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Discussion

Les données sur la prévalence du cancer dans une population sont importantes pour la planification des soins de santé. Les personnes chez lesquelles on a diagnostiqué un cancer ont besoin de traitement, de surveillance pour détecter toute récidive et de tests de dépistage d’autres formes de cancer. En outre, elles courent le risque d’incapacité ou de handicap permanent1. Les données sur la prévalence du cancer fournissent une indication globale de la demande de services sociaux et de soins de santé liés au cancer et peuvent être utilisées pour planifier l’affectation de ces ressources à l’avenir1, 2.

La prévalence du cancer peut se définir comme le nombre de cas de cancer déjà diagnostiqués dans une population donnée, parmi les personnes en vie à une date précise (date indice). La prévalence totale s’entend des cas prévalents diagnostiqués à n’importe quel moment dans le passé, tandis que la prévalence de durée limitée s’entend des cas prévalents diagnostiqués au cours d’un nombre d’années donné.

L’établissement de catégories d’estimation de la prévalence du cancer selon le temps écoulé depuis le diagnostic permet d’obtenir des indications plus précises des besoins de soins de santé3. Les cas diagnostiqués au cours des dix dernières années représentent la principale demande de services de soins liés au cancer; plus précisément, différents services de soins de santé sont requis pour les cas diagnostiqués il y a deux ans ou moins, entre deux et cinq ans et entre cinq et dix ans2, 3. Les données sur la prévalence selon le type de cancer sont utiles également aux fins de la planification de l’affectation des ressources au traitement, aux soins et au suivi, puisque la gestion du cancer diffère selon le type de cancer.

La prévalence du cancer est fonction de l’incidence de la maladie ainsi que de la survie au cancer. Au Canada, le nombre de nouveaux cas diagnostiqués continue d’augmenter4 et le taux de survie augmente également5-8. Il en résulte une augmentation du nombre de personnes atteintes du cancer, ce qui entraîne une demande croissante de services de soins de santé.

Depuis 2003, la monographie annuelle Statistiques canadiennes sur le cancer fournit des estimations indirectes de la prévalence sur 15 ans des principaux cancers (du sein chez la femme, de la prostate, du côlon et du rectum et du poumon), et de tous les types de cancer confondus9. Les estimations pour le Canada ont été obtenues en appliquant les taux de survie observés tirés des données du Registre du cancer de la Saskatchewan — plus récemment, des cas diagnostiqués de 1986 à 2001, avec un suivi jusqu’à la fin de 200210 — aux données nationales sur l’incidence du cancer. Étant donné que le Registre canadien du cancer (RCC) existe depuis longtemps (il contient des renseignements sur les cas diagnostiqués à compter de 1992), il est maintenant possible d’établir des estimations canadiennes de la prévalence directement à partir des renseignements individuels sur le statut vital. En outre, il est possible de satisfaire à la demande de chiffres sur la prévalence selon le temps écoulé depuis le diagnostic, selon l’âge et pour des cancers autres que les cancers principaux.

En s’appuyant sur les données du RCC, le présent rapport fournit des estimations de la prévalence du cancer au Canada au 1er janvier 2005. Les estimations nationales ont été calculées directement pour tous les cas sauf ceux diagnostiqués dans la province du Québec, pour lesquels il a été nécessaire d’employer une méthode indirecte. Les résultats ont été calculés selon le type de cancer, le groupe d’âge, le sexe et le temps écoulé depuis le diagnostic (c’est‑à‑dire, la prévalence sur deux, cinq et dix ans).

