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  1. Introduction
  2. Méthodologie
  3. Mesure du changement technologique
  4. Changements technologiques dans le secteur privé
  5. Changements technologiques dans les organisations du secteur public
  6. Comparaison des changements technologiques dans les secteurs privé et public
  7. Principaux résultats et discussion
  8. Bibliographie

1   Introduction

Afin de demeurer concurrentielles sur la scène mondiale, les entreprises contemporaines doivent être prêtes à s'adapter et à évoluer à tout moment. Les organisations publiques doivent également évoluer afin d'offrir des services plus efficaces et efficients. L'adoption de technologies et de pratiques plus récentes et plus perfectionnées permet aux entreprises du secteur privé et aux organisations publiques d'accroître leur capacité de production, d'améliorer leur productivité et d'étendre leurs gammes de biens et de services. La portée de l'acquisition de nouvelles technologies est donc un indicateur qu'il est important de mesurer et d'analyser.

La contribution des changements technologiques à l'économie est un sujet auquel s'intéressent depuis longtemps les chercheurs universitaires et les analystes des politiques. Le présent article offre une analyse des changements technologiques dans l'économie canadienne fondée sur des données provenant de l'Enquête sur le commerce électronique et la technologie de 2006 dans le cadre de laquelle on a demandé aux entreprises d'indiquer de quelle manière elles avaient introduit des technologies substantiellement améliorées.

L'article explore les différences d'utilisation des diverses méthodes d'introduction de technologies substantiellement améliorées, selon la taille de l'entreprise ou de l'organisation et selon le secteur industriel dans le secteur privé ainsi que public, et permet de mieux comprendre l'utilisation des méthodes d'introduction de ces technologies dans l'économie canadienne.

Il débute par une brève présentation des travaux portant sur l'adoption des technologies exécutés antérieurement. Vient ensuite une description de la méthodologie utilisée, ainsi que des concepts appliqués dans l'analyse. Sont ensuite présentés les résultats analytiques de l'examen des changements technologiques dans le secteur privé dans son ensemble, selon le secteur industriel et selon la taille de l'entreprise, et dans le secteur public dans son ensemble, selon le secteur industriel et selon la taille de l'organisation. Ils sont suivis d'une comparaison des changements technologiques dans les secteurs privé et public. L'article se termine par une discussion des résultats analytiques et des futurs travaux d'analyse qui pourraient être entrepris.

Revue de la littérature

L'introduction et l'adoption des technologies est une activité novatrice importante. Les études s'appuyant sur les résultats des enquêtes sur le secteur de la fabrication révèlent que les établissements manufacturiers qui utilisent des technologies de pointe sont plus performants que ceux qui ne le font pas (Baldwin, Diverty et Sabourin, 1995; Baldwin et Sabourin, 2001, 2004; Baldwin et coll., 2003). Ces études montrent aussi que l'adoption de technologies de pointe dans le secteur de la fabrication se traduit par l'offre de meilleurs emplois et de traitements et salaires plus élevés que ceux proposés par les établissements qui n'adoptent pas ces technologies. L'accroissement de la part de marché aux dépens des établissements qui n'adoptent pas les nouvelles technologies et l'avantage plus grand en ce qui concerne la productivité du travail sont d'autres constatations qui émanent de ces études. L'adoption des technologies de pointe a une incidence sur la performance de l'entreprise.

L'Enquête sur le commerce électronique et la technologie a fourni des données sur l'utilisation des technologies et, par conséquent, les changements technologiques dans les industries du secteur privé et dans les institutions publiques. Selon diverses études, quatre organisations du secteur public sur cinq ont adopté des technologies substantiellement améliorées (Earl, 2001, 2002a, 2002b, 2004b, 2004c). Par contre, moins de la moitié des entreprises du secteur privé en ont fait de même (Earl, 2002a, 2002b, 2004a et 2004b). Autrement dit, le pourcentage d'organisations adoptant des technologies substantiellement améliorées était deux fois plus élevé dans le secteur public que dans le secteur privé (Earl, 2002a, 2004b, 2004c). Dans ce dernier, le secteur producteur de biens était tout aussi susceptible que le secteur producteur de services d'acquérir des technologies substantiellement améliorées (Earl, 2002b, 2004a, 2004b).

