Hé-coutez bien! Épisode 24 - Que faut-il faire pour sortir de l’itinérance?

Date de diffusion : le 10 mars 2025

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2025001

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

Qu’est-ce qui aide quelqu’un à passer de l’itinérance à la vie en logement?

Nous examinons une nouvelle analyse des données de l’Enquête canadienne sur le logement pour aborder cette question. Lors d’une conversation avec Sylvie Corbin, directrice de la philanthropie à la Mission d’Ottawa et Jean-Philippe Deschamps-Laporte, directeur adjoint dans la division responsable des questions de revenus et de logements à Statistique Canada, nous nous demandons pourquoi l’itinérance (et les données sur l’itinérance!) est plus complexe qu’on ne le pense, quels sont les facteurs qui mènent le plus souvent à la récupération d’un logement et pourquoi il peut être difficile de conserver un logement même après l’avoir récupéré.

Pour en savoir plus, consultez l’article « Sortir de l’itinérance : examen des facteurs contribuant à la récupération et à la conservation d’un logement ».

Animatrice

Annik Lepage

Invités

Jean-Philippe Deschamps-Laporte, Sylvie Corbin

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 24 - Que faut-il faire pour sortir de l’itinérance? - Transcription

Transcription

ANNIK : Bienvenue à Hé coutez bien!, un balado de Statistique Canada, où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage.

Nous faisons une promesse à chaque épisode : rencontrer les personnes qui se cachent derrière les données et explorer les histoires qui se cachent derrière les chiffres. Souvent, cela signifie rencontrer les personnes qui, à Statistique Canada, produisent et analysent les chiffres, mais cela signifie aussi aller plus loin, essayer de voir et de comprendre la personne qui se cache derrière chaque point de données afin qu'elle soit plus qu'une statistique.

SYLVIE : Il n'y a personne qui demande d'être à la rue. Puis, peut-être s'informer un peu plus à ce niveau-là, puis essayer de comprendre le pourquoi et d'avoir une nouvelle vision des gens qui sont là.

Fréquemment, on pense que les personnes ont des problèmes de toxicomanie. Nous, on l'a vu fréquemment chez nous, où est ce que les gens, arrivent chez nous, ils ont eu une malchance, euh, ils ont perdu leur emploi, ils sont plus capables d'arriver dans leur finance. Ils ne sont pas toxicomanes, ils n'ont pas de problème de dépendance, mais vivre à la rue peut développer ce genre de choses-là, donc avant d'y arriver là, c'est ça que j'aimerais que les gens pensent, vraiment mettre de côté les préjugés qu'on peut y avoir.

SYLVIE : Je suis Sylvie Corbin, directrice de la philanthropie ici à la Mission d'Ottawa et aussi porte-parole du côté francophone.

ANNIK : Pouvez-vous nous parler un peu de la Mission d'Ottawa?

SYLVIE: Oui, on pourrait passer une bonne heure à parler de la Mission. On a environ 250 lits, afin de loger les gens qui n'ont pas d'abri le soir. On offre le service de repas les gens qui habitent avec nous et aussi les gens de la communauté, donc, on a vraiment agrandi notre service de repas. Pendant la pandémie, on s'est vu offert un camion de restauration et notre camion qui avait débuté avec cinq communautés par le passé pour notre camion de restauration et maintenant on en fait 38 par semaine et, au-delà de 10 000 repas par semaine juste par le camion et en tout et partout notre service de repas dépasse les un million annuellement.

Donc, on offre au-dessus d'un million de repas, puis ça, c'est un chiffre qui a vu une croissance fulgurante, après la pandémie, je crois que les repas étaient environ un demi-million, donc on parle d'une croissance énorme, et ça prouve qu'il y a énormément de besoins ici dans la communauté.

Et puis, à la Mission aussi nous offrons au-dessus de 17 programmes, des programmes que ce soit en santé mentale, recherche de logement, éducation, on a une enseignante qui permet aux gens qui n'ont jamais complété leurs études secondaires, de le faire. On donne aussi énormément de soins de santé.

On a une clinique pour les gens qui en ont besoin. On a aussi un hospice de 20 lits pour les gens qui sont vulnérables ou qui n'ont pas d'endroit où habiter.

Donc, ça peut être en fin de vie ou un soin de répit suite à une intervention médicale. On était les premiers en Amérique du Nord, sinon, au monde, à avoir ce genre de choses-là dans un refuge pour sans-abri.

ANNIK : Alors d'après votre expérience, lorsqu'une personne réussit à sortir d'une situation d'itinérance, quels sont les principaux facteurs qui l'aident à faire cette transition?

SYLVIE : Ouais, c'est un soutien. Le facteur premier, c'est de vraiment voir quels sont les besoins. Donc, ils rentrent, ici, puis on leur demande, est-ce que vous avez déjà, regardé toutes les possibilités au niveau du logement? On les aide à faire une recherche pour le logement. Mais un autre facteur qui est très, très important, c'est la recherche, trouver un emploi qui puisse subvenir à leurs besoins. Une des solutions, c'est l'éducation. On a un programme de formation en service culinaire, on accueille des gens ici, ils ont une formation de 4 mois qui leur permettent d'aller travailler dans une cuisine commerciale, que ce soit un restaurant, que ce soit un foyer pour personnes retraitées, les hôpitaux et tout, donc, nos diplômés du programme, à 90 % se trouvent un emploi à leur passage chez nous.

ANNIK : Qu'est-ce qui aide une personne à passer du statut de sans-abri à celui de personne logée?

ANNIK : StatCan vient de publier une nouvelle étude basée sur les données de l'Enquête canadienne sur le logement qui explore précisément cette question, en demandant quels sont les facteurs spécifiques qui permettent le plus souvent de retrouver et de conserver un logement.

JEAN-PHILIPPE : Donc, on a mené un projet de recherche au cours des derniers mois afin de développer des nouvelles connaissances sur l'itinérance. Donc c'est un phénomène qui est très présent au Canada, puis qui amène à beaucoup de questions. Nos utilisateurs à Statistique Canada nous approchent fréquemment afin de mieux comprendre l'enjeu, les facteurs sous-jacents, puis les conséquences de l'itinérance.

Donc, dans le cadre de l'Enquête canadienne sur le logement, le troisième cycle de cette enquête-là, on a ajouté du nouveau contenu où on demande aux gens comment est-ce qu'ils ont réussi à se sortir de l'itinérance pour ceux qui ont eu cette expérience.

ANNIK : Pourriez-vous vous présenter avec votre nom et votre fonction?

JEAN-PHILIPPE : Bien sûr. Jean-Philippe Deschamps-Laporte. Je suis directeur adjoint dans la division responsable des questions de revenus et de logements à Statistique Canada.

ANNIK : Le mot itinérance recouvre en fait un ensemble d'expériences très diverses. Pourriez-vous nous parler de cela et des différentes façons dont une personne peut se trouver en situation d'itinérance?

JEAN-PHILIPPE : Certainement. Donc, il y a un type d'itinérance qu'on appelle hors refuge. Donc, hors refuge, ça fait référence aux personnes qui vivent dans des endroits qui sont normalement non habitables. Donc ça pourrait être dans la rue, dans un bâtiment désaffecté. Donc dans un lieu qui n'est normalement pas associé à l'habitation humaine. On a un autre type d'itinérance donc l'itinérance dans un refuge, Donc c'est des gens qui peuvent être dans un refuge pour personnes en itinérance de type standard si on veut. Il y a aussi des zones de refoulement. Donc, par exemple, actuellement, dans plusieurs parties du Canada, on fait face à une période de froid intense. Et puis très fréquemment, les municipalités mettent en place des infrastructures temporaires pour loger les personnes en situation d'itinérance

Puis on a également l'itinérance cachée. Donc une personne pourrait vivre de manière temporaire chez d'autres avec pas nécessairement une entente de type un bail locatif, puis l'aspect temporaire et l'aspect t possiblement instable caractérise ce type d'itinérance.

ANNIK : Quels sont les défis à relever pour obtenir une image précise de la population en situation d'itinérance au Canada? 

JEAN-PHILIPPE : Donc, les défis sont à la fois opérationnels que éthiques. Donc, lorsqu'on parle de personnes en situation d'itinérance, on fait appel à la notion de vulnérabilité. Des personnes qui peuvent être dans une situation pour une multitude de raisons, ou peut être que répondre à une enquête statistique ce n'est pas nécessairement une priorité ou que simplement ils ont besoin d'un support social financier, de logement, qui prévaut sur le fait de répondre à une enquête statistique. Donc ça, c'est l'aspect, si on veut dire plus éthique, de dire toute personne a un temps fini dans une journée, puis lorsqu'on est particulièrement vulnérable, on doit se questionner est-ce qu'on doit retirer ce temps-là dans la journée d'une personne qui est dans cette situation-là?

Au niveau opérationnel, ce n'est pas simple de se dire on va récolter l'information sur l'ensemble des gens qui sont hors refuge, en refuge puis en itinérance cachée. Cela dit, on a des méthodes au Canada qui sont en place pour comprendre ces différents phénomènes, mais je ne vous cacherai pas, Annik, qu'il y a des enjeux. Donc une des méthodes qu'on utilise, comme dans l'Enquête canadienne sur le logement, c'est la méthode rétrospective. Donc on demande aux gens qui sont logés sur leurs expériences passées

On a aussi la voie des données administratives. La plupart des gens au Canada ont des interactions avec les services, que ce soit sociaux, que ce soit fiscaux.

Par exemple, une personne en itinérance, souvent une des premières choses lorsqu'elle va recevoir des services, c'est que les services sociaux vont l'aider à faire une déclaration fiscale parce que souvent, les gens ont droit à des bénéfices qu'ils ne reçoivent pas lorsqu'ils sont en situation d'itinérance.

Donc nous, avec nos partenaires, avec nos fournisseurs de données, mais par moments, on a l'opportunité d'utiliser à bon escient ces informations administratives afin de décrire les expériences d'itinérance pour cette population. Également, on a des enquêtes qui existent au Canada, pas menées par Statistique Canada, menées par nos partenaires à l'ICC avec leurs partenaires municipaux de dénombrement ponctuels de personnes en situation d'itinérance. Donc, il y a une multitude de méthodes pour arriver à différentes fins. 

ANNIK : Est-ce qu'on a une idée du nombre de personnes qui ne sont pas actuellement en situation d'itinérance et mais qui ont pu en faire l'expérience au cours de leur vie?

JEAN-PHILIPPE : Oui, tout à fait. Donc les plus récents résultats de l'ECL, donc l'Enquête canadienne sur le logement, je vais référer à l'acronyme à partir de ce moment, révèle qu'une personne sur huit ont connu une situation d'itinérance sous une forme ou une autre par le passé. Donc, ce qui constitue 12 % des ménages avaient une personne qui ont pu avoir cette expérience par le passé.

Donc de ce 12 % là, eh bien, 2,6% ont connu un épisode d'itinérance en ou hors refuge et 11,2 % d'itinérance cachée. Donc on voit que l'itinérance cachée dans l'ensemble, au niveau des données récoltées dans l'ECL est plus fréquente que celles en ou hors refuge mais il y a aussi une combinaison c'est pour ça que ces chiffres-là s'additionnent pas sur le chiffre que je vous ai donné précédemment parce que c'est complexe, c'est selon des épisodes, on peut avoir les deux donc c'est ce qui explique ça. Mais de manière générale, on peut comprendre des résultats qu'il est plus fréquent d'avoir des expériences d'itinérance cachées que celle en ou hors refuge.

ANNIK : Le nombre de personnes en situation d'itinérance est important, selon Sylvie.

SYLVIE : Depuis 2018, l'itinérance a augmenté de 20% ici au Canada, donc c'est un chiffre énorme, on le voit à même nos yeux lorsqu'on se promène dans nos rues, dans nos villes et tout.

Un autre facteur qui est très important, c'est l'insécurité alimentaire. Nos collègues à la Banque Alimentaire d'Ottawa, leur dernier rapport, parlait d'une personne sur quatre, donc 25 percent des citoyens d'Ottawa sont en situation d'insuffisance au niveau de leur nourriture à toutes les semaines. Puis, souvent, ce qu'on voit, c'est que les gens vont sauter un repas, deux repas, pour être capable de se payer le loyer.

Ce qu'on a vu le plus, c'est que notre refuge est plein à 100 %, depuis plus de 4 ans. Même on dit 110 % parce qu'on a des lits d'urgence qu'on doit mettre au sol et tout. On a une trentaine de personnes qui dorment assis dans notre salle d'attente, c'est du jamais vu.

ANNIK : En termes de démographie, que savons-nous des personnes sans domicile? Quelles sont les populations surreprésentées? 

JEAN-PHILIPPE : Très bonne question. Merci, Annik. À ce niveau, il y a certains groupes de populations qui sont plus appelés à avoir eu cette expérience au cours de leur vie. Donc, en premier lieu, on parle des personnes autochtones. Donc, un ménage autochtone sur quatre a connu une expérience d'itinérance au cours de sa vie sous une forme ou une autre. On va se le dire, à 27,3 % des ménages autochtones c'est très important. Donc ce serait 8% des ménages autochtones qui ont connu l'itinérance en ou hors refuge, donc une forme plus profonde que celle cachée, ce qui est une proportion bien supérieure à celle de la population générale de 2,6%.

Donc ça, c'est un exemple où un groupe est particulièrement représenté. On a aussi les personnes 2ELGBTQ+, un ménage sur quatre contient des personnes qui ont eu une expérience d'itinérance, donc 24 % et ainsi que les anciens combattants à 16,8%. Donc, il y a certains groupes qui y sont plus appelés à être représentés à ce niveau-là.

Au niveau géographique, on a certains endroits également, où la prévalence de ces expériences est un peu plus forte que la part de la population au sein des 10 provinces qui sont échantillonnées dans l'ECL. Donc la Colombie-Britannique et les provinces des prairies ont des proportions légèrement supérieures en termes d'expérience d'itinérance.

ANNIK : L'Enquête canadienne sur le logement de 2022 a demandé aux ménages ayant vécu une expérience d'exclusion liée au logement, quels étaient les facteurs qui les avaient aidés à retrouver et à conserver un logement. 

Qu'avons-nous appris en commençant peut être par le facteur le plus souvent cité?

JEAN-PHILIPPE : Donc c'est vraiment le cœur de l'article qu'on a publié récemment. Parce qu'auparavant on pouvait expliquer les entrées en itinérance, mais on ne s'était jamais attardé sur la sortie.

C'est une excellente question parce que cette information était préalablement, pas disponible. Donc, comme j'en faisais état précédemment, il y a une multitude de considérations qui peuvent expliquer une situation d'itinérance. Un peu du même souffle, Il y a une multitude de facteurs qui peuvent expliquer les sorties. Donc, parmi ces multiples facteurs, les données révèlent que les éléments financiers dominent. Je fais un petit aparté des données spécifiques de l'enquête et je me permets de commenter les perceptions qui peuvent exister sur les causes.

Donc, l'itinérance a tendance à être davantage visible. Et il y a toutes sortes de problèmes de société qui peuvent être en place. On pense à certaines crises de santé mentale sur les opioïdes par exemple. Les données de l'enquête suggèrent une interprétation différente que l'itinérance. La sortie d'itinérance est intimement associée avec les questions financières donc ce que ça pourrait suggérer puis encore là, je m'étale un peu au-delà des résultats spécifiques, c'est qu'une personne qui vivait avec un revenu fixe disons en 2020 avant la pandémie qui, en Ontario, pouvait être récipiendaire de bénéfices pour un handicap, dans une autre province, pouvait avoir des bénéfices d'aide sociale, mais ces bénéfices-là ont tendance à augmenter légèrement à travers le temps, mais on est dans un marché locatif ou les prix ont augmenté rapidement. Donc, il est possible que les données qu'on voit dans l'ECL qui disent que les gens qui ont trouvé un emploi, ont augmenté leurs revenus, ont trouvé une solution financière bien, il est possible qu'il y ait une association avec ce qu'on peut voir dans la société qu'il y a des gens qui pouvaient avoir de la difficulté avant la pandémie avant les hausses marquées dans le marché locatif, mais qui étaient capables de se payer un loyer et que là les gens qui ont été capables de s'en sortir si c'est une question financière, ça retourne aux dynamiques de logement. Donc, c'est un point là que j'aimerais partager dans ma conversation avec vous, Annik, c'est l'importance des éléments financiers. 

ANNIK : L'accession à la propriété est le rêve de nombreux Canadiens. Parmi les personnes qui ont vécu en situation d'itinérance par le passé, comment ont-ils réussi à accéder à la propriété? Quels sont les facteurs susceptibles d'influencer ce résultat? 

JEAN-PHILIPPE : Donc, l'accession à la propriété résidentielle, c'est la forme ultime d'accumulation d'actifs. Donc pour les Canadiens, posséder leur maison, c'est souvent le plus grand actif et souvent le plus grand passif. Pour y accéder, bien, on doit économiser pour avoir une mise de fonds, puis on doit avoir un revenu pour payer les paiements. Dans un contexte où une personne a vécu en situation d'itinérance ça veut souvent dire que cette personne-là a pu épuiser ses actifs financiers lorsqu'elle s'est retrouvée dans cette situation-là. Puis nos résultats suggèrent que même 10 ans après les expériences d'itinérance, le taux d'accession à la propriété pour les personnes qui ont eu ces expériences est beaucoup plus bas que pour le reste de la population, ce qui est totalement cohérent avec cette histoire d'actif qu'aujourd'hui avec les prix du logement dans les grandes villes canadiennes et même les plus petites villes canadiennes, ça prend du temps pour accumuler une mise de fonds. Donc, si on a eu des expériences qui a fait en sorte qu'on n'avait plus rien, c'est logique d'avoir plus de difficulté d'accéder à la propriété ultérieurement.

ANNIK : Et les personnes qui, avec le temps, ont réussi à trouver un logement sont-elles susceptibles de continuer à être confrontés à des problèmes de logement?

JEAN-PHILIPPE : Oui, tout à fait. Donc on a différentes mesures au Canada afin de décrire les enjeux ou les problèmes de logement auxquels les ménages font face. Ça peut être au niveau de l'abordabilité, ça peut être en raison du manque d'espace. Donc un nombre trop élevé de personnes par chambre à coucher ou ça peut être en lien avec la qualité, donc de demeurer dans un logement qui a besoin de réparations majeures. Donc, lorsqu'on regarde ces indicateurs-là, les personnes qui ont réussi à fuir l'itinérance ont davantage tendance à faire face à des problèmes de logement sous les trois indicateurs que j'ai mentionnés, même lorsque ces itinérances-là sont distancées par le passé, ce qui suggère peut-être des enjeux à long terme au niveau financier ou ce qui suggère peut-être aussi de dire afin de sortir d'itinérance, je dois être dans un appartement trop petit, donc d'avoir, par exemple, les enfants qui dorment dans la même chambre que les parents, des genres de solution auxquels les gens arrivent afin d'éviter d'être en itinérance. Ou les logements qui sont abordables ou non, qui sont inabordables mais qui demeurent accessibles. D'une certaine manière, au point de vue financier, ce sont ceux de piètre qualité, donc des logements qui pourraient avoir des moisissures qui pourraient avoir des écoulements d'eau, c'est ceux qui coûteraient le moins cher puis qui seraient les seuls qui seraient accessibles pour les personnes qui ont eu des situations d'itinérance et qui pourraient demeurer dans une certaine forme de vulnérabilité.

ANNIK : Pouvez-vous parler de l'impact à long terme de l'itinérance sur le bien-être, en d'autres termes, quel effet l'expérience d'itinérance a-t-elle sur le bien-être, même après que même après qu'une personne ait trouvé un logement? 

JEAN-PHILIPPE : Donc, sans surprise, compte tenu des éléments que je partageais à l'instant, les personnes qui ont réussi à fuir l'itinérance démontrent une qualité de vie, subjective, on s'entend, moindre que les personnes qui n'ont pas eu ces expériences. Puis ça, ça demeure, même lorsque ça a fait 10 ans que les expériences sont passées. C'est difficile à dire si c'est directement lié à l'expérience d'itinérance comme tel ou aux facteurs qui ont expliqué l'épisode en tant que tel. Donc, on voit que même après, les personnes qui ont eu ces expériences-là ont une qualité de qualité de vie moindre que celles qui n'ont pas eu ces expériences-là.

ANNIK : Et de quelle manière l'itinérance laisse-t-elle un impact durable sur les personnes qui en font l'expérience?

SYLVIE : Il y a plusieurs impacts, on parle des impacts de santé, c'est des impacts sérieux. On parle d'une espérance de vie diminuée de façon substantielle. Dans la population générale, un homme peut vivre jusqu'à 79 ans. Une personne qui se trouve en situation, un homme en situation d'itinérance, c'est 55 ans. Donc, l'espérance de vie est diminuée de façon importante. Chez les femmes, l'espérance de vie normale de 84 ans chez les femmes, celle en situation d'itinérance, 48 ans.

Donc, c'est des chiffres ahurissants quand on les entend, c'est sûr qu'en souffrance, il y a toutes sortes de raisons, l'insécurité alimentaire est une des premières raisons. Souvent ils vont être susceptibles d'avoir des maladies comme l'hépatite C, aussi des maladies cardiaques, cancers, asthmes, ce sont tous des maladies qui sont plus prononcées chez ces populations-là. Et puis ils ont la santé plus fragile, donc, il y a un impact important sur tous les autres services. Donc, si on adressait la situation de l'itinérance comme telle, il y aurait même moins d'impact sur les services sociaux, moins d'impact sur les services de santé. Donc, il découle beaucoup de choses lorsqu'on laisse nos voisins, si je peux dire, en situation, précaire quand ils n'ont pas de logement finalement.

ANNIK : Si on veut en savoir plus sur votre travail ou devrait-on aller? 

JEAN-PHILIPPE : J'invite les auditeurs à aller sur la page web de Statistique Canada, on a un portail sur le logement où les données de l'ECL sont accessibles ainsi qu'une panoplie d'informations sur le logement. Parce que l'itinérance qui est le sujet d'aujourd'hui, ça n'évolue pas en vase clos, il y a tout un contexte, tout un système de logement qui influence de toutes sortes de manières positives et adverses également cet enjeu-là spécifique. Donc, j'invite les auditeurs à visiter notre page, notre portail sur le logement où on a la chance de développer des connaissances uniques pour informer cet enjeu de société.

ANNIK : Merci beaucoup, Jean-Philippe. 

JEAN-PHILIPPE : De rien. Merci. 

ANNIK : Sylvie, si on voudrait en savoir plus sur votre travail où peut-on aller? 

SYLVIE : C'est, ottawamission.com. Donc, ottawamission.com et puis on parle beaucoup de nos programmes et des services offerts à la communauté qui en ont le besoin. 

ANNIK : Merci. Merci pour votre temps, Sylvie.

SYLVIE : Annik, je vous remercie beaucoup d'avoir pris le temps de vous informer un peu plus et nous donner cette plateforme afin de parler de notre travail.

ANNIK : Merci d'avoir écouté Hé-coutez bien! Un gros merci à nos invités, Sylvie Corbin et Jean-Philippe Deschamps-Laporte. Si vous souhaitez en savoir plus, vous trouverez un lien vers l'étude de StatCan sur l'itinérance dans les notes de cette émission. Vous pouvez écouter cette émission partout où vous écoutez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimez cette émission n'hésitez surtout pas à la noter, à la commenter et à vous y abonner et merci de nous avoir écouté.

Hé-coutez bien! Épisode 23 - Cartographie du bonheur : Comment l'endroit où nous vivons influence notre bien-être

Date de diffusion : le 29 janvier 2025

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2025001

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

Vous n'êtes peut-être pas surpris d'apprendre que vos relations avec vos amis et votre famille influencent votre bien-être. Il en va de même pour votre santé et votre travail. Mais qu'en est-il du lieu où vous vivez ? Que vous viviez dans le centre-ville d'une grande ville, dans une ville de banlieue ou dans une communauté rurale, quel impact cela a-t-il sur votre satisfaction de vivre, votre solitude et votre sentiment d'appartenance ? Lauren Pinault, de StatCan, nous rejoint aujourd'hui au micro pour explorer comment les lieux où nous vivons influencent notre bien-être.

Animatrice

Annik Lepage

Invitée

Lauren Pinault (Narration par Valérie Mandia)

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 23 - Cartographie du bonheur : Comment l'endroit où nous vivons influence notre bien-être - Transcription

Transcription

Bienvenue à Hé-coutez bien! un balado de Statistique Canada où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage.

Annik : Si je vous demandais : « À quel point êtes-vous heureux? », que diriez-vous? « Sur une échelle de 1 à 10, 1 représentant le plus faible niveau de bonheur que vous puissiez imaginer et 10, le plus haut niveau de bonheur, où vous situez-vous? » Quels sont les facteurs que vous prenez en considération? Avez-vous pris un bon déjeuner ce matin? Avez-vous eu une dispute avec votre conjoint? Avez-vous obtenu récemment une promotion au travail? Peut-être voyagez-vous en avion vers la Costa del Sol en Espagne ou vers Tokyo pour des vacances. Si c’est le cas, emmenez-moi! Peut-être vous sentez-vous plutôt neutre parce que vous lavez la vaisselle ou que vous allez au travail.

Tous ces facteurs influencent votre bonheur à chaque instant, mais qu’en est-il de votre vie en général?

Le bonheur, avec un grand « B », c’est-à-dire le sentiment général de satisfaction à l’égard de la vie, dépend de nombreux facteurs. Il y a les relations avec ses amis, sa famille, la satisfaction par rapport au travail et aux revenus, et aussi l’état de santé. La liste est longue.

Un aspect intéressant à envisager est l’influence que le lieu où nous vivons peut avoir sur notre bonheur, avec un grand « B ». C’est l’un des thèmes étudiés dans l’édition spéciale de Regards sur la société canadienne de StatCan.

Annik : Si je vous demandais : « À quel point êtes-vous heureux? », que diriez-vous? « Sur une échelle de 1 à 10, 1 représentant le plus faible niveau de bonheur que vous puissiez imaginer et 10, le plus haut niveau de bonheur, où vous situez-vous? » Quels sont les facteurs que vous prenez en considération? Avez-vous pris un bon déjeuner ce matin? Avez-vous eu une dispute avec votre conjoint? Avez-vous obtenu récemment une promotion au travail? Peut-être voyagez-vous en avion vers la Costa del Sol en Espagne ou vers Tokyo pour des vacances. Si c’est le cas, emmenez-moi! Peut-être vous sentez-vous plutôt neutre parce que vous lavez la vaisselle ou que vous allez travailler.

Tous ces facteurs influencent votre bonheur à chaque instant, mais qu’en est-il de votre vie en général?

Le bonheur, avec un grand « B », c’est-à-dire le sentiment général de satisfaction à l’égard de la vie, dépend de nombreux facteurs. Il y a les relations avec ses amis, sa famille, la satisfaction par rapport au travail et aux revenus, et aussi l’état de santé. La liste est longue.

Un aspect intéressant à envisager est l’influence que le lieu où nous vivons peut avoir sur notre bonheur, avec un grand « B ». C’est l’un des thèmes étudiés dans la nouvelle publication Regards sur la société canadienne de StatCan.

Lauren : Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur la géographie, qui est l’une des manières que je préfère pour aborder les données. Au cours des dernières années, nous avons recueilli des renseignements sur le bien-être et la qualité de vie des Canadiens dans le cadre de l’Enquête sociale canadienne. Lorsque nous sommes en mesure de combiner plusieurs vagues de l’enquête, nous pouvons ensuite analyser le lieu de résidence des personnes répondantes et la manière dont celui-ci peut influencer les réponses à l’enquête.

Annik : Bonjour! Qui parle?

Lauren : Bonjour. Je suis Lauren Pinault. Je suis chef de la section chargée des enjeux émergents à Statistique Canada.

Annik : Quelles sont certaines des hypothèses en jeu lorsque nous parlons du lieu où nous vivons et de l’influence qu’il a sur notre bien-être?

Lauren : Lorsque les gens choisissent un lieu de résidence, ils tiennent compte de nombreux facteurs, comme le coût de la vie, la proximité des amis ou de la famille, l’existence d’un bon emploi, ainsi que l’accessibilité aux événements culturels, par exemple. Je pense donc que, d’une certaine manière, les gens choisissent leur lieu de vie selon ce qui leur convient et selon la mesure dans laquelle ils peuvent choisir leur lieu de vie. Mais nous étudions le bien-être, qui est une idée très complexe. Ainsi, certains aspects d’un endroit agréable à vivre ne sont pas nécessairement appréciés par tout le monde. Par exemple, j’aime beaucoup faire des randonnées en plein air. Je vis en dehors d’Ottawa, ce qui me permet d’avoir facilement accès à la nature. C’est parfait pour moi, mais ça ne convient pas nécessairement à un ami qui désire vraiment avoir accès à des magasins et à des restaurants, et qui veut vivre en plein cœur de la ville. Cette approche n’est donc pas du tout universelle.

Annik : En général, quel est le degré de bonheur des Canadiens?

Lauren : En moyenne, environ la moitié, soit environ 50 % des gens disent avoir un niveau élevé de satisfaction à l’égard de la vie, sur une échelle allant de 1 à 10, et donc qu’ils sont heureux. Ils indiquent une note de 8, 9 ou 10 sur cette échelle.

Annik : Quelle province était la plus heureuse, et peut-être la moins heureuse?

Lauren : Le Québec, qui semble être la province la plus heureuse, se distingue lors de chaque cycle que nous menons. Au Québec, 59 % des personnes se disent très satisfaites de leur vie. Terre-Neuve-et-Labrador suit de près avec 56 % des gens se disant très satisfaits de leur vie.

Annik : Et qu’en est-il des moins heureuses?

Lauren : Les régions les moins bien placées sur cette échelle sont l’Ontario, où 46 % des gens se disent heureux. La Colombie-Britannique et l’Alberta suivent avec 47 % des gens qui se disent heureux.

Annik : Pourquoi donc? Qu’ont-elles en commun, ces provinces relativement heureuses ou malheureuses?

Lauren : Je voudrais bien connaître la réponse à cette question. Je crois que nous adoptons une approche très itérative en sciences. Nous mesurons le « quoi » actuellement. Cette étude répond à la question : « Où voyons-nous ces tendances? ».

La prochaine étude pour laquelle nous aimerions faire un suivi répondrait à la question du « pourquoi » : « Pourquoi voyons-nous ces différences? ». Vous savez, c’est la question en or.

Annik : Mais vous n’avez pas examiné le bonheur que dans les provinces. Vous avez également comparé les petites villes avec les grandes villes. Pouvez-vous nous en dire plus?

Lauren : Dans notre étude, nous avons découvert un moyen de classifier tous les milieux de vie, des plus urbains aux plus ruraux. Nous souhaitions donc éviter la dichotomie très simple entre les zones urbaines et les zones rurales, car elle constitue une façon beaucoup trop simpliste d’envisager les données. Nous avons donc mis au point un nouveau système qui tient également compte de la taille globale de la population, de sa densité et de sa proximité avec d’autres grands centres urbains.

En examinant nos statistiques d’un certain point de vue, nous avons constaté que les gens des zones rurales se disaient légèrement plus heureux. Et c’est  vraiment ce que nous avons observé, y compris dans les zones rurales et reculées, ainsi que dans les petites villes de moins de 100 000 personnes, qui ont échappé à l’influence des autres grands centres urbains.

En revanche, nous avons constaté que les gens étaient moins susceptibles d’indiquer une grande satisfaction à l’égard de la vie dans les plus grandes villes. Mais, comme je l’ai dit, je tiens à préciser que cette constatation représente une mesure moyenne. De nombreuses personnes vivent dans des centres urbains et s’y sentent très heureuses. Cette mesure ne veut donc pas dire que ces centres sont dépourvus de bonheur.

Annik : On peut mesurer la satisfaction à l’égard de la vie en utilisant d’autres méthodes que de leur demander d’emblée « à quel point êtes-vous satisfait de votre vie? ».

Lauren : Tout à fait. L’une des autres façons de mesurer le bien-être consiste à évaluer le sentiment d’appartenance à la collectivité.

Et ce que nous avons vu en matière de tendances lorsque nous avons examiné ce sentiment était un peu différent de notre réflexion sur la satisfaction à l’égard de la vie.

Ainsi, une fois de plus, bien que cette idée se révèle très complexe, nous voulons l’examiner sous différents angles. Nous avons remarqué que le niveau le plus bas de sentiment d’appartenance — c’est-à-dire les personnes les moins susceptibles de déclarer l’éprouver —, était celui des citoyens des banlieues situées en dehors des grands centres urbains du Canada.

Par exemple, dans la ville de Hamilton, où l’influence de Toronto se fait sentir, 43 % des personnes ont déclaré avoir un fort sentiment d’appartenance. Ce chiffre s’avère légèrement inférieur à celui observé dans la ville de Toronto qui s’élevait à 44 %.

Ensuite, le sentiment d’appartenance dans les régions vraiment éloignées et rurales était assez élevé. Par exemple, dans la petite ville de Terre-Neuve, Baine Harbour, ainsi que dans la ville de Westport, près des trois quarts des personnes, donc 74 %, ont déclaré avoir un très fort sentiment d’appartenance à leur collectivité. Encore une fois, nous cherchons toujours une explication à ce sujet. Beaucoup d’influences sont possibles, comme le degré d’intégration dans le tissu social, le fait de devoir effectuer un long trajet qui absorbe une grande partie de votre journée et la mesure dans laquelle vous connaissez vos voisins et les gens qui vous entourent.

Annik : J’aurais pensé, peut-être que c’est le meilleur des deux mondes. Les possibilités d’emploi dans les grandes villes, ainsi que le sentiment de bonheur que l’on semble retirer de la vie dans une petite ville, sont des facteurs qui peuvent inciter à choisir de vivre dans une ville de banlieue. Ce n’est toutefois pas nécessairement le cas.

Lauren : Peut-être que ce n’est pas le cas. Mais, là encore, ce n’est pas la tendance que nous observons pour la satisfaction globale à l’égard de la vie. Je veux dire par là que de vivre dans des régions vraiment éloignées pourrait représenter une très bonne occasion pour certaines personnes. Là encore, cette approche ne constitue pas une approche universelle. Je suppose donc que pour certaines personnes vivant dans ces collectivités, l’éloignement crée des obstacles en ce qui concerne leur sentiment général d’appartenance à leur propre collectivité. Surtout si le fait de vivre éloigné les oblige à se rendre dans un autre lieu pour travailler.

Annik : Quelles sont d’autres dimensions du bonheur? Comment peuvent-elles se manifester, à travers le Canada et dans les collectivités rurales et les grandes villes?

