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Méthodes
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Discussion

Malgré les risques graves pour la santé, un nombre considérable de Canadiens fument1 toujours. Toutefois, la grande majorité des fumeurs regrettent d’avoir commencé à fumer2. Nombre d’entre eux voudraient arrêter et ont essayé de le faire1,3, mais la plupart des tentatives de renoncement au tabac échouent1,4. Une meilleure compréhension des intentions des fumeurs et des tentatives pour cesser de fumer pourrait contribuer à l’élaboration de stratégies efficaces de renoncement au tabac.

Les intentions indiquent à quel point une personne est prête à faire des efforts pour atteindre un objectif 5. Ainsi, l’on pourrait s’attendre à ce que les fumeurs qui ont fortement l’intention d’arrêter de fumer aient plus de chances d’y arriver que ceux dont les intentions sont faibles5. Il est donc important de comprendre les caractéristiques associées à l’intention d’arrêter de fumer. Des travaux de recherche ont montré que les fumeurs ne sont pas aussi susceptibles d’avoir l’intention d’arrêter si leur niveau de scolarité est faible6 ou s’ils sont de gros fumeurs7. En outre, les femmes qui fument sont moins susceptibles que leurs homologues masculins de vouloir cesser6. La fréquence de la consommation de cigarettes est également importante— les personnes qui ne fument pas tous les jours déclarent plus souvent avoir l’intention de renoncer au tabac que celles qui fument tous les jours8. En outre, les fumeurs sont plus susceptibles de vouloir arrêter de fumer s’ils ont déjà essayé de le faire auparavant4.

Une fois qu’un fumeur a décidé qu’il veut arrêter, l’étape suivante consiste à effectivement essayer. Être un jeune adulte9, ne pas fumer tous les jours8ou être un léger fumeur7, et recevoir des conseils d’un fournisseur de soins de santé sur les moyens de renoncer au tabac10,11sont des facteurs qui sont associés positivement aux tentatives pour cesser de fumer. Par ailleurs, les fumeurs qui optent pour des cigarettes « légères » dans le but de réduire l’effet nocif du tabac sont moins aptes à cesser de fumer12. Les tentatives de renoncement au tabac ne semblent pas être reliées à la présence d’enfants au foyer13, et les données concernant les tentatives de renoncement au tabac et le niveau de scolarité sont variables4,6 .

La plupart des fumeurs essayent d’arrêter au moins une fois3,4, mais la majorité d’entre eux récidivent. La rechute est plus probable chez les fumeurs qui n’utilisent pas de méthode officielle de renoncement au tabac, comme la thérapie de remplacement de la nicotine14‑16, ou qui passent à une cigarette à plus faible teneur en goudrons avant d’arrêter12,17. Les fumeurs dont le niveau de scolarité est élevé sont moins susceptibles de rechuter que ceux ayant fait moins d’études17,18.

Étant donné le besoin de données canadiennes à jour sur les intentions d’arrêter de fumer, les tentatives de renoncement et la rechute, la présente étude s’appuie sur des données provenant de l’Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada de 2006 pour examiner : 1) les facteurs associés aux intentions d’arrêter de fumer, 2) les facteurs associés à une ou à plusieurs tentatives de renoncement, 3) les raisons pour lesquelles les fumeurs rechutent, 4) l’utilisation d’outils et de stratégies pour cesser de fumer et 5) l’obtention de conseils de professionnels de la santé sur les moyens d’arrêter de fumer.

Méthodes

Source des données

L’Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada est une enquête représentative de la population nationale conçue en vue de suivre les tendances de la prévalence de l’usage du tabac19. Elle a pour champ d’observation la population canadienne de 15 ans et plus, sauf les habitants du Yukon, du Nunavut et des Territoires du Nord‑Ouest et les personnes résidant à temps plein en établissement.

