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Récentes tendances de la valeur nette des ménages

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Introduction

Au cours des 10 dernières années, le comportement économique des ménages a suscité beaucoup d’intérêt. Ce n’est pas surprenant, car le revenu et les dépenses personnels représentent environ 60 % du PIB. De plus, certains événements récents ont intensifié l’intérêt porté tant aux activités économiques qu’à l’accumulation de la richesse dans le secteur des particuliers.

La diminution de l’épargne a aussi donné lieu à un débat au sujet de l’incidence d’un éventuel « effet de la richesse » sur la consommation et l’épargne personnelles. Cette baisse de l’épargne a donc été plus que neutralisée par les gains au chapitre de la valeur nette, de sorte que la situation financière des ménages ne s’est pas détériorée, ce qui peut appuyer les dépenses de consommation dans l’économie.

Les données publiées dans les comptes du bilan national peuvent jeter une certaine lumière sur ces questions et d’autres. Les actifs non financiers et les actifs financiers étant maintenant estimés en fonction de la valeur marchande, il est dorénavant possible d’examiner le rôle de la richesse dans l’économie. Le présent article porte sur l’évolution de la richesse et de ses composantes. On y étudie les tendances et les fluctuations au chapitre des actifs non financiers et des actifs et passifs financiers. Ensuite on y examine les conséquences des variations des actifs et passifs sur la valeur nette. Enfin, un lien entre celles ci et l’évolution de l’épargne personnelle y est établi.

La croissance des actifs financiers a été dominée par les titres de participation négociables et par les caisses de retraite et les fonds de placement

Malgré le fait que les placements d’actifs financiers ont ralenti, parallèlement à la tendance à l’épargne personnelle plus modeste, la croissance des actifs financiers a devancé celle des actifs non financiers pendant la majeure partie des 14 dernières années. Entre le 1er trimestre de 1990 et le 1er trimestre de 2004, la valeur nominale des actifs financiers des ménages selon la valeur marchande a plus que doublé. La contribution des actifs financiers à la croissance et aux fluctuations de la valeur nette du secteur des ménages a été entraînée par des actifs dont la valeur repose dans une large mesure sur le cours en hausse des actions. Ceux-ci incluent les actions de sociétés et les unités de fonds de placement ainsi que les actifs moins discrétionnaires, par exemple, les assurances et les caisses de retraite.

La croissance des actifs financiers, plus forte mais plus instable que celle des actifs non financiers
Graphique : La croissance des actifs financiers, plus forte mais plus instable que celle des actifs non financiers

Cela laisse entendre qu’il y a eu un changement dans la manière dont la richesse sous forme d’actifs financiers a été accumulée depuis 1990 – provenant beaucoup plus des gains en capital que des investissements. Les consommateurs se sont généralement retrouvés dans une situation leur permettant de soutenir des emprunts et des dépenses de taille, la croissance des actifs financiers ayant devancé celle des décennies précédentes. Cependant, ce genre d’épargne secondaire a comme jamais auparavant exposé les ménages à un degré de risque plus grand, puisque les gains en capital non réalisés peuvent être moins élevés si les marchés boursiers chutent1.

La hausse de la catégorie des actions a été dominée par les fonds communs de placement même si la proportion de ces actifs à l’intérieur du secteur était en baisse, les investisseurs notamment institutionnels détenant de plus en plus d’unités de fonds de placement. C’est entre 1996 et 2000 que les unités de placement ont connu la plus forte croissance qui a brusquement pris fin par suite de la correction des marchés boursiers, traduisant en grande partie la dépendance à l’égard des actions dans les portefeuilles de fonds communs de placement.

Parmi les titres négociables détenus par les ménages, la valeur des actions cotées en bourse a augmenté de pratiquement quatre fois et demie depuis 1990, surtout suite aux réévaluations. Les parts négociables détenues ont considérablement augmenté entre 1995 et 2000, suivant de près les variations des marchés boursiers au fil du temps.

Les actifs des assurances et des caisses de retraite ont augmenté à un taux croissant jusqu’en 2000. Les actifs des caisses de retraite ont été le facteur dominant, alimenté par l’augmentation des cotisations aux régimes au fur et à mesure que l’heure de la retraite approche pour les membres de la génération du baby boom de l’après guerre, ainsi que des gains et pertes sur les prises de participation de ces régimes de retraite.

Les instruments financiers générant des intérêts – dépôts, obligations d’épargne et titres de créance négociables – ont connu une baisse relative pendant la majeure partie des 14 dernières années au fur et à mesure que les stratégies de portefeuilles des ménages évoluaient. Cette situation traduisait une préférence pour les instruments à rendement plus élevé, établis en fonction de la tendance à la baisse à long terme des taux d’intérêt depuis 1990, et l’absence générale des gains en capital sur ces actifs.

