Mortalité : aperçu, 2010 et 2011

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par Laurent Martel

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Le présent article analyse les tendances récentes relatives aux décès et à la mortalité au Canada, à partir des enregistrements de décès tirés des statistiques de l’état civil pour les années 2010 et 2011. Les données révisées des estimations démographiques postcensitaires de Statistique Canada pour les mêmes années ont également été utilisées pour calculer divers indicateurs de mortalité.

L’analyse porte principalement sur le nombre total de décès, les quotients de mortalité, les probabilités de survie, le taux de mortalité infantile et l’espérance de vie. Les données sont aussi analysées selon la province et le territoire de même que selon l’âge et le sexe, le cas échéant.

Tendances quant au nombre de décès

Depuis le milieu des années 1930, le nombre de décès enregistrés chaque année au Canada suit une tendance générale à la hausse entrecoupée de quelques fluctuations annuelles (tableau 1 et figure 1).

Après avoir légèrement diminué entre 2008 (238 617 décès) et 2009 (238 418 décès), le nombre de décès a augmenté en 2010 pour s’établir à 240 075, puis a augmenté de nouveau en 2011 (242 074) pour atteindre son plus haut niveau depuis l’introduction du système d’enregistrement des statistiques de l’état civil dans années 1920.

L’augmentation du nombre de décès peut s’expliquer par deux facteurs : la croissance démographique, une population plus importante donnant lieu à un plus grand nombre de décès, et le vieillissement de la population, la concentration de personnes âgées – là où la mortalité est plus élevée – augmentant.

On s’attend à ce que le nombre de décès continue de progresser au cours des prochaines années au Canada, la grande cohorte des baby-boomers nés entre 1946 et 1965, arrivant progressivement dans les groupes plus âgés.

La tendance à la hausse du nombre de décès au cours des dernières décennies a également été observée dans l’ensemble des provinces et des territoires, en dépit de quelques fluctuations d’une année à l’autre qui ont généralement plus d’incidence dans les régions comptant de petites populations. Dans six des 13 provinces et territoires, soit en Nouvelle-Écosse, au Québec, au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et au Nunavut, le nombre de décès enregistrés en 2011 a atteint un niveau sans précédent.

Répartition des décès selon l’âge et le sexe

Pour la première fois dans les données observées depuis 1926, il y a eu en 2011 à peu près le même nombre de décès chez les hommes et chez les femmes au Canada (figure 2), l’écart n’étant que de 10 décès (121 042 décès masculins et 121 032 décès féminins).

L’écart entre ces deux chiffres s’est réduit au cours des trois dernières décennies parce que le nombre de décès a augmenté plus rapidement chez les femmes que chez les hommes. Cette situation est attribuable à la diminution récente de la mortalité qui a été plus rapide chez les hommes que chez les femmes. Par conséquent, la hausse attendue du nombre de décès en raison de la croissance et du vieillissement de la population a été plus modérée chez les hommes que chez les femmes.

En 2011, le nombre de décès a été plus élevé chez les hommes que chez les femmes à tous les âges jusqu’à 83 ans, âge auquel la situation s’inverse (figure 3). Aux âges les plus avancés, on retrouve moins de survivants de sexe masculin, en raison des risques de mortalité plus élevés chez les hommes que les femmes à toutes les étapes de la vie. On observe donc plus de décès féminins que de décès masculins aux âges les plus avancés parce que l’effectif des femmes qui atteignent ce groupe d’âge est plus important.

En 2011, le plus grand nombre de décès a été enregistré à 85 ans chez les hommes et à 89 ans chez les femmes. Environ 74 % de tous les décès sont survenus à 65 ans ou après chez les hommes comparativement à 83 % pour les femmes. Très peu de décès ont été observés entre 1 an et 14 ans, soit 366 (0,3 % de l’ensemble des décès masculins) dans la population masculine et 273 (0,2 % de l’ensemble des décès féminins) dans la population féminine. En revanche, beaucoup plus de décès sont survenus parmi les centenaires, en particulier chez les femmes, soit 430 (0,4 % de l’ensemble des décès masculins) chez les hommes et 2 046 (1,7 % de l’ensemble des décès féminins) chez les femmes.