Par interview téléphonique assistée par ordinateur, Statistique Canada a recueilli des données auprès de 21 976 personnes de février à décembre 2006. Le taux de réponse global a été de 69,9 %. Seules les déclarations directes faites par les répondants sélectionnés pour participer à l’enquête ont été permises (les déclarations par personne interposée n’ont pas été acceptées). Le tirage de l’échantillon de numéros de téléphone a été effectué selon un plan d’échantillonnage aléatoire stratifié à deux phases. Le plan à deux phases avait pour but d’accroître la représentation des personnes de 15 à 19 ans et de 20 à 24 ans. À la première phase, les ménages ont été sélectionnés par la méthode de composition aléatoire; à la deuxième phase, une ou deux personnes (ou aucune) ont été sélectionnées dans chaque ménage en fonction de la composition de ce dernier. Des poids de sondage ont été utilisés pour tenir compte des différences de probabilité de sélection et de non‑réponse entre les provinces et entre les groupes. Une description complète du plan d’échantillonnage est publiée ailleurs19 .

Mesures

Les fumeurs ont été repérés au moyen de la question : « Actuellement, fumez‑vous la cigarette tous les jours, à l’occasion ou jamais? » Les personnes qui ont déclaré fumer tous les jours ou à l’occasion ont été considérées comme des fumeurs. Parmi les fumeurs, les fumeurs quotidiens ont été définis comme étant ceux ayant déclaré fumer tous les jours, les distinguant ainsi des fumeurs occasionnels. On a posé aux fumeurs des questions sur leurs intentions d’arrêter de fumer au cours des 30 jours suivants; leurs tentatives de renoncement à la cigarette au cours de la dernière année; le nombre de cigarettes fumées par jour; la force des cigarettes fumées habituellement; l’utilisation de produits pharmaceutiques pour aider à arrêter de fumer; les raisons de ne pas utiliser d’outils pour arrêter de fumer; les autres stratégies de renoncement au tabac; les raisons de la rechute et les conseils pour arrêter de fumer reçus des professionnels de la santé. Des renseignements ont également été recueillis sur l’âge, le sexe, l’état matrimonial, le niveau de scolarité et la présence d’enfants de moins de 15 ans à la maison.

Techniques d’analyse

Nous avons effectué une analyse descriptive des caractéristiques démographiques de tous les fumeurs participant à l’enquête. Nous avons procédé au croisement du nombre de cigarettes par jour, du nombre de tentatives de renoncement, de la force des cigarettes et des caractéristiques démographiques avec l’intention d’arrêter de fumer au cours des 30 jours suivants ainsi qu’avec les tentatives de renoncement au cours de l’année précédente. Nous avons également ajusté deux modèles de régression logistique pour examiner les associations entre ces caractéristiques et la probabilité d’avoir l’intention de cesser de fumer et d’avoir essayé d’arrêter l’année précédente. Pour les fumeurs qui avaient essayé d’arrêter de fumer l’année précédente, nous avons examiné les raisons de la rechute, l’utilisation de produits pharmaceutiques pour aider à arrêter de fumer, les raisons de ne pas avoir utilisé ce genre d’outils, et d’autres stratégies pour arrêter de fumer en fonction de l’âge et du sexe. Enfin, pour tous les fumeurs, nous avons examiné l’obtention de conseils de professionnels de la santé pour arrêter de fumer selon l’âge et le sexe. Nous avons pondéré les données sur l’âge, le sexe et la province, après les avoir corrigées pour tenir compte de la non‑réponse et de la présence de plusieurs lignes téléphoniques dans le ménage. Afin de tenir compte des effets du plan de sondage, nous avons estimé les erreurs‑types par la méthode du bootstrap. Nous nous sommes servis du progiciel statistique SAS 9.1 pour toutes les analyses20. Les tailles d’échantillon pour toutes les variables utilisées dans les analyses sont présentées au tableauA en annexe.

