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Gains des couples peu scolarisés et très scolarisés sur le marché du travail au Canada, 1980–2000

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par René Morissette et Anick Johnson
Division de l’analyse des entreprises et du marché du travail

Sommaire
Les gains des hommes peu scolarisés ont diminué considérablement
La croissance des gains des conjointes n’a pas toujours été suffisante
Un écart grandissant entre les couples peu et très scolarisés
Les couples peu scolarités ont perdu du terrain
D’autres moyens ont aidé à compenser la baisse des gains
Les couples avec deux diplômés universitaires sont moins vulnérables

Sommaire

Entre 1980 et 2000, les gains d’emploi médians réels des jeunes hommes diplômés des études secondaires et employés dans le secteur privé, ont baissé d’environ 20 %1. À l’opposé, les gains des femmes diplômées des études universitaires ont augmenté d’au moins 20 % lors de la même période. Dans ce contexte, comment les gains des couples peu scolarisés et très scolarisés ont-ils évolué durant cette période ?

Entre 1980 et 2000, les gains2 moyens des couples ayant un diplôme d’études secondaires ou moins ont généralement diminué ou stagné. Par contre, les gains moyens des couples comportant deux diplômés universitaires ont augmenté d’au moins 14 %. Par conséquent, l’écart entre les gains des couples peu scolarisés et leurs homologues très scolarisés s’est accru.

Chez tous les couples, les femmes ont vu leurs gains d’emploi augmenter. Toutefois, cette hausse a parfois été insuffisante pour compenser la baisse salariale subie par leurs conjoints peu scolarisés. Ainsi, tous les jeunes couples ayant un diplôme d’études secondaires ou moins ont vu leur revenu d’emploi diminuer par rapport à celui de leurs homologues en 1980, la baisse des gains des hommes peu scolarisés n’étant que compensée partiellement par la hausse des gains de leur conjointe.

Les couples ayant un diplôme d’études secondaires ou moins représentaient environ 29 % de tous les couples (où l’homme était âgé de 25 à 54 ans) en 2000, comparativement à 40 % en 1980. Par contre, les couples ayant deux diplômés universitaires ont vu leur importance augmenter, passant de 4 % en 1980 à 10 % en 2000.

Comparativement à leurs homologues moins scolarisés, les couples très scolarisés bénéficient de trois avantages. Premièrement, ils gagnent souvent plus de 100 000 $ et donc, sont en mesure d’accumuler certaines épargnes aux fins de précaution. Deuxièmement, ils sont moins susceptibles de perdre leur emploi. Enfin, dans l’éventualité d’une mise à pied, ils peuvent bénéficier plus souvent d’un deuxième gagne-pain significatif, lequel peut amortir la baisse de revenu subie par le conjoint.

À l’aide des données des recensements de 1981, 1986, 1991, 1996 et 2001, cette étude examine l’évolution des gains d’emploi des couples peu scolarisés et des couples très scolarisés. Cette étude est une version abrégée du document de recherche intitulé « Gains des couples très scolarisés et peu scolarisés, 1980-2000 » et publié dans le cadre de la série de documents de recherche de la Direction des études analytiques, produit no 11F0019M2004230 au catalogue de Statistique Canada. Consulter le document de recherche pour plus de détails et pour les références bibliographiques.

Note aux lecteurs

Nous avons utilisé les données des recensements qui couvrent la période de 1980 à 2000. Elles sont les seules données disponibles qui lient harmonieusement, le long de la période visée, les informations sur les gains et le niveau de scolarité atteint.

Afin de tracer l’évolution à long terme des gains des couples, nous avons comparé leurs gains et revenu en 1980 et en 2000, gains exprimés en dollars constants de 2001. Ces deux années sont relativement comparables quant aux conditions observées sur le marché du travail.

Nous concentrons l’analyse sur les couples hétérosexuels formés par des Canadiens de naissance. Des résultats sur la performance sur le marché du travail des couples composés d’immigrants sont disponibles dans le document de recherche à la base de cette version, « Gains des couples très scolarisés et peu scolarisés, 1980-2000 », Direction des études analytiques documents de recherche, produit no 11F0019M2004230 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, 2004.

Les termes « conjoint » et « conjoints » ne doivent pas être pris dans leur sens large : « l’homme ou la femme du couple » et « l’homme et la femme du couple ». Mais, ils doivent être pris dans leur sens restreint : « l’homme du couple » et « les hommes vivant en couples ». Ainsi, l’expression « gains des conjoints » veut dire « gains des hommes vivant en couples ».

