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Les changements de comportement linguistique à la maison selon l'Enquête sociale canadienne

Diffusion : 2023-12-11

Près de 1 personne sur 6 au Canada qui parlait uniquement une langue non officielle le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête a adopté une langue officielle depuis

Les données de l'Enquête sociale canadienne de 2022-2023 permettent d'observer les populations les plus susceptibles de modifier leur comportement linguistique en introduisant l'une des deux langues officielles à la maison. Les personnes qui ne parlaient que le français ou l'anglais le plus souvent à la maison étaient moins susceptibles de modifier leur comportement linguistique que les personnes qui ne parlaient qu'une langue non officielle.

Parmi les personnes qui ne parlaient qu'une langue non officielle, près de 1 personne sur 6 (15,5 %) a modifié son comportement linguistique, comparativement à 2,8 % chez les personnes qui parlaient uniquement le français le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête et à 2,1 % chez les personnes qui parlaient uniquement l'anglais le plus souvent à la maison.

Dans la population générale, 1 personne sur 20 (5,0 %) a changé la langue qu'elle parlait le plus souvent à la maison au cours des cinq années avant l'enquête.

L'Enquête sociale canadienne de 2022-2023 a été menée d'avril 2022 à juin 2023. Elle permet, entre autres, d'examiner les changements de comportements linguistiques à la maison en comparant la ou les langues parlées le plus souvent à la maison au moment de l'enquête et la ou les langues parlées le plus souvent à la maison cinq ans plus tôt, au sein de la population âgée de 15 ans ou plus au moment de l'enquête. Dans ce communiqué, on estime qu'un changement de comportement linguistique a eu lieu lorsque la ou les langues parlées le plus souvent à la maison diffèrent entre ces deux points de référence. Les changements de comportements linguistiques comprennent l'abandon d'une langue pour une autre, l'ajout d'une langue à celle parlée le plus souvent à la maison cinq ans plus tôt, l'abandon d'une langue par les personnes qui parlaient plus d'une langue à égalité le plus souvent à la maison, ainsi que le passage d'une situation de plurilinguisme à une autre qui comporte des langues différentes entre les deux points de référence.

Un changement concernant la ou les langues parlées le plus souvent à la maison au cours d'une période de cinq ans est un phénomène relativement rare dans l'ensemble de la population. Les données issues de l'Enquête sociale canadienne ne permettent pas de déterminer le solde des changements de comportements linguistiques à l'échelle des provinces avec un haut niveau de certitude en raison de la taille de son échantillon. Des études complémentaires sur le sujet seront menées par Statistique Canada au moyen d'autres sources de données.

Les changements concernant la ou les langues parlées le plus souvent à la maison sont un phénomène qui contribue grandement à l'analyse de la situation linguistique au Canada. Ils sont souvent liés à des changements de circonstance de la vie, comme un déménagement, une migration ou le fait d'entrer en union avec une personne de langue différente. Ils témoignent également de l'influence de la présence et de l'usage des langues officielles dans l'espace public (p. ex. scolarisation, travail, commerces) et de l'intégration de ces langues dans la sphère familiale des personnes, et en particulier celles dont la principale langue parlée à la maison est une langue non officielle.

Environ 13 % des immigrants qui parlaient uniquement une langue non officielle le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête ont adopté une langue officielle depuis

Au Canada, 80 % des personnes qui parlaient uniquement une langue non officielle le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête étaient des immigrants. Bien que cette population de locuteurs représente 12 % de la population canadienne, elle est à l'origine de 31 % des changements concernant la ou les langues parlées le plus souvent à la maison au cours des cinq années avant l'enquête.

Au Canada hors Québec, environ 13 % des immigrants qui parlaient uniquement une langue non officielle le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête ont adopté l'anglais comme langue parlée le plus souvent à la maison, ou le parlent désormais à égalité avec leur langue non officielle à la maison, alors que moins de 0,1 % des immigrants ont adopté le français comme langue le plus souvent parlée à la maison ou le parlent désormais à égalité avec leur langue non officielle à la maison. Au Québec, 9 % des immigrants ont adopté le français ou l'ont ajouté à leur langue non officielle parlée le plus souvent à la maison au cours des cinq années avant l'enquête, alors que 4 % ont adopté l'anglais ou l'ont ajouté à leur langue non officielle parlée le plus souvent à la maison.