Tableau A en annexe
Nombres non pondérés dans l’échantillon, selon certaines caractéristiques, population à domicile de 15 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2006

Résultats

Un sur cinq

En 2006, près d’un Canadien sur cinq (19 %) de 15 ans et plus fumait (tableau 1). Les hommes étaient plus susceptibles de le faire que les femmes (20 % contre 17 %). La prévalence de l’usage du tabac était élevée chez le groupe des 20 à 24 ans (27 %) et faible chez les personnes de 55 ans et plus (11 %). Elle était plus élevée chez les personnes qui n’avaient jamais été mariées (27 %) que chez celles qui étaient mariées ou en union de fait (16 %). Les titulaires d’un diplôme d’études postsecondaires étaient moins susceptibles d’être des fumeurs que les personnes n’ayant pas terminé leurs études secondaires (14 % contre 22 %).

Tableau 1
Prévalence de l’usage du tabac, selon certaines caractéristiques, population à domicile de 15 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2006

Intentions d’arrêter

Le tiers des personnes qui fumaient au moment de l’enquête ont déclaré qu’elles avaient l’intention d’arrêter au cours des 30 jours suivants (tableau 2). L’intention d’arrêter de fumer était associée négativement au nombre de cigarettes fumées par jour et positivement au nombre de tentatives de renoncement faites l’année précédente. Le pourcentage de personnes ayant l’intention d’arrêter de fumer était le plus élevé chez celles fumant des cigarettes ultra/extra légères.

Tableau 2
Pourcentage et rapport corrigé de cotes, fumeurs envisageant d’arrêter de fumer dans les 30 prochains jours, selon certaines caractéristiques, population à domicile de 15 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2006

Une ou plusieurs tentatives de renoncement l’année précédente

Près de la moitié des fumeurs (48 %) ont déclaré qu’ils avaient essayé d’arrêter au moins une fois l’année précédente (tableau 3). La probabilité d’avoir fait une tentative de renoncement au tabac diminue quand l’âge augmente. Au moins 62 % de fumeurs de 20 à 24 ans avaient essayé d’arrêter comparativement à 32 % de ceux de 55 ans et plus. Le nombre de fois qu’un fumeur avait essayé d’arrêter était également lié à l’âge : le nombre de tentatives était de 2,5 chez les 15 à 19 ans, mais de 1,0 chez les personnes de 55 ans et plus (données non présentées).

Tableau 3
Pourcentage et rapport corrigé de cotes, fumeurs ayant fait l’année précédente une ou plusieurs tentatives de renoncement ayant duré au moins 24 heures, selon certaines caractéristiques, population à domicile de 15 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2006

La fréquence de l’usage de la cigarette est associée aux tentatives de renoncement. Comparativement aux fumeurs qui consommaient de 10 à 24 cigarettes par jour, ceux qui en fumaient de 1 à 9 étaient moins susceptibles de déclarer au moins une tentative de renoncement, tandis que ceux qui en fumaient au moins 25 étaient plus susceptibles de le faire.

Outils et stratégies pour arrêter de fumer

La réduction de la consommation était la stratégie pour arrêter de fumer la plus courante utilisée par les fumeurs qui avaient essayé d’arrêter au cours des deux années précédentes (69 %) (tableau 4). Environ la moitié (48 %) de fumeurs qui avaient essayé d’arrêter utilisaient au moins un produit pharmaceutique : 32 % utilisaient le timbre de nicotine, 21 %, la gomme à la nicotine, et 14 %, d’autres produits pharmaceutiques pour arrêter de fumer. L’utilisation de produits pour arrêter de fumer était moins courante parmi les jeunes fumeurs.

Tableau 4
Certaines caractéristiques des fumeurs qui ont fait au moins une tentative de renoncement, population à domicile de 15 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2006

Les raisons les plus fréquentes de ne pas utiliser de produits pour arrêter de fumer étaient le doute concernant l’efficacité du produit (21 %), le coût (18 %) et la crainte d’effets secondaires éventuels (16 %). Un pourcentage plus élevé de femmes que d’hommes s’inquiétaient des effets secondaires.