Lauren : Nous avons examiné un grand nombre d’aspects différents, au-delà de la satisfaction à l’égard de la vie et du sentiment d’appartenance. L’un des autres aspects que nous avons examinés est la solitude, le fait que les personnes déclarent ou non se sentir toujours ou souvent seules. Nous pensions, en nous lançant dans ce projet, que la solitude était très liée à la géographie. Ainsi, si vous faites partie d’une population rurale plus âgée, la solitude vous guette peut-être. De même, si vous êtes un nouvel arrivant au Canada et que vous vous trouvez dans un grand centre d’accès, vous pouvez également ressentir cette solitude. Mais nous n’avons pas constaté de grandes variations géographiques lorsque nous avons cartographié les données. En fait, nous avons constaté l’absence de toute tendance géographique forte en ce qui concerne la solitude. Apprendre que la solitude est un problème présent partout, que vous viviez dans une zone rurale ou urbaine, nous a beaucoup intéressés.

Malheureusement, l’endroit où nous vivons ne résout pas tous nos problèmes.

Annik : Qu’en est-il de la part des personnes qui ont dit qu’elles pouvaient compter sur quelqu’un qui les aiderait quand elles en auraient vraiment besoin? Qu’en cas de crise, elles pouvaient appeler quelqu’un.

Lauren : Lorsque nous avons dressé la carte, nous avons constaté que de nombreuses variations existaient et que le clivage entre les zones urbaines et les zones rurales n’était pas vraiment marqué. Par exemple, nous avons remarqué que le pourcentage de personnes déclarant avoir quelqu’un sur qui compter se situait à un niveau inférieur dans les grandes villes comme Toronto et Vancouver, mais aussi dans de nombreuses régions rurales de certaines provinces. Nous avons constaté des pourcentages plus faibles en Alberta et en Ontario, par exemple. La situation varie beaucoup et nous ne comprenons pas vraiment pourquoi nous observons ces tendances, mais, là encore, c’est un sujet que nous aimerions suivre et mieux comprendre.

Annik : Si vous pouviez résumer, qu’avons-nous appris?

Lauren : Ce que j’en retire, c’est que la prise en compte de la géographie dans l’étude des statistiques sociales constitue un angle totalement nouveau pour mieux comprendre les tendances que nous observons. Nous analysons les choses en fonction de l’âge, du sexe et d’autres variables, mais parfois, les analyser en fonction de la géographie s’avère fascinant. Nous découvrons l’existence de nouvelles tendances que nous n’avions pas soupçonnées.

L’autre chose que nous avons apprise, c’est que la géographie a vraiment de l’importance. Par exemple, l’endroit où nous vivons influe sur certaines des variables que nous mesurons. Nous devons assurer un suivi pour mieux comprendre comment tous ces éléments s’intègrent comme facteurs qui influencent notre interprétation des données.

Annik : Pourquoi ces résultats ont-ils une importance particulière?

Lauren : Le bien-être est notre priorité. Le gouvernement considère donc comme une priorité le besoin de comprendre comment les Canadiens s’en sortent. Pour ce faire, nous mesurons toutes les facettes du bien-être, notamment la satisfaction à l’égard de la vie, l’espoir en l’avenir et toutes ces choses importantes. Il est aussi très important de comprendre votre lieu de résidence au Canada et comment ce lieu influence vos réponses aux enquêtes.

Annik : Est-ce qu’il y a quelque chose qui aurait été intéressant de comprendre dans votre publication, mais que vous n’avez pas pu faire? Cela vous a-t-il inspiré pour de futures recherches?

Lauren : J’aime bien votre question, parce que nous désirons en savoir plus sur les raisons qui expliquent ces tendances. Je pense que c’est la question la plus intéressante si nous devions nous y attarder.

Nous mesurons d’autres tendances. Dans ces enquêtes, on retrouve différents types de situations concernant les revenus des ménages ou différents aspects de leur situation de vie. Nous souhaitons mieux comprendre les raisons qui sous-tendent ces tendances dans la géographie et être en mesure d’expliquer certaines des tendances que nous observons.

Je pense qu’il n’y a rien d’autre à ajouter, si ce n’est que nous pensons beaucoup à l’idée de contrôler notre vie et d’avoir une grande influence sur notre bien-être.

Une question demeure sans réponse, mais elle serait fort intéressante à étudier : à savoir si nous choisissons notre lieu de résidence ou si nous nous y trouvons « coincés » parce que nous travaillons là, ou pour toute autre raison. Je me demande jusqu’à quel point le fait que nous puissions choisir où nous voulons vivre au Canada influence réellement notre bien-être.

Annik : Vous venez d’écouter Hé-coutez bien! Merci à notre invitée, Lauren Pinault. Vous pouvez lire son article dans une édition spéciale de Regards sur la société canadienne de Statistique Canada. Vous trouverez un lien dans les notes de cet épisode ou sur le site web de StatCan.

Vous pouvez vous abonner à cette émission partout où vous écoutez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission, la meilleure façon de nous soutenir est de laisser un commentaire sur le répertoire de balados de votre choix. Merci à l'utilisateur BDebney, qui a écrit : « Quel excellent balado. Les questions abordées sont très intéressantes et offrent une excellente perspective sur les questions qui préoccupent les Canadiens. » Merci beaucoup, nous l'apprécions vraiment. Comme toujours, merci d'avoir écouté.

Sources

Regards sur la société canadienne

Hé-coutez bien! Épisode 22 - Votre entreprise peut-elle déjouer un pirate informatique?

Date de diffusion : le 9 décembre 2024

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2816-2250

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

Plus des deux tiers (70 %) des Canadiens ont été victimes d’un incident de cybersécurité en 2022. Les stratégies employées par les personnes malveillantes sont de plus en plus complexes. Nous sommes nombreux à être inondés de courriels d’hameçonnage, de messages textes douteux et d’appels téléphoniques frauduleux. Rares sont les personnes qui n’ont jamais subi une forme ou une autre de cyberattaque. 

Les entreprises canadiennes se trouvent dans la même situation. Les vols d’identité, les arnaques et les fraudes ainsi que les attaques par rançongiciel ne représentent que quelques-uns des moyens utilisés par les cyberattaquants pour s’en prendre aux entreprises. La neutralisation d’une seule atteinte à la cybersécurité peut coûter des milliers de dollars à une entreprise et lui faire perdre un temps précieux. Nous avons voulu savoir si la cybercriminalité est en hausse au Canada, ce que représente le phénomène relativement nouveau de l’assurance contre les cyberrisques, et la mesure dans laquelle les consommateurs peuvent subir les répercussions d’une atteinte à la sécurité qui touche une entreprise. 

De nouvelles données de l’Enquête canadienne sur la cybersécurité et le cybercrime ont été diffusées. Dans cet épisode, nous nous sommes entretenus avec Howard Bilodeau, économiste à Statistique Canada, qui a répondu à nos questions sur l’évolution de la cybersécurité pour les entreprises et sur ce que cela signifie pour chacun et chacune d’entre nous. 

Animatrice

Annik Lepage

Invité

Howard Bilodeau (Narration par Yves Gilbert)

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 22 - Votre entreprise peut-elle déjouer un pirate informatique? - Transcription

Transcription

Annik : Bienvenue à Hé-coutez bien !, un balado de Statistique Canada, où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu’elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage. 

Il est difficile d'exister dans le monde d'aujourd'hui sans être en ligne. Le fait d'être en ligne nous donne accès à l'information, au divertissement, à l'éducation, à la communication avec les amis, la famille, les gens que vous avez oublié que vous connaissiez au secondaire. Mais il nous met aussi en danger. Avez-vous déjà reçu un de ces messages d'un ami sur les médias sociaux qui dit quelque chose comme « Oh mon Dieu, as-tu vu cette photo de toi ? Conseil d'expert : ne cliquez surtout pas sur le lien qui vient avec le message 

Le fait d'être en ligne nous expose. Nous risquons de recevoir des spams non sollicités ou d'être redirigés vers des sites web frauduleux qui cherchent à obtenir nos informations personnelles ou à installer des virus ou d'autres logiciels malveillants sur nos ordinateurs. Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg de la cybersécurité.  

Parce que nous sommes tous en ligne, les entreprises canadiennes le sont aussi. Et elles sont confrontées aux mêmes problèmes de cybersécurité que le reste d'entre nous. La numérisation expose les entreprises à de nouveaux risques en matière de protection de la vie privée, de protection des données et de cybersécurité.

Depuis 2017, l'Enquête canadienne sur la cybersécurité et le cybercrime recueille des données sur les politiques et les mesures mises en place par les entreprises canadiennes pour gérer la cybersécurité et étudie la façon dont elles sont touchées par les incidents de cybersécurité. De nouvelles données viennent d'être publiées— nous nous sommes donc entretenus avec un expert pour en savoir plus. 

Howard : Je m'appelle Howard Bilodeau et je suis économiste à Statistique Canada. 

Annik : Qu'est-ce que le cybercrime ? Et quels sont les exemples de cybercrime auxquels les entreprises canadiennes peuvent être confrontées ?  

Howard : Notre enquête ne porte pas spécifiquement sur le cybercrime. Nous utilisons plutôt le terme d'incident de cybersécurité. Je suppose que la raison en est que nous ne voulons pas trop nous préoccuper du seuil à partir duquel quelque chose devient un crime. On s’intéresse plus largement aux incidents qui ont un impact sur les entreprises.  

Nous définissons donc un incident de cybersécurité comme toute tentative non autorisée d'accéder à l'infrastructure informatique d'une entreprise dans le but de voler ou de modifier des informations ou simplement pour rendre une partie de cette infrastructure inutilisable pour l'entreprise. Dans le cadre de notre travail, nous nous intéressons donc à différents types d'incidents de cybersécurité. Il s'agit souvent de vols d'argent ou d'informations, mais aussi, comme je le disais, de tentatives visant à rendre la technologie inutilisable pour l'entreprise.  

Annik : Quelle est l'ampleur du cybercrime ? 

Howard : Dans notre enquête, nous cherchons à savoir si l'entreprise a été touchée par un incident de cybersécurité. Nous avons choisi le terme « touché» pour éviter de nous retrouver avec des faits  trop fréquents ou des choses de tous les jours comme recevoir un courriel de hameçonnage sur lequel vous n'avez pas cliqué. 

En ce qui concerne le groupe d'entreprises touchées par des incidents, nous avons constaté en 202 que 16 % des entreprises ont déclaré avoir été touchées. Ce chiffre a diminué au cours de l'enquête. En 2019, 21 % des entreprises ont déclaré avoir été touchées par des incidents. Et comme je disais, ce chiffre est tombé à 16 % en 2023.  

Annik : Cela vaut-il également pour les particuliers canadiens ? Ont-ils également moins d'incidents ? 

Howard : Jusqu'à présent, nous avons parlé de notre enquête sur le cybercrime dans les entreprises. Pour ce qui est des particuliers, nous n'avons pas d'enquête parfaitement comparable, mais nous disposons de l'Enquête canadienne sur l'utilisation d'Internet, qui demande aux particuliers s'ils ont subi un incident de cybersécurité quelconque. Dans cette enquête, nous avons constaté que 70 % des Canadiens ont déclaré avoir subi un incident quelconque en 2022, ce qui représente une augmentation par rapport aux 52 % observés en 2018. 

C'est donc une tendance un peu différente du côté des individus, mais puisque nous posons des questions sur un concept légèrement différent, c’est difficile de comparer les deux groupes visés.  

Annik : Comment les incidents se comparent-ils entre ce que peut vivre une entreprise et ce que peut vivre un particulier? 

Howard : C'est une excellente question. Je pense qu'ils sont souvent très similaires. Je pense que les incidents de cybersécurité ont tendance à essayer d'exploiter le facteur humain, c'est-à-dire à essayer d'amener un individu à communiquer des informations, ce qui peut permettre à l'attaquant de pénétrer en parallèle dans l'infrastructure informatique. Je pense donc qu'en ce sens, ils sont très similaires.

Je suppose que ce qui pourrait être un peu différent en termes de ce que l'attaquant veut, c'est que l'attaquant peut être à la recherche de types d'informations légèrement différents, selon qu'il s'agit d'un individu ou d'une entreprise. Mais je pense qu'une grande partie des techniques seront assez similaires. 

Annik : Et quel type d'impact cela a-t-il ?   

Howard : Ces types d'incidents peuvent avoir différents impacts. Nous avons d'ailleurs posé une question à ce sujet dans notre enquête auprès des entreprises. Ce qui revient le plus souvent, c'est l'interruption des activités de l'entreprise. Par exemple, les employés peuvent ne pas être en mesure d'accéder à leur ordinateur ou ce dernier peut être plus lent, de sorte qu'il leur faut plus de temps pour effectuer leur travail. Mais il peut aussi y avoir des coûts. Il peut s'agir de coûts directs, comme le remplacement du matériel ou l'achat de nouveaux logiciels, mais aussi de coûts indirects, comme le manque à gagner dû au fait que l'entreprise n'a pas pu fonctionner ce jour-là.  

Annik : Avons-nous un montant en dollars pour ce à quoi les entreprises sont confrontées ? 

Howard : En 2023, nous avons constaté que les coûts de récupération s'élèvaient t à 1,2 milliard de dollars. C'est en fait le double de ce que nous avions trouvé en 2021, soit de 600 millions. Il s'agit donc d'une augmentation importante. En ce qui concerne les facteurs qui contribuent à cette augmentation, nous avons constaté que la moitié de ce montant correspond à des coûts en personnel. Il s'agit donc des coûts liés à l'embauche d'employés ou à des coûts liés à l'engagement de sous-traitants ou de consultants pour aider à la reprise après un incident.  

Annik : Pourriez-vous développer un point que vous avez mentionné plus tôt, à savoir que le coût, le nombre total d'entreprises qui subissent ces incidents, est en baisse, mais que le coût de ces incidents est en hausse ?

Howard : C'est une dichotomie intéressante. Et je pense que cela pourrait indiquer que parmi les entreprises qui subissent un incident ayant un impact, quelle qu'en soit la raison, les coûts pour s'en remettre sont de plus en plus élevés. Ainsi, chaque incident individuel peut devenir plus coûteux et avoir plus d'impact sur l'entreprise. Je pense que c'est un domaine qui nécessite davantage de recherches pour comprendre ce qui se passe, mais c'est en quelque sorte la façon dont nous l'avons interprété, c'est-à-dire qu'il semble que, oui, peut-être que le pourcentage d'incidents diminue, mais parmi ceux qui sont touchés, les impacts sont très importants et deviennent de plus en plus importants. 

Annik : L'une des choses qui m’a surprise dans l'article du Quotidien, c'est que je n'avais jamais entendu parler de l'assurance contre les cyber risques. Qu'est-ce que l'assurance contre les cyber risques ? Et dans quelle mesure cela fait-il partie du coût des affaires de nos jours ? 

Howard : L'assurance contre les cyber risques est un produit d'assurance proposé depuis déjà quelques années par diverses compagnies d'assurance. Elle a beaucoup évolué, je dirais, au cours de la dernière décennie en ce qui concerne la façon dont ces polices sont structurées et les types de choses qu'elles couvrent. Mais oui, nous avons constaté qu'au cours des dernières années, ces types de polices ont connu un certain essor.

En 2023, 22 % des entreprises ont déclaré avoir souscrit à une police d'assurance de ce type, soit une augmentation de 6 points de pourcentage par rapport à 2021. Ces polices peuvent donc couvrir diverses choses, comme les dépenses directes consécutives à un incident. De plus, les compagnies d'assurance offrent parfois aux entreprises l'accès à des consultants qui peuvent les aider à déterminer ce qu'elles doivent faire pour essayer de se remettre et d'améliorer leur cybersécurité à l'avenir. 

Annik : Y a-t-il eu d'autres surprises par rapport aux résultats ? 

Howard : On a demandé aux entreprises qui ont été touchées par des incidents, quelle était la méthode utilisée pour l'incident et l'un des grands changements que nous avons constaté en termes de méthodes est que beaucoup plus d'entreprises ont déclaré avoir été victimes d'un vol d'identité. Ce chiffre a augmenté de 11 points de pourcentage parmi celles qui ont été touchées par des incidents. Je pense donc qu'il s'agit d'une découverte intéressante et qu'on peut alors justifier des recherches plus approfondies car, en général, on ne pense pas qu'une entreprise est victime d'un vol d'identité, mais c’ est clair qu'il se passe quelque chose à ce niveau. On ne définit pas le concept d'usurpation d'identité dans l'enquête, de sorte que les entreprises classent elles-mêmes les incidents dans cette catégorie. Mais je pense qu'il vaut la peine d'examiner de plus près ce qui se passe.

Annik : Oui, tout à fait. Et pourquoi est-ce important pour un Canadien qui n'exploite pas d'entreprise? De quelle manière les consommateurs sont-ils affectés lorsqu'une entreprise subit un incident de cybersécurité?  

Howard : Les entreprises détiennent beaucoup de données personnelles sur leurs clients. Par conséquent, chaque fois qu'une entreprise est victime d'une violation de la cybersécurité, il est également possible que les informations d'une personne soient divulguées dans le cadre de cet incident. Il est donc important que les entreprises veillent à la sécurité des données de leurs clients.

Annik : Pourquoi les résultats de cette enquête sont-ils importants ? 

Howard : L'objectif premier de cette enquête est de donner une idée de l'économie en général et de l'impact de la cybersécurité et du cybercrime sur le monde des affaires. Ces statistiques alimentent diverses initiatives politiques au Canada. Il s'agit notamment de la Stratégie nationale de la cybersécurité. Ces résultats sont utilisés pour aider à prendre des décisions qui s'inscrivent dans le cadre de cette stratégie. En tant que pays, ces résultats sont donc importants, car ils servent de base à l'élaboration de notre stratégie nationale en matière de cybersécurité.

Annik : Quel est l’enseignement le plus important que vous retenez de cette recherche?  

Howard : Je pense qu’il y a quelques tendances intéressantes et je pense que le coût est quelque chose sur lequel nous devrions nous concentrer parce que cela montre que les incidents de cybersécurité ne sont pas en train de disparaître. Cela devient un problème croissant, même si le pourcentage d'entreprises qui sont confrontées au cybercrime est en baisse. Lorsqu'elles sont confrontées à ces incidents, il y a toujours des répercussions importantes. Et vous savez, c'est aussi une réalité qui peut affecter les individus.

Annik : Y a-t-il quelque chose que vous auriez aimé inclure dans votre publication, mais que vous n'avez pas pu faire ? Ou cela vous a-t-il donné des idées pour de futurs rapports, de futures études ?  

Howard : Le domaine de la cybersécurité est en constante évolution. C'est un peu le jeu du chat et de la souris de la criminalité. Il y aura donc toujours de nouveaux domaines à explorer. 

Je pense que l'un d'entre eux, dont tout le monde parle depuis peu, est l’intelligence artificielle et la façon dont elle va se croiser avec la cybersécurité. Jusqu'à présent, nous n'avons pas vraiment abordé ce sujet dans l'enquête, mais je pense que c'est un domaine que nous pourrions explorer à l'avenir.  

Annik : Quel serait l'impact de l’intelligence artificielle sur la cybersécurité ? 

Howard : Je pense qu'il y a plusieurs façons de procéder. L'une d'entre elles est que nous constatons qu'un grand nombre de ces incidents de cybersécurité semblent être perpétrés en ciblant des vulnérabilités individuelles. Il s'agit en quelque sorte de piéger les employés pour qu'ils communiquent des informations. Et, vous savez, nous savons que l'intelligence artificielle générative peut être utilisée de cette manière pour essayer de créer quelque chose qui semble légitime alors qu'il ne l'est pas vraiment. Je pense donc que c'est un bon exemple de la façon dont l'intelligence artificielle pourrait être utilisée par les acteurs de la menace pour exécuter certains de ces incidents.  

Annik : Vous venez d’écouter Hé-coutez bien ! Merci à notre invité, Howard Bilodeau. 

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter l’article « L’incidence du cybercrime sur les entreprises canadiennes, 2023 » sur le site web de Statistique Canada.

Vous pouvez vous abonner à cette émission partout où vous recevez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers! Si vous avez aimez cette émission, la meilleure chose que vous puissiez faire pour la soutenir est de vous abonner, alors n'oubliez pas d'appuyer sur le bouton « Suivre » si ce n'est déjà fait. Merci !

Sources

Le Quotidien — Enquête canadienne sur l'utilisation d'Internet, 2022

Le Quotidien — L'incidence du cybercrime sur les entreprises canadiennes, 2023

Hé-coutez bien! Épisode 21 - L’intelligence artificielle va-t-elle voler votre emploi?

Date de diffusion : le 17 octobre, 2024

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2816-2250

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

L'intelligence artificielle est là et elle ne va pas disparaître. Des applications telles que ChatGPT nous permettent désormais d'effectuer des tâches complexes en cliquant sur un bouton.

À mesure que nous commençons à utiliser ces nouvelles versions de l'IA, nos emplois sont destinés à changer. À quoi ressemblera une journée de travail moyenne dans dix ans? Quels sont les emplois sur lesquels l'IA aura le plus d'impact ? Et l'IA est-elle sur le point de remplacer complètement nos emplois?

Dans cet épisode, nous avons rencontré l'expert en IA Tahsin Mehdi, économiste à la division de l'analyse sociale et de la modélisation de Statistique Canada, pour répondre à nos questions sur la façon dont l'IA transformera notre vie professionnelle au Canada.

Animatrice

Annik Lepage

Invité

Tahsin Mehdi (Narration par Yves Gilbert)

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 21 - L’intelligence artificielle va-t-elle voler votre emploi? - Transcription

Transcription

Annik : Bonjour, pourriez-vous vous présenter avec votre nom et vote fonction.

Tahsin : Mon nom est Tahsin Mehdi et je suis économiste de recherche à Statistique Canada.

Annik : Qu'entendons-nous par intelligence artificielle ou IA et pourquoi est-ce que tout le monde en parle?

Tahsin : L'intelligence artificielle désigne la théorie et le développement de systèmes informatiques capable d'effectuer des tâches nécessitant normalement l'intelligence humaine.

En d'autres mots il s'agit de la capacité d'un ordinateur ou d'une machine à imiter l'interaction, la prise de décision et le processus de réflexion humain. Le terme automatisation est peut-être familier, mais l'IA n'est pas exactement la même chose que l'automatisation et donc c'est important de faire la distinction entre les deux concepts.

L'automatisation est l'utilisation de la technologie pour effectuer des tâches simples, routinières et non cognitives et l'IA est l'utilisation de la technologie pour effectuer des tâches complexes et non routinière et cognitives. Ce qui distingue L'IA c'est qu'elle peut être entraînée sur de grandes quantités de données, ce qui lui permet d'apprendre, de s'améliorer et de s'adapter au fil du temps.

Annik : Selon vous, combien de travailleurs pourraient être affectés par l'IA et quelles sont les différentes façons dont ils pourraient l'être?

Tahsin : L'IA se développe très rapidement. Nous ne savons donc pas vraiment quelle sera sa puissance à l'avenir.

Nous ne savons pas non plus comment les travailleurs, les entreprises et même les gouvernements pourraient réagir ou s'adapter à l'IA mais une étude récente de Statistique Canada apporte un éclairage sur les effets possibles de l'IA sur le marché du travail canadien.

Cette étude particulière est basée sur une méthode développée par la recherche universitaire ainsi que par le Fonds monétaire international.

Cette méthode est appliquée aux données canadiennes en combinant les données du recensement de 2021 sur les travailleurs avec les données d'un site web américain appelé Occupation information Network.

La méthode utilisée dans cette étude permet de mesurer dans quelles mesures différents emplois peuvent être exposés à l'IA. Les résultats montrent qu'environ 60 % de la main d'oeuvre canadienne pourraient occuper des emplois fortement exposés à l'IA.

Aussi, ce qui est vraiment intéressant, c'est que contrairement aux vagues de transformation technologique du passé qui touchaient principalement les travailleurs peu instruits qui effectuaient des tâches routinières l'IA est plus susceptible d'affecter les travailleurs plus instruits qui effectuent des tâches cognitives, car contrairement à l'automatisation, l'IA ne se limite pas à l'exécution de tâches répétitives.

Par le passé, les travailleurs des chaînes de montage et de l'industrie étaient donc les plus touchés, mais maintenant avec l'IA les emplois nécessitant une formation supérieure comme des technologies de l'information, l'éducation, les soins de santé, les affaires, l'ingénierie, pourraient également être touchés.

Cependant, un emploi fortement exposé à l'IA ne veut pas dire qu'Il y aura nécessairement un risque plus élevé de perte d'emploi, au minimum cela pourrait signifier un certain degré de transformation de l'emploi.

Lorsqu'on pense à l'automatisation ou à l'IA on imagine souvent des robots et des machines qui prendraient le relais de nos emplois mais on oublie que les nouvelles technologies pourraient également profiter à certains emplois. Par exemple avec l'invention d'ordinateurs numérique, c'est vrai que les ordinateurs ont remplacé certains emplois, mais ils ont également créé des emplois liés à la technologie numérique. Alors, même si 60 % des travailleurs pourraient être fortement exposés à l'IA, environ la moitié de ces 60 % occupent des emplois qui pourraient être très complémentaires, par exemple, les enseignants, les infirmières, les médecins et les ingénieurs. En général, ces emplois nécessitent un degré élevé de compétence en communication. Certains de ces emplois impliquent également d'assumer la responsabilité d'autres personnes. Par exemple, les médecins prennent constamment des décisions importantes sur la santé d'autres personnes. L'IA peut être utilisé par les médecins pour les aider à diagnostiquer des maladies et à pratiquer des opérations chirurgicales mais en fin de compte, la supervision humaine sera toujours nécessaire dans ces emplois où la marge d'erreur est si faible. Les enseignants peuvent aussi utiliser l'IA pour les aider à créer des plans de cours et du contenu personnalisé pour les élèves en fonction des styles d'apprentissage individuel.

Et l'autre moitié de ces 60 % de travailleurs fortement exposés à l'IA occupent des emplois qui pourraient être moins complémentaires avec l'IA ce qui signifie qu'il est possible qu'une part relativement plus importante de leur tâche quotidienne soit remplacée par l'IA dans le futur. Il peut s'agir d'emplois dans le commerce, la finance et l'informatique et bien d'autres mais cela ne signifie pas nécessairement que ces emplois disparaîtront. Cela pourrait simplement signifier que l'IA pourrait changer la nature de leur travail et de leur tâche quotidienne et peut-être les libérer pour effectuer un nouvel ensemble de tâches comme la supervision et la maintenance de l'infrastructure.

Nous devons toutefois garder à l'esprit que ces résultats comportent de grandes réserves. Une exposition relativement plus élevée à l'IA n'implique pas nécessairement un risque plus élevé des pertes d'emploi. Les entreprises ne remplaceront peut-être pas les travailleurs humains par l'IA même si cela est technologiquement possible en raison de contraintes financières. Les estimations reflètent une vision étroite de l'IA qui inclut l'IA générative comme ChatGPT mais elles ne tiennent pas compte de l'IA plus avancée.

Les capacités de l'IA vont se développer et les tâches que nous effectuons dans le cadre de notre travail pourraient évoluer au fil du temps. Les individus et les entreprises s'adapteront différemment aux changements.

Annik : Dans notre dernier épisode on a discuté du fait que le Canada a un problème de productivité. L'IA pourrait-elle être ce qu'il nous faut au Canada pour stimuler la productivité?

Tahsin : La croissance, la productivité du Canada, en particulier de la productivité du travail est depuis un certain temps derrière les pays comparables comme les États-Unis.

Naturellement, de nombreuses personnes se demandent si l'IA peut être considérée comme une nouvelle forme de capital, peut être une force positive pour stimuler la productivité. C'est certainement possible que l'IA ait des répercussions profondes sur la productivité et par extension sur le revenu des gens Mais il n'y a pas de réponse simple. Il n'y a pas de consensus clair sur la façon dont l'IA pourrait affecter la productivité. Certains analystes qualifient l'IA de révolution industrielle et la comparent à l'invention de l'ordinateur mais d'autres analystes affirment que la bulle de l'IA pourrait éclater et que l'IA est tout simplement surfaite et qu'elle pourrait ne pas entraîner d'augmentation significative de la productivité.

Nous n'avons pas encore une vue d'ensemble de la situation, car l'adoption de l'IA par les entreprises canadiennes en est encore à ses débuts, moins d'un dizième d'entre elles déclarent utiliser celle-ci. Nous devons également nous rappeler que notre croissance de la productivité dépend en partie de la performance des autres pays. L'IA pourrait avoir des impacts différents sur différentes économies, car les taux d'adoption varieront sans aucun doute à travers le monde. Par exemple, le boom informatique a entraîné une croissance considérable aux États-Unis pendant les années 90, mais son effet était moins prononcé dans d'autres pays et on pourrait donc se retrouver dans une situation similaire avec l'IA.

Alors, même si l'IA n'a pas d'impact sur la productivité globale, elle pourrait quand même avoir des effets distributifs sur certains segments d'économie en bénéficiant certains plus que d'autres.

Annik : D'accord. On a étudié une autre question récemment, celle du changement climatique. Selon vous, qu'en est-il du changement climatique et des emplois durables?

Tahsin : L'IA a l'opportunité de jouer un rôle essentiel non seulement dans l'économie, mais aussi dans les questions sociétales et environnementales, comme le changement climatique. Par exemple, l'IA pourrait être capable d'optimiser les pratiques agricoles en analysant les données sur les sols, la météo, les cultures, pour recommander les meilleurs moments pour planter, irriguer, récolter et ainsi de suite.

Cela peut potentiellement conduire à une utilisation plus efficace des ressources et à une réduction des émissions de gaz à effet de serre. L'IA peut également analyser de grands ensembles de données provenant de satellites pour surveiller la déforestation, la fonte de la calotte glacière et d'autres changements environnementaux.

Elle peut également aider à prédire les tendances climatiques futures, ce qui aiderait les gouvernements et les organisations à réagir aux événements liés au climat. Il faut garder à l'esprit que les algorithmes à grande échelle peuvent être très gourmands en puissance et en énergie. Donc, même si l'IA offre de nombreux avantages potentiels pour atténuer l'impact du changement climatique, elle nécessite également une réflexion approfondie sur sa propre consommation d'énergie pour assurer qu'elle contribue positivement aux efforts de durabilité.

Une autre question intéressante liée aux changements climatiques est de savoir si l'IA peut créer des emplois et favoriser le développement d'emplois durables en accélérant l'innovation dans des domaines liés aux panneaux solaires et d'autres sources d'énergie propre. C'est possible, mais comme elle est encore à ses débuts, nous ne savons pas encore quel sera l'impact net sur l'emploi.

Annik : le dernier type de problème que je vais vous lancer est celui de l'inégalité des revenus. Comment l'IA peut-elle nous aider dans ce domaine?

Tahsin; Oui là, je pense qu'on a peut-être une meilleure idée. Dans le passé, l'automatisation touchait principalement les travailleurs les moins instruits et les moins bien payés, mais l'IA pourrait être différente car elle est plus susceptible d'affecter les travailleurs les plus instruits qui gagnent également plus.

Cependant, les travailleurs les plus instruits et les mieux payés sont également plus susceptibles d'occuper des emplois très complémentaires à l'IA. Ainsi, si quelques travailleurs situés au haut de l'échelle des revenus récoltent les effets positifs de l'IA et augmentent leur potentiel de revenu, cela peut éventuellement accroître les inégalités de revenu si la croissance des salaires reste stagnante en bas de l'échelle.

De plus, si seuls quelques entreprises adoptent l'IA et sont en mesure de conquérir une plus grande part du marché, en conséquence des revenus du capital pourraient être concentrés entre quelques individus et les actionnaires, ce qui pourrait également accroître les inégalités de revenus et de richesse

Annik : Je comprends. Donc, en ce qui concerne l'avenir, évidemment, vous n'avez pas de boule de cristal, mais on peut quand même faire de notre mieux pour essayer de deviner. Donc, les nouvelles technologies bouleversent constamment notre façon de travailler.

Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'emplois qui n'existent plus à cause des nouvelles technologies. On s'est amusé si à parcourir les ces exemples et à trouver des emplois intéressants qui existent plus, comme les conducteurs de calèche, les opérateurs d'ascenseur, les conducteurs de Pony express, les scribes, les crieurs publics, les allumeurs de réverbères. Ou en est, selon vous, l'échelle potentielle de l'IA si vous deviez classer les technologies perturbatrices d'une manière générale, quelle est l'importance de l'IA à l'heure actuelle? Et si vous pouviez réfléchir à son potentiel futur?Qu'en pensez-vous?

Tahsin : Pour l'instant, l'IA en est encore à ses débuts et les entreprises commencent seulement à l'utiliser. L'IA peut certainement être une force disruptive et a également le potentiel d'être révolutionnaire dans certains secteurs comme l'éducation et la santé. Elle peut façonner l'avenir de manière à la fois prometteuse et stimulante et je dirais qu'elle a déjà suscité beaucoup d'enthousiasme en même temps qu'elle suscite des inquiétudes. Alors ce mélange d'opportunité et d'incertitude continuera d'être au centre des discussions dans le monde de la technologie des affaires et au-delà. À l'heure actuelle, lorsque la plupart des gens pensent à l'IA, ils pensent probablement à l'IA générative comme Chat GPT qui a un système qui prend vos entrées et vous répond, il ne s'agit cependant que d'un type. À l'avenir il pourrait y avoir d'autres types d'IA comme l'IA général, qui est une forme plus avancée d'IA capable de penser et d'agir de manière autonome, sans intervention humaine.

Alors à l'avenir, l'IA facilitera-t-elle notre vie? Notre travail? Aurons-nous tous des voitures autonomes? On ne sait pas. Ce que nous pouvons faire, c'est de continuer à suivre l'adoption de l'IA et son potentiel sur les travailleurs, les entreprises, l'environnement, mais seul le temps nous dira quel sera son impact.

Annik : Pour beaucoup d'entre nous, notre travail représente une partie importante de notre identité alors que l'IA est de plus en plus capable de prendre en charge une part croissante de nos tâches professionnelles. Pensez-vous que nous perdrons ce sentiment d'appartenance à notre travail ou est ce qu'il s'agit simplement de s'adapter et de trouver un sens à ce paysage émergent de l'IA?

Tahsin : L'IA pourrait avoir un impact considérable sur la mesure dans laquelle les travailleurs trouvent leur travail significatif. Et pour vous donner un exemple concret, prenons les chercheurs comme moi. Les chercheurs peuvent passer beaucoup de temps à réfléchir aux questions de recherche, à découvrir ce qui existe déjà et à rassembler des sources de données potentielles.

Ces tâches peuvent nécessiter une bonne dose de créativité, mais si quelque chose comme chat gpt devait devenir meilleur que nous dans ces tâches et finalement prendre le relais de cet aspect de la recherche certains chercheurs qui valorisent ce processus créatif pourraient trouver leur travail moins significatif tandis que d'autres pourraient accueillir ce changement avec plaisir, car cela pourrait potentiellement leur faire gagner du temps et ils pourraient se concentrer sur d'autres tâches,

Annik : Comment les systèmes éducatifs peuvent-ils s'adapter pour préparer les étudiants et les futurs travaillants à un marché du travail axé sur l'IA?

