Hé-coutez bien! Épisode 26 - Une taxe sur vos deux maisons!

Date de diffusion : le 16 juillet 2025

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN : 2025007

Écoutez « Hé-coutez bien! » sur :

Deux pays, égaux en noblesse,
Dans la belle Amérique du Nord, où nous plaçons notre scène,
Sont entraînés d’une ancienne amitié à une tragédie commerciale nouvelle.
Dans le champ des données sur le commerce et les droits de douane, que pourrions-nous glaner?

Venez écouter Marie-Christine Bernard, directrice dans la division de l’analyse stratégique à Statistique Canada, alors que nous nous entretenons avec elle sur l’évolution du commerce avec notre voisin le plus proche, sur ce que les premiers chiffres suggèrent à propos du conflit et sur les éventuelles répercussions de la situation sur l’économie canadienne.

Regard sur le Canada et les États-Unis

Animatrice

Annik Lepage

Invitée

Marie-Christine Bernard

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode 26 - Une taxe sur vos deux maisons! - Transcription

Transcription

 Annik : Bienvenue à Hé-coutez bien! un balado de Statistique Canada où nous rencontrons les personnes derrière les données et découvrons les histoires qu'elles révèlent. Je suis votre animatrice, Annik Lepage.

Vous savez comment c'est… un autre jour, un autre tarif! Au cas où vous ne le sauriez pas nous vivons une fois de plus une période exceptionnelle et nous sommes en conflit commercial avec notre meilleur ami. Il y a eu beaucoup d'incertitudes sur ce que cela signifie et quelles en sont les implications.

Nous sommes donc ici avec une experte de StatCan pour en discuter.

Marie-Christine : Je suis Marie-Christine Bernard, directrice dans la division de l'analyse stratégique à Statistique Canada.

Annik : Pouvez-vous nous expliquer brièvement ce qui se passe avec notre partenaire commercial le plus proche? Quelles sont les dernières nouvelles?

Marie-Christine :  En fait depuis le début de l'année, il y a des tensions commerciales avec les États-Unis. Au début de l'année, l'administration américaine a annoncé qu'elle voulait mettre des droits de douane sur les marchandises en provenance du Canada. Alors, au fil des mois, février, mars, ça s'est concrétisé. En mars, on a vu des droits de douane, principalement sur l'acier, des produits de l'acier et de l'aluminium. Et en avril, il y a eu d'autres droits de douane sur les automobiles ainsi que sur d'autres marchandises qui ne sont pas tout à fait conformes avec l'accord Canada- États-Unis-Mexique sur le libre-échange.

Annik : Alors, quelle est l'importance de nos relations avec les États-Unis? Et plus précisément, quel est le degré d'intégration des relations entre le Canada et les États-Unis?

Marie-Christine :  Nous sommes très, très reliés à l'économie américaine, pour le commerce des marchandises près du trois quarts de nos exportations vont vers les États-Unis. Dans certains secteurs, c'est même encore plus prononcé pour le secteur de l'automobile près de 90 % de la production d'automobiles canadiennes est destinée au marché américain. Nous sommes grandement intégrés. Si on regarde, par exemple, la part de l'économie canadienne de l'activité économique au Canada, qui est près de 17 % du PIB canadien, dépend des échanges entre le Canada et les États-Unis, ce qui représente environ deux 2, 6 millions d'emplois. Ce n'est quand même pas non plus négligeable. Et pour le secteur manufacturier, c'est plus de 500,000 emplois qui dépendent du commerce entre le Canada et les États-Unis.

Annik :  Quels sont les secteurs les plus menacés alors?

Marie-Christine :  Pour les secteurs les plus menacés présentement, on a vu avec les droits de douane que certaines compagnies ont déjà commencé à annoncer des mises à pied ainsi que d'autres secteurs dans l'économie canadienne, parce que ce ne sont pas que les droits de douane qu'ils vont affecter. Il y a aussi beaucoup d'incertitudes, puisque c'est possible qu'il y ait d'autres droits de douane qui soient appliqués alors les compagnies sont plus hésitantes présentement à faire des plans d'affaires, à faire des investissements au Canada. Alors les impacts sont beaucoup plus larges que seulement les exportations du Canada vers les États-Unis.

Annik : Et que suggèrent les premiers chiffres au fur et à mesure que le conflit commercial se développe?

Marie-Christine :  Bien, ce qu'on a observé présentement, c'est qu'au début de l'année, avec les discussions qu'il y aurait des droits de douane les entreprises ont pris cette opportunité pour revoir et exporter davantage avant que les droits de douane soient mis en place. Alors la fin de l'année 2024 avait quand même été assez bonne pour l'économie canadienne. On avait vu les exportations qui augmentaient dans les derniers mois de 2024 et ça s'est poursuivi également au début de l'année en 2025. Mais une fois que les droits de douane ont été appliqués, on a vu les exportations qui ont reculé grandement dans les mois suivants.

Annik : Savons-nous comment les entreprises et les ménages s'adaptent à cette période de perturbation et d'incertitude?