Même si les technologies sont achetées telles quelles, les entreprises doivent posséder les capacités internes requises pour les intégrer avec succès, faute de quoi elles risquent d'échouer (Montgomery et Levine, 1996). Dans leur étude des technologies de fabrication de pointe, Arundel et Sonntag (2001) ont constaté que la méthode d'introduction des technologies de pointe dans une entreprise était un indicateur des capacités internes de l'entreprise, en particulier des capacités d'étude de procédés. Selon eux, environ la moitié seulement des utilisateurs de technologies de fabrication de pointe achetaient ces technologies telles quelles (46,1 %), le quart adaptaient ou modifiaient considérablement des technologies existantes (25,7 %) et l'autre quart (28,2 %) développaient de nouvelles technologies.

L'adoption et l'utilisation de technologies de pointe a été le sujet d'études pendant des décennies (von Hippel, 1988). Statistique Canada a réalisé sa première enquête sur l'utilisation, ainsi que les prévisions d'utilisation des technologies en 1987 (Statistique Canada, 1987) et des enquêtes comparables ont été réalisées aux États-Unis, en Australie et dans certains autres pays (Ducharme et Gault, 1992). À partir de 1989, les enquêtes ont compris des questions sur les méthodes d'adoption des technologies qui ont illustré le rôle joué par l'utilisateur dans le processus d'adoption. Puisque les utilisateurs des technologies peuvent adopter celles-ci en les achetant, en les modifiant ou en les créant, les entreprises adopteuses peuvent être classifiées comme étant novatrices au niveau de l'entreprise, au niveau du marché ou au niveau mondial (OCDE/Eurostat, 2005).

De plus en plus d'études ont été publiées sur le phénomène d'« innovation amorcée par l'utilisateur ». Von Hippel (2005) soutient que les modèles classiques d'innovation font du consommateur le maillon final d'une chaîne de valeur. Dans ce modèle, les utilisateurs peuvent choisir parmi les produits, mais ont peu d'influence sur la conception ou la création de ces derniers. Les fabricants créent les produits et les industries de services fournissent des services en se fondant sur les besoins cernés par les fournisseurs de ces biens et services. Toutefois, les besoins des utilisateurs sont hétérogènes, ce qui pose un dilemme aux producteurs en série, aux fournisseurs de services standard et aux utilisateurs qui dépendent de ces fournisseurs pour mener leurs affaires. Si les biens et services existants ne répondent pas à leurs besoins, les utilisateurs doivent rechercher leurs propres solutions, qui comprennent l'adaptation des technologies existantes ou le développement de nouvelles technologies. Lorsque ces technologies sont produites en vue de faire partie intégrante des opérations de l'usine plutôt que dans le but premier d'être un produit destiné à la vente, on donne au phénomène le nom d'« innovation amorcée par l'utilisateur » (von Hippel, 2005).

Le présent article permettra de mieux comprendre l'introduction des technologies grâce à l'élaboration d'indicateurs statistiques des diverses méthodes suivies pour les introduire et de déterminer si ces méthodes diffèrent selon la taille de l'établissement ou le secteur industriel auquel il appartient ou selon qu'il s'agit d'un établissement du secteur privé ou du secteur public.

2   Méthodologie

2.1  À propos de l'Enquête sur le commerce électronique et la technologie

La présente étude est fondée sur des données provenant de l'Enquête sur le commerce électronique et la technologie (ECET), qui recoupe les divers secteurs économiques et a pour champ d'observation la plupart des secteurs industriels du Système de classification des industries de l'Amérique du Nord (SCIAN), sauf les administrations publiques locales. L'enquête a pour entité de collecte l'entreprise statistique et pour base de sondage le Registre des entreprises de Statistique Canada. En 2006, le questionnaire a été envoyé à environ 19 000 entreprises dont les revenus étaient supérieurs à une limite spécifiée (100 000 $ ou 250 000 $, selon le secteur). La qualité des estimations a été évaluée en se basant sur une combinaison de l'erreur-type et des taux d'imputation. Seules les estimations d'une qualité suffisante pour être publiées ont été utilisées dans l'analyse 1 .

