Section 2 : Survol des affaires de violence familiale déclarées par la police au Canada, 2014
par Dyna Ibrahim
La violence familiale est un enjeu qui touche à la fois la victime, l’unité familiale et la société dans son ensemble. Elle est liée à plusieurs conséquences à long terme sur les personnes, telles que le risque de développer une maladie chronique, la consommation d’alcool et de drogues, la perte d’emploi menant à la précarité économique, le rendement scolaire, l’intégration sociale ainsi que les répercussions sur le plan médical et social à l’échelle de la société (ministère de la Justice du Canada, s.d.; Organisation mondiale de la Santé, 2002; Alliance pour la prévention de la violence, 2012; Initiative de lutte contre la violence familiale, 2010; Wathen, 2012). Dans le cadre de l’Initiative de lutte contre la violence familiale, le gouvernement du Canada surveille les affaires de violence familiale dans le but de prévenir la violence familiale et d’intervenir dans ces affaires au Canada (Initiative de lutte contre la violence familiale, 2010).
Dans la présente section, le terme « famille » désigne les liens définis par le sang, par le mariage, par l’union libre, par le placement en famille d’accueil ou par l’adoption, alors que le terme « violence familiale » désigne les infractions avec violence prévues au Code criminel qui sont portées à l’attention de la police et dont l’auteur est un membre de la famille. Bien que la définition de la violence familiale utilisée dans le présent rapport ne comprenne pas les fréquentations, le rapport inclut celles-ci dans les résultats présentés à la section « Affaires de violence entre partenaires intimes déclarées par la police », dans le cadre de laquelle la violence entre partenaires amoureux est incluse dans l’analyse. Il convient de souligner que de nombreuses études ont permis d’établir un nombre important de similitudes entre la violence entre partenaires amoureux et la violence conjugale (National Center for Injury Prevention and Control, 2014; Adam et autres, 2011).
Fondée sur les données déclarées par la police dans le cadre du Programme de déclaration uniforme de la criminalité et de l’Enquête sur les homicides de 2014, cette section consiste en un survol et présente les principales constatations à l’échelle provinciale et nationale sur la nature et la prévalence de la violence familiale déclarée par la police au Canada, les types d’infractions commises par les membres de la famille, le lien de l’auteur présumé avec la victime, ainsi que les facteurs de risque sociodémographiques liés à la violence familiale, tels que l’âge et le sexe. Les faits saillants présentés dans cette section donnent un aperçu général de la violence familiale, ainsi que des constatations principales liées aux caractéristiques des victimes abordées dans le reste du rapport, c’est-à-dire les partenaires intimes, les enfants et les jeunes ainsi que les aînés.
La présente section porte sur tous les types d’infractions avec violence prévues au Code criminel qui ont été portées à l’attention de la police en 2014, allant des menaces aux homicides, en passant par la violence physique et sexuelle. Les crimes sans violence, comme le vol et la fraude, toutes les formes de violence qui n’ont pas été corroborées par la police, ainsi que la conduite qui n’est pas visée par le Code criminel, ne sont pas compris dans cette section. De plus, l’analyse fondée sur les données de l’Enquête sur les homicides exclut les homicides qui n’ont pas été résolus par la police. Bien que la présente section contienne des renseignements contextuels importants sur les affaires de violence familiale qui sont portées à l’attention de la police, il se peut qu’elle présente un portrait sous-estimé de la portée réelle de la violence familiale au Canada.
Sauf indication contraire, tous les taux indiqués dans la présente section sont calculés pour 100 000 personnes. La section « Description de l'enquête » contient des renseignements sur les sources de données et les méthodes d’enquête ainsi que des définitions.
Début de l'encadré
Faits saillants
Les personnes de sexe féminin sont deux fois plus susceptibles que celles de sexe masculin d’être victimes de violence familiale déclarée par la police
- En 2014, plus du quart (26 %) des victimes de crimes violents déclarés par la police ont été agressées par un conjoint, un parent, un enfant, un frère ou une sœur, ou un autre membre de la famille immédiate ou élargie. Cela représente plus de 85 000 victimes de violence familiale (tableau 2.1).
