Effet de l'immigrant en santé et taux de mortalité

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Par Edward Ng

En 2006, les immigrants représentaient le cinquième (19,8 %) de la population du Canada, un pourcentage qui devrait atteindre au moins 25 % d'ici 20311. L'état de santé et les besoins de services de santé de cette proportion importante et croissante de la population ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux des personnes nées au Canada2,3. Dans le cadre de recherches, on a déterminé à plusieurs reprises un « effet de l'immigrant en santé » – l'état de santé des immigrants étant généralement meilleur que celui des personnes nées au Canada, même s'il a tendance à se détériorer au fur et à mesure des années passées au Canada4-14. Toutefois, le rapport entre l'immigration et la santé est complexe, particulièrement du fait que les origines des immigrants au Canada sont de plus en plus diversifiées. Depuis les années 1960, les pays non européens ont remplacé les pays européens comme principaux pays d'origine. Par conséquent, il est important d'analyser l'effet de l'immigrant en santé selon le lieu de naissance et la période d'immigration. 

La présente analyse repose sur l'Étude canadienne de suivi de la mortalité selon le recensement de 1991 à 2001 et vise à explorer les associations entre la mortalité et le lieu de naissance ainsi que la période d'immigration (voir Les données). Les objectifs consistaient à déterminer :

  1. si les immigrants sont en meilleure santé selon les taux de mortalité normalisés selon l'âge (TMNA) que la population née au Canada (effet global de l'immigrant en santé);
  2. si l'avantage initial des immigrants au chapitre de la santé diminue au fil du temps (effet de durée);
  3. si les résultats se maintiennent pour des sous-groupes d'immigrants, selon le lieu de naissance et certains pays, au niveau national et dans les trois plus importantes régions métropolitaines de recensement (RMR) – Toronto, Montréal et Vancouver (dans la mesure du possible).

Population immigrante adulte

La cohorte totale de l'Étude canadienne de suivi de la mortalité selon le recensement de 1991 à 2001 comportait 2,7 millions de personnes qui étaient âgées de 25 ans et plus en 1991; 552 300 ou 20 % d'entre eux étaient des immigrants. Près de 50 % de ces immigrants sont nés en Europe de l'Ouest (y compris l'Europe du Nord, l'Europe du Sud et l'Europe de l'Ouest), suivie par l'Europe de l'Est (13 %), les Caraïbes/l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud (8 %) et l'Asie de l'Est (8 %). La majorité de ces immigrants (56 %) étaient des immigrants établis qui sont arrivés au Canada avant 1971; 23 % sont arrivés entre 1971 et 1981; et 21 % étaient des immigrants plus récents qui sont arrivés au cours de la période de 1981 à 1991. Les immigrants de l'Europe et des États-Unis étaient plus susceptibles d'être « établis », tandis que ceux de l'Asie et de l'Afrique étaient plus susceptibles d'être des immigrants « récents ». Par exemple, 80 % des immigrants de l'Europe de l'Ouest sont arrivés avant 1971, tandis que le pourcentage pour les immigrants de l'Asie du Sud est de 8 %.

Dans la présente étude, près d'un immigrant adulte sur cinq (19 %) était âgé de 65 ans et plus, comparativement à 15 % des adultes nés au Canada. Le pourcentage plus élevé de personnes âgées parmi les immigrants rend compte du pourcentage plus élevé d'immigrants qui sont nés en Europe et aux États-Unis et est représentatif des divers profils d'établissement et vagues d'immigration qu'a connus le Canada. Par exemple, 36 % des immigrants visés par l'étude provenant de l'Europe de l'Est étaient des personnes âgées, comparativement à 5 % de ceux provenant de l'Afrique subsaharienne et de l'Asie de l'Ouest.

Plus de la moitié (54 %) des adultes immigrants vivaient à Toronto, Montréal ou Vancouver. Le pourcentage variait de 28 % dans le cas de ceux provenant des États-Unis à 73 % dans le cas de ceux provenant des Caraïbes/de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud. En comparaison, 25 % des adultes nés au Canada vivaient dans ces trois villes.

Effet de l'immigrant en santé : taux de mortalité plus faibles

Pour la population adulte globalement au Canada, les taux de mortalité normalisés selon l'âge (TMNA) pour 100 000 années-personnes à risque étaient de 1 230 pour les hommes et de 703 pour les femmes. Les immigrants affichaient des TMNA significativement plus faibles que les adultes nés au Canada ; 1 006 comparativement à 1 305 pour les hommes et 610 comparativement à 731 pour les femmes (tableau 1).