Pour les besoins de l'étude, trois catégories de taille d'entreprise ont été créées pour le secteur privé, à savoir petite (de 0 à 19 employés), moyenne (de 20 à 249 employés) et grande (au moins 250 employés). Dans le cas du secteur public, les catégories de taille d'organisation étaient petite (de 1 à 99 employés), moyenne (de 100 à 499 employés) et grande (au moins 500 employés).

Dans la présente étude, 18 secteurs industriels ont été pris en considération pour produire les estimations pour les entreprises privées. Ces 18 secteurs ont été divisés en deux grands agrégats, à savoir le secteur producteur de biens et le secteur producteur de services. En outre, le secteur producteur de services est ventilé en un sous-secteur des services associés aux biens et un sous-secteur des services incorporels 2 . Les organisations du secteur public sont réparties en trois secteurs, à savoir les services d'enseignement (SCIAN 61), les soins de santé et l'assistance sociale (SCIAN 62) et les administrations publiques (SCIAN 91).

Toutes les comparaisons d'estimations présentées dans l'article ont été évaluées afin de déterminer si les écarts étaient statistiquement significatifs. La valeur de l'erreur-type de chaque estimation fournit un intervalle de confiance de l'estimation, c'est-à-dire la probabilité que l'estimation soit comprise dans l'intervalle donné dans 95 cas sur 100. En cas de chevauchement des intervalles de confiance des estimations individuelles, celles-ci sont considérées comme ne différant pas de manière statistiquement significative l'une de l'autre. Les intervalles de confiance des estimations présentés dans les graphiques sont représentés par des barres qui s'étendent au-dessus et en dessous de l'estimation proprement dite.

3   Mesure du changement technologique

Dans le cadre de l'Enquête sur le commerce électronique et la technologie de 2006, on a demandé aux entreprises si elles avaient introduit des technologies substantiellement améliorées au cours de la période allant de 2004 à 2006. Dans l'affirmative, on leur a demandé d'indiquer comment elle les avait introduites. Quatre options étaient offertes, à savoir : par achat de technologies telles quelles, par achat de licences technologiques, en adaptant ou modifiant substantiellement des technologies existantes ou en développement des nouvelles technologies (de façon isolée ou en conjonction avec d'autres). Les participants à l'enquête devaient cocher toutes les réponses pertinentes.

L'approche analytique adoptée dans l'article s'inspire de celle d'Arundel et Sonntag (2001) qui catégorisent l'introduction de la technologie en fonction du plus haut niveau d'utilisation. Selon cette approche, le degré d'effort requis pour chaque méthode augmente parallèlement à la complexité de la méthode d'introduction et au besoin résultant de compétences internes. Celles-ci varient des compétences minimales dans le cas de l'achat de technologies telles quelles à des compétences étendues dans le cas du développement de nouvelles technologies. Toutes les réponses ont ensuite été réparties entre trois catégories, selon le niveau le plus élevé de compétences internes requis afin de créer une classification par type d'entreprise ou d'organisation : 

  1. acheteurs de technologie :  ces entreprises et organisations achètent les technologies telles quelles ou achètent des licences technologiques;
  2. modificateurs de technologie :  ces entreprises ou organisations adaptent ou modifient significativement les technologies existantes;
  3. développeurs de technologie :  ces entreprises ou organisations développent de nouvelles technologies, isolément ou en collaboration avec d'autres.

Par exemple, une organisation indiquant à la fois qu'elle adaptait ou modifiait substantiellement des technologies existantes et qu'elle développait de nouvelles technologies a été classée dans la catégorie des développeurs de technologies. Une entreprise ne recourant qu'à l'achat de technologies et ne procédant à aucune adaptation de technologies existantes et aucun développement de nouvelles technologies a été classé dans la catégorie des acheteurs de technologies.

