Regards sur la société canadienne
Comprendre l’augmentation de la participation électorale entre les élections fédérales de 2011 et de 2015

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par Sharanjit Uppal et Sébastien LaRochelle-Côté

Début de l’encadré

Aperçu de l’étude

La présente étude porte sur la variation du taux de participation électorale des citoyens canadiens entre les élections fédérales de 2011 et de 2015, à partir de questions supplémentaires qui ont été ajoutées à l’Enquête sur la population active peu après les élections en question. L’accent est mis sur les groupes de population dont la participation électorale a le plus augmenté au cours de cette période.

  • Entre les élections fédérales de 2011 et de 2015, le taux de participation électorale a augmenté de 7 points de pourcentage. Les taux de participation ont augmenté plus rapidement chez les électeurs plus jeunes que chez les plus agés.
  • Les jeunes plus scolarisés sont particulièrement plus susceptibles de voter que leurs homologues moins scolarisés. Chez les électeurs de 25 à 34 ans en 2015, le taux de participation des diplômés universitaires dépassait de 42 points de pourcentage celui des personnes qui n’avaient pas complété leurs études secondaires.
  • Entre 2011 et 2015, la participation électorale a augmenté de 15 points de pourcentage chez les Autochtones (c.-à-d. les Premières Nations vivant hors réserve, les Métis et les Inuits). En comparaison, la hausse a été de 7 points de pourcentage parmi les non-Autochtones nés au Canada, et de 6 points de pourcentage chez les immigrants ayant la citoyenneté canadienne.
  • Entre 2011 et 2015, les taux de participation des immigrants récents originaires d’Afrique et ceux originaires d’Asie centrale de l’Ouest et du Moyen-Orient (ayant la citoyenneté canadienne) ont augmenté de 25 et de 22 points de pourcentage, respectivement.
  • En 2015, environ 20 % de l’ensemble des votants étaient des immigrants ayant la citoyenneté canadienne et un peu plus de 2 % des votants ont déclaré une identité autochtone (Premières Nations vivant hors réserve, Métis et Inuits).

Fin de l’encadré

Introduction

On dit souvent, notamment parmi les politologues, que la participation politique représente le fondement de la démocratieNote 1. Le vote est l’indicateur le plus courant de la participation politique des citoyens et le plus facile à mesurer au sein d’une démocratie. La participation politique peut influer sur les politiques publiques; par conséquent, la faible participation de certains groupes de population peut aboutir à des politiques qui ne représentent pas nécessairement leurs opinions ou leurs préférences.

Au Canada, les études sur la participation électorale se sont fondées sur des données d’enquête et des données administratives pour analyser les habitudes de voteNote 2. Selon les résultats de la majorité de ces études, certains groupes votent systématiquement moins que les autres, notamment les jeunes, les immigrants, les moins scolarisés et les moins fortunés.

Après chaque élection fédérale, Élections Canada calcule le taux officiel de participation, qui correspond au nombre de bulletins de vote divisé par la population totale inscrite. De 1867 à 1988, à plus des trois quarts des élections, la participation électorale s’est élevée à 70 % ou plusNote 3. Elle a diminué au cours des années subséquentesNote 4 et, en 2008, elle s’est établie à un peu moins de 59 %, le plus faible niveau jamais enregistré. Entre 2011 et 2015, le taux de participation est passé de 61,1 % à 68,3 %, ce qui représente l’une des plus fortes variations d’une élection à l’autre depuis la Confédération (graphique 1).

Graphique 1 Taux de participation électorale aux élections fédérales canadiennes, 1867 à 2015

Tableau de données du graphique 1
Graphique 1
Taux de participation électorale aux élections fédérales canadiennes, 1867 à 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux de participation électorale aux élections fédérales canadiennes pourcentage(figurant comme en-tête de colonne).
  pourcentage
1867 73,1
1872 70,3
1874 69,6
1878 69,1
1882 70,3
1887 70,1
1891 64,4
1896 62,9
1900 77,4
1904 71,6
1908 70,3
1911 70,2
1917 75,0
1921 67,7
1925 66,4
1926 67,7
1930 73,5
1935 74,2
1940 69,9
1945 75,3
1949 73,8
1953 67,5
1957 74,1
1958 79,4
1962 79,0
1963 79,2
1965 74,8
1968 75,7
1972 76,7
1974 71,0
1979 75,7
1980 69,3
1984 75,3
1988 75,3
1993 69,6
1997 67,0
2000 61,3
2004 60,9
2006 64,7
2008 58,8
2011 61,1
2015 68,3

D’autres études ont analysé la diminution de la participation électorale dans les années 1990. Selon l’une d’elles, la baisse observée s’explique en grande partie par les récentes cohortes de jeunes qui ne votent pas autant que leurs aînés le faisaient au même âge, un phénomène qualifié d’effet générationnelNote 5. Un manque d’intérêt pour la politique, un manque de confiance à l’égard des institutions, des perceptions changeantes de l’utilité du gouvernement et le peu d’influence qu’ont les jeunes sur les réorientations politiques du gouvernement sont certaines hypothèses avancées pour expliquer la baisse de participation des jeunes électeurs dans les années 1990Note 6. Par ailleurs, on peut soutenir que la baisse, dans son ensemble, aurait été plus importante, n’eût été la hausse marquée de la proportion de personnes ayant un plus haut niveau de scolarité et de la proportion grandissante de personnes plus âgées, deux groupes qui sont généralement plus susceptibles de voter.

