et les hommes est demeurée relativement stable.

Des taux de divortialité relativement élevés ont eu pour effet d’accroître la population potentiellement en mesure de se remarier. Dans la mesure où le divorce tend à survenir à un âge moins avancé que le veuvage, les personnes divorcées peuvent être plus aptes ou plus disposées à former une nouvelle union. En 2008, l’âge moyen au remariage était de 44,8 ans chez les femmes divorcées et de 48,4 ans chez les hommes. Pour les veuves et les veufs qui se sont remariés en 2008, l’âge moyen au mariage était de 63,4 ans et de 72,0 ans respectivement.

Des tendances saisonnières se dégagent des données portant sur les mariages (figure 8). La plupart des mariages ont été célébrés dans les mois d’été d’août (22,2 % des mariages en 2008) et de juillet (14,4 %), suivis des mois de septembre et de juin (11,4 % dans chacun des cas). Les mois de janvier à avril formaient la période la moins prisée pour les mariages — janvier étant le mois le moins populaire avec 2,8 % des mariages célébrés en 2008 — et il en allait de même pour les mois de novembre et décembre.

D’une région à l’autre du Canada, le nombre de mariages a augmenté à l’Île-du-Prince-Édouard, au Québec, en Saskatchewan et au Nunavut entre 2007 et 2008. Ce nombre est demeuré stable en Colombie-Britannique alors qu’il diminuait dans les autres provinces, au Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest. En 2008, le taux brut de nuptialité le plus élevé a été enregistré à l’Île-du-Prince-Édouard (6,8 mariages pour 1 000 habitants), en hausse par rapport au taux de 6,4 observé un an plus tôt. C’est dans les territoires qu’on observait, en 2008, le taux brut de nuptialité le plus faible, soit au Yukon (4,0), dans les Territoires du Nord-Ouest (2,7) et au Nunavut (2,5), tout comme au Québec (2,9). Dans ces régions, la proportion de personnes vivant en union libre est nettement plus élevée qu’ailleurs au pays.

Divorces, 200816

La présente section sur les divorces fait état du nombre de divorces, du taux brut de divortialité et de l’âge au divorce pour l’ensemble du pays et pour les provinces et les territoires, à partir des données administratives de la Base canadienne de données sur l'état civil. Des divorces ne peuvent être prononcés que dans les cas de mariages légaux17.

En 2008, 70 226 divorces ont été prononcés au Canada, ce qui correspond à un taux brut de 21,1 divorces pour 10 000 habitants (tableau 2). Les tendances historiques dans le nombre de divorces et le taux de divortialité ont largement été conditionnées par les changements législatifs. Durant la plus grande partie du XXe siècle, peu de divorces étaient prononcés en raison des normes sociales en vigueur et des restrictions quant aux motifs reconnus de divorce. Au cours du dernier siècle, le nombre de divorces a atteint un sommet après l’entrée en vigueur de la Loi sur le divorce de 1968, qui a instauré le divorce « sans égard à la faute » après une séparation de trois ans ou plus. En 1986, la Loi sur le divorce a été modifiée pour réduire la période minimale de séparation à un an. L’année suivante, en 1987, un nouveau sommet de 96 200 divorces a été atteint, et le taux brut de divortialité a augmenté à 36,4 divorces pour 10 000 habitants. Au cours des quelque vingt dernières années, le nombre de divorces et le taux brut de divortialité sont restés assez stables.

À l’instar des fluctuations d’une année à l’autre dans le nombre de divorces et le taux brut de divortialité à l’échelle du pays, des variations se manifestent à l’échelle provinciale et territoriale. Peu de divorces sont survenus dans les territoires notamment en raison de leur population de plus petite taille, qui génère également davantage de fluctuations annuelles.

Parmi les diverses régions au pays, c’est au Yukon que l’on observe le taux brut de divortialité le plus élevé (32,6 divorces pour 10 000 habitants). Dans les provinces, le taux brut de divortialité le plus élevé en 2008 a été observé en Alberta (24,7 divorces pour 10 000 habitants), l’Ontario se classant au deuxième rang (23,0). En 2006 comme en 2007, l’Ontario avait affiché le taux brut de divortialité provinciale le plus élevé, et l’Alberta venait derrière.

En 2008, les taux brut de divortialité les plus bas au Canada étaient observés au Nunavut (8,2) et dans les Territoires du Nord-Ouest (13,3). Parmi les provinces, le taux brut de divortialité le plus bas a été enregistré au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador, soit 17,9 divorces pour 10 000 habitants dans les deux cas. Ces deux provinces comptent des proportions de personnes âgées supérieures à la moyenne nationale, lesquelles sont moins susceptibles de divorcer. Comme la structure par âge exerce une influence sur le taux brut de divortialité, on s’attendrait à ce qu’une population plus âgée présente un taux brut de divortialité plus faible. L’Alberta, par contre, a une population plus jeune, ce qui contribue à expliquer un taux brut de divortialité supérieur à la moyenne nationale.

