Hé-coutez bien! Épisode 17 - Que font vos enfants en ligne? Le savez-vous vraiment?

Date de diffusion : le 12 avril 2024

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2816-2250

Que font vos enfants en ligne? Le savez-vous vraiment?

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Graphique de Que font vos enfants en ligne? Le savez-vous vraiment?

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StatCan a publié une nouvelle analyse de la culture en ligne dans laquelle grandissent nos enfants, et celle-ci est loin de représenter le meilleur des mondes possibles : mésinformation, intimidation, violence... et pire encore.

Samuel Perreault se joint à nous pour analyser les résultats de cette étude.

Animatrice

Annik Lepage

Invité

Samuel Perreault

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 17 - Que font vos enfants en ligne? Le savez-vous vraiment?? - Transcription

Transcription

Annik :Bienvenue a Hé-coutez bien, un balado de Statistique Canada où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage.

L'Internet n'est plus ce qu'il était à ses débuts et, je pense que, même si deux personnes utilisent l'Internet en même temps, elles font l'expérience de deux Internets différents : les algorithmes devinent ce que vous voulez voir, ce sur quoi vous voulez cliquer, ce que vous voulez acheter. Votre Internet n'est pas le mien, et l'Internet d'aujourd'hui n'est certainement pas celui d'hier.  Une nouvelle analyse de Statistique Canada révèle des résultats alarmants sur l'expérience en ligne des jeunes Canadiens.

Pour discuter de ce sujet nous accueillons Samuel Perreault au studio.

Samuel :Samuel Perreault, analyste au Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités de Statistique Canada.

Annik :Les jeunes sont-ils exposés à davantage de contenu en ligne, disons préoccupant que l'utilisateur moyen?

Samuel :Par rapport à la moyenne, oui définitivement. Déjà les jeunes sont beaucoup plus sur Internet quoi que de nos jours presque tout le monde est sur Internet, mais les jeunes le sont un petit peu plus et quand on regarde le contenu auquel ils sont exposés, effectivement ils sont davantage exposés à du contenu, soit de la mésinformation, de la désinformation et également de la nudité en ligne.

Donc oui ils le sont beaucoup plus si on regarde juste pour ce qui est des fausses informations, c'est environ quatre-vingt-quatre pour cent environ, très précisément quatre-vingt-quatre pour cent, des quinze à vingt-quatre ans qui ont dit avoir vu des fausses nouvelles, des fausses informations comparativement à soixante-dix pour cent pour la moyenne, donc c'est quand même assez significatif.

En plus des fonctions aussi du contenu totalement inapproprié comme le contenu haineux ou le contenu violent, donc soit du contenu qui va cibler certains groupes, qui va appeler à la violence ou qui va être carrément violent donc les quinze vingt-quatre ans sont le groupe qui est le plus exposé à ce type de contenu  et quand même dans une proportion encore très significative donc plus de sept jeunes sur dix comparativement à même pas la moitié dans la population en général donc, et les jeunes avec une incapacité sont encore plus exposés donc c'est environ deux fois et demie plus souvent des jeunes avec une incapacité qui est exposé à ce type de contenu tous les jours par rapport aux autres jeunes du même groupe d'âge. On voyait cependant aucune différence par rapport au genre ou aux groupes racisés. Donc c'est vraiment chez les jeunes avec une incapacité qu'on voyait une telle différence.

Annik :C'est quoi la différence entre l'intimidation puis les crimes haineux?

Samuel :C'est une bonne question parce que les deux s'entrecoupent évidemment on peut parler d'un continuum mais un continuum qui à certains moments va s'entrecouper. Donc l'intimidation, ça va être des comportements répétitifs qui ont le but intentionnel de blesser une personne, de la dénigrer, ça peut impliquer des actions physiques, mais également des actions verbales ou des fois des comportements plus subtils et qui vont souvent aussi impliquer des relations de pouvoir. Ceci dit, ça peut devenir criminel dans certains cas donc la différence entre l'intimidation, le bullying et le harcèlement criminel peut être très mince et quand on parle d'action physique également, on tombe aussi dans des comportements qui peuvent être criminels. Les crimes haineux, ça peut être à la base n'importe quel crime, du moins pour l'instant il y a des discussions pour peut-être changer le code criminel en ce moment au Parlement, mais pour l'instant la notion de crime motivé par la haine, c'est un facteur aggravant dans le code criminel donc n'importe quel crime peut être un crime haineux.  Donc un crime doit être haineux quand il est motivé par la haine d'un groupe en particulier. Donc soit que le crime a été motivé par la haine de la race, l'origine ethnique, le genre, l'identité de genre, l'orientation sexuelle, la langue, etc.  Donc c'est la principale différence.

