Services de garde pour les enfants des Premières nations vivant hors réserve, les enfants métis et les enfants inuits

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par Leanne C. Findlay et Dafna E. Kohen

Introduction
Ce qu'il faut savoir au sujet de la présente étude
Les options de services de garde
Environ la moitié des enfants des Premières nations vivant hors réserve, des enfants métis et des enfants inuits fréquentent un service de garde
Les garderies sont le type de garde le plus courant
La langue et la culture inuites font partie de la majorité des services de garde destinés aux enfants inuits
L'utilisation des services de garde est liée à des facteurs relatifs à l'enfant et à la famille
La culture et les traditions autochtones transmises dans les services de garde ont une influence positive sur les enfants inuits et les enfants des Premières nations vivant hors réserve
Résumé

Introduction

Au cours des dernières décennies, les services de garde sont devenus de plus en plus courants au Canada si bien qu'en 2003 environ 54 % des enfants canadiens recevaient des services de garde quelconques dispensés par des personnes autres que les parents1.

Les études antérieures ont révélé que les services de garde influent sur le développement social et général des enfants. Cette recherche a montré que la qualité, la quantité et le type de services de garde2, ainsi que le statut réglementaire3 influent sur le bien-être des enfants, en particulier sur les caractéristiques comportementales comme l'hyperactivité et les relations positives avec les pairs (aussi appelé comportement prosocial). Par exemple, la fréquentation de services de garde réglementés (agréés) et de grande qualité (éloges à l'endroit des éducateurs, éducateurs formés) est associée à moins de problèmes de comportement et des relations avec les pairs plus positives. Dans une étude sur les enfants canadiens, on a mentionné que les enfants qui fréquentent des services de garde de grande qualité manifestent de meilleurs comportements prosociaux4.

Même si des facteurs tels que le type de service de garde, les heures passées en service de garde et la stabilité des modes de garde sont pertinents pour la population autochtone, il est également important, lorsqu'on examine l'influence des services de garde sur la population autochtone, de prendre en considération les facteurs culturels pertinents susceptibles d'influer sur un développement sain de l'enfant. Par exemple, les indicateurs importants des services de garde autochtones peuvent inclure des aspects propres à la stimulation culturelle dans le service de garde5,6, notamment la disponibilité d'activités adaptées à la culture. Toutefois, on sait très peu de choses sur les conditions et sur l'utilisation des services de garde pour les enfants autochtones au Canada. Par ailleurs, étant donné que les enfants représentent une proportion supérieure à la moyenne de la population autochtone, les services de garde sont une question particulièrement pertinente pour les Autochtones7.

À l'aide des données de l'Enquête sur les enfants autochtones (EEA) de 2006, la présente étude décrit les services de garde8 pour les enfants des Premières nations vivant hors réserve, les enfants métis et les enfants inuits au Canada, ainsi que les aspects culturels du mode de garde. La première étape a consisté à comparer un échantillon d'enfants des Premières nations vivant hors réserve, d'enfants métis et d'enfants inuits âgés de 2 à 5 ans qui ne fréquentaient pas l'école et étaient en service de garde à un échantillon similaire d'enfants qui ne fréquentaient pas les services de garde. Pour les enfants en service de garde, nous nous sommes intéressés aux aspects suivants : type de service de garde, statut réglementaire, total des heures passées au service de garde et nombre (stabilité) de modes de garde. Ensuite, nous avons examiné des caractéristiques sociodémographiques comme l'âge et le sexe de l'enfant, le revenu du ménage, la structure familiale, le niveau de scolarité des parents, la situation d'activité des parents et le lieu de résidence, conjointement avec les modes d'utilisation des services de garde et les résultats de l'enfant. Pour terminer, nous nous sommes intéressés aux activités culturelles et à la langue autochtone utilisées au service de garde afin de déterminer les liens avec les résultats de l'enfant. Pour l'étude actuelle, l'influence des services de garde sur l'hyperactivité et le comportement prosocial ont représenté un intérêt particulier, car les données existantes suggèrent qu'il existe un lien entre les services de garde et ces deux résultats.

