La pratique d'activités sportives et culturelles chez les enfants et les jeunes autochtones

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par Kristina Smith, Leanne Findlay et Susan Crompton

Introduction
Ce qu'il faut savoir au sujet de la présente étude
La majorité des enfants inuits, des enfants métis et des enfants des Premières nations vivant hors réserve de 6 à 14 ans font du sport
Les enfants qui participent activement à d'autres activités parascolaires sont plus susceptibles de s'adonner à des sports
Quatre enfants autochtones sur dix participent à des activités culturelles
L'utilisation d'une langue autochtone et le fait de passer du temps avec des aînés sont des indicateurs importants de la participation à des activités culturelles
Sommaire

Introduction

Selon des études récentes, la participation à des activités parascolaires peut avoir de nombreux avantages pour les enfants, notamment un bon rendement scolaire1, l'amélioration du fonctionnement psychologique2 et de bonnes relations avec leurs pairs3. Certaines recherches suggèrent que ces activités ont un effet positif parce qu'elles offrent aux enfants l'occasion d'explorer leur identité, de développer leur esprit d'initiative, d'apprendre à contrôler leurs émotions et d'acquérir des compétences sociales4.

S'il est vrai qu'on en sait moins long au sujet de la participation des enfants autochtones aux activités parascolaires qu'à celle des enfants non autochtones5, les recherches précédentes indiquent que les enfants autochtones tirent certains avantages de leur participation à des activités en dehors des heures d'école normales. Par exemple, les enfants autochtones qui vivent hors réserve sont plus susceptibles d'avoir un bon rendement scolaire s'ils font du bénévolat, s'ils s'adonnent à des activités sportives ou culturelles, s'ils font partie d'un club ou d'un groupe, s'ils pratiquent un art ou jouent de la musique, ou s'ils passent du temps avec des aînés6. On sait également que l'exercice physique est associé à des résultats positifs chez les enfants autochtones, notamment l'amélioration de l'estime de soi7 et une réduction du taux de tabagisme8, À l'inverse, le manque d'exercice est associé à une incidence plus élevée de problèmes de santé chroniques liés à l'obésité, comme le diabète, l'hypertension et l'arthrite9, des résultats qui sont particulièrement pertinents pour les enfants autochtones, qui sont de deux à trois fois plus à risque d'obésité que la moyenne canadienne10.

D'autres recherches sont venues confirmer le rôle de l'identité culturelle pour favoriser la santé des Autochtones en général11,12, et un nombre grandissant de facteurs portent à croire que l'activité culturelle a un effet positif sur la santé des enfants13. L'identité culturelle est considérée comme une composante essentielle du soutien et de la guérison selon la tradition autochtone14, et d'après des études récentes, elle diminuerait les taux de suicide chez les jeunes15 et contribuerait à améliorer le rendement scolaire16. Selon d'autres recherches, la participation à des activités culturelles réduirait la dépression et la consommation de drogues et d'alcool17.

Le présent article s'appuie sur la composante des enfants et des jeunes de l'Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2006 pour étudier la participation à des activités sportives et culturelles des enfants inuits, des enfants métis et des enfants des Premières nations vivant hors réserve18 de 6 à 14 ans (pour de plus amples renseignements sur les définitions et les concepts, voir l'encadré « Ce qu'il faut savoir au sujet de la présente étude »). L'étude examine les facteurs qui pourraient être associés à la participation à des activités parascolaires, y compris les caractéristiques de base de l'enfant, les facteurs culturels et le temps consacré à d'autres activités parascolaires, de même que les renseignements sociodémographiques sur la famille.

