Activité physique des adultes au Canada : résultats d'accélérométrie de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé de 2007-2009

Avertissement Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.











par Rachel C. Colley, Didier Garriguet, Ian Janssen, Cora L. Craig, Janine Clarke et Mark S. Tremblay

L'activité physique régulière est associée à une diminution du risque de maladie cardiovasculaire, de certains types de cancer, d'ostéoporose, de diabète, d'obésité, d'hypertension, de dépression, de stress et d'anxiété1-5. En outre, il existe des preuves convaincantes d'un lien entre les niveaux élevés d'activité physique et les avantages pour la santé; en fait, plus le niveau d'activité physique est élevé, plus grands sont les bienfaits sur le plan de la santé1-5. Pour déterminer si les Canadiens sont suffisamment actifs pour en tirer des avantages pour la santé, des accéléromètres ont été utilisés dans le cadre de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) de 2007-2009 pour recueillir les premières mesures chronologiques objectives de l'activité physique auprès d'un échantillon national représentatif de Canadiens de 6 à 79 ans.

Avant l'ECMS, les tendances nationales en matière d'activité physique étaient établies à partir des résultats d'enquêtes par autodéclaration selon lesquels la proportion d'adultes qui se considéraient comme actifs était à la hausse6-8. En 2009, 52,5 % des Canadiens adultes ont déclaré être au moins modérément actifs durant leurs loisirs6. Pourtant, la prévalence de l'obésité a augmenté considérablement au Canada au cours des 25 dernières années9, le quart des adultes aujourd'hui faisant de l'embonpoint ou étant obèses10. En outre, la force musculaire et la souplesse, habituellement maintenues par l'activité physique régulière, ont diminué depuis 198110.  Si la moitié des Canadiens sont effectivement suffisamment actifs pour en tirer des avantages pour la santé, de telles tendances en ce qui concerne l'obésité et la condition physique ne devraient vraisemblablement pas s'observer. Ces résultats contre-intuitifs sont à l'origine de l'intérêt accru pour les données recueillies à l'aide de dispositifs comme les podomètres et les accéléromètres, celles-ci venant étayer les données autodéclarées sur l'activité physique.

Le Canada est l'un de plusieurs pays qui ont révisé récemment ou qui révisent actuellement leurs recommandations en matière d'activité physique5,11,12. Des efforts ont été déployés pour harmoniser les processus de révision et de recommandation des divers pays (p. ex., le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie) ainsi que de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)13,14. Cela a donné lieu à la recommandation voulant que les adultes consacrent au moins 150 minutes par semaine à de l'activité physique modérée à vigoureuse (APMV), en tranches d'au moins 10 minutes5,11-14. Les 150 minutes peuvent être cumulées de diverses façons (p. ex. , à raison de 30 minutes par jour, cinq jours par semaine). Les données d'accélérométrie de l'ECMS permettent une évaluation objective du nombre de Canadiens qui respectent cette recommandation.

Traditionnellement, les mesures de promotion de la santé visaient à promouvoir une participation d'intensité modérée et plus à l'activité physique durant les loisirs (APDL). Cependant, l'APDL ne représente qu'une petite partie du total des mouvements quotidiens; à présent, les chercheurs ont commencé à examiner les rôles du comportement sédentaire et des mouvements accessoires en ce qui a trait à l'obésité et à la santé 15-17. Ainsi, le temps consacré aux activités sédentaires n'est plus reconnu comme étant la simple absence d'activité physique, mais plutôt comme un ensemble distinct de comportements dont les effets particuliers sur la santé sont indépendants de ceux associés à un défaut d'APDL18-23. L'utilisation d'accéléromètres dans l'ECMS permet de quantifier le temps consacré à diverses intensités de mouvement, y compris à celle dite « sédentaire ».

Statistique Canada a lancé l'ECMS en 2007, en partenariat avec l'Agence de la santé publique du Canada et Santé Canada. Après une entrevue à domicile, les participants à l'enquête se sont rendus dans un centre d'examen mobile où ils ont été soumis à une série de mesures directes de la santé et reçu un accéléromètre qu'ils acceptaient de porter pendant une semaine. La présente étude décrit les niveaux d'activité physique mesurée chez les Canadiens adultes selon l'âge, le sexe et le poids corporel. L'observation des nouvelles recommandations en matière d'activité physique est également évaluée.