Près du cinquième (19,4 %) des divorces prononcés en 2008 mettaient un terme à des mariages ayant duré moins de cinq ans, et 22,6 % des divorces faisaient suite à des mariages de cinq à neuf ans. De plus, 41,6 % des divorces en 2008 découlaient de mariages ayant duré entre 10 et 24 ans et 16,4 % de mariages ayant duré 25 ans ou plus.

Au Canada, la durée moyenne des mariages pour les personnes ayant divorcé en 2008 était de 13,7 années (tableau 3). Les durées moyennes de mariage les plus courtes ont été enregistrées en Saskatchewan et aux Territoires du Nord-Ouest (13,1 ans) et les plus longues, au Nouveau-Brunswick (15,6 ans) ainsi qu’à Terre-Neuve-et-Labrador et en Nouvelle-Écosse (15,5 ans chacun).

La raison la plus importante pour les divorces prononcés en 2008 (93,6 %) était au terme d’une séparation d’au moins un an18. Les causes de la rupture du mariage dans les autres cas étaient l’adultère (3,7 % des raisons), la cruauté mentale (1,6 %) et la cruauté physique (1,2 %). Les chiffres dans les provinces et les territoires ne variaient guère de la moyenne canadienne, sauf au Québec où les motifs de la rupture du mariage se répartissaient ainsi : séparation d’au moins un an (78,9 %), adultère (12,0 %), cruauté mentale (5,6 %) et cruauté physique (3,6 %).

L’indice synthétique de divortialité est un indicateur qui permet de décrire la fréquence des divorces, soit le nombre de mariages (calculée pour 10 000 mariages) qui se termineraient par un divorce si les taux de divortialité en fonction de la durée, calculés par durée de mariage une année civile donnée, s’appliquait à ces 10 000 mariages. Par conséquent, cet indicateur permet de neutraliser statistiquement l’effet des variations annuelles dans le nombre de mariages. Toutefois, cet indicateur est entaché de deux biais, l’un dû à la mortalité, l’autre à la migration. En effet, après le décès du conjoint, les veufs ou les veuves ne peuvent plus divorcer, ce qui entraîne une sous-estimation de l’indice synthétique de divortialité. De même, il arrive que le divorce ne soit pas accordé dans la province où le mariage avait été célébré, ce qui entraîne une surestimation de la fréquence des divorces lorsque le solde migratoire est positif et une sous-estimation, lorsque le solde est négatif.  

L’indice synthétique de divortialité présente une tendance assez stable depuis la fin des années 1990 (figure 9). Cependant, le taux de divortialité observé pour les mariages de trois ans est généralement à la hausse depuis cette époque, contrairement au taux de divortialité pour les mariages d’autres durées. Les taux de divortialité pour les mariages d’autres durées ont généralement diminué au cours des dernières années et tendent à être plus bas dans les cas de mariages de plus longue durée. En 2008, le taux de divortialité pour les mariages d’un an s’apparentait à celui des mariages de 20 ans (environ 94 divorces pour 10 000 dans les deux cas), une tendance amorcée autour de 2004.

Si les taux de divortialité en fonction de la durée calculés en 2008 restaient stables, l’indice de divortialité pour 10 000 mariages après 25 ans s’établirait à 3 758  en 2008, ce qui signifie que 37,6 % des mariages contractés en 2008 aboutiraient à un divorce avant le 25e anniversaire de mariage. L’indice synthétique de divortialité sur 50 ans serait de 4 307, ce qui signifie que 43,1 % des mariages contractés en 2008 aboutiraient à un divorce avant le 50e anniversaire de mariage.

L’âge moyen au divorce, tout comme l’âge moyen au mariage de ces personnes divorcées, ont connu une légère hausse entre 2006 et 2008, et étaient plus élevés pour les hommes que pour les femmes. En 2008, l’âge moyen au mariage des personnes qui ont divorcé en 2008 s’établissait à 27,6 ans pour les femmes et à 30,2 ans pour les hommes. L’âge moyen au divorce était de 41,9 ans pour les femmes et de 44,5 ans pour les hommes. En 2006, pour les personnes ayant divorcé cette année-là, l’âge moyen au mariage était de 27,1 ans pour les femmes et de 29,7 ans pour les hommes. L’âge moyen au divorce s’établissait, en 2006, à 41,6 ans pour les femmes et à 44,2 ans pour les hommes.

