Les forêts du Canada
Section 2 — Les forêts et le secteur forestier au Canada

Table des matières

Les forêts couvrent environ 30 % de la superficie terrestre de la Terre. En 2015, la superficie totale des forêts du monde atteignait 39,99 millions de km2, en baisse de 3 % par rapport aux 41,28 millions de km2 enregistrés en 1990Note  . Toutefois, le déboisement observé au cours des dernières décennies s'est surtout concentré dans les forêts tropicales et subtropicales. Les forêts du Canada, qui couvrent 3,47 millions de km2 et qui sont situées dans les zones boréales et tempérées, représentaient 9 % des forêts du monde en 2015Note  . Ces forêts fournissent de nombreux avantages aux Canadiens et aux habitants du monde entier.

Parmi la superficie forestière totale du Canada, 2,06 millions de km2 font l'objet d'un plan d'aménagement relatif à la production, à la conservation et à d'autres utilisationsNote  . La proportion restante de la superficie forestière est située dans des régions éloignées et du Nord et est rarement perturbée par l'activité humaineNote  . L'exploitation forestière a l'incidence humaine directe la plus marquée sur les forêts, mais les écosystèmes forestiers sont également touchés par d'autres activités, y compris l'agriculture, l'extraction minière et l'extraction de pétrole et de gaz, et le développement urbain.

De nombreux autres facteurs, y compris les feux de forêt, les épidémies d'insectes et d'autres perturbations naturelles, de même que les changements climatiques, jouent un rôle dans le façonnage de la structure et de la composition des forêts du Canada. Les humains sont également touchés par ce qui advient des forêts du Canada, comme en témoignent les récents feux de forêt qui ont obligé des milliers de personnes à évacuer leur demeure en 2016 à Fort McMurray, en Alberta, ainsi qu'en 2017 dans les régions intérieures de la Colombie-Britannique.

2.1 — Ressources forestières

La superficie totale du Canada atteint 9 979 685 km2Note  . Le pays compte un éventail de paysages qui peuvent être répartis en 15 écozones, lesquelles sont essentiellement définies en fonction de leur climat, de leur topographie, de leurs sols et de leur végétation. La majeure partie de la superficie terrestre du Canada est couverte de végétation, qu'il s'agisse d'arbres, d'arbustes, d'herbes ou de cultures. La partie restante comprend les zones bâties ainsi que les terres stériles, les étendues d'eau, et les superficies recouvertes de neige et de glace.

Des zones caractérisées par un couvert arboré plus vaste sont présentes le long de la côte Ouest, dans les régions intérieures du sud de la Colombie-Britannique et dans la zone boréale (carte 2.1). La couverture terrestre des Prairies est principalement composée de terres en cultures et de prairies, tandis que celle de l'Arctique est essentiellement constituée de terres arbustives et de terres stérilesNote  . Les conditions du sol et le climat, y compris les précipitations, la température, les périodes sans gel et la vitesse du vent, ont une incidence importante sur la répartition des types et des espèces de végétation dans les diverses régions du pays.

La zone boréale est composée de forêts, de terres boisées, de milieux humides et de lacs et couvre une superficie de 5,5 millions de km2 du Canada, laquelle s'étend de Terre-Neuve-et-Labrador au YukonNote  . Elle est également présente dans de vastes régions de l'Alaska, de l'Europe du Nord et de l'Asie. Au Canada, la zone boréale couvre 10 écozones, en totalité ou en importante proportion. Le couvert arboré s'étend sur plus de la moitié de la zone boréaleNote  , et est façonné par les conditions climatiques froides, les feux de forêt réguliers, les épidémies d'insectes et d'autres perturbations naturellesNote  . En sa qualité de biome le plus vaste du Canada, la forêt boréale offre toute une gamme d'avantages, que l'on pense aux ressources alimentaires et aux matières premières renouvelables ou encore aux habitats pour la faune, à la régulation du climat, à la séquestration du carbone, au cycle des éléments nutritifs, à la purification de l'air et de l'eau, au contrôle de l'érosion et aux possibilités d'y pratiquer des activités récréativesNote  .

Les forêts de la zone tempérée sont réparties dans six écozones au sud de la zone boréale, et varient considérablement en fonction du climat, de l'humidité, des sols, de la topographie et de la végétation. Ces forêts comprennent les forêts pluviales côtières de l'écozone maritime du Pacifique; les forêts pluviales de l'intérieur, les forêts montagnardes et les forêts subalpines de l'écozone de la cordillère montagnarde et enfin les forêts mixtes et les forêts à feuilles caduques de l'écozone des plaines à forêts mixtes et de l'écozone maritime de l'Atlantique.

Superficie et structure des forêts

Les forêts du Canada, y compris les zones forestières récemment incendiées ou récoltées que l'on s'attend à voir se reboiser au fil du temps, représentent 35 % de la superficie totale du pays (graphique 2.1)Note  . Plus des trois quarts des forêts du Canada sont situées dans la zone boréaleNote  . L'écozone du bouclier boréal présente la superficie des terres forestière la plus importante, soit 1 312 747 km2, ou 80 % de sa superficie terrestre totale (graphique 2.2). La forêt occupe également une importante superficie d'autres écozones, soit celle du bouclier de la taïga, où elle occupe 462 929 km2, ou 42 % de la superficie terrestre, et celle des plaines boréales, où elle occupe 384 547 km2, ou 57 % de la superficie des terres.

L'écozone maritime de l'Atlantique est celui où la proportion de la superficie des terres forestières est la plus élevée, soit 83 %. Cette proportion est également élevée dans les écozones de la taïga des plaines (59 %) et de la cordillère montagnarde (66 %), ainsi que dans l'écozone maritime du Pacifique (53 %). En revanche, les écozones des prairies, des plaines à forêts mixtes, de la taïga de la cordillère et des plaines hudsoniennes présentent les superficies de terres forestières les plus faibles.

Types de forêts et essences d'arbres

Les forêts canadiennes peuvent être réparties sommairement selon leur composition principale, soit de conifères, de feuillus ou d'une combinaison des deux, que l'on appellera alors forêts mixtes. Les forêts de conifères, qui incluent les forêts principalement composées d'épinettes, de pins, de sapins, de pruches, de sapins de Douglas et de thuyas, représentent 68 % de la superficie forestière totale (graphique 2.3). Les forêts de feuillus, principalement composées d'arbres tels que des peupliers, des bouleaux et des érables, représentent quant à elles 11 % de la proportion des forêts canadiennes. Par ailleurs, les forêts mixtes représentent 16 % de la superficie forestière totale du pays.

Les forêts de conifères sont prédominantes dans les écozones de l'Ouest canadien et dans la majeure partie de la zone boréale (carte 2.2). L'écozone du bouclier boréal compte la superficie la plus élevée de forêts de conifères, soit 788 790 km2, ou 60 % de sa superficie forestière totale (graphique 2.4). Viennent ensuite au deuxième et au troisième rang le bouclier de la taïga et la cordillère montagnarde, où les forêts de conifères occupent respectivement 384 541 km2 (ou 83 % de la superficie forestière totale de l'écozone) et 276 268 km2 (89 % de la superficie forestière totale de l'écozone).

Les forêts de feuillus et les forêts mixtes sont plus courantes dans les écozones des prairies, des plaines à forêts mixtes et dans l'écozone maritime de l'Atlantique, mais représentent aussi des proportions significatives des écozones des plaines boréales, des plaines hudsoniennes et du bouclier boréal. Le bouclier boréal est l'écozone qui compte les superficies les plus importantes de forêts mixtes et de feuillus, soit 436 923 km2, suivi des plaines boréales, où cette superficie s'établit à 151 164 km2.

Les forêts d'épinettes sont le type de forêt le plus courant au Canada : elles représentent 53 % de la superficie forestière totale du paysNote  . Le peuplier constitue le deuxième groupement d'essences en importance au pays, et représente 11 % des forêts du Canada, suivi du pin, dont la proportion se situe à 10 % de la superficie forestière du pays.

L'épinette est un groupement d'essences typique de la zone boréale, les forêts d'épinettes et de lichen offrant un habitat important au caribou et à d'autres espècesNote  . Les forêts d'épinettes représentent une importante proportion de la superficie forestière de la taïga de la cordillère (89 %), des plaines hudsoniennes (89 %), du bouclier de la taïga (86 %) et de la taïga des plaines (85 %)Note  . Le peuplier est aussi courant dans la zone boréale, en particulier dans les écozones des plaines boréales et du bouclier boréal, où il représente respectivement 32 % et 12 % de la superficie forestière. Les écozones du bouclier boréal, de la cordillère montagnarde et des plaines boréales comptent également les superficies les plus importantes de forêts de pins.

Dans les écozones de la partie sud du pays, on observe différentes essences d'arbres. Dans la cordillère montagnarde, le groupement d'essences le plus courant est le pin, qui représente 34 % de la superficie forestière, suivi de l'épinette (21 %), du sapin (19 %) et du sapin de Douglas (12 %). Les forêts de pruches couvrent 42 % de l'écozone maritime du Pacifique, suivies des forêts de thuyas (18 %), de sapins (12 %) et de sapins de Douglas (12 %). Les forêts d'érables représentent quant à elles 19 % de la superficie forestière de l'écozone maritime de l'Atlantique et 39 % de l'écozone des plaines à forêts mixtes.

Classes d'âge

Les forêts sont formées de peuplements d'arbres de différents âges. Les peuplements sont généralement classés en différentes catégories d'âge en fonction de l'âge dominant des arbres. Dans de nombreux secteurs du Canada, les forêts ont rajeuni au fil du temps en raison des activités de récolteNote  , alors que d'autres ont vieilli en raison des efforts de suppression des feux de forêtNote  . Les perturbations naturelles telles que les feux de forêt, les insectes et les déracinements par le vent créent une mosaïque de peuplements de différents âges dans les forêts. Les grands feux de forêt qui mènent au remplacement des peuplements permettent l'établissement de jeunes forêts, et les systèmes d'aménagement forestier fondés sur les écosystèmes cherchent à reproduire ces perturbations naturelles, de même que les combinaisons de peuplements jeunes et anciens qu'elles créentNote  .

Le vieillissement des forêts est synonyme de croissance non seulement au chapitre de la taille des arbres et de la biomasse, mais aussi de la complexité structurelle et de la biodiversité de celles-ciNote  . Par exemple, la quantité de débris ligneux grossiers, de chicots de branche et d'arbres chus peut augmenter et la taille des arbres et les espèces de plantes et d'animaux peuvent varierNote  . Du point de vue de la production de bois d'œuvre, toutefois, les forêts plus anciennes sont moins productives que les plus jeunes, étant donné que le rythme de croissance des arbres ralentit à mesure que ceux-ci vieillissent et que les volumes de bois diminuent à mesure que les arbres se détériorentNote  .