 


Ce qu'il faut savoir au sujet de la présente cette étude

Les données de l'Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA), composante des enfants et des jeunes, ont été utilisées pour examiner la participation à des activités sportives et culturelles chez les enfants inuits, les enfants métis et les enfants des Premières nations de 6 à 14 ans vivant hors réserve. Réalisée par Statistique Canada en 2006, l'Enquête auprès des peuples autochtones a permis de recueillir des renseignements sur les conditions sociales et économiques des Autochtones au Canada. Elle ciblait les personnes d'ascendance autochtone et/ou qui s'étaient identifiées à un des groupes autochtones (Indien de l'Amérique du Nord, Métis, Inuit), et/ou qui avaient le statut d'Indien inscrit ou d'Indien des traités et/ou qui appartenaient à une bande indienne. Les personnes vivant sur une réserve dans les provinces ont été exclues de l'enquête; dans les territoires, tous les enfants inuits, les enfants métis et les enfants des Premières nations ont été inclus dans l'enquête. Seules les personnes de 6 à 14 ans qui ont été déclarées comme ayant une identité simple d'Indien de l'Amérique du Nord, de Métis ou d'Inuit ont été incluses dans la population observée, ce qui donne un échantillon de 11 940 répondants, soit un peu moins de 170 000 enfants autochtones. (Pour plus d'informations au sujet de l'échantillon et du plan de sondage de l'EAPA, voir L'Enquête auprès des peuples autochtones de 2006 : Guide des concepts et méthodes, produit no 89-637-X au catalogue de Statistique Canada, no 003.)

Définitions
Participation à des activités sportives : Les enfants s'adonnaient à des sports (y compris les cours) au moins une fois par semaine, selon les dires du parent. La participation moins fréquente était considérée comme une non-participation. 
Participation à des activités culturelles : Les enfants participaient à des activités culturelles, sans égard à la fréquence, selon les dires du parent. Étant donné que ces activités peuvent être peu fréquentes (p. ex. apprendre une danse pour une cérémonie qui a lieu une fois par année), on estimait que la participation hebdomadaire ou même mensuelle serait une condition d'inclusion trop stricte.
Contacts avec des aînés : Les enfants passaient du temps avec des aînés au moins une fois par semaine.
Connaissance d'une langue autochtone : On a posé la question suivante aux parents : « Est-ce que l'enfant parle une langue autochtone? » Dans l'affirmative, on considérait que les enfants parlaient et comprenaient une langue autochtone. Dans la négative, on demandait alors au parent : « Est-ce que l'enfant comprend une langue autochtone, même s'il ne connaît que quelques mots? »  Dans l'affirmative, on estimait que les enfants comprenaient (mais ne parlaient pas) une langue autochtone. On supposait que les enfants dont les parents avaient répondu « non » à ces deux questions ne connaissaient pas une langue autochtone.
Temps passé devant un écran par jour : On estimait à environ quatre heures le nombre d'heures passées en moyenne par jour par les enfants à regarder la télévision, des vidéos ou des DVD, à utiliser un ordinateur ou à jouer à des jeux vidéo. À partir de cette moyenne, les enfants ont été répartis en deux groupes ayant déclaré avoir consacré à ces activités un nombre d'heures inférieur et supérieur à la moyenne.
Autres activités parascolaires : On a demandé aux parents si leur enfant participait à un groupe ou à un cours d'art ou de musique; à un club ou à un groupe, comme une troupe de danse, un groupe de jeunes ou un groupe de percussionnistes; ou s'il faisait du bénévolat dans la collectivité ou à l'école. Les enfants sont définis comme des participants lorsqu'ils prennent part à une ou à plusieurs de ces activités au moins une fois par semaine.
Lieu de résidence : L'EAPA permet d'agréger des subdivisions de recensement en fonction des régions métropolitaines. Dans cette étude, quatre niveaux géographiques ont été délimités : les régions métropolitaines de recensement (RMR), les agglomérations de recensement (AR), les zones d'influence des régions métropolitaines de recensement et des agglomérations de recensement (ZIM), et l'Inuit Nunangat. Une ZIM comprend des subdivisions de recensement (municipalités) qui se trouvent à l'extérieur des RMR et des AR, mais dont l'influence économique se fait ressentir (comme l'indiquent les données sur le navettage). Selon la vigueur de la corrélation urbaine, l'influence de la RMR/AR la plus près peut être de forte à nulle. L'Inuit Nunangat est le territoire inuit. Il englobe les collectivités du Nunatsiavut (côte nord du Labrador), du Nunavik (nord du Québec), du territoire du Nunavut et de la région de l'Inuvialuit (Territoires du Nord-Ouest).

