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Composer avec les obstacles socioéconomiques : incidence sur le bien-être des jeunes Canadiens

Diffusion : 2023-09-20

Près du cinquième (19 %) de la population canadienne est composé de jeunes et de jeunes adultes âgés de 15 à 29 ans; ce groupe de la population comptait plus de 7,3 millions de personnes en 2022. Entre les perturbations causées par la pandémie de COVID-19 et les taux d'inflation et d'intérêt élevés, ce groupe doit composer avec des obstacles ayant une incidence sur leur qualité de vie disproportionnellement plus importants par rapport aux autres groupes d'âge. Selon de récentes enquêtes menées auprès des jeunes Canadiens, leur degré de satisfaction à l'égard de la vie a diminué, et ils sont moins optimistes quant à l'avenir. La hausse du coût de la vie oblige certains d'entre eux à faire des sacrifices importants; par exemple, en 2022, 32 % des jeunes ont déclaré qu'ils voulaient acheter une maison ou déménager dans un nouveau logement locatif, mais ont décidé de ne pas le faire en raison d'inquiétudes relatives aux prix. Alors que les enjeux d'ordre économique, social et environnemental influent sur les décisions importantes et sur le moral des jeunes adultes, ces enjeux sont également fort complexes et très nuancés.

Le Cadre de qualité de vie pour le Canada de Statistique Canada rassemble des données sur divers déterminants du bien-être, envisagés selon une perspective économique et sociale. Il rassemble des données sur 85 indicateurs clés portant sur la prospérité, la santé, la société, l'environnement, la saine gouvernance, la satisfaction à l'égard de la vie et le sentiment de sens et de but à la vie, afin de mesurer la qualité de vie et le bien-être au sein de la population canadienne.

Les jeunes font preuve de résilience malgré les difficultés économiques

La pandémie a entraîné des répercussions profondes sur la scolarité et l'emploi, surtout chez les personnes de 15 à 29 ans. Cependant, ces jeunes Canadiens ont tenu bon pendant les perturbations sociales et économiques. Alors que la proportion de jeunes ni en emploi, ni aux études, ni en formation (NEET) a atteint le taux le plus élevé enregistré en 20 ans en avril 2020 (24 %), ces niveaux sont revenus à ceux d'avant la pandémie (11 %) en 2022. Malgré les changements soudains provoqués par la pandémie, de nombreux étudiants ont fait preuve de souplesse en poursuivant leurs études en ligne; les taux de participation aux études sont revenus aux niveaux prépandémie en 2020-2021 et ont légèrement augmenté en 2021-2022.

Bien que les jeunes aient fait preuve de résilience pour surmonter les obstacles, ils affichent tout de même des niveaux de pauvreté disproportionnellement élevés, en partie parce que l'emploi pour les personnes de leur groupe d'âge est concentré dans les industries où les salaires moyens sont les plus bas (p. ex. restauration et hébergement); de nombreux diplômés sont également surqualifiés pour l'emploi qu'ils occupent.

Les jeunes adultes peinent à se payer un logement, et ils consacrent une plus grande part de leur revenu au logement que les personnes plus âgées

Les jeunes sont beaucoup plus susceptibles de louer leur logement que les personnes des autres groupes d'âge. Selon les données du Recensement de 2021, parmi les personnes qui assurent le soutien de leur ménage, 63 % de celles âgées de 15 à 29 ans étaient locataires, comparativement à la moyenne nationale (33 %). Cette situation peut rendre ce groupe plus vulnérable lors de changements brusques sur le marché du logement et de la location.

Chez les personnes de 15 à 24 ans ne vivant pas avec un parent, le rapport des frais de logement au revenu était de 23 %, comparativement à 16 % pour l'ensemble des groupes d'âge, ce qui signifie que, à l'échelle nationale, les jeunes ont consacré 23 % de leur revenu brut aux frais de logement. Cette tendance était plus prononcée dans les grands centres urbains. Par exemple, à Toronto, le rapport des frais de logement au revenu était de 31 % pour les personnes de 15 à 24 ans, comparativement à 20 % pour l'ensemble des groupes d'âge. Si l'on tient compte du fait qu'en 2021 le revenu médian des personnes de 15 à 29 ans était de 25 000 $, comparativement à 41 200 $ pour l'ensemble de la population canadienne (16 ans et plus), les jeunes ont généralement moins de revenu disponible à consacrer au logement.