La prévalence des forêts plus anciennes dépend du type de forêt, puisque la durée de vie biologique des arbres varie d'une essence à l'autre, mais aussi de la région, du climat et du régime des feux de forêt. La plupart (42 %) des terres forestières sont composées d'arbres âgés de 81 à 120 ans, 26 % sont composées d'arbres de 41 à 80 ans et 12 % d'arbres de moins de 41 ans (tableau 2.1). Les terres forestières classées dans la catégorie de plus de 120 ans représentent 14 % des forêts du Canada. Les forêts de feuillus et les forêts mixtes ont tendance à être plus jeunes, alors que la quasi-totalité des forêts plus anciennes sont des forêts de conifèresNote  .

La plupart des forêts les plus anciennes du pays se trouvent dans les régions humides de l'Ouest où le climat limite la fréquence et la gravité des feux de forêt. Dans la zone boréale, la prévalence des forêts plus anciennes dépend du climat et du régime des feux de forêt dans différentes régions. Les forêts de sapins, de pruches, d'épinettes et de thuyas de la cordillère montagnarde, de l'écozone maritime du Pacifique et de la cordillère boréale représentent 95 % des forêts les plus anciennes du CanadaNote  . Dans les forêts humides côtières, certaines essences, soit la pruche, le thuya géant et le cèdre jaune, peuvent plus de 1 500 ansNote  .

Volume de bois

La quantité ou le volume de bois présent dans une forêt constitue une information importante qui éclaire les décisions en matière d'aménagement des forêts et de récolte du boisNote  . Le volume total du bois sur pied du Canada est de 47,3 milliards de mètres cubes. Le tiers de ce volume se trouve dans le bouclier boréal, suivi de 17 % dans la cordillère montagnarde (tableau 2.2).

Le volume de bois dépend en grande partie du rythme de croissance, qui varie d'une essence à l'autre, de l'âge et de la santé des arbres, et des conditions du milieu, y compris le climat et l'accès à la lumière et aux nutrimentsNote  . Les arbres qui présentent le rythme de croissance le plus rapide, ainsi que certains des arbres les plus anciens du Canada, se trouvent sur la côte Ouest. L'écozone maritime du Pacifique affiche le volume de bois par unité de surface le plus élevé du pays, soit 432 m3/ha, ce qui équivaut à plus de trois fois la moyenne nationale qui s'établit à 136 m3/ha (graphique 2.5).

Les forêts de conifères représentent 72 % du volume de bois, suivies des forêts mixtes (16 %) et des forêts de feuillus (12 %)Note  . L'épinette, le pin et le sapin, soit les principaux groupements d'essences utilisés pour produire du bois d'œuvre résineux, représentent près des deux tiers du volume de bois total du Canada (tableau 2.2).

Évolution des forêts

Les écosystèmes forestiers sont en changement perpétuel, que l'on pense, entre autres, aux changements qui surviennent au chapitre de la superficie forestière, de la classe d'âge, de la structure, de la diversité des essences ou de la composition. Les perturbations naturelles telles que les épidémies d'insectes, les maladies, les feux de forêt, les inondations et le vent, de même que la récolte du bois, les pratiques d'aménagement forestier et les décisions en matière d'utilisation des terres sont tous des facteurs qui influent sur l'état des forêts. En outre, les changements climatiques ont une incidence sur la fréquence et la gravité des perturbations naturelles et, au fil du temps, peuvent entraîner des changements dans le rythme de croissance des arbres et la variété des essences d'arbres (voir l'encadré 2.1 pour obtenir plus de renseignements)Note  .

Perturbations naturelles

Les perturbations naturelles font partie du cycle naturel des écosystèmes forestiers, et façonnent la succession et la régénération des forêts. La superficie totale touchée par les perturbations naturelles au cours d'une année donnée, y compris les épidémies d'insectes et les feux de forêt, peut être significative, bien que l'on observe d'importantes fluctuations d'une année à l'autre, et que les incidences varient d'une faible diminution du rythme de croissance à un taux de mortalité de 100 % des arbres. La superficie touchée par les perturbations naturelles excède habituellement grandement la superficie qui est touchée par les activités d'exploitation forestière, de même que la superficie des terres converties en terres à d'autres fins (carte 2.3).

Insectes

Les épidémies d'insectes, y compris les épidémies d'insectes défoliateurs et de scolytes, s'inscrivent dans le cycle naturel des écosystèmes forestiers. D'importantes épidémies se produisent périodiquement et font croître le taux de mortalité des arbres, en plus d'avoir une incidence importante sur l'économie. Les chenilles défoliatrices se nourrissent des aiguilles, des feuilles et des bourgeons des arbres, ce qui entraîne une diminution de la croissance, une déformation et, dans les cas graves, la mort de l'arbre. Les scolytes se fraient un chemin dans l'écorce des arbres, y pondent des œufs et y introduisent un champignon nocif. Les épidémies d'insectes peuvent être de courte durée ou se prolonger pendant de nombreuses années, selon les essences auxquelles ils s'attaquent, les prédateurs naturels, les conditions climatiques, la disponibilité d'arbres hôtes et d'autres facteurs.

En 2015, les insectes ont ravagé une superficie de forêts estimée à 176 318 km2, ce qui représente une diminution de 13 % par rapport aux 203 075 km2 enregistrés en 2014, mais une hausse de 100 % par rapport au récent creux de 87 961 km2 observé en 2012 (graphique 2.6). Les principaux insectes qui ont ravagé périodiquement de grandes superficies incluent la tordeuse des bourgeons de l'épinette, la livrée des forêts et le dendroctone du pin ponderosa. D'autres insectes ont également causé des dommages importants aux forêts, notamment l'arpenteuse de la pruche et la tordeuse du tremble. D'importantes épidémies de nombreuses autres espèces ont été observées à l'échelle locale.

En 2015, les proportions de dommages attribuables aux insectes les plus importantes ont été causées par la tordeuse des bourgeons de l'épinette (38 %) et la livrée des forêts (29 %). La superficie ravagée par la tordeuse des bourgeons de l'épinette a augmenté de 90 %, passant de 35 336 km2 en 2014 à 67 260 km2 en 2015. Par comparaison, la dernière grande épidémie de tordeuses des bourgeons de l'épinette, qui est survenue dans les années 1970, avait endommagé 518 674 km2 en 1975Note  . L'épidémie en cours de tordeuses des bourgeons de l'épinette se concentre principalement au Québec. La superficie touchée dans cette province par cette épidémie a crû rapidement, passant de 397 km2 en 2006 à 63 151 km2 en 2015.

La livrée des forêts a causé des dommages modérés à graves sur une superficie de 51 991 km2 de forêts en 2015, dont 38 % en Alberta. Cette épidémie est actuellement en déclin en Alberta, la superficie ravagée s'est fixée à 19 615 km2 en 2015; une diminution par rapport au sommet de 64 730 km2 atteint en 2013. Toutefois, en Ontario, au Manitoba et en Colombie-Britannique, les régions touchées ont affiché une croissance ou sont demeurées élevées.

Après avoir causé d'importants dommages économiques en Colombie-Britannique, l'épidémie de dendroctones du pin ponderosa a perdu de sa force; la superficie ravagée est passée d'un sommet de 100 519 km2 en 2007 à 3 264 km2 en 2015. Selon la province de la Colombie-Britannique, cette épidémie a entraîné la mort d'environ 54 % du volume marchand de pins de la provinceNote  . Toutefois, dans certaines régions endommagées par les insectes, le bois a été récolté de sorte à contrôler l'épidémie et à récupérer les arbres morts.

Feux de forêt

Les feux de forêt ont aussi une incidence importante sur la santé, la structure et la diversité des écosystèmes forestiers. De nombreuses essences d'arbres au Canada sont adaptées aux feux de forêt. Par exemple, le pin gris et le pin tordu latifolié ont besoin du feu ou de chaleur pour libérer leurs graines de leurs pommes; le sapin de Douglas, le pin ponderosa et le mélèze de l'Ouest ont une écorce épaisse qui les protège des feux de surface; et d'autres groupements d'essences telles que le tremble et le bouleau ont besoin d'être entièrement exposés à la lumière du soleil pour croître, et sont les premiers à coloniser les zones incendiéesNote  . Les feux de forêt ont aussi une incidence particulièrement importante sur la forêt boréale, mais ils sont moins fréquents dans les forêts côtières de la Colombie-Britannique en raison des conditions humides.

De 1970 à 2015, une moyenne de plus de 8 100 feux de forêt ont incendié près de 22 000 km2 de forêts par année, toutefois, le nombre et la taille des feux variaient considérablement (graphique 2.7). Le déclenchement et la propagation d'un feu de forêt dépendent de plusieurs facteurs, notamment la topographie, le climat (température, précipitations, humidité et vitesse du vent) et le combustible disponible.

En 2015, 7 140 feux de forêt ont incendié une superficie totale de 38 616 km2 de terres forestières. Dans l'ensemble, 53 % de ces feux de forêt sont survenus en Alberta et en Colombie-Britannique. Toutefois, ces deux provinces représentaient seulement 19 % de la superficie totale des terres forestières incendiées, la majorité de la superficie incendiée ayant été observée en Saskatchewan (45 %), suivie des Territoires du Nord-Ouest (17 %). Au cours de la période plus longue de 1970 à 2015, les Territoires du Nord-Ouest ont enregistré la plus grande superficie de terres forestières incendiées, soit 29 % de la superficie totale des terres forestières incendiéesNote  .

En 2015, 49 % des feux de forêt ont été déclenchés par la foudre, 48 % par l'activité humaine et 3 % par une source inconnueNote  . En outre, 79 % de la superficie incendiée était attribuable aux feux de forêt causés par la foudreNote  ; ces feux de forêt étant moins susceptibles de faire l'objet d'un effort de suppression, en particulier s'ils surviennent dans des régions éloignées et inhabitées. Bien qu'ils ne représentent que 7 % du nombre total de feux de forêt qui sont survenus en 2015, les feux de forêt couvrant une superficie de plus de 10 km2 étaient responsables de 97 % de la superficie totale incendiée cette année-làNote  .

En raison des bienfaits écologiques des feux de forêt et des limites quant à la disponibilité des ressources pour combattre les feux de forêt, ces derniers ne font pas tous l'objet de mesures de suppression. Parallèlement, les feux de forêt peuvent représenter une menace à la sécurité des humains, aux propriétés, aux zones récréatives, aux infrastructures, à l'approvisionnement en bois et à la faune. Par exemple, en 2016, le feu de forêt de Fort McMurray a entraîné l'évacuation de près de 72 000 résidents, détruit 8 % des logements et engendré des pertes couvertes par les assurances estimées à 3,7 milliards de dollarsNote  .