Méthodes

Source des données

Les données sur l’incidence du cancer sont extraites de la version de janvier 2008 du Registre canadien du cancer (RCC), une base de données dynamique, orientée vers la personne et représentative de la population, tenue à jour par Statistique Canada. Le RCC contient des données sur les cas de cancer diagnostiqués depuis 1992, tirées des rapports de tous les registres provinciaux et territoriaux du cancer. Une description détaillée du RCC, y compris les sources de données, la méthodologie et l’exactitude, est disponible dans le site Web de Statistique Canada11. Les données sur la mortalité proviennent de la Statistique de l’état civil — Base de données sur les décès, également tenue à jour par Statistique Canada. Ces données sont fondées sur les renseignements transmis par les registraires de l’état civil provinciaux et territoriaux. Les estimations démographiques sont tirées de la publication de Statistique Canada intitulée Compendium des estimations démographiques 200712.

Techniques d’analyse

Un fichier contenant les enregistrements des cas de cancer invasif et des cas de cancer in situ de la vessie (ces derniers sont déclarés pour chaque province et territoire sauf l’Ontario) a été créé selon les règles de codage des tumeurs primaires multiples du Centre international de recherche sur le cancer13. Les cas de cancer ont été classés selon la Classification internationale des maladies pour l’oncologie, Troisième édition14 et groupés selon les définitions des groupes du Surveillance, Epidemiology, and End Results (SEER) Program, le mésothélome et le sarcome de Kaposi étant présentés séparément15.

Le suivi de la mortalité a été réalisé jusqu’au 31 décembre 2004 par couplage des enregistrements à la Base de données sur les décès et d’après les renseignements déclarés par les registres provinciaux et territoriaux du cancer. En cas de décès déclaré par un registre provincial mais non confirmé par couplage d’enregistrements, on a supposé que la personne était décédée à la date indiquée par le registre déclarant. Lorsque la date de décès manquait complètement (n=77), on a supposé que le décès avait eu lieu après la date indice (1er janvier 2005).

On peut calculer la prévalence de manière à estimer le nombre de personnes atteintes du cancer à une date donnée (prévalence fondée sur la personne) ou le nombre total de cas de cancer diagnostiqués chez les personnes en vie à cette date (prévalence fondée sur la tumeur). La deuxième méthode comprend tous les cancers admissibles pour la période de référence, qu’il s’agisse de premières tumeurs primaires ou de tumeurs primaires subséquentes. La prévalence fondée sur la tumeur donne une meilleure idée de la demande de soins de santé, puisque les cancers multiples chez une personne sont généralement traités indépendamment les uns des autres1. Par conséquent, le présent rapport porte plus particulièrement sur la prévalence fondée sur la tumeur. Par souci d’exhaustivité, toutefois, des estimations de la prévalence fondée sur la personne sont fournies aux tableaux A et B en annexe.

La prévalence a été déterminée directement par la méthode du comptage16, 17. Toutes les tumeurs primaires invasives (y compris les cas de cancer in situ de la vessie) chez les personnes en vie le 1er janvier 2005 qui avaient été diagnostiquées au cours de la période de référence ont été comptées. On a estimé la prévalence sur deux ans en comptant le nombre de tumeurs primaires invasives diagnostiquées du 1er janvier 2003 au 31 décembre 2004 chez les personnes encore en vie le 1er janvier 2005. De même, les estimations de la prévalence sur cinq ans et dix ans étaient fondées sur les cas diagnostiqués depuis 2000 et 1995, respectivement.

Étant donné les problèmes liés à la détermination du statut vital des cas diagnostiqués au Québec, les données sur la prévalence pour cette province ont été déterminées indirectement. On a utilisé la probabilité de survie jusqu’à la date indice pour attribuer de façon aléatoire le statut vital de chaque nouveau cas au Québec. On a déterminé les probabilités de survie d’après la proportion correspondante de cas de survie calculée pour le reste du Canada, stratifiée sur le groupe d’âge (0 à 39 ans, 40 à 49 ans, 50 à 59 ans, 60 à 69 ans, 70 à 79 ans et 80 ans et plus), le sexe, le type de cancer et le mois du diagnostic. On a calculé les estimations mensuelles de la survie au moyen de dix analyses distinctes, une pour chaque année de suivi, par la méthode (actuarielle) des tables de survie. Chaque analyse était fondée sur les cas diagnostiqués au cours d’une période de quatre ans couvrant l’année la plus pertinente (p. ex., 1995 pour les mois de la dixième année de survie) et les trois années précédentes. Pour les cancers pour lesquels on disposait de données suffisantes, c.‑à‑d. côlon, rectum, poumon et bronche, mélanome de la peau, cancer du sein chez la femme, col utérin, prostate, vessie et autres, le plus vieux groupe d’âge a été subdivisé en trois groupes, soit les 80 à 84 ans, les 85 à 89 ans et les 90 ans et plus.

