Hé-coutez bien! Épisode spécial - Pourquoi devriez-vous vous préoccuper de l’inflation ?

Date de diffusion : le 27 janvier 2022

Nº de catalogue : 45-20-0003
ISSN: 2816-2269

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La pandémie de COVID-19 a eu une incidence indéniable sur la façon dont nous dépensons notre argent. Il est donc essentiel de documenter ces changements dans les habitudes de dépenses pour permettre la prise de décisions et fournir aux Canadiens des renseignements actuels et exacts sur la variation des prix à la consommation. L’Indice des prix à la consommation (IPC) est l’indicateur le plus couramment utilisé pour mesurer l’inflation et la variation des prix à la consommation au Canada. Notre invité, Clément Yélou, un économiste de Statistique Canada, explique pourquoi l’IPC est un outil important pour l’élaboration d’une politique économique et la surveillance des conditions économiques. Il mettra également en lumière les raisons pour lesquelles vous devriez vous préoccuper de l’inflation et de ses répercussions sur différents groupes de la population et sur le coût de la vie.

Animatrice

Mélanie Charron

Invité

Clément Yélou, économiste de l’Indice des prix à la consommation à Statistique Canada

Écoutez

Hé-coutez bien! Épisode spécial - Pourquoi devriez-vous vous préoccuper de l’inflation ? - Transcript

INTRO : Vous êtes à l’écoute d’Hé-Coutez bien! un balado de Statistique Canada, où nous faisons la connaissance des personnes derrière les données et découvrons les histoires qu’elles révèlent. Je suis votre animatrice, Mélanie.

Si vous vous intéressé à l’économie, vous savez peut-être déjà que l’Indice des prix à la consommation de décembre 2021 était en hause de 4,8%. Vous voulez savoir ce qui marque cette augmentation ? On a discuté avec notre collègue économiste pour mieux comprendre comment l’inflation nous touche tous de différentes manières.

Mélanie : Bonjour Clément, j’aimerais que tu te présentes stp pour les auditeurs.

Clément : Bonjour Mélanie, mon nom est Clément Yélou. Je suis économiste. Je travaille à l’indice des prix à la consommation à Statistique Canada. Je travaille sur les questions d’élaboration ou d’amélioration de méthodologie afin d’assurer que les chiffres de l’IPC, l’Indice des prix à la consommation sont précis et demeurent de haute qualité.

Mélanie : Pouvez-vous nous dire qu’est-ce que l’inflation?

Clément : Oui, l’inflation est calculée à partir d’un indicateur publié par Statistique Canada à chaque mois. Cet indicateur c’est l’indice des prix à la consommation ou IPC.

L’inflation représente la variation moyenne des prix auxquels le canadien moyen fait face se base sur les taux annuels d’inflation. Ce qui représente la variation moyenne des prix d’un mois par rapport au même mois de l’année précédente.

Mélanie : Puis par rapport à l’inflation, est-ce que les prix augmentent toujours?

Clément : Généralement, les prix ont tendance à augmenter dans le temps. Mais il y a des épisodes de baisse de prix. Par exemple, en octobre 2021, le mois dernier, les prix de certains produits ont baissé par rapport à octobre 2020. Les prix pour les intérêts hypothécaires ont baissé d’environ 9 %; les prix des services téléphoniques ont baissé d’environ 8 %; les primes d’assurances automobiles ont baissé d’environ 6 % et les prix des légumes frais ont baissé d’environ 4 %.

Mélanie : Alors quand il y a un prix qui diminue…on appelle ça de la déflation?

Clément : Oui, lorsque le prix d’un produit diminue, on appelle ça déflation et lorsque le prix augmente on appelle inflation.

Mélanie : Et puis les changements de prix, est-ce qu’ils sont toujours dû à l’inflation?

Clément : Les changements de prix des biens donc peuvent provenir de différentes sources. Il se peut que ça provienne d’une pression de la demande. Lorsqu’il y a une hausse de la demande comme ça cela met de la pression sur les prix et les prix ont tendance à augmenter. Mais parfois la hausse de prix peut provenir de sources autres que la demande notamment lorsqu’il y a eu des problèmes d’approvisionnement ou des problèmes de production. Lorsque les producteurs d’un certain produit ont de la difficulté ou quand il manque un ingrédient dans leurs chaînes de production de sorte qu’ils ne peuvent pas produire les quantités habituellement produites donc on assiste à une baisse de l’offre, une baisse des quantités qui sont disponibles dans les magasins dans les commerces de détails et cela conduit cela peut conduire à une hausse des prix.