- Comme les années précédentes, parmi les victimes de violence familiale déclarée par la police en 2014, près de 7 victimes sur 10 étaient de sexe féminin (68 %), qu’il s’agisse de jeunes filles ou de femmes (tableau 2.1).
- Un peu moins de la moitié (48 %) des victimes de violence familiale déclarée par la police ont été agressées par un conjoint ou un ex-conjoint, alors que près de 1 victime sur 5 a été agressée par un parent (18 %) (tableau 2.1).
- Les femmes victimes de violence familiale (56 %) étaient plus susceptibles d’avoir été agressées par un conjoint que les hommes victimes (31 %). Toutefois, les victimes masculines étaient plus susceptibles d’avoir été agressées par un parent (24 %) ou un membre de la famille élargie (18 %) que les victimes féminines (15 % et 11 % respectivement) (tableau 2.1).
- Peu importe leur âge, les personnes de sexe féminin étaient plus à risque de subir de la violence familiale que leurs homologues de sexe masculin. Le taux de violence familiale à l’endroit des personnes de sexe féminin (327,6 pour 100 000) était le double du taux observé chez leurs homologues de sexe masculin (157,7). L’écart entre le taux de violence familiale commise contre des personnes de sexe féminin et le taux observé chez les personnes de sexe masculin augmentait avec l’âge jusqu’à 30 à 34 ans, âge auquel l’écart était le plus grand; le taux de violence familiale contre les femmes (579,4) était plus de trois fois supérieur à celui observé chez les hommes (192,3). Les taux de violence familiale déclarée par la police dont les victimes étaient de sexe féminin étaient principalement attribuables à la violence conjugale. Les victimes féminines de violence familiale déclarée par la police ont le plus souvent été agressées par un conjoint (56 %), comparativement aux autres membres de la famille (tableau 2.2).
Près des trois quarts des victimes de violence familiale déclarée par la police ont été agressées physiquement
- La majorité des victimes de violence familiale déclarée par la police ont subi des voies de fait (73 %). Parmi celles-ci, 4 victimes sur 5 (80 %) ont subi des voies de fait simples (niveau 1). Ensemble, les menaces (11 %) et les infractions sexuelles (8 %) ont touché près de 1 personne sur 5 parmi les victimes de violence familiale déclarée par la police en 2014 (tableau 2.3).
- En 2014, les infractions sexuelles (10 %) et le harcèlement criminel (5 %) étaient plus de deux fois plus courants chez les femmes victimes de violence familiale déclarée par la police que chez leurs homologues de sexe masculin (4 % et 2 % respectivement). Les voies de fait majeures (niveaux 2 et 3) étaient toutefois plus fréquentes chez les victimes masculines de violence familiale déclarée par la police que chez leurs homologues de sexe féminin (19 % par rapport à 11 %) (tableau 2.3).
La Saskatchewan affiche le plus fort taux de violence familiale parmi les provinces
- Comme c’était le cas pour le taux de criminalité global (Boyce, 2015), les plus forts taux de violence familiale déclarée par la police ont été enregistrés dans les territoires. Plus particulièrement, le Nunavut (2 491,0 pour 100 000 personnes) a affiché le plus haut taux de violence familiale, suivi des Territoires du Nord-Ouest (1 897,1) et du Yukon (911,6) (tableau 2.4).
- Parmi les provinces canadiennes, la Saskatchewan (486,7 pour 100 000 personnes) a affiché le taux le plus élevé de violence familiale déclarée par la police, soit le double du taux enregistré pour l’ensemble du pays (243,1). Par comparaison, l’Ontario (154,8) et l’Île-du-Prince-Édouard (157,1) ont affiché les plus faibles taux de violence familiale (tableau 2.4).
- Selon les données policières, en 2014, le taux de voies de fait et d’agressions sexuelles aux mains d’un membre de la famille a diminué de 3 % au Canada entre 2013 et 2014. L’Île-du-Prince-Édouard a affiché la plus forte baisse d’une année à l’autre (-18 %), suivie du Nouveau-Brunswick (-9 %) et de la Colombie-Britannique (-9 %) (tableau 2.5).