Les estimations de la prévalence selon l’âge ont été calculées d’après l’âge de la personne au 1er janvier 2005 dans chaque cas. L’année de naissance était manquante pour 105 cas. Étant donné que l’exclusion de ces cas de l’analyse aurait produit une sous‑estimation de la prévalence, on a imputé de façon aléatoire le groupe d’âge atteint d’après la répartition du groupe d’âge selon le sexe des cas prévalents en Ontario (où pratiquement tous les 105 cas en question ont été diagnostiqués). Étant donné le pourcentage relativement élevé des cas de cancer de la prostate (25 %) chez les personnes dont l’âge était inconnu, et le caractère unique de la répartition par âge des cas de ce type de cancer, on a utilisé deux répartitions du groupe d’âge atteint aux fins d’imputation pour les hommes, un pour les cas de cancer de la prostate et l’autre pour tous les autres cancers confondus. On a calculé les taux de prévalence bruts (par 100 000 habitants) en divisant les chiffres sur la prévalence par la population appropriée le 1er janvier 2005 et en multipliant par 100 000. Les estimations démographiques pour cette date ont été obtenues en faisant la moyenne des estimations de la population du milieu de l’année 2004 et de l’année 2005.

On a déterminé les tendances des taux de prévalence des divers groupes d’âge au moyen de la fonction variation annuelle moyenne en pourcentage (AAPC pour Average Annual Percent Change) du Joinpoint Regression Program (v 3.3) diffusé par le programme SEER du National Cancer Institute aux États‑Unis18. Des tests de signification statistique ont été menés dans lesquels alpha=0,05.

Résultats

Chez les personnes en vie au Canada le 1er janvier 2005, environ 722 833 cas de tumeur primaire invasive (ou 2 248 par 100 000 habitants) ont été diagnostiqués de 1995 à la fin de 2004 (tableaux 1 et 2). (Le tableau C en annexe présente les résultats normalisés selon l’âge.) Les chiffres de prévalence sur cinq ans et deux ans étaient 454 149 cas (ou 1 412 par 100 000 habitants) et 217 089 cas (ou 675 par 100 000 habitants), respectivement. Pour tous les cancers et les âges confondus, les cas prévalents étaient presque également répartis entre les sexes pour chaque période. Le pourcentage de cas chez les hommes allait de 48,9 % (période de dix ans) à 50,9 % (période de deux ans).

Tableau 1
Nombre de cas prévalents, selon la prévalence-durée, le type de cancer et le sexe, Canada, 1er janvier 2005

Tableau 2
Taux de prévalence (pour 100 000 habitants), selon la prévalence-durée, le type de cancer et le sexe, Canada, 1er janvier 2005

Le cancer du sein (20,5 %) et le cancer de la prostate (18,7 %) représentaient près de 40 % des cas prévalents de cancer sur dix ans (tableau 1, figure 1). Venait ensuite le cancer du côlon et du rectum (12,9 %), suivi du cancer du poumon (5,1 %), du cancer de la vessie (5,0 %), du lymphome non hodgkinien (4,1 %) et du mélanome de la peau (4,1 %). La proportion relative du cancer du sein et du cancer de la prostate était plus petite pour les périodes de prévalence plus courtes, l’un et l’autre type de cancer représentant environ 17 % des cas prévalents sur la période de deux ans. Une tendance inverse s’observe dans le cas du cancer du poumon : la proportion relative de ce type de cancer augmente lorsque la période de prévalence est plus courte (6,1 % pour la période de cinq ans; 8,1 % pour la période de deux ans).