Tableau 1 Taux de mortalité normalisés selon l'âge, selon le sexe, le lieu de naissance et la période d'immigration, membres de la cohorte de 25 ans et plus à la date de référence ne vivant pas en établissement, Canada, 1991 à 2001Tableau 1 Taux de mortalité normalisés selon l'âge, selon le sexe, le lieu de naissance et la période d'immigration, membres de la cohorte de 25 ans et plus à la date de référence ne vivant pas en établissement, Canada, 1991 à 2001

Toutefois, les TMNA des immigrants ont tendance à augmenter au fur et à mesure des années passées au Canada. On estime que cette tendance à la hausse dans les TMNA rend compte de la réduction de l'avantage au chapitre de la santé des immigrants au fil du temps. Les TMNA chez les hommes se situaient à 720, 913 et 1 054 pour les immigrants récents, à moyen terme et établis, respectivement. Chez les femmes immigrantes, les taux correspondants étaient de 491, 546 et 637. Néanmoins, ces taux sont demeurés significativement plus faibles que ceux pour la population née au Canada.

Le lieu de naissance fait une différence

Les TMNA variaient considérablement selon l'endroit où les immigrants étaient nés (tableau 1). Chez les hommes, les TMNA allaient de 668 (Asie du Sud) à 1 112 (États-Unis); chez les femmes, la fourchette allait de 439 (Asie du Sud-Est) à 699 (États-Unis). En dépit de ces variations importantes, les TMNA des immigrants étaient généralement plus faibles que ceux des adultes nés au Canada. Seules les femmes des États-Unis et de l'Afrique subsaharienne faisaient exception, leurs TMNA étant similaires à ceux des femmes nées au Canada.

Les résultats de l'étude montrent que les TMNA pour les immigrants provenant de la plupart des régions du monde ont augmenté au fur et à mesure des années passées au Canada (effet de durée) :

  • pour les deux sexes – Caraïbes/Amérique centrale et Amérique du Sud; Europe de l'Ouest; Europe de l'Est; Asie de l'Est;
  • pour les hommes seulement – Afrique du Nord/Moyen-Orient/Asie de l'Ouest; Asie du Sud;
  • pour les femmes seulement – Asie du Sud-Est.

Toutefois, l'augmentation des TMNA en fonction de la durée de résidence au Canada ne s'est pas produite dans tous les cas. Par exemple, les hommes qui sont venus au Canada de l'Afrique subsaharienne avant 1971 avaient un TMNA plus faible (825) que ceux qui sont arrivés au cours de la période de 1981 à 1991 (992).

Toronto, Montréal et Vancouver

Les TMNA à Toronto, Montréal et Vancouver vont aussi dans le sens de l'effet de l'immigrant en santé. Par exemple, le TMNA pour les hommes immigrants de Toronto était de 974, ce qui est de beaucoup inférieur au chiffre de 1 280 pour les hommes nés au Canada dans cette RMR; les chiffres correspondants pour les femmes étaient de 589 et 775 (tableau 2).

Tableau 2 Taux de mortalité normalisés selon l'âge, selon le sexe et le lieu de naissance, membres de la cohorte de 25 ans et plus à la date de référence ne vivant pas en établissement, Toronto, Montréal, Vancouver, 1991 à 2001Tableau 2 Taux de mortalité normalisés selon l'âge, selon le sexe et le lieu de naissance, membres de la cohorte de 25 ans et plus à la date de référence ne vivant pas en établissement, Toronto, Montréal, Vancouver, 1991 à 2001

Les TMNA au niveau de la RMR sont fortement influencés par le lieu de naissance et la période d'immigration des immigrants. Au moins 40 % des immigrants de Toronto, de Montréal et de Vancouver provenaient de l'Europe de l'Ouest et étaient au Canada depuis plus de dix ans. Par conséquent, même si leurs TMNA étaient plus faibles que ceux des personnes nées au Canada, les TMNA globaux se rapprochaient des niveaux des immigrants de l'Europe de l'Ouest, qui représentaient un pourcentage plus important de la population visée par l'étude, comparativement aux immigrants de l'Asie – dont les TMNA avaient tendance à être plus faibles –, qui représentaient un pourcentage plus faible de la population immigrante totale au niveau de la RMR à ce moment-là.