Annik :Les jeunes sont-ils également soupçonnés de commettre des crimes haineux en ligne?

Samuel :Oui, définitivement, donc les jeunes étaient donc environ un peu plus du tiers des auteurs présumés de crimes haineux en ligne étaient des jeunes, surtout des garçons. Donc les garçons de douze à dix-sept ans représentaient trente pour cent de tous les auteurs présumés de tous les crimes haineux en ligne.

Les filles de ce groupe d'âge représentaient cinq pour cent, ce qui est beaucoup moins que les garçons, mais quand même significatif si on compare aux autres groupes d'âge et les dix-huit à trente-quatre ans représentait un autre vingt-cinq pour cent hommes et femmes combinés donc définitivement les jeunes sont souvent les auteurs présumés des crimes haineux, donc les victimes et les auteurs présumés.

Annik :Quels sont les défis qui sont posés par l'étude des interactions en ligne, donc la mésinformation, l'intimidation et les crimes haineux?

Samuel :Le principal défi, c'est d'arriver à mesurer correctement ces comportements-là donc disons ce qui se passe sur Internet, ça évolue très rapidement et on sait que construire une enquête et l'amener sur le terrain c'est un long processus, donc par le temps qu'on arrive sur le terrain, que l'enquête ait lieu, il peut déjà avoir eu beaucoup d'évolution, donc juste de rester à jour et trouver les bonnes questions pour mesurer ce qu'on veut. Mesurer ce qui se passe sur Internet est en soi un défi. Il peut également y avoir les taux de réponses qui peuvent être des défis.

Donc on sait que les taux de réponse aux enquêtes ménages sont à la baisse depuis de nombreuses années et typiquement les jeunes y répondent encore moins. Donc quand on vise un sujet qui s'attarde essentiellement aux jeunes c'est un défi supplémentaire également parce que pour l'instant, on se fie essentiellement sur des enquêtes ménages donc on ne va pas encore dans les techniques de webscraping, pardonnez l'anglicisme, donc on se fie aux enquêtes ménages et dans le cas des crimes haineux, les données provenaient des données policières, donc les données qui sont déclarés par la police. Donc là, on ajoute une contrainte supplémentaire, il faut que ça ait été porté à l'attention de la police donc plusieurs des comportements dont on a parlé aujourd'hui ou dans l'étude parfois ont des comportements qui peuvent être sans dire qu'ils vont être mineurs parce que c'est des comportements qui peuvent avoir des conséquences importantes pour les victimes. Mais si ça n'atteint pas le seuil du code criminel, de l'acte criminel, la police ne peut rien faire. Puis on sait également que si le crime n'est pas particulièrement grave, la police va pas émettre non plus des tonnes de moyens donc il y a beaucoup de ces crimes-là qui ne vont pas être déclarés à la police, crimes ou comportements en général qui ne vont tout simplement pas être déclarés à la police, donc qui ne feront pas les données de l'enquête.

Annik :Pourquoi selon vous ces résultats sont-ils importants?

Samuel :Déjà les résultats ont été publiés dans le cadre de la Journée du chandail rose qui, je pense déjà représente, est un indicateur de l'importance. On y consacre une journée, c'est parce que ça peut avoir des conséquences assez importantes pour les victimes.

Quand on parle de l'intimidation en ligne, du bullying, des crimes haineux, ça peut avoir des effets dévastateurs sur les victimes, sur la confiance en soi, certains peuvent en venir jusqu'au suicide. Donc évidemment, c'est un enjeu important et de pouvoir identifier qui sont les personnes derrière donc qui en sont les victimes et qui en sont les auteurs présumés.

Ça va évidemment aider à mieux cibler les politiques pour intervenir autant auprès des victimes que des auteurs présumés. Également, quand on pense aux mauvaises informations aussi, la mésinformation, ça peut avoir des conséquences sur la démocratie, la santé de la démocratie, de nos institutions.

Donc là aussi, c'est des enjeux assez importants et d'actualité auxquels il est pertinent de s'attaquer et pour pouvoir bien s'y attaquer bien on a besoin d'avoir des informations pertinentes

Annik :Merci beaucoup!

Vous venez d'écouter Hé-Coutez bien! Merci à notre invité, Samuel Perreault.

Pour plus d'informations sur le sujet d'aujourd'hui consultez l'article publié dans Le Quotidien du 27 février 2024, intitulé La haine et l'agression en ligne chez les jeunes au Canada.

Vous pouvez vous abonner à cette émission à partir de tout endroit où vous accédez habituellement à vos balados. Vous y trouverez également sa version anglaise, intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission, n'hésitez surtout pas à la noter, à la commenter et à vous y abonner.

Sources

Le Quotidien — La haine et l'agression en ligne chez les jeunes au Canada