Figure 1
Nombre de cas prévalents des dix principaux cancers, selon la prévalence-durée, Canada, 1er janvier 2005

Chez les hommes, le cancer de la prostate représentait la plus grande part des cas prévalents sur dix ans (38,2 %), suivi du cancer du côlon et du rectum (14,0 %), du cancer de la vessie (7,5 %) et du cancer du poumon (5,4 %) (figure 2). Les cancers correspondants les plus prévalents chez les femmes étaient les cancers du sein (40,0 %), du côlon et du rectum (11,9 %), du col utérin (7,2 %) et du poumon (4,9 %).

Figure 2
Répartition des cas prévalents de cancer sur dix ans, selon le sexe et le type de cancer, 1er janvier 2005

L’augmentation du taux de prévalence du cancer avec l’âge est frappante. Toutefois, les deux sexes affichent des profils d’augmentation différents (figure 3). Chez les femmes, la prévalence sur cinq ans est supérieure à celle chez les hommes jusqu’à presque l’âge de 60 ans. Par la suite, principalement en raison d’une forte augmentation des cas de cancer de la prostate, les proportions s’inversent et la prévalence augmente beaucoup plus rapidement chez les hommes que chez les femmes. Les taux de prévalence (par 100 000 habitants) atteignent un sommet dans le groupe des 80 à 84 ans tant chez les hommes (9 170) que chez les femmes (5 179) et diminuent dans les groupes d’âge les plus avancés pour se situer à peu près au niveau atteint dans le groupe des 70 à 74 ans. Le profil est similaire dans le cas des taux de prévalence sur deux ans et sur dix ans (données non présentées).

Figure 3
Taux de prévalence sur cinq ans fondés sur l’âge pour tous types de cancer confondus, selon le sexe, Canada, 1er janvier 2005

Une augmentation statistiquement significative avec l’âge des taux de prévalence sur cinq ans selon le sexe s’observe pour tous les types de cancer étudiés, sauf le cancer testiculaire chez les hommes, le cancer du col de l’utérus et de la thyroïde chez les femmes, et le lymphome hodgkinien ainsi que le cancer du cerveau chez l’un et l’autre sexe (tableau 3). Des augmentations monotones s’observent dans tous les groupes d’âge pour certains cancers, tandis que pour d’autres, le taux de prévalence augmente avec l’âge puis diminue dans le groupe d’âge le plus avancé. Pour plusieurs cancers affichant ce dernier profil, le taux était d’au moins 15 % inférieur chez les personnes de 80 ans et plus, comparativement à celles de 70 à 79 ans. C’était le cas du cancer de la thyroïde, du foie et du larynx chez les hommes, et du cancer des ovaires, du poumon, du corps utérin, du rein et du bassinet du rein chez les femmes. Dans le cas du cancer testiculaire et du lymphome hodgkinien chez les deux sexes, les taux de prévalence sur cinq ans étaient les plus élevés chez les jeunes adultes (de 20 à 39 ans) et la diminution avec l’âge était statistiquement significative. Dans le cas du cancer du col utérin et du cancer de la thyroïde chez les femmes, le taux de prévalence était le plus élevé dans le groupe des 40 à 49 ans, puis diminuait de façon monotone aux âges plus avancés.

