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Dans son rapport de 2009 (Stiglitz, Sen et Fitoussi, 2009), la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social a déterminé que l'insécurité économique découlant de la perte d'un emploi constituait une dimension importante de la vie des particuliers, qui a une incidence sur leur bien-être. L'une des recommandations de la Commission était que les organismes statistiques devaient mieux mesurer la qualité de vie, notamment en ayant recours à des mesures de l'insécurité économique des particuliers. La présente étude va dans le sens de cet objectif en mettant de l'avant les plus longues séries chronologiques disponibles au Canada jusqu'ici au sujet de deux aspects propres à l'insécurité économique, soit le risque de mise à pied permanente et les pertes de revenu au cours de l'année suivant la mise à pied.

La présente étude contient des séries chronologiques ayant trait aux taux de mise à pied permanente et aux pertes de revenu à court terme pour la période allant de la fin des années 1970 à 2007, mais elle porte d'abord sur les résultats observés de 1978 à 1980 et de 2005 à 2007, soit deux périodes de croissance économique où les conditions du marché du travail —représentées par le taux de chômage chez les hommes d'âge intermédiaire — étaient relativement similaires 1 . Dans l'ensemble, les travailleurs canadiens étaient moins susceptibles d'être mis à pied au milieu des années 2000 qu'ils l'étaient à la fin des années 1970. Dans le secteur manufacturier, le risque de mise à pied chez les hommes ne différait pas beaucoup de la fin des années 1970 au milieu des années 2000, tandis que, chez les femmes, ce risque diminuait de 2,5 points de pourcentage. Dans les industries non manufacturières, le risque de mise à pied diminuait de 2,4 points de pourcentage chez les hommes et de 0,4 point de pourcentage chez les femmes.

Au sein de la population active, la proportion d'hommes ayant été réembauchés au cours de l'année ayant suivi leur mise à pied a peu changé de la fin des années 1970 au milieu des années 2000. Par contre, chez les femmes, cette proportion a augmenté de 10 points de pourcentage, et des hausses sont observables à la fois chez celles ayant perdu leur emploi dans le secteur manufacturier et chez celles qui travaillaient dans d'autres industries.

En ce qui a trait aux pertes de revenu à court terme subies par les travailleurs déplacés, y compris ceux qui n'ont pas été réembauchés au cours de l'année ayant suivi leur mise à pied, on peut observer des tendances différentes entre les travailleurs des industries manufacturières et ceux des autres industries. La perte médiane de revenu des travailleurs de sexe masculin mis à pied dans les industries manufacturières a augmenté de quelque 6 points de pourcentage des années 2005 à 2007 aux années 1979 et 1980. Chez les femmes, la perte médiane de revenu a peu changé, pour une bonne part en raison de la hausse des taux de réemploi à la suite de déplacements au cours de cette période.

À l'opposé, dans le cas des travailleurs mis à pied dans les industries non manufacturières, la perte médiane de revenu a été moindre au cours des années 2005 à 2007 qu'à la fin des années 1970. Ainsi, chez les hommes, la perte médiane de revenu des travailleurs déplacés était de 8 points de pourcentage moins élevée au milieu des années 2000 qu'à la fin des années 1970, tandis que la différence était de 18 points de pourcentage chez les femmes. Dans le cas des femmes, l'amélioration a pour cause la hausse des taux de réemploi après le déplacement entre ces deux périodes, de pair avec une perte de revenu moins importante subie par celles ayant été réembauchées.

En résumé, la présente étude compare le risque de mise à pied et les pertes de revenu qui en découlent au cours de deux périodes de croissance économique distantes de près de 30 ans. Les faits donnent à penser que, pour de nombreux groupes de travailleurs, en particulier ceux des industries non manufacturières, l'insécurité économique engendrée par la perte d'un emploi était moins forte au milieu des années 2000 qu'à la fin des années 1970.

Toutefois, l'étude montre également que les pertes de revenu subies à court terme par les travailleurs mis à pied du secteur manufacturier ont augmenté de façon substantielle au cours de la dernière décennie. Des années 1998 à 2000 aux années 2005 à 2007, les pertes médianes de revenu subies à court terme par les hommes ayant perdu leur emploi dans le secteur manufacturier (y compris ceux qui étaient sans emploi l'année suivant la mise à pied) ont augmenté d'environ 12 points de pourcentage. La hausse correspondante pour les femmes mises à pied du secteur manufacturier s'élevait à environ 18 points de pourcentage. Cette hausse substantielle des pertes de revenu coïncide avec la baisse importante de l'emploi observée dans le secteur manufacturier depuis 2004.

L'étude comporte plusieurs limites qu'il convient de signaler. D'abord, la plupart des résultats correspondent à des effets moyens; aussi est-il possible que, tout dépendant de la région ou de la ville, du groupe d'âge, du niveau de scolarité, de l'industrie ou de la profession, le risque de perte d'emploi ou la perte de revenu subie par les travailleurs aient augmenté. De plus, les analyses multivariées qui sont effectuées ne prennent pas en compte le niveau de scolarité des travailleurs. Or, étant donné que les travailleurs canadiens sont plus scolarisés de nos jours qu'à la fin des années 1970 et que les taux d'emploi après un déplacement vont généralement en augmentant selon le niveau de scolarité, les résultats obtenus concordent avec la possibilité que, à l'intérieur de cellules définies conjointement en fonction de l'âge et du niveau de scolarité, les taux d'emploi après le déplacement aient diminué pour certains groupes d'hommes, et qu'ils aient augmenté dans une moindre mesure que ne le montrent les données brutes pour certains groupes de femmes. Enfin, compte tenu des limites associées aux données, les tendances relatives aux conséquences financières de la perte d'un emploi sont documentées uniquement au regard des pertes de revenu à court terme; les résultats pourraient être différents si l'on tenait compte des pertes à long terme.

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