Raisons de la rechute

Chez les fumeurs qui avaient essayé d’arrêter l’année précédente, les raisons les plus courantes de la rechute étaient le stress ou le besoin de se relaxer (34 %) et la dépendance ou l’habitude (25 %) (tableau 4). Un pourcentage plus élevé de femmes que d’hommes ont mentionné le stress ou le besoin de se relaxer (39 % contre 29 %).

Conseils donnés par des professionnels de la santé

Alors que la plupart des fumeurs avaient vu un professionnel de la santé au moins une fois l’année précédente, beaucoup ont déclaré qu’il ne leur avait pas été conseillé de réduire leur consommation de cigarettes ou d’y renoncer entièrement (tableau 5). Par exemple, 76 % de fumeurs avaient vu un médecin, mais 50 % de ce groupe ont indiqué qu’un médecin leur avait conseillé de réduire leur consommation de tabac ou d’arrêter de fumer.  La probabilité qu'un fumeur déclare qu’un médecin lui avait conseillé d’arrêter de fumer augmentait avec l’âge, allant de 38 % chez les fumeurs de 15 à 24 ans, à 59 % chez les 45 ans et plus.

Tableau 5
Pourcentage de fumeurs ayant reçu des conseils de certains professionnels de la santé, population à domicile de 15 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2006

Parmi les personnes à qui il avait été conseillé de réduire leur consommation ou d’arrêter de fumer, le pourcentage ayant reçu des conseils sur les moyens d’arrêter variait de 25 % de la part d’un dentiste à 76 % de la part d’un pharmacien. Les fumeurs de 15 à 24 ans étaient moins susceptibles (41 %) que ceux de 45 ans et plus (60 %) de déclarer avoir reçu les conseils d’un médecin sur les moyens d’arrêter de fumer.

Discussion

La présente étude montre qu’en 2006, près du tiers des fumeurs avaient l’intention d’arrêter de fumer dans un avenir proche et qu’environ la moitié d’entre eux avaient essayé de le faire l’année précédente. Parmi ceux qui avaient essayé d’arrêter, l’usage des produits pharmaceutiques pour aider à cesser de fumer n’était pas très répandu. Parmi les fumeurs qui avaient consulté un médecin l’année précédente, la moitié ont dit qu’il leur avait été conseillé de réduire leur consommation ou d’arrêter de fumer.

Selon notre étude, la force de la cigarette est associée de manière significative à l’intention de cesser de fumer. Par exemple, les fumeurs de cigarettes ultra ou extra légères étaient plus susceptibles de déclarer avoir l’intention d’arrêter que ceux qui fumaient des cigarettes régulières. Ces résultats corroborent ceux de Borland et coll.3 qui ont constaté que, même si peu de fumeurs pensent effectivement que fumer des cigarettes légères rendra le renoncement au tabac plus facile, ceux qui ont l’intention d’arrêter de fumer sont plus susceptibles que les autres de fumer des cigarettes légères. Cependant, les résultats concernant les avantages du passage à des cigarettes légères comme stratégie de renoncement au tabac sont variables. Alors que Lee et Kahende17 ont observé que l’adoption de cigarettes légères augmentait la probabilité d’arrêter de fumer, Tindle et coll.12 ont signalé que le renoncement au tabac était moins probable chez les fumeurs qui passaient à des cigarettes légères, et Hyland et coll.21 ont conclu que choisir de fumer des cigarettes légères ne modifiait pas les chances de succès. Certaines études donnent à penser que les fumeurs pourraient considérer erronément le passage à des cigarettes légères comme une étape pour cesser de fumer remplaçant le recours à des programmes ou traitements officiels de renoncement au tabac10,22 . Selon d’autres études, les fumeurs pourraient choisir de fumer des cigarettes légères au lieu de recourir à la thérapie de remplacement de la nicotine parce qu’ils s’inquiètent des risques que la nicotine pose pour la santé23. Étant donné les résultats non concluants qui ont été publiés, la relation qui se dégage de la présente étude entre la force de la cigarette et les intentions de renoncement doit être examinée plus en détail. D’autres travaux de recherche doivent aussi être entrepris en vue d’évaluer l’effet de la fourniture d’information concernant les conséquences pour la santé de l’utilisation de cigarettes légères comme stratégie de renoncement au tabac.