Méthodes

Source des données

L'Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS)24-27 est une enquête représentative de la population nationale qui englobe la population canadienne de 6 à 79 ans qui vivait dans un ménage privé au moment de l'enquête. Les habitants des réserves indiennes ou des terres de la Couronne, les personnes vivant en établissement, les habitants de certaines régions éloignées et les membres à temps plein des Forces canadiennes sont exclus. Environ 96 % des Canadiens sont représentés.

L'approbation déontologique de la tenue de l'enquête a été obtenue du Comité d'éthique de la recherche de Santé Canada25.  Un consentement éclairé a été obtenu par écrit de tous les participants à l'enquête. La participation était facultative; les participants pouvaient se retirer de toute partie de l'enquête en tout temps. Les données ont été recueillies dans 15 emplacements partout au Canada, de mars 2007 jusqu'à la fin de février 2009.

Le taux de réponse des ménages sélectionnés a été de 69,6 %, c'est-à-dire que dans le cas de 69,6 % des ménages, le sexe et la date de naissance de tous les membres du ménage ont été fournis par l'un des membres. Un ou deux membres de chaque ménage participant ont été sélectionnés pour participer à l'ECMS; 88,0 % des personnes de 20 à 79 ans sélectionnées ont rempli le questionnaire des ménages, et 83,1 % des membres de ce groupe ont participé à la composante du centre d'examen mobile. Parmi les adultes de 20 à 79 ans pour lesquels un moniteur d'activité était disponible, 91,7 % comptaient au moins une journée valide de données et 82,9 % comptaient au moins quatre jours valides. Après rajustement pour tenir compte de la stratégie d'échantillonnage26, le taux de réponse final pour l'échantillon comptant au moins quatre jours valides a été de 42,2 % (69,6 % x 88,0 % x 83,1 % x 82,9 %).

Le présent article est fondé sur 2 832 participants de 20 à 79 ans qui se sont rendus dans les centres d'examen mobiles et qui ont porté un moniteur pendant au moins quatre jours (tableau 1). Parmi ceux qui ont accepté de porter l'accéléromètre et qui l'ont retourné, 96,2 % avaient au moins une journée valide de données et 87,0 %, au moins quatre jours valides (tableau 2). Le temps de port quotidien moyen pour tous les jours valides était de 14,0 heures. Les personnes plus âgées, soit de 60 à 79 ans, avaient un temps de port quotidien plus court (13,5 heures) que les personnes de 20 à 39 ans (14,1 heures) (données non présentées).

Tableau 1  Certaines caractéristiques de l'échantillon pondéré, selon le groupe d'âge et le sexe, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 1 Certaines caractéristiques de l'échantillon pondéré, selon le groupe d'âge et le sexe, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Tableau 2  Répartition non pondérée des participants à l'enquête, selon le nombre de jours valides de port de l'accéléromètre (10 heures de port ou plus), le groupe d'âge et le sexe, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 2 Répartition non pondérée des participants à l'enquête, selon le nombre de jours valides de port de l'accéléromètre (10 heures de port ou plus), le groupe d'âge et le sexe, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Les résultats en matière d'activité physique sont présentés selon la situation de poids corporel. Les adultes ont été classés selon les fourchettes d'IMC publiées28,29, soit poids santé (de 18,5 à 24,9 kg/m2 ), embonpoint (de 25,0 à 29,9 kg/m2 ) et obésité (de 30,0 kg/m2 et plus).

Procédures de mesure

À la finde leur visite au centre d'examen mobile, on a demandé aux participants ambulatoires de porter un accéléromètre Actical (Phillips – Respironics, Oregon, É.-U.) retenu par une ceinture élastique à leur hanche droite durant leurs heures de veille pendant sept jours. Les moniteurs ont été initialisés de manière à commencer à recueillir des données le premier minuit suivant le rendez-vous au centre d'examen mobile.

Les moniteurs ont été renvoyés dans une enveloppe préaffranchie à Statistique Canada, où les données ont été téléchargées, et ils ont fait l'objet d'une vérification afin de déterminer s'ils respectaient toujours les spécifications du fabricant en matière de calibrage30.