Tahsin : Je dirais qu'une éducation centrée sur les compétences générales est essentielle. L'IA peut effectuer de nombreuses tâches techniques, mais des compétences comme la communication, la résolution de problèmes, l'intelligence émotionnelle, l'adaptabilité sont plus difficiles à reproduire pour les machines. La littératie numérique demeure importante. Évidemment, l'IA devient de plus en plus performante dans l'écriture de code et dans d'autres tâches que nous pourrions effectuer sur un ordinateur, mais elle est toujours susceptible de faire des erreurs et donc, il est de plus en plus important, de comprendre les bases de la technologie numérique, son rôle dans la société et d'apprendre à considérer d'un point de vue critique. Le rythme rapide des changements technologiques signifie que l'apprentissage peut être important après l'éducation formelle, que ce soit sur le lieu du travail ou dans le système scolaire formel. En fait, il est essentiel que les étudiants, comme tout le monde, apprennent les implications éthiques de l'IA. Apprendre à utiliser l'IA de manière responsable est donc une compétence en soi.

Annik : Pourquoi est-ce que les résultats de cette étude sont importants?

Tahsin : L'IA pourrait être le prochain grand perturbateur du marché du travail, même si nous ne pouvons pas prédire les effets de l'IA dans le futur, il est important de fournir une vue courante de l'IA afin de pouvoir éclairer les discussions liées à des sujets tel que la planification de carrière.

Annik : merci beaucoup, Tahsin, d'avoir partagé votre expertise avec nous.

Tahsin : Tout le plaisir était le mien. Merci.

Annik : Vous venez d'écouter Hé-coutez bien!

Vous pouvez vous abonner à cette émission à partir de n'importe lequel des sites où vous obtenez habituellement vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission, n'hésitez surtout pas à la noter, à la commenter et à vous y abonner. Merci de nous avoir écouté!

Si vous vous intéressez à l'avenir de l'IA et à son impact potentiel sur la main-d'œuvre de demain, consultez l'article publié le 3 septembre intitulé Estimations expérimentales de l'exposition professionnelle potentielle à l'IA au Canada. Un article de suivi a été publié le 25 septembre sous le titre « Exposure to artificial intelligence in Canadian jobs : Experimental estimates. » Vous pouvez trouver les deux articles sur le site web de StatCan.

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Hé-coutez bien! Épisode 20 - Les économistes tirent la sonnette d'alarme sur la productivité

Date de diffusion : le 14 août 2024

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2816-2250

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

La main-d’œuvre du Canada est l’une des plus scolarisées au monde, mais nous avons assisté à une réelle baisse de la productivité des travailleurs au cours des dernières années. Les données trimestrielles publiées par StatCan en juin 2024 confirment que les travailleurs canadiens continuent d’être moins performants que leurs voisins du Sud. Cette constatation ne surprend pas notre invitée Elizabeth Richards, économiste à StatCan. Les plus récents chiffres trimestriels confirment d’ailleurs la baisse continue de la productivité au Canada, que les économistes surveillent depuis des années.

Quels sont donc les facteurs qui ont une incidence sur la productivité des travailleurs? Et en quoi le fait que les Canadiens soient moins productifs est-il important? En fait, qu’est-ce que la productivité? Dans cet épisode, nous avons demandé à  Elizabeth de nous aider à comprendre comment nous en sommes arrivés là et pourquoi les Canadiens devraient s’intéresser à cette question.

Animatrice

Annik Lepage

Invitée

Elizabeth Richards

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 20 - Les économistes tirent la sonnette d'alarme sur la productivité - Transcription

Transcription

  Annik : Bienvenue à Hé-coutez bien! un balado de Statistique Canada où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage. Si vous avez suivi l'actualité économique cette année, il y a de fortes chances que vous ayez entendu dire que le Canada a un problème de productivité. De nombreux médias vont même jusqu'à parler d'une véritable situation d'urgence. Au début juin, StatCan a publié les chiffres du premier trimestre pour la productivité du travail en 2024 et ils sont en baisse de 0, 3 %. ce qui s'inscrit dans la tendance à l'affaiblissement que nous observons depuis quelques années.

Ce n'est pas très réjouissant, mais pourquoi cela se produit? Et comment cela affectera-t-il nos vies? Nous connaissons l'impact de l'inflation sur notre vie quotidienne. Une inflation plus élevée signifie des prix plus élevés pour nous, consommateurs à la pompe à l'épicerie et ainsi de suite. C'est assez clair.

Mais qu'en est-il de la productivité? Je comprends que si le travailleur Canadien moyen est moins productif, c'est mauvais pour l'économie, mais que signifie mauvais pour l'économie pour le Canadien moyen? J'ai rencontré Elizabeth Richards, économiste à StatCan, pour approfondir la question.

Elizabeth : Mon nom est Elizabeth Richards.

Je suis directrice et économiste dans la branche de recherche à Statistique Canada.

Annik : Bonjour, Elisabeth. Bienvenue à l'émission.

Elizabeth : Bonjour.

Annik : Alors aujourd'hui, nous allons parler de productivité. Comment définissez- vous ce concept?

Elizabeth : C'est une bonne question. Il y a différentes façons de calculer la productivité. Je dirais que la mesure la plus courante ou la plus populaire, c'est de regarder le PIB par heure travaillée donc le produit intérieur brut par heure travaillée. Puis même comme travailleurs nous-mêmes on peut penser à notre salaire horaire donc notre salaire par heure, ça pourrait être utilisé pour calculer notre contribution au PIB ou à l'économie. Il y a trois façons d'augmenter la productivité du travail qui sont importantes à soulever : la première, c'est l'augmentation des investissements des usines, des machines de l'équipement qu'on a comme travailleurs. La deuxième, c'est une amélioration des compétences des travailleurs. Donc penser à la main d'œuvre, à notre expérience, à notre éducation, ce qu'on apporte au marché du travail. Et la troisième, c'est d'autres facteurs comme l'innovation, la technologie qui peuvent aussi améliorer la productivité.

Annik : Que suggèrent les dernières données sur la productivité au Canada.

Elizabeth : Si on regarde la productivité récemment, on voit une baisse au cours de 12 des 15 derniers trimestres, donc des niveaux plus bas de ce qu'on avait vu avant la pandémie. C'est vraiment une continuation des tendances qu'on observe depuis environ 2014, 2015 où il y a eu une chute très importante, une baisse importante pour les prix de pétrole et de gaz.

Vraiment, on n'a pas vraiment vu de reprise après, surtout dans l'investissement du capital et dans la productivité depuis ce choc économique.

Annik : Comment le Canada se compare-t-il aux autres pays?

Elizabeth : Si on se compare avec les États-Unis, on voit que depuis l'an 2000, la croissance de la productivité aux États-Unis a été deux fois plus importante que celle du Canada puis il y a plusieurs facteurs qui contribuent. Si on regarde l'économie des États-Unis, ils sont très productifs dans des industries de technologie. dans des industries de télécommunications. Ce sont des industries qui sont moins importantes au Canada, au Canada, on a aussi plus de petites entreprises. Les États-Unis ont beaucoup de grandes entreprises qui sont typiquement plus productifs, plus concurrentes que des petites entreprises.

Mais vraiment, un des facteurs importants à souligner c'est cette baisse dans l'investissement du capital qu'on a vu après la chute des prix de pétrole et de gaz en 2014, 2015 donc on n'a vraiment pas vu de reprise dans l'investissement du capital. Donc encore, on pense aux usines, à l'équipement, aux machines, à tout ce que les travailleurs ont pour améliorer soit la quantité de ce qu'ils produisent par heure ou la qualité.

Annik : Pourquoi est-ce que les citoyens moyens devraient s'en préoccuper?

Elizabeth : Comme j'ai mentionné, la productivité est liée à ce qu'on produit par heure ou notre salaire par heure. Donc, si on veut voir des améliorations de la croissance importante dans nos salaires réels dans nos standards de vie, on doit voir plus de productivité comme travailleur

On doit faire plus de travail ou du meilleur travail, voir la qualité s'améliorer. Donc c'est important. Un de mes économistes préféré, Paul Krugman dit : la productivité n'est pas tout, mais à long terme, c'est presque tout, parce que c'est vraiment dans le long terme pour nos standards de vie, c'est important d'améliorer la productivité pour que nos salaires augmentent.

Annik : On parle beaucoup récemment de l'IA, de la réalité virtuelle des programmes robotiques. Comment est-ce que toutes ces technologies, ces nouvelles technologies dont on entend parler affecte potentiellement notre productivité.

Elizabeth : Une très bonne question. Il y a des opportunités importantes pour améliorer la productivité.

Au cours des dernières années, environ 6 % des entreprises canadiennes ont utilisé de l'intelligence artificielle pour produire des biens ou fournir des services. Je pense qu'on est vraiment au début du boom de cette tendance qu'on entend beaucoup parler, mais le potentiel d'amélioration de la productivité est considérable. C'est quelque chose comme bureau national de statistique qu'on doit examiner. On doit vraiment voir l'adoption de comment les entreprises utilisent la technologie et de meilleure comprendre l'impact sur la productivité, puis aussi comment on travaille comme travailleurs et comment les entreprises mènent leurs affaires.

Annik : Donc, dans l'ensemble, ces investissements aideront ils les travailleurs ou est ce qu'ils vont leur nuire?

Elizabeth : Très bonne question et aussi une question que je suis certaine intéresse plusieurs Canadiens. J'ai des collègues dans la branche de recherche qui font du travail très intéressant là-dessus, je peux vous parler de ce qu'on sait, mais encore ça va être un phénomène important pour nous de continuer à surveiller et de comprendre. J'ai un collègue qui a étudié l'impact de l'investissement dans les robots pour les entreprises. Puis contrairement à nos craintes, ce qu'il a trouvé, c'est que les entreprises qui ont acheté plus de robots ont embauché plus de gens après puis ont été beaucoup plus productifs aussi.

C'est certain qu'il y a une évolution dans le type de travailleur dont on a besoin, mais on voit des avantages très importants. J'ai des collègues qui font aussi une recherche qui va être publiée cet automne, puis ça parle de différents emplois ou d'occupation. Parce que la façon dont on va travailler avec l'intelligence artificielle ça dépend vraiment de notre travail, ça dépend vraiment de notre type d'emploi. Puisqu'ils ont trouvé que 40 % de nos emplois au Canada ne sont vraiment pas susceptibles à beaucoup de changements avec l'intelligence artificielle, mais il y en a 60 % qui sont susceptibles dans ce 60 % environ la moitié voient beaucoup d'avantages, beaucoup de complémentarité, ça pourrait rajouter de la valeur aux tâches que les humains font.

Ça pourrait développer de nouvelles tâches de nouvelles occupations. Donc il y a beaucoup d'avantages aussi. Je pense que ça va être important de continuer de regarder l'adoption, puis de comprendre tout ce phénomène, puis comment ça change de la façon dont on travaille.

Annik : Pourquoi ces résultats sont-ils importants?

Elizabeth : La communauté des économistes on pense souvent à la productivité. C'est un indicateur clé qui nous préoccupe. Puis on voit récemment beaucoup plus de préoccupations dans les médias qui s'expliquent par la performance pas aussi forte qu'aux États-Unis. Je pense que c'est important pour les Canadiens de comprendre leur contexte économique, de comprendre comment la productivité pourrait avoir un impact sur leur salaire, leurs niveaux de vie, puis aussi comprendre aussi comme travailleurs, les investissements qu'eux-mêmes peuvent prendre, comme aller chercher plus d'éducation, plus de formation sur la job, de comprendre comment la technologie peut leur aider faire leur travail. Ce sont des aspects qui sont importants

Annik : Et selon toi, quel est le principal enseignement à en tirer?

Elizabeth : Généralement ce que je dirais, c'est qu'on voit que les entreprises canadiennes innovent, mais on ne voit pas comment ces innovations se traduisent en une croissance de la productivité. Donc, vraiment, il va y avoir beaucoup d'attention dans la communauté des politiques publiques pour les Canadiens de comprendre mieux comment est-ce qu'on peut stimuler l'investissement des entreprises pour stimuler la productivité. Comment est-ce qu'on peut encourager les travailleurs et les entreprises à être ouvert à la technologie, à trouver de nouvelles façons de travailler, puis vraiment d'évoluer avec la technologie. C'est toutes des choses qui vont nous aider à investir dans la productivité au Canada.

Annik : Puis si on voudrait en savoir plus sur le sujet où est-ce qu'on peut aller?

Elizabeth : Absolument, sur le site web de Statistique Canada a plein de recherches, plein de données sur les entreprises d'adoption de la technologie et beaucoup à venir.

Annik : Merci beaucoup, Elizabeth.

Elizabeth : Ça me fait plaisir.

Annik : Vous venez d'écouter Hé-coutez bien! Merci à notre invitée, Elizabeth Richards. Vous pouvez vous abonner à cette émission partout où vous recevez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission n'hésitez pas à la noter, à la commenter et à vous abonner.

Et merci de nous avoir écouté!

Hé-coutez bien! Épisode 19 - Pas facile d'être écolo!

Date de diffusion : le 6 juin 2024

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2816-2250

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

Nous pouvons faire de notre mieux, mais il n'est pas toujours facile de savoir ce qui est le mieux pour l'environnement. Notre monde est fort complexe et être vert ne se résume pas à réduire, réutiliser et recycler, bien qu'il s'agisse d'un bon point de départ!

Pour reprendre les mots immortels de Kermit la grenouille, « ce n'est pas facile d'être vert ».

C'est le thème que nous explorons dans cet épisode, divisé en deux segments. Dans le premier segment, que nous avons réalisé à l'interne, nous discutons de la mesure dans laquelle notre monde numérique est réellement vert. Dans le second, qui est tiré du balado Simply Science, nous découvrons le monde fabuleux des forêts urbaines.

Animatrice

Annik Lepage

Invités

Éric Rancourt, Gerry McGovern (Narration: Yves Gilbert)

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 19 - Pas facile d'être écolo! - Transcription

Transcription

Annik : Bienvenue à Hé-coutez bien!, un balado de Statistique Canada où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage.

Avez-vous remarqué qu'on peut faire de notre mieux pour être attentionné et faire la bonne chose, mais il est difficile, même impossible, de connaître l'impact total de nos actions, bonnes ou mauvaises.

C'est ce que je pense du climat. Il peut être difficile de saisir l'impact de nos actions, même lorsqu'on fait de notre mieux pour minimiser notre empreinte écologique.

Quelqu'un peut devenir végétarien, mais le coût en carbone de son repas, si l'on tient compte de la distance parcourue depuis la ferme jusqu'à l'assiette, l'emporte sur le cheeseburger cultivé par son voisin.

Pour éviter les tasses en plastique à usage unique, on peut acheter un gobelet à la mode qui gardera les boissons glacées pendant des heures et des heures, mais que se passera-t-il lorsque cette mode sera passée et que tous ces gobelets finiront dans une décharge?

Une personne pourrait faire le choix apparemment écolo de ne pas imprimer ce gros document au travail, mais dans quelle mesure ce choix est-il écologique après tout s'il s'agit d'un document dont elle a souvent besoin et qu'elle doit maintenant démarrer son ordinateur portable à chaque fois qu'elle veut y accéder?

Hmmm… Pas facile d'être écolo.

Nous avons deux histoires pour vous aujourd'hui, un double reportage si vous voulez, toutes deux sur le thème Pas facile d'être écolo. Nous commencerons par une histoire que nous avons faite nous-mêmes et ensuite nous aurons une histoire de l'équipe de La science simplifiée à Ressources Naturelles Canada qui, je pense, vous plaira beaucoup.

Pour revenir sur le dernier exemple que je vous ai donné, jusqu'à très récemment, j'ai toujours pensé qu'au lieu d'imprimer des documents, je les sauvegarderais sur mon ordinateur. S'il s'agit d'un document dont j'ai besoin lorsque je suis en déplacement, je l'enregistre sur mon petit bout de nuage et j'y accède sur ma tablette! J'ai toujours pensé qu'il s'agissait d'un choix responsable et écologique... mais d'après notre prochain invité, je devrais peut-être revoir certaines de mes hypothèses.

Gerry : Bonjour, je m'appelle Gerry McGovern et je suis l'auteur du livre intitulé World Wide Waste.

Annik : Comment avez-vous commencé à vous intéresser à l'aspect écologique du monde numérique?

Gerry : Je pense avoir été inspiré par les jeunes, par la génération de Greta Thunberg. J'arrivais presque à la fin de ma carrière dans l'industrie de la technologie et je me suis dit que je pourrais peut-être apporter une contribution positive en matière d'environnement dans ce domaine. Mais je ne pensais pas qu'il y aurait beaucoup de travail à faire, parce que j'ai grandi avec l'idée selon laquelle le numérique est intangible, entre autres, et qu'il est positif pour l'environnement. J'ai donc cru que ma contribution allait être très brève et que je n'allais pas trouver grand-chose à changer pour améliorer la situation environnementale. Mais c'est plutôt un travail de très longue haleine qui m'attendait, et les surprises, pour la plupart mauvaises, se sont multipliées.

Annik : Il n'est pas le seul à avoir grandi avec le sentiment que le numérique est intangible. Pour moi, la technologie d'aujourd'hui ressemble à de la magie. Je ne sais pas si je ne le savais pas exactement ou si je n'y avais jamais pensé, mais l'internet... doit exister physiquement dans l'espace, quelque part.

Et cet espace physique, ce sont les centres de données : des bâtiments massifs qui abritent les systèmes informatiques qui font fonctionner l'internet.

Gerry : ces centres de données font la taille de plusieurs terrains de football remplis de milliers, de millions d'ordinateurs qui fonctionnent 24 heures sur 24, stockant et traitant des données, consommant d'énormes quantités d'électricité.

Annik : Quelles sont les conséquences de ces centres de données pour l'environnement?

Gerry : Il y a le réchauffement climatique, qui est déterminé par la consommation d'électricité. Ils affirment assurer la durabilité, mais comme la croissance se fait à un rythme phénoménal, ils provoquent une augmentation de la consommation de charbon et une hausse massive de la consommation de gaz naturel, entre autres. On est censés réduire la consommation de pétrole d'ici 2030, mais elle augmentera plutôt de 10 %. En raison de toute l'énergie durable qui entre sur le réseau, ce dernier n'est pas en mesure de s'adapter à la croissance phénoménale qui se produit dans les secteurs économiques, croissance en grande partie attribuable à l'intelligence artificielle et aux centres de données.

Il y a également la crise mondiale de l'eau. D'ici 20 ou 30 ans, peut-être, la moitié des habitants de la planète manquera d'eau potable. De nombreux centres de données sont établis dans des pays qui connaissent des problèmes d'approvisionnement en eau. On utilise donc l'eau de manière insouciante, et on n'utilise pas l'eau de pluie, mais plutôt celle qui se trouve dans les aquifères depuis des milliers ou des millions d'années, et on l'épuise à un rythme effrayant.

Donc, lorsqu'on analyse les crises auxquelles la race humaine est confrontée, on ne peut pas s'arrêter au CO2 et au réchauffement climatique. Neuf principaux facteurs contribuent à la catastrophe environnementale. Il y a le sol, la biodiversité, les produits chimiques, les plastiques, le phosphore et le nitrogène. Il y a donc de multiples facteurs dans cet environnement. L'eau douce fait partie de ces neuf facteurs, et elle diminue grandement. Mais les demandes en eau douce explosent de la part des centres de données et de l'intelligence artificielle.

Annik : Les données stockées dans ces centres sont-elles au moins importantes?

Gerry : Bien sûr, il y a les données qu'on stocke pour différentes raisons, par exemple à des fins historiques. Il y a toutes sortes de stratégies utilisées, dont le stockage des données fréquemment consultées et le stockage des données rarement consultées, qui peuvent être des milliers de fois moins énergivores et moins polluantes, mais la plupart des organisations ne les utilisent pas. C'est plus facile. L'une des définitions des mégadonnées est qu'il coûte moins cher de stocker les données que de réfléchir à comment les utiliser.

Annik : Je ne pense pas que l'on puisse parler de l'impact des données sur l'environnement sans parler de l'Intelligence artificielle, ou l'IA. Quel est l'impact de l'IA sur l'environnement, et de quelle manière l'aide-t-elle ou l'entrave-t-elle?

Gerry : À l'heure actuelle, chaque point positif de l'IA entraîne cent points négatifs. Les capacités de l'IA sont extraordinaires, voire incroyables à long terme, mais, pour le moment, l'IA n'arrive même pas à dire la vérité.

OpenAI a publié une déclaration. Ils ont récemment affirmé que les faits étaient un domaine de recherche sur lequel ils travaillaient en ce moment. Quel est le but de l'IA sinon de nous fournir des renseignements exacts? Ils ne prétendent même pas pouvoir nous fournir des renseignements exacts. C'est en fait un jouet qui produit quelque chose qui semble intéressant, mais si vous êtes un expert en programmation et que vous posez une question profonde à l'IA, les chances d'obtenir une réponse exacte qui vous sera utile sont d'environ 20 %.

Alors pourquoi l'IA est-elle aussi dommageable? Une recherche réalisée au moyen de l'IA consommera environ 10 fois plus d'énergie qu'une recherche effectuée sur Google. Lorsque vous faites une recherche sur Google, le moteur cherche dans une base de données de fichiers non hiérarchiques, une archive ou un index. C'est comme une page déjà préparée, donc la recherche nécessite beaucoup moins d'énergie. En revanche, une recherche réalisée au moyen de l'IA utilise davantage une base de données et lance des activités de traitement et d'interrogation. Notre façon de gérer la technologie est très immature.

J'ai fait mon entrée dans l'industrie dans les années 1990 sur le Web, et il fallait avoir un site Web, mais on ne s'est pas vraiment penchés sur la nécessité d'avoir un site Web. Ensuite il fallait une application, puis un robot conversationnel, puis l'IA. On doit réfléchir davantage et se demander si tout ça est utile. En a-t-on vraiment besoin? La majorité des environnements de données seraient cent fois mieux si on prenait d'abord le temps de nettoyer les données. On n'aurait jamais connu les problèmes qu'on connaît actuellement en matière de stockage, par exemple.

À un moment donné, il faut que des gestionnaires fassent preuve de jugement et posent de sérieuses questions. Ce n'est pas parce que c'est une innovation que c'est une amélioration.

Annik : Ce n'est pas parce que tu peux que tu dois le faire.

Gerry : Exactement.

Annik : Nous devons nous demander si ces données valent la peine d'être collectées? De les conserver? Pendant combien de temps?

Sur mon téléphone, j'ai une vidéo de mes parents qui dansent ensemble pour célébrer leur 50e anniversaire de mariage. C'est une donnée sentimentale qui vaut la peine d'être conservée et stockée. À l'inverse, je n'ai pas besoin de 70 photos presque identiques de mon chat, même s'il est très mignon, quand une seule photo suffit.

Il s'agit là de micro-exemples au niveau personnel et individuel. Mais il ne s'agit pas d'une question individuelle. Les organisations, les entreprises, les gouvernements traitent de quantités massives de données, plus que jamais auparavant.

StatCan en sait beaucoup sur la gestion des données, alors faisons entrer quelqu'un de nouveau dans la conversation. De qui s'agit-il?

 Eric : Eric Rancourt, statisticien en chef adjoint, gestion stratégique des données, méthode et analyse. Je suis aussi gestionnaire principal des données à Statistique Canada.

Annik : Alors, on vient d'apprendre que les données et le monde numérique ont un coût. Est-ce que c'est le tableau complet?

Eric : Non, en fait, il faut regarder aussi la production d'informations qu'on offre pour les Canadiens. Il y a toute une série d'informations qui permettent de prendre des décisions et si on n'a pas ça, on n'a pas toute l'information.

Annik : Au cas où il serait nécessaire de le dire, la solution à la surabondance, au débordement et à l'excès de données n'est pas de rassembler tous les disques durs et de les jeter dans un feu de camp.

Les données sont des informations et l'information est puissante.  Étant donné que vous écoutez un balado de StatCan, je ne pense pas que vous ayez besoin d'être convaincu de l'importance des données.  Mais les données ne sont pas seulement nécessaires au fonctionnement de notre société. Elles sont également nécessaires pour l'environnement.

Eric : En fait, il y a beaucoup d'informations qu'on peut produire maintenant grâce à l'intelligence artificielle, de l'information qu'on ne pouvait pas produire auparavant. Ça nous permet de limiter la duplication qu'il peut y avoir entre les différentes sources de données au Canada et à Statistique Canada.

Ça nous permet aussi d'intégrer l'information de nouvelles façons qu'on ne pouvait pas avant. Donc, vu qu'on peut intégrer, qu'on peut éviter la duplication, ça permet d'augmenter l'efficacité. Puis, ce faisant, il y a moins d'impact sur l'environnement.

Annik : Pouvez-vous me donner les grandes lignes du recensement de l'environnement

Comment le recensement de l'environnement considère-t-il le monde naturel différemment du PIB, soit le produit intérieur brut?

Eric : Oui, en fait, si on commence avec le PIB, le produit intérieur brut, ça mesure les interactions que les Canadiens ont entre eux, ça mesure les interactions que les entreprises ont et… Si on regarde, par exemple, la nature, à mesure qu'on coupe des arbres, qu'on détruit des arbres, ça fait de la production économique, mais ça détruit les arbres.

Avec le recensement de l'environnement, on va pouvoir mesurer quels sont les stocks, quelles sont les quantités, quel est l'état de l'environnement au Canada, si on regarde du point de vue des forêts, les systèmes hydrauliques, les bassins, on peut regarder l'agriculture. Donc, le recensement va nous donner un portrait beaucoup plus complet de l'ensemble de l'environnement canadien. À partir de ce moment-là, on va avoir la capacité de mesurer le changement, donc l'impact de l'activité humaine sur l'environnement.

Annik : Il s'agit avant tout d'évaluer les coûts. Les données ont un coût, mais l'absence de données a également un coût. Si vous ne connaissez pas la taille d'une forêt, comment saurez-vous si elle rétrécit?

Pourriez-vous nous parler de la gestion responsable des données?

Eric : Quand on fait la collecte de l'information, quand on fait le traitement de l'information, on veut toujours s'assurer que ce soit responsable. Et ça, ça veut dire que si on pense aux biens publics, on veut avoir une approche qui est proportionnelle en termes d'efforts pour ne pas aller chercher plus d'informations que ce qui est requis.

Selon la loi sur la statistique et dans la pratique on vise à éviter la duplication d'informations dans l'ensemble de l'appareil statistique puis aussi on veut s'assurer de produire des données intégrées donc en faisant tout ça on s'assure de produire de l'information qui soit juste mais en même temps efficace en évitant la prolifération des ensembles de données donc quand on fait ça, directement et indirectement, on protège l'environnement.

Annik : J'ai posé la même question à Gerry. Pourriez-vous nous parler de la gestion responsable des données?

Gerry : Il faut d'abord se questionner sur la nécessité de recueillir les données. La première question à se poser est, comme vous l'avez dit, juste parce que nous le pouvons… On a aujourd'hui des capacités qu'on n'a jamais eues, donc il faut se questionner à savoir si on a réellement besoin de ça ou si on en a besoin pour telle ou telle chose, à tel ou tel niveau.

Il ne s'agit pas uniquement de la quantité ou du type de données, mais de l'ampleur du besoin de recueillir les données. Il faut commencer par se demander si on a vraiment besoin de recueillir les données en question. Ensuite, il faut déterminer la quantité minimale de données à recueillir et la période minimale de temps pendant laquelle on doit les stocker et, enfin, la vitesse à laquelle on peut les archiver et, ultimement, les supprimer.

Si vous êtes un archiviste professionnel, historiquement, les archivistes professionnels conservent de 2 % à 5 % de l'ensemble des données. Si vous en conservez trop, vous ne pouvez pas utiliser les archives. Le travail de l'archiviste est donc de déterminer les choses vraiment importantes.

Voilà l'ironie des sociétés futures. En fait, dans cent ans, il y aura probablement moins de choses disponibles pour 2020 que pour 1920, parce qu'on a conservé beaucoup de choses, mais sur des supports instables. Les lecteurs de disque dur et même les cassettes sont beaucoup moins stables à long terme que le papier. Alors, voilà l'ironie. On n'a jamais créé autant de données, mais historiquement parlant, il y aura probablement moins de données sur nous. Aussi, l'IA aura probablement réécrit l'histoire 10 millions de fois, et ça, c'est un autre problème de l'IA, c'est-à-dire sa capacité à retourner dans le temps et à réécrire l'histoire.

Je pense qu'on a besoin de personnes qui font preuve de jugement, et non de personnes qui mettent l'accent sur l'intelligence. C'est l'intelligence qui est à l'origine du problème dans lequel on se trouve, mais le bon sens nous en sortira. On a besoin de parents qui font preuve de jugement. On a besoin de gestionnaires qui font preuve de jugement. Et faire preuve de jugement, c'est de savoir que ce n'est pas parce qu'on peut le faire qu'on doit le faire.

Annik : Si quelqu'un souhaite en savoir plus sur votre travail, où doit-il aller?

Gerry : Vous pouvez consulter mon site Web principal à gerrymcgovern.com. Le livre, le dernier que j'ai écrit sur ces enjeux, s'intitule World Wide Waste.

Annik : Et bien sûr, vous pouvez en savoir plus sur le Recensement de l'environnement sur le site Web de StatCan. Nos invités étaient Gerry McGovern et Eric Rancourt, merci à tous les deux d'avoir partagé votre expertise !

Notre prochain épisode nous vient de l'équipe du podcast La science simplifiée de Ressources naturelles Canada. Je passe le micro à Joel Houle.

Joël Houle : Les forêts urbaines sont fascinantes. Les arbres dans les villes et les localités ne font pas qu'embellir le paysage. Ils améliorent la qualité de l'air, font baisser le mercure et fournissent un écosystème essentiel à un grand nombre d'animaux. La gestion d'une forêt urbaine est complexe. Planter le bon arbre au bon endroit semble assez simple, mais il y a beaucoup de facteurs qui entrent en ligne de compte. Nous avons communiqué avec deux experts du Service canadien des forêts pour discuter de la gestion des forêts urbaines. Bonne écoute.

Bienvenue à ce nouvel épisode de La science simplifiée, le balado qui vous parle de l'excellent travail scientifique que font nos experts à Ressources naturelles Canada. Je m'appelle Joël Houle. Nous avons préparé un épisode incroyable pour vous. Nous découvrirons le monde fascinant des forêts urbaines et le rôle fondamental qu'elles jouent dans la transformation des jungles de béton en milieu de vie vibrant et verdoyant.

Accueillons maintenant nos invités pour discuter des forêts urbaines.

Nous avons avec nous aujourd'hui Sarah Yoga et Christian Couture. Sarah et Christian, ça va bien.

Christian Couture : Ça va bien, et vous-même?

Joël : Très bien. Merci.

Sarah Yoga : Bonjour.

Joël : Bonjour. Est-ce qu'on peut commencer par apprendre à vous connaître? Sarah, est-ce que tu peux nous parler de toi?

Sarah : Oui. Bonjour. Je m'appelle Sarah Yoga. Je suis analyste de politiques à Ressources naturelles Canada. Je travaille au Service canadien des forêts au sein de l'Unité de foresterie urbaine. Comme le nom l'indique, je couvre, avec mon équipe, différentes thématiques qui reposent sur la foresterie urbaine.

Christian : Bonjour, je m'appelle Christian Couture. J'ai travaillé plus de dix ans au Service canadien des forêts. Maintenant, je viens à titre de professionnel de politique publique, puisque je suis maintenant à l'emploi d'Infrastructure Canada.

Joël : Super. Merci beaucoup. Le terme forêt urbaine, pour moi, c'est une sorte de paradoxe qui prête un peu à confusion. Qu'entend-on par forêt urbaine?

Christian : On peut prendre différentes perspectives. C'est un terme, un concept qui peut être flexible selon les organisations et selon la perspective qu'on prend. Si on veut être simple, on peut dire c'est le couvert forestier au sein d'un territoire, d'une municipalité, d'une MRC (municipalité régionale de comté), d'une autorité régionale ou quoi que ce soit. Si on veut parler de forêt périurbaine, ça peut inclure les arbres, ça peut inclure les arbustes, les parcs urbains, les arbres sur les terrains privés et institutionnels qui appartiennent au gouvernement ou à un organisme public. Évidemment, la FAO, la Food and Agriculture Organization des Nations Unies, peut avoir une définition. Les différents gouvernements étrangers, les différentes juridictions peuvent avoir aussi une définition qui leur est propre. C'est comme ça qu'on peut approcher ça. Sarah, est-ce que tu as des vues sur la définition?

Sarah : Oui. Effectivement, quand on parle en fait d'un milieu urbain, on va sûrement penser aux buildings, on va sûrement penser aux voitures, on va sûrement penser aux routes, mais les arbres, ils ont aussi leur place au sein de notre environnement urbain et un rôle à jouer. Lorsque l'on parle de foresterie urbaine, on peut penser à tous les arbres, donc les arbres le long des routes, le long des chemins, les arbres dans les parcs, les arbres dans les espaces naturels qui se trouvent donc au sein d'une ville, d'un village et aux alentours. Tout ça est désigné par le terme foresterie urbaine. Aussi, lorsque l'on parle de foresterie urbaine, il faut aussi inclure un plan de gestion ou un plan d'entretien, un plan de conservation de ces arbres.

Joël : Pourquoi les forêts urbaines sont-elles si importantes?

Sarah : C'est une très bonne question. Les forêts urbaines sont très importantes parce que déjà, elles façonnent notre environnement et aussi l'on peut tirer différents bénéfices de ces forêts. Par exemple, les arbres ont la capacité d'absorber le carbone ou encore d'absorber d'autres particules dans l'atmosphère, ce qui permet de purifier l'air. Ça permet également de diminuer la température. Aussi, la forme des arbres ou leur composition nous permet d'avoir des avantages en termes d'ombrage. C'est quelque chose que nous apprécions fort pendant l'été.

Les arbres créent également de l'emploi. Nous pouvons penser à tous les métiers au niveau de l'arboriculture, tous les professionnels qui permettent de couper, de tailler, d'améliorer les arbres. Les arbres aussi, en forêt, contribuent à la biodiversité. Il y a certaines espèces faunistiques et floristiques qui cohabitent avec les arbres, qui coexistent avec les arbres. Avoir des arbres en milieu urbain permet de rapporter cette biodiversité à notre portée.

Christian : Je peux compléter. C'est vrai que lorsqu'on parle de l'importance des forêts urbaines au Canada, au Québec, en Ontario, entre les provinces, il faut aller au-delà de la considération esthétique. Évidemment, c'est beau un arbre sur un terrain d'une maison, un arbre majestueux qui surplombe la maison et le voisinage. Comme Sarah le dit, les forêts urbaines ou les couverts forestiers – au sein de territoires, de municipalités ou des autorités régionales, d'administrations régionales – génèrent beaucoup de services écologiques, environnementaux et économiques également.

Des arbres qui sont à proximité d'édifices ou de résidences ou de maisons génèrent de l'ombre, donc on fait baisser notre facture d'électricité. En cause, on peut mettre la climatisation. C'est un exemple parmi tant d'autres. Également, des couverts forestiers, des végétations dans des secteurs minéralisés, comme Sarah l'a dit, ça génère des services en matière de santé publique à l'effet que les arbres apportent de l'ombre aux secteurs où il y a des îlots de chaleur. Les gens peuvent avoir des maladies, aussi cardio, mais respiratoires. Je ne suis pas médecin, je ne veux pas m'aventurer dans des termes médicaux, mais ça atténue les impacts des îlots de chaleur en milieu urbain.