Déboisement

L'activité humaine peut aussi entraîner des changements dans la superficie des terres forestières du Canada, toutefois, son incidence varie géographiquement et dans le tempsNote  . Il arrive que des forêts soient converties en terres à d'autres fins, par exemple, à des fins agricoles ou de construction, mais dans l'ensemble, la superficie forestière du Canada est stable.

De 1990 à 2015, la superficie forestière au Canada a diminué de 0,3 %, passant de 3,483 millions de km2 à 3,471 millions de km2Note  . Par comparaison, la superficie forestière mondiale a diminué de 3,1 %, passant de 41,283 millions de km2 à 39,991 millions de km2 au cours de la même périodeNote  . Ce déboisement, ou la conversion des terres forestière en terres à d'autres fins, ne comprend pas la réduction temporaire du couvert forestier attribuable à la récolte du bois ou aux perturbations naturelles, puisque ces terres ne sont pas considérées comme ayant été converties en terres à d'autres fins.

Le taux annuel de déboisement au Canada a diminué de façon générale de 1990 à 2015, malgré une croissance enregistrée en 1993 et en 2006 pour la création de réservoirs destinés à la production d'hydroélectricité (graphique 2.8). Au cours de cette période, la majorité des forêts converties en terres à d'autres fins ont été utilisées pour l'agriculture (42 %), l'extraction minière et l'extraction de pétrole et de gaz (24 %), les zones bâties (16 %), les infrastructures et les réservoirs hydroélectriques (13 %) et les chemins forestiers (6 %) (carte 2.4).

C'est dans l'écozone des plaines boréales que la plus grande superficie forestière a été convertie en terres à d'autres fins entre 1990 et 2015, soit 5 849 km2, ou 46 % de la superficie déboisée totale observée au cours de cette période. Les principaux secteurs ayant contribué au déboisement dans l'écozone des plaines boréales étaient ceux de l'agriculture (52 %), et de l'extraction minière et l'extraction de pétrole et de gaz (37 %)Note  . Au second rang venait l'écozone du bouclier boréal, où une superficie de 2 307 km2 a été déboisée, soit 18 % de la superficie déboisée totale du pays. Les infrastructures et les réservoirs hydroélectriques étaient les principaux facteurs à l'origine de la conversion des terres forestières, suivis de l'agriculture, des chemins forestiers et des zones bâties.

Dans l'écozone maritime du Pacifique située le long de la côte Ouest du Canada, 346 km2 de forêt ont été convertis en terres à d'autres fins entre 1990 et 2015. De ces terres, 59 % de la superficie forestière a été convertie en zones bâties, ce qui comprend les zones utilisées pour le transport, les zones récréatives, ainsi que les zones de développement résidentiel, industriel, commercial et institutionnel. Dans la cordillère montagnarde, qui couvre la majeure partie des régions intérieures de la Colombie-Britannique et une partie de l'Alberta, 871 km2 de superficie forestière ont été convertis en terres en cultures (29 %), en zones bâties (24 %), en chemins forestiers (21 %) et en zones d'extraction minière (18 %), de 1990 à 2015.

Le secteur agricole est aussi un des principaux secteurs à l'origine de l'évolution des forêts dans les écozones des prairies, des plaines à forêts mixtes et maritime de l'Atlantique. La superficie forestière a diminué de 799 km2 dans les prairies entre 1990 et 2015, et 92 % de la superficie déboisée a été convertie en terres en culture. L'écozone des plaines à forêts mixtes dans le sud de l'Ontario et au Québec a vu sa superficie forestière diminuer de 838 km2 au cours de la même période, en raison surtout de la conversion de terres forestières en terres en culture (51 %) et en zones bâties (39 %). La superficie forestière de l'écozone maritime de l'Atlantique a quant à elle diminué de 912 km2 en raison de la conversion de terres forestières en terres en culture (37 %) et en zones bâties (40 %).

Début de l'encadré 2.1

Encadré 2.1 Les changements climatiques et les forêts du Canada

La hausse des températures à l'échelle mondiale, l'augmentation des taux de concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère et les changements dans la configuration des précipitations ont des répercussions sur les forêtsNote  . Les forêts du Canada sont adaptées aux conditions climatiques associées à leur région géographique respective et elles changeront en réponse aux changements climatiques à mesure que ceux-ci se produisent. Les changements dans les forêts qui découlent des changements climatiques peuvent inclure des transitions au chapitre de la composition et de la variété d'essences d'arbres, de l'étendue, de la répartition des classes d'âge, de la structure des forêts, du taux de croissance, du volume de croissance, de la régénération, de la santé et de la qualité des solsNote  . À leur tour, les forêts ont une incidence sur les changements climatiques, en particulier par leur capacité à absorber et à libérer de grandes quantités de dioxyde de carbone. Les forêts du Canada et du monde jouent un rôle important dans la régulation du climat en absorbant une grande proportion des émissions anthropiques de gaz à effet de serreNote  .

Les changements climatiques ont déjà commencé à transformer les forêts du Canada de nombreuses façonsNote  . Par exemple, depuis 1950, on observe une prolongation de la durée de la saison des cultures dans l'ensemble du CanadaNote  . Les conditions climatiques favorables à l'établissement de forêts s'étendent en latitude et en altitude vers le nordNote  . L'augmentation de la fréquence et de la gravité des sécheresses dans l'Ouest canadien a une incidence directe sur les arbres et accroît leur vulnérabilité aux maladies et aux épidémies d'insectesNote  . Les épidémies d'insectes qui dépassent un certain seuil peuvent endommager la santé des forêts et diminuer leur valeur. À ce titre, certaines épidémies d'insectes récentes, comme celle de dendroctones du pin ponderosa, s'étendent au-delà de leur aire de répartition historique, vers le nordNote  . Les feux de végétation, qui varient considérablement en fonction de la variabilité climatique, ont augmenté dans certaines forêts boréales. On s'attend en outre à ce que leur fréquence continue de croître au cours des prochaines décenniesNote  .

L'activité humaine a la capacité d'accroître ou de réduire le taux d'absorption et de séquestration du carbone par les forêts. Il est possible d'accroître le taux de séquestration du carbone par les forêts et les produits ligneux au moyen de pratiques d'aménagement forestier, mais le déboisement peut entraîner des émissions de carboneNote  .

Tendances climatiques à long terme

De 1948 à 2016, la température moyenne annuelle au Canada a augmenté de 1,7 °CNote  . Les 11 régions climatiques du Canada ont connu une hausse de la température au cours de cette période (carte 2.5). De façon générale, la température a augmenté davantage dans les régions climatiques nordiques, et de façon plus prononcée durant les mois d'hiver.

La hausse de la température annuelle moyenne la plus prononcée entre 1948 et 2016 a été observée dans la région climatique du District du Mackenzie, soit 2,7 °C (tableau 2.3). Cette région climatique présente une superficie forestière estimée à 388 751 km2 et s'étend sur la majorité des terres continentales des Territoires du Nord-Ouest. La majeure partie de la superficie forestière est composée de forêts sempervirentes de conifères, et la zone qui s'étend vers les territoires voisins est ponctuée de terres arbustives et de terres stériles.

La région des Montagnes du Nord de la Colombie-Britannique et du Yukon, dont la superficie forestière s'élève à 262 130 km2, a connu une hausse de la température annuelle moyenne de 2,6 °C entre 1948 et 2016, ce qui représente la deuxième hausse en importance pour l'ensemble des régions climatiques. Cette région climatique présente des caractéristiques semblables à celle du District du Mackenzie, c'est-à-dire qu'elle est composée de forêts sempervirentes de conifères, de terres arbustives et de terres stériles.

Au cours de la période de 1948 à 2016, des hausses des températures ont été observées durant chacune des saisons et dans toutes les régions climatiques. Dans 10 des 11 régions climatiques, les hausses les plus élevées ont été observées durant les mois d'hiver. À l'échelle nationale, les températures hivernales ont augmenté de 3,4 °C en moyenne. Les régions climatiques qui ont affiché les hausses des températures hivernales les plus prononcées sont les Montagnes du Nord de la Colombie-Britannique et du Yukon, où la température a augmenté de 5,7 °C, le District du Mackenzie, où elle a augmenté de 5,0 °C, et la Forêt du Nord-Ouest, où elle a crû de 4,3 °C. Ensemble, ces régions comptent 1 389 828 km2 de terres forestières.

De 1948 à 2016, les précipitations annuelles moyennes du pays ont augmenté progressivement comparativement à la moyenne de référenceNote  . Une tendance à la hausse a été observée au cours des quatre saisonsNote  . Les écozones du nord ont connu une plus grande variation en pourcentage des précipitations annuelles que les écozones du sud, bien que les celles-ci reçoivent de façon générale beaucoup moins de précipitations que les régions du sud et des côtes. Par ailleurs, les sécheresses gagnent en fréquence et en gravité dans certaines régionsNote  . Les scientifiques prévoient que cette tendance se maintiendra, ce qui aura des répercussions sur les régions forestières du Canada.

Répercussions des changements climatiques sur les forêts canadiennes

Bon nombre des répercussions des changements climatiques sur les forêts sont interreliées et se produisent simultanément. Les sécheresses et les hausses des températures attribuables aux changements climatiques font croître la vulnérabilité des forêts aux perturbations telles que les feux de forêt, les insectes et les maladiesNote  .

Les conifères sont mieux adaptés aux conditions plus froides, ce qui fait que leur productivité photosynthétique peut diminuer dans des conditions climatiques plus chaudesNote  . Ainsi, à mesure que les températures augmentent, certaines essences d'arbres pourraient être incapables de s'adapter rapidement aux changements de leur climat local.

De récentes études scientifiques ont prouvé que dans certaines régions, la productivité photosynthétique des forêts boréales a enregistré une baisse qui peut découler en partie des effets de la chaleur attribuable aux sécheressesNote  . Mentionnons sur ce plan que la fréquence des sécheresses dans les forêts boréales du Canada a augmenté depuis les années 1950, et que cette tendance devrait se poursuivreNote  . On s'attend également à ce que la fréquence et la gravité des sécheresses augmentent dans les régions des Prairies qui sont déjà vulnérables aux sécheresses.

En revanche, dans les régions où l'humidité n'est pas un facteur contraignant, la productivité pourrait croître. En raison des hausses des températures et des conditions humides, une augmentation de la productivité a été observée à des latitudes plus élevées qu'à l'habitude dans la forêt boréale, vers les régions de la toundra où la température a récemment augmenté.

Les conditions climatiques favorables à la croissance des essences d'arbres du Canada s'étendent vers le nord non seulement en latitude, mais aussi en altitude. Les scientifiques et les forestiers professionnels élaborent actuellement des stratégies pour veiller à l'adaptation des forêts, par exemple, dans les régions montagneuses alpines de la Colombie-Britannique, où la migration assistée pourrait aider les arbres à s'adapter à la hausse des températuresNote  .