Le niveau de scolarité obtenu par les individus est défini par quatre catégories : 1) aucun diplôme d’études secondaires, 2) diplôme d’études secondaires, 3) études postsecondaires inférieures au baccalauréat (ci-après appelées études postsecondaires) et 4) diplôme universitaire (baccalauréat ou niveau supérieur). Aux fins de la présente analyse, nous avons regroupé les 16 combinaisons possibles dans les 10 niveaux suivants de scolarité du couple.

  1. Aucun des partenaires n’a de diplôme d’études secondaires.
  2. Le conjoint a un diplôme d’études secondaires, sa conjointe n’a pas de diplôme d’études secondaires.
  3. La conjointe a un diplôme d’études secondaires, son conjoint n’a pas de diplôme d’études secondaires.
  4. Les deux partenaires ont un diplôme d’études secondaires.
  5. Le conjoint a fait des études postsecondaires, sa conjointe a un diplôme d’études secondaires ou un niveau inférieur d’études.
  6. La conjointe a fait des études postsecondaires, son conjoint a un diplôme d’études secondaires ou un niveau inférieur d’études.
  7. Les deux partenaires ont fait des études postsecondaires.
  8. Le conjoint a un diplôme universitaire, sa conjointe a fait des études postsecondaires ou a un niveau inférieur d’études.
  9. La conjointe a un diplôme universitaire, son conjoint a fait des études postsecondaires ou a un niveau inférieur d’études.
  10. Les deux partenaires ont un diplôme universitaire.

Les gains des conjoints peu scolarisés ont diminué considérablement

Entre 1980 et 2000, les gains annuels des conjoints peu scolarisés ont diminué de façon considérable. Chez les jeunes couples — ceux où l’homme est âgé de 25 à 34 ans — dont les partenaires avaient un diplôme d’études secondaires ou moins, les gains annuels des conjoints ont chuté de 15 % à 28 % (Tableau 1). Parmi les hommes plus âgés faisant partie d’un couple avec des niveaux de scolarité similaires, la baisse des gains annuels a varié entre 9 % et 27 %.

Ces baisses de gains annuels ne sont pas simplement attribuables à une baisse des heures annuelles travaillées. Elles sont causées en bonne partie par une baisse des taux de rémunération hebdomadaire des hommes peu scolarisés. Ainsi, les gains hebdomadaires des conjoints âgés de 25 à 34 ans, travaillant à temps plein et vivant dans des couples peu scolarisés, ont chuté de 13 % à 21 % entre 1980 et 2000.

Dans ce contexte, il convient d’examiner si la participation accrue de leur conjointe au marché du travail a compensé ces baisses.

La croissance des gains des conjointes n’a pas toujours été suffisante

Quel que soit la catégorie d’âge ou de niveau de scolarité, les conjointes nées au Canada avaient, en 2000, des gains annuels plus élevés que leurs homologues en 1980 (Tableau 2). Toutefois, leurs gains croissants n’ont pas toujours compensé la baisse de gains subie par leurs partenaires peu scolarisés.

Ainsi, les jeunes couples ayant un diplôme d’études secondaires ou moins avaient, en 2000, des gains annuels de 6 % à 20 % inférieurs à ceux de leurs homologues en 1980, et ce, malgré le fait que les gains annuels des femmes dans ces couples aient augmenté entre 1 100 $ et 2 900 $ (Tableau 2 et Tableau 3).

Par contre, la hausse des gains des conjointes a souvent permis d’éviter une baisse des gains chez les couples peu scolarisés et plus âgés. Par exemple, les couples plus âgés où les deux partenaires n’ont pas de diplômes d’études secondaires avaient, en 2000, des gains annuels presque identiques à ceux de leurs homologues en 1980, et ce, malgré le fait que les gains annuels de leurs conjoints aient diminué d’environ 13 % (Tableau 3).

Un écart grandissant entre les couples peu et très scolarisés

En général, les gains des femmes ont augmenté davantage chez les couples très scolarisés que chez les couples peu scolarisés.

Par exemple, les gains annuels des femmes vivant dans des couples comptant deux diplômés universitaires ont augmenté entre 8 400 $ et 23 000 $ de 1980 à 2000 (Tableau 2). Par contre, les gains des femmes vivant dans des couples comptant deux partenaires sans diplôme d’études secondaires ont augmenté d’au plus 5 400 $.

Par conséquent, l’écart de gains entre les couples très scolarisés et les couples peu scolarisés s’est accru au cours des deux dernières décennies. Les couples comptant deux diplômés universitaires ont vu leurs gains moyens augmenter d’au moins 14 % alors que ceux comptant deux partenaires sans diplôme d’études secondaires ont vu leurs gains stagner ou chuter jusqu’à 15 % (Tableau 3).