Sarah : Aussi, un autre bienfait des arbres, c'est qu'ils jouent un rôle important dans notre santé, notre bien-être. Faire une marche dans la forêt, c'est tout à fait bénéfique. On se sent ressourcé, donc cela démontre l'importance des arbres.

Joël : C'est la santé physique, mais aussi la santé mentale.

Sarah : Effectivement.

Christian : Ce sont des composantes essentielles et importantes pour la résilience des communautés. La résilience est un concept très élastique, mais une population en santé qui a accès à des espaces verts pour diverses activités, que ce soit récréatives ou simplement pour prendre l'air, ça fait des citoyens productifs, donc ça a des bons impacts économiques éventuellement également.

Joël : Où est notre science, ici à Ressources naturelles Canada, entre-t-elle en jeu lorsqu'il s'agit de la gestion des forêts urbaines?

Christian : On peut dire que notre science peut contribuer à identifier les bons arbres, à planter au bon endroit au bon moment selon les zones climatiques. Les zones de rusticité, je crois. C'est la carte des zones de rusticité. Tu peux me corriger, Sarah? On a élaboré une application pour téléphone intelligent il y a quelques années qui s'appelle Mon Arbre, qui offre aux Canadiens des informations sur les zones climatiques et une sélection d'arbres, des essences indigènes (je pense que c'est comme ça qu'on dit en français), des espèces indigènes canadiennes et exotiques à considérer pour planter dans ces zones climatiques, qui ont un bon potentiel de survie. Ce n'est pas un guide de plantation. C'est seulement un guide indicatif pour les Canadiens et Canadiennes qui désirent planter des arbres.

Sarah : Oui, effectivement. Ce que je pourrais ajouter – Christian nous a parlé des cartes de rusticité des arbres – c'est que nous sommes en train de les actualiser. Ces cartes nous indiquent les limites géographiques de croissance d'une certaine espèce, donc ça nous permet de savoir où planter quelle espèce et à quel moment. Nous sommes contents de pouvoir les réactualiser, pour pouvoir prendre en considération des nouvelles données climatiques. Ces produits seront disponibles au courant de 2024. Un autre élément qu'apporte Ressources naturelles Canada en ce qui concerne la foresterie urbaine, c'est le plan de 2 milliards d'arbres où le Ministère a une enveloppe d'à peu près 10 % de son budget qui est consacrée à la plantation des arbres en milieu urbain. C'est une bonne nouvelle pour la forêt.

Joël : Vous avez mentionné le climat. On s'attend à ce que le changement climatique ait un impact sur les forêts canadiennes. Certains arbres ont tendance à prospérer dans un climat spécifique. Si le climat change, cela peut avoir un impact sur l'ensemble du paysage forestier, quel sera l'impact du changement climatique sur les forêts urbaines?

Sarah : C'est une très bonne question. C'est vrai que d'une manière générale avec les changements climatiques, on peut s'attendre à certains endroits à des hivers un peu plus doux ou à d'autres endroits avoir des étés beaucoup plus chauds et beaucoup plus secs. Il est important de noter que les arbres sont quand même des espèces assez résilientes, donc on ne verra pas immédiatement les effets des changements climatiques sur les arbres. Par contre, à long terme, ces changements climatiques créent des stress au niveau des arbres, donc amènent une certaine vulnérabilité à ces arbres. On peut notamment penser à des invasions biologiques de certaines espèces, certains insectes ou certains envahisseurs qui vont détruire nos arbres. Je pourrais aussi ajouter que le froid est une sorte de barrière naturelle, qui a un effet protecteur sur les arbres. L'absence de ce froid va augmenter la vulnérabilité de nos arbres.

Christian : Je pourrais compléter le propos de Sarah en disant que les changements climatiques à moyen et long terme vont provoquer éventuellement, tout dépendant de la volonté des administrations municipales, de diversifier les espèces en milieux urbains. On a tous entendu parler des ravages de l'agrile du frêne. Pourquoi ça a causé tant de ravages? C'est parce que la variété d'espèces était limitée, c'est-à-dire que les villes ont planté beaucoup de frênes pour toutes sortes de considérations. De plus en plus, on réclame d'accroître la mixité ou la variété des espèces en milieu urbain pour rendre les forêts urbaines plus résilientes face aux pressions générées, notamment par les espèces envahissantes, les ravageurs forestiers et autres pressions générées par les changements climatiques.

Dans certaines villes, il y a beaucoup, par exemple, d'érables de Norvège ou certains types d'érables qui ont été considérés pour soit des considérations budgétaires ou c'est facile à entretenir, mais comme je le disais, plusieurs spécialistes qui plaident pour une plus grande variété des espèces au sein des agglomérations.

Joël : Comment décide-t-on du type d'arbre à planter et où? Comment serait la compatibilité avec l'environnement dans lequel ils sont plantés et respecter les écosystèmes existants?

Christian : Les éléments à considérer avant de planter un arbre : il faut s'assurer que le sol est adéquat, puisse accueillir l'arbre, une luminosité adéquate. Il faut décider si l'arbre est capable de tolérer l'ombre ou de tolérer énormément d'ensoleillement. Évidemment, la zone climatique. Est-ce que votre arbre peut tolérer les variations de température et de climat? Si vous êtes dans la bonne zone, vous pouvez télécharger l'application Mon Arbre produite par le Service canadien des forêts et RNCan. Également, la hauteur maximale de l'arbre, ainsi que la largeur du feuillage pour éviter qu'il touche, par exemple, les fils électriques, une question de sécurité également et les autres édifices. D'abord et avant tout, il faut s'assurer qu'on trouve les bonnes informations pour trouver le bon arbre au bon endroit qui correspond au bon écosystème auprès de votre pépinière préférée dans votre localité. Ce sont les experts.

Sarah : Voilà, effectivement, il faut connaitre le milieu, savoir quel est le milieu dans lequel on veut planter les arbres, comme Christian l'a bien décrit. Il faut aussi connaitre les spécificités de l'arbre. Qu'est-ce qu'on veut planter? Qu'est-ce qu'il préfère? Qu'est-ce qu'il ne préfère pas et voir si les deux se marient pour pouvoir optimiser la plantation de ces arbres? Je pourrais également ajouter qu'il faudrait favoriser la diversité des arbres, donc éviter de planter en monoculture.

Joël : Je vois, c'est beaucoup d'informations, mais peut-être que ce qu'on peut faire, c'est avoir un lien à l'application Mon Arbre (c'est ça?), Mon Arbre dans la description de notre balado. Que pouvons-nous faire, moi-même et nos auditeurs, pour aider les forêts urbaines à prospérer?

Sarah : Une chose que nous pouvons faire, c'est d'être de bons citoyens et de vérifier, regarder nos arbres, s'assurer qu'ils sont en bonne santé. Si un arbre, par exemple, perd des feuilles de manière anormale ou que les feuilles ont certaines tâches qui sont anormales, prévenir les services compétents. Une autre chose également que nous pouvons faire, c'est éviter tout ce qui est graffiti ou gravure sur les arbres. Je sais que c'est joli de noter un petit message d'amour, les initiales sur les arbres, mais malheureusement, ça fragilise les arbres.

Christian : Oui, tout à fait. Également, lorsqu'on prend une décision de planter un arbre, premièrement, il faut respecter son budget. Deuxièmement, choisir une essence appropriée, parce que chaque arbre compte. Évidemment, c'est pour les citoyens privés qui veulent planter un arbre sur leur terrain ou leur cour arrière. Si les gens se sentent engagés au niveau communautaire, gardez un œil sur nos administrations municipales, à savoir si les budgets des administrations municipales sont suffisants ou sont appelés à être réduits. En ces temps d'inflation, les infrastructures tombent un peu partout, les administrations municipales font des choix. Être un citoyen attentif qui observe les mairies et les hôtels de ville, parce que souvent, les questions forestières ne sont pas mises de côté, mais souvent entre la réfection d'un égout, un trottoir et planter un arbre, parfois, les choix peuvent être peu déchirants, donc il faut être un citoyen, un contribuable aussi, éclairé.

Sarah : Un autre élément que je pourrais également rajouter, c'est de laisser suffisamment de place à l'arbre pour qu'il puisse croître. Avant d'ériger une clôture ou dans les travaux de construction, il faut vraiment penser à l'arbre, qu'il a besoin de croître, qu'il a besoin de s'étendre de manière naturelle. Il a besoin de cet espace, donc ce serait bon de prendre ça en considération également.

Joël : Christian et Sarah, merci beaucoup d'avoir pris le temps de venir jaser avec nous aujourd'hui.

Sarah : Merci.

Christian : Merci, ça me fait plaisir.

Joël : Merci, Sarah et Christian, pour cette conversation forte intéressante. Nous sommes vraiment choyés de pouvoir nous entretenir avec autant d'experts et d'avoir accès à leur incroyable bagage de connaissances. Si vous avez aimé cet épisode, abonnez-vous à notre chaîne. Vous pouvez aussi nous envoyer des commentaires ou partager l'épisode sur les médias sociaux. La science simplifiée a aussi un site web et une chaîne YouTube que je vous recommande fortement de visiter. Nous avons des articles et des vidéos intéressants sur le travail scientifique exceptionnel qui se fait ici à Ressources naturelles Canada. Merci de votre écoute, ne ratez pas le prochain épisode.

Annik : Vous venez d'écouter une édition spéciale de Hé-coutez bien!

Vous pouvez vous abonner à cette émission partout où vous recevez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission, intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission, n'hésitez pas à la noter, à la commenter et à vous abonner. Et merci de nous avoir écoutés !

Adoption d'une pratique de MLOps générale pour les applications de production de l'apprentissage automatique dans l'Indice des prix à la consommation canadien

Par Christian Ritter, William Spackman, Todd Best, Serge Goussev, Greg DeVilliers et Stephen Theobald, Statistique Canada

Introduction

Statistique Canada (StatCan) est passé à une stratégie qui accorde la priorité aux données administratives (Stratégie des données de Statistique Canada). Parallèlement, l'organisme a également étudié et exploité l'apprentissage automatique (AA) (Projets en science des données) de façon accrue, non seulement en raison du volume et de la vitesse des nouvelles données, mais aussi en raison de leur diversité, certaines parties des données étant non structurées ou semi-structurées. Le Cadre pour l'utilisation responsable de l'apprentissage automatique (Utilisation responsable de l'apprentissage automatique à Statistique Canada) a permis d'orienter l'adoption de l'AA par StatCan en vue de la réalisation d'investissements à l'appui d'applications et de méthodes fiables. Cette adoption a également mis l'accent sur le développement d'un code de niveau de production et d'autres pratiques exemplaires (Code de niveau de production dans le domaine de la science des données). L'un des types de pratiques exemplaires élaborés met l'accent sur la transparence, la reproductibilité, la rigueur, l'évolutivité et l'efficacité — des processus également connus sous le nom d'opérations d'apprentissage automatique, ou MLOps. Le présent article propose un aperçu des investissements réalisés et des projets d'élaboration de MLOps à StatCan, en se concentrant sur le cas d'utilisation des statistiques sur les prix, en particulier pour l'Indice des prix à la consommation (IPC) canadien.

À l'instar de nombreux organismes nationaux de statistique (ONS), le programme de l'IPC de StatCan tire avantage de l'AA supervisé pour classer de nouveaux produits uniques (UN Task Team on Scanner Data, 2023 (en anglais seulement)) provenant de sources de données de rechange (p. ex. données de lecteurs optiques, extraites du moissonnage du Web ou administratives) dans les classes de produits utilisées pour l'IPC. Les données administratives de l'économie de consommation soulèvent une préoccupation particulière, à savoir le dynamisme au fil du temps, avec l'arrivée de nouveaux produits sur le marché et le retrait d'anciens produits. Du point de vue de l'AA, cette évolution au fil du temps peut être considérée comme le déplacement progressif de la répartition des données à classer pour chaque mois, par rapport à la répartition sur laquelle un modèle d'AA a été entraîné, ce qui donne lieu à une dégradation graduelle du modèle (voir la figure 1 pour obtenir une visualisation du concept). Comme le montrent Spackman et coll., 2023 (en anglais seulement) et Spackman et coll., 2024 (en anglais seulement), une classification erronée peut également avoir des répercussions sur un indice de prix. Une approche fiable est donc nécessaire pour combiner l'observation des données et des modèles, la validation des enregistrements pour corriger les classifications erronées, et un réentraînement fréquent pour s'assurer que les indices de prix ne sont touchés par aucune classification erronée. Le cadre des MLOps permet de répondre à ces préoccupations grâce à un processus fiable de production d'AA.

Figure 1 : Dérive conceptuelle et réentraînement — incidence sur le rendement du modèle
Description - Figure 1 : Dérive conceptuelle et réentraînement — incidence sur le rendement du modèle

Le rendement de la classification sur les nouveaux produits observés dans les données recueillies grâce au moissonnage du Web baisse de façon constante au fil du temps. Cependant, le réentraînement du modèle sur une base périodique (p. ex. tous les trois mois) permet d'améliorer le rendement.

Pourquoi le cadre des MLOps est-il utile dans cette situation?

L'application de l'AA à un processus de production nécessite un examen approfondi de plusieurs besoins opérationnels de l'utilisateur final notamment des suivants :

  • Efficacité globale, telle que la rentabilité de la gestion
  • Capacité d'effectuer l'inférence de modèle sur la production de mégadonnées avec leurs 5V (volume, véracité, vitesse, variété et valeur)
  • Assurance d'une utilisation transparente et efficace des algorithmes très complexes
  • Assurance d'un rendement fiable et acceptable du modèle en continu assorti d'un risque faible
  • Assurance de l'utilisation de nombreux modèles, en parallèle ou au moyen de mises à jour
  • Gestion de la dépendance complexe de cadres et de progiciels d'AA en accès libre
  • Satisfaction des besoins organisationnels en matière de gouvernance.

Pour répondre à ces besoins opérationnels, le modèle courant d'AA n'est qu'un infime élément dans le contexte du processus global de production d'AA, comme il est souligné par Sculley et coll., 2015 (en anglais seulement), et comme l'illustre la figure 2.

Figure 2 : Profondeur technique cachée dans les systèmes d'AA, adaptée de la figure 1 dans Sculley et coll., 2015.
Description - Figure 2 : Profondeur technique cachée dans les systèmes d'AA, adaptée de la figure 1 dans Sculley et coll., 2015.

L'AA, comme la modélisation elle-même, est en fait une petite composante de nombreuses composantes plus importantes lorsqu'il s'agit de systèmes de production fiables. Par exemple, la configuration est un sujet important, et il est indispensable de disposer d'un traitement pour servir, observer ou analyser le modèle et le rendement. L'élaboration de processus de vérification des données, de gestion des ressources et des processus, et de collecte et d'extraction de données, sont autant d'éléments dans lesquels il est également nécessaire d'investir.

De manière générale, des efforts considérables sont déployés depuis des décennies pour répondre à des besoins opérationnels semblables (en particulier dans le secteur financier), mais ces efforts ont été grandement renforcés lorsque l'AA s'est généralisé dans toutes les industries et que des besoins supplémentaires sont apparus, notamment la nécessité de traiter des mégadonnées et des réseaux neuronaux de plus en plus complexes. Le cadre des MLOps est le processus de production d'AA qui vise à répondre à tous les besoins opérationnels courants susmentionnés. Le cadre des MLOps d'aujourd'hui peut être considéré comme un paradigme ou une approche permettant la livraison automatisée, efficace, transparente et itérative de modèles d'AA en production, tout en se concentrant sur les exigences opérationnelles et réglementaires. Il présente donc de nombreux avantages, en particulier pour StatCan. Le cadre des MLOps couvre les méthodologies statistiques (p. ex. détection des dérives, classification erronée), les pratiques exemplaires en matière de génie logiciel (p. ex. DevOps), et l'infrastructure et les outils (infonuagiques) (p. ex. conception des systèmes, observation, solutions évolutives).

L'approche automatisée et itérative du cadre des MLOps s'inspire des pratiques DevOps du génie logiciel, ce qui, dans le contexte de l'AA, aide à réaliser des économies et à accroître la vitesse de création et de déploiement des modèles, permettant ainsi l'utilisation de nombreux modèles. En outre, la gouvernance et la transparence s'améliorent grâce à l'utilisation du cadre des MLOps. Le processus de création de modèles, avec son approche complexe en plusieurs étapes tenant compte des dépendances de données et de logiciels, est représenté par des pipelines d'entraînement. Un (ré)entraînement fréquent des modèles (réentraînement continu) est souvent nécessaire pour atténuer la dégradation de l'exactitude des modèles d'AA imputable à la dérive des données.

En complément, le processus de déploiement des modèles s'inspire souvent du génie logiciel avec le concept de « déploiement » du logiciel, du modèle et de ses dépendances, dans un environnement de production isolé. Le déploiement s'effectue souvent sur une infrastructure évolutive (c.-à-d. dans laquelle il est facile d'augmenter ou de réduire les ressources informatiques) pour gérer les caractéristiques des mégadonnées; le modèle est encapsulé et intégré dans une interface claire et conviviale (c.-à-d. capable d'interagir par une interface de programmation d'applications, ou API). Ce processus comporte des composantes propres à l'AA, telles que la nécessité d'enregistrer et d'observer le comportement du modèle et des données, et potentiellement d'autoriser la fonctionnalité d'interprétabilité ou d'explicabilité de l'AA.

Comment l'approche des MLOps s'intègre-t-elle aux besoins en matière de statistiques de prix?

L'AA supervisé est un outil clé dans les pipelines de traitement des statistiques des prix à la consommation. Plus précisément, comme l'IPC est calculé à partir d'indices de prix pour des agrégats élémentaires (des associations de classes de produits et de classes géographiques) (Le document de référence de l'Indice des prix à la consommation canadien, Chapitre 4 – Classifications), la classification doit être effectuée pour les produits uniques dans leurs codes de produits respectifs appropriés (c.-à-d. les catégories). D'un point de vue technique, il s'agit d'un problème de traitement du langage naturel, semblable à d'autres exemples de StatCan (Classification des commentaires sur le Recensement de 2021), où le texte décrivant un produit est utilisé par le modèle pour classer le produit dans un groupe utilisé pour les indices de prix. La classification n'étant pas parfaite, une validation manuelle des enregistrements est nécessaire pour corriger les erreurs avant de compiler les indices de prix. Cette validation permet en outre de créer de nouveaux exemples qui peuvent être utilisés comme données de réentraînement. StatCan possède une vaste expérience de ce processus, décrit plus en détail comme l'étape 5.2 du Modèle générique du processus de production statistique (GSBPM) (Classification des commentaires sur le Recensement de 2021). La figure 3 illustre que cette étape clé est au cœur d'un pipeline de traitement d'une source de données de rechange type, telle que des données de lecteurs optiques, avant que le fichier ne puisse être utilisé en production.

Figure 3 : Application des MLOps dans le pipeline de traitement des statistiques des prix à la consommation. Un processus manuel d'assurance de la qualité des enregistrements est utile non seulement pour valider l'étape de classification, mais aussi pour créer des données de réentraînement. Pour appuyer cette assurance de la qualité manuelle, on conçoit un processus précis de signalement de classification erronée et de valeur aberrante.
Description - Figure 3 : Application des MLOps dans le pipeline de traitement des statistiques des prix à la consommation. Un processus manuel d'assurance de la qualité des enregistrements est utile non seulement pour valider l'étape de classification, mais aussi pour créer des données de réentraînement. Pour appuyer cette assurance de la qualité manuelle, on conçoit un processus précis de signalement de classification erronée et de valeur aberrante.

Le pipeline de traitement des statistiques des prix à la consommation commence par l'assurance de la qualité de l'ensemble de données. Il se poursuit par la normalisation des données et leur ingestion dans un emplacement de stockage central aux fins d'analyse. À partir de là, des produits quasi identiques, mais homogènes peuvent être reliés entre eux, et la géographie est cartographiée pour les besoins des statistiques de prix. C'est à ce moment que l'on a besoin du système des MLOps pour classer chaque produit unique — dans la catégorie de produits à laquelle il devrait appartenir. Les enregistrements sont ensuite examinés manuellement, en accordant une attention particulière à ceux signalés comme ayant une classification erronée ou une valeur aberrante. Enfin, une agrégation élémentaire des prix peut être effectuée sur ces données, en fonction des strates nécessaires à cette méthodologie précise d'agrégation des prix.

L'adoption de principes de MLOps pour ce cas d'utilisation augmenterait considérablement la maturité du processus. Le tableau 1 ci-dessous résume la valeur promise (à gauche) et la manière dont elle répond aux besoins concrets en matière de statistiques de prix (à droite).

Tableau 1 : Résumé des capacités clés du cadre des MLOps et de la manière dont chacune d'entre elles soutient le cas d'utilisation des statistiques de prix.
Promesse des MLOps Satisfaction des besoins en matière de statistiques de prix
Économies de coûts générales Réduction des coûts liés aux calculs et au travail des scientifiques des données grâce à l'automatisation des processus
Stabilisation du pipeline pour l'ensemble du cycle de vie de l'AA grâce à des pratiques DevOps Réduction des risques d'erreurs et de frictions entre l'élaboration des modèles et la production
Réduction des frictions à chaque étape du processus des MLOps grâce à l'automatisation Automatisation d'étapes complexes du travail de science des données (p. ex. prétraitement et entraînement, reproductibilité et transparence du travail)
Réutilisation du pipeline de création de modèles pour produire des centaines de modèles Possibilité d'utiliser les modèles d'entraînement fondés sur de nouvelles données pour créer en permanence des modèles d'AA, en orientant le pipeline d'entraînement vers de nouvelles données
Capacité de déploiement accéléré et simplifié des modèles d'AA Réponse au besoin de produire plusieurs modèles par source de données de rechange à une fréquence plus élevée
Utilisation de l'emplacement central de suivi et de versionnage des modèles Entrepôt central de modèles et contrôle accru de l'historique et de la gouvernance requis pour tenir à jour des centaines de modèles
Échelonnage simple et automatisé du calcul pendant le processus des MLOps approprié au temps et à l'échelle nécessaires Capacité d'échelonnage en fonction de la quantité croissante de données à l'aide de systèmes de calcul de haute performance et de systèmes distribués; utilisation rentable
Observation prolongée : de l'observation de l'infrastructure à l'observation des modèles Garantie de la fiabilité du rendement des modèles en dépit d'une multitude de facteurs tels que les mises à jour des modèles, la dérive des données et les erreurs
Politique et déroulement des opérations communs Processus automatisé normalisé permettant à l'organisme de répondre à ses besoins en matière d'utilisation de l'intelligence artificielle (IA)
Gestion de dépendances complexes (en accès libre) Réduction du risque d'échec (silencieux) grâce à des pratiques exemplaires de génie logiciel, comme la virtualisation, les essais, l'intégration continue (IC) et le déploiement continu (DC) (désignés ensemble « CI/CD »)
Audit et gouvernance Reproductibilité grâce au contrôle des versions de tous les artefacts d'AA; adoption simple de cadres de responsabilité et de contrôle tels que le cadre d'utilisation responsable de l'IA

Cheminement vers l'adoption au moyen du modèle de maturité itératif

Intégration au processus existant

Conformément à la description ci-dessus, la classification des produits (et la détection des valeurs aberrantes et des classifications erronées) fait partie des composantes d'un processus beaucoup plus vaste englobant des données d'autres sources. L'intégration doit donc être réalisée de manière modulaire et dissociée, en suivant les pratiques exemplaires de conception architecturale. Le service de classification ou le système des MLOps est exposé au reste du système de traitement au moyen d'API REST dédiées, ce qui permet une intégration en douceur. Les mises à jour et les modifications apportées à ce système des MLOps ne doivent pas avoir d'incidence sur le système global, tant qu'aucune modalité des contrats d'API n'est enfreinte.

Étapes de maturité

En fonction des besoins opérationnels et d'une étude de faisabilité, une approche itérative a été conçue pour l'adoption des MLOps selon quatre niveaux de maturité des MLOps. Ces étapes, semblables aux pratiques exemplaires de l'industrie telles que celles décrites par Google (MLOps: Continuous delivery and automation pipelines in machine learning (en anglais seulement)) ou Microsoft (Modèle de maturité des opérations de Machine Learning), adoptent un niveau croissant d'automatisation et de corrections pour une variété de risques. La génération de valeur est possible dès le niveau 1 en abordant les aspects les plus critiques de la production d'AA.

Tableau 2 : Modèle de maturité pour le cadre des MLOps
Maturité Couverture
Niveau 0 Avant l'adoption des MLOps; utilisation du bloc-notes Jupyter pour la modélisation et de scripts Luigi pour l'inférence et l'orchestration
Niveau 1 Entraînement automatique au moyen de pipelines d'entraînement continu, gestion des artefacts d'AA et contrôle des versions; contrôles et observation de la qualité des données de base
Niveau 2 Inférence automatique et évolutive du modèle d'AA sur de nouvelles données; déploiement continu vers des points d'extrémité évolutifs
Niveau 3 Observation assortie de détection des dérives fondée sur le rendement, déploiement de modèles fantômes, réentraînement automatisé, utilisation responsable de l'IA avec des cartes de modèles et établissement de rapports normalisés

Vue d'ensemble de l'architecture et des capacités du système

Avant de s'intéresser à chaque composante et capacité du système, on fournit une représentation visuelle de l'ensemble de l'architecture et du déroulement des opérations d'exécution. Les pipelines (sous forme de code) sont publiés dans l'environnement de production, puis exécutés selon les pratiques exemplaires des MLOps afin d'en garantir la reproductibilité. Des métadonnées sont conservées sur chaque aspect et la provenance est bien établie.

Flux de production

Tout d'abord, on décrit le déroulement des opérations qui survient pour chaque nouvel ensemble de données de détaillant. La figure 4 illustre les étapes qui peuvent être résumées comme un processus de traitement par lots en plusieurs étapes.

  1. État initial : Un nouvel ensemble de données de détaillant arrive dans l'entrepôt de données au moyen du processus bronze-argent-or.
  2. Un pipeline Synapse est déclenché pour extraire les nouvelles données uniques sur les produits dans le lac de données et appeler notre principal point d'extrémité REST.
  3. Le principal point d'extrémité REST exécute un pipeline d'orchestration qui interagit avec différents pipelines (composantes).
  4. Il appelle d'abord le pipeline de validation des données qui teste les attentes en matière de données définies au moyen de Great Expectations (GE) (Great Expectations Github (en anglais seulement)). Les rejets à la vérification donnent lieu à des rapports automatiques sur les données.
  5. Le pipeline de classification suit, utilisant le type de données et le détaillant en question comme paramètres pour repérer les modèles à production échelonnée dans le registre ainsi que les déploiements correspondants sous les points d'extrémité gérés, comme il convient dans ce cas.
  6. Les déploiements distribuent les données à travers plusieurs nœuds aux fins de traitement en parallèle.
  7. Les classifications qui en résultent sont validées et vérifiées pour détecter les valeurs aberrantes et les classifications erronées au moyen de méthodes versionnées. On attribue une catégorie aux valeurs aberrantes ou aux classifications erronées.
  8. L'orchestrateur place les données classées dans le lac, ce qui déclenche l'exécution d'un pipeline Synapse pour le chargement de ces données de sortie dans l'entrepôt de données.
  9. Les résultats de la classification et les données aux valeurs aberrantes sont réingérés dans l'entrepôt de données.
  10. Les résultats de la classification et les données aux valeurs aberrantes sont désormais accessibles dans l'entrepôt pour la consommation en aval (et surtout pour la validation).
Figure 4 : Schéma du déroulement des opérations de traitement de la production
Description - Figure 4 : Schéma du déroulement des opérations de traitement de la production

Voir le résumé du déroulement des opérations de production ci-dessus pour obtenir un aperçu détaillé étape par étape de ce processus en neuf étapes.

Déroulement des opérations de création de modèles

Le processus de création du modèle est effectué en marge du déroulement des opérations de production. La figure 5 illustre ces étapes.

  1. Le code de modélisation est poussé vers la branche de développement sur GitLab, ce qui déclenche le pipeline de DC pour intégrer le code du pipeline dans Azure Machine Learning (Azure ML).
  2. Dans le cadre du processus d'IC, le code est testé selon des procédures établies.
  3. Une fois approuvé par l'intermédiaire d'une demande de fusion, le pipeline de DC publie le pipeline d'entraînement dans l'espace de travail en tant que nouvelle version, où il devient disponible aux fins d'exécution. Remarque : Il contient la configuration d'entraînement pour différents détaillants, au besoin.
  4. Le pipeline d'entraînement peut être exécuté en le dirigeant vers un emplacement du lac de données où sont stockées les données d'entraînement (ou de réentraînement) prédéterminées. Cette étape peut être programmée aux fins d'exécution au moment de la création de données de réentraînement actualisées. Si l'entraînement est réussi, le modèle est inscrit au registre des modèles Azure ML, sous un nom et une version uniques.
  5. La définition du modèle en production est stockée dans un fichier de configuration sur GitLab; la modification de ce fichier entraîne une modification de la configuration du déploiement. Les modèles qui se trouvent sur MLflow (MLflow Tracking : Une façon efficace de suivre les essais de modélisation) sont désignés en conséquence dans le registre des modèles, puis déployés en tant que déploiement sous un point d'extrémité géré correspondant.
  6. Selon les besoins des données, un modèle peut être utilisé pour chaque détaillant ou pour plusieurs détaillants. Des modèles fantômes sont également utilisés, s'il y a lieu, pour permettre un processus fiable de mise à jour des modèles à l'issue d'une phase d'observation.
Figure 5 : De bout en bout : de l'entraînement au déploiement
Description - Figure 5 : De bout en bout : de l'entraînement au déploiement

Voir le résumé du déroulement des opérations de création de modèles ci-dessus pour obtenir un aperçu détaillé étape par étape de ce processus en six étapes.

Aperçu détaillé des capacités des MLOps

Bien que l'architecture du système permet d'automatiser de manière fiable tous les aspects nécessaires de la production et d'appuyer le réentraînement automatisé, ces étapes sont requises pour gérer la dérive des données.

Concept de dérive des données

Dans les environnements dynamiques et non stationnaires, la répartition des données peut changer au fil du temps, entraînant le phénomène de dérive conceptuelle (João et coll., 2014 (en anglais seulement)). Dans le contexte des données sur les prix à la consommation, cela pourrait se traduire par l'introduction de nouvelles catégories de produits sur le marché au fil du temps et par l'évolution des préférences des consommateurs. Le rendement du modèle se dégradera si la modification de la répartition des données modifie la limite de décision entre les classes, ce que l'on appelle la dérive conceptuelle réelle (figure 6).

Figure 6 : Types de dérives : les cercles représentent les instances, les différentes couleurs représentent les différentes classes (João et coll., 2014).
Description - Figure 6 : Types de dérives : les cercles représentent les instances, les différentes couleurs représentent les différentes classes (João et coll., 2014).

Un exemple simplifié est fourni pour expliquer la dérive. Les données d'origine (à gauche) suivent une répartition précise, et un modèle apprend à s'adapter à une limite de décision pour classer les données en deux catégories. Si la répartition change (au centre), c.-à-d. P(y|X), un réentraînement est nécessaire pour réadapter les données et assimiler une nouvelle limite de décision afin de classer les données en deux catégories. Toutefois, il peut également y avoir une dérive virtuelle, dans le cadre de laquelle P(X) change, mais pas p(y|X), de sorte que la limite de décision existante fonctionne toujours bien.

Ces changements de répartition peuvent se produire brusquement ou au fil du temps, comme le montre la figure 7.

Figure 7 : Modèles de changements au fil du temps (la valeur aberrante n'est pas une dérive conceptuelle) (João et coll., 2014).
Description - Figure 7 : Modèles de changements au fil du temps (la valeur aberrante n'est pas une dérive conceptuelle) (João et coll., 2014).

Cinq scénarios de changement de répartition sont présentés. Le premier scénario correspond à un changement soudain ou brusque, dans lequel la répartition change à un moment donné et ne change plus par la suite. Le deuxième scénario pourrait être incrémentiel, c'est-à-dire que le changement se fait de manière continue au fil du temps et finit par se stabiliser à un nouveau niveau. Le troisième scénario pourrait également être progressif, mais au lieu d'être continu, il pourrait évoluer rapidement, puis revenir en arrière, et se comporter ainsi pendant un certain temps avant de se stabiliser au nouveau niveau. Dans le quatrième scénario, le changement pourrait être récurrent, c.-à-d. qu'il se produit vers un nouveau niveau, mais qu'il ne demeure à ce niveau que pendant un certain temps, avant de revenir au niveau d'origine. Dans le cinquième scénario, il pourrait simplement s'agir d'une valeur aberrante, mais pas d'une dérive.

Il est important que le système de production MLOps mis en œuvre dispose d'outils permettant de détecter et de corriger les dérives conceptuelles au fur et à mesure qu'elles se produisent.

Détection des dérives

Les données sur les prix à la consommation ne sont pas connues pour changer brusquement. On a donc choisi une détection des dérives fondée sur le rendement (Spackman et coll., 2023). Comme son nom l'indique, la détection des dérives fondée sur le rendement évalue le rendement du modèle prédictif pour établir la présence d'une dérive. Cette approche est appropriée en présence d'une proportion élevée de validation pour corriger les éventuelles classifications erronées après le modèle, comme c'est le cas pour notre mise en œuvre. Dans nos systèmes de production, le rendement du modèle prédictif est inconnu au moment de la classification. Pour calculer le rendement, un sous-ensemble des instances prédites doit être signalé aux fins d'assurance de la qualité. Une fois que l'on dispose d'un ensemble de données dont la qualité est garantie, on peut comparer les prédictions du modèle aux vraies classes afin de calculer les paramètres d'évaluation permettant de mesurer le rendement. Pour que cette évaluation soit fiable, le sous-ensemble d'instances prédites choisi aux fins d'assurance de la qualité ne doit pas être biaisé. L'une des méthodes de sélection d'un échantillon non biaisé consiste à sélectionner au hasard une proportion précise d'instances à partir de chaque exécution du modèle prédictif. La figure 8 ci-dessous montre notre tableau de bord de suivi du rendement des modèles, qui présente différentes valeurs F1, de précision et de rappel pour des exécutions distinctes du modèle prédictif, qui peuvent être utilisées pour établir s'il y a eu dérive.

Figure 8 : Tableau de bord de rendement des modèles présentant le rendement du modèle au fil du temps
Description - Figure 8 : Tableau de bord de rendement des modèles présentant le rendement du modèle au fil du temps

Le rendement des modèles est suivi au fil du temps. Lorsque deux modèles sont déployés en production à l'aide d'un modèle principal et de modèles fantômes, il est possible de comparer le rendement.