Fin de l'encadré 2.1

2.2 — Produits forestiers et services écosystémiques

La récolte du bois constitue la principale activité économique associée aux forêts. Au cours des dernières années, on a assisté à une croissance de l'intérêt à l'égard de la compréhension et de la valorisation des autres contributions des écosystèmes forestiers en fait de biens et services. On peut penser par exemple aux produits forestiers non ligneux, qui peuvent prendre la forme de baies, de champignons et de plantes décoratives, ainsi qu'aux services écosystémiques fournis par les forêts tels que la conservation des sols et de l'eau, la séquestration du carbone, la purification de l'air, la fourniture d'habitats et les possibilités d'y pratiquer des activités récréatives et touristiques.

Bois

Les actifs en bois du Canada font partie de la richesse naturelle du pays. En 2016, la valeur des stocks de bois accessibles du Canada était estimée à 215,4 milliards de dollarsNote  . Cette valeur fluctue en fonction des conditions du marché du bois et d'autres facteurs (graphique 2.9). Les actifs en bois constituent les ressources fondamentales nécessaires au maintien du rendement des forêts aménagées pour la production de bois.

Les revenus provenant de la vente de bois des terres publiques se sont établis à 1,346 milliard de dollars en 2015Note  . La part la plus élevée des revenus provenait de la Colombie-Britannique (60 %), suivie du Québec (20 %), de l'Ontario (8 %) et du Nouveau-Brunswick (7 %). Ces revenus sont calculés en fonction des droits de coupe, des loyers, des droits de reboisement, du coût de protection du territoire, des permis et des frais de tenure, des ventes et locations ainsi que d'autres frais tels que les suppléments, les amendes et les frais d'intérêts. Les exploitations agricoles, dont certaines exploitent des terres boisées, ont fait état de ventes de produits forestiers totalisant 70,5 millions de dollars en 2015. Ce montant comprend les revenus tirés du bois de chauffage, du bois à pâte, des billes, des poteaux de clôture et des pilotisNote  .

Le bois extrait des forêts est généralement désigné sous le nom de bois rond. En 2015, 160,5 millions de mètres cubes de bois rond ont été récoltés au Canada, en hausse de 35 % par rapport au plus récent creux enregistré en 2009, à la suite de la crise financière et de l'effondrement du marché du logement aux États-Unis de 2008 (graphique 2.10).

La majorité du bois rond appartenait à la catégorie des billes et billots, qui sont utilisés comme matières premières dans la production du bois d'œuvre, du contreplaqué, des bardeaux et des bardeaux de fente et d'autres produits ligneux (tableau 2.4). La catégorie du bois à pâte, qui comprend généralement du bois de moindre qualité et de plus petite taille, ainsi que les essences qui ne peuvent pas être utilisées dans la production de bois d'œuvre, représentait 11 % des récoltes de bois en 2015, une plus faible proportion ayant été utilisée à d'autres fins, y compris sous forme de bois de chauffage et de foyer. Au chapitre du volume de bois rond récolté, la Colombie-Britannique a enregistré la proportion la plus élevée au Canada en 2015, soit 42 %, suivie du Québec (18 %) et de l'Alberta (17 %) (tableau 2.5).

Les essences de résineux telles que l'épinette, le pin, le sapin, le thuya et la pruche représentaient 81 % (128,8 millions de mètres cubes) du volume de bois récolté (graphique 2.11). La proportion la plus élevée de résineux a été observée en Colombie-Britannique (97 %). Par ailleurs, le volume le plus élevé de bois de feuillus a été produit au Québec (7,7 millions de mètres cubes), dont plus du quart a été récolté pour servir de bois de chauffage et de foyerNote  .

En moyenne, 86 % du volume total de bois récolté provenait de terres publiques provinciales, et le reste, soit 14 %, de terres privées. Toutefois, cette proportion variait selon la provinceNote  .

Produits forestiers non ligneux

Les produits forestiers non ligneux comprennent tout un éventail de produits, tels que le sirop d'érable, les champignons, les baies, les plantes décoratives, les produits médicinaux, le gibier et les animaux à fourrure, et bien d'autres. Ces produits peuvent provenir de forêts sauvages ou aménagées, ou encore de systèmes agroforestiers. Bien que certains produits forestiers non ligneux puissent présenter une valeur monétaire significative, les données sont difficiles à obtenir puisqu'elles sont peu comptabilisées à grande échelleNote  . Certaines des statistiques les plus exhaustives sur ces produits sont associées à la production de sirop d'érable.

Dans l'Est canadien et le Nord-Est des États-Unis, on récolte depuis longtemps la sève d'érable pour la faire bouillir afin de produire du sirop, de la tire et du sucre d'érable. En 2016, le Canada a produit 12,2 millions de gallons de sirop d'érable, dont la valeur s'est élevée à 484,1 millions de dollarsNote  . Ce volume représentait près des trois quarts de la production nord-américaineNote  cette année-là. En 2016, le Québec (92 %) a été à l'origine de la majeure partie du sirop d'érable produit au Canada. Le reste a principalement été produit au Nouveau-Brunswick, en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Au cours des dernières années, les exploitations agricoles d'autres régions ont aussi commencé à entailler leurs érables, y compris l'érable à grandes feuilles en Colombie-Britannique et l'érable du Manitoba dans les Prairies (tableau 2.6). Les bouleaux sont aussi entaillés à l'occasion aux fins de la production de sirop.

Les produits végétaux récoltés dans les forêts comprennent les champignons, les baies et les noix, ainsi que les produits floraux, les plantes vertes et les arbres de Noël. Ces produits peuvent être récoltés aux fins d'utilisation personnelle, mais on observe aussi une récolte à des fins de commercialisation dans les marchés locaux, nationaux et internationauxNote  . Bien qu'il manque de données pour brosser un portrait précis de ces industries, certaines études ont révélé que la valeur des champignons sauvages, des fleurs et des plantes vertes récoltés en Colombie-Britannique (dont les grandes cultures incluent respectivement le tricholome à grand voile, la chanterelle et la morille, le feuillage de salal et les branches de thuya et de pin) se chiffre dans les millions de dollarsNote  .

Au Canada, la chasse et le piégeage sont pratiqués depuis très longtemps, bien que l'on ait observé une diminution de ces activités depuis quelques dizaines d'annéesNote  . La sauvagine fréquente principalement les milieux humides et les prairies des régions côtières, des Prairies et de la forêt boréaleNote  . Selon l'Enquête nationale sur les prises d'Environnement et Changement climatique Canada, environ 1 153 000 canards, 1 014 900 oies et 54 000 oiseaux non aquatiques ont été capturés lors d'activités de chasse en 2015Note  . En 2009, 730 900 peaux de rat musqué, de castor, de martre, d'hermine, de renard, d'ours et d'autres animaux à fourrure ont été récoltées, et leur valeur totale s'est établie à 14,8 millions de dollarsNote  . Les permis de chasse de gros gibier (p. ex. chevreuil, orignal, ours, élan, caribou) sont délivrés par les provinces et territoires.

La biodiversité et les services écosystémiques

La biodiversité contribue grandement au bien-être des humains, puisqu'elle a une incidence sur la productivité et la résilience des écosystèmes dont les humains tirent des services. Par exemple, les arbres fournissent des services de séquestration du carbone, ce qui atténue les changements climatiques; les insectes, les oiseaux, les chauves-souris et les rongeurs contribuent à la dispersion des graines pour la régénération des forêts; les oiseaux et les chauves-souris se nourrissent d'insectes, contrôlant ainsi les populations d'insectes nuisibles, et les plantes contribuent à la réduction de l'écoulement des eaux et de l'érosion du solNote  . L'aménagement durable des écosystèmes forestiers tient compte des bienfaits de ces services, en plus des avantages associés à la production de produits forestiers ligneux et non ligneux.

Biodiversité

Les forêts du Canada sont des écosystèmes diversifiés caractérisés par une végétation variée attribuable aux écarts observés d'une région à l'autre, que ce soit au chapitre de la latitude, du climat, de l'altitude, de l'humidité, des nutriments, ou encore d'autres processus écologiquesNote  . Ces régions sont composées d'arbres, d'arbustes, d'espaces ouverts, d'affleurements rocheux, de milieux humides et de lacs.

La répartition spatiale des écosystèmes forestiers du Canada est très variée : environ 1 000 communautés végétales des forêts et des terres boisées seront répertoriées et décrites dans le cadre du projet de la Classification canadienne des écosystèmes forestiers en cours, une composante de la Classification nationale de la végétation du CanadaNote  .

Les forêts naturelles présentent habituellement une biodiversité beaucoup plus variée que les forêts plantées et les forêts semi-naturelles faisant l'objet de pratiques d'aménagement forestier intensivesNote  . Les forêts aménagées du Canada sont pour la plupart naturelles ou semi-naturelles, composées d'essences indigènes et aménagées selon de longs cycles de rotation des cultures suivis d'un cycle de régénération naturelle ou de plantation et d'ensemencement des essences indigènes. Afin de veiller au maintien de la biodiversité des forêts, une superficie de 240 410 km2 de forêts, soit 7 % de la superficie forestière du Canada, est protégée dans des secteurs tels que les zones de conservation et les grands parcs nationaux, provinciaux et territoriaux (voir la section 2.4 — Aires protégées pour obtenir de plus amples renseignements)Note  .

Le Canada compte certaines des forêts éloignées et inaccessibles les plus vastes du mondeNote  . La majeure partie de la population canadienne vit dans la région sud du pays, et c'est là que la majorité des activités humaines se déroulent. Toutefois, de nombreuses activités, des routes et des infrastructures pour les secteurs de la foresterie, de l'extraction minière et l'extraction de pétrole et de gaz et des réservoirs hydrologiques se trouvent dans la zone boréaleNote  . Les éléments linéaires comme les routes, les voies ferrées, les lignes de transport d'électricité et les bandes défrichées contribuent à la fragmentation du paysage, ce qui peut avoir une incidence sur l'habitat faunique (voir l'encadré 2.3 pour obtenir de plus amples renseignements).

Sous l'influence des routes, la densité des éléments linéaires est la plus élevée dans des écorégions plus densément peuplées telles que les basses-terres continentales de l'écozone maritime du Pacifique, les basses-terres du lac Érié et les basses-terres du fleuve St-Laurent faisant partie de l'écozone des plaines à forêts mixtesNote  . Toutefois, la densité des éléments linéaires est également élevée dans d'autres régions moins densément peuplées des écozones des plaines boréales et de la taïga des plaines, essentiellement en raison de l'influence des bandes défrichées ou des lignes sismiques correspondant à des activités axées sur les ressources (carte 2.6).

