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Comptes des revenus et dépenses - Série Technique

Ajustements aux importations et exportations réelles pour tenir compte des fluctuations du taux de change

Ajustements aux importations et exportations réelles pour tenir compte des fluctuations du taux de change

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Contexte et raison d'être des ajustements

Le commerce international fait partie intégrante de l'économie canadienne. Les entreprises canadiennes expédient des biens et fournissent des services aux marchés d'exportation, tandis que les entreprises et les consommateurs canadiens comptent sur les producteurs étrangers pour leur fournir des biens et des services pour consommation finale ainsi que des intrants pour la production intérieure. En 2008, les exportations canadiennes totalisaient 562 milliards de dollars et les importations, 537 milliards de dollars, par rapport à un produit intérieur brut agrégé de 1 600 milliards de dollars.

Il est essentiel de mesurer ces transactions efficacement pour surveiller la performance commerciale et la balance des paiements du Canada, ainsi que pour produire une estimation du produit intérieur brut (PIB) en termes de dépenses. Les estimations du PIB servent à mesurer la valeur totale de la production dans l'économie canadienne et la croissance de cette production au fil du temps. Cette mesure de la croissance est établie en termes de la valeur aux prix courants des biens et services produits ainsi que de la croissance réelle (ou en volume) de cette production. La mesure réelle nécessite la déflation des composantes du PIB de manière à éliminer les effets de l'inflation ou des prix au cours de la période. Pour les statistiques du commerce international, le processus de déflation consiste à diviser les séries sur la valeur des importations et des exportations par les indices de prix appropriés pour obtenir les mouvements en volume (ou mouvements réels).

Statistique Canada produit des indices mensuels des prix des importations et des exportations de marchandises qui sont utilisés aux fins de cette déflation. Pour la majorité de ces indices, Statistique Canada utilise une variété de mesures indirectes au lieu de recueillir les prix observés des importations et des exportations. Ces mesures indirectes comprennent les prix moyens tirés des documents douaniers, les prix intérieurs canadiens provenant du programme de l'Indice des prix des produits industriels (IPPI) de Statistique Canada ou les indices des prix intérieurs aux États-Unis ajustés en fonction du taux de change entre le Canada et les États-Unis. Dans ce dernier cas, 100 % de la fluctuation du taux de change est appliquée aux indices des prix intérieurs aux États-Unis pour déterminer la variation des prix des importations canadiennes.

Par conséquent, les méthodes sont fondées sur des hypothèses concernant la relation entre les prix intérieurs, les prix du commerce international et les taux de change, à savoir :

  • les prix intérieurs et les prix à l'exportation se comportent de la même façon;
  • les importateurs canadiens subissent les mêmes variations de prix que les acheteurs américains, en dollars américains.

Bien que ces hypothèses soient raisonnables en période de stabilité du taux de change, un examen a été rendu nécessaire par l'appréciation rapide du dollar canadien qui s'est amorcée en 2002. On s'est alors aperçu qu'il existait un déséquilibre entre l'offre de biens (production plus importations) et l'utilisation de biens (consommation, exportations, stocks et utilisation intermédiaire). Ce déséquilibre était à l'origine des écarts entre les estimations du produit intérieur brut en termes de dépenses et les estimations du PIB en termes de production. Les résultats de l'examen ont révélé qu'en période de fortes fluctuations du taux de change, les prix à l'exportation et les prix intérieurs affichent des comportements différents, et que les importateurs canadiens ne subissent pas les mêmes variations de prix que les acheteurs américains. Étant donné ces résultats, Statistique Canada a entrepris d'apporter des ajustements à ses estimations agrégées des exportations réelles et des importations réelles. Ces ajustements servent à améliorer la cohérence globale des comptes fondés sur les dépenses réelles et la production réelle1. La présente note vise à expliquer la méthodologie qui sous-tend ces ajustements. L'effet de ces derniers sur les estimations du commerce de marchandises réel et du produit intérieur brut réel est indiqué à l'annexe 1.

Graphique 1 Taux de change
Description pour le Graphique 1
Graphique 1 Taux de change

Ajustement apporté aux exportations réelles

L'ajustement apporté aux exportations réelles est fondé sur l'analyse de trois ensembles de renseignements.