Le modèle
Afin d'isoler les facteurs individuels ayant une incidence sur la participation à des activités, un modèle de régression logistique a été créé pour chacune des activités parascolaires à l'étude. Ces modèles nous ont permis d'estimer les chances qu'un enfant ayant une caractéristique donnée soit un participant comparativement à un non-participant à une activité, tout en supprimant l'effet d'autres facteurs combinés. Les poids d'échantillonnage de l'enquête ont été appliqués pour tenir compte du plan de sondage complexe et pour rendre l'analyse représentative de la population autochtone du Canada (sauf les réserves). Une technique « bootstrap » a été utilisée pour produire toutes les estimations de la variance et la signification a été acceptée au niveau p < 0,05 (voir le tableau 2 pour une liste complète des caractéristiques incluses dans les modèles).

Limites des données
Les renseignements sur la participation de l'enfant s'appuyaient sur les données fournies par les parents et étaient basés sur une seule question. La réponse pourrait également avoir été influencée par la perception du parent de ce qui constitue une activité sportive ou culturelle. De plus, l'enquête a été réalisée l'hiver, ce qui pourrait donner lieu à des estimations plus faibles de la participation à des activités sportives que si l'enquête avait eu lieu pendant l'été. Enfin, les termes comme « activités parascolaires », « activités sportives » et  « clubs » pourraient représenter des attitudes ou des philosophies occidentales face à l'emploi du temps1 et devraient donc être interprétés avec une certaine circonspection.


  1. Une limite potentielle des recherches précédentes sur les activités parascolaires pourrait avoir trait à l'utilisation presque exclusive d'approches occidentales des activités de loisirs. IWASAKI, Y., J. BARTLETT, B. GOTTLIEB et D. HALL. 2009. "Leisure-like pursuits as an expression of Aboriginal cultural strengths and living actions". Leisure Sciences. vol. 31, p. 158 à 173.

La majorité des enfants inuits, des enfants métis et des enfants des Premières nations vivant hors réserve de 6 à 14 ans font du sport

Un peu plus des deux tiers (69 %) des enfants autochtones s'adonnaient à des activités sportives au moins une fois par semaine : 66 % des enfants des Premières nations vivant hors réserve, 71 % des enfants métis et 72 % des enfants inuits. Les garçons étaient considérablement plus enclins que les filles à pratiquer des sports, sans égard à leur identité autochtone. Dans l'ensemble, les enfants de 9 à 11 ans avaient tendance à participer plus activement que les enfants plus jeunes, mais chez les Inuits, les enfants de 12 à 14 ans étaient proportionnellement plus actifs que les enfants de 6 à 8 ans. Les enfants étaient également plus susceptibles de s'adonner à des sports au moins une fois par semaine lorsqu'ils étaient en très bonne ou en excellente santé (selon les données déclarées par un des parents) que lorsque leur santé était plus fragile (tableau 1).

Tableau 1 Enfants autochtones de 6 à 14 ans participant aux activités sportives et culturelles, selon certaines caractéristiques, 2006Tableau 1  Enfants autochtones de 6 à 14 ans participant aux activités sportives et culturelles, selon certaines caractéristiques, 2006

Les résultats du modèle de régression logistique indiquent que les caractéristiques susmentionnées demeurent fortement corrélées à la participation hebdomadaire à des activités sportives, même si l'on tient compte d'autres facteurs, comme les caractéristiques de la famille, l'identification culturelle et la participation à d'autres activités parascolaires. L'effet du sexe était particulièrement marqué : la cote exprimant les chances de participer à des activités sportives chaque semaine était presque 80 % plus élevée chez les garçons autochtones que chez les filles autochtones (tableau 2).