 


Ce qu'il faut savoir au sujet de la présente étude

L'Enquête sur les enfants autochtones (EEA) a été conçue par Statistique Canada et des conseillers autochtones de partout au Canada pour évaluer le développement des jeunes enfants autochtones (âgés de 0 à 5 ans) ainsi que les conditions sociales et de vie dans lesquelles ils apprennent et grandissent. L'enquête a été réalisée conjointement par Statistique Canada et Ressources humaines et Développement des compétences Canada en 2006. La population cible de l'EEA était les enfants des Premières nations vivant hors réserve, les enfants métis et les enfants inuits vivant dans les provinces ainsi que les enfants autochtones vivant dans les trois territoires. L'échantillon a été sélectionné à partir des répondants au Recensement du Canada 2006 qui ont déclaré avoir une ascendance autochtone ou qui étaient identifiés comme Indiens de l'Amérique du Nord1 et (ou) Métis et (ou) Inuits; qui avaient un statut d'Indien des traités ou d'Indien inscrit et (ou) qui appartenaient à une bande indienne. Les personnes qui ont déclaré une identité autochtone ont été incluses dans la présente étude. Les enfants ayant une seule ou plusieurs identités ont été inclus. Par exemple, les enfants inuits étaient les enfants qui avaient l'identité inuite et les enfants qui avaient l'identité inuite combinée à l'identité des Premières nations ou métisse. De plus, on a exclu les enfants qui allaient à l'école, et on a recueilli les variables d'intérêt dépendantes seulement pour les enfants âgés de 2 à 5 ans. La taille de l'échantillon total pour la présente étude était de 4 666 enfants (2 216 enfants des Premières nations vivant hors réserve, 1 630 enfants métis et 863 enfants inuits, des échantillons non indépendants en raison des groupes ayant plusieurs identités).

Nous devons toutefois mentionner certaines restrictions. Premièrement, les services de garde mentionnés par les parents tel que décrits ici représentent le principal type de service de garde seulement. Cela peut dissimuler tous les autres modes de garde dans lesquels les enfants passent moins de temps. Toutefois, selon les données de la présente étude, la majorité des enfants fréquentait seulement un type de service de garde. C'était le cas de 79 % des enfants des Premières nations vivant hors réserve, de 81 % des enfants métis et de 87 % des enfants inuits. Deuxièmement, même si le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones comme faisant partie des services de garde, des parents peuvent ne pas percevoir ce programme comme leur principal mode de garde ou peuvent ne pas décrire ce programme comme un service de garde (mais plutôt comme un programme culturel ou éducatif), ce qui peut donner lieu à une sous-estimation de sa fréquence dans l'EEA2.

Un des aspects les plus importants du mode de garde, la qualité, n'est pas inclus dans la présente étude. Il a été montré, dans les études portant sur les enfants non autochtones, que la qualité des soins (évaluée en fonction d'activités stimulantes appropriées au stade du développement de l'enfant offertes par des personnes ayant une formation en éducation de la petite enfance) est un des prédicteurs les plus puissants de résultats positifs de l'enfant. Même si l'Enquête sur les enfants autochtones n'a pas recueilli de telles données, cela pourrait faire l'objet d'autres recherches. Une autre mise en garde est que les associations statistiques fournies dans la présente étude sont corrélationnelles (prises à un moment donné) et que, par conséquent, on ne peut pas parvenir à des conclusions causales entre la fréquentation d'un service de garde et les résultats des enfants autochtones. De plus, l'hyperactivité et le comportement prosocial ont été signalés par le parent. De futures recherches pourraient inclure d'autres résultats, notamment ceux signalés par les éducateurs, les enseignants, ou d'autres intervenants.

Enfin, en ce qui concerne les enfants des Premières nations, l'EEA a recueilli des données des enfants vivant hors réserve seulement. On peut cependant comparer les conclusions aux résultats de l'Enquête régionale sur la santé (ERS) qui incluait les enfants vivant dans une réserve)3. L'ERS a constaté que 44 % des enfants des Premières nations âgés de moins de 6 ans vivant dans une réserve fréquentaient un service de garde. Plus de la moitié d'entre eux (59 %) étaient gardés par une personne apparentée; 31 %, dans un cadre formel (p. ex. une garderie) et 5 % dans une maison par une personne non apparentée. L'ERS a également constaté que les enfants des Premières nations vivant dans une réserve dont les parents n'avaient pas obtenu leur diplôme d'études secondaires étaient davantage susceptibles de fréquenter un service de garde que ceux dont les parents avaient fait des études postsecondaires. Certaines différences entre l'EEA et l'ERS sont certainement dues au temps écoulé entre les années pendant lesquelles on a recueilli les données (ERS en 2002-2003, EEA en 2006), ou peuvent refléter les différences des conditions de vie des enfants des Premières nations vivant dans une réserve et hors réserve.