  1. Les exportations en dollars constants sont comparées à la quantité réelle2 d'unités exportées. On procède à cette comparaison pour un sous-ensemble de marchandises (annexe 2). Les marchandises sélectionnées aux fins de comparaison sont relativement homogènes au fil du temps, les quantités sont indiquées systématiquement dans les documents douaniers et les prix sont déflatés actuellement au moyen de l'IPPI (prix intérieurs). Les mouvements des quantités exportées sont comparés aux mouvements des exportations des mêmes marchandises en dollars constants. On a constaté que les divergences entre ces deux séries sont fortement corrélées aux fluctuations du taux de change et indiquent qu'en période d'appréciation du dollar canadien, la croissance mesurée par les quantités est supérieure à celle de l'estimation en dollars constants pour la même série. Nous pouvons en conclure que l'estimation de la croissance en dollars constants est trop faible et que la croissance réelle des prix à l'exportation est inférieure à la croissance des prix selon l'IPPI intérieur en période d'appréciation du dollar canadien. En période de dépréciation du dollar canadien, l'inverse s'observe. La différence en ce qui concerne les taux de croissance entre la série sur la quantité et la série sur les exportations en dollars constants (d'après l'IPPI intérieur) est utilisée pour calculer la première composante de l'ajustement à apporter aux exportations réelles.
  2. Le deuxième ajustement est fondé sur les prix à l'exportation observés directement, qui proviennent du programme de l'IPPI. Même si les prix à l'exportation utilisés pour produire ces indices des prix ne sont pas fondés sur un nombre adéquat de prix relevés pouvant être publiés, ils sont néanmoins utiles aux fins d'analyse. Pour les prix des deux catégories de machines et de matériel (machines industrielles et machines agricoles), les prix intérieurs sont comparés aux prix à l'exportation de machines et de matériel particuliers pour déterminer s'il existe un biais attribuable au taux de change. Les recherches montrent que, dans le cas de ces marchandises, les divergences entre les prix à l'exportation et les prix intérieurs sont corrélées aux fluctuations du taux de change.
  3. Enfin, un ensemble de modèles offre-utilisation ainsi qu'une analyse de cohérence exhaustive des estimations de la production et des exportations sont utilisés comme intrants dans l'ajustement apporté aux exportations réelles.

Étant donné que l'analyse de l'offre et de l'utilisation porte sur l'ensemble des exportations plutôt que sur des marchandises particulières, et puisque l'on croit que les résultats de l'analyse au niveau de la marchandise sont plus exacts que ceux au niveau agrégé, les trois ajustements sont combinés et appliqués au niveau agrégé dans la série sur les exportations réelles « autres ajustements de la balance des paiements »3. Le prix dans la série « autres ajustements de la balance des paiements » est également rajusté en conséquence. L'effet de l'ajustement sur la série des prix des exportations de marchandises agrégées est évident lorsqu'on compare le prix implicite (ajustement compris) et le prix implicite (ajustement non compris).

Graphique 2 Prix à l'exportation des marchandises
Description pour le Graphique 2
Graphique 2 Prix à l'exportation des marchandises

Ajustement apporté aux importations réelles

L'ajustement apporté aux importations réelles provient de trois sources.

  1. Le premier ajustement est fondé sur le délai écoulé entre l'expédition des biens importés au Canada de leur pays d'origine et la date de leur arrivée au Canada. Même si les importations ont été expédiées avant le mois de leur arrivée au Canada, les prix à l'importation courants sont fondés uniquement sur le prix intérieur à l'étranger du mois courant. Par exemple, supposons qu'une marchandise a été expédiée en mai, son prix à l'étranger correspondant à 100. Lorsque la marchandise est arrivée au Canada, en juin, son prix à l'étranger était passé à 110. Non ajustée, la valeur de la marchandise serait déflatée au moyen de l'indice de prix de 110. Pour régler ce problème, le déflateur des prix à l'importation agrégés, excluant l'énergie, est décalé et reconstruit de manière à inclure 90 % du prix du mois courant et 10 % de celui du mois précédent. La pondération de 90 % à 10 % est fondée sur des recherches sur les données sur les importations au niveau de la transaction, comparant la date d'expédition des marchandises importées et leur date d'arrivée au Canada4.
  2. En outre, les prix à l'importation fondés sur les indices des prix américains supposent que toutes les fluctuations du taux de change se répercutent à 100 %. Les contrats à prix fixe, ou la capacité de certains producteurs étrangers de tirer parti du raffermissement du dollar canadien pour relever les prix à l'exportation par rapport aux prix demandés dans leur propre pays, rendent nécessaire de réexaminer l'hypothèse d'une répercussion à 100 %. Un ajustement a été apporté, fondé sur l'analyse de l'offre et de l'utilisation de l'économie canadienne ainsi que sur l'analyse de divers prix à l'importation, limitant cette répercussion à 96 %5. Comme nous l'avons mentionné plus haut, des déflateurs des prix intérieurs à l'étranger ne sont pas appliqués à toutes les marchandises d'importation; par conséquent, cet ajustement agrégé est appliqué à 67 % seulement de la valeur totale des importations. Les 67 % représentent approximativement la mesure dans laquelle les prix à l'importation dépendent des prix intérieurs aux États-Unis, qui a été maintenue constante au fil du temps.
  3. Du côté des importations, on procède à une analyse des quantités par rapport à une analyse en dollars constants, semblable à celle décrite pour les exportations, ainsi qu'à l'équilibrage des biens et services, de manière à perfectionner l'ajustement apporté aux importations réelles totales.