L’augmentation récente du taux de participation électorale observée entre les élections fédérales de 2011 et de 2015 a marqué une rupture avec les baisses enregistrées dans les années 1990 et 2000. Quels sont les groupes qui ont contribué au renversement soudain du taux de participation? Dans la présente étude, la question est analysée à l’aide des données de l’Enquête sur la population active (EPA). En 2011 ainsi qu’en 2015, au cours du mois suivant l’élection fédérale, des questions sur la participation électorale ont été ajoutées à titre de supplément à l’EPA (voir Sources de données, méthodes et définitions). On a demandé aux répondants éligibles au vote s’ils avaient voté à l’élection fédérale, et ceux qui ont répondu par la négative ont été invités à préciser les motifs de leur abstentionNote 7. Grâce à l’éventail de renseignements sociodémographiques recueillis dans le cadre de l’EPA et à la taille importante de son échantillon, il est possible d’établir un lien entre la participation électorale et différentes caractéristiques individuelles et de déterminer les groupes dont le taux de participation électorale a le plus augmenté. Cette étude porte sur les facteurs associés à la participation électorale en 2015, de même que sur les groupes de population à l’origine de l’augmentation observée entre les élections de 2011 et de 2015.

Établissement du taux de participation au moyen de données d’enquête

Le taux de participation électorale peut être établi de différentes façons. Pour Élections Canada, il correspond à la proportion de l’ensemble de la population admissible au vote (inscrite dans les listes électorales) ayant déposé un bulletin de vote. Or, les renseignements sur la population inscrite dans les listes électorales ne sont pas accessibles dans le cadre de l’EPA. Par conséquent, le taux de participation électorale est calculé comme la proportion de citoyens canadiens âgés de 18 ans et plus ayant déclaré avoir voté lors de l’élection.

Les études sur la participation électorale révèlent que les taux de participation fondés sur des données d’enquête sont généralement supérieurs aux taux officiels, et l’EPA ne fait pas exception. Selon les recherches, l’une des raisons permettant d’expliquer ce résultat est le fait que les non-votants sont moins susceptibles de répondre aux questions d’une enquête portant sur le voteNote 8. En d’autres mots, il y a probablement un lien étroit entre la non-réponse à une enquête et les habitudes de vote.

La corrélation entre la non-réponse et la non-participation est sans doute l’un des facteurs à l’origine, du moins en partie, de la différence entre les taux de participation établis au moyen de données d’enquête et les résultats officiels d’Élections CanadaNote 9. Cependant, d’autres facteurs entrent en jeuNote 10, Note 11.

Dans les sections qui suivent, les données de l’EPA sont utilisées pour examiner les différences du taux de participation électorale entre divers groupes de citoyens, ainsi que l’évolution du taux de participation par rapport à l’élection fédérale précédente. Les taux fondés sur l’EPA révèlent une augmentation d’une même ampleur, entre les élections de 2011 et de 2015, que ceux établis par Élections Canada, les deux sources ayant relevé une différence de 7 points de pourcentage (EPA : 70,0 % en 2011 par rapport à 77,0 % en 2015; Élections Canada : 61,1 % en 2011 par rapport à 68,3 % en 2015)Note 12.

Augmentation de la participation électorale chez les jeunes de tous les niveaux de scolarité

Les personnes plus âgées sont plus susceptibles de voter que les plus jeunes. Selon les données de l’EPA, le taux de participation des électeurs de 18 à 24 ans a atteint 67 % en 2015, et celui des électeurs de 25 à 34 ans, 70 %. En revanche, parmi les électeurs plus âgés, qui sont plus susceptibles de voter, la participation a atteint 75 % chez les électeurs de 35 à 44 ans, et 86 % chez les 65 à 74 ans. La participation diminue après l’âge de 74 ans, souvent en raison de facteurs liés à la santé. La moitié des non-votants de ce groupe d’âge ont invoqué la maladie ou l’incapacité comme raison de leur abstention.

Entre les élections fédérales de 2011 et 2015, c’est chez les jeunes électeurs que le taux de participation a le plus augmenté (graphique 2). Il s’est notamment accru de 12 points de pourcentage parmi les électeurs de 18 à 24 ans, passant de 55 % à 67 %. Il a également augmenté de façon marquée chez les électeurs de 25 à 34 ans et de 35 à 44 ans, soit de 11 points de pourcentage et de 10 points de pourcentage, respectivement. En revanche, l’augmentation était minime au sein des groupes plus âgés, le taux de participation des électeurs de 65 ans et plus s’étant accru de 1 point de pourcentage. L’augmentation moins prononcée parmi les groupes plus âgés peut être attribuable au fait qu’ils étaient déjà nombreux à voter en 2011 (84 % chez les 65 à 74 ans par rapport à 55 % chez les 18 à 24 ans)Note 13.

Graphique 2 Taux de participation électorale aux élections fédérales par groupe d’âge, 2011 et 2015

Tableau de données du graphique 2
Graphique 2
Taux de participation électorale aux élections fédérales par groupe d’âge, 2011 et 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux de participation électorale aux élections fédérales par groupe d’âge. Les données sont présentées selon Groupe d’âge (titres de rangée) et 2011 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe d’âge 2011 2015
pourcentage
18 à 24 ans 54,6 66,9
25 à 34 ans 58,7 69,8
35 à 44 ans 64,9 74,5
45 à 54 ans 73,2 78,7
55 à 64 ans 80,3 83,3
65 à 74 ans 84,5 85,5
75 ans et plus 78,6 79,6

Le lien entre le niveau de scolarité et le vote représente depuis longtemps une caractéristique de la participation électoraleNote 14. Lors de l’élection fédérale de 2015, 86 % des titulaires d’un diplôme universitaire ont déclaré avoir voté, comparativement à 67 % des personnes ne possédant pas de diplôme d’études secondaires, ce qui représente une différence de près de 20 points de pourcentage.