Tableau 2 Rapports de cotes concernant les enfants autochtones de 6 à 14 ans participant à des activités sportives et culturelles, selon certaines caractéristiques, 2006Tableau 2  Rapports de cotes concernant les enfants autochtones de 6 à 14 ans participant à des activités sportives et culturelles, selon certaines caractéristiques, 2006

Certaines caractéristiques de la famille ont également été corrélées à la participation hebdomadaire d'un enfant à des activités sportives, ce qui vient confirmer les résultats d'une étude précédente basée sur les données de l'EAPA de 200119. En 2006, les enfants inuits, les enfants métis et les enfants des Premières nations vivant hors réserve avec leurs deux parents étaient plus portés à s'adonner à des activités sportives, dans une proportion de 72 % comparativement à 63 % chez les enfants de familles monoparentales. Cet écart était considérable chez les enfants des Premières nations et les enfants métis, mais pas chez les enfants inuits. Dans l'ensemble, les enfants dont les parents avaient répondu à l'enquête et qui avaient un diplôme d'études secondaires, un diplôme d'études collégiales ou un grade universitaire affichaient également des taux plus élevés de participation hebdomadaire à des activités sportives que ceux dont les parents n'avaient pas de diplôme d'études secondaires. De même, les enfants habitant dans un ménage ayant un revenu supérieur à 30 000 $ par année étaient plus susceptibles de s'adonner à des sports; plus le revenu de la famille était élevé, plus les enfants étaient susceptibles d'y participer.

Même après neutralisation d'autres facteurs du modèle de régression, on a constaté que deux caractéristiques familiales demeuraient significatives : le fait de vivre dans un ménage ayant un revenu supérieur à 50 000 $ et d'avoir des parents ayant terminé des études secondaires, collégiales ou universitaires. La corrélation avec le niveau d'études des parents était particulièrement marquée. Comparativement aux enfants dont les parents n'avaient pas de diplôme d'études secondaires, la cote exprimant les chances de participer à des activités sportives était presque 25 % supérieure chez les enfants des diplômés du secondaire, et 75 % supérieure chez les enfants des diplômés universitaires.

Dans l'ensemble, les enfants ayant plus de trois frères et sœurs étaient moins susceptibles de s'adonner à des sports au moins une fois par semaine que ceux qui avaient moins de deux frères et sœurs. Cependant, lorsque l'on tient compte des autres variables du modèle, on constate que cette caractéristique n'est plus corrélée de façon significative à la participation à des sports. Par ailleurs, bien qu'une étude récente auprès d'enfants canadiens révèle que la participation à des activités sportives varie selon la densité urbaine20, ce n'était pas le cas pour les enfants autochtones.

Les enfants qui participent activement à d'autres activités parascolaires sont plus susceptibles de s'adonner à des sports

Le fait de regarder la télé, d'utiliser un ordinateur ou de jouer à des jeux vidéo représente une large part des loisirs quotidiens des enfants. Dans l'ensemble, les enfants autochtones qui consacraient moins de quatre heures à ces activités étaient plus susceptibles de participer à des sports au moins une fois par semaine que ceux qui y consacraient plus de temps (tableau 1). Les enfants qui participaient à des activités culturelles, qui étaient inscrits à des cours ou à des groupes de musique ou d'art, qui faisaient du bénévolat ou qui appartenaient à un club étaient également plus portés à participer à des sports. Lorsque l'on tient compte d'autres caractéristiques, on constate que ces activités de loisirs demeuraient fortement corrélées à la pratique de sports, la participation à d'autres activités hebdomadaires affichant l'effet le plus marqué (rapport de cotes de près de 2,3 contre 1,0) (tableau 2).

Enfin, l'effet de certains facteurs culturels sur la participation à des sports n'était pas marqué, même après avoir tenu compte d'autres facteurs. La cote exprimant les chances que les enfants autochtones qui passaient régulièrement du temps avec des aînés (au moins une fois par semaine) s'adonnent à des sports était 20 % supérieure à celle des enfants qui avaient des contacts moins fréquents avec eux. Par ailleurs, la connaissance d'une langue autochtone n'était pas significativement corrélée aux chances qu'un enfant participe à des activités sportives hebdomadaires.