4   Changements technologiques dans le secteur privé

La présente section porte sur l'introduction de technologies substantiellement améliorées par les entreprises du secteur privé. Durant l'intervalle de trois ans entre 2004 et 2006, 42,8 % d'entreprises du secteur privé ont introduit des technologies substantiellement améliorées.

La moitié (47,1 %) des entreprises du secteur privé appartenant aux industries productrices de biens ont adopté des technologies substantiellement améliorées, pourcentage significativement supérieur au tiers (34,5 %) des entreprises appartenant aux industries productrices de services (graphique 13 .

4.1  Méthode d'introduction des technologies substantiellement améliorées selon le secteur industriel dans le secteur privé

Parmi les 42,8 % d'entreprises du secteur privé qui ont introduit des technologies substantiellement améliorées entre 2004 et 2006, le quart étaient des développeurs de technologies (22,7 %), un autre quart était des modificateurs de technologies (26,2 %) et la moitié étaient des acheteurs de technologies seulement (51,1 %) (graphique 2). Ces résultats concordent avec ceux d'Arundel et Sonntag (2001) qui ont analysé les industries manufacturières en utilisant les données de l'Enquête sur les technologies de pointe dans l'industrie canadienne de la fabrication de 1998.

Aucun écart ne se dégage entre les pourcentages selon le type d'entreprise enregistrés pour le secteur privé dans son ensemble et pour ses composantes, à savoir le secteur producteur de biens et le secteur producteur de services.

4.2  Méthode d'introduction de technologies substantiellement améliorées, selon la taille de l'entreprise dans le secteur privé

De 2004 à 2006, quatre grandes entreprises du secteur privé sur cinq (80,5 %) ont introduit des technologies substantiellement améliorées, soit le double du pourcentage de petites entreprises (39,5 %). Les entreprises de taille moyenne n'étaient pas plus susceptibles que les grandes d'avoir introduit une technologie substantiellement améliorée (64,2 %), mais l'étaient plus que les petites (graphique 3).

Dans chaque catégorie de taille d'entreprise du secteur privé, les entreprises étaient aussi susceptibles d'être des développeurs que des modificateurs de technologies. Par contre, les acheteurs de technologies étaient plus susceptibles d'être de petites entreprises (graphique 4). Ces dernières représentaient la seule catégorie de taille manifestant une propension à n'utiliser qu'une seule méthode d'introduction des technologies, la moitié d'entre elles (55,1 %) étant des acheteurs de technologies. Les moyennes et les grandes entreprises n'étaient ni les unes ni les autres plus susceptibles d'être des acheteurs de technologies que d'être des modificateurs ou des développeurs de technologies 4 .

5   Changements technologiques dans les organisations du secteurpublic

La présente section porte sur l'introduction de technologies substantiellement améliorées dans les organisations du secteur public. Durant la période de trois ans allant de 2004 à 2006, quatre organisations du secteur public sur cinq (81,8 %) ont indiqué qu'elles avaient introduit des technologies substantiellement améliorées (graphique 5). Celles du secteur des services d'enseignement (88,2 %) étaient les plus susceptibles d'introduire ces technologies, suivies de près par les organisations du secteur des soins de santé et de l'assistance sociale (82,5 %) et du secteur des administrations publiques (73,3 %).

Le pourcentage d'organisations du secteur public qui ont introduit des technologies substantiellement améliorées varie selon la taille. Les grandes organisations (90,3 %) étaient les plus susceptibles de l'avoir fait (graphique 6). Celles de taille moyenne (77,1 %) et de petite taille (61,4 %) étaient aussi susceptibles les unes que les autres d'introduire des technologies substantiellement améliorées.

5.1  Méthode d'introduction de technologies substantiellement améliorées selon le secteur industriel dans le secteur public

Les quatre organisations sur cinq (81,8 %) du secteur public qui ont introduit des technologies substantiellement améliorées entre 2004 et 2006 étaient plus susceptibles d'être des acheteurs ou des développeurs que des modificateurs de technologies. Plus du tiers (37,1 %) étaient des acheteurs de technologies seulement, un quart (23,7 %) ont indiqué qu'elles étaient des modificateurs de technologies et plus d'un tiers (39,3 %) ont indiqué qu'elles étaient des développeurs de technologies (graphique 7).