L'Actical (dimensions : 2,8 x 2,7 x 1,0 centimètres; poids : 17 grammes) mesure et enregistre l'accélération dans toutes les directions, avec horodatage, indiquant ainsi l'intensité de l'activité physique. Les valeurs numérisées sont additionnées pendant un intervalle d'une minute précisé par l'utilisateur, ce qui donne lieu à un nombre de mouvements par minute (mpm). Les signaux de l'accéléromètre sont aussi convertis en pas par minute. L'Actical a été validé pour mesurer l'activité physique chez les adultes31 et chez les enfants32,33 ainsi que pour compter les pas chez les adultes et les enfants34. Les participants ne peuvent pas voir de données pendant qu'ils portent le dispositif.

On a évalué les données biologiquement non plausibles afin de déterminer s'il y avait lieu d'inclure les fichiers dans les analyses finales; les procédures concernant la gestion de données de ce genre sont décrites ailleurs30. On a suivi les lignes directrices publiées pour repérer et supprimer les jours comportant un temps de port de l'accéléromètre incomplet (non valide)30,38,39. Une journée valide a été définie comme comptant 10 heures ou plus de temps de port du moniteur; les données des participants qui comptaient quatre jours valides ou plus ont été conservées aux fins d'analyse38. Le temps de port a été défini en soustrayant de 24 heures le temps pendant lequel l'accéléromètre n'a pas été porté. Ce temps de non-port de l'accéléromètre a été défini comme une période d'au moins 60 minutes consécutives sans mouvement, qui admettait une période de 1 à 2 minutes compant un nombre de mouvements situé entre 0 et 100.

Le temps consacré à l'activité physique ou au mouvement d'intensités diverses – sédentaire, légère, modérée, vigoureuse – est fondé sur l'application d'un seuil d'intensité propre à chaque niveau d'intensité (tableau 3).

Tableau 3  Seuils d'intensité de l'activité physique pour l'accéléromètre ActicalTableau 3 Seuils d'intensité de l'activité physique pour l'accéléromètre Actical

On a examiné l'atteinte de différentes cibles en matière d'activité physique :

  1. La nouvelle recommandation canadienne et de l'OMS (mondiale) : 150 minutes d'APMV par semaine, cumulées en tranches de 10 minutes. Une « tranche » se disait de 10 minutes consécutives d'activité exercée au-delà du seuil d'intensité modérée, au cours desquelles on admettait jusqu'à deux minutes d'activité à une intensité inférieure au seuil (8 minutes sur 10 devaient se passer à une intensité supérieure à la valeur seuil)5,12-14.
    a)  L'atteinte a été définie comme une somme hebdomadaire de 150 minutes ou plus d'APMV. Si les participants comptaient de quatre à six jours valides, leur APMV quotidienne moyenne a été multipliée par 7 pour obtenir une somme hebdomadaire.
    b) L'atteinte a été définie comme étant la probabilité de cumuler au moins 30 minutes d'APMV cinq jours par semaine ou plus.
  2. 10 000 pas par jour40-42.

Pour déterminer la probabilité que les adultes cumulent au moins 30 minutes (ou 15 minutes) d'APMV cinq jours ou plus par semaine, l'approche analytique a été harmonisée avec celle utilisée aux fins de l'analyse des données d'accélérométrie de la NHANES de 2003-200438. Afin de maximiser la taille de l'échantillon (puisque seulement 48,4 % des membres de l'échantillon de 20 à 79 ans qui ont porté un accéléromètre comptaient sept jours de port valides), on a adopté une approche bayésienne de manière à intégrer les données de tous les participants qui comptaient quatre jours valides ou plus. La probabilité individuelle d'atteindre une cible (être actif au moins cinq jour sur sept) a été estimée au moyen d'une distribution bêta pour la combinaison observée de jours d'activité et de jours de port. La prévalence estimée de l'atteinte d'une cible dans la population est la moyenne pondérée des probabilités individuelles. D'autres détails sont fournis ailleurs (http://riskfactor.cancer.gov/tools/nhanes_pam)39.

Comparativement à d'autres modèles d'accéléromètres, l'Actical est un instrument plus fiable43 et sa capacité multidirectionnelle lui permet de saisir une plus grande fourchette de mouvements qu'un dispositif uniaxe comme l'Actigraph, modèle utilisé dans le contexte de la NHANES. En outre, l'Actical est à l'épreuve de l'eau, ce qui a peut-être favorisé la conformité aux exigences de port de l'appareil, puisque les participants n'avaient pas à enlever le dispositif aussi souvent au cours de la journée.