Définitions des termes et des concepts
Caractéristiques sociodémographiques : La personne qui connaît le mieux l'enfant (un parent biologique pour 90 % des enfants des Premières nations vivant hors réserve, 94 % des enfants métis et 81 % des enfants inuits) a indiqué le sexe et l'âge (en mois) de l'enfant, ainsi que l'identité autochtone de l'enfant (Premières nations, Métis ou Inuit). Les modalités de vie des enfants ont été classées dans différentes catégories : famille biparentale s'ils vivaient avec deux parents biologiques ou adoptifs, ou deux beaux-parents; la famille monoparentale incluait la mère ou le père biologique ou non biologique. Le revenu total des ménages provenait du Recensement du Canada 2006. Le niveau de scolarité des parents le plus élevé a été classé dans les catégories suivantes : sans diplôme d'études secondaires, diplôme d'études secondaires ou études postsecondaires. En ce qui concerne l'emploi des parents, le parent a déclaré s'il travaillait et, dans l'affirmative, s'il occupait un emploi à temps plein, un emploi saisonnier à temps plein, un emploi à temps partiel ou un emploi saisonnier à temps partiel. Deux variables ont été créées pour refléter l'emploi à temps plein (y compris saisonnier) et l'emploi à temps partiel.

Services de garde : Les aspects concernant les services de garde incluaient : le type principal de service de garde (agréé ou non agréé), le nombre d'heures passées dans le type principal de service de garde et le nombre total de modes de garde (un, deux, trois ou plus). On a demandé aux parents : « Dans quel mode de service de garde (nom de l'enfant) passe-t-il le plus d'heures par semaine? » Cette question a été posée pour tous les enfants pour lesquels le répondant a déclaré qu'ils fréquentaient un service de garde, peu importe les motifs (c'est-à-dire pas nécessairement parce que le parent travaillait ou allait à l'école). Les choix de réponse associé au type de service de garde principal étaient : garderie; garderie éducative (prématernelle); centre préscolaire; programme d'aide préscolaire (autochtone et non autochtone); domicile familial, personne non apparentée; domicile familial, personne apparentée; autre domicile, personne non apparentée; autre domicile, personne apparentée. Ces catégories ont été combinées afin de créer sept modes de garde possibles : garderie; garderie éducative (prématernelle), centre préscolaire ou programme d'aide préscolaire (autochtone ou non autochtone)4; domicile, personne apparentée (au domicile familial ou dans un autre domicile); domicile, personne non apparentée (au domicile familial ou dans un autre domicile); ou autres. On a utilisé la garderie comme catégorie de référence dans les analyses de régression.

On a également demandé aux parents d'indiquer certains des aspects culturels du mode de garde de leur enfant. En particulier, le parent indiquait si le principal mode de garde de leur enfant favorisait les coutumes et les valeurs traditionnelles et culturelles des Premières nations, des Métis ou des Inuits (oui/non). De plus, on leur a demandé d'indiquer toutes les langues parlées au principal mode de garde de l'enfant, notamment : l'anglais, le français, l'inuktitut, le cri, et l'ojibway. En raison des petites tailles des échantillons pour certaines langues par groupe, les données ont été regroupées afin de refléter si on parlait ou non à un enfant en service de garde dans une langue autochtone quelconque (par opposition à aucune).

Comportement de l'enfant : Les renseignements sur les résultats comportementaux des enfants ont été recueillis à l'aide du Questionnaire sur les points forts et les points faibles (QPFPF). Le QPFPF initial a été conçu pour évaluer le comportement social et émotionnel des enfants5. Le parent ou le tuteur de l'enfant a répondu à 25 questions sur le comportement et les émotions de l'enfant sur une échelle de Likert à trois points en utilisant les réponses « Pas vrai », « Un peu vrai » ou « Certainement vrai ». Les travaux réalisés antérieurement avec l'EEA ont montré qu'une structure factorielle de rechange des points du QPFPF sur l'EEA s'était avérée valable pour les enfants des Premières nations vivant hors réserve, les enfants métis et les enfants inuits6. On a tenu compte de deux sous-échelles : l'hyperactivité et le comportement prosocial. Les éléments types de l'échelle hyperactivité incluent : facilement distrait, a du mal à se concentrer, gigote ou se tortille constamment. Les éléments types de l'échelle prosociale incluent : attentif aux autres, tient compte de ce qu'il ressent, partage facilement avec les autres enfants, aide volontiers quand quelqu'un s'est fait mal ou ne se sent pas bien.