À l’instar des études antérieures14,23‑25, la présente analyse montre que de nombreux fumeurs n’utilisent pas de produits pharmaceutiques pour aider à arrêter de fumer. En outre, nombre d’entre eux sont sceptiques quant à l’efficacité et à la sécurité de ces produits. Toutefois, des études antérieures ont indiqué que les fumeurs qui utilisent une méthode officielle de renoncement au tabac sont moins susceptibles de rechuter13‑15 que ceux qui essayent d’arrêter d’eux‑mêmes14,15 . Certaines personnes qui essayent d’arrêter de fumer pourraient même courir un risque plus élevé de rechute parce qu’elles ont tendance à ne pas utiliser de méthodes officielles pour arrêter de fumer, en particulier celles dont le niveau de scolarité est faible22  et les jeunes adultes11,26 . Des travaux sont nécessaires en vue de déterminer si ces fumeurs bénéficieraient d’autres méthodes officielles pour arrêter de fumer, telles que les lignes téléphoniques d’aide au renoncement26, et si l’adoption de ces méthodes augmenterait si elles étaient recommandées par les fournisseurs de soins de santé.

Une plus grande gamme de méthodes officielles de renoncement au tabac pourrait aussi être importante parce que, dans la présente analyse, la majorité des fumeurs qui avaient essayé d’arrêter l’année précédant l’entrevue ont déclaré que la principale raison de leur rechute était le stress ou des modèles sociaux, plutôt que la dépendance seulement. Les programmes qui visent uniquement à fournir à tous les fumeurs une thérapie de remplacement de la nicotine pourraient ne pas s’attaquer aux obstacles réels à la réussite des efforts pour cesser de fumer. Il conviendrait d’évaluer l’efficacité de divers programmes officiels relatifs au renoncement au tabac portant sur la dépendance, et sur les raisons situationnelles et psychologiques de la rechute, ainsi que la possibilité de les mettre en œuvre au niveau de la population.

Les conseils d’un professionnel de la santé peuvent accroître le succès des efforts de renoncement au tabac11,15, et la grande majorité des fumeurs souhaitent obtenir plus de renseignements sur la façon de cesser de fumer25 . Comme lors d’études antérieures10,11,27 , de nombreux fumeurs ont déclaré avoir consulté au moins un professionnel de la santé l’année qui a précédé l’enquête, et la moitié d’entre eux ont dit qu’il leur avait été conseillé d’arrêter de fumer ou de réduire leur consommation de cigarettes.  Cependant, les études antérieures font état d’une variabilité chez les professionnels de la santé quant à la crédibilité que leur accordent les fumeurs pour les aider à cesser de fumer28 , quant à la formation qu’ils ont reçue en abandon du tabac27,29,30  et à savoir s’ils perçoivent la responsabilité à cet égard comme étant la leur29 .  Les futures études pourraient porter sur l’efficacité et la faisabilité de l’intégration du renoncement au tabac dans la pratique ordinaire de divers professionnels de la santé susceptible d’atteindre des groupes qui pourraient être difficiles à cibler. Par exemple, notre étude montre que moins du tiers des personnes de 45 ans et plus qui fument ont l’intention d’arrêter dans un avenir proche, alors que 80 % d’entre elles avaient vu un médecin l’année précédente. Étant donné que la morbidité et la mortalité liées au tabac peuvent être réduites considérablement, même chez les fumeurs qui arrêtent de fumer à l’âge de 60 ans31 , une intervention de la part d’un professionnel de la santé ne peut jamais arriver trop tard.