Tableau 3
Taux de prévalence (pour 100 000 habitants) sur cinq ans fondés sur l’âge pour tous types de cancer confondus, selon le sexe, Canada, 1er janvier 2005

Malgré la forte variation du nombre de cancers prévalents selon le groupe d’âge, des similarités se dégagent en ce qui a trait aux types de cancer les plus fréquents. Dans les trois groupes d’âge les plus avancés, les types de cancer les plus fréquents pour ce qui est de la prévalence sur dix ans (prostate, sein, côlon et rectum, poumon et vessie) sont les mêmes et leur classement relatif est assez semblable (figure 4). Les cancers du sein, de la prostate et du côlon et du rectum étaient les cancers les plus prévalents chez les personnes de 50 à 59 ans; dans ce groupe d’âge, toutefois, le nombre de cas du cancer du sein était le triple de celui de l’un ou l’autre des deux autres types de cancer. De même, le cancer du sein dominait dans le groupe des 40 à 49 ans, devançant le cancer de la thyroïde et le mélanome de la peau. Dans le groupe des 20 à 39 ans, le cancer de la thyroïde était le plus prévalent, suivi du cancer testiculaire, du lymphome hodgkinien, du cancer du sein et du mélanome de la peau.

Figure 4
Nombre de cas prévalents des principaux cancers, selon le groupe d’âge et la prévalence-durée, Canada, 1er janvier 2005

Discussion

La présente étude fournit des estimations de la prévalence sur deux, cinq et dix ans de nombreux types de cancer au Canada selon le sexe. De 1995 à 2004, près de 723 000 cancers primaires ont été diagnostiqués au Canada chez environ 695 000 personnes qui ont survécu au moins jusqu’à la fin de 2004. Les cancers du sein, de la prostate et du côlon et du rectum étaient les cancers les plus prévalents, représentant un peu plus de la moitié de tous les cas de cancer sur dix ans. Les taux de prévalence selon le sexe pour tous les types de cancer confondus augmentent fortement avec l’âge, atteignant un sommet dans le groupe des 80 à 84 ans; les taux sont plus élevés chez les femmes que chez les hommes avant 60 ans, et plus élevés chez les hommes par la suite.

Pour la première fois, les chiffres nationaux sont présentés selon le groupe d’âge et selon la prévalence‑durée. Le temps écoulé depuis le diagnostic fournit un indicateur utile du besoin de traitement ou de l’utilisation de services de suivi. Par exemple, un peu plus de 217 000 cancers avaient été diagnostiqués en 2003-2004 chez des personnes qui étaient encore en vie le 1er janvier 2005 et, par conséquent, probablement rendues à une étape d’évolution de la maladie où elles subissaient le traitement principal ou se remettaient de ses effets. Au cours des deux à cinq ans écoulés depuis le diagnostic, période exigeant un suivi clinique étroit pour détecter une éventuelle récidive, le chiffre correspondant est d’un peu plus de 237 000. Selon le groupe d’âge, les principaux cancers étaient le cancer de la thyroïde (chez les 20 à 39 ans), du sein (chez les 40 à 49 ans et les 50 à 59 ans) et de la prostate (chez les 60 à 69 ans, les 70 à 79 ans et les 80 ans et plus).

Les cancers du sein et de la prostate étaient les cancers les plus prévalents au Canada, en raison de leur incidence relativement élevée4 mais aussi des taux de survie élevés5, 7. Malgré l’incidence plus élevée du cancer du poumon durant la période étudiée4, le nombre de cas prévalents de cancer du côlon et du rectum (sur dix ans) était de plus de 2,5 fois plus élevé, conformément au sombre pronostic lié au cancer du poumon5, 7.

Les différences entre les sexes en ce qui concerne les taux de prévalence pour tous les types de cancer confondus, avant et après l’âge de 60 ans, sont attribuables également aux différences en matière d’incidence et de survie. Entre 25 et 54 ans, les taux d’incidence sont considérablement plus élevés chez les femmes que chez les hommes, dans une large mesure à cause du cancer du sein. Après 60 ans, en raison d’une forte augmentation des taux de cancer de la prostate, les taux d’incidence globaux sont plus élevés chez les hommes4. En outre, chez les personnes de moins de 65 ans, le taux global de survie au cancer est plus élevé chez les femmes que chez les hommes5.