Le Canada compte environ 80 000 espèces connuesNote  . Les forêts abritent une grande variété d'espèces, y compris des microorganismes, des champignons, des mousses, des lichens, des plantes et des arbres, des insectes, des poissons, des amphibiens, des reptiles, des oiseaux et des mammifères. Les forêts du Canada contiennent une population estimée de 32 conifères indigènes, de 125 feuillus indigènes et de plus de 55 essences d'arbres exotiquesNote  . La zone boréale abrite 150 espèces d'oiseaux, soit la moitié des espèces retrouvées au CanadaNote  . Les besoins relatifs à l'habitat, y compris le type, la taille, la classe d'âge et la connectivité des peuplements des forêts, varient grandement d'une espèce à l'autreNote  .

Les forêts abritent également certaines espèces en voie de disparition, menacées et symboliques. Par exemple, huit mammifères susceptibles de fréquenter les forêts, entre autres habitats, sont classés comme des espèces en voie de disparition aux termes de la Loi sur les espèces en péril (tableau 2.7). Plusieurs populations de caribous des bois — une espèce symbolique — vivant dans la forêt sont aussi menacées et confrontées à des pressions associées à la disparition et à la fragmentation de leur habitatNote  . D'autres espèces en voie de disparition vivent dans la forêt, y compris des oiseaux, tels que la chouette tachetée, le pic à tête blanche, le pic de Williamson, le moucherolle vert et la paruline azurée; des amphibiens comme la grenouille maculée de l'Oregon, et des mollusques tels que l'escargot-forestier de Townsend, et bien d'autresNote  .

Services écosystémiques

Les forêts fournissent des services de régulation essentiels de nombreuses façons, y compris en filtrant et en purifiant l'air et l'eau et en assurant le bon fonctionnement du cycle des nutriments, la régulation des climats locaux, la séquestration du carbone et la protection contre l'érosion et les catastrophes naturelles telles que les inondations, entre autres. Elles fournissent également des occasions d'y pratiquer des activités récréatives, touristiques et d'observation (encadré 2.2), et peuvent avoir une grande importance sur le plan spirituel pour les peuples autochtones et de nombreuses autres personnes. Bien que les multiples services rendus par les forêts et par d'autres secteurs naturels soient de plus en plus reconnus, les données permettant d'en mesurer la valeur et les bienfaits sont limitéesNote  .

Les forêts emmagasinent le carbone dans la végétation et le sol et le libèrent lors de leur respiration, lorsqu'elles se décomposent et lorsqu'elles brûlent. Les estimations mondiales indiquent que dans l'ensemble, les forêts constituent d'importants « puits de carbone » nets, alors que les terres déboisées peuvent contribuer aux émissions nettesNote  . La plupart des années, les forêts aménagées du Canada sont considérées comme des « puits de carbone », puisqu'elles absorbent plus de carbone qu'elles n'en libèrent. Toutefois, les perturbations naturelles telles que les feux de forêt et les épidémies d'insectes peuvent avoir d'importantes répercussions sur le solde de carbone, puisque les arbres libèrent du carbone dans l'atmosphère lorsqu'ils brûlent et se décomposent. Si l'on exclut les répercussions de ces perturbations naturelles, les forêts ont absorbé l'équivalent de 164 mégatonnes d'émissions de dioxyde de carbone en 2015, alors que les émissions associées à la récolte de produits ligneuxNote  se sont chiffrées à 135 mégatonnes, ce qui a donné lieu à une absorption nette de 29 mégatonnes par le secteur forestier (graphique 2.12)Note  .

Les réserves et les parcs nationaux du Canada protègent une superficie de plus de 328 198 km2, sont représentatifs de la diversité des paysages du Canada et offrent des possibilités de profiter des aires naturelles du pays et de les admirerNote  . En 2015-2016, 13,1 millions de visiteurs ont fréquenté les réserves et les parcs nationauxNote  . Plus de la moitié de ces visiteurs se sont concentrés en Alberta, suivis de 22 % en Colombie-Britannique, 6 % en Ontario et 4 % à l'Île-du-Prince-Édouard.

Selon l'Enquête canadienne sur la nature de 2012, plus des deux tiers des Canadiens ont passé du temps en plein air pour être en contact avec la nature, et plus de la moitié ont voyagé pour être en contact avec la natureNote  . L'activité axée sur la nature la plus populaire était de faire un pique-nique ou de relaxer en plein air : 71 % des Canadiens adultes se sont adonnés à cette activité. Parmi les autres activités populaires axées sur la nature, mentionnons la cueillette de noix, de baies ou de bois de foyer (36 %), le camping (21 %), la pêche (21 %), l'ornithologie (18 %) et la chasse (8 %). Les dépenses relatives aux activités récréatives axées sur la natureNote  (y compris les activités non liées à la forêt) ont totalisé 14,5 milliards de dollars au cours de l'année précédant la tenue de l'enquête.

Début de l'encadré 2.2

Encadré 2.2 Le couvert forestier en zone urbaine dans les régions métropolitaines du Canada

En milieu urbain, les arbres présentent un grand éventail de bienfaits : ils peuvent améliorer l'esthétisme des villes et accroître la valeur des propriétés, en plus d'offrir des avantages sur le plan de la santé physique et mentale des humains, comme la diminution du niveau de stress et même l'augmentation de la longévitéNote  . Les forêts en zone urbaine peuvent servir d'habitat pour la faune, offrent de l'ombrage et modèrent les températures, filtrent et purifient l'air et l'eau et offrent des possibilités d'y pratiquer des activités récréatives et de profiter de la nature.

Il y a des arbres dans pratiquement toutes les villes du Canada, que ce soit dans les cours, dans les parcs ou le long des routes. Plusieurs villes canadiennes ont en place des plans d'aménagement forestier en milieu urbain afin de protéger ces arbres et de veiller au maintien et à l'accroissement du couvert arboré dans les zones urbainesNote  . Certaines villes comptent aussi de grandes superficies de couvert arboré principalement composé de conifères, de feuillus ou de forêts mixtes, mais la superficie totale du couvert arboré peut varier grandement d'une ville à l'autre (tableau 2.8).

À l'intérieur des limites des régions métropolitaines, les plus grandes villes du Canada comptent une superficie importante de couvert arboré. En 2011, la superficie du couvert arboré constitué de conifères, de feuillus ou de forêts mixtes dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) variait de 29 km2 à Windsor à 3 959 km2 à HalifaxNote  . La proportion des terres arborées variait également d'une ville à l'autre, le couvert arboré représentant 16 % de la superficie de Toronto, 20 % de la superficie de Montréal et 48 % de la superficie de Vancouver. L'environnement naturel qui entoure une ville a une incidence sur les types d'arbres qu'on y trouve et sur la proportion du couvert forestier en zone urbaineNote  .

La superficie moyenne du couvert arboré des RMR est de 1 342 m2 par personne. En général, dans les villes les plus peuplées, la superficie du couvert arboré par personne est inférieure à la moyenne, alors qu'elle est supérieure à la moyenne dans les villes les moins peuplées. Par exemple, Saint John, Moncton et Saguenay figuraient au haut de la liste au chapitre de la superficie du couvert arboré par personne.

Fin de l'encadré 2.2

2.3 — Secteur forestier

Le secteur forestier joue depuis longtemps un rôle important dans le développement économique et social du Canada. En plus de soutenir le sous-secteur de la foresterie et de l'exploitation forestière, qui englobe les activités de production et de récolte du bois, les forêts soutiennent aussi plusieurs autres activités liées à la conservation et à l'aménagement des forêts, et fournissent les matières premières nécessaires à la fabrication de produits en bois et du papierNote  . D'autres secteurs, comme celui de la construction, reposent aussi fortement sur les biens produits par le secteur forestier.

La contribution globale du secteur forestier à l'économie du Canada a diminué au cours des dernières décennies. Toutefois, elle continue de jouer un rôle important dans de nombreuses collectivités autochtones, de petite taille et autres collectivités éloignées.

Contribution du secteur forestier à l'économie

Depuis le milieu des années 2000, le secteur forestier du Canada se heurte à plusieurs difficultés, en particulier la baisse de la demande de bois d'œuvre des États-Unis à la suite de l'effondrement du marché du logement, ainsi que la baisse de la demande de papier et de papier journal attribuable à l'essor des médias électroniques.

En 2014, le produit intérieur brut (PIB) du secteur forestier du Canada s'est chiffré à 22,1 milliards de dollarsNote  . Le sous-secteur de la fabrication de produits en bois a généré 39 % de ce total, suivi de la fabrication du papier (36 %), de la foresterie et de l'exploitation forestière (17 %) et des activités de soutien à la foresterie (8 %). L'apport global du secteur forestier au PIB du Canada a diminué, passant de 1,7 % en 2007 à 1,2 % en 2014 (graphique 2.13).

Les activités forestières menées en Colombie-Britannique, au Québec et en Ontario étaient à l'origine de la proportion la plus importante du PIB national du secteur forestier en 2014 (31 %, 28 % et 19 %, respectivement)Note  . Toutefois, à l'échelle provinciale, le plus important apport du secteur forestier au PIB a été observé au Nouveau-Brunswick, où il représentait 3,5 % du PIB provincial, suivi de la Colombie-Britannique (3,1 %).

Les forêts du Canada fournissent les matières premières nécessaires à la production de produits en bois et de papier aux fins de consommation canadienne, mais contribuent aussi grandement aux exportations mondiales. Le Canada est l'un des principaux producteurs et exportateurs de bois d'œuvre de résineux, de papier journal et de pâte au mondeNote  .

En 2016, les scieries ont produit 68,4 millions de mètres cubes de bois d'œuvre, ce qui représente une hausse d'un peu plus de 50 % par rapport au creux enregistré en 2009 à la suite de l'effondrement du marché du logement aux États-Unis (graphique 2.14). La production de panneaux de construction, comme le contreplaqué et les panneaux de lamelles orientées, a totalisé 8,7 millions de mètres cubes. Parmi les autres produits en bois produits par les scieries figurent les fenêtres et les portes ainsi que les conteneurs et les palettes, dont un grand nombre sont utilisés au Canada par d'autres industries. La production de copeaux de bois a totalisé pour sa part 18,3 millions de tonnesNote  .

En 2016, le secteur forestier a produit 16,5 millions de tonnes de pâte de bois, 3,4 millions de tonnes de papier journal et 3,0 millions de tonnes de papier d'impression et d'écritureNote  . Les déchets de bois sont aussi fréquemment utilisés pour la production d'énergie : en 2016, 11,1 millions de tonnes de déchets de bois solide et 18,4 millions de tonnes de liqueur résiduaire ont été utilisées pour la production d'énergieNote  .