Les organisations appartenant au secteur des services d'enseignement (37,3 %) et à celui des services de soins de santé et d'assistance sociale (46,5 %) étaient aussi susceptibles les unes que les autres d'être uniquement des acheteurs de technologies. Les organisations de chacun de ces deux secteurs industriels du secteur public étaient plus susceptibles que celles du secteur industriel des administrations publiques (24,2 %) d'être des acheteurs de technologies.

Les organisations des trois secteurs industriels du secteur public étaient, toutes proportions gardées, aussi nombreuses les unes que les autres d'indiquer qu'elles étaient des modificateurs de technologies.

Parmi les trois secteurs industriels constituant le secteur public, les organisations du secteur des administrations publiques étaient les plus susceptibles de déclarer être des développeurs de technologie. Plus de la moitié (57,9 %) de ces organisations ont dit qu'elles développaient des technologies comparativement au tiers (38,0 %) et au quart (26,7 %) de celles du secteur des services d'enseignement et du secteur des soins de santé et de l'assistance sociale, respectivement.

Une comparaison du type d'organisation dans chaque secteur industriel constituant le secteur public révèle que les organisations du secteur des services d'enseignement étaient plus susceptibles d'être des acheteurs (37,3 %) ou des développeurs (38,0 %) que des modificateurs (24,7 %) de technologies. La moitié des organisations du secteur des soins de santé et de l'assistance sociale étaient des acheteurs de technologies (46,5 %), tandis qu'un quart étaient des modificateurs de technologies (26,8 %) et l'autre quart, des développeurs de technologies (26,7 %). Plus de la moitié des organisations du secteur des administrations publiques (57,9 %) étaient des développeurs de technologies, les autres étant aussi susceptibles d'être des modificateurs de technologies (17,9 %) que des acheteurs de technologies seulement (24,7 %).

5.2  Méthode d'introduction de technologies substantiellement améliorée selon la taille de l'organisation dans le secteur public

Une comparaison des méthodes d'introduction des technologies selon la catégorie de taille parmi les organisations ayant introduit des technologies substantiellement améliorées montre que les petites et les moyennes organisations du secteur public ne manifestent aucune affinité pour une méthode d'introduction des technologies plutôt qu'une autre (graphique 8). Par contre, les grandes organisations du secteur public sont plus susceptibles d'être des acheteurs (36,7 %) ou des développeurs (42,3 %) que des modificateurs (21,0 %) de technologies.

6   Comparaison des changements technologiques dans les secteursprivé et public

De 2004 à 2006, les organisations du secteur public (81,8 %) étaient deux fois plus susceptibles que les entreprises du secteur privé (42,8 %) d'introduire des technologies substantiellement améliorées.

Les entreprises du secteur privé (51,1 %) sont plus susceptibles d'être des acheteurs de technologies que les organisations du secteur public (37,1 %) (graphique 9). En ce qui concerne les développeurs de technologies, c'est l'inverse que l'on observe, plus du tiers (39,3 %) des organisations du secteur public entrant dans cette catégorie comparativement au quart (22,7 %) des entreprises du secteur privé. Enfin, la propension à modifier les technologies est la même dans les deux secteurs (23,7 % pour le secteur privé, 26,2 % pour le secteur public).

Les entreprises du secteur privé n'ont pas été comparées aux organisations du secteur public en fonction de la catégorie de taille, car les catégories définies pour chaque secteur ne sont pas comparables.

7   Principaux résultats et discussion

Les données provenant de l'Enquête sur le commerce électronique et la technologie de 2006 ont fourni des renseignements sur les méthodes utilisées par les entreprises du secteur privé et les organisations du secteur public en vue d'introduire des technologies substantiellement améliorées pendant les années 2004 à 2006.