Analyse statistique

Toutes les analyses ont été exécutées en SAS, version 9.1, et sont fondées sur des données pondérées pour les participants comptant au moins quatre jours valides. Afin de tenir compte du plan de sondage de l'ECMS, les erreurs-types, les coefficients de variation et les intervalles de confiance à 95 % ont été estimés par la méthode du bootstrap 44. On a effectué des comparaisons de l'activité physique entre les groupes d'âge et de sexe en ayant recours à l'appariement par paires. Les différences entre les estimations ont été soumises à des tests de signification statistique, en fonction du seuil de signification de p<0,05.

Résultats

L'âge, le sexe et l'IMC

Les Canadiens consacrent la majorité de leurs heures de veille, soit 68 % pour les hommes et 69 % pour les femmes, à des activités sédentaires. En moyenne, le temps quotidien total d'activité sédentaire est de 575 minutes (9,6 heures) pour les hommes et de 585 minutes (9,8 heures) pour les femmes (tableau 4). Dans l'ensemble, les hommes et les femmes s'adonnent à environ quatre heures par jour d'activité physique d'intensité légère.

Tableau 4  Nombre moyen de minutes consacrées par jour à l'activité physique de divers niveaux d'intensité et nombre moyen de pas cumulés par jour, selon le sexe, le groupe d'âge et la catégorie d'IMC, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 4 Nombre moyen de minutes consacrées par jour à l'activité physique de divers niveaux d'intensité et nombre moyen de pas cumulés par jour, selon le sexe, le groupe d'âge et la catégorie d'IMC, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

De 20 à 39 ans, les hommes cumulent plus d'APMV que les femmes, soit 33 minutes par rapport à 24 minutes par jour; aucune différence entre les sexes ne s'observe chez les 40 à 79 ans. Les hommes ayant un poids santé consacrent en moyenne 35 minutes par jour à l'APMV, tandis que ceux faisant de l'embonpoint et ceux étant obèses y consacrent en moyenne nettement moins de temps, soit 26 et 19 minutes, respectivement. Les femmes ayant un poids santé cumulent en moyenne 25 minutes d'APMV par jour, comparativement à 20 minutes pour celles faisant de l'embonpoint et à 13 minutes pour les femmes obèses.

Respect des recommandations

Selon les données de l'ECMS, 15 % des adultes (17 % des hommes et 14 % des femmes) cumulent 150 minutes d'APMV par semaine, en tranches de 10 minutes (tableau 5). Le pourcentage d'adultes qui cumulent 150 minutes sur une base régulière, soit au moins 30 minutes cinq jours par semaine ou plus, est de 5 %. Dans l'ensemble, environ la moitié (53 %) cumulent au moins 30 minutes d'APMV un jour ou plus par semaine, mais une proportion presque égale (47 %) le font moins d'une fois par semaine (tableau 6).

Tableau 5  Pourcentage satisfaisant à certains critères d'activité physique, selon le groupe d'âge et le sexe, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 5 Pourcentage satisfaisant à certains critères d'activité physique, selon le groupe d'âge et le sexe, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Tableau 6  Pourcentage satisfaisant à certains critères d'activité physique, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 6 Pourcentage satisfaisant à certains critères d'activité physique, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Nombre de pas

Les hommes font en moyenne 9 500 pas par jour et les femmes, 8 400 (tableau 4). La moyenne quotidienne est nettement inférieure chez les 60 à 79 ans, soit de 7 900 pas pour les hommes et de 7 000 pas pour les femmes. Une différence significative s'observe entre les sexes seulement dans le groupe des 40 à 59 ans (10 000 par rapport à 8 700 pas par jour). Les hommes et les femmes obèses cumulent un nombre significativement plus faible de pas par jour que les adultes ayant un poids santé. À peine plus du tiers (35 %) des adultes cumulent en moyenne 10 000 pas par jour, les adultes plus âgés étant nettement moins susceptibles que les 20 à 39 ans de le faire (tableau 5).

Discussion

Le présent article, qui est fondé sur les données tirées des premières mesures objectives de l'activité physique auprès d'un échantillon représentatif de Canadiens, donne un aperçu des niveaux d'activité physique des Canadiens de 20 à 79 ans. La conclusion la plus importante est que 15 % des adultes respectent la recommandation révisée en matière d'activité physique. Toutefois, les adultes canadiens consacrent la majorité de leurs heures de veille, soit 69 %, à des activités sédentaires.

