L'embonpoint et l'obésité chez les enfants et les adolescents : résultats de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé de 2009 à 2011

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Par Karen C. Roberts, Margot Shields, Margaret de Groh, Alfred Aziz et Jo-Anne Gilbert

Depuis la fin des années 1970, la prévalence de l'embonpoint et de l'obésité a augmenté chez les enfants et les adolescents au Canada1. L'excès de poids chez les enfants est lié à la résistance à l'insuline, au diabète de type 2, à l'hypertension, à une mauvaise santé émotionnelle et à une diminution du bien-être social2,3. Par ailleurs, les enfants obèses ont tendance à devenir des adultes obèses, ce qui fait de l'obésité chez les enfants un problème de santé publique4-6.

Il est important d'assurer une surveillance régulière de l'embonpoint et de l'obésité pour que des mesures soient élaborées et évaluées en vue de réduire l'excès de poids chez les enfants et les adolescents. L'approche la plus répandue pour classifier le poids est l'indice de masse corporelle (IMC), qui permet d'estimer l'adiposité sur la base du poids par rapport à la taille7-10. Il est fortement recommandé d'utiliser la taille et le poids mesurés, plutôt que déclarés, pour calculer l'IMC, particulièrement chez les enfants et les adolescents11.

Depuis l'Enquête Santé Canada (à partir de l'âge de 0 an) réalisée en 1978-1979, seulement quelques enquêtes nationales au niveau de la population ont permis de mesurer directement la taille et le poids des enfants et des adolescents : l'Enquête Condition physique Canada de 1981 (à partir de l'âge de 7 ans), l'Enquête Campbell sur le mieux-être au Canada de 1988 (à partir de l'âge de 7 ans), l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) – Nutrition, cycle 2.2, 2004 (à partir de l'âge de 2 ans), et l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) de 2007 à 2009 (à partir de l'âge de 6 ans). Le cycle le plus récent de l'ECMS (2009 à 2011) incluait les enfants de 3 ans et plus.

Les lignes directrices concernant la classification selon l'IMC dans le cas des adultes sont en place depuis des décennies9 et comportent des seuils spécifiques fondés sur des données scientifiques relatives à l'augmentation des risques pour la santé liée à l'augmentation de l'IMC. Il a été plus difficile d'établir un système de classification type selon l'IMC dans le cas des enfants, en raison des variations des taux de croissance et de la difficulté que représente l'établissement d'un lien entre les niveaux d'adiposité estimés dans l'enfance et les résultats en matière de santé liés au poids, qui ont tendance à se manifester plus tard dans la vie. Un certain nombre de systèmes de classification devant être utilisés au niveau de la population ont été élaborés pour estimer l'embonpoint et l'obésité chez les enfants12. Depuis 2004, le Canada utilise les seuils de classification propres à l'âge et au sexe établis par l'International Obesity Task Force (IOTF)13,14. En 2007, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a diffusé un nouvel ensemble de seuils de classification propres à l'âge et au sexe pour les enfants et les adolescents de 5 à 19 ans18.

Bien que la classification de l'IOTF ait été utilisée abondamment, un examen systématique a montré qu'elle sous-estime l'obésité22. Par ailleurs, elle ne convient qu'au niveau de la population et ne peut servir à évaluer l'excès de poids au niveau individuel13. Les courbes de croissance de l'OMS18 sont reconnues au niveau individuel et, en 2010, des associations professionnelles clés recommandaient que les professionnels des soins de santé les utilisent pour suivre la croissance des enfants canadiens23. L'adaptation et la mise en œuvre des courbes de croissance de l'OMS sont en cours dans plusieurs secteurs de compétence (p. ex. la Colombie-Britannique, l'Alberta, la Saskatchewan, le Yukon, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse)24. L'estimation de l'embonpoint et de l'obésité à partir d'une référence de l'OMS sur la croissance fait en sorte que les méthodes utilisées pour déterminer l'excès de poids chez les enfants et les adolescents sont uniformes au niveau individuel et au niveau de la population.

À partir des données mesurées sur la taille et le poids tirées de l'ECMS de 2009 à 2011, le présent article renferme des estimations de l'embonpoint et de l'obésité pour la population des enfants et des adolescents canadiens, sur la base des valeurs des seuils de l'OMS, et les compare avec celles résultant des seuils de l'IOTF (voir Les données).

Prévalence de l'obésité

Selon l'approche de l'OMS, près du tiers (31,5 %) des jeunes de 5 à 17 ans, soit environ 1,6 million de jeunes, étaient classés comme faisant de l'embonpoint (19,8 %) ou comme étant obèses (11,7 %) de 2009 à 2011 (tableau 1). Les pourcentages de personnes faisant de l'embonpoint étaient similaires dans tous les groupes d'âge. Toutefois, la prévalence de l'obésité différait selon le sexe (15,1 % chez les garçons comparativement à 8,0 % chez les filles), et plus particulièrement chez les 5 à 11 ans, parmi lesquels le pourcentage de garçons obèses (19,5 %) était plus de trois fois plus élevé que le pourcentage de filles obèses (6,3 %) (tableau 1).