Mélanie : Tu nous as donné Clément quelques exemples avec des pourcentages il y a quelques instants; Est-ce que …euh… Tu pourrais aussi nous donner des exemples qui ont été touchés par l’inflation pendant la pandémie par exemple qui étaient vraiment une comparaison marquante entre l’année 2020 et l’année précédente?

Clément : Ok… Oui… Au début de la pandémie notamment le prix de l’essence a connu une baisse très notable…très remarquable donc ça baissé de plus de 50 % et étant donné le poids de l’essence dans le panier ou dans l’ensemble des dépenses des Canadiens moyens on a assisté donc cette baisse du prix de l’essence a fortement contribué à une baisse donc à une faible variation du taux d’inflation global. Donc si bien que l’essence en avril, mai, juin 2020 a baissé de prix d’environ d’au moins 50%. Et au début de la pandémie les produits alimentaires ont connu une hausse de prix. Cela est dû à un effet de la demande il y a certains consommateurs oui plusieurs consommateurs en raison des restrictions de déplacements et du confinement les ordres de rester sur place certains plusieurs ménages voulaient faire de la provision. C’est-à-dire acheter beaucoup de produits non périssables, acheter en grande quantité pour stocker afin de ne pas avoir à sortir plus souvent. Donc les magasins les commerces, les épiceries ont connu de l’affluence et cette affluence a mis de la pression sur les prix si bien que les produits alimentaires plusieurs catégories de produits alimentaires ont connu des hausses de prix au début de la pandémie entre avril, juin et juillet 2020.

Mélanie : Clément, dites-nous comment est-ce que Statistique Canada s’y prend pour mesurer l’inflation?

Clément : Ok oui…La mesure de l’inflation se fait en deux grandes étapes. Dans un premier temps on calcule, on estime, l’importance relative de différentes catégories des biens et services dans les dépenses totales des ménages. Cette estimation est basée sur les données de l’Enquête sur les dépenses des ménages.

Par exemple vous conviendrez avec moi que le… si le prix du lait…le prix d’un litre de lait augmente de 10 % cela ne va pas compter de la même façon que si le prix de l’essence augmentait de 10 %. Parce que à part relative de l’essence est plus importante que la part relative du lait dans les dépenses des budgets des ménages.

Donc la deuxième étape est que consiste à envoyer des intervieweurs observer les prix de différents biens et services dans les magasins. Je dois vous dire que Statistique Canada collecte les prix pour plus de 1200 produits distincts dans plus de 7000 magasins à travers tout le pays.

Si on tient compte de la marque des formats c’est plus de 90 000 produits qui sont utilisés à chaque mois pour calculer l’indice.

Donc on combine ces deux pour obtenir la variation moyenne des prix pour l’ensemble des biens et services et ce calcul se fait au niveau par province et ensuite les résultats provinciaux sont agrégés pour obtenir la variation moyenne de prix au niveau national.

Narration - Calculatrice d’inflation personnelle : En octobre 2021, on a exploré la calculatrice d’inflation personnelle mis à la disposition du grand public sur le site web de Statistique Canada. Alors on s'est amusé à y entrer quelques chiffres fictifs pour voir comment l’inflation affectait la population canadienne.

Pour la simulation, on a inventé quelques dépenses pour Béatrice, locataire imaginaire habitant dans la ville de Vancouver. Le calculateur a révélé que son taux d’inflation personnel était de 3,9 %, alors que le taux réel d’inflation en Colombie-Britannique, s’affichait à 3,8 %.

Dans un deuxième temps, on a transposé ces mêmes données fictives à notre deuxième personnage. L'on a désigné Aïsha comme étant propriétaire de son domicile dans une région rurale de l’Île-du-Prince-Édouard. Elle avait donc des dépenses bien différentes liées à son foyer. Son taux d’inflation personnel a pour sa part été calculé à 5,6 %. Même si son taux était supérieur à celui de Béatrice, il demeurait inférieur au taux officiel de sa province qui était de 6,6 %.

Allez-y ! Jouer avec vos chiffres ! L’outil aide vraiment à comprendre comment nous sommes tous touchés par le calcul de l’inflation. On encourage fortement nos auditeurs d’aller en faire l’essai!

Mélanie : Quels sont les défis Clément lorsqu’on mesure l’inflation?