Réentraînement des modèles

Le suivi du rendement au fil du temps a permis de constater une dérive des données dans les modèles de production; un processus est donc nécessaire pour en atténuer les répercussions dans le système des MLOps. L'une des options pour contrer la dérive conceptuelle consiste à réadapter périodiquement les modèles de production à l'aide de nouvelles données. Ce processus est lourd et fastidieux aux premiers stades de la maturité des MLOps. C'est pourquoi l'opérationnalisation du processus de réentraînement des modèles constitue un élément clé de la maturité des MLOps.

La figure 9 illustre le flux de nouveaux produits dans le système des MLOps. Les nouveaux produits ingérés dans le système de production sont automatiquement classés. Comme cela a été indiqué précédemment, une fraction des produits est sélectionnée pour que leurs classes soient vérifiées et corrigées manuellement par un annotateur formé. À partir d'un processus d'examen manuel, il est possible d'estimer les critères de rendement du classifieur. En outre, les produits vérifiés manuellement servent de nouvelles données d'entraînement qui peuvent être utilisées pour réentraîner le classifieur, qui est ensuite déployé en production.

Figure 9 : Processus de classification, d'examen et de réentraînement
Description - Figure 9 : Processus de classification, d'exam en et de réentraînement

Une part des nouveaux produits est sélectionnée au hasard pour le réentraînement au fur et à mesure de leur classement. Le rendement du modèle est suivi sur cet ensemble aléatoire, et des données de réentraînement sont également créées à partir de cet ensemble de données. Des corrections sont aussi utilisées pour l'ensemble final. Elles peuvent être jumelées à d'autres méthodes de signalement pour s'assurer que des produits bien classés sont utilisés pour les statistiques de prix.

Ce processus de révision et de réadaptation reste cohérent entre les différents niveaux de maturité des MLOps. La différence réside dans l'automatisation du pipeline de réentraînement. Au dernier niveau de maturité, la mise à jour des données d'entraînement, la réadaptation du modèle et le déploiement du modèle sont entièrement automatisés; ils sont déclenchés soit par l'achèvement de l'étape de révision manuelle, soit selon un échéancier fixe.

Validation des données et contrôle des attentes

Les modifications de la qualité des données constituent un problème important pour le rendement des modèles et la qualité des extrants en production. En fait, les données sont devenues la partie la plus importante d'un projet de science des données (ère axée sur les données), car les architectures et les modèles sont facilement accessibles. Il est donc nécessaire d'établir un cadre et des méthodes appropriés en matière de qualité des données. Dans le contexte de l'AA, il est important d'harmoniser les vérifications de la qualité avec les attentes du scientifique de données qui crée les modèles. Un pipeline distinct de validation des données a été mis en place spécialement pour cette tâche. Il effectue des vérifications à l'aide du cadre en accès libre Great Expectations (GE) (Great Expectations Github (en anglais seulement)).

Le degré de souplesse et d'évolutivité de GE est élevé en ce qui concerne le type de contrôles pouvant être effectués et la création des attentes visant à permettre un contrôle de version aisé. GE produit également des rapports automatiques et faciles à lire sur la qualité des données à l'intention des spécialistes de domaine et des scientifiques des données. Ces rapports sont accessibles directement dans l'interface utilisateur d'Azure ML. Par ailleurs, GE fournit une bibliothèque d'extension des contrôles des attentes de validation des données prêts à l'emploi pour un déploiement et une réutilisation rapides dans différents ensembles de données, et offre de multiples options de connexion à diverses sources de données (fichiers CSV sur des lacs de données ou des serveurs de fichiers, bases de données, etc.). De plus, GE offre la possibilité de développer des suites d'attentes et des contrôles personnalisés, ce qui permet d'adapter les contrôles des attentes des concepteurs à des cas d'utilisation marginaux qui ne seraient généralement pas couverts par les méthodes de validation des données standard.

Figure 10 : Rapport de validation des données de Great Expectations (en anglais seulement)
Description - Figure 10 : Rapport de validation des données de Great Expectations (en anglais seulement)

Cette image montre une application de l'extrant du progiciel Python Great Expectations, après qu'il a validé un ensemble de données précis. La page contient un résumé de la validation en haut à droite, un tableau plus détaillé des contrôles effectués, et la correspondance entre les attentes et ce qui a été réellement observé dans cet ensemble de données. Enfin, elle présente un ensemble de mesures pouvant être prises pour développer divers aspects de la page afin de fournir au scientifique des données des informations plus détaillées sur les contrôles effectués.

Contrôle des versions

L'utilisation appropriée du contrôle des versions (Contrôle de version avec Git pour les professionnels de l'analyse) est une condition essentielle pour un système de MLOps. Il s'agit d'une exigence importante dans le cadre de l'adoption à plus grande échelle de pratiques exemplaires en accès libre pour le développement de la production par les organismes nationaux de la statistique (Price et Marques, 2023). Pour le cas d'utilisation de l'AA, elle comprend non seulement le contrôle de version du code, mais aussi les versions des parties supplémentaires dans le cycle de vie de l'AA, y compris le contrôle de version des données, le contrôle de version de l'expérience et le contrôle de version du modèle. Pour obtenir une provenance et un historique fiables, il faut suivre les versions des différentes parties du processus. Par exemple, pour un modèle en production, on souhaite connaître les données sur lesquelles le modèle a été entraîné, le code d'entraînement utilisé, etc.

  • Contrôle de version du code : Le système des MLOps utilise le contrôle qualité du code et les pratiques exemplaires d'IC/de DC. Il utilise plus particulièrement GitOps, qui définit le répertoire Git comme la source fiable et l'état du système adopté. Les pipelines et les déploiements sont définis de la même manière que le code.
  • Contrôle de version des données : Le contrôle de version des données permet de retracer le modèle d'AA produit jusqu'à la version des données sur lesquelles il a été entraîné. Dans un processus de production appliqué aux données comprenant une arrivée fréquente de nouvelles données, il est également essentiel de garder une trace de la version des données. Les ensembles de données d'Azure ML sont utilisés pour répondre aux deux besoins.
  • Contrôle de version du modèle : Le contrôle de version du modèle peut être simplifié par un entrepôt central de modèles, qui stocke les artefacts du modèle et assure la gestion de ses métadonnées. MLflow est l'outil en accès libre le plus connu pour la gestion de modèles. On utilise l'entrepôt de modèles d'Azure ML, car il permet d'interagir avec MLflow.
  • Contrôle de version des dépendances des progiciels : Le contrôle de version des dépendances des progiciels se fait au moyen d'environnements virtuels et d'images de menu fixe dans lesquels les dépendances sont encapsulées. Les environnements Azure Container Registry et Azure ML sont utilisés pour gérer les dépendances des pipelines de données et des modèles d'AA.
  • Contrôle de version des pipelines : L'exécution quotidienne de nombreux pipelines exige le contrôle de version des nouveaux pipelines publiés. On a recours au versionnage des pipelines d'Azure ML pour publier des pipelines et les gérer sous des points d'extrémité de pipeline.
  • Versionnage du déploiement : Le versionnage du déploiement est géré au moyen de dépendances sur la version du modèle.

La figure 11 (ci-dessous) résume la manière dont ces différentes composantes sont associées pour former un graphique de l'historique des modèles déployés.

Figure 11 : Graphique de l'historique des modèles déployés 11
Description - Figure 11 : Graphique de l'historique des modèles déployés 11

Le diagramme résume la manière dont l'historique des modèles peut être géré. Tout d'abord, à partir de la branche principale, on prévoit une nouvelle publication et l'on crée une branche de publication. À partir de là, un nouvel ensemble de données est enregistré pour les modèles qui seront entraînés. Grâce à cet ensemble de données, plusieurs modèles peuvent être entraînés pendant le développement. Le modèle final peut être déployé en production et utilisé sur de nouvelles données. Si des expériences sont menées pour améliorer le modèle sur les mêmes données, ce nouveau modèle peut également être déployé, même si les données sur lesquelles il a été entraîné ou le code de la branche principale n'ont jamais été modifiés.

Conclusion

Cet article résume la manière dont le cadre des MLOps peut apporter une valeur considérable à un programme statistique essentiel de StatCan, en renforçant la maturité et la robustesse d'un processus de production en accord avec le Cadre pour l'utilisation responsable de l'apprentissage automatique à Statistique Canada (Utilisation responsable de l'apprentissage automatique à Statistique Canada). L'organisme continuera d'évaluer comment le cadre des MLOps peut être appliqué à d'autres cas d'utilisation et à investir dans l'expansion de capacités développées. Par exemple, les capacités suivantes sont à l'étude : tableaux de bord d'IA explicables dans le cadre de l'étape de choix des modèles dans le flux de travail de création des modèles; détection plus fiable de la dérive des données; déploiement plus explicite de modèles fantômes pour appuyer l'évaluation des modèles (ou simplement exécution permanente de modèles de sauvegarde en production, au besoin); suivi amélioré des coûts pour optimiser encore davantage l'utilisation opérationnelle.

Bibliographie

João, Gama, Žliobaitė Indrė, Albert Bifet, Mykola Pechenizkiy et Abdelhamid Bouchachia. (2014). A survey on concept drift adaptation (en anglais seulement). ACM computing surveys (CSUR), 46(4), 1-37.

Price, Matthew, et Diogo Marques. (2023). Developing reproducible analytical pipelines for the transformation of consumer price statistics: rail fares, UK (en anglais seulement). Meeting of the Group of Experts on Consumer Price Indices, Geneva: UN.

Sculley, David, Gary Holt, Daniel Golovin, Eugene Davydov, Todd Phillips, Dietmar Ebner, Vinay Chaudhary, Michael Young, Jean-Francois Crespo et Dan Dennison. (2015). Hidden technical debt in machine learning systems. Advances in neural information processing systems (28).

Spackman, William, Greg DeVilliers, Christian Ritter et Serge Goussev. (2023). Identifying and mitigating misclassification: A case study of the Machine Learning lifecycle in price indices with web-scraped clothing data (en anglais seulement). Meeting of the Group of Experts on Consumer Price Indices, Geneva: UN.

Spackman, William, Serge Goussev, Mackenzie Wall, Greg DeVilliers, and David Chiumera. 2024. "Machine Learning is (not!) all you need: Impact of classification-induced error on price indices using scanner data." (en anglais seulement) 18th Meeting of the Ottawa Group. Ottawa: UNECE.

UN Task Team on Scanner Data. (2023). Classifying alternative data for consumer price statistics: Methods and best practices (en anglais seulement). Meeting of the Group of Experts on Consumer Price Indices, Geneva.

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Audit de l'approvisionnement

Novembre 2024
Numéro du projet : 80590-140

Table des matières

Résumé

Contexte

La fonction d'approvisionnement joue un rôle crucial dans l'acquisition de biens, de services et de constructions essentiels pour appuyer l'exécution des programmes du gouvernement du Canada et lui permettre d'atteindre ses objectifs et résultats. La passation de marchés du gouvernement fédéral est régie par une série d'instruments, dont des lois, des règlements, des ententes et des politiques, visant à garantir que les acquisitions obtiennent la meilleure valeur possible au moyen de processus équitables, ouverts et transparents. Conformément à la Directive sur la gestion de l'approvisionnement du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (SCT), les ministères et organismes doivent établir, mettre en œuvre et maintenir un cadre de gestion de l'approvisionnement (CGA), qui comprend une gouvernance, des processus, des systèmes et des contrôles. La directive permet de s'assurer que les mesures liées à la gestion de l'approvisionnement sont équitables, ouvertes et transparentes, et qu'elles répondent aux attentes du public en matière de prudence et de probité. Par ailleurs, elle permet de veiller à ce que les approvisionnements soient gérés d'une manière qui permet d'obtenir des résultats opérationnels et qui témoigne d'une bonne intendance et de l'optimisation des ressources, conformément aux objectifs socioéconomiques et environnementaux du gouvernement du Canada. La directive prévoit que le CGA soit proportionnel à la valeur, au risque et à la complexité du ou des processus d'approvisionnement entrepris.

Pourquoi est-ce important?

Au cours des dernières années, des questions liées aux marchés publics de même que des préoccupations ont été soulevées quant à savoir si de saines pratiques d'approvisionnement et de gestion étaient systématiquement adoptées et suivies à l'échelle du gouvernement. À la demande de la Chambre des communes et du premier ministre, des audits ont été menés par le SCT, par l'entremise du Bureau du contrôleur général du Canada (BCG), du Bureau de l'ombudsman de l'approvisionnement et du Bureau du vérificateur général du Canada. Ces audits ont mis en évidence de nombreuses lacunes et faiblesses dans les pratiques de gestion de l'approvisionnement, les dossiers d'approvisionnement avec des documents insuffisants ou manquants, et des défis pour démontrer que la meilleure valeur était obtenue pour les dollars des contribuables.

En mars 2024, le président du Conseil du Trésor (CT) a annoncé que le BCG entreprenait un audit horizontal pour évaluer la gouvernance, la prise de décisions et les contrôles liés aux contrats de services professionnels. L'audit a requis la participation de nombreux petits et grands ministères responsables. Le BCG a aussi demandé aux dirigeants principaux de la vérification de ministères et d'organismes fédéraux d'inclure un examen des contrôles et de la gouvernance internes en matière d'approvisionnement dans leurs plans de vérification axés sur les risques si aucun examen n'avait été mené au cours des 12 mois précédents.

Par conséquent, la Direction de l'audit et de l'évaluation a réalisé cet audit des pratiques d'approvisionnement, en tenant compte de l'objectif et de la portée des audits du BCG qui ont été réalisés récemment ou qui sont en cours.

Conclusion générale

De manière générale, le CGA de l'organisme répond aux exigences de la Directive sur la gestion de l'approvisionnement et aux autres lois, politiques et directives liées à l'approvisionnement. Cependant, certains aspects doivent être renforcés et une attention particulière est requise pour s'assurer que certains processus clés fonctionnent comme prévu. L'examen d'un ensemble d'acquisitions de l'organisme a permis de conclure qu'elles avaient été établies et administrées conformément aux exigences, bien que certaines erreurs administratives et lacunes dans la documentation aient été relevées dans de nombreux dossiers. L'examen a également fait ressortir la nécessité de garantir que les méthodes d'approvisionnement choisies correspondent aux exigences de l'organisme et que le rendement du fournisseur est géré et surveillé.

Principales constatations

De manière générale, le CGA répond aux exigences de la directive, même si certains aspects doivent être renforcés, et une attention particulière est requise pour s'assurer que certains processus clés fonctionnent comme prévu.

Des organismes de gouvernance sont mis en place et se conforment aux exigences de la directive, bien qu'il y ait des possibilités d'élargir leur rôle.

L'organisme effectue une surveillance pour détecter les actes répréhensibles, assurer la conformité à la directive et évaluer le rendement des fournisseurs, mais des renseignements plus complets permettraient d'appuyer davantage la prise de décisions.

Les approvisionnements concurrentiels et non concurrentiels étaient principalement attribués conformément au CGA de l'organisme et aux instruments juridiques et de politique en place, mais des erreurs administratives et des documents manquants ont été relevés, ainsi que des situations où la méthode d'approvisionnement ne correspondait pas aux exigences de l'organisme.

Les contrats et les modifications sont établis et administrés conformément aux exigences du SCT, bien qu'il soit possible d'avoir une gestion et une surveillance plus proactives du rendement des fournisseurs. Les procédures pourraient être renforcées afin d'assurer une surveillance plus proactive des conflits d'intérêts potentiels.

Les données sur la passation des marchés associées aux contrats examinés n'étaient pas toujours divulguées avec exactitude sur le Portail du gouvernement ouvert du Canada.

Conformité aux normes professionnelles

L'audit a été réalisé conformément aux Procédures obligatoires régissant l'audit interne au sein du gouvernement du Canada, qui comprennent les Normes internationales d'audit interne de l'Institute of Internal Auditors.

L'application de procédures d'audit suffisantes et appropriées et la collecte des éléments de preuve contribuent à l'exactitude des constatations et des conclusions du présent rapport, et donnent une assurance de niveau audit. Les constatations et les conclusions sont fondées sur une comparaison des conditions, telles qu'elles existaient à l'époque, au regard de critères de vérification préétablis. Les constatations et les conclusions s'appliquent à l'entité examinée pour la portée et la période de référence de l'audit.

Steven McRoberts
Dirigeant principal de la vérification et de l'évaluation

Sigles et acronymes

AA - Arrangement en matière d'approvisionnement
AF - Anciens fonctionnaires
BCG - Bureau du contrôleur général du Canada
CAL - Commande d'achat local
CEC - Conseil d'examen des contrats
CEG - Comité exécutif de gestion
CGA - Cadre de gestion de l'approvisionnement
CGMO - Cadre de gestion des marchés de l'organisme
CGS - Comité de gestion stratégique
CO - Comité des opérations
CRD - Compte rendu des décisions
CSD - Cadre supérieur désigné
CT - Conseil du Trésor du Canada
DP - Demande de propositions
DG - Directeur général / Directrice générale
LGFP - Loi sur la gestion des finances publiques
OC - Offre à commandes
RME - Règlement sur les marchés de l'État
SCA - Statisticienne en chef adjointe
SCT - Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada
SFMC - Système financier ministériel commun
SMC - Services du matériel et des contrats
SPAC - Services publics et Approvisionnement Canada
SPC - Services partagés Canada
SSPC - Système des services professionnels centralisés

Introduction

Contexte

La fonction d'approvisionnement joue un rôle crucial dans l'acquisition de biens, de services et de constructions essentiels pour appuyer l'exécution des programmes du gouvernement du Canada et lui permettre d'atteindre ses objectifs et résultats. La passation de marchés du gouvernement fédéral est régie par une série d'instruments, dont des lois, des règlements, des ententes et des politiques, visant à garantir que les acquisitions obtiennent la meilleure valeur au moyen de processus équitables, ouverts et transparents. En 2021, le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (SCT) a amorcé un remaniement de son ensemble de politiques pour mettre l'accent sur la planification intégrée, la gouvernance et la responsabilisation dès le début, les approches agiles et axées sur le rendement, l'adoption des principes du cycle de vie, le renforcement des capacités et le renforcement des perspectives stratégiques.

Conformément à la Directive sur la gestion de l'approvisionnement du SCT, les ministères et organismes doivent établir, mettre en œuvre et maintenir un cadre de gestion de l'approvisionnement (CGA), qui comprend une gouvernance, des processus, des systèmes et des contrôles. La directive permet de s'assurer que les mesures liées à la gestion de l'approvisionnement sont équitables, ouvertes et transparentes, et qu'elles répondent aux attentes du public en matière de prudence et de probité. Par ailleurs, elle permet de veiller à ce que les approvisionnements soient gérés d'une manière qui permet d'obtenir des résultats opérationnels et qui témoigne d'une bonne intendance et de l'optimisation des ressources, conformément aux objectifs socioéconomiques et environnementaux du gouvernement du Canada. La directive prévoit que le CGA soit proportionnel à la valeur, au risque et à la complexité du ou des processus d'approvisionnement entrepris.

Au cours des dernières années, des questions liées aux marchés publics de même que des préoccupations ont été soulevées quant à savoir si de saines pratiques d'approvisionnement et de gestion étaient systématiquement suivies à l'échelle du gouvernement. À la demande de la Chambre des communes et du premier ministre, des audits ont été menés par le SCT, par l'entremise du Bureau du contrôleur général du Canada (BCG), du Bureau de l'ombudsman de l'approvisionnement et du Bureau du vérificateur général du Canada. Ces audits ont mis en évidence de nombreuses lacunes et faiblesses dans les pratiques de gestion de l'approvisionnement, les dossiers d'approvisionnement avec des documents insuffisants ou manquants, et des défis pour démontrer que la meilleure valeur était obtenue pour les dollars des contribuables.

Ces audits ont aussi renforcé l'importance que les ministères et organismes maintiennent et vérifient l'efficacité de leurs CGA, particulièrement en ce qui concerne l'approvisionnement des services professionnels. De plus, ils ont mis en évidence des possibilités pour le SCT et Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), conformément à leurs mandats respectifs, de renforcer l'approvisionnement dans l'ensemble du gouvernement fédéral dans les domaines des politiques, des orientations, des outils et de la formation, des pratiques de mise en œuvre et des méthodes de passation des marchés.

L'approvisionnement au sein de l'organisme

L'organisme est assujetti au Règlement sur les marchés de l'État (RME) et aux exigences du SCT lorsqu'il passe des marchés pour l'acquisition de biens et services. La section des Services du matériel et des contrats (SMC), qui fait partie de la Division de l'approvisionnement, des systèmes financiers et des contrôles internes au sein de la Direction des finances, de la planification et de l'approvisionnement, Secteur des stratégies et de la gestion intégrées, facilite le processus d'approvisionnement au sein de l'organisme et est chargée d'établir et de mettre à jour le CGA de l'organisme.

Dans le cadre des pouvoirs d'approvisionnement délégués de l'organisme, les SMC œuvrent à titre d'autorité contractante pour le processus d'approvisionnement. L'autorité contractante mène les processus d'approvisionnement au nom de l'organisme, conformément à des principes d'approvisionnement solides et aux instruments régissant la passation des marchés. Elle conseille les propriétaires fonctionnels et leur recommande des options quant aux stratégies d'approvisionnement qui répondent aux besoins opérationnels et qui produisent les résultats escomptés.

Bien que les SMC facilitent le processus d'approvisionnement, la responsabilité des achats incombe en grande partie au propriétaire fonctionnel. Les propriétaires fonctionnels collaborent avec l'autorité contractante pour s'assurer que tous les renseignements concernant leurs besoins sont exacts et complets, et respectent les processus et procédures de gouvernance requis conformément aux instruments de gouvernance.

Lorsque les valeurs des contrats dépassent les pouvoirs d'approvisionnement délégués de l'organisme, SPAC agit comme autorité contractante et doit fournir des conseils et un soutien aux propriétaires fonctionnels et pour émettre et administrer les contrats et les modifications au nom de l'organisme. Pour certaines exigences liées à la technologie de l'information, Services partagés Canada (SPC) agit aussi souvent comme autorité contractante. De plus, SPAC et SPC ont publié des offres à commandes (OC) et des arrangements en matière d'approvisionnement (AA) que l'ensemble des ministères et organismes doivent utiliser lors de l'acquisition de certains biens et services. L'utilisation de ces instruments d'approvisionnement est souvent obligatoire et ils doivent être utilisés par les ministères et les organismes, qu'ils agissent à titre d'autorité contractante ou que SPAC le fasse.

Le graphique ci-dessous, Valeur totale et nombre de contrats par exercice financier et méthode d'approvisionnement (fourni par les SMC), présente l'ensemble de l'activité d'approvisionnement de l'organisme de 2019-2020 à 2023-2024. Il comprend la valeur des contrats établis (excluant les modifications) et le nombre de contrats par exercice financier. Les données sur la valeur des contrats sont ventilées en quantités des contrats signés par d'autres ministères (c.-à-d. où SPAC ou SPC a agi à titre d'autorité contractante) et quantités des contrats signés par les SMC. Lorsque l'organisme agissait en tant qu'autorité contractante la valeur des contrats est ventilée davantage en quantités de contrats établis au moyen d'une OC ou d'un AA de SPAC/ SPC et quantités de contrats établis en utilisant une commande d'achat local (CAL). Il convient de noter que les valeurs de passation de marchés étaient anormalement élevées en 2019-2020 en raison du grand volume d'achats de logiciels et en 2023-2024 en raison des contrats de services d'infonuagique pour l'organisme et d'un contrat d'impression pour le Recensement de la population.

Valeur totale et nombre de contrats par exercice financier et méthode d'approvisionnement
Description -Valeur totale et nombre de contrats par exercice financier et méthode d'approvisionnement.

La figure 1 montre la valeur totale des contrats et leur nombre par exercice financier ainsi que la méthode d'approvisionnement.

De 2019-2020 à 2022-2023, la valeur des contrats de l'organisme a diminué pour passer d'environ 79 millions de dollars à un peu plus de 30 millions de dollars. Elle a ensuite augmenté fortement pour atteindre plus de 112 millions de dollars en 2023-2024.

Le nombre de contrats a varié, allant d'un sommet de 487 en 2019-2020 à un creux de 298 en 2022-2023, puis il a remonté pour se situer à 441 en 2023-2024.

En 2023-2024, des contrats d'une valeur d'un peu plus de 7 millions de dollars ont été signés par les SMC, tandis des contrats d'une valeur d'environ 105 millions de dollars ont été signés par d'autres ministères.

Dans l'ensemble, du point de vue de leur valeur, la majorité des contrats de l'organisme sont signés par d'autres ministères, comme SPAC et SPC.

Bien que SPAC ou SPC soit l'autorité contractante pour la plupart des dollars de passation de marchés établis chaque année, l'organisme (c.-à-d. les SMC) était l'autorité contractante pour environ 70 % de tous les contrats établis au cours des cinq dernières années (ce qui représente une moyenne de plus de 300 contrats annuellement). Les contrats établis par les SMC ont en général une valeur plus faible en dollars et une complexité moindre que ceux où SPAC ou SPC intervient.

Objectif de l'audit

L'audit avait pour objectif de fournir une assurance raisonnable au statisticien en chef du Canada et au Comité ministériel de vérification que Statistique Canada a en place une gouvernance et des contrôles efficaces pour garantir que les acquisitions sont conformes aux règlements, aux accords et aux politiques applicables.

Portée

La portée de cette mission comprenait un examen du CGA et de la gouvernance de l'organisme en place pour appuyer sa mise en œuvre, y compris l'imputabilité, les rôles et les responsabilités des principaux intervenants, les autorités de prise de décisions liées à l'approvisionnement, et les mécanismes de surveillance, de planification et de rapports.

La portée comprenait également une évaluation de la conformité aux principales exigences en matière de lois et de politiques au moyen d'un examen de certains contrats de services professionnels et des modifications connexes signés par l'organisme au cours des deux derniers exercices financiers (d'avril 2022 à mars 2024).

En raison des exigences d'indépendance, les activités de passation de marché réalisées par la Direction de l'audit et de l'évaluation sont exclues de la portée.

Approche et méthodologie

Le travail d'audit a consisté à examiner les politiques et les lignes directrices actuelles, à effectuer des entrevues et des visites avec des membres clés de la direction et du personnel, à vérifier un échantillon de dossiers d'approvisionnement, et à examiner et à analyser la documentation connexe.

Autorité

L'audit a été mené en vertu des pouvoirs prévus dans le Plan intégré d'audit et d'évaluation fondé sur les risques (2024-2025 à 2028-2029) approuvé par Statistique Canada.

Constatations, recommandations et réponse de la direction

Cadre de gestion de l'approvisionnement

De manière générale, le CGA répond aux exigences de la directive, même si certains aspects doivent être renforcés, et une attention particulière est requise pour s'assurer que les processus clés fonctionnent comme prévu.

Les cadres supérieurs désignés (CSD) sont responsables de l'établissement, de la mise en œuvre et de la mise à jour d'un CGA qui consiste en des processus, des systèmes et des contrôles, et comprend des rôles et responsabilités clairement établis, ainsi que des pratiques et procédures exemplaires. Ce CGA vise à veiller à ce que la fonction de l'approvisionnement dispose du soutien nécessaire pour gérer les approvisionnements de façon équitable, ouverte, transparente et conforme aux attentes du public en matière de prudence et de probité.

Bien que les éléments clés d'un CGA soient communs dans l'ensemble du gouvernement, la manière dont chaque organisation l'opérationnalise variera. Cela dépend de variables telles que la taille, la maturité et le profil de risque de l'organisation, ainsi que du volume, de la valeur et de la complexité des activités d'approvisionnement. Comme mentionné précédemment, la directive prévoit que le CGA soit proportionnel à la valeur, au risque et à la complexité du ou des processus d'approvisionnement entrepris. À Statistique Canada, la direction considère que les achats de l'organisme sont pour la plupart de faible valeur, à faible risque et faible complexité.

Le CGA ministériel consiste en un Cadre de gestion des marchés de l'organisme (CGMO) de haut niveau qui résume les rôles et les responsabilités clés, une ébauche de guide du CGMO qui fournit des rôles et responsabilités plus détaillés, et de plus amples orientations sur la mise en œuvre du CGMO. Il comprend également divers modèles pour aider les agents de négociation des marchés à accomplir leur travail, et un ensemble de pages du Réseau de communications internes qui expliquent les étapes principales que les clients doivent suivre pour divers types d'acquisitions.

La directive présente 16 éléments précis qui doivent faire partie d'un CGA, ainsi que de nombreuses autres exigences du CSD pour la gestion de l'approvisionnement, les autorités contractantes, les propriétaires fonctionnels et autres intervenants dans le processus d'approvisionnement. L'audit a évalué la conformité du CGA de l'organisme avec les exigences principales.

Dans l'ensemble, le CGA de l'organisme correspond aux attentes de la directive. Le CGA précise les rôles et responsabilités des personnes qui participent au processus d'approvisionnement et comprend les mécanismes à suivre pour répondre aux diverses exigences de la directive, telles que, entre autres, la passation de marchés avec des entreprises autochtones, le respect des traités et des accords commerciaux, donner la priorité à la concurrence et garantir l'intégrité du processus d'approvisionnement.

Conformément à la directive, le CGA de l'organisme a été élaboré à un niveau qui soit proportionnel à la valeur, au risque et à la complexité de ses approvisionnements. Les processus qui ne sont pas documentés de manière aussi exhaustive dans le guide du CGMO sont pour la plupart appuyés par des modèles qui demandent aux autorités contractantes de tenir compte de certains éléments de la directive qui pourraient autrement être négligés, ainsi que des examens par les pairs et les chefs de groupe à des étapes clés du processus d'approvisionnement.

Cela dit, l'organisme pourrait tirer avantage de documenter la justification pour certains secteurs du CGA où le risque, la complexité et la valeur des approvisionnements de l'organisme n'exigent pas de contrôles plus formels. Le fait de documenter cette justification faciliterait les examens périodiques du CGA et aiderait la direction à déterminer où des contrôles plus formels pourraient être requis alors que le contexte d'approvisionnement de l'organisme évolue.

Nonobstant l'équilibre de la documentation par rapport à la valeur, au risque et à la complexité des approvisionnements de l'organisme, l'audit a permis de dégager plusieurs éléments qui pourraient bénéficier d'une documentation plus claire et plus complète. Il s'agit des suivants :

  • Le processus de sécurité lors de l'attribution du contrat et pendant son administration – Bien que le guide du CGMO fournisse une orientation sur l'établissement d'exigences en matière de sécurité pour les approvisionnements, il ne donne pas de directive sur le processus de sécurité lors de l'attribution du contrat et pendant son administration (p. ex. le processus pour valider les cotes de sécurité des fournisseurs lors des autorisations de travaux).
  • Le rôle et les responsabilités du CSD – Certaines incohérences ont été relevées en ce qui concerne le rôle et les responsabilités du CSD tels qu'ils sont déterminés dans le CGA et dans la directive. La direction a indiqué qu'ils avaient été élaborés dans le CGA avant l'achèvement de la directive.
  • Les acquisitions pour lesquelles SPAC agit comme autorité contractante – Les responsabilités pour les SMC dans les situations où SPAC agit comme autorité contractante ne sont pas définies. Dans ces situations, les SMC agissent comme autorité administrative, un rôle différent de celui de l'autorité contractante.
  • La possibilité d'utiliser des ressources internes ou externes pour atteindre l'objectif de l'approvisionnement et pour gérer les situations de sous-traitance – Avant de décider de passer un marché pour des services professionnels, les propriétaires fonctionnels devraient évaluer s'il existe d'autres méthodes pour atteindre les buts organisationnels, et comment les méthodes potentielles s'harmonisent avec le mandat et les priorités de l'organisme. Après l'octroi du contrat, sa réalisation exige que les propriétaires fonctionnels gèrent activement leur relation avec le fournisseur, ses employés et tous les sous-traitants avec lesquels il pourrait collaborer. Le SCT a récemment mis à jour son Guide du gestionnaire : principales considérations pour l'approvisionnement en services professionnels. Ce guide comprend des questions pour aider les gestionnaires à décider d'avoir recours ou pas à des services professionnels (ou à déterminer si l'utilisation de ressources internes serait plus appropriée) et les guide pour gérer le contrat avec succès. Le cas échéant, ce guide devrait être intégré dans le CGA de l'organisme.
  • L'élaboration et la documentation d'une méthode de gestion des fournisseurs – Bien que cela ne constitue pas une exigence de la directive, un secteur a mis en œuvre une méthode pour gérer un volume élevé de demandes non sollicitées d'engagement avec des employés par des fournisseurs potentiels. Ce programme de gestion des fournisseurs contribue à garantir que les interactions entre les fournisseurs potentiels et les employés ne mettent pas en péril l'ouverture ou l'intégrité des approvisionnements, et qu'elles répondent aux attentes du Code de valeurs et d'éthique de la fonction publique et de la Directive sur les conflits d'intérêts. Bien que le programme n'ait pas été formellement documenté, le secteur a indiqué avoir collaboré avec les SMC à de nombreuses occasions pour s'assurer que leur approche était appropriée. Il pourrait être utile pour l'organisme de documenter cette approche et d'envisager la mise sur pied d'un programme de gestion des fournisseurs à l'échelle de l'organisme qui pourrait s'appliquer à tous les secteurs.

Dans le cadre de l'examen des dossiers et des entrevues, l'audit a aussi permis de relever plusieurs cas dans lesquels les processus établis du CGA ne fonctionnaient pas comme prévu et pourraient nécessiter une attention accrue de la direction pour en garantir l'efficacité. Ces cas sont les suivants :

  • Un modèle d'évaluation du risque a été élaboré par les SMC pour que les autorités contractantes l'utilisent dans le cadre de certaines acquisitions afin de fournir des renseignements sur le risque qui seront utilisés tout au long du cycle de vie de l'approvisionnement. Le modèle comprend une liste de risques courants, y compris, sans toutefois s'y limiter, la passation de marchés répétitive, les approvisionnements évalués à l'intérieur de 10 % des seuils, et la non-conformité potentielle aux obligations juridiques et politiques. Il présente aussi une section permettant à l'autorité contractante de cerner tout autre risque qui n'a pas été indiqué dans la liste préétablie, mais qui pourrait s'appliquer à l'approvisionnement. Cependant, l'examen a permis de constater que les évaluations de risque ne sont pas réalisées par les autorités contractantes lorsque cela est requis.
  • Les audits d'examen de la qualité des dossiers d'approvisionnement ne sont pas réalisés comme requis dans le guide. Ces examens pourraient fournir de précieux renseignements sur l'efficacité des contrôles et fournir un aperçu de la conformité de l'organisme au CGA et aux lois, règlements et politiques applicables.
  • Pour 2024-2025, l'organisme a entrepris un plan d'approvisionnement pour dresser une liste des acquisitions prévues par l'organisme pour l'année, pour les services professionnels de plus de 40 000 $. Cela aiderait l'organisme à planifier ses ressources d'approvisionnement et à dégager les possibilités de méthodes d'approvisionnement stratégique lorsque des besoins communs dans l'ensemble de l'organisme sont cernés avant de procéder à l'approvisionnement. Cependant, les taux de réponse des divisions étaient très faibles, limitant l'efficacité du plan. Notamment, les SMC ont pris note des leçons retenues de l'exercice et ont l'intention de les intégrer au processus de planification de l'approvisionnement pour le prochain exercice financier.