Pour obtenir d'importants bienfaits sur le plan de la santé, les nouvelles lignes directrices canadiennes et de l'OMS5,12,13 recommandent que les adultes cumulent au moins 150 minutes d'APMV par semaine, un niveau atteint par 17 % des hommes et 14 % des femmes, selon les données de l'ECMS. Une part importante des preuves recueillies à l'appui de la recommandation de 150 minutes par semaine donne à penser que l'activité physique fréquente est importante pour la santé (c.-à-d. que les 150 minutes devraient s'étendre sur plusieurs jours)5. La proportion de Canadiens adultes qui respectent la recommandation de 150 minutes par semaine en cumulant au moins 30 minutes d'APMV cinq jours par semaine ou plus est d'environ 5 %.

Les données de l'ECMS donnent une idée de la façon de communiquer les recommandations en matière d'activité physique sous forme de messages pratiques. Bien qu'il soit utile de savoir que 5 % des Canadiens adultes cumulent 30 minutes d'APMV cinq jours par semaine, on peut en apprendre davantage en examinant dans quelle mesure les 95 % qui restent respectent cette recommandation. Bon nombre d'adultes font un peu d'activité physique, puisque 63 % cumulent 15 minutes d'APMV au moins une journée par semaine. Toutefois, cela signifie que plus du tiers (37 %) n'atteignent même pas ce modeste niveau d'activité. Ces résultats indiquent des cibles d'intervention et donnent à penser qu'il est nécessaire d'encourager une proportion importante de Canadiens adultes à accroître la durée ainsi que la fréquence de leur APMV.

Selon les données sur l'activité physique mesurée objectivement45 tirées de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) de 2005-2006, 3 % des Américains de 20 à 59 ans cumulaient au moins 30 minutes d'APMV en tranches de 10 minutes cinq jours sur sept. Les données provenant de l'ECMS pour la même fourchette d'âge montrent que la prévalence estimée est légèrement plus élevée chez les hommes canadiens de 20 à 59 ans (6 %), comparable chez les femmes canadiennes de 20 à 39 ans (3 %) et plus élevée chez les femmes canadiennes de 40 à 59 ans (5 %). Les États-Unis et le Canada se trouvent tous deux aux prises avec des tendances inquiétantes en matière d'obésité et de maladie chronique. L'harmonisation de la surveillance de la santé entre ces deux pays pourrait permettre d'évaluer et de mettre en vigueur plus efficacement les efforts déployés pour encourager l'activité physique.

Le résultat de l'ECMS selon lequel 15 % des adultes respectent la recommandation de 150 minutes d'APMV par semaine diffère de façon marquée des données autodéclarées. Selon l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, plus de la moitié des adultes sont au moins « modérément actifs » durant leurs loisirs1,6,7. Vu la mise en œuvre de mesures objectives de l'activité physique dans le cadre d'initiatives de surveillance de la population telles que l'ECMS, il est essentiel d'examiner et de comprendre les différences attendues et significatives entre les mesures autodéclarées et les mesures objectives. Les données autodéclarées sont sujettes à un biais46-49, habituellement attribuable aux difficultés de remémoration et à l'effet de la désirabilité sociale. Quant à eux, les accéléromètres sont d'une utilisation limitée, puisqu'ils ne permettent pas de saisir certains types de mouvements (p. ex. , mouvements de la partie supérieure du tronc, natation), en raison d'un biais éventuel tenant à l'application de seuils d'intensité du mouvement de marche, et à cause de l'absence de renseignements contextuels sur la façon dont l'activité physique est cumulée. Une surveillance de la population qui tire parti des avantages de chaque méthode est une approche souhaitable.

Selon les données de l'ECMS, environ le tiers des hommes et des femmes au Canada atteignent la cible bien connue de 10 000 pas par jour comptés par le podomètre. L'homme moyen fait environ 9 500 pas par jour et la femme moyenne, 8 400 pas. Ces chiffres sont similaires aux résultats de la NHANES de 2005-2006, selon lesquels les Américains adultes font en moyenne 9 700 pas par jour50. La collecte et la déclaration des données tirées de la fonction podomètre de l'Actical offrent certains avantages particuliers. Par exemple, les podomètres sont maintenant couramment utilisés et relativement peu coûteux. En outre, d'un point de vue conceptuel, les résultats podométriques sont plus faciles à comprendre que les données sur le nombre de mouvements par minute et, par conséquent, pourraient se prêter davantage à différents contextes liés à la santé et à la condition physique.