En 2016, les exportations de produits de bois d'œuvre, d'autres produits de scierie et de menuiseries préfabriquées ont totalisé 15 658 millions de dollars, comparativement à 13 018 millions de dollars pour les pâtes et papiersNote  . Exprimés en proportion des exportations totales du Canada, les produits forestiers, y compris les billes et le bois à pâte, le bois d'œuvre et les pâtes et papiers, ont connu une baisse, passant de 12 % en 1997 à 6 % en 2016 (graphique 2.15).

Les exportations de produits forestiers, de bois d'œuvre et de pâtes et papiers ont été particulièrement importantes en Colombie-Britannique, où elles ont représenté 23 % des exportations de la province, suivie du Nouveau-Brunswick (11 %), de la Nouvelle-Écosse (9 %) et du Québec (9 %)Note  .

Contribution du secteur forestier à l'emploi, aux salaires et aux collectivités

Malgré le ralentissement observé dans le secteur forestier au cours des dix dernières années, le secteur continue de générer de nombreux emplois et revenus dans l'ensemble du pays, et revêt une importance particulière dans les petites collectivités et dans de nombreuses collectivités autochtones.

En 2016, on comptait 205 660 emplois dans le secteur forestier au Canada, plus particulièrement dans les sous-secteurs de la foresterie et de l'exploitation forestière, des activités de soutien à la foresterie, de la fabrication de produits en bois et de la fabrication du papier (graphique 2.16). Le sous-secteur de la fabrication de produits en bois représentait 47 % du nombre d'emplois en 2016, suivi de la fabrication du papier (27 %), de la foresterie et de l'exploitation forestière (16 %) et des activités de soutien à la foresterie (10 %). Dans l'ensemble, 31 % de ces emplois étaient situés au Québec, 27 % en Colombie-Britannique, 21 % en Ontario, 8 % en Alberta, 6 % au Nouveau-Brunswick, et de plus faibles proportions ont été enregistrées ailleurs au CanadaNote  .

Depuis 1997, le nombre total d'emplois dans le secteur forestier a diminué de 42 %, la perte d'emplois s'étant concentrée dans le secteur de la fabrication. Les emplois dans le secteur forestier représentaient 1,1 % des emplois au Canada en 2016, soit un recul par rapport à la proportion de 2,5 % observée en 1997. Toutefois, les baisses les plus prononcées sont survenues en Colombie-Britannique, où la proportion des emplois dans le secteur forestier est passée de 5,8 % en 1997 à 2,3 % en 2016, ainsi qu'au Nouveau-Brunswick, où elle est passée de 5,6 % à 3,5 %.

La rémunération totale des travailleurs du secteur forestier s'est chiffrée à 16,0 milliards de dollars en 2016, ce qui représentait 1,5 % de la rémunération totale des travailleurs du CanadaNote  . Le salaire horaire des travailleurs du secteur forestier était de 39 $, comparativement à la moyenne de 35 $ enregistrée pour l'ensemble des industries. Le salaire horaire le plus élevé a été observé dans le sous-secteur de la fabrication du papier, soit 47 $ l'heure, suivi de 37 $ l'heure dans le sous-secteur de la foresterie et de l'exploitation forestière, de 37 $ l'heure dans le sous-secteur de la fabrication de produits en bois et de 34 $ l'heure dans les activités de soutien à la foresterie.

Collectivités tributaires du secteur forestier

En 2016, le secteur forestier représentait un important moteur économique dans au moins 105 collectivités réparties dans six provinces (tableau 2.9). Ces collectivités, qui tirent au moins 20 % de leur revenu du secteur forestierNote  , sont généralement petites et dépendent de relativement peu d'industries, de sorte qu'elles peuvent être plus vulnérables aux changements dans la vigueur économique du secteur forestierNote  .

Au cours des dernières décennies, le nombre de collectivités tributaires du secteur forestier a beaucoup diminué. En 2001, 463 collectivités réparties dans neuf provinces, et ayant une population totale de près de 863 000 habitants, tiraient au moins 20 % de leur revenu du secteur forestierNote  . Les collectivités dont une grande proportion du revenu provient du secteur forestier sont de plus en plus petites. Le nombre de collectivités ayant une population de 5 000 habitants et plus a baissé, passant de 31 en 2001 à 4 en 2016 (graphique 2.17), alors que la proportion de la population de ces collectivités a diminué, passant de 34 % à 7 %.

La part globale du revenu d'emploi du secteur forestier généré par les collectivités tributaires du secteur forestier a diminué, passant de 30 % en 2000 à 11 % en 2015. Les collectivités dont le revenu provenant du secteur forestier était le plus élevé par rapport au revenu du marché en 2000 étaient les plus susceptibles de continuer de dépendre du secteur forestier pour obtenir au moins 20 % de leur revenu en 2015.

Même si le revenu d'emploi agrégé du secteur forestier a baissé en 2015, les emplois restants continuent d'être associés à des revenus plus élevés que la moyenne. Le revenu moyen d'emploi par personne dans les collectivités tributaires du secteur forestier a augmenté, passant de 36 620 $ en 2000 à 40 075 $ en 2015, alors que le revenu moyen d'emploi dans le secteur forestier a augmenté, passant de 55 120 $ à 62 750 $Note  .

En 2016, plus de la moitié (53 %) de la population des collectivités tributaires du secteur forestier vivait en Colombie‑Britannique, 28 % au Québec et 8 % au Nouveau‑Brunswick (carte 2.7). Dans l'ensemble, la population de ces 105 collectivités a diminué de 10 %, passant de près de 177 460 habitants en 2001 à 159 420 habitants en 2016, alors que la population a augmenté de 17 % à l'échelle du CanadaNote  . Parallèlement, la population des petites collectivités a augmenté de 2 %Note  .

Ces collectivités, comme d'autres petites subdivisions de recensement, comptaient proportionnellement plus de personnes âgées que la moyenne canadienne; en 2016, 19,6 % de la population de ces collectivités était composée de personnes de 65 ans et plus, par rapport à 16,9 % pour l'ensemble du paysNote  .

En 2016, 13,8 % des résidents de ces collectivités étaient des Premières Nations, des Métis ou des Inuits, comparativement à 4,9 % dans l'ensemble de la population du CanadaNote  . Cette proportion était plus élevée en Saskatchewan (19 %), en Ontario (18 %) et en Colombie‑Britannique (18 %).

Le taux d'activité de la population active s'élevait à 61 %, soit un taux légèrement inférieur à la moyenne canadienne de 65 %, alors que le taux de chômage était de 11,4 %, comparativement au taux national de 7,7 %Note  . Les industries de service représentaient 58 % de la main-d'œuvre dans les collectivités tributaires du secteur forestier, par rapport à 77 % à l'échelle nationale. De son côté, la proportion de la main-d'œuvre travaillant dans des industries produisant des biens (41 %) correspondait au double de la moyenne nationaleNote  . Le revenu moyen d'emploi dans ces collectivités s'élevait à 40 090 $, soit 13 % inférieur à la moyenne nationale de 46 060 $Note  .

Au sein des collectivités tributaires du secteur forestier, la proportion d'adultes de 25 à 65 ans ayant fait des études collégiales ou universitaires était inférieure à la moyenne canadienne, s'établissant à 32 % par rapport à 54 % dans l'ensemble de la population, alors que le pourcentage de la population n'ayant pas de certificat, de diplôme ou de grade était de 21 %, par rapport à 11 % à l'échelle nationaleNote  . Toutefois, la proportion de personnes ayant un certificat ou un diplôme d'apprenti ou d'une école de métiers était de 19 %, par rapport à 11 % à l'échelle nationale.

2.4 — Aménagement forestier

Les activités du secteur forestier, comme d'autres activités associées aux ressources naturelles, peuvent avoir une série de répercussions sur l'environnement. Par exemple, les activités de récolte du bois et la diminution de la superficie de couvert arboré à maturité modifient l'habitat de la faune et peuvent avoir des répercussions sur la biodiversité, l'écoulement de l'eau et l'érosion si elles ne sont pas bien gérées (voir l'encadré 2.3 pour obtenir plus de renseignements).

Les forêts du Canada qui appartiennent à l'État, lesquelles représentent 94 % de la superficie des terres forestières du CanadaNote  , sont gérées par les gouvernements selon les principes d'aménagement forestier durable afin de veiller au maintien de leurs bienfaits environnementaux, économiques et sociaux à long terme. La planification de l'aménagement forestier a évolué; on accorde maintenant beaucoup d'importance à la détermination de la façon de concevoir les pratiques forestières de sorte à reproduire le mieux possible les effets des perturbations naturelles qui surviennent dans les forêts, ainsi qu'aux méthodes permettant de protéger le mieux possible la biodiversitéNote  .

Récolte et régénération

En 2015, le Canada a récolté 7 796 km2 de forêt, ce qui représente 0,2 % de la superficie forestière du Canada qui se chiffre à 3,47 millions de km2. Dans les forêts aménagées aux fins de la production de bois, les pratiques de récolte et de régénération sont coordonnées de sorte à produire un rendement forestier régulier et durable, ce qui fait que les activités de récolte sont menées dans divers secteurs à mesure que les forêts gagnent en maturité (carte 2.8).

Sur les terres qui appartiennent à l'État, les activités de récolte du bois font l'objet d'une surveillance au moyen de vérifications régulières des plans d'aménagement forestier, qui indiquent le volume de bois approuvé aux fins de récolte. La superficie forestière sur laquelle la récolte est autorisée, les exigences en matière de reboisement après une activité de récolte, les zones tampons ou les réserves requises le long des cours d'eau et des zones riverainesNote  , ainsi que les mesures de préservation de l'habitat faunique sont énoncées dans les lois et règlements pertinents. En 2015, 90 % de toutes les activités de récolte (soit 7 032 km2 ) ont eu lieu sur des terres publiques provinciales (graphique 2.18). La majorité des activités de récolte restantes ont été menées sur des terres privées, et une très petite proportion, sur des terres fédérales ou territoriales.

Les tendances relatives à la superficie récoltée ont changé au fil du temps (graphique 2.19). De 2005 à 2009, la superficie récoltée totale du Canada a diminué de 42 %, passant de 10 568 km2 à 6 132 km2, et n'a pas encore rattrapé les niveaux précédemment atteints (tableau 2.10). De 1975 à 2015, le Québec a enregistré la superficie récoltée moyenne la plus élevée, représentant 30 % de la superficie récoltée du Canada, suivi de l'Ontario (22 %) et de la Colombie-Britannique (21 %). Toutefois, le Québec et l'Ontario ont également connu les reculs les plus importants au chapitre de la superficie récoltée au cours des dix dernières années. En 2015, les superficies récoltées dans ces deux provinces étaient, respectivement, de 2 021 km2 et de 1 317 km2. En Colombie-Britannique, 1 926 km2 de bois ont été récoltés en 2015, chiffre qui correspond davantage aux niveaux enregistrés à long terme.