Analyse de données
La première étape a consisté à réaliser des analyses descriptives afin de fournir des renseignements sur l'échantillon à l'étude et les aspects des services de garde. Par la suite, on a procédé à des tests de signification afin de déterminer s'il existait des différences dans les facteurs sociodémographiques entre les enfants qui fréquentaient un service de garde et les enfants qui n'en fréquentaient pas. On a également procédé à des régressions logistiques afin de déterminer les prédicteurs indépendants de l'utilisation des services de garde chez les enfants qui fréquentaient un service de garde (pour les trois groupes autochtones séparément). Les prédicteurs incluaient : le sexe et l'âge de l'enfant, la structure familiale, le niveau de scolarité et l'emploi à temps plein ou à temps partiel des parents, et le revenu du ménage. Enfin, pour déterminer les facteurs individuels ayant un lien significatif avec le fonctionnement de l'enfant signalé par le parent (hyperactivité et comportement prosocial), on a procédé à des régressions linéaires pour déterminer le lien avec les aspects des services de garde, notamment les possibilités de participer à des activités faisant la promotion des coutumes et des valeurs traditionnelles et culturelles et d'une langue autochtone, sur l'hyperactivité et les comportements prosociaux (ajustés et non ajustés pour les caractéristiques sociodémographiques et les autres aspects des services de garde, notamment le type de service de garde, les heures passées en service de garde et le nombre de modes de garde). On a appliqué des poids d'échantillonnage normalisés pour rendre l'analyse représentative de chacun des trois groupes autochtones au Canada. Les poids bootstrap ont été appliqués pour tenir compte de la sous-estimation des erreurs types dues à la conception complexe de l'enquête7. La signification statistique a été acceptée au seuil p < 0,05.


Notes

  1. Les enfants ont été identifiés comme « Indiens de l'Amérique du Nord », toutefois lorsqu'on parle d'eux dans tout l'article, on emploie enfants des « Premières nations » pour les désigner.
  2. Lors de notre recherche documentaire, il nous a été impossible de trouver la proportion d'enfants autochtones vivant hors réserve qui bénéficient du Programme d'aide préscolaire aux Autochtones.
  3. ASSEMBLÉE DES PREMIÈRES NATIONS. 2007. Enquête régionale longitudinale sur la santé des Premières Nations (2002-2003), Ottawa, Ontario, Comité sur la gourvernance de l'information des Premières Nations.
  4. Étant donné des problèmes d'échantillonnage et de collecte, les données concernant le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones n'ont pu être examinées comme mode de garde distinct.
  5. GOODMAN, Robert. 1997. « The Strengths and Difficulties Questionnaire: A research note », Journal of Child Psychology and Psychiatry, vol. 38, no 5, p. 581 à 586.
  6. OLIVER, Lisa, Leanne C. FINDLAY, Cameron MCINTOSH et Dafna E. KOHEN. 2009. Enquête sur les enfants autochtones —Évaluation du Questionnaire sur les points forts et les points faibles, produit no 89-634-X2009008 au catalogue de Statistique Canada.
  7. RUST, K. F., et J. N. K. RAO. 1996. « Variance estimation for complex surveys using replication techniques », Statistical Methods in Medical Research, vol. 5, no 3, p. 281 à 310.

Les options de services de garde

Partout au Canada, les services de garde sont généralement réglementés par les provinces, et le nombre et les types de places disponibles varient. Les caractéristiques familiales comme le revenu et le niveau de scolarité des parents peuvent influer sur le choix ou la disponibilité des services de garde. De plus, il a été démontré que les caractéristiques familiales ont des liens importants avec les résultats de l'enfant9. Par exemple, les résultats de l'étude du National Institute of Child Health and Human Development (NICHD) sur les services de garde à la petite enfance ont suggéré que les facteurs de risque familiaux comme de mauvaises conditions socioéconomiques avaient un lien important avec les problèmes de comportement des enfants et les comportements prosociaux10. Même s'il y a peu d'information sur le lien entre les conditions familiales et la disponibilité des services de garde pour les enfants autochtones ou leur fréquentation de ces services, des facteurs semblables peuvent être importants. Il existe plusieurs initiatives financées par le gouvernement fédéral visant à aider et à soutenir les programmes de services de garde à la petite enfance pour les Autochtones, notamment : l'Initiative de services de garde pour les Premières nations et les Inuits (ISGPNI), financée par Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC), et le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones (PAPA), appuyé par Santé Canada.

Un nouvel intérêt pour les programmes de services de garde autochtones, axés sur la culture et conçus en partenariat avec des intervenants communautaires, s'est développé11. Par exemple, Ball et Pence décrivent12 une approche unique en matière de formation en services de garde dans laquelle on minimise l'utilisation des pratiques courantes et on encourage une approche fondée sur la culture autochtone (p. ex. la participation des aînés à la formation des éducateurs et l'accent sur l'apprentissage communautaire). Cela donne lieu à un programme de services de garde axé sur la communauté, approprié sur le plan culturel, qui peut être mis en œuvre par des fournisseurs de services de garde autochtones formés. De plus, des programmes tels que le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones ont des objectifs particuliers : encourager la culture et les langues autochtones, encourager une image de soi positive et favoriser la disposition à apprendre dès le plus jeune âge. Ainsi, un accent sur les activités culturelles est particulièrement pertinent quand on étudie les services de garde pour les enfants autochtones au Canada.