Quatre enfants autochtones sur dix participent à des activités culturelles

Les sports sont le type d'activités parascolaires le plus populaire chez les enfants inuits, les enfants métis et les enfants des Premières nations vivant hors réserve, comparativement aux autres activités parascolaires. Cependant, les activités culturelles représentaient également une partie importante de leur vie, 4 enfants sur 10 participant à ce genre d'activités.

Les recherches récentes ont permis de constater que bon nombre d'adultes autochtones estiment que les activités culturelles, comme la danse et les arts créatifs, sont fortement corrélées aux émotions positives, à l'identité et aux aspirations21. Bien des enfants autochtones vivent dans des familles ou des collectivités où une approche holistique du développement de l'enfant est adoptée, soulignant le rôle de la participation à des activités culturelles sur la santé des enfants22.

En 2006, plus de la moitié (56 %) des enfants inuits participaient à des activités culturelles, de même que 43 % des enfants des Premières nations vivant hors réserve et 33 % des enfants métis. En général, les garçons étaient tout aussi susceptibles que les filles de participer à des activités culturelles, les préadolescents de 9 à 11 ans et les adolescents de 12 à 14 ans affichaient les mêmes taux de participation que les enfants plus jeunes, et les enfants qui étaient en bonne ou en mauvaise santé étaient tout aussi susceptibles de participer que ceux qui étaient en excellente santé.

En revanche, certaines caractéristiques de la famille avaient une incidence sur la participation de l'enfant à des activités culturelles. Dans l'ensemble, les enfants qui avaient plus de trois frères et sœurs avaient un taux de participation plus élevé; l'écart était particulièrement prononcé chez les enfants inuits, à 65 % contre 45 % pour ceux qui n'avaient qu'un seul frère ou une seule sœur ou qui étaient enfants uniques. Même après avoir pris en compte d'autres variables du modèle, on a constaté que la cote exprimant les chances d'y participer était 30 % supérieure pour les enfants qui avaient quatre frères ou sœurs ou plus par rapport à ceux qui avaient moins de deux frères et sœurs.

Les enfants autochtones dont l'un des parents détenait un grade universitaire étaient également plus enclins à participer à des activités culturelles que ceux dont le parent n'avait pas terminé ses études secondaires, à 46 % contre 39 %. Ce facteur demeurait fortement significatif après neutralisation d'autres variables du modèle. Comparativement aux enfants dont l'un des parents n'avait pas terminé ses études secondaires, la cote exprimant les chances de participer à des activités culturelles était environ 25 % supérieure pour les enfants des diplômés du secondaire et 100 % plus élevée pour les enfants des diplômés universitaires.

Aucune des autres caractéristiques de la famille dans le modèle de régression n'a été significativement corrélée à la participation des enfants à des activités culturelles.

L'utilisation d'une langue autochtone et le fait de passer du temps avec des aînés sont des indicateurs importants de la participation à des activités culturelles

Comme il fallait s'y attendre, les enfants qui parlaient une langue autochtone ou qui passaient du temps avec les aînés étaient plus susceptibles de participer à des activités culturelles en dehors des heures d'école normales. Près des deux tiers (63 %) des enfants qui parlaient une langue autochtone participaient à des activités culturelles; même ceux qui comprenaient une langue autochtone, mais qui ne la parlaient pas étaient environ deux fois plus susceptibles de participer que les enfants qui ne connaissaient pas du tout une langue autochtone (51 % contre 27 %). Ces proportions étaient semblables pour les trois groupes autochtones (tableau 1). En tenant compte de toutes les autres variables, on constate que la cote exprimant les chances que les enfants qui parlaient une langue autochtone participent à des activités culturelles était plus de quatre fois plus élevée que celle des enfants qui ne maîtrisaient pas une langue autochtone; pour les enfants qui comprenaient une langue autochtone sans la parler, cette cote était plus de deux fois et demie supérieure (tableau 2).