Recommandation

Il est recommandé que la statisticienne en chef adjointe (SCA) du Secteur des stratégies et de la gestion intégrées s'assure de ce qui suit :

  1. que le CGA de l'organisme soit examiné et renforcé, notamment de la façon suivante :
    • en clarifiant les rôles et responsabilités et l'imputabilité pour mieux les harmoniser avec ceux qui sont indiqués dans la directive, y compris ceux du CSD et des SMC lorsque SPAC agit comme autorité contractante;
    • en fournissant une direction quant
      • au processus de sécurité lors de l'attribution du contrat et pendant son administration,
      • à la manière de gérer les acquisitions lorsque SPAC agit comme autorité contractante,
      • à la possibilité d'utiliser des ressources internes ou externes pour atteindre l'objectif de l'approvisionnement et gérer les situations avec des sous-traitants,
      • à la nécessité de documenter la justification lorsque le risque, la complexité et la valeur des approvisionnements de l'organisme n'exigent pas des contrôles plus formels.

Réponse de la direction

La direction accepte la recommandation formulée.

Un examen stratégique et une analyse de la documentation interne seront menés pour

  • mettre à jour les rôles du CSD et de l'intervenant dans le CGA pour qu'ils correspondent à la Directive sur la gestion de l'approvisionnement actuellement en vigueur, y compris envisager d'utiliser des ressources internes ou externes, et réviser le tableau de bord de la Suite P du CSD;
  • réviser les processus du CGA liés à la responsabilité de l'autorité contractante pour la validation de la sécurité des fournisseurs et des ressources pendant le début du contrat et sa gestion;
  • mettre à jour la matrice des rôles et responsabilités pour clarifier le rôle des SMC quand SPAC ou SPC est l'autorité contractante;
  • examiner les lacunes entre le Guide pour l'établissement d'un cadre de gestion de l'approvisionnement et le CGA de Statistique Canada, et documenter les décisions d'exclure certains processus en raison du risque ou de la complexité;
  • mettre au point une approche normalisée de gestion des fournisseurs, y compris les rôles, les responsabilités et les conditions de l'engagement.

Produits livrables et échéancier

Le directeur général (DG) de la Direction des finances, de la planification et de l'approvisionnement :

  • mettra à jour le CGA en y ajoutant les rôles actuels du CSD et des intervenants, les procédures élargies de vérification de la sécurité et les pratiques exemplaires de gestion des fournisseurs; les documents mis à jour seront approuvés par le CSD d'ici juin 2025;
  • mettra à jour le document Matrice des rôles et responsabilités pour inclure le rôle des SMC quand SPAC ou SPC est l'autorité contractante d'ici mars 2025;
  • préparera une justification accompagnant le CGA qui documente les décisions opérationnelles au sujet du degré de formalisation de certains processus d'approvisionnement ayant trait au risque, à la complexité et à la valeur des acquisitions de l'organisme; ce document sera approuvé par le CSD d'ici juin 2025.

Recommandation

Il est recommandé que la SCA du Secteur des stratégies et de la gestion intégrées s'assure de ce qui suit :

  1. que les audits des dossiers d'approvisionnement soient réalisés comme prévu, que les résultats soient utilisés pour guider l'accompagnement et la formation des agents d'approvisionnement et des propriétaires fonctionnels, et que les résultats soient déclarés aux organismes de surveillance sur une base périodique.

Réponse de la direction

La direction accepte la recommandation formulée.

Les SMC reprendront le programme d'audit des dossiers, qui comprendra ce qui suit :

  • l'achèvement de la documentation d'audit interne des dossiers pour refléter les orientations mises à jour du SCT, et l'établissement d'une fréquence planifiée des audits et du nombre de dossiers à vérifier;
  • la réalisation des activités d'audit des dossiers comme prévu pour fournir des commentaires aux autorités contractantes en vue d'un apprentissage continu;
  • la déclaration des résultats de l'audit au CSD en ce qui a trait au rendement de l'autorité contractante, et la présentation d'autres tendances soulevées, telles que le taux d'achèvement de l'évaluation de l'optimisation des ressources, au Comité des finances et de la surveillance organisationnelle.

Produits livrables et échéancier

Le DG de la Direction des finances, de la planification et de l'approvisionnement :

  • mettra à jour les documents d'audit des dossiers d'ici avril 2025;
  • présentera un rapport trimestriel sur les résultats de l'audit des dossiers au CSD d'ici mai 2025;
  • présentera un rapport consolidé sur les résultats de l'audit des dossiers au Comité des finances et de la surveillance organisationnelle d'ici juin 2025.

Organismes de surveillance

Des organismes de gouvernance sont mis en place et se conforment aux exigences de la directive, bien qu'il y ait des possibilités d'élargir leur rôle.

La directive exige que le CGA inclue des rôles et responsabilités et une imputabilité clairement définis pour les divers comités de gouvernance en cause.

Deux organismes de gouvernance, le Comité exécutif de gestion (CEG), anciennement le Comité des opérations (CO), et le Conseil d'examen des contrats (CEC), ont des responsabilités de surveillance pour l'approvisionnement au sein de l'organisme.

Le CEC est un comité permanent établi par l'autorité de la SCA du Secteur des stratégies et de la gestion intégrées et est l'organe chargé de faire des recommandations à ce dernier concernant les décisions et les activités se rapportant à l'approvisionnement et à la passation de marchés. Il a pour objet :

  • de cerner, d'évaluer, d'atténuer et de gérer les risques liés aux activités d'approvisionnement et d'assurer la conformité à la Loi sur la gestion des finances publiques (LGFP), et à la Politique sur les marchés du Conseil du Trésor (CT), la directive et l'examen des RME et de formuler des recommandations au sujet des propositions de changements émanant des nouvelles stratégies de passation de marchés et des résultats d'audit, entre autres.

Le CEC remplit son mandat en examinant et en remettant en question les contrats qui répondent à certaines spécifications, en agissant comme groupe formel de résolution des différends et en examinant les rapports obligatoires avant leur publication. Le mandat du CEC et le guide du CGMO fournissent une direction permettant de déterminer quand et comment une approbation de contrôle des contrats est requise. Ensemble, ces documents fournissent une directive claire permettant de déterminer quand les contrats doivent être envoyés au CEC aux fins d'examen et de remise en question. Les comptes rendus de réunions et autres enregistrements indiquent que le CEC remplit son rôle et ses responsabilités de manière active, alors que l'examen des dossiers a confirmé que, sauf quelques exceptions, le CEC a examiné les acquisitions comme l'exige son mandat.

Bien que le mandat du CEC comprenne l'examen et la formulation de recommandations au sujet des propositions de changements aux processus d'approvisionnement, il n'a pas semblé être actif dans ce rôle pendant la période visée par l'audit. Ce rôle semble avoir été accompli par le CO (maintenant le CEG).

Le mandat du CO (et l'ébauche de mandat pour le CEG actuellement en voie d'achèvement) ne mentionne pas explicitement l'approvisionnement, mais indique qu'il est responsable de la surveillance opérationnelle stratégique pour l'ensemble de l'organisation. Le Comité examine et suit les progrès réalisés relativement aux cibles et aux objectifs opérationnels clés liés aux programmes à l'échelle de l'organisme, fournit une fonction de remise en question pour assurer la qualité et l'optimisation des ressources et donne des conseils sur l'efficacité opérationnelle. Il est la tribune pour la gestion des risques des activités opérationnelles importantes et il assure la surveillance de toutes les activités opérationnelles. L'ébauche de mandat pour le CEG précise les mêmes éléments ou des éléments similaires.

Le guide stipule que les SMC fournissent une mise à jour sur l'approvisionnement au CO (maintenant le CEG) deux fois par année, mise à jour qui dresse la liste des contrats à haut risque, donne un aperçu du contexte d'approvisionnement et informe le comité des initiatives et des changements qui auront des répercussions sur l'organisme. Notamment, en avril 2024, les SMC ont présenté au CEG une mise à jour sur le contexte d'approvisionnement et les changements aux processus d'approvisionnement de l'organisme résultant de la nouvelle direction du SCT et de SPAC. Cependant, les dossiers indiquent que les SMC n'ont pas fait de présentation au CEG (ou au CO) deux fois par année, comme c'était prévu. Ils ont fait une présentation au CEG (ou CO) une fois en 2021-2022, une fois en 2022-2023 et une fois en 2024-2025, mais n'ont pas fait de présentation au CEG (ou au CO) sur le contexte d'approvisionnement en 2023-2024. Cependant, les SMC ont fourni de fréquentes mises à jour à la haute direction sur les dépenses en contrats par l'entremise du Comité de gestion stratégique (CGS) en 2023-2024.

De récents événements liés aux marchés publics ont donné lieu à un plus grand nombre d'examens minutieux dans certains secteurs, et les récents audits et examens ont fait en sorte de mettre plus en évidence les faiblesses dans ces secteurs à l'étendue du gouvernement. Bien que cela ne soit pas explicitement exigé par la directive, l'organisme pourrait envisager d'établir un rôle précis pour que les organismes de gouvernance assurent une surveillance des domaines suivants de l'approvisionnement :

  • passation de marchés avec les entreprises autochtones;
  • actes répréhensibles dans les activités d'approvisionnement;
  • ajout de main-d'œuvre dans le cadre de passations de marchés;
  • surveillance du caractère adéquat et de l'efficacité des processus et des outils de l'organisme pour appuyer les décisions d'approvisionnement.

La valeur que peuvent apporter les organismes de surveillance à ces secteurs pourrait être influencée par la valeur, la complexité et le risque des acquisitions de l'organisme, et la direction pourrait déterminer que la participation d'un plus important organisme de surveillance n'est pas nécessaire dans certains ou dans l'ensemble des secteurs soulevés.

Surveillance et données sur l'approvisionnement

L'organisme effectue une surveillance des risques d'actes répréhensibles et de la conformité à la directive, mais des renseignements plus complets permettraient d'appuyer davantage la prise de décisions.

De récents événements liés aux marchés publics ont fait en sorte de susciter l'intérêt et l'inquiétude du public quant aux actes répréhensibles et à la conformité à la directive. L'audit a examiné la collecte et l'utilisation des données sur l'approvisionnement de l'organisme pour surveiller ces secteurs.

L'organisme a mis en œuvre un programme robuste d'intégrité et de respect qui comprend un processus visant à signaler les éventuels actes répréhensibles et à mener l'enquête à ce sujet. D'autres contrôles intégrés au processus d'approvisionnement ont contribué à atténuer les risques d'actes répréhensibles, y compris la conformité au régime d'intégrité de SPAC, une ségrégation appropriée des tâches qui garantit qu'aucune personne ne possède une autorité non vérifiée sur des décisions d'approvisionnement et des paiements financiers critiques, et le recours obligatoire à des évaluateurs de proposition pour déclarer tout conflit d'intérêts potentiel avant d'entreprendre les évaluations de propositions. Pour ce qui est de la surveillance des données d'approvisionnement pour détecter les actes répréhensibles, les autorités contractantes examinent les historiques d'approvisionnement pour trouver des preuves de fractionnement de marché et l'équipe de l'approvisionnement examine régulièrement les détails des achats effectués avec des cartes de crédit d'achat à la recherche de signes d'abus.

L'organisme prépare de nombreux rapports obligatoires pour le SCT et d'autres organismes centraux qui appuient la surveillance de la conformité à certaines exigences de la directive, d'autres exigences politiques ou certains objectifs du gouvernement. Ces rapports abordent des sujets tels que l'approvisionnement vert, la passation de marchés avec d'anciens fonctionnaires, la passation de marchés avec des entreprises autochtones et la divulgation proactive, pour n'en nommer que quelques-uns.

Pour surveiller la plus large conformité des dossiers d'approvisionnement individuels, l'organisme a élaboré un programme exhaustif d'audit de dossier dans lequel les SMC sélectionnent un échantillon de dossiers d'approvisionnement chaque année pour leur faire subir un examen de l'assurance de la qualité. Ce processus contribue à évaluer la conformité aux exigences de la directive, à déterminer les secteurs faibles du processus d'approvisionnement et les secteurs à développer pour les autorités contractantes. Cependant, comme mentionné précédemment, ces audits de dossier n'ont pas été réalisés pendant la période de la portée de l'audit.

Recommandation

Les enjeux soulevés dans cette section sont abordés par la recommandation 2 dans la section précédente.

Appels d'offres pour l'acquisition de services professionnels

Les approvisionnements concurrentiels et non concurrentiels étaient principalement attribués conformément au CGA de l'organisme et aux instruments juridiques et de politique en place, mais des erreurs administratives et des documents manquants ont été relevés, ainsi que des situations où la méthode d'approvisionnement ne correspondait pas aux exigences de l'organisme.

L'équipe de l'audit a examiné un échantillon de 10 approvisionnements concurrentiels de services professionnels et 10 approvisionnements non concurrentiels, où l'organisme a agi comme autorité contractante pour évaluer la conformité au CGA de l'organisme, et aux principales exigences politiques et prévues par la loi.

L'engagement des dépenses et l'engagement en vertu de l'article 32 ont été réalisés de manière adéquate.

L'engagement des dépenses et l'engagement en vertu de l'article 32 de la LGFP ont été réalisés par une personne détenant les bons pouvoirs délégués pour tous les dossiers concurrentiels et non concurrentiels analysés.

La justification pour l'attribution d'un contrat à un fournisseur exclusif dans les approvisionnements non concurrentiels était, dans la plupart des cas, documentée et valide, bien que la documentation clé ait été absente de deux dossiers.

Les RME exigent une demande de soumissions, à moins que le contrat ne réponde à l'une des exceptions précisées à l'article 6. Voici les exceptions :

  1. les cas d'extrême urgence où un retard serait préjudiciable à l'intérêt public;
  2. les dépenses estimées ne dépassent pas
    1. 25 000 $, dans le cas d'un contrat de biens,
    2. 100 000 $, dans le cas d'un contrat à signer par le ministre du Développement international pour l'acquisition de services d'architecture, de génie ou d'autres services requis pour la planification, la conception, la préparation ou la supervision d'un programme ou d'un projet d'aide au développement international,
    3. 100 000 $, dans le cas d'un contrat pour l'acquisition de services d'architecture, de génie ou d'autres services requis pour la planification, la conception, la préparation ou la supervision de la construction, de la réparation, de la rénovation ou de la remise en état d'un ouvrage,
    4. 40 000 $ dans le cas de tout autre contrat auquel ce règlement s'applique;
  3. La nature du travail qui fera l'objet d'un contrat est telle qu'il ne serait pas dans l'intérêt public de demander des soumissions;
  4. Une seule personne est en mesure d'exécuter le contrat.

Le recours à l'une de ces exceptions doit être entièrement justifié, des documents appropriés devant être inclus au dossier du contrat. Lorsque l'exception (d) a été invoquée pour permettre un contrat à fournisseur unique, l'agent de négociation des marchés doit tenir compte de sept questions supplémentaires établies par le CT et y répondre, avec l'aide du propriétaire fonctionnel.

Il a été conclu que la justification pour un fournisseur unique a été documentée et est valide dans tous les cas sauf deux, où les documents justificatifs n'ont été que partiellement remplis. Dans un cas, l'attestation de contrat à fournisseur exclusif ou d'appel d'offres limité était manquante pour indiquer les renseignements pour l'approvisionnement, tels que le numéro de la demande, la description de l'exigence, les dépenses estimées et le fournisseur proposé. Dans un autre cas, les réponses aux sept questions obligatoires du CT n'apparaissaient pas au dossier et l'autorité contractante n'a pu les trouver.

Pour les approvisionnements concurrentiels, les méthodes de demande de soumissions et les critères d'évaluation étaient clairement expliqués dans les documents de demande de soumissions et n'ont pas été jugés inutilement restrictifs, injustes ou biaisés.

L'audit a permis de conclure que pour les 10 dossiers concurrentiels analysés, la méthode de sélection des soumissions et les critères d'évaluation étaient clairement expliqués et inclus dans les documents de demande de propositions (DP). Les demandes de propositions établissaient les critères techniques cotés et obligatoires (le cas échéant) et établissaient clairement la méthode de sélection des soumissions (p. ex. le plus bas soumissionnaire conforme; 60 % pour mérite technique et 40 % pour le prix) à employer pour identifier le soumissionnaire retenu. La demande de propositions fournissait aussi une direction claire pour poser les questions et comprenait des directives sur la présentation des soumissions.

L'audit a conclu qu'aucun des 10 dossiers concurrentiels analysés ne comportait des énoncés des travaux, des descriptions des travaux ou des critères d'évaluation qui étaient restrictifs, non équitables ou biaisés. Les énoncés des travaux précisaient et établissaient les travaux à réaliser, les objectifs à atteindre et, la plupart du temps, le calendrier des travaux. Cependant, dans deux cas, le véhicule d'approvisionnement ou le volet de travail sélectionné ne correspondait pas parfaitement avec l'énoncé des travaux (discuté ci-dessous).

Pour deux des approvisionnements concurrentiels analysés et un des approvisionnements non concurrentiels analysés, les services requis ne correspondaient pas à la catégorie ProServices sélectionnée. D'autres erreurs administratives ont aussi été relevées dans l'évaluation des soumissions des approvisionnements analysés.

ProServices est la méthode d'approvisionnement des services professionnels obligatoire pour les exigences dont la valeur est inférieure au seuil de l'Accord de libre-échange Canada–Corée. Il s'agit d'un arrangement en matière d'approvisionnement et non d'un contrat. Les arrangements en matière d'approvisionnement permettent aux ministères et aux organismes d'obtenir les soumissions d'un bassin de fournisseurs préqualifiés selon des exigences particulières. ProServices permet aux fournisseurs d'être préqualifiés dans une ou plusieurs des 185 catégories de 15 volets.

Dans le cadre du processus de demande de soumissions, les autorités contractantes doivent comparer les catégories de ProServices disponibles avec les exigences du ministère et de l'organisme. Lorsqu'une catégorie convenable est sélectionnée, l'autorité contractante cherche dans le portail électronique du Système des services professionnels centralisés (SSPC) pour identifier les fournisseurs qualifiés. Au moins deux fournisseurs préqualifiés reçoivent ensuite une demande de proposition, bien qu'il soit recommandé de sélectionner plus que le minimum de deux fournisseurs. S'il est impossible de trouver une catégorie qui couvre l'exigence, l'autorité contractante doit demander une exemption à SPAC en fournissant une justification de la raison pour laquelle l'exigence ne s'inscrit dans aucune des catégories possibles.

La plupart des catégories de ProServices sont divisées en trois niveaux d'expertise (p. ex. débutant, intermédiaire et principal) et chaque niveau d'expertise comporte une qualification obligatoire minimale, qui est définie dans la grille souple. Par conséquent, avant qu'un fournisseur préqualifié n'inclue une ressource dans sa soumission, la ressource doit respecter une qualification obligatoire minimale liée au niveau d'expertise de la catégorie. La grille souple doit être conservée au dossier pour démontrer que le fournisseur sélectionné était en mesure de réaliser le travail et de respecter les exigences.

Dans un approvisionnement concurrentiel, des cours de préparation à la retraite ont été demandés dans le cadre de la catégorie 8.5 « Expert-conseil en rémunération » de ProServices. Cette catégorie ne correspondait pas aux besoins indiqués dans l'énoncé des travaux, qui exigeait, notamment, que la formation fournisse aux participants « une connaissance des effets du vieillissement sur le corps, des effets d'une saine alimentation, comment contrôler le stress et demeurer en forme » et les aide à « se préparer psychologiquement à la retraite, à savoir comment gérer le temps et à envisager d'autres modes de vie ». Un seul fournisseur a présenté une soumission pour cette demande de propositions.

Dans un second dossier d'approvisionnement concurrentiel, un programme personnalisé de sensibilisation à l'hameçonnage a été sollicité dans le cadre du volet 9.2 « Expert-conseil en continuité des activités » de ProServicesNotes de bas1, plutôt que dans une catégorie de technologie de l'information plus adéquate de ProServices. Un seul fournisseur a présenté une soumission pour cette demande de propositions.

Dans le dossier d'approvisionnement non concurrentiel, l'autorité contractante a cherché dans le Portail électronique du SSPC les fournisseurs dans la catégorie 8.1 Expert-conseil en ressources humaines pour fournir des cours de préparation à la retraite. À l'instar de l'approvisionnement concurrentiel des cours de préparation à la retraite, cette catégorie ne répondait pas non plus aux besoins indiqués dans l'énoncé des travaux.

Même s'il y avait une documentation limitée dans les deux dossiers indiquant pourquoi ces catégories de ProServices avaient été sélectionnées, les renseignements recueillis par les représentants des SMC laissaient supposer que les propriétaires fonctionnels avaient probablement trouvé un fournisseur qu'ils jugeaient apte à fournir le service, et que les volets sélectionnés étaient fondés sur les catégories dans lesquelles ces fournisseurs s'étaient qualifiés. Compte tenu du fait que les catégories sélectionnées ne correspondaient pas aux travaux à effectuer, on se serait attendu à ce que d'autres entreprises préqualifiées dans ces catégories ne présentent pas de soumissions.

D'autres erreurs importantes ont été relevées dans l'échantillon de dossiers concurrentiels et non concurrentiels. Dans trois cas, les évaluations par rapport aux grilles souples n'ont pas été bien menées ou n'ont pas été menées du tout.

  • Pour l'approvisionnement concurrentiel en cours de préparation à la retraite, des renseignements ont été fournis par le soumissionnaire pour de multiples « experts-conseils » alors qu'un seul était requis dans la demande de propositions. Quoi qu'il en soit, l'équipe d'évaluation des soumissions a évalué trois des ressources proposées. Les ressources évaluées ont obtenu des notes de passage, malgré le fait qu'elles ne respectaient pas les exigences minimales de la catégorie et du niveau.
  • Pour un autre approvisionnement concurrentiel, aucune grille souple n'a été présentée par le soumissionnaire et aucune évaluation n'a été réalisée.
  • Pour le cours de préparation à la retraite non concurrentiel, le contrat n'a pas précisé la catégorie ni le niveau de ressources requis et n'a pas indiqué les ressources particulières qui fourniraient le service. Par conséquent, aucune évaluation des ressources prévues au contrat par rapport aux grilles souples n'a pu être réalisée. De plus, le contrat a été établi de manière inadéquate avec un prix ferme pour quatre webinaires de deux jours au lieu de fournir une ventilation des ressources prévues au contrat et de leurs taux quotidiens.

Les documents de justification des prix ont confirmé que le prix du contrat était juste et raisonnable pour certaines des acquisitions, mais pas toutes.

Les documents de justification des prix pour s'assurer que le prix du contrat était juste et raisonnable étaient au dossier pour 8 des 10 dossiers non concurrentiels examinés. Dans 6 des 10 dossiers concurrentiels pour lesquels une seule soumission a été reçue ou jugée recevable dans les dossiers concurrentiels, il n'y avait aucune preuve que l'autorité contractante avait validé le prix proposé par le soumissionnaire comme étant juste et raisonnable. Cela constitue une étape nécessaire lorsque des processus concurrentiels parviennent à générer de multiples soumissions.

Recommandation

Les enjeux soulevés dans cette section sont abordés dans la recommandation 2.

Contrats et modifications

Les contrats et les modifications ont été établis et administrés conformément aux exigences du SCT, bien qu'il soit possible d'avoir une gestion et une surveillance plus proactives du rendement des fournisseurs. Les procédures pourraient être renforcées afin d'assurer une surveillance plus proactive des conflits d'intérêts potentiels.

Les contrats étaient au dossier et signés par des personnes détenant le pouvoir délégué approprié, même si des erreurs administratives ont été relevées dans une situation de passation de marché mettant en cause un ancien fonctionnaire.

Pour tous les dossiers analysés (concurrentiels et non concurrentiels), une copie du contrat écrit et signé était au dossier, signé par une personne détenant le pouvoir délégué.

Dans le cadre de l'examen, l'équipe d'audit a tenté de confirmer que les contrats avec l'ancien fonctionnaire étaient justifiés, documentés et approuvés comme requis. Un seul des 20 dossiers analysés a été identifié comme ayant été établi avec un ancien fonctionnaire. Dans ce cas, le dossier d'approvisionnement ne contenait aucune justification pour avoir conclu un marché avec un ancien fonctionnaire, y compris la justification du prix, les mesures d'atténuation du risque et de contrôle du coût pour l'ajuster pour des paiements de retraite ou forfaitaires, comme requis par la directive. Le dossier d'approvisionnement n'avait pas non plus été examiné et préapprouvé par le CEC, comme prévu dans le cadre de son mandat.

Des documents étaient généralement au dossier pour justifier les modifications au contrat, et les modifications étaient signées par les personnes détenant le pouvoir délégué approprié.

Des 20 dossiers analysés (concurrentiels et non concurrentiels), 9 incluaient un total de 22 modifications au contrat. Les raisons des modifications incluaient une augmentation des montants en dollars du contrat pour appuyer la fourniture de services supplémentaires, la prorogation des dates d'expiration, exercer des années d'option et modifier les conditions générales.

Toutes les modifications étaient signées par une personne détenant le pouvoir délégué approprié, et des documents étaient au dossier pour justifier la plupart des modifications. Les autorités contractantes ont complété les documents de sommaire de modification (c.-à-d. le modèle élaboré par les SMC) pour documenter la raison pour laquelle le propriétaire fonctionnel avait demandé la modification et pour fournir leur propre justification de la modification. Cependant, aucun document de sommaire de modification n'était au dossier dans trois cas, et le sommaire de modification n'était pas signé tel qu'approuvé (c.-à-d pour des modifications non planifiées) dans deux cas.

Dans tous les cas sauf un, la cote de sécurité des ressources proposées par le soumissionnaire retenu a été vérifiée et il a été confirmé qu'elles respectaient les exigences avant l'adjudication du contrat.

Les exigences de sécurité ont été déterminées pour six des approvisionnements analysés (concurrentiels et non concurrentiels). Dans tous les dossiers sauf un, des documents indiquaient que la cote de sécurité des ressources proposées par le soumissionnaire retenu a été vérifiée et il a été confirmé qu'elles respectaient les exigences avant l'adjudication du contrat. Pour un dossier analysé, la soumission du fournisseur comprenait les niveaux de sécurité et les numéros d'attestation pour chaque ressource proposée, mais il n'y avait aucune preuve que ces renseignements avaient été vérifiés auprès de la Sécurité.

Aucune preuve n'a été trouvée au dossier quant à la surveillance du rendement du fournisseur par les autorités contractantes.

L'audit a cherché des preuves dans les documents au dossier que, conformément aux attentes de la directive et du CGA, il y avait une surveillance pour surveiller le rendement et pour s'assurer que la prestation des services répondait aux dispositions du contrat (p. ex. sur le plan de la qualité, des normes, des niveaux de service).

La directive stipule que :

  • les propriétaires fonctionnels ont la responsabilité d'informer les autorités contractantes du rendement du fournisseur, y compris des problèmes et de la réalisation des principaux produits livrables à mesure qu'ils se produisent;
  • les autorités contractantes, en consultation avec les propriétaires fonctionnels, doivent surveiller, documenter, enquêter et discuter des problèmes de rendement des fournisseurs à mesure qu'ils se produisent;
  • les autorités contractantes ont la responsabilité de s'assurer que des rapports d'approvisionnement exacts et complets applicables au dossier du contrat sont créés et mis à jour pour faciliter la surveillance et l'audit de la direction.

En outre, les rôles et responsabilités des autorités contractantes de l'organisme dans le cadre de la surveillance des contrats établis sont définis dans de nombreux documents et modèles dans le CGA :

  • Les SMC ont établi un système de rappel pour aider les autorités contractantes à surveiller les dates d'expiration des contrats et à assurer un suivi d'autres questions;
  • Les SMC ont établi une matrice de responsabilités qui définit les rôles et responsabilités des autorités contractantes en ce qui a trait, entre autres, à la gestion des contrats. Ces responsabilités comprennent la résolution des problèmes contractuels, la surveillance de la conformité aux conditions générales des contrats, le fait de déterminer si les biens et services reçus le sont conformément aux contrats, et l'envoi d'avis de renouvellement pour le propriétaire fonctionnel de 3 à 6 mois avant les dates d'expiration des contrats;
  • Les SMC ont établi un processus pour mener des audits réguliers d'un certain nombre de dossiers d'approvisionnement aux fins d'assurance de la qualité et de perfectionnement professionnel. Le modèle d'audit indique que les preuves d'activités des autorités contractantes dans la gestion de contrats pourraient inclure la fourniture d'observations ou de conseils sur les dépenses et les factures, la surveillance des calendriers de livraison (c.-à-d. une communication continue, à certains jalons ou à la fin du contrat), la détermination de problèmes potentiels avant que des mesures correctives ne soient requises, et le règlement des différends.

L'audit a permis de constater le peu de preuves ou l'absence de preuves de la participation de l'autorité contractante pendant l'administration du contrat dans les dossiers qui ont été examinés. Aucune preuve n'a été notée selon laquelle les propriétaires fonctionnels avaient informé les autorités contractantes de problèmes de rendement des fournisseurs ou selon laquelle les autorités contractantes avaient surveillé, documenté, enquêté ou discuté de problèmes de rendement des fournisseurs avec les propriétaires fonctionnels. Les dossiers examinés ne contenaient pas non plus de documents indiquant si une valeur avait été obtenue du contrat. Sans ces renseignements, il est difficile de savoir si les contrats ont été réalisés avec succès comme prévu ou si le propriétaire fonctionnel a choisi de laisser le contrat prendre fin, de reprendre les travaux du fournisseur ou d'accepter des produits livrables non conformes aux normes sans aviser l'autorité contractante. Cependant, selon la nouvelle directive du SCT et de SPAC, en mai 2024, l'organisme a introduit une évaluation de l'optimisation des ressources pour les approvisionnements de services professionnels afin de renforcer la surveillance. À la clôture du contrat, les détenteurs de budget doivent maintenant soumettre un document final qui évalue l'optimisation des ressources obtenue du contrat. Cette évaluation contribuera à s'assurer que les dollars des contribuables sont dépensés efficacement, et elle pourrait donner un aperçu du rendement du fournisseur.

Bien qu'un conflit d'intérêts ait été relevé dans un dossier, les fonctionnaires et les titulaires d'une charge publique ont autrement maintenu l'intégrité du processus d'approvisionnement dans notre échantillon.

L'audit n'a trouvé aucune preuve pour indiquer que les fonctionnaires ayant participé aux approvisionnements avaient eu un comportement qui irait à l'encontre du Code de valeurs et d'éthique du secteur public et de la Directive sur les conflits d'intérêts dans 19 des 20 dossiers analysés.

Il y a eu un cas où un employé a participé à un processus d'évaluation de soumission d'une acquisition qui incluait un soumissionnaire avec qui l'employé avait précédemment déclaré un conflit d'intérêts. L'employé avait fait la déclaration 11 mois avant l'évaluation de la soumission au moyen du processus de valeurs et d'éthique de l'organisme, mais n'a pas divulgué les renseignements à l'autorité contractante au moment de l'évaluation de la soumission. Dans ce cas, le soumissionnaire en cause dans le conflit n'a pas obtenu le contrat. L'équipe des valeurs et de l'éthique a immédiatement entrepris une enquête lorsqu'elle a été avisée du conflit par l'équipe des SMC.

L'équipe d'audit a noté qu'aucun processus n'était actuellement en place pour vérifier de manière proactive les déclarations de conflits d'intérêts existantes pour les employés participant à un processus d'approvisionnement. Cependant, on rappelle aux employés leur obligation de divulguer tout conflit possible au début de chaque processus d'évaluation des soumissions.

L'article 34 (Pouvoir d'attestation) a été appliqué adéquatement pour tous les dossiers analysés, même si les documents de justification pourraient être renforcés.

L'article 34, Pouvoir d'attestation, (Vérification des comptes), de la LGFP est la clé de l'approvisionnement. Il stipule qu'avant de faire un paiement, les gestionnaires qui exercent leurs pouvoirs financiers doivent s'assurer que les travaux prévus aux contrats ont été réalisés, que les biens ont été reçus et que les montants demandés sont conformes au prix stipulé dans le contrat.

L'équipe d'audit a analysé 23 paiements pour un sous-échantillon d'approvisionnements à l'étude. L'audit a permis de constater que le pouvoir d'attestation a été réalisé par une personne ayant le pouvoir délégué pour ce faire, et a vérifié correctement l'exactitude du paiement demandé dans tous les paiements analysés. L'attestation a été réalisée en temps opportun pour tous les paiements sauf un. Fait à noter, les facteurs pour les paiements analysés ne comportaient pas une granularité suffisante pour documenter adéquatement les services réalisés (p. ex. les feuilles de temps détaillant les heures et les travaux réalisés) dans les dossiers analysés. Cependant, la fonction financière de l'organisme a récemment mis en œuvre de nouvelles procédures pour s'assurer que ces renseignements seront systématiquement au dossier pour tous les futurs paiements. Pour les nouveaux contrats, les fournisseurs devront rédiger un rapport pour accompagner leurs factures, fournissant des renseignements détaillés sur les travaux accomplis. Les détenteurs de budget valideront ces renseignements et soumettront les documents avec les demandes de paiement.

Recommandation

Il est recommandé que la SCA du Secteur des stratégies et de la gestion intégrées s'assure de ce qui suit :

  1. que des contrôles soient mis en œuvre pour vérifier proactivement les dossiers existants de l'organisme afin de détecter de possibles conflits d'intérêts pour tout employé (ou personne réputée être employée) de l'organisme participant au processus d'approvisionnement.

Remarque : D'autres enjeux soulevés dans cette section qui ne sont pas couverts par la recommandation 3 le sont par la recommandation 2.

Réponse de la direction

La direction accepte la recommandation formulée.

Les SMC collaboreront avec l'équipe des valeurs et de l'éthique pour élaborer un processus de vérification des conflits d'intérêts. Entre-temps, les SMC examinent les noms des soumissionnaires et les membres de l'équipe d'évaluation pour détecter une division « à risque » avant que les propositions soient transférées au propriétaire fonctionnel comme mesure d'atténuation des risques.

Produits livrables et échéancier

Le DG de la Direction des finances, de la planification et de l'approvisionnement et la DG de la Direction de l'effectif et du milieu de travail :

  • élaboreront, mettront en œuvre et documenteront une procédure pour permettre à la Division de l'approvisionnement, des systèmes financiers et des contrôles internes de vérifier les conflits d'intérêts dans le cycle d'approvisionnement d'ici mars 2025.

Divulgation proactive

Les données sur la passation des marchés associées aux contrats examinés n'étaient pas toujours divulguées avec exactitude sur le Portail du gouvernement ouvert du Canada.

La Loi sur l'accès à l'information exige que les entités gouvernementales publient de manière proactive des renseignements sur les contrats d'une valeur de plus de 10 000 $, une modification de contrat lorsqu'elle modifie la valeur du contrat pour qu'il dépasse 10 000 $, et les modifications aux contrats qui font augmenter ou diminuer la valeur d'un contrat de plus de 10 000 $.