Environ la moitié des enfants des Premières nations vivant hors réserve, des enfants métis et des enfants inuits fréquentent un service de garde

Globalement, 52 % des enfants des Premières nations vivant hors réserve, 54 % des enfants métis et 43 % des enfants inuits fréquentaient un service de garde, quel qu'en soit le genre, en 2006 (graphique 1). Ces résultats sont similaires aux données nationales selon lesquelles 54 % des enfants canadiens fréquentaient un service de garde, quel qu'en soit le genre, en 2002-200313. Pour les trois groupes autochtones, les enfants qui vivaient avec un seul parent, qui vivaient dans des ménages à revenu plus élevé, qui vivaient avec un parent qui travaillait ou qui avait un niveau de scolarité plus élevé, étaient davantage susceptibles de fréquenter un service de garde. Réciproquement, les enfants des Premières nations vivant hors réserve, les enfants métis et les enfants inuits dont un parent ne travaillait pas ou qui n'avait pas obtenu de diplôme d'études secondaires étaient moins susceptibles de fréquenter un service de garde (tableau 1). De plus, les enfants métis en service de garde étaient, en moyenne, plus âgés que les enfants métis qui ne fréquentaient pas de services de garde.

Graphique 1 Un peu plus de la moitié des enfants des Premières nations résidant hors réserve et des enfants métis était en service de gardeGraphique 1  Un peu plus de la moitié des enfants des Premières nations résidant hors réserve et des enfants métis était en service de garde

Tableau 1 Enfants en service de garde, selon certaines caractéristiques, 2006Tableau 1  Enfants en service de garde, selon certaines caractéristiques, 2006

Il y avait aussi des différences selon la province ou la région de résidence de chacun des groupes autochtones. Parmi les enfants des Premières nations vivant hors réserve, ceux qui habitaient au Québec et en Colombie-Britannique étaient davantage susceptibles de fréquenter des services de garde, tandis que ceux habitant au Manitoba et en Alberta étaient moins susceptibles d'en fréquenter. On s'attendait à de telles différences entre provinces en raison des différences provinciales au chapitre du financement des services de garde à la petite enfance au Québec ainsi que des diverses initiatives de la Colombie-Britannique dans ce domaine14. Les enfants métis vivant au Québec et dans les territoires étaient plus souvent en service de garde tandis que les enfants métis vivant en Alberta et dans les provinces de l'Atlantique l'étaient moins souvent. Enfin, des proportions plus élevées d'enfants inuits vivant au Nunatsiavut, au Nunavik et à l'extérieur de l'Inuit Nunangat fréquentaient des services de garde, tandis qu'au Nunavut, la proportion d'enfants inuits fréquentant des services de garde était moindre.

Les garderies sont le type de garde le plus courant

Les garderies étaient le mode de garde le plus courant15 pour les enfants des trois groupes étudiés. Ainsi, 46 % des enfants des Premières nations vivant hors réserve, 44 % des enfants métis et 59 % des enfants inuits en service de garde fréquentaient une garderie (graphique 2). Venaient ensuite les services de garde par une personne non apparentée pour 18 % des enfants des Premières nations vivant hors réserve, 22 % des enfants métis, et 12 % des enfants inuits. Enfin, les services de garde par une personne apparentée pour 17 % des enfants des trois groupes). Dix-sept pour cent des enfants des Premières nations vivant hors réserve, 16 % des enfants métis et 11 % des enfants inuits fréquentaient une garderie éducative, un centre préscolaire ou un centre offrant le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones comme mode de garde principal16. Les parents de 69 % des enfants des Premières nations vivant hors réserve, de 68 % des enfants métis et de 72 % des enfants inuits fréquentant des services de garde ont déclaré qu'il s'agissait de services de garde agréés. La majorité des enfants en services de garde agréés fréquentaient une garderie, une garderie éducative, un centre préscolaire ou un centre offrant le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones17.

Graphique 2 La garderie est le type de service de garde le plus courant pour les enfants autochtonesGraphique 2  La garderie est le type de service de garde le plus courant pour les enfants autochtones

Les modes de garde de la majorité des enfants des Premières nations vivant hors réserve, des enfants métis et des enfants inuits étaient assez stables. La majorité des enfants, soit 4 enfants sur 5 avaient fréquenté un seul mode de garde au cours de l'année précédant l'enquête. Le temps moyen passé en service de garde, peu importe le type, était d'environ 27 heures par semaine, et ce, pour les trois groupes.