Graphique 1  Graphique 1: Proportion d'immigrants qui parlaient uniquement une langue non officielle le plus souvent à la maison au Canada cinq ans avant l'enquête et qui ont depuis adopté une langue officielle ou l'ont ajoutée à leur langue non officielle comme langue parlée le plus souvent à la maison, Québec et Canada hors Québec
Proportion d'immigrants qui parlaient uniquement une langue non officielle le plus souvent à la maison au Canada cinq ans avant l'enquête et qui ont depuis adopté une langue officielle ou l'ont ajoutée à leur langue non officielle comme langue parlée le plus souvent à la maison, Québec et Canada hors Québec

Les immigrants qui ont été admis au Canada au cours des cinq années avant l'enquête et qui parlaient une langue non officielle le plus souvent à la maison étaient plus susceptibles d'avoir adopté une langue officielle depuis que les immigrants admis au Canada depuis plusieurs années

Les résultats de l'Enquête sociale canadienne révèlent que la propension à effectuer un changement de comportements linguistiques chez la population immigrante est plus forte lorsque l'admission au Canada est récente. Environ 23 % des immigrants qui parlaient uniquement une langue non officielle le plus souvent à la maison et qui habitaient dans un autre pays cinq ans avant l'enquête ont modifié leur comportement linguistique depuis. Il convient toutefois de souligner que certains changements sont survenus avant l'admission au Canada. Cette proportion était plus faible chez les immigrants admis au Canada 6 à 10 ans avant l'enquête (17 %), et elle s'établissait à 9 % chez les immigrants admis au Canada plus de 10 ans avant l'enquête.

Ces résultats donnent à penser que la plupart des changements de comportements linguistiques ont lieu peu de temps après l'arrivée des immigrants au Canada et qu'ils deviennent moins fréquents au fil des années qu'ils passent au pays.

Graphique 2  Graphique 2: Proportion d'immigrants qui parlaient uniquement une langue non officielle le plus souvent à la maison au Canada cinq ans avant l'enquête et qui ont depuis adopté une langue officielle ou l'ont ajoutée à leur langue non officielle comme langue parlée le plus souvent à la maison, selon le nombre d'années depuis l'admission au Canada
Proportion d'immigrants qui parlaient uniquement une langue non officielle le plus souvent à la maison au Canada cinq ans avant l'enquête et qui ont depuis adopté une langue officielle ou l'ont ajoutée à leur langue non officielle comme langue parlée le plus souvent à la maison, selon le nombre d'années depuis l'admission au Canada

Les personnes qui ne parlaient pas la langue de la majorité le plus souvent à la maison sont plus susceptibles d'avoir effectué un changement de comportement linguistique

Les résultats de l'enquête montrent que les personnes qui parlaient uniquement la langue de la majorité cinq ans avant l'enquête, c'est-à-dire l'anglais au Canada hors Québec et le français au Québec, étaient moins susceptibles d'avoir effectué un changement de comportement linguistique depuis.

Au Canada hors Québec, 1,8 % de la population, soit environ 340 000 personnes, qui parlaient uniquement l'anglais le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête ont adopté ou ajouté une autre langue parlée le plus souvent à la maison depuis. Pour près de 90 % de ces personnes, le changement représentait le passage à une langue non officielle ou l'ajout d'une langue non officielle à l'anglais comme langue parlée le plus souvent à la maison. Environ 10 % de ces personnes ont adopté ou ajouté le français à l'anglais comme langue parlée le plus souvent à la maison.

Au Québec, environ 100 000 personnes (soit 1,9 % de la population) qui parlaient uniquement le français le plus souvent à la maison ont effectué un changement dans leurs comportements linguistiques au cours des cinq années ayant précédé l'enquête. Dans plus de 60 % des cas, l'anglais a été adopté ou ajouté au français comme langue parlée le plus souvent à la maison. Dans plus de 40 % des cas, une langue non officielle a été adoptée ou ajoutée au français comme langue parlée le plus souvent à la maison.

Les personnes qui parlaient uniquement la langue officielle de la minorité le plus souvent à la maison, c'est-à-dire le français au Canada hors Québec et l'anglais au Québec, étaient quant à elles proportionnellement plus susceptibles d'avoir effectué un changement de comportement linguistique au cours des cinq années avant l'enquête.

Au Canada hors Québec, 13 % des personnes qui parlaient uniquement le français le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête, soit environ 65 000 personnes, ont adopté ou ajouté l'anglais au français comme langue parlée le plus souvent à la maison.

Au Québec, environ 54 000 personnes (soit 6,7 % de la population) qui parlaient seulement l'anglais le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête ont adopté ou ajouté le français à l'anglais comme langue parlée le plus souvent à la maison. Environ 21 000 (2,5 %) ont adopté ou ajouté une langue non officielle à l'anglais comme langue parlée le plus souvent à la maison.

Tant au Québec que dans le reste du Canada, la proportion de personnes de langue officielle de la minorité ayant modifié leurs comportements linguistiques à la maison au cours de la période de cinq ans avant l'enquête était plus élevée que la proportion de personnes de langue de la majorité ayant effectué un changement similaire. De même, les personnes parlant une langue autre que le français ou l'anglais étaient encore plus susceptibles d'avoir effectué un changement de comportement linguistique. Le pourcentage d'entre elles à avoir effectué un tel changement s'établissait à 16,9 % au Québec et à 15,3 % au Canada hors Québec.