Les couples peu scolarités ont perdu du terrain

L’écart de gains n’a pas augmenté seulement entre les couples très scolarisés et les couples peu scolarisés. Il s’est accru également au sein de couples d’âge et de niveau de scolarité comparables.

Par exemple, les jeunes couples comptant au plus un diplômé d’études secondaires ont vu leurs gains chuter de 15 % à 20 %, en moyenne, entre 1980 et 2000. Toutefois, au sein de ce groupe, les couples moins fortunés (ceux qui se situaient dans le tiers inférieur de la répartition des gains) ont vu leur revenu d’emploi baissé d’au moins 41 % durant cette période (Tableau 4). Par contre, les couples plus fortunés (ceux qui se situaient dans le tiers supérieur de la répartition des gains) ont vu leur revenu d’emploi chuter plus modestement — au plus 8 %.

Cependant, ces tendances ne se limitent pas aux jeunes couples. Par exemple, les couples où les hommes sont âgés de 45 à 54 ans et qui ne comptent aucun diplômé d’études secondaires ont vu leurs gains moyens changer très peu entre 1980 et 2000. Au sein de ce groupe, les couples moins fortunés ont subi une baisse de revenu d’emploi de 33 %. Pendant ce temps, les couples plus fortunés ont bénéficié d’une hausse de revenu d’emploi de 9 %.

D’autres moyens ont aidé à compenser la baisse des gains

Bien qu’ils aient subi une baisse de leur revenu d’emploi, certains couples ont pu éviter une baisse de leur niveau de vie. Ceci peut s’expliquer de plusieurs façons. Certaines familles ont pu bénéficier de paiements de transfert gouvernementaux ou ont reçu d’autres formes de revenu (revenu d’emploi des autres membres de la famille, revenus d’investissement). D’autres comptaient un nombre relativement peu élevé d’enfants, comparativement à leurs homologues du début des années 1980.

Par exemple, les jeunes couples comptant deux diplômés d’études secondaires ont vu leurs gains annuels diminuer de 6 % entre 1980 et 2000. Toutefois, leur revenu total (ajusté ou non pour tenir compte de changements dans la taille de leur famille) a subi peu de changements.

D’autres couples ont vu leur revenu total ajusté diminuer beaucoup moins que leurs revenus d’emploi. C’est le cas des couples où les hommes sont âgés de 35 à 44 ans, ont un diplôme d’études secondaires et dont la partenaire n’a pas de diplôme d’études secondaires. Ces couples ont vu leur revenu d’emploi baisser de 15 %, en moyenne, entre 1980 et 2000. Toutefois, leur revenu total a subi une baisse moindre, diminuant de 10 % (Tableau 5). Enfin, si l’on tient compte du fait que ces couples avaient une famille de taille moindre que leurs homologues en 1980, l’on observe que le revenu total ajusté de ces couples a baissé de 5 %, une diminution trois fois moindre que celle de leur revenu d’emploi.

Les couples avec deux diplômés universitaires sont moins vulnérables

Alors que les deux dernières décennies ont vu une détérioration de la performance des couples peu scolarisés sur le marché du travail canadien, elles ont aussi vu l’émergence de couples formés de deux diplômés universitaires.

En 1980, seulement 4 % des couples nés au Canada étaient composés de deux diplômés universitaires. Vingt ans plus tard, cette proportion avait doublé, s’élevant à 10 % (Tableau 6).

Les couples très scolarisés jouissent d’un avantage triple — du point de vue de la sécurité économique — comparativement à leurs homologues moins scolarisés.

Tout d’abord, ils sont plus susceptibles de toucher un revenu élevé sur le marché du travail, ce qui leur permet d’accumuler des économies substantielles à titre de précaution (p. ex., pour compenser les pertes de revenu découlant de mises à pied).

En deuxième lieu, ils sont moins susceptibles d’être mis à pied.

En troisième lieu, advenant une mise à pied, ils peuvent compter plus souvent sur un deuxième soutien important pour atténuer la variation des gains de la famille.

Ces trois raisons font que les couples constitués de deux diplômés universitaires sont moins vulnérables aux baisses subites de revenu que les autres couples.

Notes en fin de document

  1. Voir R. Morissette, Y. Ostrovsky et G. Picot, « Tendances des salaires relatifs des personnes très scolarisées dans une économie du savoir », Direction des études analytiques documents de recherche, produit no 11F0019M2004232 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, 2004.
  2. Pour simplifier la présentation, le terme « gains » est utilisé pour désigner l’expression « gains d’emploi en dollars constants de 2001 ».