La langue et la culture inuites font partie de la majorité des services de garde destinés aux enfants inuits

Un peu plus d'un quart (26 %) des parents des enfants des Premières nations vivant hors réserve ont déclaré que le mode de garde choisi favorisait les valeurs et les coutumes traditionnelles et culturelles, comparativement à 17 % des parents des enfants métis et 67 % des parents d'enfants inuits. Pour 16 % des enfants des Premières nations vivant hors réserve et 6 % des enfants métis, on a déclaré qu'ils fréquentaient des services de garde utilisant exclusivement une langue autochtone ou un mélange de langues autochtones et non autochtones. La majorité des enfants inuits (66 %) fréquentait un service de garde où une langue inuite était utilisée. On a également constaté que la plupart des modes de garde destinés aux enfants inuits dans lesquels on parlait la langue inuite intégraient aussi les valeurs et les coutumes traditionnelles et culturelles, et ce, dans une proportion de 88 %, comparativement aux modes de garde qui n'utilisaient pas la langue inuite (qui n'étaient que 27 % à intégrer les valeurs et les coutumes traditionnelles et culturelles).

Dans les groupes des Premières nations et des Métis, la proportion des enfants participant à des valeurs et à des coutumes traditionnelles et culturelles dans leurs services de garde était plus élevée chez les enfants qui fréquentaient une garderie éducative, un centre préscolaire ou un centre offrant le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones (tableau 2). Venaient ensuite les enfants gardés par un membre de la famille (au domicile familial ou à un autre domicile). La tendance était la même en ce qui concerne l'utilisation d'une langue autochtone en service de garde. En ce qui concerne les enfants inuits en service de garde, la proportion des enfants qui participait à des activités et à des coutumes traditionnelles et culturelles était plus élevée chez les enfants gardés par un membre de la famille, venaient ensuite les enfants qui fréquentaient une garderie.

Tableau 2 Proportion d'enfants autochtones fréquentant un service de garde incluant des activités traditionnelles et des langues autochtones, 2006Tableau 2  Proportion d'enfants autochtones fréquentant un service de garde incluant des activités traditionnelles et des langues autochtones, 2006

L'utilisation des services de garde est liée à des facteurs relatifs à l'enfant et à la famille

Un examen des facteurs liés à l'utilisation des services de garde pour les enfants des Premières nations vivant hors réserve, les enfants métis et les enfants inuits ont révélé que la structure familiale, le niveau de scolarité et l'emploi des parents, ainsi que le revenu du ménage étaient des facteurs indépendants significatifs pour les trois groupes autochtones (tableau 3). En particulier, le fait de vivre avec un seul parent (comparativement à deux parents), avec un parent qui travaillait (à temps plein ou à temps partiel) et dans un ménage ayant un revenu plus élevé étaient autant de facteurs liés au fait de fréquenter un service de garde.

Tableau 3 Rapports de cotes relatifs aux chances des enfants autochtones d'être en service de garde, par groupeTableau 3  Rapports de cotes relatifs aux chances des enfants autochtones d'être en service de garde, par groupe

Chez les enfants des Premières nations vivant hors réserve, ceux vivant avec un parent n'ayant pas obtenu de diplôme d'études secondaires étaient moins susceptibles de fréquenter un service de garde, tandis que ceux vivant avec un parent ayant fait des études postsecondaires étaient davantage susceptibles de fréquenter un service de garde. Le niveau de scolarité des parents était également important pour les enfants métis et inuits. Les enfants métis dont les parents avaient fait des études postsecondaires avaient plus de chances de fréquenter des services de garde, et les enfants inuits dont les parents n'avaient pas de diplôme d'études secondaires avaient moins de chances de fréquenter des services de garde. De plus, en ce qui concerne les enfants métis seulement, les enfants plus âgés avaient plus de chances de fréquenter un service de garde. On a constaté que les garçons inuits étaient moins susceptibles que les filles inuites de fréquenter des services de garde. On a également constaté que les prédicteurs liés à l'enfant et à la famille tels que le niveau de scolarité des parents et le revenu du ménage étaient liés à des modes particuliers de services de garde comme les garderies et les services de garde agréés (comparativement à aucun service de garde, données non publiées).

La culture et les traditions autochtones transmises dans les services de garde ont une influence positive sur les enfants inuits et les enfants des Premières nations vivant hors réserve

La recherche a montré des répercussions positives chez les enfants autochtones qui  participent à des activités culturelles18. Dans le contexte des services de garde, il était intéressant d'examiner si les aspects culturels des services de garde étaient liés aux résultats déclarés par les parents des enfants des Premières nations vivant hors réserve, des enfants métis et inuits, en particulier l'hyperactivité et les comportements prosociaux. Les résultats indiquent que le fait de fréquenter un type de service de garde, peu importe lequel, avait un lien étroit avec un meilleur comportement prosocial chez les enfants des Premières nations vivant hors réserve. Toutefois, ce lien n'était plus significatif après que les variables de contrôle comme l'âge et le sexe de l'enfant; la structure familiale; la situation d'activité et le niveau de scolarité des parents; et le revenu du ménage aient été prises en considération (données non publiées). Pour les enfants métis ou inuits fréquentant des services de garde, leurs comportements hyperactifs ou prosociaux n'étaient pas différents de ceux des enfants ne fréquentant pas ces services.