Le manque de logements abordables a une incidence toute particulière sur les jeunes. Selon les données de l'Enquête sociale canadienne (ESC) recueillies à la fin de 2022, les jeunes (60 %) étaient plus susceptibles que les adultes de 40 ans et plus (37 %) d'indiquer être très inquiets de leur capacité d'acheter un logement ou de payer leur loyer, et leurs inquiétudes à cet égard ont entraîné des changements de comportement. Au cours des six mois précédant l'ESC, 32 % des jeunes ont déclaré souhaiter acheter un logement ou déménager dans un nouveau logement locatif, mais ont décidé de ne pas le faire en raison de préoccupations relatives aux prix, comparativement à 20 % de l'ensemble de la population. La mobilité peut aussi être très problématique pour les jeunes, car ils peuvent avoir du mal à déménager en raison du coût inabordable des options de logement. Par ailleurs, les inquiétudes relatives à l'abordabilité peuvent aussi amener les jeunes à s'éloigner davantage des centres urbains et des centres d'emploi, à la recherche de municipalités où les logements sont plus abordables.

Le manque de logements abordables dans les grandes villes fait aussi en sorte que les jeunes adultes d'aujourd'hui sont plus susceptibles de vivre avec des colocataires ou avec leurs parents. En 2021, 18 % des jeunes adultes de 20 à 29 ans vivaient avec d'autres personnes hors de la famille de recensement. Au sein de ce groupe d'âge, les ménages de colocataires sont l'un des types de ménages affichant la plus forte croissance. Parallèlement, 43 % des jeunes adultes de 20 à 29 ans vivaient toujours avec au moins un de leurs parents.

Que ce soit en raison des coûts élevés, du manque d'espace, de la présence de colocataires ou d'autres raisons, lorsqu'on leur a demandé d'indiquer leur niveau de satisfaction à l'égard de leur logement, un plus faible pourcentage de jeunes Canadiens (55 %) a fait état de niveaux élevés de satisfaction, comparativement aux adultes de 30 à 54 ans (60 %) et à ceux de 55 ans et plus (74 %).

Un pourcentage plus élevé de jeunes adultes que d'adultes plus âgés choisissent de ne pas avoir d'enfants pour des raisons financières

Les taux de fécondité sont en baisse dans tous les groupes d'âge, suivant la tendance amorcée au pays il y a quelques dizaines d'années. Toutefois, ce n'est que plus récemment que les inquiétudes concernant l'abordabilité des logements et la capacité d'accéder à un logement convenable ont été mentionnées comme ayant une incidence sur les intentions de fécondité des Canadiens, en particulier chez les personnes âgées de 20 à 29 ans.

En 2022, 38 % des jeunes adultes (âgés de 20 à 29 ans) ne pensaient pas avoir les moyens d'avoir un enfant au cours des trois années suivantes, tandis que 32 % ne pensaient pas avoir accès à un logement convenable pour fonder une famille au cours de cette période. Les adultes de 20 à 29 ans étaient plus susceptibles que ceux de 30 à 49 ans d'indiquer que la capacité financière et l'accès à un logement adéquat pourraient constituer des obstacles à leur projet d'avoir un enfant.

Les préoccupations liées à l'abordabilité avec lesquelles les jeunes adultes doivent composer ont une incidence sur leurs choix, y compris leur choix d'avoir des enfants et celui de l'endroit où habiter, et l'on s'attend à ce que cette situation ait des répercussions sur la composition démographique et géographique à long terme du Canada.

Les jeunes sont moins satisfaits à l'égard de la vie et moins optimistes quant à l'avenir qu'ils ne l'étaient auparavant

Non seulement le coût élevé du logement et des autres nécessités de tous les jours réduit-il la capacité des jeunes adultes à atteindre leurs grands objectifs financiers ou à avoir les moyens d'avoir des enfants, il fait aussi en sorte qu'ils se retrouvent avec moins d'argent pour les activités récréatives. Le revenu continue de jouer un rôle dans la santé mentale des jeunes; ceux qui vivent au sein des ménages les plus pauvres sont moins susceptibles de déclarer être en excellente ou en bonne santé mentale (59 % des hommes et 50 % des femmes). Par conséquent, il n'est guère surprenant d'observer de plus faibles niveaux d'optimisme et de satisfaction à l'égard de la vie parmi ce groupe.

Par exemple, au cours de la période de 2016 à 2021-2022, l'optimisme chez les jeunes Canadiens de 15 à 29 ans a diminué d'environ 15 points de pourcentage. Le pourcentage de jeunes adultes ayant fait état de niveaux élevés de satisfaction à l'égard de la vie a aussi affiché une baisse marquée, passant de 48 % au quatrième trimestre de 2021 à 40 % au quatrième trimestre de l'année suivante.

En plus de baisses au chapitre du bien-être au fil du temps, les jeunes Canadiens ont aussi affiché de moins bons résultats que leurs homologues plus âgés à certains indicateurs de la qualité de vie. Par exemple, les personnes de 15 à 29 ans étaient moins nombreuses que celles de 45 ans et plus à déclarer ressentir un sentiment d'appartenance très fort ou assez fort à leur collectivité locale. Parallèlement, les jeunes de 15 à 29 ans ont systématiquement déclaré ressentir de la solitude plus souvent que les personnes de groupes plus âgés.