Méthodes de récolte

Un certain nombre de méthodes de récolte distinctes sont utilisées selon les différents régimes sylvicoles, lesquelles couvrent des aspects de la récolte, de la régénération et des soins culturaux des peuplements forestiersNote  . Les régimes d'aménagement de forêts équiennes qui comprennent des pratiques de récolte telles que la coupe à blanc, la coupe progressive et la coupe avec réserve de semenciers sont les systèmes les plus souvent utilisés : en 2015, ils représentaient 94 % de la superficie forestière récoltée totale du Canada (graphique 2.20).

La coupe à blanc désigne habituellement la récolte de tous les arbres d'un secteur donné, bien qu'il existe plusieurs variantes quant à la façon de mener cette coupe et que les pratiques aient évolué au cours des dernières décennies afin de réduire les répercussions environnementales de la coupe à blanc et les préoccupations esthétiques qui y sont associées. Par exemple, la coupe peut se faire par bandes, par blocs, par bouquets, ou encore en fonction des délimitations et des réserves naturelles, et quelques arbres peuvent être laissés sur pied dans les zones riveraines et en vue de préserver l'habitat fauniqueNote  .

En 2015, la coupe à blanc a été utilisée pour récolter 6 608 km2 de forêts, soit 85 % de la superficie totale récoltée au Canada. Cette méthode est souvent la plus économique et la plus efficace, et peut reproduire l'effet des feux de forêt en créant des milieux dégagés qui favorisent la régénérationNote  .

La coupe progressive est une méthode de coupes partielles qui permet de conserver un couvert d'arbres afin de protéger ou d'abriter l'établissement du nouveau peuplementNote  . Cette méthode a été utilisée pour la récolte de 644 km2, soit 8 % de la superficie totale récoltée. Enfin, la méthode de coupe avec réserve de semenciers, qui laisse un certain nombre de semenciers sur pied pour assurer la régénération naturelle, a été utilisée pour récolter une superficie de 27 km2, soit moins de 1 % de la superficie totale récoltée en 2015.

La coupe de jardinage comporte la récolte d'arbres à maturité choisis individuellement ou de petits groupes d'arbres, ce qui donne lieu à des peuplements inéquiennes. Ce type de récolte convient aux essences capables de croître à l'ombreNote  . En 2015, la coupe de jardinage a été utilisée pour récolter 221 km2 de forêts, soit 3 % de la superficie totale récoltée au Canada.

La coupe d'éclaircie commerciale est une pratique de soins culturaux des peuplements utilisée pour veiller à ce que les arbres disposent d'un espace suffisant pour croître et réduire la mortalité des arbres, qui peut atteindre jusqu'à 30 % du volume total de productionNote  . Toutefois, en raison des coûts d'exploitation élevés, des faibles droits de coupe et des peuplements et essences d'arbres qui ne se prêtent pas à une telle coupe, la coupe d'éclaircie commerciale est peu utilisée au CanadaNote  . En 2015, cette méthode a été utilisée pour récolter 3 % de la superficie totale récoltée. La coupe d'éclaircie commerciale était toutefois plus couramment utilisée sur les terres privées, où elle a été utilisée pour récolter 16 % de la superficie totale récoltée, comparativement à 1 % sur les terres publiquesNote  .

En 2015, la moitié de la superficie totale récoltée par coupe à blanc au pays se trouvait en Colombie-Britannique et au Québec. De même, près des trois quarts (73 %) de la superficie récoltée par coupe progressive se trouvaient au Québec, tandis que la coupe de jardinage a été majoritairement utilisée en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick.

Méthodes de régénération

Dans le cadre de l'aménagement forestier durable, des objectifs de régénération qui correspondent aux activités de récolte doivent être établis et approuvés par les gouvernements provinciaux et territoriaux avant l'octroi de tout permis ou la conclusion de toute entente d'approvisionnementNote  . Des méthodes de régénération artificielle sont utilisées lorsqu'il est déterminé que la régénération naturelle donnera lieu à une forêt de piètre qualité ou insuffisamment fournie après des activités de récolte, un feu de forêt ou une épidémie d'insectes.

En 2015, plus de 574 millions de semis ont été plantés sur une superficie de terres forestières de 4 134 km2. La Colombie-Britannique est la province qui a planté le nombre de semis le plus élevé au pays, soit 222 millions sur une superficie plantée de plus de 1 709 km2, suivie du Québec, où 125 millions de semis ont été plantés sur une superficie de 1 011 km2, et de l'Alberta, où 92 millions de semis ont été plantés sur une superficie plantée de 628 km2 (graphique 2.21).

L'ensemencement direct, par aéronefs ou au sol, a été utilisé pour régénérer une superficie de 131 km2Note . L'ensemencement direct est souvent moins coûteux, mais peut générer des taux de productivité variablesNote  . L'ensemencement direct a été le plus souvent utilisé en Ontario, c'est-à-dire sur une superficie de 67 km2, suivi de la Colombie-Britannique, sur une superficie de 55 km2.

Début de l'encadré 2.3

Encadré 2.3 Répercussions environnementales associées au secteur forestier

Les activités forestières, y compris l'exploitation forestière et les autres pratiques d'aménagement forestier, ont de nombreuses répercussions sur les forêts du Canada. La récolte, la construction de chemins forestiers aux fins d'exploitation forestière, le brûlage dirigé et l'utilisation de produits chimiques pour la gestion des plantations sont tous des facteurs qui peuvent avoir une incidence sur les écosystèmes forestiers. La fabrication de produits en bois et de pâtes et papiers entraînent d'autres répercussions environnementales, y compris des émissions de polluants et d'effluents dans l'air. De même, l'utilisation des résidus de bois et de récolte pour la production d'énergie peut agir tant sur la qualité de l'air que sur les émissions de gaz à effet de serre (GES), bien que l'incidence sur les émissions de GES puisse être positive dans les cas où les résidus de bois sont utilisés en remplacement de combustibles fossilesNote  .

Au cours des dernières décennies, les lois, règlements et normes des gouvernements fédéral et provinciaux ont été révisés afin de veiller à l'utilisation de pratiques appropriées pour réduire au minimum les répercussions des activités forestières. Par exemple, la Forest and Range Practices Act (loi sur les pratiques forestières et la portée des activités forestières) de la Colombie-Britannique exige l'établissement de plans de gestion des forêts qui décrivent les plans relatifs aux blocs de coupe, à la construction de routes et au reboisement, ainsi que les objectifs et les exigences particulières établis relativement aux sols, au bois, à la faune et à la biodiversité, aux régions riveraines, aux bassins hydrographiques vulnérables aux activités de pêche, à la qualité visuelle et au patrimoine culturel en vertu du Forest Planning and Practices Regulation (règlement sur la planification et les pratiques forestières)Note  .

En outre, le secteur forestier, qui regroupe les sous-secteurs de l'exploitation forestière, de la fabrication de produits en bois et de la fabrication du papier, a dépensé 659,2 millions de dollars pour la protection de l'environnement en 2014Note  . Ces dépenses visaient entre autres à couvrir les processus de gestion des déchets et de services d'égout, de lutte contre la pollution et de prévention de la pollution. Les dépenses d'exploitation représentaient la majeure partie de ces dépenses (83 % ou 545,6 millions de dollars), tandis que les dépenses en immobilisations correspondaient à 17 % de ces dépenses (113,6 millions de dollars). Le sous-secteur de la fabrication du papier était à l'origine de 74 % des dépenses de protection environnementale du secteur forestier.

Répercussions associées à l'aménagement des forêts et à l'exploitation forestière

La récolte du bois et le retrait de la végétation dans les forêts peuvent avoir une incidence importante sur les écosystèmes forestiers. Le retrait de la végétation dans les forêts peut avoir un éventail de répercussions sur l'environnement, comme la réduction de l'infiltration de l'eau dans le sol et l'augmentation de l'écoulement de l'eau, ce qui donne lieu à des changements dans le débit des cours d'eau, les niveaux d'eau et la qualité de l'eauNote  . L'accroissement de l'érosion du sol peut entraîner une sédimentation des lits des cours d'eau, ce qui a une incidence sur l'habitat des poissonsNote  .

La création de chemins forestiers peut également entraîner un certain nombre de répercussions, y compris le compactage des sols et la perturbation des cours d'eau et des passes migratoires des poissonsNote  . Les chemins forestiers peuvent aussi avoir une incidence sur le paysage; en effet, la création de chemins entraîne la fragmentation du paysage en parcelles de terre plus petites, ce qui peut avoir une incidence sur la taille et la qualité de l'habitat fauniqueNote  . Ces chemins créent également de nouvelles voies d'accès pour les véhicules récréatifs et peuvent contribuer à la propagation des prédateurs et des espèces invasivesNote  . De 1990 à 2015, près de 750 km2 de terres forestières ont été converties en chemins forestiers permanentsNote  . En 2015, les routes non pavées étaient à l'origine d'environ le tiers des émissions totales de particules au CanadaNote  .

Les incidences des changements dans le paysage et la composition des forêts découlant des pratiques forestières varient en fonction des différentes espèces; elles seront tantôt positives, tantôt négatives. Par exemple, certaines essences d'arbres poussent mieux dans les milieux ouverts créés par les activités de récolte. De plus, certaines espèces d'animaux, y compris le lièvre d'Amérique, prospèrent dans ces milieux, alors que d'autres, telles que le caribou des bois, préfèrent fréquenter des étendues continues de terres forestières maturesNote  . Les changements dans le nombre et le type d'essences d'arbres peuvent avoir une incidence sur la diversité biologique des écosystèmes forestiersNote  .

Parmi les autres pratiques sylvicoles, nommons le traitement des zones visées par des activités de récolte en vue d'assurer une régénération efficace des arbres. Ces pratiques incluent la préparation mécanique, utilisée pour répartir ou briser les rémanents et préparer le sol, le brûlage dirigé, qui sert à éliminer le sous-bois et le bois mort, ainsi que le traitement chimique, qui vise à favoriser la régénération des forêts. En 2015, la préparation mécanique a été utilisée sur une superficie de 1 805 km2 ; le brûlage dirigé, y compris le brûlage aux fins de restauration écologique, sur une superficie de 112 km2Note ; l'épandage d'herbicides, sur une superficie de 90 km2, et une combinaison de ces méthodes, ou d'autres méthodes, pour la préparation d'une superficie de terres forestières de 74 km2Note .