Ce lien entre la scolarité et le vote est particulièrement évident chez les électeurs plus jeunes. Dans tous les groupes d’âge de moins de 45 ans, l’écart en matière de participation électorale entre les titulaires d’un diplôme universitaire et les personnes qui n’avaient pas terminé leurs études secondaires était d’au moins 30 points de pourcentage. Plus particulièrement, chez les 25 à 34 ans en 2015, il y avait une différence de 42 points de pourcentage dans les taux de participation entre les titulaires d’un diplôme universitaire et ceux qui n’avaient pas terminé leur secondaire. La différence entre les personnes moins scolarisées et plus scolarisées était moins marquée parmi les électeurs plus âgés.

Les jeunes adultes qui fréquentent un établissement d’enseignement postsecondaire sont plus susceptibles que les non-étudiants d’être actifs sur le plan politique, que ce soit en exprimant leurs opinions politiques, en participant à des démonstrations ou en signant des pétitionsNote 15. En 2015, 72 % des étudiants canadiens de 18 à 24 ans ont déclaré avoir voté, comparativement à 62 % des non-étudiants du même groupe d’âge. Chez les 25 à 34 ans, le taux de participation était de 76 % parmi les étudiants, et de 69 % parmi les non-étudiantsNote 16.

Entre 2011 et 2015, le taux de participation électorale a augmenté de manière significative dans tous les groupes de niveau de scolarité. L’ampleur de la hausse était légèrement plus prononcée pour les personnes qui possédaient un diplôme d’études secondaires ou qui avaient fait des études postsecondaires partielles, ainsi que pour les titulaires d’un certificat ou d’un diplôme d’une école de métiers ou non universitaire (graphique 3).

Graphique 3 Taux de participation électorale aux élections fédérales par niveau de scolarité le plus élevé, 2011 et 2015

Tableau de données du graphique 3
Graphique 3
Taux de participation électorale aux élections fédérales par niveau de scolarité le plus élevé, 2011 et 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux de participation électorale aux élections fédérales par niveau de scolarité le plus élevé 2011 et 2015(figurant comme en-tête de colonne).
  2011 2015
Niveau de scolarité pourcentage
Sans diplôme d’études secondaires 62,3 66,5
Diplôme d’études secondaires/études postsecondaires partielles 65,3 72,3
Certificat ou diplôme collégial/d’une école de métiers 71,0 78,5
Diplôme universitaire 80,7 86,4

Dans toutes les catégories de niveau de scolarité, le taux de participation électorale a augmenté de façon plus marquée chez les jeunes adultes (tableau 1). Parmi les personnes sans diplôme d’études secondaires, par exemple, des hausses significatives ont été observées chez les électeurs de 18 à 24 ans (9 points de pourcentage) et ceux de 35 à 44 ans (12 points de pourcentage). Parmi les électeurs de moins de 45 ans qui possédaient un diplôme d’études secondaires ou un diplôme collégial, on a enregistré des hausses allant de 9 à 12 points de pourcentage. Même parmi les titulaires d’un diplôme universitaire, qui tendent généralement à voter davantage que les autres, le taux de participation des jeunes a significativement augmenté.

Tableau 1
Taux de participation électorale aux élections fédérales selon l’âge et le niveau de scolarité le plus élevé, 2011 et 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux de participation électorale aux élections fédérales selon l’âge et le niveau de scolarité le plus élevé 2011, 2015 et Variation, calculées selon pourcentage et points de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2011 2015 Variation
pourcentage points de pourcentage
Sans diplôme d’études secondaires  
18 à 24 ans 40,9 49,7Tableau 1, Note * 8,8
25 à 34 ans 35,4 40,5 5,1
35 à 44 ans 41,9 53,7Tableau 1, Note * 11,8
45 à 54 ans 56,0 60,7 4,7
55 à 64 ans 70,2 71,9 1,7
65 à 74 ans 78,3 77,7 -0,6
75 ans et plus 73,1 73,5 0,4
Diplôme d’études secondaires/études postsecondaires partielles  
18 à 24 ans 55,6 66,1Tableau 1, Note * 10,5
25 à 34 ans 49,5 61,3Tableau 1, Note * 11,8
35 à 44 ans 58,1 66,9Tableau 1, Note * 8,8
45 à 54 ans 69,6 74,3Tableau 1, Note * 4,7
55 à 64 ans 78,5 80,3 1,8
65 à 74 ans 84,6 84,2 -0,4
75 ans et plus 80,1 80,5 0,4
Certificat ou diplôme collégial/d’une école de métiers  
18 à 24 ans 55,6 70,9Tableau 1, Note * 15,3
25 à 34 ans 56,6 69,6Tableau 1, Note * 13,0
35 à 44 ans 64,7 73,2Tableau 1, Note * 8,5
45 à 54 ans 76,1 80,0Tableau 1, Note * 3,9
55 à 64 ans 81,4 85,6Tableau 1, Note * 4,2
65 à 74 ans 87,1 89,3 2,2
75 ans et plus 85,6 85,5 -0,1
Diplôme universitaire  
18 à 24 ans 70,9 80,5Tableau 1, Note * 9,6
25 à 34 ans 75,1 82,3Tableau 1, Note * 7,2
35 à 44 ans 76,3 84,6Tableau 1, Note * 8,3
45 à 54 ans 82,3 87,2Tableau 1, Note * 4,9
55 à 64 ans 88,7 91,0 2,3
65 à 74 ans 90,8 91,0 0,2
75 ans et plus 85,9 90,0 4,1

En revanche, le taux de participation des électeurs plus âgés (55 ans et plus) est resté relativement stable, et ce, pour la plupart des catégories de niveau de scolarité.

Taux de participation électorale plus faible chez les Canadiens au chômage

Grâce aux données de l’EPA, le taux de participation électorale peut également être examiné sous l’angle de la situation par rapport au marché du travail. En 2015, les personnes occupées étaient plus susceptibles de voter que celles au chômage (78 % par rapport à 70 %). Le taux de participation des personnes inactives se situait à 77 %, ce qui représente un taux presque identique à celui de la population activeNote 17. Ce résultat est attribuable au fait que la majorité des personnes inactives sont plus âgées (c.-à-d. retraitées) et ont plus tendance à voterNote 18.