Les difficultés avec lesquelles les jeunes sont aux prises ne disparaissent pas une fois qu'ils ont atteint l'âge de 30 ans. Au contraire, elles persistent et peuvent nuire de façon permanente à leur accès, à l'âge adulte, au niveau de vie auquel ils s'attendaient peut-être alors qu'ils grandissaient.

L'abordabilité n'est qu'une difficulté parmi d'autres ayant une incidence sur le bien-être des jeunes

La santé mentale autoévaluée des jeunes Canadiens a fortement diminué au début de la pandémie : 40 % des Canadiens ont déclaré que leur santé mentale était excellente ou très bonne à la fin de mars et au début d'avril 2020; il s'agit d'une baisse de 20 % par rapport à 2019. Toutefois, la santé mentale des jeunes diminue graduellement depuis 2003, et cette baisse peut être attribuée à un éventail de facteurs. En plus de l'abordabilité et du logement, les jeunes manifestent des inquiétudes au sujet des changements climatiques, des soins de santé et de la discrimination, entre autres enjeux ayant des répercussions sur la satisfaction et le bien-être.

Bien que de nombreux jeunes au Canada soient aux prises avec des problèmes de santé mentale, 81 % des jeunes ont déclaré avoir toujours ou souvent des personnes sur qui compter lorsqu'ils en ont besoin. Le fait d'avoir un solide réseau de soutien est précieux pendant les années formatrices, mais tout particulièrement pour les jeunes d'aujourd'hui, compte tenu des difficultés auxquelles ils doivent faire face. Statistique Canada continuera de recueillir des données sur la qualité de vie et de surveiller les tendances liées au bien-être des jeunes adultes pendant les périodes d'incertitude économique.

  Note aux lecteurs

Sources de données

La présente diffusion repose sur des données provenant de diverses sources de Statistique Canada, dont le Recensement de la population de 2021.

Il convient de noter que le dénominateur utilisé pour le calcul visant à déterminer la proportion de soutiens du ménage étant locataires comprend les logements fournis par l'administration locale, la Première Nation ou la bande indienne.

Les données sur la santé mentale du présent communiqué sont tirées de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2019 et de la Série d'enquêtes sur les perspectives canadiennes de 2020.

Les données de l'Enquête canadienne sur le logement (ECL) de 2021 ont aussi été utilisées dans le cadre de ce communiqué. Cette enquête permet de mesurer la satisfaction à l'égard du logement en fonction de l'opinion du répondant, qui peut différer de celles des autres membres du ménage. Dans le cadre de l'ECL, on demande que ce soit la personne qui prend les décisions en matière de logement dans le ménage qui remplisse le questionnaire.

Les données des vagues suivantes de l'Enquête sociale canadienne ont également été utilisées :

• bien-être, activités et perception du temps (menée du 6 août au 18 septembre 2021);

• bien-être, travail non rémunéré et temps passé en famille (menée du 26 octobre au 7 décembre 2021);

• bien-être et relations familiales (menée du 28 janvier au 13 mars 2022);

• qualité de vie et coût de la vie (menée du 21 octobre au 4 décembre 2022).

Des comparaisons sont effectuées avec l'Enquête sociale générale – Les Canadiens au travail et à la maison de 2016, afin de mieux saisir l'évolution des points de vue de la population canadienne concernant l'avenir.

Définitions

Le rapport des frais de logement au revenu correspond au pourcentage du revenu mensuel total moyen d'un ménage qui est consacré aux dépenses liées au logement. Ces dépenses comprennent entre autres le loyer mensuel (pour les locataires) ou le paiement hypothécaire, l'impôt foncier et les frais de copropriété (pour les propriétaires), de même que les coûts d'électricité, de chauffage et des services municipaux. Le pourcentage est calculé en divisant les dépenses totales relatives au logement par le revenu mensuel total du ménage et en multipliant le résultat par 100.

Le principal soutien du ménage désigne la première personne du ménage chargée entre autres du paiement du loyer ou de l'hypothèque, des taxes et de l'électricité pour le logement.

Une famille de recensement est définie comme suit : un couple marié et les enfants, le cas échéant, du couple et/ou de l'un ou l'autre des conjoints; un couple en union libre et les enfants, le cas échéant, du couple et/ou de l'un ou l'autre des conjoints; ou un parent dans une famille monoparentale, peu importe son état matrimonial, habitant avec au moins un enfant dans le même logement et cet ou ces enfants. Tous les membres d'une famille de recensement particulière habitent le même logement. Les enfants peuvent être des enfants biologiques ou adoptés, peu importe leur âge ou leur état matrimonial, du moment qu'ils habitent dans le logement sans leur propre conjoint marié, conjoint de fait ou enfant. Les petits-enfants habitant avec leurs grands-parents, alors qu'aucun des parents n'est présent, constituent également une famille de recensement.

Coordonnées des personnes-ressources

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