Tableau 1 Répartition en pourcentage des enfants et des adolescents, selon la catégorie d'indice de masse corporelle (à partir des seuils de l'Organisation mondiale de la Santé), le groupe d'âge et le sexe, population à domicile de 5 à 17 ans, 2009 à 2011Tableau 1 Répartition en pourcentage des enfants et des adolescents, selon la catégorie d'indice de masse corporelle (à partir des seuils de l'Organisation mondiale de la Santé), le groupe d'âge et le sexe, population à domicile de 5 à 17 ans, 2009 à 2011

Approche de l'OMS par rapport à celle de l'IOTF

Les seuils de l'OMS ont permis de déterminer un pourcentage plus élevé d'enfants faisant de l'embonpoint ou étant obèses que ceux de l'IOTF : 31,5 % comparativement à 24,8 % (tableau 2). De 5 à 11 ans, la différence était plus prononcée que de 12 à 17 ans. Selon les seuils de l'OMS, environ 32,8 % des jeunes de 5 à 11 ans faisaient de l'embonpoint ou étaient obèses, comparativement à un pourcentage estimé de 22,6 % selon les seuils de l'IOTF.

Tableau 2 Répartition en pourcentage des enfants et des adolescents, selon la catégorie d'indice de masse corporelle fondée sur les seuils de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l'International Obesity Task Force (IOTF), le groupe d'âge et le sexe, population à domicile de 5 à 17 ans, 2009 à 2011Tableau 2 Répartition en pourcentage des enfants et des adolescents, selon la catégorie d'indice de masse corporelle fondée sur les seuils de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l'International Obesity Task Force (IOTF), le groupe d'âge et le sexe, population à domicile de 5 à 17 ans, 2009 à 2011

Une comparaison des systèmes de classification a montré que 72 % des enfants classés comme obèses selon l'approche de l'OMS seraient aussi classés comme obèses selon l'approche de l'IOTF; les 28 % qui restent seraient classés comme faisant de l'embonpoint. De même, 66 % des enfants classés comme faisant de l'embonpoint selon l'approche de l'OMS seraient aussi classés comme faisant de l'embonpoint selon l'approche de l'IOTF; les 34 % restant seraient classés comme ayant un poids normal.

La prévalence plus élevée de l'obésité observée à partir de l'approche de l'OMS est cohérente avec les résultats d'études antérieures12,25. Dans un sommaire des résultats d'un certain nombre d'études, Reilly et coll. soulignent que nombre d'entre elles ont démontré que la classification de l'IOTF sous-estime la prévalence de l'excès de poids, et plus particulièrement de l'obésité, chez les enfants et les adolescents22.

Aucune différence significative n'a été observée dans les estimations de l'embonpoint et de l'obésité chez les enfants et les adolescents de 6 à 17 ans après comparaison des données provenant de l'ESCC de 2004, de l'ECMS de 2007 à 2009 et de l'ECMS de 2009 à 2011 au moyen des seuils de l'OMS (tableau 3) ou des seuils de l'IOTF (données non présentées).

Tableau 3 Indice de masse corporelle (IMC) moyen et répartition en pourcentage selon la catégorie d'IMC (d'après les seuils de l'Organisation mondiale de la Santé) des enfants et des adolescents, population à domicile de 6 à 17 ans, 2004, 2007 à 2009 et 2009 à 2011Tableau 3 Indice de masse corporelle (IMC) moyen et répartition en pourcentage selon la catégorie d'IMC (d'après les seuils de l'Organisation mondiale de la Santé) des enfants et des adolescents, population à domicile de 6 à 17 ans, 2004, 2007 à 2009 et 2009 à 2011

La présente analyse ne tient compte que d'une mesure de l'adiposité, à savoir l'IMC. Une étude canadienne récente26 a montré qu'au fil du temps, la circonférence de la taille des Canadiens de tous les âges a augmenté davantage que l'IMC. Les données portant sur les adultes montrent que les changements dans la distribution de la masse adipeuse, par exemple les augmentations de la circonférence de la taille, sont associés à des risques élevés pour la santé27, et laissent supposer que, même si la prévalence de l'IMC dans la population n'a pas changé, les changements dans la distribution de la masse adipeuse pourraient augmenter les risques pour la santé26.

Conclusion

Les facteurs liés à l'embonpoint et à l'obésité sont complexes7 et comprennent les comportements influant sur la santé, comme les habitudes alimentaires et l'activité physique quotidienne, ainsi que des déterminants sociaux, environnementaux et biologiques plus larges qui ont un effet sur ces comportements en matière de santé28,29. Toutefois, la taille de l'échantillon n'a pas permis d'examiner les tendances des taux selon ces caractéristiques.

L'ECMS de 2009 à 2011 fournit les données les plus récentes sur l'IMC, à partir de la taille et du poids mesurés, pour les enfants et les adolescents au Canada. Selon l'approche de l'OMS, près du tiers des 5 à 17 ans étaient considérés comme faisant de l'embonpoint ou étant obèses, comparativement à près du quart selon les seuils de l'IOTF. Les différences de classification entre les approches étaient les plus grandes de 5 à 11 ans. Même si ces estimations n'ont pas changé de façon significative ces dernières années, un plus grand nombre d'éléments de données sont nécessaires pour déterminer si la vitesse d'augmentation de la prévalence de l'obésité diminue, comme dans certains pays30.  Quoi qu'il en soit, les estimations demeurent élevées et présentent un problème de santé publique, compte tenu de la tendance de l'excès de poids pendant l'enfance à persister à l'âge adulte.