Entre 2011 et 2015, c’est chez les personnes inactives que le taux de participation électorale a le moins augmenté (4 points de pourcentage). Chez les personnes actives et les chômeurs, le taux a augmenté de 8 et de 9 points de pourcentage, respectivement. Encore une fois, l’augmentation moins marquée chez les personnes inactives tient probablement au fait que bon nombre d’entre elles sont plus âgées.

Variation du taux de participation selon la situation familiale

Le taux de participation électorale varie également selon la situation familiale. En 2015, les personnes en couple étaient généralement plus susceptibles de voter que les personnes célibataires. Le taux de participation était plus élevé chez les couples qui avaient des enfants âgés de 5 ans et plus et chez les couples sans enfant (82 % dans les deux cas). Chez les couples qui avaient de jeunes enfants de moins de 5 ans, le taux s’est situé à 75 %.

Le taux de participation était plus faible chez les personnes célibataires, particulièrement celles qui avaient au moins un enfant de moins de 5 ans, c’est-à-dire les parents seuls avec de jeunes enfants. Au sein de ce groupe, le taux de participation s’est établi à 50 %. Par comparaison, chez les personnes célibataires qui n’avaient aucun enfant, le taux s’est situé à 71 %, et chez les parents seuls d’enfants plus âgés, à 70 %. Le taux plus faible observé chez les parents seuls avec de jeunes enfants pourrait être attribuable à la difficulté de combiner les responsabilités familiales avec la participation électorale, mais il pourrait aussi refléter les effets de la composition de la famille, car les personnes à la tête de ces ménages sont plus susceptibles d’être de jeunes adultes moins scolarisés, qui ont moins tendance à voterNote 19.

Entre 2011 et 2015, toutefois, le taux de participation électorale a augmenté dans toutes les catégories de familles. La plus forte augmentation a été observée chez les parents en couple avec de jeunes enfants de moins de 5 ans, leur taux de participation étant passé de 63 % en 2011 à 75 % en 2015. Parmi les parents seuls avec de jeunes enfants, le taux a augmenté, passant de 43 % à 50 % au cours de la même période.

Augmentation du taux de participation chez les immigrants et les Autochtones

Selon des études déjà publiées, les immigrants ayant le droit de voter auraient moins tendance à voter que les non-immigrantsNote 20. Quelques raisons sont mises de l’avant pour expliquer leur plus faible participation, dont l’absence de traditions démocratiques dans certaines régions du monde, le manque de confiance à l’égard des institutions et les différences sur le plan de la culture politiqueNote 21.

Le taux de participation des Autochtones est également plus faible que celui de la population non autochtone. Selon un rapport publié par Élections Canada, en 2015, le taux de participation électorale des personnes vivant dans des réserves (à l’exception des bulletins de vote spéciaux) était inférieur d’environ 5 points de pourcentage à celui de l’ensemble de la population canadienneNote 22. Le même rapport a toutefois fait état d’une augmentation significative du taux de participation dans les réserves entre les élections de 2011 et de 2015 (14 points de pourcentage), ce qui a réduit l’écart du taux de participation entre les résidents des réserves et le reste de la population.

L’EPA n’est pas menée dans les réserves, mais elle recueille des données sur les Premières Nations vivant hors réserve, les Métis et les Inuits. En 2011, ces derniers (ci-après appelés « Autochtones ») représentaient environ les trois quarts des personnes ayant déclaré une identité autochtoneNote 23.

Entre 2011 et 2015, le taux de participation s’est accru au sein de la population immigrante ainsi que de la population autochtone, quoique par différentes marges. Chez les immigrants admissibles au vote, le taux a augmenté de 6 points de pourcentage alors que chez les Autochtones, il s’est accru de 15 points de pourcentage. Par comparaison, le taux de participation des Canadiens de naissance non-Autochtones a progressé de 7 points de pourcentage (graphique 4)Note 24.

Graphique 4 Taux de participation électorale aux élections fédérales en fonction du statut d’immigration et du statut d’identité autochtone, 2011 et 2015

Tableau de données du graphique 4
Graphique 4
Taux de participation électorale aux élections fédérales en fonction du statut d’immigration et du statut d’identité autochtone, 2011 et 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux de participation électorale aux élections fédérales en fonction du statut d’immigration et du statut d’identité autochtone. Les données sont présentées selon Statut (titres de rangée) et 2011 et 2015, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Statut 2011 2015
pourcentage
Canadiens de naissance, non-Autochtones 70,9 77,9
AutochtonesGraphique 4, Note 1 53,5 68,1
Immigrants 68,5 74,9

Augmentation du taux de participation des immigrants en provenance de l’Asie centrale de l’Ouest et du Moyen-Orient

Au sein de la population immigrante admissible au vote, le taux de participation électorale varie beaucoup selon la région de naissance (tableau 2). En 2015, les immigrants des pays de « l’anglosphère » (États-Unis, Royaume-Uni, Irlande, Australie et Nouvelle-Zélande) affichaient les taux de participation électorale les plus élevés (84 %), suivis de ceux de l’Europe de l’Ouest et de l’Europe du Nord (à l’exclusion du Royaume-Uni et de l’Irlande) (83 %) et de l’Asie du Sud (81 %). En revanche, les taux de participation des immigrants d’autres régions étaient significativement plus faibles que ceux des personnes nées au Canada. Ces régions comprennent, notamment, l’Europe de l’Est (70 %) et l’Asie de l’Est (64 %).

Tableau 2
Taux de participation électorale aux élections fédérales selon le pays ou la région de naissance et selon le sexe, 2011 et 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux de participation électorale aux élections fédérales selon le pays ou la région de naissance et selon le sexe. Les données sont présentées selon Pays/région de naissance (titres de rangée) et Ensemble, Hommes, Femmes, 2011, 2015 et Variation, calculées selon pourcentage et points de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Pays/région de naissance Ensemble Hommes Femmes
2011 2015 Variation 2011 2015 Variation 2011 2015 Variation
pourcentage points de pourcentage pourcentage points de pourcentage pourcentage points de pourcentage
États-Unis, Royaume-Uni, Irlande, Australie, Nouvelle-Zélande 78,6 84,3Tableau 2, Note * 5,7 77,4 85,1Tableau 2, Note * 7,7 79,6 83,6 4,0
Caraïbes, Amérique centrale, Amérique du Sud 65,1 72,5Tableau 2, Note * 7,4 65,4 73,0Tableau 2, Note * 7,6 64,7 72,2 7,5
Europe de l’Ouest, Europe du NordTableau 2, Note 1 79,3 82,6 3,3 81,5 84,0 2,5 77,1 81,3 4,2
Europe du Sud 73,1 72,5 -0,6 74,2 73,6 -0,6 72,1 71,4 -0,7
Europe de l’Est 66,7 69,7 3,0 66,7 70,6 3,9 66,7 68,9 2,2
Asie du Sud 72,4 80,5Tableau 2, Note * 8,1 73,7 79,5 5,8 71,1 81,5Tableau 2, Note * 10,4
Asie du Sud-Est 64,5 74,6Tableau 2, Note * 10,1 66,1 74,1 8,0 63,3 75,0Tableau 2, Note * 11,7
Asie de l’Est 59,8 64,1 4,3 60,3 65,4 5,1 59,3 62,9 3,6
Asie centrale de l’Ouest et Moyen-Orient 56,7 73,2Tableau 2, Note * 16,5 56,0 69,9Tableau 2, Note * 13,9 57,6 76,5Tableau 2, Note * 18,9
Afrique 67,1 78,4Tableau 2, Note * 11,3 72,7 79,4 6,7 60,4 77,3Tableau 2, Note * 16,9

Entre 2011 et 2015, le taux de participation des immigrants de l’Asie centrale de l’Ouest et du Moyen-Orient a augmenté de 16 points de pourcentage, passant de 57 % en 2011 à 73 % en 2015. Il s’agit de la plus forte variation observée parmi les différentes régions et d’un développement majeur, compte tenu du fait que ce groupe affichait le taux de participation le plus faible de toutes les régions en 2011. Le taux de participation des immigrants originaires de l’Afrique a également augmenté de manière significative (11 points de pourcentage) ainsi que chez les immigrants de l’Asie du Sud-Est (10 points de pourcentage).

En revanche, chez les immigrants dont la région de naissance était l’Asie de l’Est, l’Europe de l’Est, l’Europe de l’Ouest ou l’Europe du Nord (à l’exclusion du Royaume-Uni et de l’Irlande), les hausses des taux de participation étaient minimes (non statistiquement significatives) et chez les immigrants de l’Europe du Sud, ces taux sont restés inchangés.

Les augmentations des taux de participation dans les différentes régions de naissance pouvaient varier selon le sexe. Ce sont les femmes de l’Asie centrale de l’Ouest et du Moyen-Orient qui ont enregistré la plus forte hausse (19 points de pourcentage), suivies des femmes originaires de pays d’Afrique (17 points de pourcentage), des hommes de l’Asie centrale de l’Ouest et du Moyen-Orient (14 points de pourcentage) et des femmes de l’Asie du Sud-Est (12 points de pourcentage).

Augmentation du taux de participation plus forte chez les nouveaux immigrants que chez les immigrants de longue date

Les immigrants de longue date, c’est-à-dire ceux qui sont au Canada depuis au moins 10 ansNote 25, ont davantage tendance à voter aux élections fédérales que les nouveaux immigrants. L’année 2015 n’a pas fait exception, les taux de participation ayant atteint 76 % chez les immigrants de longue date comparativement à 70 % chez les nouveaux immigrants (tableau 3). Cependant, la variation du taux de participation entre 2011 et 2015 était plus forte chez les nouveaux immigrants (14 points de pourcentage) que chez les immigrants de longue date (5 points de pourcentage). Ce changement a fait en sorte que l’écart de participation entre les nouveaux immigrants et les immigrants de longue date a diminué, celui-ci étant passé de 15 points de pourcentage en 2011 à 6 points de pourcentage en 2015.

Tableau 3
Taux de participation électorale aux élections fédérales selon la région de naissance des nouveaux immigrants et des immigrants de longue date, 2011 et 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux de participation électorale aux élections fédérales selon la région de naissance des nouveaux immigrants et des immigrants de longue date. Les données sont présentées selon Pays/région de naissance (titres de rangée) et Nouveaux immigrants , Immigrants de longue date, 2011, 2015 et Variation, calculées selon pourcentage et points de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Pays/région de naissance Nouveaux immigrants Immigrants de longue date
2011 2015 Variation 2011 2015 Variation
pourcentage points de pourcentage pourcentage points de pourcentage
Ensemble 55,7 70.1Tableau 3, Note * 14,4 70,7 75.9Tableau 3, Note * 5,2
États-Unis, Royaume-Uni, Irlande, Australie, Nouvelle-Zélande Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 78,9 84,5Tableau 3, Note * 5,6
Caraïbes, Amérique centrale, Amérique du Sud 59,2 73,6 14,4 66,1 72,3 6,2
Europe de l’Ouest, Europe du NordTableau 3, Note 1 Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 79,5 83,7 4,2
Europe du Sud Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Europe de l’Est 51,8 66,5 14,7 69,7 70,2 0,5
Asie du Sud 63,9 77,1 13,2 75,1 81,8 6,7
Asie du Sud-Est 53,5 68,9 15,4 66,6 76,2Tableau 3, Note * 9,6
Asie de l’Est 52,2 53,7 1,5 61,2 65,9 4,7
Asie centrale de l’Ouest et Moyen-Orient 42,6 64,2Tableau 3, Note * 21,6 61,2 76,5Tableau 3, Note * 15,3
Afrique 51,4 76,8Tableau 3, Note * 25,4 73,5 79,0 5,5

La hausse a été plus prononcée parmi certaines catégories de nouveaux immigrants. Notamment, le taux de participation des nouveaux immigrants originaires de pays d’Afrique a augmenté de 25 points de pourcentage. De la même façon, le taux des nouveaux immigrants originaires de l’Asie centrale de l’Ouest et du Moyen-Orient a augmenté de 22 points de pourcentage. Les augmentations étaient généralement plus faibles chez les immigrants de longue date, mais deux catégories ont connu de fortes hausses, c’est-à-dire les immigrants de longue date originaires de l’Asie centrale de l’Ouest et du Moyen-Orient (15 points de pourcentage) et ceux de l’Asie du Sud-Est (10 points de pourcentage).

Modélisation de la probabilité de voter

Certaines des variables décrites ci-dessus sont susceptibles d’être liées entre elles, comme l’âge, le niveau de scolarité et la situation par rapport au marché du travail. Dans la présente section, les résultats d’un modèle probit sont présentés sous forme de probabilités prédites de participation électorale (tableau 4). Alors que le modèle a confirmé la majorité des résultats présentés ci-dessus, quelques différences notables sont ressorties.

Tableau 4
Probabilités prédites selon un modèle probit de la participation électorale à l’élection fédérale, 2011 et 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Probabilités prédites selon un modèle probit de la participation électorale à l’élection fédérale 2011 et 2015, calculées selon probabilité prédite unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2011 2015
probabilité prédite
Sexe  
Hommes 0,71Tableau 4, Note * 0,78Tableau 4, Note *
Femmes (réf.) 0,72 0,80
Groupe d’âge et statut d'étudiant  
18 à 24 ans — étudiants 0,67 0,80Tableau 4, Note *
18 à 24 ans — non-étudiants 0,57Tableau 4, Note * 0,67Tableau 4, Note *
25 à 34 ans — étudiants 0,59Tableau 4, Note * 0,76
25 à 34 ans — non-étudiants 0,55Tableau 4, Note * 0,67Tableau 4, Note *
35 à 44 ans 0,61Tableau 4, Note * 0,71Tableau 4, Note *
45 à 54 ans (réf.) 0,72 0,77
55 à 64 ans 0,81Tableau 4, Note * 0,84Tableau 4, Note *
65 à 74 ans 0,88Tableau 4, Note * 0,89Tableau 4, Note *
75 ans et plus 0,87Tableau 4, Note * 0,88Tableau 4, Note *
Scolarité  
Sans diplôme d’études secondaires 0,57Tableau 4, Note * 0,64Tableau 4, Note *
Études secondaires/postsecondaires partielles (réf.) 0,68 0,74
Certificat ou diplôme d’une école de métiers 0,72Tableau 4, Note * 0,79Tableau 4, Note *
Grade universitaire 0,83Tableau 4, Note * 0,88Tableau 4, Note *
Situation par rapport au marché du travail  
Personne occupée (réf.) 0,74 0,81
Personne au chômage 0,71Tableau 4, Note * 0,78Tableau 4, Note *
Personne inactive 0,67Tableau 4, Note * 0,75Tableau 4, Note *
Situation familialeTableau 4, Note 1  
Couple sans enfant (réf.) 0,74 0,81
Couple avec enfants de 5 ans et plus 0,75 0,83Tableau 4, Note *
Couple avec au moins un enfant de moins de 5 ans 0,72Tableau 4, Note * 0,81
Célibataire sans enfant 0,68Tableau 4, Note * 0,75Tableau 4, Note *
Célibataire avec enfants de 5 ans et plus 0,63Tableau 4, Note * 0,71Tableau 4, Note *
Célibataire avec au moins un enfant de moins de 5 ans 0,58Tableau 4, Note * 0,63Tableau 4, Note *
Pays/région de naissance  
Canada — non-Autochtones (réf.) 0,73 0,80
Canada — AutochtonesTableau 4, Note 2 0,65Tableau 4, Note * 0,77Tableau 4, Note *
À l’extérieur du Canada — non-immigrantsTableau 4, Note 3 0,70 0,80
États-Unis, Royaume-Uni, Irlande, Australie, Nouvelle-Zélande 0,71 0,80
Caraïbes, Amérique centrale, Amérique du Sud 0,66Tableau 4, Note * 0,73Tableau 4, Note *
Europe de l’Ouest, Europe du NordTableau 4, Note 4 0,71 0,78
Europe du Sud 0,69Tableau 4, Note * 0,73Tableau 4, Note *
Europe de l’Est 0,60Tableau 4, Note * 0,64Tableau 4, Note *
Asie du Sud 0,71 0,79
Asie du Sud-Est 0,64Tableau 4, Note * 0,73Tableau 4, Note *
Asie de l’Est 0,55Tableau 4, Note * 0,58Tableau 4, Note *
Asie centrale de l’Ouest et Moyen-Orient 0,55Tableau 4, Note * 0,73Tableau 4, Note *
Afrique 0,65Tableau 4, Note * 0,78
Province  
Terre-Neuve-et-Labrador 0,58Tableau 4, Note * 0,68Tableau 4, Note *
Île-du-Prince-Édouard 0,81Tableau 4, Note * 0,86Tableau 4, Note *
Nouvelle-Écosse 0,70 0,78
Nouveau-Brunswick 0,74Tableau 4, Note * 0,82Tableau 4, Note *
Québec 0,75Tableau 4, Note * 0,79Tableau 4, Note *
Ontario (réf.) 0,71 0,78
Manitoba 0,68Tableau 4, Note * 0,78
Saskatchewan 0,71 0,79Tableau 4, Note *
Ablerta 0,69Tableau 4, Note * 0,79
Colombie-Britannique 0,72 0,81Tableau 4, Note *

Par exemple, dans les résultats descriptifs, les électeurs de 18 à 24 ans étaient les moins susceptibles de voter, et ce, tant en 2011 qu’en 2015. Les étudiants de ce groupe d’âge étaient cependant plus susceptibles de voter que les non-étudiants (par une marge de 10 points de pourcentage). L’effet étudiant était même plus fort dans le modèle. Après avoir tenu compte des autres facteurs, y compris le niveau de scolarité, la probabilité de voter était de 0,80 chez les étudiants de 18 à 24 ans. Cela laisse supposer que toutes choses étant égales par ailleurs, les étudiants de 18 à 24 ans étaient plus susceptibles de voter que les personnes de 45 à 54 ans en 2015, dont la probabilité de voter était de 0,77.

En revanche, les non-étudiants des groupes d’âge plus jeunes étaient, de façon significative, moins susceptibles de voter que les personnes de 45 à 54 ans, même après avoir tenu compte des différences sur le plan du niveau de scolarité. De tels résultats ont des répercussions importantes, car ils laissent entendre que la fréquentation scolaire représente également un facteur important dans la participation électorale des personnes plus jeunes.

D’autres résultats ont été confirmés par le modèle, y compris les taux plus élevés pour les Autochtones et certains groupes d’immigrants observés en 2015. Au cours des deux dernières élections, la probabilité de voter a augmenté chez les immigrants de l’Asie centrale de l’Ouest et du Moyen-Orient, pour passer de 0,55 en 2011 à 0,73 en 2015. La probabilité de voter a également augmenté chez les immigrants provenant de l’Afrique, passant de 0,65 à 0,78. Enfin, la probabilité a augmenté chez les Autochtones, passant de 0,65 à 0,77.

Peu de variation dans les proportions de votants immigrants et de votants autochtones

En 2015, plus de 20 millions de citoyens ont indiqué avoir voté à l’élection fédérale, comparativement à environ 17,4 millions en 2011, ce qui représente une augmentation de 2,6 millions de personnes entre 2011 et 2015 (tableau 5).

Tableau 5
Nombre de votants et de personnes admissibles au vote lors des élections fédérales de 2011 et de 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre de votants et de citoyens en droit de voter lors des élections fédérales de 2011 et de 2015 2011 et 2015, calculées selon milliers et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  2011 2015
milliers pourcentage milliers pourcentage
Personnes admissibles au vote 24 919,2 100,0 26 079,4 100,0
AutochtonesTableau 5, Note 1 604,3 2,4 719,6 2,8
Canadiens de naissance, non-Autochtones 19 288,0 77,4 19 832,1 76,0
Immigrants 4 859,3 19,5 5 366,5 20,6
Nés à l’extérieur du Canada, non-immigrantsTableau 5, Note 2 167,7 0,7 161,3 0,6
Votants 17 445,1 100,0 20 080,8 100,0
AutochtonesTableau 5, Note 1 323,2 1,9 490,3 2,4
Canadiens de naissance, non-Autochtones 13 677,8 78,4 15 443,6 76,9
Immigrants 3 329,9 19,1 4 019,4 20,0
Nés à l’extérieur du Canada, non-immigrantsTableau 5, Note 2 114,1 0,7 127,7 0,6

Les Autochtones et les immigrants ont contribué à l’augmentation générale du nombre de votants. Cependant, puisque le nombre de votants non autochtones et non immigrants a également augmenté, la proportion de votants immigrants et autochtones a peu changé.

Entre 2011 et 2015, le nombre de votants ayant déclaré une identité autochtone est passé de 323 200 à 490 300. La proportion de votants ayant déclaré une identité autochtone a augmenté d’un demi-point de pourcentage au cours de cette période, passant de 1,9 % à 2,4 %.

De la même façon, le nombre de votants immigrants a également augmenté entre les deux élections, passant de 3,3 millions en 2011 à 4,0 millions en 2015. Les immigrants représentaient 20 % de l’ensemble des votants en 2015, ce qui représente une légère augmentation par rapport à 2011 (19 %). Le nombre de votants non autochtones nés au Canada a également augmenté de 1,8 million; leur proportion des votants est donc demeurée relativement stable au cours de cette période (passant de 78 % en 2011 à 77 % en 2015).

Alors que la hausse du taux de participation était l’un des principaux facteurs à l’origine de la croissance du nombre de votants entre 2011 et 2015, l’augmentation du nombre de personnes en droit de voter a également joué un rôle.

Par exemple, le nombre de votants autochtones a augmenté de 167 000 entre 2011 et 2015; or, environ les deux tiers (63 %) de cette augmentation sont attribuables à la hausse du taux de participation et l’autre tiers est attribuable à la hausse du nombre de personnes admissibles au vote ayant déclaré une identité autochtone (graphique 5).

Graphique 5 Augmentation du nombre de votants aux élections fédérales canadiennes, selon le statut d’immigration et le statut d’identité autochtone, 2011 et 2015

Tableau de données du graphique 5
Graphique 5
Augmentation du nombre de votants aux élections fédérales canadiennes, selon le statut d’immigration et le statut d’identité autochtone, 2011 et 2015 (milliers)
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Augmentation du nombre de votants aux élections fédérales canadiennes. Les données sont présentées selon Statut (titres de rangée) et Attribuable aux variations du taux de population et Attribuable aux variations du taux de participation électorale, calculées selon milliers et % unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Statut Attribuable aux variations du taux de population Attribuable aux variations du taux de participation électorale Attribuable aux variations du taux de population Attribuable aux variations du taux de participation électorale
milliers %
AutochtonesGraphique 5, Note 1 61,7 105,3 37 63
Canadiens de naissance, non-Autochtones 385,8 1 380,0 22 78
Immigrants 347,6 341,8 50 50

De la même façon, le nombre de votants immigrants a augmenté de 700 000; or, environ la moitié de cette augmentation est attribuable au taux de participation accru et l’autre moitié, au fait que la proportion de la population représentée par les immigrants a augmenté entre 2011 et 2015.

Enfin, chez les non-Autochtones qui sont nés au Canada, le nombre de votants a augmenté de 1,8 million entre 2011 et 2015. La vaste majorité (78 %) de l’augmentation est attribuable au taux de participation plus élevé, alors que 22 % est attribuable à la hausse du nombre de personnes admissibles au vote.

Conclusion

Après avoir affiché une tendance à la baisse pendant la plus grande partie des années 1990 et 2000, le taux de participation aux élections fédérales s’est accru entre 2011 et 2015, pour passer de 61,1 % à 68,3 %. Cette augmentation est l’une des plus fortes variations observées entre deux élections consécutives depuis la Confédération. La présente étude s’est fondée sur les données de l’Enquête sur la population active des cycles de mai 2011 et de novembre 2015 pour analyser les facteurs associés à la participation électorale et déterminer les groupes sociodémographiques dont les taux de participation électorale ont le plus augmenté d’une élection à l’autre. Dans le cadre de ces deux cycles d’enquête, on a demandé aux répondants s’ils avaient voté lors de l’élection fédérale précédente.

Entre 2011 et 2015, c’est chez les jeunes électeurs que la participation électorale a le plus augmenté. En effet, le taux de participation des jeunes citoyens de tous les niveaux de scolarité s’est accru. En revanche, le taux de participation des électeurs plus âgés, c’est-à-dire de 55 ans et plus, est demeuré relativement stable. Par conséquent, la réduction de l’écart dans la participation électorale entre les jeunes électeurs et ceux plus âgés a été une caractéristique déterminante de la dernière élection fédérale. Chez les jeunes, il subsiste toutefois un écart important de participation électorale entre les plus scolarisés et les moins scolarisés.

Une autre caractéristique importante a été le taux de participation accru des Autochtones vivant hors réserve (l’enquête n’a pas été menée auprès des résidents des réserves) et de certains groupes d’immigrants. Ce fut le cas notamment pour les nouveaux immigrants originaires des pays d’Afrique, de l’Asie centrale de l’Ouest et du Moyen-Orient, dont les taux de participation ont augmenté de plus de 20 points de pourcentage.

Entre 2011 et 2015, le nombre d’électeurs qui ont voté aux élections fédérales a augmenté de 2,6 millions. Les immigrants ainsi que les Autochtones ont contribué à cette augmentation et leur proportion respective (exprimée en proportion de l’ensemble des électeurs) s’est accrue légèrement au cours de cette période. Toutefois, les Canadiens qui ne sont ni immigrants ni Autochtones continuent de représenter la vaste majorité des électeurs aux élections fédérales. Tout comme en 2011, ce groupe de population représentait plus des trois quarts de l’ensemble des électeurs en 2015.

Sharanjit Uppal est chercheur principal pour Regards sur la société canadienne et Sébastien LaRochelle-Côté est rédacteur-en-chef de la publication Regards sur la société canadienne.

Début de l’encadré

Sources de données, méthodes et définitions

Sources de données 

La présente étude est fondée sur des données de l’Enquête sur la population active (EPA). Réalisée tous les mois, l’EPA permet de recueillir des renseignements relatifs à l’activité sur le marché du travail des Canadiens âgés de 15 ans et plus, exception faite des résidents des logements collectifs, des personnes vivant dans des réserves et autres établissements autochtones, ainsi que des membres à temps plein des Forces canadiennes. L’échantillon mensuel de l’EPA est constitué d’environ 56 000 ménages, permettant ainsi de recueillir des renseignements pour approximativement 100 000 personnes.

En mai 2011, à la demande d’Élections Canada, des questions sur la participation électorale, auxquelles il a été possible de répondre de façon volontaire, ont été ajoutées à l’EPA, à titre de supplément. Ces questions ont également été posées en novembre 2015, après l’élection fédérale d’octobre 2015. On a d’abord demandé aux répondants s’ils étaient citoyens canadiens et s’ils répondaient par l’affirmative, on leur a demandé s’ils avaient voté lors de la dernière élection fédérale. De plus, on a demandé aux répondants qui ont déclaré ne pas avoir voté les motifs de leur abstention.

Définitions

Aux fins de la présente étude, le vote ou le taux de participation électorale est défini comme étant la proportion de la population de citoyens âgés de 18 ans et plus qui ont déclaré avoir voté lors de l’élection fédérale.

Les Autochtones sont définis comme les personnes nées au Canada et ayant déclaré une identité autochtone (c.-à-d. Premières Nations, Métis ou Inuits, ou de multiples identités). Puisque l’EPA n’est pas menée dans les réserves, cette population exclut les Autochtones qui vivent dans une réserve. En 2015, les Premières Nations vivant hors réserve, les Métis et les Inuits représentaient 3 % des personnes admissibles à voter.

Les autres groupes de population étudiés sont les non-Autochtones nés au Canada (76 % des personnes admissibles à voter), les immigrants qui ont obtenu leur citoyenneté canadienne (21 %) et les citoyens canadiens nés à l’étranger (moins de 1 %). Ce dernier groupe comprend les personnes nées à l’étranger, dont la citoyenneté canadienne leur a été transmise par leurs parents.

Fin de l’encadré


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