L'approche utilisée antérieurement par Arundel et Sonntag (2001) a été adoptée dans le présent article pour examiner les types d'entreprises qui introduisent des technologies. L'étude révèle que les entreprises du secteur privé sont le plus probablement des acheteurs de technologies et qu'elles sont tout aussi susceptibles d'être des modificateurs que des développeurs de technologies. Ce profil d'adoption de technologies est semblable à celui observé par Arundel et Sonntag dans le cadre d'une étude des entreprises manufacturières fondée sur les données de l'Enquête sur les technologies de pointe dans l'industrie manufacturière de 1998. Il serait intéressant d'analyser une ventilation plus détaillée des 18 secteurs industriels composant le secteur privé afin de déterminer si ce profil se dégage encore à un niveau plus fin d'agrégation des industries. Cela permettrait aussi de comparer le profil observé pour les industries manufacturières au cours du temps.

La constatation peut-être la plus intéressante est que la moitié des entreprises du secteur privé et près des deux tiers des organisations du secteur public ne se contentent pas simplement d'acheter les technologies, mais modifient aussi les technologies existantes ou développent les technologies dont elles ont besoin. Il s'agit d'une preuve que, non seulement les fabricants des technologies, mais aussi les utilisateurs de ces technologies jouent un rôle important dans l'innovation des procédés et processus. Cette preuve corrobore les arguments des chercheurs qui ont entrepris d'étudier la question de l'innovation amorcée par les utilisateurs.

La présente étude montre aussi que les organisations du secteur public sont plus susceptibles d'être des développeurs de technologies que leurs homologues du secteur privé, ce qui confirme les résultats de Earl (2004b, 2004c). Inversement, les entreprises du secteur privé sont plus susceptibles d'être des acheteurs de technologies que les organisations du secteur public. Avant de tirer des conclusions quant à l'importance des développeurs de technologies dans les secteurs privé et public, il serait intéressant d'examiner dans quelle mesure la répartition selon la taille au sein de chaque secteur, public et privé, peut expliquer la différence.

Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, la taille d'une entreprise privée ne semble pas être un déterminant critique du fait que cette entreprise soit un modificateur ou un développeur de technologies. Les grandes entreprises ne sont pas plus susceptibles que les petites de modifier ou de développement des technologies.

De même, la classification industrielle d'une entreprise ne semble pas avoir d'effet sur la méthode d'adoption des technologies utilisées. Les entreprises privées du secteur producteur de biens et celles du secteur producteur de services sont, toutes proportions gardées, aussi nombreuses à être des acheteurs, des modifications et des développeurs de technologies. Il serait intéressant de déterminer si des différences existent au niveau des industries individuelles.

Sauf dans le cas de l'industrie de l'information et de l'industrie culturelle (71,8 %), aucun écart ne se dégage entre les pourcentages d'entreprises qui ont introduit des technologies substantiellement améliorées. Dans le secteur de l'industrie de l'information et de l'industrie culturelle, le pourcentage d'entreprises ayant introduit des technologies substantiellement améliorées était supérieur à celui observé pour le commerce de gros (45,1 %), le commerce de détail (42,4 %), le transport et l'entreposage (34,5 %), les services immobiliers et services de location et de location à bail (34,0 %), les services administratifs, services de soutien, services de gestion des déchets et services d'assainissement (42,9 %), les arts, les spectacles et les loisirs (36,7 %), l'hébergement et les services de restauration (37,6 %) et les autres services, sauf les administrations publiques (38,3 %). Le pourcentage d'entreprises ayant introduit des technologies substantiellement améliorées dans l'industrie de l'information et l'industrie culturelle ne différait pas significativement de celui relevé pour les entreprises du secteur de la finance et de l'assurance (47,6 %), du secteur des services professionnels, scientifiques et techniques (49,0 %), du secteur de la gestion de sociétés et d'entreprises (40,1 %), du secteur des services d'enseignement (sauf les administrations publiques) (44,5 %) et du secteur des soins de santé de l'assistance sociale (sauf les administrations publiques) (49,1 %).

8   Bibliographie

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