De plus en plus, l'activité « sédentaire » est définie comme un sous-ensemble distinct d'activités plutôt que la simple absence d'activité physique voulue se pratiquant à une intensité modérée ou vigoureuse23.  Le comportement sédentaire englobe une large gamme d'activités (p. ex., rester assis au travail, regarder la télévision, manger) qui ont lieu par intermittence au cours de la journée17. Selon les données de l'ECMS, la majeure partie (69 %) du temps de port de l'accéléromètre par les Canadiens adultes est consacrée aux activités sédentaires. Cette valeur est supérieure aux estimations se dégageant des analyses américaines fondées sur les données de la NHANES de 2003-200451 et de 2005-200645, selon lesquelles entre 50 % et 60 % de la journée est consacrée aux activités sédentaires. Étant donné que les Canadiens adultes se situent à l'extrémité sédentaire de l'échelle de mouvement pendant une si grande partie de leur journée15, une surveillance permanente de ce comportement s'impose. Les données de l'ECMS sur le temps sédentaire constituent des données de référence objectives qui permettent de suivre et d'évaluer les changements résultant des interventions et des initiatives stratégiques.

Limites

Les accéléromètres présentent plusieurs limites importantes, notamment la possibilité que l'activité globale soit sous-estimée, ce qui tient au fait que ces appareils ne peuvent saisir de façon précise les activités non fondées sur des pas (p. ex. , la natation, la bicyclette). En outre, les accéléromètres ne mesurent pas la dépense supplémentaire d'énergie associée aux mouvements de la partie supérieure du tronc (p. ex. , faire de l'haltérophilie, pelleter la neige), aux efforts de port de poids ou aux efforts d'ascension. En revanche, la marche est beaucoup plus répandue que la natation, la bicyclette ou la musculation chez les Canadiens adultes52.

À l'heure actuelle, la quantité appropriée d'activité physique requise pour en ressentir des bienfaits sur le plan de la santé est fondée sur les données épidémiologiques d'enquêtes par autodéclaration. L'écart entre l'APDL autodéclarée et l'APMV mesurée par accéléromètre n'est pas bien compris et constitue un important domaine de recherche pour l'avenir. Par exemple, un participant à l'enquête qui déclare avoir participé à un match de hockey de 60 minutes pourrait n'avoir cumulé que de 20 à 30 minutes d'APMV à l'accéléromètre. Afin de transformer les données d'accélérométrie brutes en données utilisables, il faut des seuils d'intensité qui permettent de répartir les données en activité sédentaire, légère, modérée ou vigoureuse. Mais comme les articles publiés pouvant servir à l'établissement de seuils pour l'Actical chez les adultes sont peu nombreux, les seuils utilisés ici sont fondés sur un petit nombre d'études36,37.

Le taux de réponse global à la composante accélométrie de l'ECMS a été de 42,2 %. Malgré les rajustements apportés aux poids d'échantillonnage pour compenser, les estimations pourraient être biaisées s'il existe des différences systématiques entre les participants et les non-participants à l'enquête. Par exemple, comme les non-participants avaient tendance à être plus jeunes, de sexe masculin et plus obèses que les personnes qui ont porté l'accéléromètre pendant quatre jours ou plus, ils pourraient être moins actifs. Ainsi, les données de l'analyse sur l'activité physique pourraient être légèrement surestimées.

Conclusion

Les données d'accélérométrie de l'ECMS montrent que les Canadiens sont moins actifs que ne le laissent supposer les estimations autodéclarées. Compte tenu des nouvelles possibilités qu'offrent ces données, il faudra réexaminer les liens entre l'activité physique et la santé. Grâce à la vaste gamme de résultats en matière de santé qui sont évalués dans l'ECMS, les chercheurs pourront examiner les répercussions de l'activité physique et du comportement sédentaire sur la santé avec beaucoup plus d'objectivité qu'il n'a été possible de le faire jusqu'ici. L'étude de ces relations s'impose afin d'éclairer la conception, l'exécution et la priorité des initiatives de promotion d'une vie active en santé. La collecte de longue durée de mesures de l'activité physique permettra également d'évaluer l'efficacité des interventions en matière de santé.