Quotients de mortalité selon l’âge et le sexe

Au cours du cycle de vie, les quotients de mortalité suivent une courbe en forme de crochet : les quotients de mortalité sont plus élevés durant la première année de vie, le plus souvent au cours des tout premiers jours, puis diminuent pour atteindre un creux entre 1 an et 14 ans (figure 4). Les quotients de mortalité augmentent ensuite entre 15 ans et 24 ans environ, particulièrement chez les hommes, en raison des morts violentes causées, par exemple, par les accidents ou les suicides. Les quotients de mortalité augmentent ensuite graduellement tout au long de l’âge adulte et aux âges avancés pour atteindre un sommet d’environ 0,4 (c’est-à-dire de 2 chances de décéder sur 5 une année donnée) à 105 ans et plus. 

Les quotients de mortalité en 2009-2011 étaient systématiquement plus faibles pour les femmes que pour les hommes tout au long du cycle de vie, les ratios des quotients de mortalité hommes-femmes par âge étant toujours supérieurs à 1 (figure 5). L’écart le plus marqué a été observé au début de la vingtaine. L’écart le plus faible a été observé aux âges les plus avancés et s’explique par un processus de sélection : les survivants à ces âges sont plus « résilients » et présentent des taux de mortalité plus faibles tant chez les hommes que chez les femmes.

Au cours des trente dernières années, les écarts de mortalité entre les hommes et les femmes se sont réduits, particulièrement dans la vingtaine et entre 50 ans et 75 ans. Par exemple, les quotients de mortalité des hommes au début de la vingtaine étaient 3,6 plus élevés que ceux des femmes en 1980-1982 et 2,5 fois plus élevés en 2009-2011. De nombreux facteurs expliquent cette diminution, les trois principaux étant la réduction des morts violentes chez les adolescents et les jeunes adultes de sexe masculin, l’amélioration du traitement des maladies cardiovasculaires et la convergence accrue des comportements féminins et masculins, notamment au chapitre du tabagisme, de la consommation d’alcool et du stress au travail.

Probabilités de survie

Il est possible de calculer les probabilités de survie entre deux âges, quels qu’ils soient, à partir des données sur le nombre de survivants, à différents âges, qui figurent dans les tables complètes de mortalité de Statistique Canada1.

La table de mortalité du moment pour la période 2009-2011 montre que 87 % des nouveau-nés de sexe masculin et 92 % de sexe féminin auraient survécu jusqu’à 65 ans si, pendant leur vie, ils avaient connu les quotients de mortalité par âge observés au cours de cette période. En 1961, ces proportions s’élevaient à 69 % chez les hommes et à 81 % chez les femmes.

La probabilité de survie entre 65 ans et 85 ans était de 47 % chez les hommes et de 61 % chez les femmes en 2009-2011, soit essentiellement le double des probabilités observées cinquante ans plus tôt, en 1961, à savoir 22 % et 33 % pour les hommes et les femmes, respectivement.

Compte tenu des profils de mortalité observés pendant la période 2009-2011, les probabilités pour un nouveau-né de passer le cap des 100 ans s’élevaient à 2 % pour les hommes et à 5 % chez les femmes. Cinquante ans plus tôt, les probabilités de survie jusqu’à 100 ans étaient inférieures à 0,2 % pour les hommes comme pour les femmes.

Mortalité infantile

Après avoir connu une faible hausse entre 2009 et 2010, de 1 872 à 1 902, le nombre de décès survenus au cours de la première année de vie a diminué pour se fixer à 1 810 en 2011, malgré une légère augmentation du nombre de naissances entre ces deux années, de 377 213 en 2010 à 377 636 en 2011 (tableau 2).

Le taux de mortalité infantile pour 2011 s’est donc établi à 4,8 décès pour 1 000 naissances vivantes, soit le taux le plus bas jamais enregistré au Canada (figure 6). Le taux de mortalité infantile a varié autour de 5 décès pour 1 000 naissances vivantes depuis 2006.

Le taux de mortalité infantile peut varier considérablement d’une province ou d’un territoire à l’autre. En 2011, le taux le plus élevé était observé au Nunavut, à 26,3 décès par 1 000 naissances vivantes et le plus bas au Nouveau-Brunswick, à 3,5 décès par 1 000 naissances vivantes. Ces dernières années, seule la Colombie-Britannique a affiché un taux de mortalité infantile systématiquement inférieur à 4,0 décès pour 1 000 naissances vivantes.

