La crainte de la criminalité et le contexte du quartier dans les villes canadiennes

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par Robin Fitzgerald, Statistics Canada, Centre canadien de la statistique juridique

De nombreuses études ont montré que les conséquences négatives de la criminalité ne touchent pas seulement les victimes d'actes criminels (Gardner, 2008; Sacco, 1995). Plus particulièrement, la crainte de la criminalité est considérée comme un problème social très répandu qui peut avoir un effet sur la santé et le bien-être des gens. En outre, à un échelon plus général, la crainte de la criminalité peut avoir une incidence sur la qualité de la vie dans les collectivités locales en limitant l'interaction entre les résidents et la confiance qu'ils ont les uns envers les autres (Conklin, 1975; Ross, 1993; Skogan, 1990).

La plupart des travaux de recherche canadiens ont visé à connaître les caractéristiques des personnes qui risquent le plus d'avoir peur du crime. Ces travaux ont régulièrement indiqué qu'en moyenne, les femmes et les Canadiens plus âgés déclarent des niveaux de crainte plus élevés dans les collectivités locales (Sacco, 1995). D'autres recherches ont laissé entendre que les femmes et les personnes plus âgées affichent des niveaux plus élevés de la crainte de la criminalité, quels que soient le revenu, le niveau de scolarité ou les expériences personnelles de victimisation (Garofalo et Laub, 1978).

Plus récemment, des études de villes américaines ont porté à croire qu'il pourrait également être important de considérer le contexte du quartier si l'on veut comprendre les caractéristiques de la crainte de la criminalité au Canada pour deux raisons. D'abord, certains aspects des conditions socioéconomiques des quartiers peuvent être directement liés aux comportements et aux perceptions des gens, quelles que soient leurs caractéristiques personnelles (Sampson, Raudenbush et Earls, 1997). Ensuite, les perceptions qu'ont les gens de l'étendue de la criminalité et du désordre social dans leur quartier (c.-à-d. les signes perçus d'incivilités comme la prostitution, la toxicomanie, le flânage et le vandalisme) peuvent expliquer les différences entre les niveaux de crainte qui subsistent même lorsque l'on tient compte des caractéristiques des quartiers et des personnes (Wyant, 2008).

Cette étude a pour objet de fournir des renseignements sur la mesure dans laquelle la crainte de la criminalité varie selon le quartier dans les régions urbaines du Canada, et de déterminer si les caractéristiques des personnes et des quartiers peuvent expliquer ces différences.

Au moyen des données de l'Enquête sociale générale (ESG) de 2004 sur la victimisation et du Recensement de 2001, la présente étude aborde ces questions en tenant compte des renseignements propres aux personnes et aux quartiers en même temps. On accomplit cela au moyen de techniques de modélisation par régression multiniveau, une stratégie qui est nécessaire pour prendre en compte les complications statistiques qui surviennent lorsque les individus sont regroupés en unités plus grandes, comme des quartiers (voir « Analyse multiniveau » à la section « Méthodes »).