Conformément à ces exigences, l'audit a permis de constater que tous les contrats examinés sauf un ont été publiés sur le portail du gouvernement ouvert. Cependant, l'audit a noté que du reste des contrats qui ont été publiés,

  • deux contrats l'ont été en n'utilisant pas le bon nom de fournisseur;
  • deux modifications qui excédaient 10 000 $ n'ont pas été publiées;
  • de multiples écarts mineurs ont été détectés en ce qui a trait aux dates de début et de fin de contrat publiées.

Les SMC ont cerné des problèmes avec les renseignements de divulgation proactive avant le début de l'audit et ont travaillé pour apporter les corrections nécessaires et mettre en œuvre les nouveaux contrôles pour se pencher sur les causes des erreurs.

Recommandation

Il est recommandé que la SCA du Secteur des stratégies et de la gestion intégrées s'assure de ce qui suit :

  1. que les travaux en cours pour corriger les erreurs de divulgation proactive soient achevés; que les faiblesses dans le processus qui ont mené aux erreurs de divulgation soient déterminées et que de nouveaux contrôles pour garantir l'exactitude, l'intégralité et l'actualité des rapports de divulgation proactive soient mis en œuvre.

Réponse de la direction

La direction accepte la recommandation formulée.

L'équipe des projets spéciaux continuera

  • d'examiner les éléments d'information à risque élevé sur les contrats et les modifications de plus de 10 000 $ pour en assurer l'harmonisation avec le contrat ayant force obligatoire et republier les renseignements sur canada.ouvert.gc.ca;
  • de mettre à jour périodiquement la fiche d'aide pour les détails de déclaration en fonction des tendances détectées pour aider les autorités contractantes à effectuer une entrée de données plus exacte;
  • d'examiner, d'analyser et de corriger les tableaux d'identification des fournisseurs et la correspondance financière dans le Système financier ministériel commun (SFMC) pour améliorer l'exactitude et la qualité des données;
  • de créer un guide de l'utilisateur pour le SFMC avec explications, scénarios et normes ministérielles pour aider les autorités contractantes à s'y retrouver dans le système.

Produits livrables et échéancier

Le DG de la Direction des finances, de la planification et de l'approvisionnement :

  • analysera les rapports de divulgation proactive qui ont été examinés et republiés d'ici juin 2025;
  • mettra à jour la fiche d'aide pour les détails de déclaration qui aidera l'autorité contractante lors de l'entrée des données sur l'approvisionnement d'ici juin 2025;
  • mettra à jour le guide de l'utilisateur pour le SFMC qui aidera l'autorité contractante lors de l'entrée des données sur l'approvisionnement d'ici juin 2025.

Annexes

Annexe A : Critères d'audit

Annexe A : Critères d'audit
Critères d'audit Instruments de politique et sources
  1. Cadre de gestion de l'approvisionnement
    1. 1.1 L'organisme a établi et mis en œuvre un cadre de gestion de l'approvisionnement conforme à la Directive sur la gestion de l'approvisionnement du Conseil du Trésor.
  2. Approvisionnements en services professionnels
    1. 2.1 Les approvisionnements sont attribués d'une manière équitable, ouverte et transparente conformément au cadre de gestion de l'approvisionnement de l'organisme et aux instruments juridiques et de politique en place à ce moment.
    2. 2.2 Les contrats et les modifications sont établis et administrés conformément aux exigences du Secrétariat du Conseil du Trésor (SCT), et le rendement fait l'objet d'une surveillance pour s'assurer que les services respectent les conditions du contrat (qualité, coût, temps).
    3. 2.3 Les contrats font l'objet d'une divulgation proactive conformément aux exigences du SCT.
  3. Données sur l'approvisionnement
    1. 3.1 Les données sur l'approvisionnement sont recueillies et utilisées pour appuyer la surveillance et la prise de décisions par l'organisme.
  • Directive sur la gestion de l'approvisionnement du SCT et autres politiques, directives, procédures et lignes directrices pertinentes.
  • Cadre de gestion des marchés de l'organisme et son guide.
  • Mandat, ordres du jour et procès-verbaux des réunions, compte rendu des décisions et rapports pour les comités pertinents, s'il y a lieu.
  • Dossiers d'approvisionnement et données pertinentes.
  • Autres documents internes de Statistique Canada, le cas échéant.

Audit d'assurance de la qualité - Indice des prix à la consommation

Novembre 2024
Numéro de projet : 80590-139

Table des matières

Résumé

Le programme de l'Indice des prix à la consommation (IPC) est un programme essentiel au mandat qui est nécessaire pour mener à bien le mandat de base de Statistique Canada prévu par la loi. L'IPC est souvent utilisé comme un indicateur général de l'inflation au Canada et les Canadiens sont très nombreux à le connaître, à le citer et à y faire confiance.

La production mensuelle de l'IPC suit un processus de flux de données itératif dans le cadre duquel des validations et des vérifications de la qualité se produisent à différentes étapes de l'ensemble du processus. Pour respecter les dates de publication préannoncées, le programme de l'IPC doit suivre un horaire de production serré. De plus, en raison de sa large utilisation aux fins d'indexation, l'IPC ne fait l'objet d'aucune révision.

L'IPC est mesuré en fonction d'un panier de biens de consommation et de services. Des poids sont attribués aux groupes de produits du panier de l'IPC dans le cadre d'un processus de mise à jour du panier qui se déroule chaque année. Ces poids du panier sont ensuite appliqués lors du calcul de l'IPC mensuel.

L'organisme a élaboré une approche structurée pour obtenir des résultats statistiques de grande qualité comme décrit dans son Cadre d'assurance de la qualité et dans les Lignes directrices concernant la qualité complémentaires. Ensemble, ces outils de base déterminent les éléments de qualité concernant la production de statistiques officielles. Bien qu'il existe des lignes directrices et des listes de contrôle pratiques, l'expertise, le jugement et l'ensemble de compétences uniques du personnel demeurent essentiels — toutes les activités faisant partie du processus de production doivent démontrer une préoccupation pour la qualité.

L'organisme a également élaboré la Directive sur la validation des produits statistiques et les Lignes directrices sur la validation des produits statistiques connexes, qui visent à renforcer l'assurance de la qualité et à appuyer la qualité des produits statistiques. Ces instruments fournissent une orientation et des conseils pratiques au sujet de la validation — une vérification finale et très importante de la qualité par laquelle les produits statistiques doivent passer avant la diffusion. Cette vérification finale remet en question la validité des données statistiques, afin de s'assurer qu'elle ne comporte pas d'erreurs de conception ou d'exécution non décelées.

Enfin, le Manuel de l'Indice des prix à la consommation : Concepts et méthodes du Fonds monétaire international donne un aperçu exhaustif des méthodes et des pratiques dont les organisations nationales de la statistique devraient tenir compte. Les normes internationales qu'il renferme fournissent des lignes directrices sur les pratiques exemplaires et font la promotion de la qualité et de la comparabilité internationale des IPC nationaux.

Pourquoi est-ce important?

Divers intervenants se basent sur l'IPC, tels que les gouvernements, les entreprises, la Banque du Canada, le Système de comptabilité nationale et le milieu universitaire. L'un des principes de base au cœur du programme statistique de l'organisme est la qualité — un engagement qui contribue à favoriser et à assurer la confiance des Canadiens et des intervenants de l'organisme. Cet audit a été mené en raison de l'importance de la qualité pour le succès de l'organisme.

Conclusion générale

La direction a mis en œuvre un cadre de contrôle de la qualité adéquat pour assurer la qualité élevée des produits de l'IPC et l'application cohérente des processus d'assurance de la qualité connexes. Des mécanismes d'assurance de la qualité sont en place tout au long du processus de flux des données et intégrés dans la direction du programme. Les employés spécialisés sont des experts chevronnés et connaissent très bien leurs rôles et leurs responsabilités, et ils peuvent également décrire ceux de leurs collègues et de leurs pairs. Certaines possibilités d'amélioration ont été notées dans les domaines du respect des lignes directrices, des outils et des orientations en matière de validation, ainsi que de la gestion des risques.

Principales constatations

Validation des produits mensuels

Diverses activités d'assurance de la qualité sont effectuées par le programme de l'IPC pour valider ses produits statistiques mensuels, et les résultats font l'objet de discussions par le biais de mécanismes de gouvernance appropriés qui comprennent la haute direction. Les rôles et les responsabilités pertinents sont pour la plupart documentés et bien compris, et les employés sont en général appuyés par des processus et des procédures qui dirigent la validation des produits mensuels de l'IPC. Le programme de l'IPC n'a pas officiellement documenté une stratégie de validation pour ses produits mensuels, et aucun rapport de validation officiel n'est préparé, comme l'exigent les lignes directrices de l'organisme.

L'assurance de la qualité à l'intérieur du processus de mise à jour annuelle du panier

De nombreuses activités d'assurance de la qualité et de validation sont réalisées par le programme de l'IPC lors d'une mise à jour du panier. Ces activités sont documentées, les résultats font l'objet de rapports à la direction du programme et des processus de gouvernance adéquats assurent la surveillance de l'assurance de la qualité des mises à jour du panier. Les rôles et responsabilités pour l'assurance de la qualité à l'intérieur du processus de mise à jour du panier sont documentés et compris par la plupart des employés, et des processus et procédures en appui sont en place — bien que certaines limites aient été observées. Aucune stratégie de validation globale n'a été élaborée pour les mises à jour du panier.

Assurance de la qualité lors de la réception et de la préparation de sources de données de rechange

Le programme de l'IPC effectue en continu diverses activités d'assurance de la qualité lors de l'intégration de sources de données de rechange, et des processus de gouvernance sont en place pour superviser l'assurance de la qualité des sources de données de rechange utilisées lors de la production de l'IPC. Les rôles et responsabilités pour l'assurance de la qualité des sources de données de rechange sont documentés et bien compris. Les processus et procédures pertinents sont bien documentés, bien qu'évolutifs, et certains processus clés doivent être améliorés pour que le programme atteigne sa pleine maturité dans le cadre des opérations d'apprentissage automatique.

Gestion des risques

La direction et les employés de l'IPC ont une connaissance générale des risques du programme et certaines activités de gestion des risques ont lieu de manière ponctuelle. Cependant, les processus de gestion des risques ne sont pas documentés de manière officielle pour le programme de l'IPC.

Conformité aux normes professionnelles

L'audit a été réalisé conformément aux Procédures obligatoires régissant l'audit interne au sein du gouvernement du Canada, qui comprennent les Normes internationales d'audit interne de l'Institute of Internal Auditors.

L'application de procédures d'audit suffisantes et appropriées et la collecte des éléments de preuve contribuent à l'exactitude des constatations et des conclusions du présent rapport, et donnent une assurance de niveau audit. Les constatations et les conclusions sont fondées sur une comparaison des conditions, telles qu'elles existaient à l'époque, au regard de critères de vérification préétablis. Les constatations et les conclusions s'appliquent à l'entité examinée pour la portée et la période de référence de l'audit.

Steven McRoberts
Dirigeant principal de la vérification et de l'évaluation

Introduction

Contexte

La Division des prix à la consommation (DPC) a pour mandat de produire des données actuelles et pertinentes sur la variation de l'Indice des prix à la consommation au fil du temps et dans toutes les régions géographiques au Canada. Pour ce faire, la DPC produit et publie l'Indice des prix à la consommation (IPC) mensuellement. Le programme de l'IPC a pour objectifs de fournir des mesures fiables et en temps opportun de la variation de l'indice des prix à la consommation et des renseignements de grande qualité aux utilisateurs de données à l'intérieur de normes de service établies.

Le programme de l'IPC est un programme essentiel au mandat qui est nécessaire pour respecter le mandat de base de Statistique Canada prévu par la loi. L'IPC en soi est un indicateur de la variation des prix que connaissent les consommateurs canadiens. Il est calculé en comparant, au fil du temps, le coût d'un panier fixe de biens et services. L'indice est souvent utilisé comme un indicateur général de l'inflation au Canada. Il est largement connu et cité et les Canadiens y accordent leur confiance. L'une de ses utilisations les plus importantes est celle qu'en font les administrations publiques, les entreprises et les particuliers pour ajuster, en fonction de l'inflation, certains paiements contractuels ou prévus par la loi. De plus, l'IPC éclaire la politique monétaire, aide la Banque du Canada alors qu'elle s'efforce de maintenir l'inflation à l'intérieur de sa fourchette cible et permet au Système de comptabilité nationale d'estimer le produit intérieur brut en dollars constants. L'IPC est diffusé mensuellement dans Le QuotidienNote de bas de page 1 dans un délai de 31 jours suivant la période d'observation des prix. Habituellement, la diffusion a lieu la troisième semaine du mois qui suit la période d'observation des prixNote de bas de page 2.

La production mensuelle de l'IPC suit un processus de flux des données itératif au cours duquel les produits et les régions géographiques sont classifiés, une stratégie d'échantillonnage est déterminée, des points de vente sont sélectionnés, et des prix sont recueillis. Une fois les ensembles de données recueillis, ils font l'objet d'un examen, d'une révision et d'un ajustement de la qualité. Par la suite, les indices de prix élémentaires sont calculés et agrégés, les résultats sont analysés et les statistiques de l'IPC mensuel sont diffusées. Des activités de validation et de vérification de la qualité ont lieu à diverses étapes à mesure que les données passent par le processus de production. Pour respecter les dates de publication préannoncées, le programme de l'IPC doit suivre un horaire de production serré. De plus, en raison de sa large utilisation aux fins d'indexation, l'IPC ne fait l'objet d'aucune révision.

L'IPC est mesuré en fonction d'un panier de biens de consommation et de services. Le panier de l'IPC est classifié à l'aide de huit groupes de produitsNote de bas de page 3 (p. ex. aliments), qui sont formés de 187 agrégats de base (p. ex. essence et fruits frais) et 490 agrégats élémentaires (p. ex. pommes). Des agrégats élémentaires sont ajoutés au panier ou en sont supprimés à mesure que les habitudes de consommation évoluent au fil du temps. Des poids sont attribués aux groupes de produits du panier de l'IPC dans le cadre d'un processus de mise à jour du panier. Ces poids du panier sont ensuite appliqués lors du calcul de l'IPC mensuelNote de bas de page 4.

L'organisme a élaboré une approche structurée pour obtenir des résultats statistiques de grande qualité comme décrit dans son Cadre d'assurance de la qualité (2017) et dans les Lignes directrices concernant la qualité complémentaires (2019). Ensemble, ces outils de base déterminent les éléments de qualité concernant la production de statistiques officielles et aident les gestionnaires de programme à garantir des processus de production de données de grande qualitéNote de bas de page 5. Bien que des lignes directrices et des listes de vérification pratiques soient fournies, elles n'ont pas pour but de remplacer l'expertise et le jugement des employés chargés de produire des données. Cependant, le souci de la qualité qui en émane doit toujours se manifester dans l'ensemble des activités de tout processus de production. Il incombe à tout le personnel intervenant dans les activités statistiques de veiller à ce que la qualité soit considérée comme hautement prioritaire durant la conception et la mise en œuvre des méthodes et des procédures statistiques.

L'organisme a également élaboré la Directive sur la validation des produits statistiques (2015) et les Lignes directrices sur la validation des produits statistiques connexes (2015), qui visent à renforcer l'assurance de la qualité et à appuyer la qualité des produits statistiques. Ces instruments fournissent une orientation et des conseils pratiques au sujet de la validation — une vérification finale et très importante de la qualité par laquelle les produits statistiques doivent passer avant la diffusion. Cette vérification finale remet en question la validité des données statistiques, afin de s'assurer qu'elle ne comporte pas d'erreurs de conception ou d'exécution non décelées.

Enfin, le Manuel de l'Indice des prix à la consommation : Concepts et méthodes (2020) du Fonds monétaire international donne un aperçu exhaustif des méthodes et des pratiques dont les organisations nationales de la statistique devraient tenir compte. Les normes internationales qu'il renferme fournissent des lignes directrices sur les pratiques exemplaires et font la promotion de la qualité et de la comparabilité internationale des IPC nationaux.

Objectif de l'audit

Cet audit avait pour objectif de fournir une assurance raisonnable que la direction a établi un cadre de contrôle de la qualité adéquat pour assurer la qualité élevée des produits de l'IPC et l'application cohérente des processus d'assurance de la qualité connexes.

Portée

La portée de l'engagement comprenait un examen de certains composants du cadre de contrôle de la qualité du programme de l'IPC, y compris la gouvernance et la surveillance, les rôles et responsabilités, les processus d'assurance de la qualité établis qui sont appuyés par des outils et des orientations, et l'application de tels processus.

Le travail sur le terrain relativement à ce qui précède comprenait les domaines particuliers suivants :

  • les activités réalisées pour valider les produits de l'IPC avant qu'ils ne soient diffusés au public
  • l'assurance de la qualité à l'intérieur du processus de mise à jour annuelle du panier
  • l'assurance de la qualité lors de la réception et de la préparation de sources de données de rechange utilisées dans la production de l'IPC.

Un échantillon de processus d'assurance de la qualité a été sélectionné aux fins d'examen pour confirmer qu'ils fonctionnaient comme prévu. L'accent était mis sur certaines activités réalisées par le programme de l'IPC pour assurer la grande qualité des produits statistiques. Cet audit ne comprenait pas le réexamen de tout calcul de l'IPC et n'évaluait pas ni ne commentait pas l'exactitude ou la validité des produits statistiques diffusés par le programme de l'IPC.

En ce qui a trait à la portée de l'audit, l'utilisation de l'expression « produits de l'IPC » ou « produits statistiques » comprend le communiqué du Quotidien et tous les tableaux à l'appui de l'Entrepôt commun de données de sortie publiés en ligne à l'intention du public conformément au calendrier officiel de diffusion mensuelle de l'IPC. Également inclus, le tableau des poids du panier de l'IPC qui est publié en ligne et mis à jour annuellement. Le programme de l'IPC diffuse aussi des tableaux de prix de détail moyens mensuels, un outil de visualisation des données et des articles, des rapports, des journaux et des périodiques connexes. Ces publications supplémentaires ne faisaient pas partie de la portée du présent audit.

La période faisant l'objet de l'examen s'étendait du 1er janvier 2023 au 30 juin 2024.

Approche et méthodologie

Le travail sur le terrain consistait en ce qui suit :

  • les entrevues et les visites de membres clés de la direction et du personnel;
  • un examen et une analyse des documents pertinents;
  • la vérification d'un échantillon de processus d'assurance de la qualité pertinents;
  • l'examen des politiques, des lignes directrices et des normes actuelles; et
  • l'examen de certains ordres du jour de réunions de comités et comptes rendus de décisions.

Autorité

L'audit a été mené en vertu des pouvoirs prévus dans le Plan intégré d'audit et d'évaluation fondé sur les risques (2023-2024 à 2027-2028) approuvé par Statistique Canada.

Constatations, recommandations et réponse de la direction

Validation des produits mensuels

Diverses activités d’assurance de la qualité sont effectuées par le programme de l'IPC pour valider ses produits statistiques mensuels, et les résultats font l'objet de discussions par le biais de mécanismes de gouvernance appropriés qui comprennent la haute direction. Les rôles et les responsabilités pertinents sont pour la plupart documentés et bien compris, et les employés sont en général appuyés par des processus et des procédures qui dirigent la validation des produits mensuels de l'IPC. Le programme de l'IPC n'a pas officiellement documenté une stratégie de validation pour ses produits mensuels, et aucun rapport de validation officiel n'est préparé, comme l'exigent les lignes directrices de l'organisme.

Dans le cadre d'un processus statistique, la validation est l'ensemble d'activités qui font en sorte que les estimations pondérées et les statistiques agrégées sont fiables, exactes et défendables. Elle comprend les processus utilisés pour déterminer et corriger les incohérences dans les microdonnées et les macrodonnées au moyen d'outils de diagnostic et à l'aide de l'expertise du domaine. Les activités de validation évaluent donc la qualité d'un produit statistique, du point de vue de son exactitude, de sa cohérence et de sa vraisemblance globale. Les statisticiens valident la qualité des données de sortie produites, conformément à un cadre général de la qualité par rapport aux attentes, en fonction de leurs connaissances cumulatives du domaine statistique particulier. La validation vise à remettre en question les estimations plutôt qu'à les rationaliser. Il est donc important que les résultats inhabituels ou les fluctuations soient compris et que les estimations atypiques déclenchent un examen plus détaillé.

La Directive sur la validation des produits statistiques (la Directive) de Statistique Canada énonce les dispositions nécessaires pour s'assurer que la validation est réalisée et documentée pour tous les produits statistiques de l'organisme. Elle exige que l'ensemble des programmes essentiels au mandat suivent les étapes de validation décrites conformément aux Lignes directrices sur la validation des produits statistiques (appelées « Lignes directrices » ci–après) de l'organisme, sauf si l'on peut donner la raison pour laquelle une étape n'a pu être menée à bien. En tant que programme essentiel au mandat, l'IPC doit se conformer à la Directive et aux Lignes directrices.

Selon ces lignes directrices, « les directeurs doivent s'assurer que chaque programme de leur division comporte une stratégie de validation qui respecte les exigences de la Directive pour la validation des produits statistiques ». Une stratégie de validation explique en détail les activités de validation prévues d'un programme statistique à réaliser et les détails sur ce qui sera réalisé (p. ex., quels sont les dossiers à vérifier ou quels sont les partenaires externes qui participeront). La stratégie de validation de chaque programme doit être documentée à l'intérieur d'un rapport de validation, bien qu'aucun format particulier ne soit exigé pour le rapport. Dans la plupart des cas, l'élément de stratégie de validation du rapport de validation demeurera stable au fil du temps et il devra être mis à jour uniquement lorsque des changements sont apportés aux mesures de validation utilisées. On s'attend à ce que les directeurs de programme examinent la stratégie de validation de chaque programme au moins tous les trois ans, afin de veiller à ce que les activités de validation réalisées suffisent à atténuer les risques au chapitre de la qualité des données.

Les Lignes directrices exigent aussi que le rapport de validation soit mis à jour à chaque cycle de production pour enregistrer les résultats des plus récentes activités de validation du programme. Si des anomalies perçues ou des anomalies réelles sont trouvées, il faut documenter ces divergences, l'examen qui a été mené et la stratégie de correction mise en œuvre ou la raison de l'acceptation de la divergence. Le rapport doit rendre compte uniquement des principaux points ou éléments du processus de validation, mais il doit comporter suffisamment de détails pour que la raison justifiant cette conclusion concernant la qualité des données soit claire.

Le programme de l'IPC réalise régulièrement bon nombre des activités d'assurance de la qualité pour valider les produits de l'IPC mensuel, comme l'exigent les Lignes directrices. Des processus de gouvernance sont en place pour surveiller la validation des produits statistiques.

Les Lignes directrices divisent les activités de validation en huit activités fondées sur les secteurs spécialisés et deux activités fondées sur les processus. Les activités de validation fondées sur les secteurs spécialisés sont (1) l'analyse des variations au fil du temps, (2) la vérification des estimations désaisonnalisées, (3) la vérification des estimations par les tableaux croisés, (4) l'analyse de la cohérence fondée sur des événements courants connus, (5) la comparaison avec d'autres sources similaires de données publiées par Statistique Canada, (6) la consultation d'intervenants à l'intérieur de Statistique Canada, (7) la participation au Forum du Quotidien et (8) la séance d'information officielle au comité de gouvernance. Les activités de validation fondées sur les processus sont (1) l'examen des processus de production et (2) l'analyse de la cohérence fondée sur des indicateurs de qualité (voir l'annexe B pour une description des activités de validation).

L'équipe d'audit a appris que les responsabilités pour chacun des huit groupes de produits à l'intérieur du panier de l'IPC sont affectées à cinq sous-sectionsNote de bas de page 6 au sein de la subdivision de la Production de la DPC. En outre, l'achèvement de certaines activités de validation est une responsabilité conjointe parmi les sous-sections au sein de la Subdivision de la Production et des Sous-sections de l'analyse et de la diffusion, tandis que d'autres sont l'unique responsabilité d'une sous-section au sein de la DPC. Ainsi, cinq des huit groupes de produits et les sous-sections pertinentes au sein de la Subdivision de la Production ont fait l'objet d'un échantillonnage avec les Sous-sections de l'analyse et de la diffusion pour évaluer l'application des principales étapes de validation à l'intérieur des Lignes directrices pour trois mois de référence échantillonnés aléatoirement. Toutes les sous-sections sélectionnées ont été évaluées en fonction des responsabilités et responsabilisations préexistantes pour dix étapes de validation clés (énumérées ci-dessus). Dans l'ensemble, des huit étapes de validation fondées sur le secteur spécialisé requises, cinq ont été jugées entièrement conformes et trois ont été jugées conformes avec condition. Pour ce qui est des deux étapes fondées sur les processus, elles ont toutes deux été jugées non conformes (précisions ci-dessous).

L'audit a conclu que — chaque mois — toutes les sous-sections effectuent des rapports d'analyse mensuels qui documentent les fluctuations de prix, les tendances et schémas ainsi que les éléments moteurs pour chaque groupe de produits assigné. Des réunions d'examen de l'indice mensuel sont ensuite tenues entre les sous-sections de la production et la sous-section de l'analyse pour présenter les fluctuations de prix aux fins de discussion et d'examen par les pairs, comme des analyses d'une année à l'autre et d'un mois à l'autre et les facteurs clés à l'origine des fluctuations de prix. Les rapports d'analyse mensuels générés par les sous-sections de la production servent à diffuser l'information et à valider chaque groupe de produits à son niveau d'agrégat respectif. La sous-section de l'analyse peut demander des renseignements supplémentaires et effectuer par la suite des activités pour valider l'ensemble de l'IPCNote de bas de page 7 au macro-niveau d'agrégat. Ces réunions d'examen de l'indice mensuel comprennent la direction et le personnel clés de l'IPC et agissent comme autorisation verbale pour permettre aux gestionnaires de programme d'approuver les données au niveau d'agrégat de l'indice. De plus, l'audit a permis de constater que le programme de l'IPC présente ses résultats mensuels de diffusion anticipée et obtient une approbation verbale du programme et de la haute direction — y compris le Comité de gestion stratégique — conformément aux exigences de validation clés (voir l'annexe B). Le Comité de gestion stratégique est un comité du premier palier qui fournit une orientation stratégique globale à l'organisme et agit comme organe responsable de toutes les prises de décisions liées à la gestion organisationnelle et à la gouvernance de Statistique Canada.

Examen des processus de production

Bien que des activités ponctuelles soient menées pour aborder et régler les questions et les défis qui se posent, un examen proactif des processus de production par les sous-sections de la production échantillonnées n'a pas été observé. Cela étant dit, le chef de sous-section désigné a été en mesure d'expliquer de nombreux cas où des questions et des défis ont été soulevés, et d'expliquer les étapes et les mesures prises pour aborder et régler de telles questions. Par conséquent, des mesures sont prises pour régler les questions des processus de production, mais elles ne font pas l'objet d'une surveillance active dans le cadre du processus de validation.

Analyse de la cohérence fondée sur des indicateurs de qualité

Les entrevues ont révélé qu'il y a des normes de service du gouvernement du Canada pour le programme de l'IPC, notamment les accusés de réception des clients doivent être envoyés dans un délai de 24 heures et la diffusion de l'IPC mensuel doit se faire dans un délai de 31 jours suivant la période d'observation des prix. Qui plus est, la DPC assure le suivi et les rapports sur les paramètres Web tels que le nombre de visites de certains sites Web; cependant, il n'existe pas d'indicateurs de la qualité pour le programme de l'IPC au-delà de cette capacité. La direction de l'IPC a confirmé qu'une analyse de la cohérence fondée sur des indicateurs de qualité pour le programme n'est pas effectuée conformément aux Lignes directrices.

Les rôles et responsabilités pour les activités de validation mensuelle de l'IPC sont pour la plupart documentés et semblent être communiqués et bien compris par les employés visés. Des processus et procédures sont en place pour diriger la validation des produits statistiques mensuels de l'IPC.

Les objectifs professionnels des ententes de rendement pour la direction et le personnel clés de l'IPC comprennent certaines activités de validation importantes telles que la vérification des données, la vérification et l'analyse des valeurs aberrantes et la détermination des problèmes de traitement. Dans la même veine, les affichages de poste et les énoncés des critères de mérite reconnaissent la nécessité de mener certaines activités de validation clés.

Les sous-sections des marchandises sont chargées de générer et de maintenir leurs propres outils de suivi de la charge de travail. Chacun est unique, sans présentation uniforme, mais les rôles et responsabilités pourront se retrouver à divers degrés, certains limités, à l’intérieur de chaque outil de suivi. Les sous-sections des marchandises dispersent la charge de travail en fonction de la classe de marchandise, et toutes les activités pour chaque classe de marchandise sont dans la plupart des cas réalisées par le même analyste.

Des discussions au sujet de la division des tâches avec le personnel clé de l'IPC ont permis de constater qu'il serait possible d'ajouter une couche supplémentaire de contrôle pour séparer les activités de conformité et d'approbation et d'examen et validation statistique; cependant, une telle division des tâches pourrait aussi ajouter une couche de complexité inutile pour le personnel. À l'heure actuelle, ces activités ne sont pas séparées pour la plupart des sous-sections des marchandises, car on considère qu'il est plus avantageux pour chaque analyste de bâtir une expertise du domaine au sein de ses groupes de marchandises respectifs. Cela permet aux analystes de parler avec aisance des fluctuations de prix. En outre, alors que la sous-section de l'analyse mène un examen impartial de l'IPC d'ensemble, une couche supplémentaire de surveillance est actuellement intégrée dans le processus de validation pour détecter toutes les valeurs aberrantes éventuelles dans les données.

Les entrevues avec la direction et le personnel clés de l'IPC ont révélé qu'une certaine quantité de formation et d'expertise pourrait être obtenue par l'entremise d'un jumelage professionnel, qui se produit lorsque de nouveaux employés arrivent. De plus, la plupart des employés avaient l'impression et étaient clairement en mesure de démontrer qu'ils comprenaient leurs rôles et responsabilités, ainsi que ceux de leurs collègues, et que ces rôles et responsabilités leur étaient communiqués.

Parmi les outils et orientations demandés par les cinq sous-sections de la production échantillonnées et les sous-sections de l'analyse et de la diffusion, la plupart ont fourni une documentation suffisante pour leur permettre de s'acquitter de leurs responsabilités relativement aux activités de validation. Toutes les sous-sections de la production disposent de modèles pour générer des rapports d'analyse des indices mensuels. La sous-section de l'analyse peut compter sur un guide qui fournit une orientation sur la manière de produire la diffusion de l'IPC mensuel dans Le Quotidien et préparer et présenter les documents analytiques à la division et à la direction de l'organisme. Qui plus est, la Division de la diffusion utilise une liste de tâches mensuelle pour l'IPC afin de suivre les activités réalisées pour diffuser les produits de l'IPC mensuel et un guide de validation des données de l'IPC, qui comprend les étapes à suivre pour télécharger, formater et valider les tableaux applicables de l'Entrepôt commun de données de sortie par rapport aux rapports du système.

Bien qu'il existe des documents, certaines possibilités d'amélioration ont été notées en ce qui concerne l'étendue et l'ampleur des détails, la couverture de toutes les activités de validation conformément aux Lignes directrices, le public cible et la pertinence continue ou l'applicabilité. Par exemple, on trouve certains conseils sur la validation des données au microniveau dans le Manuel de production de l'IPC, bien que le guide ne renferme pas les activités de validation au niveau d'agrégat et que sa dernière mise à jour remonte à 2014, ce qui en limite la pertinence.

Il existe une grande quantité de documents de formation qui offrent aux employés de l'IPC des renseignements généraux ainsi que des orientations sur les flux de données, les objectifs, la structure du programme, etc. Toutefois, les documents pourraient fournir des orientations particulières sur les activités de validation mensuelle de l'IPC, notamment au niveau d'agrégat.

Les personnes interviewées étaient toutes d'accord — bien qu'il y ait certains écarts (par exemple, un manque de documents d'intégration et d'orientations procédurales étape par étape pour certaines sous-sections) — pour dire qu'il existe en général des documents pour le programme de l'IPC. Cependant, les documents sont fragmentés, et il peut parfois être difficile de les parcourir pour trouver ce qui est demandé. Qui plus est, on a indiqué que certaines compétences et expertises requises pour traiter et analyser les données au microniveau, de même que générer des observations et en arriver à comprendre les fluctuations de prix pour un certain groupe de produits au microniveau et au macroniveau exigeaient un certain degré de formation en cours d'emploi. Bien qu'elle ne soit bien entendu pas documentée officiellement, dans certains cas, on a indiqué qu'une partie de cette formation pourrait être possible.

Une stratégie de validation officielle pour les produits de l'IPC mensuel n'a pas été élaborée, et des rapports de validation officiels ne sont pas préparés pour chaque cycle de production.

L'audit a permis de constater qu'il n'existe aucune stratégie de validation officielle et qu'aucun rapport de validation mensuel n'est généré pour le programme de l'IPC. Le but de la stratégie de validation et des rapports de validation est de s'assurer que toutes les activités de validation requises ont été intégrées dans le programme, fonctionnent comme prévu et font l'objet d'une surveillance et d'une évaluation. Les rapports de validation visent précisément à enregistrer et à communiquer les résultats des enquêtes. En outre, ils peuvent souligner et suivre certaines tendances potentielles des données de l'IPC mensuel. Les indicateurs de la qualité pour le programme devraient faire l'objet de rapports et s'harmoniser avec les rapports de validation et la stratégie de validation.

L'assurance de la qualité à l'intérieur du processus de mise à jour annuel du panier

De nombreuses activités d'assurance de la qualité et de validation sont réalisées par le programme de l'IPC lors d'une mise à jour du panier. Ces activités sont documentées, les résultats font l'objet de rapports à la direction du programme et des processus de gouvernance adéquats assurent la surveillance de l'assurance de la qualité des mises à jour du panier. Les rôles et responsabilités pour l'assurance de la qualité à l'intérieur du processus de mise à jour du panier sont documentés et compris par la plupart des employés, et des processus et procédures en appui sont en place, bien que certaines limites aient été observées.

L'IPC est une moyenne pondérée des variations des prix d'un panier fixe de biens et de services, qui est fondé sur les dépenses d'une population cible au cours d'une période de référence donnée. Pour refléter les variations de prix vécues par les Canadiens, les pondérations du panier doivent être représentatives de la façon dont les Canadiens dépensent leur argent. En 2021, le processus de mise à jour du panier est passé d'une mise à jour pluriannuelle à une mise à jour annuelle pour que le panier de l'IPC soit plus représentatif des habitudes de consommation des Canadiens. Bien que des mises à jour plus fréquentes du panier devraient en théorie réduire les biais de substitution et des nouveaux biens, ce changement vient aussi avec des niveaux d'efforts accrus et introduit plus de possibilités d'erreurs.