Dans les modèles examinant les répercussions des valeurs et des coutumes traditionnelles et culturelles ainsi que des langues autochtones promues dans les services de garde, un lien positif a été établi avec les comportements prosociaux des enfants des Premières nations vivant hors réserve. C'est-à-dire que les enfants des Premières nations vivant hors réserve qui ont participé à des activités et des coutumes traditionnelles dans des services de garde ont été évalués par leurs parents comme étant davantage prosociaux que les enfants dont les services de garde n'offraient pas d'activités traditionnelles. Cet effet était toujours significatif après le contrôle des caractéristiques sociodémographiques (p. ex. le niveau de scolarité et les conditions d'emploi des parents et le revenu du ménage) et d'autres aspects des services de garde pour lesquels on a démontré précédemment qu'ils avaient un lien avec le fonctionnement de l'enfant, notamment : le type de service de garde, le nombre total d'heures de fréquentation du service de garde et le nombre total de modes de garde19. En ce qui concerne les enfants métis, même si on a constaté que ceux qui fréquentaient des services de garde intégrant des coutumes et des valeurs traditionnelles et culturelles étaient davantage hyperactifs, cet effet disparaissait quand on tenait compte des caractéristiques sociodémographiques familiales et des autres aspects des services de garde. Cela indique que pour les enfants métis, les activités traditionnelles n'ont pas un lien significatif avec l'hyperactivité dans le contexte du revenu du ménage et des autres facteurs relatifs aux services de garde. Pour les enfants inuits, le fait de parler la langue inuite dans les services de garde était associé à un meilleur comportement prosocial, ce qui restait significatif dans le modèle ajusté aux facteurs sociodémographiques familiaux et aux facteurs des services de garde (données non publiées).

Résumé

En 2006, environ la moitié des enfants des Premières nations vivant hors réserve, des enfants métis et des enfants inuits âgés de 2 à 5 ans qui n'allaient pas à l'école fréquentaient un service de garde. Le mode de garde le plus courant était la garderie. Fait intéressant, les parents d'environ 2 enfants sur 3 ont déclaré que leurs enfants fréquentaient un service de garde réglementé (agréé) comparativement à un tiers des enfants canadiens non autochtones20. On a constaté des différences dans la fréquentation des services de garde pour les Autochtones selon la structure familiale, le niveau de scolarité des parents, la situation d'activité des parents et le revenu des ménages pour les trois groupes autochtones. Il est probable que des facteurs comme la structure familiale, le niveau de scolarité et le revenu des parents influent sur la disponibilité et l'abordabilité des options de services de garde pour les familles autochtones, et l'activité sur le marché du travail peuvent nécessiter le recours aux services de garde.

Beaucoup de types de services de garde destinés aux enfants des Premières nations vivant hors réserve, des enfants métis et des enfants inuits intégraient un contenu culturel autochtone. Il pouvait s'agir de l'enseignement des coutumes et des valeurs traditionnelles et culturelles ou de l'utilisation d'une langue autochtone. Par exemple, selon l'étude, la majorité des enfants inuits en service de garde, soit 67 %, fréquentaient un service de garde qui encourageait les valeurs et les coutumes traditionnelles et culturelles inuites et 66 % fréquentaient un service de garde qui utilisait la langue inuite.

Bien que l'on n'ait pas constaté que fréquenter un service de garde avait un lien avec l'hyperactivité et les comportements prosociaux, cette étude démontre que les coutumes et les valeurs traditionnelles et culturelles et la langue autochtone dans le service de garde peuvent avoir des influences positives sur les résultats des jeunes enfants des Premières nations, les enfants métis et enfants inuits. En particulier, en ce qui concerne les enfants des Premières nations, la participation à des activités axées sur les coutumes et les valeurs traditionnelles et culturelles en service de garde avait un impact positif sur les comportements prosociaux même après qu'on ait tenu compte des caractéristiques sociodémographiques et des autres aspects des services de garde. Pour les enfants inuits, le fait de parler la langue inuite dans les services de garde était associé à de meilleurs comportements prosociaux, ce qui suppose que la langue en service de garde est particulièrement importante pour les comportements sociaux des enfants inuits.

Leanne C. Findlay est analyste et Dafna E. Kohen est analyste principale à la Division de la statistique de la santé de Statistique Canada.