La mortalité infantile peut être décomposée en deux catégories : la mortalité néonatale précoce (décès au cours de la première semaine de vie) et la mortalité néonatale (décès au cours du premier mois de vie). En 2011, au Canada, près de deux décès sur trois (63 %) survenus au cours de la première année de vie sont en fait survenus au cours de la première semaine de vie, et 13 % sont survenus au cours des jours subséquents du premier mois de vie. Par conséquent, trois décès sur quatre (76 %) sont survenus avant le début du deuxième mois de vie. Le reste des décès infantiles (24 %) est donc survenu après le premier mois de vie et avant, soit le premier anniversaire, soit la fin de l'année calendrier. À titre de comparaison, cinquante ans plus tôt (en 1961), les proportions correspondantes étaient de 58 % pour la première semaine de vie et de 8 % pour les jours subséquents du premier mois de vie. Ces chiffres montrent que, au cours de cette période, la diminution du taux de mortalité infantile résulte principalement de la baisse de la mortalité infantile après le premier mois de vie.

Espérance de vie

L’espérance de vie du moment rend compte du nombre moyen d’années que les individus d’une population donnée vivraient si, tout au long de leur vie, ils connaissaient les probabilités de décès par âge observées au cours d’une année civile ou d’une période donnée.

L’espérance de vie du moment ne doit pas être confondue avec l’espérance de vie d’une cohorte, cette dernière représentant le nombre moyen réel d’années vécues par un groupe de personnes nées une année donnée. L’espérance de vie par cohorte peut être calculée uniquement après l’extinction complète ou presque complète, via la mortalité, de la cohorte.

L’espérance de vie à la naissance du moment atteignait 79,3 ans pour les hommes et 83,6 ans pour les femmes au Canada durant la période 2009-2011 (tableau 3). Au cours de la dernière décennie, l’espérance de vie des hommes au Canada a augmenté en moyenne de 3,6 mois par année comparativement à 2,4 mois par année pour les femmes. En conséquence, l’écart entre l’espérance de vie à la naissance des hommes et des femmes a donc diminué, passant d’un maximum de 7,4 ans à la fin des années 1970 à 4,3 ans en 2009-2011 (figure 7).

Selon les données de l’OCDE pour 20102, chez les femmes, les Japonaises affichaient l’espérance de vie à la naissance la plus élevée (86,4 ans), suivies des Espagnoles (85,3 ans), des Suissesses (84,9 ans) et des Françaises (84,7 ans). Chez les hommes, les espérances de vie à la naissance les plus élevées ont été observées en Suisse (80,3 ans), au Japon, en Islande, en Australie et en Suède (79,5 ans), ainsi qu’en Italie (79,4 ans).

L’espérance de vie à 65 ans a également augmenté, passant à 18,8 ans pour les hommes et à 21,7 ans pour les femmes en 2009-2011. À titre de comparaison, les chiffres correspondants étaient de 13,5 ans et de 16,1 ans en 1961.

Dans les provinces et territoires, l’espérance de vie des hommes en Colombie-Britannique a franchi le seuil des 80 ans pour la première fois en 2009-2011 et s’est établie à 80,3 ans (tableau 4). L’espérance de vie des femmes avait atteint 84,0 ans au cours de la période antérieure de 2008-2010.

L’Ontario et le Québec ont été les deux seules autres provinces à avoir enregistré, au cours des dernières années, des espérances de vie près de la moyenne nationale ou supérieures à celle-ci. Toutes les autres provinces et tous les territoires ont présenté des espérances de vie sous la moyenne nationale.

En 2009-2011, c’est au Nunavut que l’espérance de vie la plus faible a été observée, tant chez les femmes (73,9 ans) que chez les hommes (68,8 ans).

Notes

  1. Statistique Canada. 2013. Tables de mortalité, Canada, provinces et territoires : 2009 à 2011, n◦ 84-537 au catalogue.
  2. Organisation de coopération et de développement économiques. 2013. Espérance de vie, base de données de l’OCDE, consultée le 4 septembre 2013.
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