Bien que ces pratiques améliorent la croissance et la survie des semis, elles peuvent avoir d'autres incidences. Par exemple, le brûlage dirigé émet des polluants atmosphériquesNote , bien que ces émissions ne représentent qu'une faible proportion de celles qui sont émises par l'ensemble des feux de forêt. L'utilisation de pesticides et d'engrais peut aussi entraîner des répercussions sur la qualité de l'eau et l'habitat, bien que certaines de ces répercussions soient atténuées par l'utilisation de zones tampons autour des étendues d'eauNote  .

Autres répercussions environnementales associées au secteur forestier

Dans l'ensemble, le secteur forestier, y compris les sous-secteurs de la foresterie et de l'exploitation forestière, de la fabrication de produits en bois et de la fabrication du papier, était à l'origine de 4 % de l'utilisation totale d'eau en 2013Note  . Les prélèvements d'eau effectués dans ce secteur étaient principalement attribuables au sous-secteur de la fabrication du papier. Les prélèvements d'eau effectués par ce sous-secteur ont totalisé à 1 537 millions de mètres cubes, dont 1 481 millions de mètres cubes ont été rejetés vers les étendues d'eau après leur utilisationNote  .

Le sous-secteur est réglementé par le Règlement sur les effluents des fabriques de pâtes et papiers, lequel établit les exigences relatives à la demande biochimique d'oxygène, au total des matières en suspension et à la toxicité des effluents. En 2013, 82 % des eaux usées ont fait l'objet d'un traitement secondaire ou supérieur, et 3 % ont fait l'objet d'un traitement primaire avant d'être évacuéesNote  . En 2014, la quasi-totalité des échantillons d'effluents ont satisfait les exigences réglementaires, ce qui constitue une importante amélioration par rapport au milieu des années 1980Note  .

Les émissions de GES provenant du secteur forestier ont totalisé 39 931 kt en 2015, soit 5 % du volume total d'émissions provenant des industries et des ménagesNote  . Le sous-secteur de la fabrication du papier a généré 74 % des émissions de GES du secteur forestier.

Fin de l'encadré 2.3

Certification de l'aménagement forestier

Les programmes de certification visent à évaluer les pratiques forestières en fonction de normes reconnues à l'échelle internationale en matière d'aménagement forestier durable. Ces normes encadrent les pratiques de récolte du bois, de même que les enjeux associés à la biodiversité, à l'habitat faunique et à la qualité du sol, de l'eau et de l'airNote  .

En vertu de ces programmes, les pratiques d'aménagement forestier doivent faire l'objet de vérifications par des tiers indépendants. Les systèmes sont vérifiés annuellement et les constatations sont divulguées au publicNote  . De nombreux acheteurs mondiaux acceptent uniquement des produits ligneux certifiés, et les entreprises qui satisfont aux exigences en matière de certification peuvent utiliser un logo pour indiquer que leurs produits respectent les normes en usageNote  . C'est au Canada qu'on trouve la plus grande superficie de terres forestières certifiées par des tiers, soit 37 % du total mondialNote  .

En 2016, près de la moitié des forêts du Canada étaient certifiées par l'une ou l'autre des entités suivantes : l'Association canadienne de normalisation, le Forest Stewardship Council ou la Sustainable Forestry Initiative® (tableau 2.11).

Le taux de certification a crû relativement rapidement au Canada. En 1999, aucune forêt du Canada n'était certifiée conformément à une norme de certificationNote  . La superficie de forêts certifiées a ensuite crû pour atteindre 860 000 km2 en 2004, puis 1,5 million de km2 en 2010, et enfin 1,68 million de km2 en 2016Note  . La Colombie-Britannique comptait la plus grande superficie de forêts certifiées au Canada en 2016, soit 519 534 km2, suivie du Québec et de l'Ontario, où la superficie des forêts certifiées se chiffrait à 451 552 km2 et 267 889 km2, respectivement.

Bien que les trois programmes de certification en usage au Canada fassent la promotion de principes à l'appui de l'aménagement forestier durable, la Sustainable Forestry Initiative® était le programme le plus souvent utilisé.

Aires protégées

L'établissement d'aires protégées est une importante composante de la conservation de la natureNote  . Ces aires sont créées afin de préserver des environnements naturels exceptionnels, d'offrir des possibilités de pratiquer des activités récréatives et touristiques, de fournir des environnements propices à l'étude et à l'enseignement, et de préserver les habitats fauniques. L'enchantement qu'elles offrent, tant sur le plan physique que visuel, entraîne aussi des bienfaits indirects pour la santé et le bien-êtreNote  .

En vue d'atteindre les buts et objectifs canadiens pour la biodiversité d'ici 2020, le Canada s'est fixé comme objectif de conserver « au moins 17 % des zones terrestres et des eaux intérieuresNote   » par l'entremise d'aires protégées et de mesures de conservation éprouvéesNote  . À la fin de 2015, 10,6 % (1,05 million de km2) de la superficie terrestre du Canada, y compris les eaux intérieures, étaient protégés. Cela représente une augmentation par rapport à la superficie protégée de 9,8 % observée en 2011Note  .

Les forêts protégées du Canada constituent une part importante de la totalité des aires protégées du pays. En 2006, 240 410 km2 ou 7 % de la superficie totale des terres forestières du Canada étaient protégés. L'écozone du bouclier boréal comptait la superficie d'aires forestières protégées la plus vaste au pays, où elle représentait 37 % de la superficie totale du Canada, suivie des écozones de la cordillère montagnarde (19 %) et des plaines boréales (15 %) (graphique 2.22).

La majorité des forêts protégées appartiennent à l'État; les forêts situées sur des terres provinciales représentaient 77 % de la superficie totale des aires forestières protégées du Canada, suivies des forêts situées sur des terres fédérales (19 %)Note  . Les terres fédérales comportaient le pourcentage le plus élevé de terres forestières se trouvant dans des aires protégées, soit 84 %, ou 45 208 km2.

Les catégories d'aires protégées sont établies par l'Union internationale pour la conservation de la nature et définissent les niveaux de restriction pour la conservation et la protection des airesNote  . Les forêts de la catégorie 1a ou 1 b bénéficient du plus haut degré de protection, tandis que celles de la catégorie VI font l'objet du plus haut degré de modification de l'environnement autoriséNote  .

En 2006, 60 % des aires forestières protégées appartenaient à la catégorie II (graphique 2.23). Ces aires comprennent principalement des aires de conservation et de grands parcs nationaux, provinciaux et territoriaux, comme le parc national des Pingualuit (Québec) et le parc national du Canada Wood Buffalo (Alberta et Territoires du Nord-Ouest)Note  . L'accès du public et les activités récréatives sont généralement autorisés dans ces airesNote  , mais les extractions à des fins commerciales, comme les activités de récolte, y sont interditesNote  .

La deuxième proportion en importance d'aires forestières protégées (28 %) était classée dans la catégorie 1 b, qui comprend également des parcs provinciaux et territoriaux, ainsi que des refuges d'oiseaux migrateurs fédéraux. Dans ces forêts protégées, la construction d'infrastructure est peu présente, bien que l'accès du public puisse y être autorisé; l'objet principal de cette catégorie étant le maintien des conditions naturelles des sitesNote  .

Les forêts anciennes présentaient la proportion d'aires protégées la plus élévée : 27 % de la superficie forestière composée de peuplements de 181 à 200 ans étaient protégés, venaient ensuite les peuplements de 161 à 180 ans (18 %) et les peuplements de plus de 200 ans (16 %). Les forêts protégées les plus anciennes étaient le plus souvent situées dans l'Ouest canadien. Plus des trois quarts (76 %) des forêts protégées de 181 à 200 ans et près de la moitié (49 %) de celles de 161 à 180 ans se trouvaient dans l'écozone de la cordillère montagnarde. Par ailleurs, les forêts protégées de plus de 201 ans étaient concentrées dans l'écozone maritime du Pacifique (39 %), la cordillère montagnarde (37 %) et la cordillère boréale (24 %)Note  .

2.5 Conclusion

Les écosystèmes forestiers du Canada sont composés d'une mosaïque de couvert arboré, de terres arbustives, de milieux humides et de lacs, et occupent près des deux tiers de la superficie totale du CanadaNote  . Les forêts du Canada s'étendent sur 3,47 millions de km2 de la superficie totale du pays, ce qui classe le pays au troisième rang à l'échelle mondiale au chapitre de la superficie des terres forestièresNote  .

Les forêts nous apportent du bois et d'autres produits forestiers, de même que de nombreux services écosystémiques tels que la filtration de l'eau, la purification de l'air, la séquestration du carbone, ainsi que des services de nature récréative et spirituelle. Elles sont façonnées principalement par la succession et la régénération des forêts, de même que par les perturbations naturelles telles que les feux de forêt et les épidémies d'insectes, mais aussi par de nombreuses activités humaines qui sont menées tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des forêts.

De nombreuses activités axées sur les ressources, dont la foresterie, l'exploration et l'extraction minière et l'extraction de pétrole et de gaz et la production d'hydroélectricité peuvent contribuer aux changements dans les paysages forestiers. Par exemple, les chemins forestiers, les lignes sismiques, les mines, les emplacements des puits de pétrole, les barrages et les réservoirs, les couloirs réservés aux services publics et d'autres routes et infrastructures temporaires et permanentes contribuent au déboisement et à la fragmentation de l'habitat lorsqu'ils sont construits sur des terres forestièresNote  .

Les autres activités menées sur des terres forestières ou aux limites de celles-ci incluent la conversion de terres à des fins agricoles ou récréatives ou de développement urbain. Par ailleurs, les activités exercées à l'extérieur des forêts peuvent aussi avoir une incidence sur celles-ci; par exemple par l'introduction et la propagation d'espèces exotiques et invasives telles que l'agrile du frêneNote  , le transport à distance de polluants atmosphériques et les retombées acides sur les sols forestiersNote  . Certains changements associés au climat sont déjà observables dans les forêts, et l'on s'attend à ce que les changements climatiques continuent de façonner les forêts canadiennes de multiples façons interdépendantesNote  .

La récolte du bois, qui représente la plus importante perturbation des forêts canadiennes directement attribuable aux humains, s'effectue sur les terres appartenant à l'État, seulement après qu'un plan d'aménagement forestier ait été élaboré en consultation avec le public et approuvé par le gouvernement. Un tel plan indique la façon dont on prévoit assurer la durabilité sociale, économique et environnementale à l'échelle locale et du territoire. Toutefois, on reconnaît de plus en plus le besoin d'évaluer non seulement les répercussions des activités forestières sur les forêts, mais aussi les effets cumulatifs de l'ensemble des activités humaines, y compris leurs interactions avec les changements climatiques. Ces multiples répercussions modifient l'état des écosystèmes forestiers ainsi que leur biodiversité, et peuvent même avoir une incidence sur la capacité de ces écosystèmes à fournir des biens et services.


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