Les investissements et la plus-value des biens immobiliers résidentiels : les moteurs de la croissance des actifs non financiers

Les actifs non financiers du secteur des particuliers constituent la part du lion (un peu plus de 50 %) des actifs non financiers de l’économie canadienne. Ces actifs non financiers (surtout des biens immobiliers et biens de consommation) représentent actuellement autour de 46 % des actifs des ménages. Soulignons cependant que cette part a diminué de façon générale au fil des ans, sous l’effet du vieillissement de la génération des baby-boomers. Pourtant, entre le premier trimestre de 1990 et le premier trimestre de 2004, la valeur nominale de l’actif non financier des ménages a presque doublé.

Malgré la hausse constante des deux composantes (biens immobiliers et biens de consommation), les biens immobiliers résidentiels ont été le moteur de la croissance et ont atteint 1,6 billions de dollars, soit 77 % de l’actif non financier, à la fin du premier trimestre de 2004. Après le recul du marché des biens immobiliers résidentiels enregistré en 1990, suivi de quelques années de stagnation, les prix des logements ont monté pendant une bonne partie des années 1990, tout comme les investissements dans les logements2. La baisse des coûts d’emprunt au cours de cette période a stimulé la demande de logements.

L’effervescence du secteur immobilier contribue, depuis quelques années, au maintien de l’activité économique : l’investissement dans les logements progresse à un rythme effréné depuis 2001. La plus-value des biens résidentiels, dictée par la demande, est d’ailleurs le reflet de cette activité3 et de l’impact d’un profil démographique plus jeune que la génération des baby-boomers.

De toute évidence, tant les dépenses que les gains en biens immobiliers résidentiels ont exercé un effet important sur la hausse de la valeur nette du secteur des particuliers dans son ensemble au cours de cette période, surtout depuis quelques années.

Le deuxième actif non financier en importance des ménages est le stock de biens de consommation. Les augmentations de la valeur nette dans le secteur des particuliers, qui tiennent à la possession de biens durables, découlent dans une plus grande mesure des flux des dépenses, comparativement au cas des biens immobiliers résidentiels. Cela s’explique par le fait que certains biens ont enregistré des baisses de prix au cours des dernières années. La croissance de ces actifs depuis 1990 peut être associée à un stimulus des dépenses personnelles, causé par la perception d’une hausse de la valeur nette. En outre, la correction récente du marcher boursier n’a pas ralenti de façon visible les dépenses personnelles, ce qui pourrait signifier que l’effet de richesse n’existerait que dans un sens.

Le stock de biens durables4 a grimpé de 70 % au cours des 14 dernières années. Toutefois, celui du parc automobile a progressé de 86 %, de sorte que la part que ce parc occupe dans les biens durables des ménages s’est accrue (passant de 42 % en 1990 à 46 % en 2003). Cela peut s’expliquer par la hausse des achats de véhicules automobiles5 stimulée en partie par des prix plus bas et la baisse des taux d’emprunt, surtout pour les nouvelles modalités de financement6. Les achats de meubles et d’appareils ménagers comptent pour 23 % des inventaires de biens durables de consommation. La récente effervescence du secteur immobilier a stimulé la demande d’articles ménagers neufs.

La dette du secteur des particuliers dépasse le revenu, mais non le patrimoine

On observe depuis 14 ans un net alourdissement de la dette des ménages, coïncidant avec la chute du taux d’épargne. Ce mouvement s’inscrit dans une tendance de longue durée que présente la demande de logements et de biens et s’accompagne d’une hausse de l’endettement des ménages qui traduit le facteur démographique et l’attitude plus ouverte à l’égard de l’endettement, de la part de tant des prêteurs que des emprunteurs.

En outre, la tendance généralisée à la baisse des taux d’intérêt, que l’on constate depuis la fin des taux de plus de 10 % en décembre 1990, a stimulé la demande de fonds. De façon générale, au cours des 14 dernières années, le rapport entre les paiements d’intérêt et le revenu disponible des particuliers a reculé ou est resté stable, de sorte que le fardeau de la dette ne s’est pas alourdi.

La dette des particuliers a progressé plus vite que leur revenu au cours des 14 dernières années, mais plus lentement que leur valeur nette pendant la plus grande partie de cette période. On peut en conclure que, tant que la valeur nette progresse plus vite que le passif, un niveau de plus en plus élevé d’endettement des particuliers est tenable, à condition que la capacité des ménages à financer cette dette demeure stable. Par ailleurs, la hausse des emprunts dans l’attente d’une hausse du prix des actifs comporte un élément d’incertitude. Des exemples historiques de baisse de prix des actifs ouvrent la possibilité à une chute de la valeur nette des ménages.