Le fait de passer du temps avec des aînés est également associé à la participation à des activités culturelles. La moitié (50 %) des enfants qui passaient du temps avec des aînés au moins une fois par semaine participaient à des activités culturelles, comparativement au tiers (33 %) de ceux qui ne le faisaient pas. Après neutralisation d'autres facteurs du modèle, on constate que la cote exprimant les chances que les enfants qui avaient des contacts hebdomadaires avec des aînés participent à des activités culturelles était 76 % plus élevée que celle des enfants dont les contacts étaient moins fréquents.

Dans l'ensemble, les enfants qui participaient également à d'autres activités parascolaires affichaient aussi des taux de participation aux activités culturelles beaucoup plus élevés. Plus de 4 enfants sur 10 (42 %) s'adonnant à des sports participaient aussi à des activités culturelles, de même que près de la moitié (46 %) des enfants qui avaient d'autres passe-temps hebdomadaires, comme les arts et la musique, les clubs ou les groupes, et le bénévolat. Une fois considérés les autres facteurs, on s'aperçoit que les sports et les autres activités demeuraient fortement corrélés à la participation à des activités culturelles : la cote exprimant les chances de participer à des activités culturelles était environ 22 % plus élevée pour les enfants qui s'adonnaient à des sports, et près de 100 % plus élevée pour les enfants participant à d'autres activités. Cet écart marqué de la vigueur de la corrélation pourrait être attribuable à la nature des « autres activités », telles que définies par l'enquête, un grand nombre de ces activités (p. ex. la musique, les arts et les clubs) pouvant être de nature culturelle23.

Sommaire

Selon l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2006, plus des deux tiers des enfants inuits, des enfants métis et des enfants des Premières nations vivant hors réserve participaient à des activités sportives au moins une fois par semaine, et environ 4 enfants sur 10 participaient à des activités culturelles. Bien qu'une attribution causale ne soit pas possible, les modèles de régression qui contrôlaient l'effet combiné des différents facteurs ont cerné trois éléments importants souvent associés à la participation à des activités sportives et culturelles. Ces facteurs courants étaient les suivants : le niveau de scolarité plus élevé des parents, les contacts hebdomadaires avec des aînés et la participation à d'autres activités parascolaires.

Parmi les autres caractéristiques associées à la participation à des sports, mentionnons le fait d'être un garçon, d'avoir de 9 à 11 ans, d'être en très bonne ou en excellente santé, de vivre dans une famille à revenu élevé et de passer moins de quatre heures par jour à regarder la télé ou à jouer à l'ordinateur ou à des jeux vidéo.

Les autres caractéristiques fortement corrélées à la participation à des activités culturelles étaient fort différentes. Le fait d'avoir au moins quatre frères ou sœurs et celui de connaître une langue autochtone étaient des facteurs importants ayant une incidence sur la participation des enfants à des activités culturelles.

Kristina Smith est agente technique, Leanne Findlay est analyste à la Division de l'analyse de la santé et Susan Crompton est analyste principale à la Division de la statistique sociale et autochtone.