Confirmant les résultats publiés dans d’autres rapports7,8,10, la présente étude révèle que la fréquence de l’usage du tabac est associée aux intentions d’y renoncer et aux tentatives de renoncement. Les fumeurs occasionnels et ceux qui consommaient peu de cigarettes étaient plus susceptibles d’avoir l’intention d’arrêter de fumer. Quant à elles, les personnes qui fumaient beaucoup étaient moins susceptibles de déclarer une tentative de renoncement. Il semble donc qu’il serait avantageux de cibler les fumeurs légers, surtout parce que leurs tentatives de renoncement ont tendance à être plus fructueuses10 . Les lignes directrices courantes concernant le renoncement au tabac ont été élaborées principalement à l’intention des fumeurs quotidiens15 . Toutefois, à mesure que la population de fumeurs non quotidiens continue d’augmenter1, il conviendrait de déterminer si les fumeurs occasionnels et les fumeurs légers requièrent des stratégies adaptées à leur situation particulière.

Bien que la présente étude ne révèle pas d’association directe entre la présence d’enfants au foyer et les tentatives pour cesser de fumer, il est possible qu’il existe un effet indirect parce que la présence d’enfants pourrait motiver les fumeurs à faire de leur foyer un endroit sans fumée. Des études ont montré que le prédicteur le plus puissant d’un foyer sans fumée est la présence d’enfants13 , peut‑être parce que les fumeurs souhaitent protéger leurs enfants contre la fumée des autres32 , parce qu’ils veulent donner un bon exemple10 , ou parce que la plupart des enfants déclarent qu’ils ne veulent pas être exposés au tabagisme dans leur foyer33 .

Limites

Plusieurs limites de la présente étude doivent être mentionnées. La nature transversale des données de l’Enquête de surveillance de l’usage du tabac au Canada ne permet pas de faire des inférences causales quant aux associations entre les caractéristiques des répondants, d’une part, et les intentions d’arrêter de fumer et les tentatives de renoncement, d’autre part. En outre, des données longitudinales, telles que celles recueillies dans le cadre de l’Enquête nationale sur la santé de la population34 , seraient nécessaires pour établir la séquence temporelle des relations dégagées de la présente analyse.

Aucune donnée n’était disponible sur les facteurs de risque, tels que la santé mentale ou la consommation de drogue et d’alcool, qui pourraient être associés au renoncement au tabac. Il n’a pas été possible non plus de découvrir quelles méthodes pour arrêter de fumer les fumeurs avaient utilisées lors de tentatives de renoncement antérieures. En outre, l’information provenant de l’enquête n’a pas pu être utilisée pour déterminer si les fumeurs légers fumaient simplement moins fréquemment ou s’ils étaient d’anciens gros fumeurs qui avaient choisi comme stratégie de renoncement au tabac de réduire leur consommation. Cette distinction est importante, parce que l’on a montré qu’un arrêt abrupt du tabagisme est associé à un taux de succès à long terme plus élevé que la réduction progressive de la consommation15 . Aucune donnée n’était disponible non plus concernant l’intérêt des fumeurs pour l’utilisation, ou le fait d’avoir utilisé, d’autres méthodes officielles pour arrêter de fumer, telles que les lignes téléphoniques d’aide au renoncement au tabac et le counselling comportemental.

Enfin, comme l’abstinence est un comportement distinctement différent de la tentative de renoncement au tabac, la présente analyse n’a pas porté sur les facteurs associés au fait d’être un ancien fumeur.

Conclusion

Une forte proportion de fumeurs ont déclaré avoir l’intention d’arrêter de fumer dans un avenir proche et près de la moitié d’entre eux avaient essayé de le faire l’année qui a précédé l’enquête. De nombreuses personnes qui fumaient au moment de l’enquête n’étaient pas au courant des méthodes pour arrêter de fumer ou ne s’y intéressaient pas. Parmi les fumeurs qui avaient consulté un médecin, la moitié d'entre eux ont dit qu'il leur avait été conseillé d'arrêter de fumer ou de réduire leur consommation de cigarettes.

Remerciements

Les présents travaux ont été exécutés à Action Cancer Ontario et à Statistique Canada. Scott T. Leatherdale, Ph. D., est titulaire d’une chaire de recherche en études des populations d’Action Cancer Ontario financée par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario.