Les nouveautés en matière de comptes économiques canadiens
Méthodologie utilisée pour les exportations de produits énergétiques dans le Programme du commerce international de marchandises

Les produits énergétiques sont parmi les produits dont les contributions aux valeurs commerciales totales du Canada sont les plus importantes, et la grande majorité du commerce de produits énergétiques du Canada se fait avec les États-Unis. Comparés à d'autres biens, les produits énergétiques sont uniques en ce qui concerne la manière dont ils peuvent être transportés d’un côté à l’autre de la frontière, ce qui pose certains défis quant à la façon dont ils sont comptabilisés dans la documentation douanière. L’étude suivante décrit comment la valeur des exportations de marchandises est mesurée pour trois produits importants : le pétrole brut, le gaz naturel et l'électricité. Pour ces produits, les sources et les méthodes peuvent être très différentes de celles généralement utilisées pour mesurer les exportations de marchandises.

Contexte

Les statistiques du commerce international de marchandises reposent principalement sur les déclarations faites à la douane au moment de l'importation ou de l'exportation des marchandises. Statistique Canada a un accord unique avec les États-Unis, grâce auquel les renseignements sur les importations d'un pays sont utilisés pour produire les statistiques sur les exportations de l'autre pays. Statistique Canada et l'United States Census Bureau diffusent des données simultanément à 8 h 30, heure de l'Est, à des dates préétablies, qui surviennent en moyenne 35 jours après la fin du mois de référence. Les statistiques sur une base douanière, qui sont fondées sur les mouvements physiques de marchandises entre les pays, sont cohérentes entre les deux pays pour le mois de référence pour lequel les données sont diffusées. Pour les statistiques sur la base de la balance des paiements, qui sont fondées sur les changements de propriété entre résidents et non-résidents, des ajustements sont apportés aux statistiques sur une base douanière pour les rendre conformes aux concepts de la balance des paiements, et ce sont ces statistiques qui sont intégrées dans les comptes macroéconomiques canadiens.

Exceptions pour les produits transportés en continu

Pour les produits transportés en continu — c’est-à-dire, les biens qui circulent en continu dans des pipelines ou des câbles de transmission, comme le pétrole brut, le gaz naturel et l'électricité — il existe des processus exceptionnels pour la compilation des statistiques les concernant. En général, les importateurs de ces produits bénéficient d'une plus grande flexibilité de la part des agences douanières en ce qui concerne le calendrier et la granularité des expéditions déclarées et, dans certains cas, cela peut conduire à une fiabilité moindre des données recueillies.

Pour les exportations de pétrole brut sur une base douanière, les données mensuelles compilées à partir des données sur les importations américaines et des déclarations d'exportation de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) (dans le cas des exportations non américaines) sont les principales sources de données d'entrée. Si les statistiques agrégées qui en résultent sont cohérentes avec celles produites par d'autres organisations sur des périodes plus longues, il y a plus de variabilité d'un mois à l'autre évidente dans les chiffres des douanes, ce qui suggère que les exportations ne sont pas toujours réparties le même mois qu'elles le sont dans d'autres sources.

Bien que les statistiques douanières sur les exportations de pétrole brut canadien vers les États-Unis proviennent de documents sur les importations américaines, comme la plupart des autres produits, pour les exportations de gaz naturel et d'électricité, aucune information sur les importations américaines n'est disponible. Exceptionnellement, pour ces produits, les statistiques sur les exportations sont compilées à partir d'autres sources (qui sont décrites ci-dessous dans les sections relatives à ces produits) et sont ensuite communiquées au United States Census Bureau.

Pour les raisons données ci-dessus, les exportations des produits transportés en continu sont mesurées à l'aide de sources autres que les documents douaniers. C'est le cas à la fois pour le gaz naturel et l'électricité sur une base douanière et sur la base de la balance des paiements, ainsi que pour les exportations de pétrole brut sur la base de la balance des paiements.

Méthodologie pour les exportations de pétrole brut sur la base de la balance des paiements

Pour la plupart des produits, des ajustements en fonction de la balance des paiements relativement faibles sont appliqués aux valeurs douanières de base pour arriver à une valeur qui représente les concepts de la balance des paiements. Dans le cas des exportations de pétrole brut, les valeurs fondées sur la balance des paiements sont calculées indépendamment des valeurs sur la base douanière, en utilisant des intrants différents. La valeur de la balance des paiements des exportations de pétrole brut est implicitement calculée à partir du volume exporté multiplié par le prix moyen à l'exportation.

Pour la composante volume du calcul de la valeur des exportations de pétrole brut sur la base de la balance des paiements, les méthodes sont restées relativement stables. Pour les exportations vers les États-Unis, qui représentent la grande majorité des exportations canadiennes, les données proviennent d’enquêtes publiées par le programme du pétrole brut et du gaz naturel (PBGN) de Statistique Canada. Ces dernières années, les volumes d'exportations non américaines de ce programme ont été remplacés par des données douanières. Les expéditions non américaines sont envoyées par navire et la comptabilisation de ces expéditions dans les documents douaniers n'est pas soumise aux mêmes défis que les expéditions des produits transportés en continu.

Pour la composante du prix du pétrole brut sur la base de la balance des paiements, un changement de méthode est survenu en 2020. Pour les statistiques antérieures au mois de référence de janvier 2018, le prix à l'exportation utilisé était le coût d'acquisition moyen mensuel, fourni par la Régie de l'énergie du Canada (REC) (précédemment l’Office national de l'énergie). Le coût d'acquisition représente généralement le prix des marchandises au moment où elles sont chargées dans un moyen de transport (pipeline, wagon, navire-citerne) pour l'exportation. Cela correspond bien au concept de la balance des paiements pour l'évaluation des marchandises, qui exclut les coûts de transport de certaines catégories de produits. Au lieu de cela, ces coûts sont combinés pour tous les produits et inclus dans la catégorie « Transactions spéciales – Commerce ».

À la suite d'un examen approfondi de la méthodologie de compilation des exportations de pétrole brut sur la base de la balance des paiements, qui comprenait une collaboration étroite avec la REC, en juin 2020, cette méthodologie a été mise à jour pour l'année de référence 2020. Les statistiques pour 2018 et 2019 ont ensuite été révisées conformément à les politiques de révision des programmes statistiques, qui incluent le commerce de marchandises sur la base de la balance des paiements comme intrant, car la nouvelle méthodologie a entraîné des différences importantes pour ces années.

Le prix utilisé dans la méthodologie actuelle provenir de la REC, mais le coût d'acquisition moyen a été remplacé par une moyenne pondérée du prix à l'exportation, une autre variable recueillie auprès des exportateurs. La variable du prix à l'exportation, bien qu'elle ne soit pas aussi bien alignée avec les concepts de la balance des paiements pour l'évaluation que le coût d'acquisition, a été jugée mieux comprise par les exportateurs et fournit donc probablement des données plus fiables. Les prix moyens du pétrole brut lourd et léger sont calculés en utilisant les volumes de transaction comme pondérations. Avant de calculer ces moyennes pondérées, les transactions sont examinées à la recherche d'erreurs à l'aide de routines automatisées de détection de valeurs aberrantes. De plus, pour arriver à l'évaluation correcte de la balance des paiements, les frais de transport jusqu'à la frontière canadienne doivent être déduits du prix. Ces coûts sont estimés à l'aide des taux de péage pour les pipelines accessibles au public et, pour les expéditions ferroviaires, à l’aide des données les plus récemment publiées dans le Cadre d'analyse du fret canadien (CAFT). Un prix de base fondé sur la balance des paiements finale est calculé à partir des prix moyens du pétrole brut lourd et léger, et est combiné aux informations de volume pour calculer la valeur de la balance des paiements. Ce prix est également converti en indice de prix et publié explicitement dans les tableaux de données de Statistique Canada.

Le graphique 1 illustre l'impact du changement de méthodologie pour les années de référence 2018 et 2019^Note . Selon le mois, les valeurs sur la base de la balance des paiements résultant de la nouvelle méthode peuvent être supérieures ou inférieures aux valeurs publiées précédemment mais, en général, la méthodologie a tendance à produire des valeurs plus élevées.

Tableau de données du Graphique 1



Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats du graphique 1 Méthodologie courante, Méthodologie précédente et Révision, calculées selon dollars unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).

	Méthodologie courante	Méthodologie précédente	Révision
	Milliers de dollars
2018
Janvier	6 375 057	6 286 856	88 201
Février	5 539 119	5 474 174	64 945
Mars	6 327 427	6 154 215	173 212
Avril	6 984 092	6 512 749	471 343
Mai	8 251 753	7 477 480	774 273
Juin	7 798 733	7 614 841	183 892
Juillet	7 937 860	7 718 516	219 344
Août	7 776 007	7 684 584	91 423
Septembre	7 076 296	6 818 069	258 227
Octobre	7 091 728	6 482 200	609 528
Novembre	4 233 377	4 477 607	-244 230
Décembre	3 031 559	3 283 907	-252 348
2019
Janvier	5 437 786	4 977 045	460 741
Février	5 950 294	5 382 062	568 232
Mars	7 635 057	6 973 844	661 213
Avril	8 205 464	7 439 336	766 128
Mai	8 449 041	8 801 646	-352 605
Juin	7 032 870	7 560 009	-527 139
Juillet	7 531 002	7 026 720	504 282
Août	7 028 767	7 172 976	-144 209
Septembre	6 738 738	6 542 790	195 948
Octobre	6 647 934	6 971 267	-323 333
Novembre	6 502 380	5 836 669	665 711
Décembre	7 144 046	6 567 294	576 752
Source : Statistique Canada, « Méthodologie utilisée pour les exportations de produits énergétiques dans le Programme du commerce international de marchandises », Les nouveautés en matière de comptes économiques canadiens (13-605-X), 2020.

Pour le prix et le volume, la plupart des données sources ne sont pas disponibles à temps pour être utilisées dans les statistiques du nouveau mois à publier. Dans le cas des prix, les données sont estimées à l'aide d'un modèle. Avec l'introduction d'une nouvelle méthodologie de compilation des prix sur la base de la balance des paiements, une nouvelle approche d'estimation des prix pour le dernier mois a également été introduite. Cette méthode utilise un algorithme d'apprentissage automatique impliquant un processus stochastique. Les principaux intrants de ce modèle comprennent les prix à l'exportation des mois précédents et des informations plus récentes sous la forme de prix au comptant du pétrole brut et d'indicateurs de performance boursière. Avant le changement de méthodologie, les prix pour le mois le plus récent étaient projetés à l'aide d'un modèle déterministe qui présentait les prix précédemment publiés, les valeurs unitaires douanières et divers prix au comptant comme intrants primaires. Pour les volumes, les données actuelles sont publiées par l'US Energy Information Administration (EIA). La variation mensuelle des importations basées sur les volumes de l'EIA en provenance du Canada, après prise en compte des résultats des douanes pour les expéditions non américaines, est appliquée au volume du mois précédent utilisé dans le calcul des exportations de la balance des paiements.

Méthodologie pour les exportations de gaz naturel

Les exportations canadiennes de gaz naturel sont dominées par les exportations vers les États-Unis. En l'absence de données sur le gaz naturel incluses dans les transmissions de l'United States Census Bureau, ces chiffres sont compilés à partir d'autres sources pour la base douanière et la base de la balance des paiements. Les données du programme PBGN de Statistique Canada sont utilisées pour les prix et les volumes des exportations de gaz naturel. Comme ces données ne sont pas aussi actuelles que les données douanières, des estimations sont utilisées jusqu'à ce qu'elles soient reçues. À l'aide de données plus récentes provenant de sources tierces et des tendances des données historiques du programme de l’énergie, les estimations des augmentations relatives des prix et des volumes sont appliquées aux données disponibles les plus récentes. Pour les données sur une base douanière, étant donné que les résultats sont partagés avec l'United States Census Bureau bien avant la publication, une heure limite beaucoup plus devancée existe par rapport au flux de la balance des paiements. En conséquence, les prix et les volumes sont estimés pour le mois précédent ainsi que pour le mois en cours sur une base douanière. Sur la base de la balance des paiements, au moment où l'estimation doit être effectuée, les données du PBGN sont disponibles pour le mois précédent. Les mouvements de prix et de volume relatifs pour le mois le plus récent sont donc appliqués aux données du programme PBGN, ce qui donne des mesures de prix et de volume qui diffèrent sur la base de la balance des paiements de celles disponibles sur une base douanière pour le mois de référence le plus récent ainsi que pour le mois précédent. Au moment où les statistiques sont compilées pour la publication trimestrielle du compte courant, les données du programme PBGN sont souvent disponibles pour le mois qui vient d'être publié. Lorsque tel est le cas, ces chiffres sont utilisés à la place des estimations des données sur le gaz naturel dans la diffusion du compte courant.

Méthodologie pour les exportations d'électricité

À l'instar des exportations de gaz naturel, les exportations d'électricité sont dominées par les exportations vers les États-Unis et les documents douaniers ne sont pas disponibles. Dans le cas de l'électricité, les statistiques sont compilées à partir de rapports publiés par la REC^Note .

Au moment où les données sur le commerce de marchandises sont publiées, ces rapports de la REC ne sont pas disponibles pour le mois le plus récent et les données doivent donc être estimées. Pour l'électricité, les modèles ARIMA sont utilisés pour prévoir le prix et le volume pour le mois le plus récent, les données mensuelles de la REC des sept années précédentes étant utilisées comme intrants. Les mouvements prévisionnels des prix et des volumes d'électricité sont appliqués aux données réelles reçues pour le mois précédent pour arriver aux niveaux publiés pour le mois le plus récent. Le même processus d'estimation est utilisé pour les flux sur une base douanière et la base de la balance des paiements. Au moment où les statistiques sont compilées pour la publication trimestrielle du compte courant, de REC sont parfois disponibles pour le mois qui vient d'être publié. Lorsque tel est le cas, ces chiffres sont utilisés à la place des estimations des données sur l'électricité dans la diffusion du compte courant.

Révisions

Les exportations de produits énergétiques peuvent être une source de révisions importantes des statistiques du commerce de marchandises. Cela est principalement dû au remplacement des données estimées par les résultats réels. Les produits énergétiques représentent une part importante des exportations totales et sont souvent entraînés par la volatilité des prix — en particulier dans le cas du pétrole brut et du gaz naturel. Cette volatilité rend le processus d'estimation difficile. Les prix du gaz naturel sur certains marchés du nord-est des États-Unis subissent fréquemment des fluctuations extrêmes, entraînant des révisions plus importantes pendant les transitions entre les saisons ou lorsque des changements soudains de température se produisent. Les prix du pétrole brut peuvent changer rapidement en raison d'un certain nombre de facteurs sur les marchés intérieurs et mondiaux, la baisse soudaine et la reprise ultérieure des prix du pétrole brut en 2020 démontrant le type de volatilité auquel ils peuvent être soumis.

Statistique Canada examine continuellement ses sources de données et les méthodes utilisées pour compiler les statistiques sur les exportations de produits énergétiques. De nouvelles approches seront envisagées au fur et à mesure de l'émergence de nouvelles sources ou techniques, en vue d'améliorer la qualité des statistiques et de minimiser les révisions.