En 2008, l’âge moyen au divorce le plus élevé chez les femmes a été enregistré en Nouvelle-Écosse et au Québec (43,7 ans chacun) et le plus bas au Nunavut (38,4 ans). Chez les hommes, l’âge moyen au divorce était le plus élevé au Yukon (47,1), en Nouvelle-Écosse et au Québec (46,2 chacun), et le plus bas au Nunavut (42,6 ans).

Notes

  1. Dans le présent article, les données du Recensement de la population de 2011 dans la section portant sur l’état matrimonial visent la population totale, y compris les personnes légalement mariées, jamais mariées et divorcées ou séparées. L’analyse dans la section portant sur les partenaires en union libre de même que des personnes vivant dans des couples de sexe opposé et de même sexe repose sur la population vivant dans les ménages privés.
  2. En 1981, les partenaires en union libre étaient inclus dans la population mariée. Ce groupe comprenait quelque 715 700 personnes, soit 3,8 % de la population âgée de 15 ans et plus. Par conséquent, la population légalement mariée est légèrement surestimée et la population jamais mariée, divorcée ou séparée, et veuve est légèrement sous-estimée.
  3. Les données sur les mariages et les divorces de la Base canadienne de données sur l'état civil ne sont plus recueillies. L’année 2008 est la dernière pour laquelle ces données sont disponibles.
  4. C'est en 2006 que les personnes non mariées ont représenté pour la première fois une part plus importante de la population âgée de 15 ans et plus dans les ménages privés que les personnes mariées.
  5. Pour une analyse plus détaillée de la législation en matière de divorce, voir la section du présent article intitulée Divorces, 2008.
  6. Voir aussi Statistique Canada. 2012. Portrait des familles et situation des particuliers dans les ménages au Canada, no 98-312-XWF2011001 au catalogue.
  7. Voir aussi Statistique Canada. 2012La situation des personnes âgées dans les ménages », Série « Recensement en bref », no 98-312-X2011003 au catalogue.
  8. Péron, Y. 2003. « Du mariage obligatoire au mariage facultatif », dans Piché, Victor et Céline Le Bourdais. 2003. La démographie québécoise. Enjeux du XXIe siècle, Les Presses de l'Université de Montréal, chapitre 3, pages 110 à 143, Canada.
  9. Lors du Recensement de la population de 2006, les données sur les couples mariés de même sexe ont été recueillies sous la forme de réponses en toutes lettres dans la catégorie « Autre » à la question 6, « Lien avec la personne 1 ».
  10. Le projet de loi C-38, la Loi sur le mariage civil, a été adopté le 20 juillet 2005, légalisant le mariage de même sexe partout au Canada. Certaines provinces et certains territoires avaient déjà légalisé le mariage de partenaires de même sexe, à commencer par l'Ontario en juin 2003.
  11. Les questionnaires du Recensement de la population de 2011 et de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 ont utilisé pour la première fois une réponse précise sur les liens entre les membres du ménage afin de déterminer le nombre de couples mariés de même sexe. L'analyse des données sur les couples mariés de même sexe a montré qu'une surestimation de ce type de familles et de cet état matrimonial a pu survenir. Au total, 64 575 couples de même sexe ont été dénombrés au Canada en 2011, dont 21 015 étaient mariés. La fourchette de la surestimation des couples mariés de même sexe pour ces deux chiffres varie de 0 à 4 500 à l'échelle nationale. Pour plus de renseignements, voir le Guide de référence pour les familles, Recensement de 2011.
  12. Australian Bureau of Statistics. 2012. Counts of same-sex couples in the 2011 Census.
  13. Labour Force Survey, Office for National Statistics. 2011. Bulletin: Families and Households, 2001 to 2011, table 1: families by family type in 2001 and 2011.
  14. U.S. Census Bureau. 2010. 2010 Census Briefs. Households and families; C2010B4-13, table 2: households by type: 2000 and 2010.
  15. Les données sur le mariage dans cette section proviennent de Statistique Canada, Statistique de l’état civil, Base de données sur les mariages, Enquête 3232.
  16. Les données sur le divorce dans cette section proviennent de Statistique Canada, Statistique de l’état civil, Base de données sur les divorces, Enquête 3235.
  17. L'analyse du présent article ne tient donc pas compte des dissolutions d’unions libres.
  18. Les proportions calculées reposent sur les raisons déclarées sur le formulaire de rupture du mariage. Dans certains cas, plusieurs raisons étaient déclarées, conduisant à un plus grand nombre de raisons évoquées que de divorces.
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