- Les Canadiens vivant dans des régions métropolitaines de recensement (RMR) étaient généralement moins susceptibles d’être victimes de violence familiale déclarée par la police (191,4) que ceux vivant dans d’autres régions (365,3). Parmi les RMR en 2014, le Saguenay (342,8) a affiché le plus fort taux de violence familiale déclarée par la police de toutes les RMR; venaient ensuite Gatineau (327,2), Thunder Bay (315,6) et Saint John (314,4). Les RMR ontariennes d’Ottawa (93,9), de St. Catharines–Niagara (110,5), de London (116,5) et de Guelph (122,3) figuraient, tout comme l’année précédente, parmi les RMR ayant enregistré les plus faibles taux de violence familiale déclarée par la police (tableau 2,6).
Le taux d’homicides dans la famille se situe à son niveau le plus bas en 30 ans
- De 2009 à 2014, peu importe le lien de l’auteur présumé avec la victime, le taux de violence familiale déclarée par la police n’a cessé de diminuer, ayant reculé de 16 %; il est passé de 227,0 pour 100 000 personnes en 2009 à 191,2 en 2014 (tableau 2.7).
- En 2014, les données policières ont révélé le plus faible taux d’homicides dans la famille observé depuis les 30 dernières années (3,7 pour 1 million de personnes). Toutefois, les femmes (4,8) sont demeurées plus susceptibles d’être tuées par un membre de la famille que les hommes (2,6) (tableau 2.8).
Fin de l'encadré
Tableaux de données détaillés
Tableau 2.1 Victimes d’un crime violent déclaré par la police, selon le sexe de la victime et le lien de l’auteur présumé avec celle-ci, Canada, 2014
Tableau 2.2 Taux de violence familiale déclarée par la police, selon le sexe et le groupe d'âge de la victime, Canada, 2014
Tableau 2.3 Victimes de violence familiale déclarée par la police, selon le sexe de la victime et le type d’infraction, Canada, 2014
Tableau 2.4 Taux de violence familiale déclarée par la police, selon la province et le territoire, 2013 à 2014
Tableau 2.5 Victimes de violence familiale déclarée par la police, selon les voies de fait et les agressions sexuelles et la province et le territoire, 2014
Tableau 2.6 Victimes de violence familiale déclarée par la police, selon le sexe de la victime et la région métropolitaine de recensement, 2014
Tableau 2.7 Victimes de certaines infractions commises envers des membres de la famille et déclarées par la police, Canada, 2009 à 2014
Tableau 2.8 Taux d'homicides commis par un membre de la famille, selon le sexe de la victime, Canada, 1984 à 2014
Références
ADAM, Emma K., et autres. 2011. « Adverse adolescent relationship histories and young adult health: Cumulative effects of loneliness, low parent support, relationship instability, intimate partner violence, and loss », Journal of Adolescent Health, vol. 49, no 3, p. 278 à 286.
Alliance pour la prévention de la violence. 2012. Plan d’action pour la Campagne mondiale pour la prévention de la violence 2012-2020, Organisation mondiale de la Santé (site consulté le 19 novembre 2015).
BOYCE, Jillian. 2015. « Statistiques sur les crimes déclarés par la police au Canada, 2014 », Juristat, produit no 85-002-X au catalogue de Statistique Canada.
Initiative de lutte contre la violence familiale. 2010. Rapport sur le rendement de l’Initiative de lutte contre la violence familiale d’avril 2004 à mars 2008, Centre national d’information sur la violence dans la famille, Agence de la santé publique du Canada (site consulté le 19 novembre 2015).
Ministère de la Justice du Canada. sans date. « La violence familiale », Violence familiale, dernière mise à jour le 5 février 2013 (site consulté le 10 décembre 2015).
National Center for Injury Prevention and Control. 2014. Understanding teen dating violence fact sheet, Centers for Disease Control and Prevention (site consulté le 19 novembre 2015).
Organisation mondiale de la Santé. 2002. Rapport mondial sur la violence et la santé : résumé, Organisation mondiale de la Santé (site consulté le 19 novembre 2015).
WATHEN, Nadine. 2012. La victimisation avec violence : répercussions sur la santé des femmes et des enfants, produit no J2-377/2013F-PDF au catalogue du ministère de la Justice du Canada (site consulté le 19 novembre 2015).
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