L'équipe de l'audit a appris que le processus de mise à jour annuel du panier est complexe et nécessite de nombreuses activités d'assurance de la qualité et de validation qui exigent des connaissances spécialisées et un ensemble de compétences, activités qui sont réalisées par diverses équipes et certains employés clés au sein de la DPC. Il y a essentiellement deux groupes d'assurance de la qualité et d'activités de validation de haut niveau dans le cadre du processus annuel : (1) assurance de la qualité et validation des nouvelles valeurs de pondération du panier et (2) assurance de la qualité et validation de l'intégration des nouveaux poids du panier à l'intérieur des systèmes de production et de diffusion de l'IPC. Les nombreuses activités d'assurance de la qualité et de validation réalisées s'inscrivent à l'intérieur de ces deux groupes et sont pour la plupart documentées à l'intérieur d'un calendrier de mise à jour du panier dont la DPC assure le suivi et la mise à jour.

Le programme de l'IPC réalise de nombreuses activités d'assurance de la qualité et de validation lors de la mise à jour d'un panier, dont bon nombre suivent les Lignes directrices. Des processus de gouvernance sont en place pour surveiller l'assurance de la qualité des mises à jour du panier.

L'équipe d'audit a sélectionné un échantillon de 15 activités uniques d'assurance de la qualité et de validation à partir du plus récent calendrier de mise à jour du panier. Les documents à l'appui démontrant le rendement de chaque étape ont été demandés et fournis. L'audit a permis de constater que les 15 étapes sélectionnées ont été suivies par les équipes et les personnes appropriées au meilleur de leur compréhension.

L'audit a aussi permis de constater que le programme de l'IPC est conforme aux attentes pour ce qui est de documenter les métadonnées statistiques. Il y a un niveau suffisant de renseignements auxquels les Canadiens ont accès à propos des poids du panier et du processus de mise à jour du panier. Cela comprend les sources de données primaires et de rechange utilisées, c'est-à-dire, des renseignements supplémentaires nécessaires pour bien comprendre, analyser et utiliser les données statistiques sont disponibles en quantité suffisante.

De plus, le processus de mise à jour annuel du panier comporte de multiples niveaux de surveillance. Le groupe de travail sur les améliorations à apporter à la mise à jour du panier, le Comité de gestion de la mise à jour du panier et le Comité directeur de l'IPCNote de bas de page 8 jouent tous un rôle pour surveiller la mise à jour annuelle du panier. Le groupe de travail a pour objectif de cerner les domaines d'amélioration dans les méthodes et les processus de mise à jour du panier de l'IPC, de contribuer à planifier le travail pour mettre en œuvre les améliorations et de recommander les améliorations à la direction du programme. Les activités d'amélioration sont entreprises et font l'objet d'un suivi. Le comité de direction est formé de la direction du programme jusqu'au niveau du directeur. Ce comité examine et approuve les méthodes et les processus de mise à jour du panier. Certains articles sont présentés au comité directeur de l'IPC, en fonction des besoins. Un examen des ordres du jour et les comptes rendus de réunion démontrent que des discussions structurées ont lieu à divers niveaux au sein de la DPC pour assurer une surveillance adéquate de l'assurance de la qualité des mises à jour du panier.

Les rôles et responsabilités pour le personnel clé concernant l'assurance de la qualité dans le cadre du processus de mise à jour du panier sont en grande partie documentés et compris. Les processus et les procédures sont majoritairement en place pour orienter l'assurance de la qualité dans le cadre du processus de mise à jour du panier.

L'audit a permis de constater que le document d'orientation principal pour assigner les rôles et responsabilités est le calendrier de mise à jour du panier qui est maintenu par la DPC. De plus, les responsabilités pertinentes sont incluses dans les objectifs de travail pour la plupart des équipes et des personnes participantes. Dans la plupart des cas, on a indiqué lors des entrevues que les rôles et responsabilités des personnes étaient bien compris, bien que l'on ait constaté que le rôle d'un analyste clé n'était pas défini. Les entrevues ont également révélé une certaine confusion entourant les rôles et responsabilités liés à la validation de l'additivité des agrégats particuliers à l'intérieur du tableau des poids du panier. Les Sous-sections de l'analyse et de la diffusion ont indiqué ignorer qui est responsable d'effectuer cette vérification de la validation. Par conséquent, cette année, un grand nombre d'erreurs de calcul n'ont pas été prises en compte lors de vérifications précédentes et ont été découvertes trop peu de temps avant la diffusion des nouveaux poids du panier.

Des documents en matière de procédure ont été fournis par la plupart des équipes ayant participé au processus de mise à jour annuelle du panier. En général, l'audit a permis de constater que la documentation fournit suffisamment de directives aux membres de l'équipe en ce qui a trait à leurs propres activités d'assurance de la qualité et de validation. Cependant, on a reconnu que la documentation pour la sous-section de la modélisation des indices pourrait être améliorée (par exemple, il n'y a pas de documentation préexistante qui décrit — pour chaque activité d'assurance de la qualité réalisée — ce qui est attendu, ce qui constitue une réussite ou un échec, ou comment documenter et communiquer les résultats). Dans le même ordre d'idées, les Sous-sections de l'analyse et de la diffusion et un analyste clé ont reconnu la même lacune en ce qui a trait à la documentation détaillée.

Aucune stratégie de validation globale n'a été élaborée pour les mises à jour du panier. Une liste de diverses activités d'assurance de la qualité et de validation et leurs résultats sont documentés et déclarés à la direction du programme, bien qu'il y ait certaines limites.

Pour ce qui est de l'IPC mensuel (comme mentionné ci-dessus), l'équipe d'audit a compris que la mise à jour annuelle du panier serait aussi soumise à des exigences en matière de validation, parce que le tableau des poids du panier de l'IPC est un produit statistique unique et il est publié de manière indépendante, par l'entremise du Quotidien, des produits mensuels standard de l'IPC. Par conséquent, le processus de validation mensuel standard de l'IPC ne couvrirait pas la mise à jour du panier en soi.

C'est pourquoi l'équipe d'audit a demandé une stratégie de validation documentée pour le processus de mise à jour annuel du panier. Elle a été informée que le travail de validation effectué est documenté par le biais de présentations qui sont fournies à la direction du programme pour faciliter leur examen et approbation des nouveaux poids du panier par l'entremise d'une série de réunions de certification. L'équipe d'audit a examiné les présentations fournies et a constaté qu'elles comprennent une liste cumulative de points d'intérêt des réunions. Les points d'intérêt comprenaient un examen de l'algorithme à utiliser comme outil d'assurance de la qualité, les commentaires de la Subdivision de la Production au sujet de valeurs aberrantes importantes, un examen des valeurs aberrantes non réglées, un résumé du processus d'examen des poids et un examen des parts relatives. L'équipe d'audit a déterminé que cette liste pouvait être considérée comme une stratégie de validation limitée. Même dans ce cas, la liste finale ne peut être jumelée à toutes les étapes de validation clés conformément aux Lignes directrices. Dans la même veine, le calendrier de mise à jour du panier est un outil raisonnablement détaillé qui assigne de manière explicite les responsabilités pour certaines activités clés d'assurance de la qualité et de validation à diverses équipes et personnes qui participent au processus de mise à jour annuelle du panier; cependant, il ne peut pas non plus être jumelé aux étapes de validation requises pour les programmes essentiels au mandat.

En ce qui a trait à un rapport de validation pour consigner et communiquer les résultats des activités annuelles d'assurance de la qualité et de validation, l'équipe d'audit a été informée qu'il existe une documentation complète sur tous les commentaires reçus, ajustés ou non ajustés, le nombre de changements apportés, l'impact net sur chaque agrégat majeur, les techniques utilisées pour faire des ajustements, et la quantité réelle de chaque ajustement effectué. L'équipe d'audit a examiné la documentation fournie et déterminé qu'elle comprend de manière conceptuelle les composants notés. De plus, les résultats à l'intérieur de la documentation fournie sont discutés lors des réunions de certification avec la direction du programme (noté ci-dessus), bien que les comptes rendus des discussions ne soient pas conservés. En ce qui a trait à la stratégie de validation, cependant, la documentation fournie est jugée limitée en termes de rapport de validation, car elle ne peut être facilement ou entièrement jumelée à toutes les étapes de validation requises conformément aux Lignes directrices.

Compte tenu de la complexité et de la vaste gamme de participants aux activités d'assurance de la qualité et de validation dans le cadre du processus de mise à jour annuelle du panier, une stratégie de validation officielle et complète aiderait davantage la direction du programme à clarifier les rôles et les responsabilités. En outre, sans documentation procédurale adéquate appuyant les rôles et responsabilités clés, des changements de personnel ou de surveillance pourraient faire en sorte que certaines activités d'assurance de la qualité et de validation ne soient pas réalisées adéquatement ou du tout, donnant lieu à des erreurs éventuelles dans les poids du panier qui sont diffusées au public.

Recommandation

Il est recommandé que la statisticienne en chef adjointe du Secteur de la statistique économique s'assure de ce qui suit :

  1. qu'une stratégie de validation complète est officiellement documentée pour le programme de l'IPC, et qu'elle comprend (1) les produits de l'IPC mensuel, y compris le suivi des indicateurs de qualité du programme, et (2) que des mises à jour annuelles du panier et des rapports de validation officiels sont préparés conformément aux exigences prescrites pour les programmes essentiels au mandat conformément aux Lignes directrices sur la validation des produits statistiques.

Réponse de la direction

La direction accepte la recommandation formulée.

Le programme de l'IPC documentera officiellement sa stratégie de validation, y compris la mise à jour annuelle du panier, et l'harmonisera avec les lignes directrices ministérielles sur la validation des produits statistiques pour les programmes essentiels au mandat.

Produits livrables et échéancier

La directrice générale de la Direction de la statistique de l'industrie :

  1. officialisera le document de stratégie de validation de la mise à jour de l'IPC mensuel et du panier annuel conformément aux Lignes directrices sur la validation des produits statistiques d'ici avril 2025; et
  2. officialisera les rapports de validation cycliques conformément aux Lignes directrices sur la validation des produits statistiques d'ici septembre 2025.

La directrice générale de la Direction de la statistique de l'industrie, en collaboration avec la directrice générale de la Direction des méthodes statistiques modernes et de la science des données :

  1. établira des indicateurs de la qualité provisoires pour les indices de prix et appliquera les mesures au programme de l'IPC d'ici avril 2025.

Recommandation

Il est recommandé que la statisticienne en chef adjointe du Secteur de la statistique économique s'assure de ce qui suit :

  1. que les rôles et responsabilités ayant trait aux activités de validation — en lien avec (1) les produits de l'IPC mensuel et (2) les mises à jour annuelles du panier — sont examinés et mis à jour, au besoin, et que des processus et procédures détaillés sont établis, au besoin.

Réponse de la direction

La direction accepte la recommandation formulée.

Dans le cadre de l'élaboration d'une stratégie de validation complète, le programme de l'IPC améliorera les processus et les procédures et clarifiera les rôles et responsabilités ayant trait à ces activités de validation. Il s'agira notamment des activités dont les rôles et responsabilités s'étendent à des équipes multidisciplinaires à diverses étapes du cycle de production de l'IPC.

Produits livrables et échéancier

La directrice générale de la Direction de la statistique de l'industrie :

  1. documentera officiellement les responsabilités assignées et les mécanismes d'approbation pour les activités de validation et de mise à jour mensuelle de l'IPC et de mise à jour annuelle du panier, d'ici mars 2025; et
  2. mettra à jour les processus et procédures liés aux activités de validation et de mise à jour mensuelle de l'IPC et de mise à jour annuelle du panier d'ici mai 2025.

Assurance de la qualité lors de la réception et de la préparation de sources de données de rechange

Le programme de l'IPC effectue en continu diverses activités d'assurance de la qualité lors de l'intégration de sources de données de rechange, et des processus de gouvernance sont en place pour superviser l'assurance de la qualité des sources de données de rechange utilisées lors de la production de l'IPC. Les rôles et responsabilités pour l'assurance de la qualité des sources de données de rechange sont documentés et bien compris. Les processus et procédures pertinents sont bien documentés, bien qu'évolutifs, et certains processus clés doivent être améliorés pour que le programme atteigne sa pleine maturité dans le cadre des opérations d'apprentissage automatique.

Statistique Canada s'efforce constamment de moderniser et de simplifier les méthodes de collecte de données. Au sein du programme de l'IPC, des sources de données de rechange, telles que les données de lecteurs optiques des commerces de détail et les données de moissonnage du Web, remplacent graduellement la collecte traditionnelle sur le terrain (c.-à-d., les intervieweurs qui visitent les magasins de détail en personne pour recueillir des observations sur les prix). À l'heure actuelle, environ la moitié de toutes les données recueillies sur les prix — ce qui représente environ 20 % de l'ensemble du panier de l'IPC — sont recueillies sous la forme d'une source de données de rechange, et le but est d'augmenter la quantité de données recueillies sur les prix pour atteindre 75 %. L'organisme continue de travailler avec de nouveaux fournisseurs de données éventuels pour élargir l'utilisation des sources de données de rechange.

Cette augmentation progressive de l'utilisation de sources de données de rechange a modifié les processus et les méthodes de production de l'IPC, ainsi que les systèmes d'ingestion de données, qui nécessitent une capacité et des ressources adéquates pour recevoir et préparer de vastes ensembles de données. À l'instar de nombreuses organisations nationales de la statistique, le programme de l'IPC de Statistique Canada tire avantage d'algorithmes d'apprentissage automatique supervisés pour traiter efficacement ces ensembles de données.

L'équipe d'audit a noté que les scientifiques de données du programme de l'IPC sont des contributeurs clés au Comité d'experts sur les mégadonnées et la science des données pour les statistiques officielles de l'ONU. Leur groupe de travail sur les données de lecteurs optiques a élaboré un guide sur l'utilisation de nouvelles sources de données pour la production de statistiques sur l'indice des prix à la consommation. Le Canada est aussi membre du groupe consultatif du comité et président de son conseil de la livraison technique. Les scientifiques de données de l'IPC ont publié plusieurs articles et études qui ont contribué à l'avancement mondial pour les programmes d'IPC dans les domaines des sources de données de rechange et de l'apprentissage automatique. Néanmoins, il s'agit là de disciplines émergentes pour les organisations nationales de la statistique, et par conséquent, les normes internationales ne sont pas encore établies. L'équipe d'audit a été informée que la plupart des organisations nationales de la statistique mènent encore des recherches et collaborent toujours sur des méthodologies dans ces domaines.

Le programme de l'IPC effectue constamment diverses activités d'assurance de la qualité lorsqu'il ingère des sources de données de rechange. Des processus de gouvernance sont en place pour surveiller l'assurance de la qualité des sources de données de rechange utilisées dans la production de l'IPC.

Selon les publications et la recherche effectuées par Statistique Canada et d’autres organisations nationales de la statistique, plusieurs processus clés peuvent contribuer à la qualité des sources de données de rechange utilisées dans l’IPC. Ces processus comprennent l’obtention de données à l’aide de négociations avec les fournisseurs, les vérifications de la qualité globale, les vérifications de la qualité détaillée, les modèles d’apprentissage automatique avec validation manuelle, et l’assurance de la qualité par le domaine spécialisé.

Un échantillon discrétionnaire de trois formes de sources de données de rechange utilisées par le programme de l’IPC a été sélectionné pour faire l’objet d’un examen minutieux fondé sur les risques, la proéminence d’utilisation à l’intérieur de certains groupes de produits et la matérialité des poids de leur panier, de sorte que l’échantillonnage couvrait environ 50 % du panier de l’IPC (pour l’année de référence 2022). Les trois formes de sources de données de rechange sélectionnées étaient (1) les données de lecteurs optiques des commerces de détail utilisées pour le groupe de produits des aliments, (2) les données issues du moissonnage du Web utilisées pour le groupe de produits de l’habillement et chaussures et (3) autres données de rechange utilisées pour les coûts d’intérêts hypothécaires à l’intérieur du groupe de produits du logement. Trois mois de référence échantillonnés aléatoirement ont aussi été sélectionnés (voir la section Validation des produits mensuels). En fonction de l’échantillon d’audit testé, l’audit a permis de constater que toutes les procédures d’assurance de la qualité pour l’ingestion (par exemple, les vérifications de la qualité globale et détaillée et la validation manuelle des classifications d’apprentissage automatique) étaient systématiquement appliquées conformément aux procédures documentées.

L'équipe d'audit a également observé que des ententes écrites officielles sont en place avec les principaux détaillants qui fournissent les données de lecteurs optiques utilisées dans la production de l'IPC. Le Manuel de l'Indice des prix à la consommation : concepts et méthodes du Fonds monétaire international précise qu'il s'agit d'une bonne pratique pour s'assurer que les besoins en matière de qualité et d'actualité sont satisfaits. Statistique Canada a également mis en place un contrat avec une tierce partie pour réaliser des activités de moissonnage du Web. Le contrat comprend un énoncé des travaux détaillé pour s'assurer que les données reçues répondent aux besoins de l'organisme pour ce qui est de la qualité et de l'actualité, et que l'organisme fournit des instructions sur les détaillants au fournisseur pour garantir l'harmonisation avec la structure de classification de l'IPC. Les employés qui participent aux processus d'assurance de la qualité pour les sources de données de rechange n'avaient aucune inquiétude relativement à l'actualité des données.

L'audit a permis de constater que le comité directeur de l'IPC surveille activement l'utilisation accrue des sources des données de rechange du programme de l'IPC. Le comité reçoit des mises à jour régulières des progrès réalisés quant à l'incorporation de nouvelles sources de données de rechange et à l'ingestion et au traitement des sources de données de rechange existantes. Les présentations au comité comprennent les enjeux, risques et résolutions connexes. Des renseignements sur les processus d'assurance de la qualité pour les données de lecteurs optiques des commerces de détail et les données du moissonnage du Web, y compris les opérations d'apprentissage automatique, ainsi que le travail et les réalisations en cours dans ces domaines sont aussi inclus.

Les rôles et responsabilités pour le personnel clé participant à l'assurance de la qualité des sources de données de rechange sont documentés et bien compris. Les processus et les procédures pour diriger l'assurance de la qualité des sources de données de rechange pendant l'ingestion sont bien documentés tout en étant évolutifs.

L'audit a permis de constater que les rôles et les responsabilités liés aux activités d'assurance de la qualité requises pour l'ingestion des sources de données de rechange, y compris les opérations d'apprentissage automatique, étaient documentés dans une variété d'orientations procédurales individuelles. Les entrevues menées auprès de la direction et du personnel clés du programme ont aussi indiqué que les rôles et responsabilités sont bien compris — aucune incertitude ni aucun chevauchement n'ont été exprimés ou notés.

De nombreux documents de procédures sont utilisés dans le programme de l'IPC pour traiter les données de lecteurs optiques des commerces de détail, les données du moissonnage du Web et d'autres sources de données de rechange utilisées dans la production. Il a été constaté que tous les sous-processus clés avaient au moins un document de procédure écrit. Même si ces documents ont été pour la plupart élaborés au niveau de l'équipe ou de la sous-section, ils ont été jugés suffisamment détaillés pour aider les employés visés à s'acquitter de leurs responsabilités. Bien qu'aucun document de procédure établissant des plans d'action de remplacement en cas de limites des données de rechange n'était disponible, les employés visés étaient en mesure de trouver des solutions et de fournir des exemples de situations où des limites se sont produites et comment elles ont été réglées efficacement.

Statistique Canada a mis en place des documents d'orientation supplémentaires pour l'utilisation de sources de données de rechange tels que la Directive sur le moissonnage du Web et un document public complet appelé Le logement dans l'IPC canadien : un aperçu (2023). Ce dernier donne un aperçu des concepts et des pratiques liés au groupe de produits du logement, y compris la méthodologie et les sources de données de rechange utilisées pour les coûts d'intérêts hypothécaires. L'organisme ne dispose toutefois pas encore d'un exposé de principes général ou d'une directive sur les données de lecteurs optiques. Le Manuel de l'indice des prix à la consommation : concepts et méthodes recommande aux organisations nationales de la statistique de publier un exposé de principes expliquant comment elles procéderont avec l'utilisation des données de lecteurs optiques pour compiler l'IPC, y compris les sources de données et les méthodes à employer.

Les processus pour les opérations d'apprentissage automatique n'ont pas encore atteint leur pleine maturité.

Pour les données de lecteurs optiques et les données de moissonnage du Web, le programme de l'IPC tire parti de l'apprentissage automatique supervisé pour contribuer à classer et à jumeler de nouveaux produits uniques à l'intérieur de vastes ensembles de données dans les bons groupes de produits au sein de la structure du panier de l'IPC. Selon le document Apprentissage automatique pour les statistiques officielles (2021) de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe, les principaux processus de l'assurance de la qualité pour les opérations d'apprentissage automatique sont (1) l'entraînement par modèle, (2) le suivi du rendement du modèle et (3) le réentraînement du modèle.

L'équipe d'audit a évalué chaque processus clé d'assurance de la qualité par le biais d'entrevues et d'examens des documents. Dans l'ensemble, l'audit a permis de constater qu'il existait des documents de procédures pour guider l'entraînement par modèle et le suivi du rendement ainsi que les activités de réentraînement. Cependant, les personnes interrogées ont reconnu qu'il n'existait aucune directive officielle de l'organisme et que les normes internationales sont encore en processus d'élaboration, alors que les opérations d'apprentissage automatique sont encore un domaine émergent pour toutes les organisations nationales de la statistique. Les employés clés ont noté que le processus d'entraînement par modèle était simple — les données d'entraînement du modèle sont préparées lors de l'acquisition de nouvelles sources de données de rechange, avant que les données soient utilisées dans la production de l'IPC. En revanche, les entrevues ont confirmé que le suivi du rendement du modèle et que le réentraînement du modèle sont présentement plus ponctuels — les fréquences de ces activités n'ont pas été établies officiellement, bien qu'une étude publiée par les scientifiques des données de l'IPC ait déterminé la fréquence idéale pour le réentraînement à intervalles de trois à six mois.

L'équipe d'audit a observé que les scientifiques des données de l'IPC avaient mené un échantillonnage aléatoire stratifié robuste des données de lecteurs optiques pour l'un des détaillants de produits alimentaires en 2023. Le document en résultant a recommandé que de plus amples travaux soient menés, y compris d'enquêter sur les classes de produits affichant un piètre rendement, de mettre en œuvre un échantillon aléatoire stratifié d'autres détaillants de produits alimentaires et de mesurer le rendement du modèle en continu. Jusqu'à maintenant, aucune campagne supplémentaire d'échantillonnage aléatoire n'a été menée.

De plus, des processus manuels sont en place pour valider les produits de classification de l'apprentissage automatique. Cependant, bien que ces processus aient été jugés efficaces, ils sont exigeants en main-d'œuvre et pourraient limiter l'extensibilité pour des sources de données de rechange et des applications supplémentaires au sein du programme de l'IPC.

L'apprentissage automatique est un pilier clé des sources de données de rechange utilisées dans la production de l'IPC et l'expansion continue dans ce domaine. Toutefois, les modèles d'apprentissage automatique peuvent rapidement se détériorer une fois déployés, mettant ainsi l'accent sur l'importance d'avoir en place de nouveaux produits uniques étant dotés de processus d'assurance de la qualité cohérents pour surveiller et réentraîner les modèles utilisés pour contribuer à classifier les nouveaux produits uniques. L'objectif à long terme de l'organisme devrait être d'atteindre la pleine maturité pour ses opérations d'apprentissage automatique au sein du programme de l'IPC afin d'assurer la qualité, la fiabilité, la cohérence et l'extensibilité des modèles de classification automatisée et les processus à l'appui. Cela comprendrait la mise en œuvre de pratiques principales reconnues et de contrôles efficaces de la surveillance des modèles.

Recommandation

Il est recommandé que la statisticienne en chef adjointe du Secteur de la statistique économique s'assure de ce qui suit :

  1. qu'un cadre global accompagné d'orientations et de normes détaillées pour l'utilisation et l'application de sources de données de rechange à l'intérieur du programme de l'IPC, y compris les opérations d'apprentissage automatique, est élaboré et mis en œuvre.

Réponse de la direction

La direction accepte la recommandation formulée.

Le programme de l'IPC élaborera des orientations et des normes détaillées pour l'utilisation et l'application de sources de données de rechange. Cela comprendra la manière dont l'IPC respecte les lignes directrices internationales, l'état final souhaité, le flux opérationnel, l'architecture sous-jacente de l'organisme, les pratiques exemplaires, les rôles et responsabilités entourant l'ingestion des données d'autres sources et leur utilisation dans la production de l'IPC.

Produits livrables et échéancier

La directrice générale de la Direction de la statistique de l'industrie :

  1. élaborera un cadre documenté accompagné d'orientations et de normes détaillées sur l'utilisation et l'application de sources de données de rechange à l'intérieur du programme de l'IPC d'ici février 2025;
  2. déterminera la fréquence de déploiement du modèle d'apprentissage automatique mis à jour et le mettra en œuvre d'ici avril 2025; et
  3. officialisera l'élaboration de mesures de rendement du modèle d'apprentissage automatique et déterminera les seuils d'examen manuel d'ici juillet 2025.

Gestion des risques

La direction et les employés de l'IPC ont une connaissance générale des risques du programme et certaines activités de gestion des risques ont lieu de manière ponctuelle. Cependant, les processus de gestion des risques ne sont pas documentés de manière officielle pour le programme de l'IPC.

Les processus de gestion des risques ne sont pas officiellement documentés.

La Politique de gestion intégrée des risques et le Cadre de gestion intégrée du risque de Statistique Canada s'applique à toutes les activités de gestion organisationnelles, d'investissement, de politiques, de programmes, de projets, opérationnelles, des ressources et des finances. Ces instruments sont en place pour appuyer l'intégration de la gestion des risques dans les processus de prise de décisions à tous les niveaux de l'organisme. Ils instaurent aussi une culture de prise de décisions responsable éclairée par l'analyse du risque, qui contribue à la réalisation des objectifs de l'organisme et à l'amélioration des résultats. Une gestion efficace du risque peut doter un programme statistique des outils pour réagir activement au changement et à l'incertitude en s'appuyant sur l'information basée sur les risques en vue d'une prise de décisions plus efficace.

À l'intérieur du train de politiques de gestion des risques de l'organisme, il incombe aux cadres et aux gestionnaires de faire preuve de leadership et d'orienter leurs employés pour qu'ils soient en mesure de déterminer, d'évaluer et de gérer les risques pertinents dans leurs plans, leurs programmes, leurs projets et leurs activités opérationnelles. Ils veillent également à ce que les risques soient communiqués et examinés de manière appropriée dans le cadre de la structure de gouvernance respective et transmis aux partenaires et intervenants internes ou externes appropriés. Ils encouragent les bonnes pratiques de gestion du risque et sont responsables de produire des rapports sur les réponses au risque.

Compte tenu du fait que l'IPC est essentiel au mandat, les principaux risques pour les objectifs du programme — y compris les risques émergents (par exemple, les changements de méthodologies et de systèmes) — devraient être dégagés et abordés activement, et les résultats de ce travail devraient être officiellement documentés. Il s'agirait notamment d'évaluer chaque risque pour en déterminer les répercussions éventuelles et la probabilité de se produire, et de documenter un plan d'action pour atténuer, transférer, éviter ou accepter le risque.

Les entrevues avec la direction et le personnel clés de l'IPC ont révélé qu'ils avaient une connaissance générale des risques du programme de l'IPC; cependant, aucun document officiel de gestion des risques n'était disponible. L'équipe d'audit a également noté que la vision et le plan de travail de la DPC n'étaient pas directement liés à une évaluation officielle des risques. Quoi qu'il en soit, certaines activités de gestion des risques ponctuelles ont lieu et des stratégies officielles d'atténuation des risques ont été décrites lors des entrevues — par exemple, des activités régulières de transfert des connaissances ont lieu. De plus, le Groupe de travail sur les améliorations de la mise à jour du panier a documenté des enjeux et des plans d'atténuation pertinents pour la mise à jour du panier, même si ces travaux ne sont pas liés à un cadre officiel de gestion des risques pour le processus de mise à jour du panier en tant que tel ou pour le programme de l'IPC dans son ensemble.

Un cadre de gestion des risques garantirait que les risques principaux pour l'atteinte des objectifs du programme de l'IPC sont activement cernés, surveillés et atténués ou supprimés, si jugé nécessaire. Cela contribuerait ainsi à garantir la livraison continue de produits statistiques fiables et actuels du programme. En outre, compte tenu des changements importants et continus apportés au programme, des pratiques de gestion des risques officielles permettraient de mieux appuyer la gestion de l'IPC dans le cadre de l'établissement des priorités des initiatives de changement à venir.

Recommandation

Il est recommandé que la statisticienne en chef adjointe du Secteur de la statistique économique s'assure de ce qui suit :

  1. qu'un cadre de gestion des risques officiel est établi pour le programme de l'IPC, et que des rôles et responsabilités pour la gestion des risques sont officiellement documentés et bien compris.

Réponse de la direction

La direction accepte la recommandation formulée.

Le programme de l'IPC élaborera un profil des risques officiel qui respecte la Politique de gestion intégrée des risques et le Cadre de gestion intégrée du risque de Statistique Canada. Le programme de l'IPC utilisera ce profil comme renseignements pour la prise de décisions et la planification, l'établissement des priorités, les investissements et la mise à jour continue. Ce profil de risque sera examiné en continu et sera un document évolutif.

Réalisation attendue et calendrier

La directrice générale de la Direction de la statistique de l'industrie :

  1. officialisera un profil de risque conformément aux lignes directrices de l'organisme d'ici janvier 2025.

Annexes

Annexe A : Critères d'audit

Critères d'audit
Critères d'audit Instruments de politique et sources

1.1 Les processus de gouvernance et de surveillance sont en place et fonctionnent comme prévu pour surveiller certains processus d'assurance de la qualité à l'intérieur du programme de l'Indice des prix à la consommation (IPC).

1.2 Les rôles et responsabilités pour certains processus d'assurance de la qualité à l'intérieur du programme de l'IPC sont bien documentés et compris par les employés visés.

1.3 Les employés visés sont dotés des outils et des directives nécessaires pour les aider à s'acquitter de leurs responsabilités relativement à l'assurance de la qualité.

1.4 Certains processus d'assurance de la qualité sont appliqués de manière cohérente pour garantir des produits de l'IPC de grande qualité.

  • Cadre d'assurance de la qualité de Statistique Canada
  • Lignes directrices concernant la qualité de Statistique Canada
  • Directive sur la validation des produits statistiques de Statistique Canada
  • Lignes directrices sur la validation des produits statistiques de Statistique Canada
  • Directive sur la documentation des métadonnées statistiques de Statistique Canada
  • Politique de gestion intégrée des risques de Statistique Canada
  • Cadre de gestion intégrée du risque de Statistique Canada
  • Manuel sur l'IPC du Fonds monétaire international (FMI) : concepts et méthodes
  • Autres documents internes de Statistique Canada, le cas échéant.

Annexe B : Activités de validation

Les Lignes directrices sur la validation des produits statistiques définissent les étapes de validation précises que tous les programmes essentiels au mandat doivent suivre, sauf si l'on peut donner la raison pour laquelle une étape n'a pu être menée à bien. Les activités de validation se divisent en deux groupes :

  • Activités fondées sur les secteurs spécialisés
  • Activités fondées sur les processus.

Les activités de validation fondées sur les secteurs spécialisés suivantes sont requises pour les enquêtes essentielles au mandat :

  1. Analyse des variations au fil du temps : pour analyser les variations au fil du temps, on crée une série chronologique cohérente pour une statistique particulière, selon une séquence de points dans le temps.
  2. Vérification des estimations désaisonnalisées : dans le cas des données mensuelles ou trimestrielles qui présentent des estimations désaisonnalisées, une validation des résultats peut être appropriée. La désaisonnalisation est conçue pour éliminer l'effet des influences saisonnières et du calendrier sur les données infra-annuelles, et ainsi permettre des comparaisons plus utiles de la situation économique d'une période à l'autre.
  3. Vérification des estimations par les tableaux croisés : cette analyse est habituellement effectuée à un niveau de désagrégation plus détaillé que celui des estimations publiées. Ces totalisations permettent de vérifier la cohérence interne du fichier de données et fournissent la possibilité d'explorer les caractéristiques sous–jacentes associées aux estimations.
  4. Analyse de la cohérence fondée sur des événements courants connus : dans le cadre de l'analyse de la cohérence fondée sur des événements courants connus, on valide les estimations en fonction des renseignements sur le domaine et des événements récents ayant touché le secteur.
  5. Comparaison avec d'autres sources similaires de données publiées par Statistique Canada : la comparaison avec d'autres sources similaires de données, publiées par Statistique Canada ou par des sources externes, peut permettre d'évaluer si les microdonnées et estimations agrégées déclarées sont raisonnables.
  6. Consultation d'intervenants à l'intérieur de Statistique Canada : il serait possible de consulter les intervenants qui ont des connaissances directes du domaine spécialisé faisant l'objet de l'étude ou qui sont des experts d'un domaine spécialisé connexe.
  7. Participation au Forum du Quotidien : Le Forum du Quotidien est un événement interactif dans lequel les analystes qui participent à la diffusion et à l'interprétation des estimations essentielles au mandat se réunissent pour mettre en commun des renseignements concernant les principales constatations et tendances, et échangent de l'information sur les événements ou les facteurs qui sont pertinents pour l'interprétation de ces données. Il fournit aussi à tous les participants des renseignements sur l'ensemble d'indicateurs connexes de différents programmes statistiques qui pourraient être examinés au moment de l'assurance de la qualité de diffusions de données particulières.
  8. Séance d'information officielle au comité de gouvernance : Chaque programme essentiel au mandat doit présenter ses résultats de diffusion anticipée au comité de gouvernance (c'est-à-dire, le Comité de gestion stratégique). La présentation comprend un aperçu de tous les changements mis en œuvre ou des problèmes qui se sont posés pendant les opérations de production, les répercussions que ces changements peuvent avoir eues sur les estimations, et la stratégie d'atténuation des risques utilisée. Les enjeux liés à la gestion des programmes doivent aussi être présentés, soulignant tout risque accru d'erreur attribuable à des préoccupations concernant la gestion des ressources humaines ou des employés, ainsi que la stratégie d'atténuation utilisée.

Les activités de validation fondées sur les processus suivantes sont requises pour les enquêtes essentielles au mandat :

  1. Examen des processus de production : Les processus de production comprennent, par exemple, la création de la base de sondage, le plan d'échantillonnage, la collecte, le codage, la vérification, l'imputation et les systèmes de pondération. Ils comprennent aussi d'autres interventions, comme le couplage de données administratives ou le calcul de variables dérivées.
  2. Analyse de la cohérence fondée sur des indicateurs de qualité : les indicateurs de la qualité associés à un programme devraient servir à savoir si une estimation est valide. Dans le cas des enquêtes statistiques, des indicateurs de la qualité fondés sur le plan de sondage, les résultats de la collecte et le traitement sont utilisés. Sans toutefois s'y limiter, les indicateurs de la qualité comprennent notamment les taux d'imputation, les métadonnées et les paradonnées, et les taux de révision de l'estimation.