Notes

  1. BUSHNIK, Tracey. 2006. « La garde des enfants au Canada »,Série de documents de recherche sur les enfants et les jeunes, no 003, produit no 89-599-MIF au catalogue de Statistique Canada.
  2. BRADLEY, Robert H., et Deborah LOWE VANDELL. 2007. « Child care and the well­being of children », Archives of Pediatric Adolescent Medicine, vol. 161, no 7, p. 669 à 676.
  3. NATIONAL INSTITUTE OF CHILD HEALTH AND DEVELOPMENT EARLY CHILD CARE RESEARCH NETWORK. 1999. « Child outcomes when child care center classes meet recommended standards for quality », American Journal of Public Health, vol. 89, no 7, p. 1072 à 1077.
  4. ROMANO, Elisa, Dafna E. KOHEN et Leanne C. FINDLAY. 2010. « Associations among child care, family and behavior outcomes in a nation-wide sample of pre-schooled aged children ». International Journal of Behavioral Development OnlineFirst, p. 1 à 14.
  5. ASSEMBLY OF FIRST NATIONS. 2005. First Nations Early Learning and Child Care Action Plan.
  6. BALL, Jessica. 2002. « The challenge of creating an optimal learning environment in child care: Cross-cultural perspectives », Enhancing Caregiver Language Facilitation in Child Care Settings, Symposium of the Canadian Language and Literacy Research Network in Toronto.
  7. BEACH, Jane, Martha FRIENDLY, Carolyn FERNS, Nina PRABHU et Barry FORER. 2009. Early Childhood Education and Care in Canada 2008, 8e édition, Childcare Resource and Research Unit, 216 p.
  8. Par l'expression « services de garde », on entend les soins prodigués aux enfants par quelqu'un d'autre que leurs parents. Cela comprend les soins offerts dans les garderies, les centres d'éducation préscolaire et les centres offrant le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones ainsi que les soins dispensés par les personnes apparentées et les autres personnes. L'expression « services de garde » fait référence au mode de garde principal de l'enfant, le gardiennage occasionnel en est donc exclu.
  9. NATIONAL INSTITUTE OF CHILD HEALTH AND DEVELOPMENT EARLY CHILD CARE RESEARCH NETWORK. 2001. « Nonmaternal care and family factors in early development: An overview of the NICHD Study of Early Child Care », Journal of Applied Developmental Psychology, vol. 22, no 5, p. 457 à 492.
  10. NATIONAL INSTITUTE OF CHILD HEALTH AND HUMAN DEVELOPMENT CHILD EARLY CHILD CARE RESEARCH NETWORK. 2000. « The interaction of child care and family risk in relation to child development at 24 and 36 months », Applied Developmental Science, vol. 6, no 3, p. 144 à 156.
  11. DOHERTY, Gillian, Martha FRIENDLY et Jane BEACH. 2009. Examen thématique de l'éducation et l'accueil des jeunes enfants de l'OCDE : Document de base sur le Canada.
  12. BALL, Jessica et Alan PENCE. 2001. « A 'Generative Curriculum Model' for Supporting Child Care and Development Programs in First Nations Communities », Journal of Speech-Language Pathology and Audiology, vol. 25, no 2, p. 114 à 124.
  13. BUSHNIK. 2006.
  14. BEACH et al. 2009.
  15. Le mode de garde le plus courant fait référence aux enfants de 2 ans et plus qui ne sont ni gardés par leurs parents, ni ne vont à l'école.
  16. Étant donné les problèmes liés à l'échantillon et à la collecte, on n'a pu examiner séparément le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones. 
  17. Selon les parents répondants, parmi les enfants des Premières nations en services de garde agréés, 64 % fréquentaient la garderie tandis que 23 % fréquentaient un centre préscolaire ou un Programme d'aide préscolaire aux Autochtones. Chez les enfants inuits en services de garde agréés, 81 % fréquentaient la garderie et 13 % fréquentaient un centre préscolaire ou un Programme d'aide préscolaire aux Autochtones.
  18. BALL, Jessica. 2005. « Early childhood care and development programs as hook and hub for inter-sectoral service delivery in First Nations communities », Journal of Aboriginal Health, vol. 2, no 1, p. 36 à 53.
  19. Selon les parents répondants, pour les enfants des Premières nations et les enfants Métis, se faire garder par une personne apparentée (chez soi ou dans un autre foyer) était associé à une plus grande hyperactivité comparé aux enfants éduqués en garderie. Chez les Métis, se faire garder par une personne non apparentée était lié à un meilleur comportement prosocial. Chez les Inuits, les parents indiquaient que les chances d'hyperactivité étaient moindres dans tous les modes de garde (sauf pour la garde au domicile de l'enfant et pour la garde par une personne apparentée), et ce, par rapport aux enfants éduqués en garderie.
  20. ROMANO et al. 2010.