Dans le cas des femmes des trois RMR qui étaient nées aux États-Unis ou dans des pays de l'Afrique subsaharienne, les TMNA se rapprochaient de ceux des femmes nées au Canada et vivant dans ces RMR. De même, l'effet de l'immigrant en santé était moins évident chez les hommes provenant des États-Unis qui vivaient dans ces trois RMR – leurs TMNA s'apparentaient davantage à ceux des personnes nées au Canada qu'à ceux des autres groupes d'immigrants. Par contre, pour le groupe provenant de l'Afrique subsaharienne, à Toronto, où la moitié d'entre eux vivent, les TMNA des immigrants de sexe masculin se comparaient favorablement à ceux des autres groupes d'immigrants.

Chine, Inde et Royaume-Uni

Dans l'étude de suivi de la mortalité selon le recensement de 1991 à 2001, la Chine (y compris Hong Kong) et l'Inde étaient les principaux pays d'origine des immigrants récents au Canada, tandis que le Royaume-Uni constituait la principale source par le passé.

Dans l'ensemble, un effet de l'immigrant en santé est ressorti parmi les immigrants de chacun de ces pays (tableau 3). Les TMNA chez les hommes se situaient à 690 pour ceux provenant de l'Inde, à 810 pour ceux provenant de la Chine, et à 1 105 pour ceux provenant du Royaume-Uni, comparativement à 1 305 pour les hommes nés au Canada (données non présentées). Chez les femmes, les TMNA se situaient à 537 (Inde), 471 (Chine), 695 (Royaume-Uni) et 731 (personnes nées au Canada).

Tableau 3 Taux de mortalité normalisés selon l'âge, pour les immigrants de la Chine, de l'Inde ou du Royaume-Uni, selon le sexe, membres de la cohorte de 25 ans et plus à la date de référence ne vivant pas en établissement, Toronto, Montréal, Vancouver, 1991 à 2001Tableau 3 Taux de mortalité normalisés selon l'âge, pour les immigrants de la Chine, de l'Inde ou du Royaume-Uni, selon le sexe, membres de la cohorte de 25 ans et plus à la date de référence ne vivant pas en établissement, Toronto, Montréal, Vancouver, 1991 à 2001

Au niveau de la RMR, les TMNA pour les immigrants de ces trois pays étaient généralement plus faibles que ceux de la population née au Canada (tableau 3). Les femmes de l'Inde vivant à Toronto (634) et à Montréal (503), ainsi que les femmes du Royaume-Uni résidant à Vancouver (700), faisaient exception, leurs TMNA ne différant pas de façon significative de ceux des femmes nées au Canada dans ces RMR.

Lorsque l'on examine la cause du décès, le TMNA élevé chez les femmes provenant de l'Inde au niveau de la RMR rend compte de TMNA plus élevés attribuables aux maladies du système circulatoire (données non présentées)16. De même, à Vancouver, le TMNA plus élevé chez les femmes du Royaume-Uni était attribuable en partie aux maladies du système circulatoire et au cancer16. Les immigrants provenant de la Chine avaient généralement des TMNA faibles, mais à Montréal, le TMNA attribuable au cancer chez les femmes provenant de la Chine était comparable à celui des femmes nées au Canada16.

Conclusion

Les résultats de la présente étude montrent un effet global de l'immigrant en santé qui diminue au fur et à mesure des années écoulées depuis l'immigration au Canada. Par ailleurs, même après 20 ans ou plus au pays, les TMNA des immigrants étaient généralement plus faibles que ceux des personnes nées au Canada.

Toutefois, l'analyse des TMNA selon le lieu de naissance, la période d'immigration et la région de résidence au Canada révèlent l'hétérogénéité entre les sous-groupes d'immigrants et à l'intérieur de ces sous-groupes et fait ressortir l'importance des études par pays au niveau de la RMR.

Au fur et à mesure que le pourcentage de la population constitué d'immigrants continuera d'augmenter, l'intérêt à l'égard de l'état de santé de ces derniers augmentera aussi. Par conséquent, la nécessité d'effectuer des analyses approfondies fondées sur des enquêtes comportant des échantillons plus importants d'immigrants et sur des données couplées, comme l'Étude canadienne de suivi de la mortalité selon le recensement, augmentera aussi.

Remerciements

Le financement principal de l'Étude canadienne de suivi de la mortalité selon le recensement a été assuré par l'Initiative sur la santé de la population canadienne, qui relève de l'Institut canadien d'information sur la santé. Il convient aussi de souligner l'importance des registraires provinciaux et territoriaux de l'état civil au Canada, qui fournissent les données sur les décès contenues dans la Base canadienne de données sur la mortalité.

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