Section 6 : La comptabilité environnementale : ficeler le tout

Le secteur de l’agriculture, tout comme le secteur de la pêche et l’industrie forestière, occupe une position bien à part au carrefour de l’environnement et de l’économie. Ces industries, comme toutes les autres, emploient des travailleurs et des immobilisations pour produire leurs extrants, mais elles dépendent aussi, dans une grande mesure, des processus naturels qui contribuent à la production de la biomasse qu’elles récoltent. En raison de cette dépendance évidente à l’égard des services écosystémiques, ces industries sont une occasion idéale d’appliquer les méthodes de comptabilité de l’environnement et de l’économie élaborées dans le Système de comptabilité économique et environnementale (encadré 6).

Encadré 6 : Système de comptabilité économique et environnementale (SCEE)

Le Cadre central du Système de comptabilité économique et environnementale intégré des Nations Unies (Cadre central du SCEE) a été adopté comme norme statistique internationale en 2012. Il était l’aboutissement de 20 années de travaux sur les méthodes et concepts liés à la comptabilité environnementale. L’année suivante, deux autres publications ont été bien accueillies par la Commission de statistique des Nations Unies, soit SCEE – Applications et extensions, et SCEE – Comptes expérimentaux des écosystèmes. Bien que ces deux dernières publications ne soient pas encore au stade d’une norme statistique, elles fournissent des conseils sur les pratiques exemplaires actuellement disponibles dans leur domaine de spécialité respectif et élargissent le SCEE au-delà de sa portée initiale.

Le Cadre central du SCEE repose sur trois grands domaines de comptabilité : les comptes de flux physiques, les comptes de ressources et les comptes de l’activité environnementale. Les comptes de flux physiques font état de l’approvisionnement et de l’utilisation des intrants naturels (p. ex. l’eau), des produits (p. ex. les céréales moulues), et des résidus (p. ex. le fumier).

Ces comptes sont un prolongement des tableaux des ressources et des emplois économiques standard. Premièrement, ils sont fournis en unités de mesure physiques plutôt que monétaires. La comptabilité des ressources s’attarde au stock de ressources naturelles, offrant des mesures de la quantité et de la valeur du patrimoine en ressources naturelles. Le Cadre central du SCEE porte sur des ressources non produites – dans le contexte agricole, cela représente les terres agricoles – par opposition aux ressources produites (p. ex. les bâtiments et l’équipement) qui font partie des comptes économiques standard. Enfin, les comptes de l’activité environnementale présentent les dépenses liées à la protection de l’environnement et à la gestion des ressources naturelles. Ces dépenses font partie des mesures standard des comptes nationaux mais elles sont précisées explicitement ici pour mettre en lumière les dépenses liées à l’amélioration et à la gestion de l’environnement.

Pour que ce lien avec l’environnement soit explicite, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) élargit les principes comptables décrits dans le Cadre central du SCEE de manière à proposer un nouvel ensemble de comptes axés sur la présentation des liens économiques et environnementaux des secteurs de l’agriculture, des pêches et des forêts. Ces comptes porteront sur divers sujets, notamment l’utilisation de pesticides, la production végétale, les émissions de gaz à effet de serre et l’évolution de la couverture terrestre. Les autres domaines pertinents à l’étude comprennent les données économiques (p. ex. l’emploi et la valeur ajoutée) et les ressources en sols (p. ex. la classification du sol, l’érosion et la qualité du sol). Les travaux devraient mener à un ensemble de tableaux et de comptes interreliés avec les indicateurs agroenvironnementaux clés, qui conviendront à l’analyse des secteurs de l’agriculture, des pêches et des forêts dans tous les pays.

Le tableau 6.1 présente en exemple un aspect des comptes de l’agriculture du SCEE, notamment le suivi des flux physiques des biens agricoles dans le cadre des ressources et des emplois 1 . Comme l’illustre ce tableau, la production végétale du Canada reposait abondamment, par poids, sur les céréales, y compris le blé et le maïs, ainsi que sur le canola, le soya et la pomme de terre, entre autres cultures en 2011. La tomate et la pomme étaient les cultures légumières et fruitières les plus importantes produites au pays.

En 2011, les deux tiers (66 %) de la production intérieure de blé étaient exportés vers d’autres pays. Le reste était utilisé dans les fermes pour l’ensemencement ou l’alimentation du bétail, était employé dans l’industrie de la fabrication d’aliments ou servaìt à produire de l’électricité.

La majeure partie du foin cultivé au Canada est utilisée dans les fermes pour nourrir le bétail. Le maïs est employé dans les fermes ou transformé dans l’industrie de la fabrication d’aliments. La majeure partie de la production de canola et de soya est transformée au Canada ou destinée à l’exportation.

Le Canada importe une bonne partie de son approvisionnement en fruits et légumes pour répondre à sa demande intérieure. Le tableau illustre les importations élevées et les exportations faibles d’oignons et d’échalotes, de pommes et de raisins. Presque toute la production de noix est exportée. La majeure partie de la consommation intérieure de noix est appuyée par les importations.

Ce tableau sommaire et le tableau plus détaillé présenté à l’appendice A contiennent des tests préalables des classifications, définitions et relations de comptabilité proposés dans le SCEE – Agriculture et font ressortir certaines des lacunes courantes dans les données dans ce domaine de la comptabilité, comme en témoigne la grande variation du stock de certaines marchandises. Des lignes directrices et des tableaux plus détaillés portant sur les secteurs des forêts et des pêches sont en voie d’élaboration. En bout de ligne, ces efforts porteront sur les actifs environnementaux et les transactions ainsi que sur les données des flux physiques présentées ici. Statistique Canada prendra part aux tests et à l’élaboration de ces lignes directrices internationales à mesure que les travaux avanceront.

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