Après correction selon l’âge en fonction de la population type européenne, les estimations canadiennes actuelles du taux de prévalence sur cinq ans pour tous types de cancer confondus étaient d’environ 9 % plus élevées pour les deux sexes que celles déclarées récemment pour la France pour 2002. Les estimations françaises étaient calculées indirectement et fondées sur les données de registres du cancer portant sur 15 % du pays19. Les estimations fondées sur le modèle des taux de prévalence bruts sur cinq ans en 2005 ont également été déclarées récemment pour les Italiens de moins de 85 ans3. De nouveau, les estimations globales pour le Canada étaient plus élevées, soit d’environ 11 % chez les hommes et de 4 % chez les femmes. Comparativement aux estimations italiennes et françaises, les taux de prévalence au Canada étaient plus élevés pour le cancer de la prostate et pour le cancer du poumon chez la femme, mais moins élevés pour le cancer du sein et pour le cancer du poumon chez l’homme. Dans le cas du cancer du côlon et du rectum, les estimations canadiennes étaient plus élevées que celles pour la France mais inférieures à celles pour l’Italie. On n’a pu faire des comparaisons des estimations pour le Canada et de celles pour les États‑Unis parce que les taux de prévalence aux États‑Unis ne sont pas déclarés pour des périodes de moins de 15 ans15.

Limites

Sauf pour les cas diagnostiqués dans la province de Québec, les estimations de la prévalence ont été calculées directement à partir des renseignements individuels sur le statut vital, ce qui a donné des résultats plus précis que si elles avaient été déterminées indirectement. La mesure dans laquelle les estimations indirectes de la prévalence pour le Québec reflètent la prévalence directe dépend du degré de similarité de la survie au cancer au Québec et dans le reste du Canada, qui peut varier. Le Québec représente environ le quart des nouveaux cas de cancer au Canada.

Si l’enregistrement des nouveaux cas est incomplet, la prévalence du cancer sera sous‑estimée. Au Canada, on considère généralement que l’enregistrement des cas par les registres provinciaux et territoriaux du cancer est assez complet20. Au Québec, cependant, étant donné la dépendance du registre à l’égard des données hospitalières, on estime que le nombre de cas de cancer de la prostate, de mélanome et de cancer de la vessie, confirmés par un examen microscopique, est sous‑déclaré de 32 %, 35 % et 14 %, respectivement21. En Ontario, la prévalence du cancer de la vessie a été sous‑estimée parce que les données sur les cas de cancer in situ de la vessie ne sont pas recueillies.

Les personnes dont le cancer a été documenté dans le RCC mais qui ont déménagé à l’étranger et qui sont décédées avant la date indice ont peut‑être été considérées par erreur comme des cas prévalents. Toutefois, elles représentent probablement une proportion infime du nombre total de cas prévalents, et leur nombre a peut‑être été plus ou moins contrebalancé par l’immigration au pays de personnes atteintes d’un cancer.

La présente étude ne tient pas compte de la possibilité que certaines personnes comptées comme cas prévalents de cancer aient été guéries. Pour estimer le nombre de cas prévalents qui n’ont pas été guéris, des approches statistiques ont été adoptées pour modéliser la « prévalence de la guérison »22, 23; cependant, pareilles analyses étaient hors de la portée de la présente étude. Néanmoins, même chez les personnes qui ont été guéries, le traitement du cancer peut avoir des séquelles physiques et psychologiques à long terme ou permanentes.

Conclusion

Les estimations de la prévalence du cancer au Canada dans la présente étude sont les plus précises et pertinentes présentées jusqu’ici. La ventilation des estimations de la prévalence pour une longue liste de cancers selon le temps écoulé depuis le diagnostic, l’âge et le sexe fournit des renseignements beaucoup plus détaillés sur les besoins de soins liés au cancer de certaines sous‑populations que ceux dont on disposait auparavant. À titre de suivi, il serait utile d’entreprendre un examen des tendances temporelles en matière de prévalence et de faire des projections à court et à long terme à cet égard.