Au Canada, le tiers des changements de comportements linguistiques à la maison consistaient en l'ajout d'une langue parlée à égalité avec celle déjà parlée le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête

Au Canada hors Québec, 47 % des changements de comportements linguistiques à la maison consistaient en un passage d'une langue le plus souvent parlée à la maison à une autre, le plus souvent d'une langue non officielle vers l'anglais, soit la principale langue de convergence des populations de langue non officielle.

Par ailleurs, plus du tiers des changements représentaient l'ajout d'une langue à celle déjà parlée le plus souvent à la maison, le plus souvent il s'agissait de l'ajout de l'anglais à une langue non officielle. En revanche, environ le sixième des changements consistaient en un passage de deux langues parlées à égalité le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête à une seule langue parlée le plus souvent à la maison. Dans ces cas-ci, l'anglais a cédé sa place comme langue parlée le plus souvent à la maison presque aussi souvent qu'une langue non officielle.

Au Québec, 59 % des changements de comportements linguistiques à la maison survenus au cours des cinq années avant l'enquête consistaient en un passage d'une langue à une autre, le plus souvent de l'anglais vers le français.

En outre, plus du quart des changements représentaient l'ajout d'une langue parlée le plus souvent à la maison; il s'agissait principalement de l'ajout de l'anglais au français. En revanche, environ le septième des changements consistaient en l'abandon de l'une des langues parlées le plus souvent à la maison cinq ans avant l'enquête. Dans ces cas-ci, une langue non officielle était abandonnée presque aussi souvent que le français.

Les personnes de 15 à 34 ans sont plus susceptibles d'avoir modifié la ou les langues qu'elles parlaient le plus souvent à la maison

Les résultats de l'Enquête sociale canadienne montrent également que la propension à effectuer un changement de langue parlée le plus souvent à la maison diminue avec l'âge.

La proportion de la population ayant modifié ses comportements linguistiques à la maison est plus élevée chez les jeunes. Cette population se trouve à une étape de la vie durant laquelle de nombreuses unions se forment. De plus, une forte proportion de cette population quitte le domicile de leurs parents. De nombreux immigrants récemment admis au Canada font partie de ce groupe d'âge. Environ 8 % des personnes âgées de 15 à 24 ans et de 25 à 34 ans ont modifié la ou les langues parlées le plus souvent à la maison au cours des cinq années avant l'enquête, alors que c'était le cas de 2,3 % de la population âgée de 55 ans et plus.

Graphique 3  Graphique 3: Proportion de personnes ayant changé de langue parlée le plus souvent à la maison au cours des cinq années avant l'enquête au Canada, selon le groupe d'âge
Proportion de personnes ayant changé de langue parlée le plus souvent à la maison au cours des cinq années avant l'enquête au Canada, selon le groupe d'âge

  Note aux lecteurs

Les résultats de l'Enquête sociale canadienne permettent de mesurer le changement de langue parlée le plus souvent à la maison. Les répondants ont d'abord répondu à une première question : « Quelle langue parlez-vous actuellement le plus souvent à la maison? », puis à une deuxième question « Quelle langue parliez-vous le plus souvent à la maison il y a cinq ans? ». Le caractère rétrospectif de cette question permet de rendre compte des changements de comportements linguistiques au cours d'une période donnée, une information qui n'est pas facile à obtenir à partir des données du recensement.

Les réponses possibles à ces questions étaient « Français », « Anglais » et « Autre ». Les répondants pouvaient sélectionner plus d'une langue.

L'enquête comprenait également plusieurs autres questions, notamment sur l'âge, le statut d'immigrant et le genre. L'enquête visait les personnes âgées de 15 ans et plus et ne comprenait pas les territoires. Les questions sur la langue parlée le plus souvent à la maison faisaient partie des vagues 5, 6, 7 et 9 de l'Enquête sociale canadienne, menée d'avril 2022 à juin 2023. Ces quatre vagues ont été combinées afin d'augmenter la taille de l'échantillon qui s'est chiffrée à 36 763 répondants.

Des tests de signification statistique ont été effectués afin de s'assurer que la qualité des données respectait les normes de Statistique Canada. Les estimations et les proportions fondées sur un nombre de personnes inférieur à 10 ou qui présente un dénominateur inférieur à 140 ne sont pas présentées dans ce communiqué.

Pour en savoir plus sur la méthodologie et les concepts de l'Enquête sociale canadienne, veuillez consulter la page d'enquête et les questionnaires de l'enquête (vague 5, vague 6, vague 7, vague 9).

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