Marie-Christine :  Oui, puisqu'on a des enquêtes qui regardent les perspectives pour les entreprises ainsi que pour les consommateurs. Qu'est-ce qu'on observe du côté des entreprises, c'est que, malgré qu'elles ne soient pas toutes affectées présentement, elles prennent des mesures pour atténuer l'incertitude économique présentement. Alors, du côté des entreprises, on a vu qu'elles sont plus prudentes avec leur décision d'investissement ainsi qu'avec leurs embauches. Du côté du marché du travail, on a vu pratiquement aucune création d'emploi depuis la fin de 2024 et par le fait même, on a aussi observé une augmentation du taux de chômage, principalement dans les régions qui sont plus affectées par les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis.

Pour ce qui est des consommateurs, c'est certain que l'incertitude économique et les nouvelles qu'on l'on voit présentement affectent aussi leurs intentions de faire un achat majeur tel une grosse dépense, comme un véhicule. Ou même du côté du marché immobilier qui a beaucoup ralenti au Canada dans les derniers mois.

Annik : Et quels défis représente la diversification de l'économie?

Marie-Christine :  Ça, c'est une très bonne question avec ce qui se passe présentement. Notre principal partenaire commercial étant les États-Unis et aussi nos exportations sont grandement concentrées dans le secteur de l'automobile et dans le secteur énergétique, c'est certain qu'une diversification ça va prendre quand même quelques temps si le Canada essaie d'explorer de nouveaux marchés. Il y a eu dans les dernières années, des nouveaux accords d'échanges commerciaux avec d'autres pays, principalement dans la région de l'Asie. Mais ça prend du temps étant donné que, géographiquement, ce n'est pas les mêmes conséquences que d'échanger avec les États-Unis.

Annik : Il y a également des défis plus profonds auxquels l'économie canadienne est confrontée, par exemple, une productivité faible et des pressions sur l'accessibilité financière. Comment ces défis affectent-il notre capacité à surmonter la tempête?

Marie-Christine :  Bien ça, c'est une bonne question puisque la productivité des travailleurs, c'est un enjeu qui dure depuis quelques années déjà et probablement que ça va être un enjeu qui va devenir encore plus important à adresser étant donné le ralentissement économique qui s'ensuit avec les tensions commerciales avec les États-Unis et qu'est-ce qu'on a observé avec la productivité. C'est une croissance qui était beaucoup plus faible, près de la moitié plus faible de qu'est-ce qu'on a observé aux États-Unis. Alors pour les entreprises, ça affecte leur compétitivité. Alors leurs coûts de production sont plus élevés ici au Canada qu'aux États-Unis. Alors ça, c'est un enjeu majeur. C'est un point principal que le nouveau gouvernement canadien veut adresser dans les prochaines années. Pour ce qui est des consommateurs, l'enjeu de la productivité, bien sûr, affecte le niveau et le standard de vie au Canada, puis qu'est-ce qu'on a observé dans les dernières années c'est avec les pressions inflationniste, avec aussi le prix de l'immobilier et l'inaccessibilité à pouvoir obtenir une maison mais ça affecte grandement les consommateurs canadiens présentement.

Annik : Quels sont les indicateurs clés que nous devrions surveiller à court terme alors que la situation continue à évoluer?

Marie-Christine :  Bien, il y a plusieurs indicateurs économiques présentement d'intérêt que l'on peut suivre avec les données mensuelles. Bien sûr, le commerce avec les États-Unis comme je l'ai mentionné, qui a augmenté, qui était très favorable au début de l'année mais dans les derniers mois, nous avons vu des baisses entre février et le mois d'avril. D'autres indicateurs c'est peut-être le marché du travail, puisque même si les entreprises présentement ne sont pas très enclins à engager des nouveaux travailleurs, on n'a pas observé des mises à pied massives présentement ou des mises à pied plus prononcées que dans les derniers mois. Présentement, la tendance est qu'il est plutôt difficile d'entrer dans le marché du travail ou de trouver un nouveau travail. Aussi d'autres statistiques très intéressantes qui sortent à tous les mois c'est bien sûr les dépenses des ménages, les livraisons manufacturières, dans quelle mesure elles vont être affectées par les tensions commerciales et l'incertitude économique.

Annik : Où peut-on aller pour obtenir plus d'information sur le sujet ?

Marie-Christine :  On a créé un portail sur le site de Statistique Canada où vous pouvez voir les derniers quotidiens ainsi que les recherches qui portent principalement sur les échanges et les liens entre le Canada et les États-Unis. À tous les jours, le portail est mis à jour.

Annik : Vous venez d'écouter Hé-coutez bien! Merci à notre invitée, Marie-Christine Bernard. Vous pouvez vous abonner à cette émission partout où vous recevez vos balados. Vous y trouverez également la version anglaise de notre émission intitulée Eh Sayers. Si vous avez aimé cette émission, n'hésitez pas à la noter à la commenter et à vous y abonner.

Et merci de nous avoir écouté!