L’endettement durant les années ‘90 a reculé, en raison surtout des gains en capital réalisés par les investissements financiers et par les actifs non financiers. Cependant, depuis 2000, la dette des particuliers par rapport à la valeur nette a généralement progressé en raison de pertes enregistrées par les marchés financiers. Néanmoins, la dette hypothécaire par rapport aux biens immobiliers résidentiels a largement diminué au cours des dernières années, surtout devant les fortes hausses de prix constatées dans le marché du logement.

Le niveau d'endettement des ménages fluctue selon la valeur des actifs
Graphique : Le niveau d'endettement des ménages fluctue selon la valeur des actifs

Le crédit à la consommation a progressé plus vite que la dette hypothécaire au cours des 14 dernières années, sous l’effet de l’importance des dépenses des particuliers. En règle générale, une dette de consommation comporte des taux d’emprunt plus élevés qu’une dette hypothécaire. Cependant, une bonne partie de cette croissance tient à la multiplication des marges de crédit7, qui comportent un taux d’intérêt inférieur à celui d’autres formes de prêts aux consommateurs.

Le bilan des ménages est toujours solide

Depuis un certain temps, l’importance des dépenses et l’alourdissement du passif qui s’ensuit soulèvent des questions sur la solidité des finances du secteur des particuliers. Cependant, de nouveaux faits tirés des Comptes du bilan national font ressortir que la position financière du secteur des particuliers est relativement solide, malgré la baisse de l’épargne et la hausse correspondante de la dette, jumelée à la baisse des flux d’investissement vers les actifs financiers.

L’évolution du bilan du secteur des particuliers explique dans une très large mesure la baisse de longue date accusée par l’épargne et par le taux de l’épargne. En effet, la plus-value de l’actif a supplanté en grande partie l’épargne traditionnelle. Depuis 1995, l’épargne ne représentait plus, en moyenne, que 12 % des changements de la valeur nette. Cela indique qu’un effet de richesse peut intervenir dans la consommation et l’épargne des particuliers et a peut-être joué un rôle important pour soutenir la demande des ménages visant le logement ainsi que les biens et services de consommation.

Les variations de la valeur nette entraînées par les gains/pertes sur les actifs et non par l'épargne
Graphique : Les variations de la valeur nette entraînées par les gains/pertes sur les actifs et non par l'épargne

Néanmoins, la dépendance à l’égard de la plus-value de l’actif comme moyen d’épargne a fait que le secteur des particuliers est un peu plus sensible que par le passé aux variations du marché des biens immobiliers résidentiels et des marchés financiers. Ainsi, les actions étaient le moteur de croissance de la valeur des portefeuilles, mais exposaient les ménages au risque d’une perte de capital. À moyen et à long terme, on ne voit pas bien comment l’exposition accrue au marché aura un effet sur la suffisance des fonds des particuliers en vue de la retraite. Ce facteur, allié aux vulnérabilités éventuelles entraînées par l’effet des variations des taux d’intérêt sur un endettement important, amène des réserves quant à l’évaluation générale du bilan du secteur des particuliers.

Ce phénomène a diminué quelque peu le poids du taux d’épargne personnelle, en faveur d’autres indicateurs, d’application plus large, comme le changement de la valeur nette des ménages.


1 Les actifs financiers détenus dans le portefeuille de placements d’un ménage se distinguent par le risque associé à chaque catégorie d’actifs, les dépôts étant des placements à faible risque et les titres négociables étant à risque élevé. Les actifs reposant sur des fonds mis en commun et gérés par des professionnels (p. ex., caisses de retraite et fonds de placement) comportent un risque modéré (indirect).
2 Les changements de valeur des biens immobiliers comportent deux déterminants : le flux des investissements en logements et la réévaluation du stock actuel de logements. Les biens immobiliers procurent une valeur d’utilisation au propriétaire et, en outre, sont considérés depuis toujours comme un investissement fiable dont la valeur ne manquera pas d’augmenter avec le temps.
3 Cela se voit dans le coût reproductible des structures et dans la plus value du terrain sous jacent.
4 Dans les Comptes du bilan national, les stocks de biens durables constituent un actif, tandis que la convention utilisée dans le Système de comptabilité nationale du Canada stipule que, dans les Comptes des revenus et des dépenses, les dépenses des consommateurs représentent des dépenses courantes. Cette différence est comptabilisée comme un changement conceptuel.
5 La convention utilisée dans le Système de comptabilité nationale du Canada veut que les automobiles louées soient considérées comme des ventes finales pour les consommateurs.
6 Par exemple, les marges de crédit sur propriété et les contrats de location.
7 Une partie importante des marges de crédit est liée à la propriété et sert à l’acquisition de biens (notamment des accessoires de maison), aux rénovations et à la consolidation de la dette.