Les turbulences sur les marchés et l'éclosion de la COVID-19 : les répercussions sur le bilan des investissements internationaux du Canada : estimations provisoires, premier trimestre de 2020
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Diffusion : 2020-04-27
Le bilan net des investissements internationaux d'un pays — la différence entre son actif financier extérieur et son passif international — représente la portion extérieure du patrimoine net d'un pays. C'est un indicateur de l'ouverture et de la stabilité financières d'un pays. Les changements qui surviennent dans le bilan net des investissements internationaux sont attribuables aux variations des prix, aux fluctuations des devises, aux transactions financières transfrontalières et aux autres changements tels que les radiations de dettes.
En règle générale, le bilan des investissements internationaux du Canada est publié environ 75 jours après la fin de la période de référence. La plupart des données utilisées dans sa compilation proviennent d'enquêtes et d'un certain nombre de sources administratives. Compte tenu de la situation unique à laquelle est confrontée l'économie canadienne dans le contexte de l'éclosion de la COVID-19 et de la demande de renseignements fiables sur les répercussions globales de cette crise sanitaire, Statistique Canada a produit une estimation provisoire du bilan net des investissements internationaux du Canada pour le premier trimestre de 2020.
Le haut niveau d'incertitude causé par des chocs comme l'éclosion de la COVID-19 amène des turbulences sur les marchés financiers et ajoute un certain stress sur les investisseurs. Ces conditions changeantes sur les marchés ont des répercussions importantes sur les investissements globaux à la fois intérieurs et internationaux.
La méthodologie utilisée afin d'obtenir ces estimations rapides s'est concentrée principalement sur les effets d'évaluation. La valeur de l'actif et du passif telle que mesurée à la fin de 2019 a été réévaluée en fonction des conditions du marché prévalant à la fin du premier trimestre. On ne doit pas s'attendre à ce que ces estimations présentent la même qualité que les estimations officielles de Statistique Canada, mais elles peuvent donner aux utilisateurs une bonne indication de la direction et de l'ampleur des changements.
Lorsque l'actif et le passif internationaux d'un pays sont relativement faibles, la somme cumulative des transactions transfrontalières définit bien le bilan net des investissements internationaux de ce pays. Cependant, lorsque l'actif et le passif internationaux sont importants, comme c'est actuellement le cas au Canada, les effets d'évaluation peuvent avoir une grande influence sur la tendance que suit le bilan des investissements internationaux. Ces effets d'évaluation peuvent être estimés si une ventilation détaillée du type d'instrument financier et de la devise est disponible. Cela a été rendu possible au Canada grâce aux projets entrepris au cours des dernières années dans le contexte des travaux internationaux liés à l'Initiative visant les lacunes statistiques du G20.
On estime que la position d'actif net étranger du Canada a reculé d'environ 90,0 milliards de dollars au premier trimestre comparativement au niveau publié de 1 006,0 milliards de dollars à la fin de 2019. Bien que la baisse de la position nette ne soit pas si considérable, elle dissimule des mouvements importants et compensatoires de valeur de l'actif et du passif bruts internationaux, mettant en évidence le risque et la nature volatile associés à ces investissements.
L'actif international estimé du Canada a diminué de 360,0 milliards de dollars (-6,2 %) au premier trimestre, ce qui représenterait la plus grande diminution en valeur depuis que les séries trimestrielles sont produites en 1990 et la plus grande diminution en pourcentage depuis le troisième trimestre de 2008. Les variations des évaluations ont entraîné à elles seules une perte de 775,0 milliards de dollars (-13,4 %) en raison de la chute des marchés boursiers mondiaux et un gain de 400,0 milliards de dollars (+6,9 %) attribuable à un dollar canadien plus faible. Parallèlement, le passif international du Canada a reculé de 270,0 milliards de dollars (-5,7 %), reflétant une perte de 460,0 milliards de dollars (-9,6 %) qui s'explique par l'effondrement des cours des actions canadiennes. Cette diminution a été atténuée par une augmentation de 155,0 milliards de dollars (+3,2 %) attribuable à un dollar canadien plus faible. La baisse du passif international serait la plus élevée depuis le troisième trimestre de 2008, au moment de la crise financière mondiale.
Au premier trimestre de 2020, le déclin considérable des marchés boursiers mondiaux dans le contexte de l'éclosion de la COVID-19 et la guerre livrée pour l'offre de pétrole ont eu des répercussions plus graves sur l'actif international que sur le passif international, puisqu'une proportion plus élevée de l'actif est détenue sous la forme d'actions que dans le passif.
Parallèlement, la dépréciation du dollar canadien, dans le contexte de la faiblesse de l'économie et de l'effondrement des prix du pétrole en mars, a aidé à maintenir la position d'actif net étranger du Canada. La valeur de l'actif et du passif libellés en devises étrangères est convertie en dollars canadiens à la fin de chaque période pour laquelle un bilan est calculé. En raison de la baisse du dollar canadien au premier trimestre, l'augmentation de la valeur de l'actif extérieur du Canada a dépassé celle de son passif international, le dollar agissant comme un facteur modérateur de la baisse de la position extérieure nette. Cela est dû au fait que la plus grande part de l'actif extérieur du Canada est libellée en devises étrangères, alors que le passif international est principalement libellé en dollars canadiens.
Au cours du premier trimestre, le marché boursier canadien a reculé de 21,6 %, le marché boursier américain a diminué de 20,0 % et le marché boursier européen s'est replié de 25,6 % (tel que mesuré par le Standard and Poor's 500 et l'EuroStoxx 50). Parallèlement, le dollar canadien s'est déprécié de 8,5 % par rapport au dollar américain, de 6,4 % par rapport à l'euro, de 2,4 % par rapport à la livre sterling et de 9,0 % par rapport au yen japonais.
Graphique 1
Actif et passif internationaux
Note aux lecteurs
Ces estimations rapides constituent un produit spécial publié dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 en vue de fournir aux Canadiens des renseignements à jour sur les répercussions potentielles de la crise de santé actuelle sur l'économie canadienne. L'organisme a préparé ces estimations rapides en fonction d'une méthodologie concentrée principalement sur les effets d'évaluation. Les transactions et les changements de volumes, contribuant aussi aux variations de la valeur de l'actif et du passif internationaux, sont aussi inclus et estimés pour la plupart des composantes. On ne doit pas s'attendre à ce que ces estimations présentent la même qualité que les estimations officielles de Statistique Canada. Les estimations officielles du bilan des investissements internationaux du Canada pour le premier trimestre de 2020, qui reposeront sur un ensemble complet de données d'enquêtes et de sources de données administratives, devraient être diffusées en juin, dans le respect des délais habituels.
Un article décrivant en détail la composition en devises de l'actif et du passif financiers internationaux du Canada ainsi que l'incidence liée aux fluctuations des taux de change sur la valeur de ces instruments financiers a été diffusé en mars 2018 : « Composition en devises du bilan des investissements internationaux du Canada ». Les données sur la composition en devises du bilan des investissements internationaux du Canada sont disponibles dans le tableau 36-10-0412-01.
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