Notes

  1. DARLING, Nancy. 2005. "Participation in extracurricular activities and adolescent adjustment: Cross-sectional and longitudinal findings". Journal of Youth and Adolescence. vol. 34, no 5, p. 493 à 505.
  2. FELDMAN, Amy F. et Jennifer L. MATJASKO. 2007. "Profiles and portfolios of adolescent school-based extracurricular activity participation". Journal of Adolescence, vol. 30, p. 313 à 332.
  3. FREDERICKS, Jennifer. A. et Jacquelynne S. ECCLES. 2006. "Is extracurricular participation associated with beneficial outcomes? Concurrent and longitudinal relations". Developmental Psychology, vol. 42, no 4, p. 698 à 713.
  4. DWORKIN, Jodi B., Reed LARSON et David HANSEN. 2003. "Adolescents' accounts of growth experiences in youth activities". Journal of Youth and Adolescence, vol. 32, no 1, p. 17 à 26.
  5. IWASAKI, Yoshitaka, Judith G. BARTLETT, Benjamin GOTTLIEB, et Darlene HALL. 2009. "Leisure-like pursuits as an expression of Aboriginal cultural strengths and living actions". Leisure Sciences, vol. 31, p. 158 à 173.
  6. TURCOTTE, Martin et John ZHAO. 2004. « Le bien-être des enfants autochtones vivant hors réserve », Tendances sociales canadiennes, no 75 (hiver), produit no 11-008 au catalogue de Statistique Canada, p. 22 à 27.
  7. KICKETT-TUCKER, Cheryl S. 1999. School sport self-concept of urban Aboriginal school children: Teacher influences.
  8. READING, Jeff. 2003. "A global model and national network for Aboriginal health research". Revue canadienne de santé publique, vol. 94, no 3. p. 185 à 189.
  9. STATISTIQUE CANADA. 2008. «  L'obésité et les habitudes alimentaires de la population autochtone », Le Quotidien, 23 janvier.
  10. AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA. 2010. L'obésité infantile et le rôle du gouvernement du Canada. Ottawa.
  11. WILSON, Kathleen et Mark W. ROSENBERG. 2002. "Exploring the determinants of health for First Nations peoples in Canada: Can existing frameworks accommodate traditional activities?". Social Science and Medicine, vol. 55, p. 2017 à 2031.
  12. IWASAKI, Yoshitaka et Judith G. BARTLETT. 2006. "Culturally meaningful leisure as a way of coping with stress among Aboriginals with diabetes". Journal of Leisure Research, vol. 38, p. 321 à 338.
  13. RIECKEN, Ted, Michele T. TANAKA et Tish SCOTT. 2006. "First Nations youth reframing the focus: Cultural knowledge as a site for health education". Canadian Journal of Native Education, vol. 29, p. 29 à 44.
  14. POONWASSIE, Anne et Ann CHARTER 2001. "An Aboriginal worldview of helping: Empowering approaches". Revue canadienne de counselling, vol. 35, p. 63 à 73.
  15. CHANDLER, Micheal J. et  Christopher E. LALONDE. 2008. « La continuité culturelle comme facteur de protection contre le suicide chez les jeunes des Premières nations », Horizons, vol. 10, no 1, p. 68 à 72.
  16. BAYDALA, Lola, Carmen RASMUSSEN, June BIRCH, Jody SHERMAN, Erik WIKMAN, Juliano CHARCHUN et Jeffrey BISANZ. 2009. "Self-beliefs and behavioural assessment scales as related to academic achievement in Canadian Aboriginal children". Canadian Journal of School Psychology, no 24, p. 19 à 23.
  17. MCIVOR, Onowa, Art NAPOLEON et Kerissa M. DICKIE. 2009. "Language and culture as protective factors for at-risk communities". Journal of Aboriginal Health, (novembre) p. 6 à 25.
  18. Les enfants sont désignés comme des « Indiens de l'Amérique du Nord » dans l'enquête; toutefois, le terme « Premières nations » est utilisé tout au long du présent article.
  19. FINDLAY, Leanne C. et Dafna E. KOHEN. 2007. "Aboriginal children's sport participation in Canada". Pimatisiwin: A Journal of Aboriginal and Indigenous Community Health, vol. 5, no 1, p. 185 à 206.
  20. CLARK, Warren. 2008. « L'activité sportive chez les enfants », Tendances sociales canadiennes, no 85 (été), produit no 11-008-X au catalogue de Statistique Canada. p. 54 à 61.
  21. ANDERSON, Marcia., Janet SMYLIE,  Ian ANDERSON, Raven SINCLAIR et Suzanne CRENGLE. 2006. First Nations, Métis, and Inuit Health Indicators in Canada: A Background Paper for the project "Action Oriented Indicators of Health and Healthy Systems Development for Indigenous Peoples in Australia, Canada, and New Zealand", http://www.iphrc.ca/upload/canadian.pdf. (site consulté le 2 juin 2010).
  22. IWASAKI et al. 2009.
  23. Bien des activités de loisirs des adultes des Premières nations et des adultes métis comprennent souvent des activités spirituelles et culturelles, comme la danse, les arts créatifs et les cérémonies de la suerie. IWASAKI, et al. 2009.