Clément : Oui…Concernant les difficultés ou les défis que l’on fait face dans la mesure des prix à la consommation; il y a trois dimensions. …trois principaux aspects…le premier aspect porte sur le fait que les produits et services qu’on prend en compte ou dont on mesure les prix sont en constante évolution en termes de qualité. …Vous convenez Donc à travers le temps de nouveaux produits apparaissent dans le marché et sont disponibles accessibles aux consommateurs et la qualité des produits existants s’améliore au fil du temps.

L’IPC vise à mesurer la variation des prix lorsque en s’assurant que la qualité et la quantité auquel ils sont comparés sont constantes la qualité et la quantité sont constante à travers le temps. mais l’apparition de nouveaux produits et les changements dans la qualité des produits existants donc constituent un des grands défis pour la mesure pour assurer qu’on mesure la variation puis des prix mais il existe des techniques qu’on appelle des techniques d’ajustement de qualité que nous utilisons dans notre quotidien pour assurer que malgré ces changements dans la qualité la variation moyenne des prix que nous calculons reflète une variation puis des prix et que les changements de qualité n’influencent pas les comparaisons de prix que nous faisons.

Le deuxième aspect a trait à la substitution des produits que les ménages et les consommateurs effectuent. La substitution des produits se réfère au fait que lorsqu’un produit devient moins cher par rapport aux autres, le consommateur va chercher à acheter plus du produit qui est devenu moins cher, et à diminuer la quantité qu’il a l’habitude d’acheter Ou inversement lorsque le prix d’un produit devient plus élevé. Le consommateur va délaisser le produit dont le prix a augmenté, au profit le remplacer par d’autres produits de substitution dont les prix ont moins augmenté. Donc en faisant cela les importances relatives des catégories de produits changent une partie du calcul de l’indice des prix à la consommation donc les pondérations relatives changent pour atténuer les effets de cette substitution donc il est recommandé de mettre à jour les pondérations de façon régulière.

Donc les pondérations proviennent des données d’une enquête : l’Enquête sur les dépenses des ménages mais cette enquête c’est une enquête qui est dure une année après avoir collectés les données nous avons besoin de temps pour les traiter et généralement il s’écoule près de 9 mois 12 mois avant que les données puissent être disponibles pour être utilisées dans le calcul du taux de l’inflation. Donc avec le temps nous avons amélioré la fréquence de mise à jour des pondérations. Les pondérations étaient mises à jour aux quatre ou cinq ans. Mais depuis 2009, elles sont mises à jour à chaque deux ans. Avec Et avec euh…la pandémie les comportements de consommation changent beaucoup plus vites et nous avons décidé Statistique Canada a décidé de d’aller avec une pondération annuelle. La dernière mise à jour des pondérations a eu lieu en juin 2021 et nous prévoyons faire la prochaine mise à jour en juin 2022.

Le troisième aspect de difficulté est que l’IPC se base sur l’ensemble des biens de consommation que tous les Canadiens consomment habituellement. Donc …À cet égard, il inclut des produits qui peut-être ne s’appliquent pas …ne sont pas pertinents à certains consommateurs. Par exemple les locataires ne seraient pas concernés par les changements dans les taux d’intérêts hypothécaires; ou quelqu’un qui ne possède pas de voiture n’est pas concerné par les variations de prix de l’essence ou des prix des voitures neuves. Quelqu’un qui n’a pas d’enfants de moins de cinq ans n’est pas concerné par les changements dans les frais de services de gardes. Donc c’est pour dire que l’IPC prend en compte l’ensemble des biens et services généralement achetés par l’ensemble des Canadiens. Et…il se peut donc pour ceux qui cela conduit à obtenir un résultat qui peut-être certains utilisateurs vont dire qu'ils ne se retrouvent pas dans ce résultat. Mais en réalité c’est que les dépenses de consommation de tout l’monde sont prises en compte.

L’autre exemple c’est que …par exemple…le oui…Nous avons dans l’IPC le mazout, le gaz naturel et l’électricité. Donc comme source de chauffage des maisons et nous savons qu'il n’y a pas de ménage…pas de ménages…qui utilise le mazout et le chauf…le gaz naturel pour chauffer leur maison. Mais les deux composantes se trouvent dans l’ensemble des biens dans le panier de l’IPC.

Donc cet aspect fait que c’est un calcul qui porte sur qui est basé sur l’ensemble des biens et services généralement consommés par l’ensemble des Canadiens. Et c’est pour ça que l’IPC se rapporte aux canadiens moyens et inclus les habitudes de consommation de tout l’monde mais d’une façon agrégée.