Comme dans le cas de l'ajustement apporté aux exportations réelles, ces ajustements aux importations réelles sont combinés et inclus au niveau agrégé dans la série sur les importations réelles « autres ajustements de la balance des paiements »6. L'ajustement a un effet sur la série sur les importations de marchandises réelles agrégées et, par conséquent, sur la série sur les prix à l'importation des marchandises agrégées. C'est ce qui ressort d'une comparaison du prix implicite (ajustement aux importations réelles compris) et du prix implicite (ajustement non compris).

Graphique 3 Prix à l'importation des marchandises
Description pour le Graphique 3
Graphique 3 Prix à l'importation des marchandises

Répercussions sur les importations, les exportations et le produit intérieur brut

Une comparaison des estimations des exportations et des importations réelles agrégées, ajustements compris et non compris, montre les répercussions sur les données concernant le commerce extérieur. Comme on peut s'y attendre, en période d'appréciation du dollar canadien, les ajustements font augmenter la croissance des exportations réelles et diminuer la croissance des importations réelles. En outre, l'ampleur de l'effet sur le taux de croissance des exportations ou des importations est étroitement liée à l'importance de l'appréciation ou de la dépréciation pour le trimestre en question. Étant donné l'appréciation globale du taux de change de la fin de 2002 jusqu'en 2007, le niveau des ajustements a également eu tendance à augmenter au fil du temps. Toutefois, lors de l'importante dépréciation de la devise au quatrième trimestre de 2008, les ajustements ont eu pour effet de réduire la croissance réelle des exportations et d'augmenter la croissance réelle des importations. Les effets sur le PIB global sont moins prononcés que ceux sur le commerce extérieur, mais néanmoins considérables pour plusieurs trimestres. Les ajustements détaillés sont indiqués à l'annexe 1.

Graphique 4 Produit intérieur brut
Description pour le Graphique 4
Graphique 4 Produit intérieur brut


Notes

  1. L'ajustement apporté au volume des exportations a été intégré aux données sur le produit intérieur brut pour le premier trimestre de 2004. L'ajustement apporté au volume des exportations a été intégré en deux étapes, soit au premier trimestre de 2007 (à compter de 2003) puis au premier trimestre de 2008 (à compter de 2004).
  2. La quantité indiquée dans les documents douaniers.
  3. La série « autres ajustements de la balance des paiements »  en valeur nominale comprend les estimations du fret intérieur calculées par la Division de la balance des paiements ainsi que les ajustements apportés pour tenir compte des transactions au chapitre du commerce de marchandises non saisies dans les documents douaniers. Avant d'apporter l'ajustement au prix du commerce agrégé, on procède à la déflation de la série sur les exportations « autres ajustements de la balance des paiements » au moyen des prix ajustés pour tenir compte du fret intérieur et des transactions commerciales non saisies.
  4. Des recherches sont menées sur une base continue pour vérifier la stabilité de ce ratio.
  5. L'estimation des répercussions des variations du taux de change est examinée pour chaque cycle de production en fonction des nouvelles données disponibles sur l'offre et l'utilisation.
  6. La série « autres ajustements de la balance des paiements » en valeur nominale comprend les estimations du fret intérieur calculées par la Division de la balance des paiements ainsi que les ajustements apportés pour tenir compte des transactions au chapitre du commerce de marchandises non saisies dans les documents douaniers. Avant d'ajuster les données sur le commerce réel global, la série sur les importations « autres ajustements de la balance des paiements » est déflatée au moyen d'un prix de fret intérieur.
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