Mélanie : Alors Clément est-ce que les experts s’entendent sur la manière dont le taux d’inflation est calculé?

Clément : Oui Mélanie, il faut dire que l’IPC canadien est un indicateur extrêmement robuste. La collaboration avec des experts des prix, d’autres organismes statistiques nationaux et des intervenants clés fait en sorte que les données et les méthodes utilisées pour calculer l’IPC sont conformes aux normes et aux pratiques exemplaires à l’échelle internationale.

Il est conçu en conformité avec les normes internationales utilisées par la plupart des organismes statistiques nationaux dans le monde. Certains organismes internationaux comme le Fonds monétaire international ou le Bureau international du travail assurent que les méthodes et pratiques de calcul de l’IPC à travers le monde sont comparables, et cela afin de garantir la comparaison de certains indicateurs économiques à travers les pays. Statistique Canada se conforme strictement aux méthodologies recommandées par ces organismes, tout en prenant en compte les réalités propres au contexte canadien et de son paysage de la vente au détail.

De plus à travers des réunions régulières d’un comité consultatif de la mesure des prix, plusieurs enjeux méthodologiques sont discutés afin de recueillir les avis d’experts internationaux avant tout changements majeurs à nos pratiques.

Nos efforts de modernisation de l’IPC se poursuivent, afin de répondre aux besoins changeants des Canadiens en matière de données et de veiller à ce que l’IPC demeure un indicateur exact et pertinent de la variation des prix dans l’ensemble du pays. Nous améliorons continuellement nos sources de données et nos méthodes, à mesure que le paysage de la vente au détail évolue.

Mélanie : Pourquoi est-ce que l’inflation est si importante?

Clément : L’inflation est importante pour de nombreuses raisons. La compréhension de l’inflation aide les ménages à prendre des décisions financières éclairées, maintenant et pour l’avenir, par exemple, décider s’il faut faire un achat maintenant ou le reporter, planifier leur budget et planifier leurs études et leur retraite. Tout cela parce que lorsque les prix changent, le pouvoir d’achat de notre argent aussi change. Il est important de suivre l’inflation afin de mieux saisir l’évolution de notre pouvoir d’achat, y compris nos revenus courants et nos épargnes et investissements.

L’IPC est également important pour permettre aux entreprises et aux gouvernements de mieux comprendre l’inflation et ses causes. Par exemple, les régimes de retraite privés et publics, les tranches d’imposition, et certains paiements sociaux du gouvernement sont ajustés au moyen de l’IPC, la mesure officielle de l’inflation au Canada. L’IPC sert aussi à ajuster les salaires ou les paiements en fonction de la variation des prix afin de conserver le pouvoir d’achat.

Par ailleurs, la Banque du Canada, est chargée de maintenir la stabilité des prix dans l’économie canadienne. Et pour cela, elle surveille de très près l’IPC, afin d’orienter ses décisions concernant la politique monétaire et les taux d’intérêt, qui ont une incidence sur la situation financière des consommateurs et des entreprises au Canada.

Les économistes et les chercheurs utilisent également l’IPC pour évaluer la santé de l’économie et l’activité économique, et aussi pour faire des prévisions pour diverses industries et régions. Dans tous les cas, une meilleure compréhension de l’IPC permet de mieux informer les décideurs.

Le travail continu de Statistique Canada visant à être transparent et à tenir les Canadiens informés, grâce à des produits de données comme l’Indice des prix à la consommation, aide les utilisateurs de données à prendre des décisions financières et économiques éclairées.

Les utilisateurs peuvent nous trouver sur le portail de l’IPC à partir du site web de Statistique Canada. On pourra y trouver un outil de visualisation des données de l’Indice des prix à la consommation pour accéder aux données actuelles et historiques de l’IPC dans un format personnalisable. Nous avons aussi un calculateur personnel de l’inflation qui permet à chaque utilisateur d’entrer ses informations sur ses dépenses annuelles pour différentes catégories de dépenses afin d’obtenir une estimation de l’inflation qui reflète son profil de dépenses.

Mélanie : Eh bien c’est tout pour cet épisode d’Hé-coutez bien! Un merci tout spécial à notre invité Clément Yélou. Vous pouvez vous abonner à notre balado là où vous écoutez vos autres balados préférés. Vous pourrez également y trouver Eh Sayers, la version anglaise de notre émission. Merci de nous avoir écouté! On se retrouve dans un prochain épisode.

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