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Connaissance des langues officielles chez les nouveaux immigrants : à quel point est-ce important sur le marché du travail?

2005

89-624-XWF


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Section 4 : Connaissance des langues officielles (LO) et type d'emploi occupé

On sait que la connaissance des langues officielles a un effet sur plusieurs dimensions de l’intégration des immigrants. On s’intéresse ici principalement au lien entre la connaissance des LO et le fait d’avoir un emploi dit « approprié ».

Lien entre la connaissance des LO et le type d’emploi occupé

Cinq caractéristiques d’un emploi approprié

Depuis leur arrivée au pays il y a quatre ans, la pire difficulté mentionnée par le plus grand nombre d’immigrants était de trouver un emploi approprié, celle-ci ayant été déclarée par 46 % des immigrants. Mais qu’est-ce qu’un emploi approprié, comment le définir? Selon quels critères et surtout, qui est en mesure de juger qu’un emploi est approprié? Par exemple, un emploi jugé approprié par un immigrant pourrait être jugé inapproprié par un autre.

On pourrait définir qu’un emploi est approprié si le niveau de satisfaction envers cet emploi est élevé. Mais la satisfaction envers un emploi peut dépendre de bien des facteurs subjectifs comme le nombre d’heures travaillées (certains préfèrent travailler à temps partiel), l’environnement de travail, la distance à parcourir et les moyens de transport disponibles pour se rendre au travail, la dépendance financière à cet emploi, etc. On cherche donc plutôt à définir un emploi approprié selon des caractéristiques objectives et comparables.

Aux fins de cette étude, on utilise les éléments suivants comme indicateurs ou caractéristiques d’un emploi approprié : 1 

  1. le fait qu’un emploi soit ou non à haut niveau de compétence
  2. le fait qu’un emploi soit ou non dans le domaine envisagé par l’immigrant
  3. le fait que l’emploi soit ou non dans le même domaine que l’emploi occupé avant d’immigrer
  4. le fait que l’emploi soit ou non lié au domaine de formation ou aux études de l’immigrant (non disponible pour le cycle 1)
  5. le salaire horaire de l’emploi

Puisqu’on examine ici des caractéristiques reliées à des emplois, les estimations pour ces caractéristiques sont produites en conservant uniquement les immigrants qui travaillaient au moment de chaque interview et qui ont répondu aux questions permettant de déterminer les caractéristiques de l’emploi.

Le tableau 4.1  donne le nombre et le pourcentage d’immigrants occupés pour chaque caractéristique d’emploi et ce, pour chacun des trois cycles. On donne à la fois le nombre et le pourcentage, car ces derniers sont basés sur le nombre d’immigrants occupés et ce nombre diffère d’un cycle à l’autre. Pour le salaire horaire, on donne le nombre d’immigrants occupés qui ont déclaré leur salaire et leur nombre d’heures, ainsi que le salaire horaire moyen de ceux-ci. Les estimations provinciales sont présentées dans l'appendice G .

 
Nombre et proportion d'immigrants occupés selon les caractéristiques d'emploi à chaque cycle, Canada
  Emploi à haut niveau de compétence Emploi dans le domaine envisagé Emploi similaire à celui avant d'immigrer Emploi relié à la formation ou aux études Salaire horaire moyen
  nombre pourcentage nombre pourcentage nombre pourcentage nombre pourcentage nombre dollars
Cycle 1 26 100 37 22 500 47 23 700 38 .. .. 66 400 13,18
Cycle 2 40 000 43 28 200 48 30 500 39 43 700 47 80 900 14,82
Cycle 3 50 600 47 32 800 37 35 400 29 56 100 52 93 000 17,13
Note(s) :
Les unités ayant des valeurs manquantes ont été excluses du calcul de ces pourcentages. L'information permettant de déterminer si l’emploi est relié à la formation ou aux études n’était pas disponible au cycle 1.
Source(s) :
Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.1 Proportion d'immigrants occupant un emploi à haut niveau de compétence, selon le niveau d'anglais parlé à chaque cycle, Canada
Note(s) :  Les estimations correspondant au niveau d'anglais parlé 1 pour les trois cycles doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.

Niveau d’anglais parlé au Canada et emploi approprié

On a vu plus tôt que le taux d’emploi croît avec le niveau d’anglais parlé. On cherche maintenant à évaluer si le niveau d’anglais et de français parlé semble avoir un impact sur le type d’emploi des immigrants occupés. En se concentrant sur les immigrants occupés seulement, on laisse de côté ceux qui ne travaillent pas, que ce soit par choix ou non. On veut voir si les immigrants qui parlent mieux les LO sont plus susceptibles d’occuper un emploi à haut niveau de compétence, un emploi dans le domaine envisagé, un emploi similaire à celui occupé avant l’immigration, un emploi relié aux études ou à la formation, et s’ils sont susceptibles d’avoir un salaire horaire relativement plus élevé.

Graphique 4.2 Proportion d'immigrants occupant un emploi dans le domaine envisagé, selon le niveau d'anglais parlé à chaque cycle, Canada
Note(s) :  Les estimations correspondant au niveau d'anglais parlé 1 des cycles 2 et 3 doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.3 Proportion d'immigrants occupant un emploi similaire à celui occupé avant d'immigrer, selon le niveau d'anglais parlé à chaque cycle, Canada
Note(s) :  L'estimation correspondant au niveau d'anglais parlé 1 du cycle 3 doit être utilisée avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.4 Proportion d'immigrants occupant un emploi relié à la formation ou aux études, selon le niveau d'anglais parlé à chaque cycle, Canada
Note(s) :  L'information permettant de déterminer si l'emploi est relié à la formation ou aux études n'était pas disponible au cycle 1. Les estimations correspondant au niveau d'anglais parlé 1 doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.5 Salaire horaire moyen des immigrants occupés, selon le niveau d'anglais parlé à chaque cycle, Canada
Note(s) :  L'estimation du salaire horaire moyen des immigrants du niveau d'anglais parlé 1 au cycle 1 doit être utilisée avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.

Comme on peut le constater, il semble y avoir un lien assez fort entre le type d’emploi occupé par les immigrants et leur niveau d’anglais parlé.

On note toutefois certains points intéressants en ce qui a trait au fait d’occuper un emploi dans le domaine envisagé ou un emploi similaire à celui avant d’immigrer aux cycles 1 et 2. Les immigrants ne parlant pas du tout anglais sont proportionnellement plus nombreux à travailler dans le domaine envisagé que les immigrants qui parlent un tant soit peu anglais. Ce phénomène, très fort au cycle 1, semble s’atténuer légèrement au cycle 2, pour ensuite disparaître au cycle 3. Il s’avère que les emplois envisagés par les immigrants qui ne parlaient pas anglais au cycle 1 ont surtout tendance à être dans des domaines où l’usage de cette langue est moins important. En effet, 72 % des emplois des immigrants travaillant dans le domaine envisagé au cycle 1 mais ne parlant pas du tout cette langue étaient des emplois à bas niveau de compétence, plusieurs d’entre eux étant des emplois qui ne requièrent généralement pas de compétences linguistiques particulières. Par exemple, on y retrouve des aides cuisiniers, des ouvriers agricoles, des conducteurs de machines à coudre et des gardiens d’enfants. Dans le cas des immigrants qui occupaient un emploi similaire à celui avant d’immigrer au cycle 1 mais ne parlaient pas du tout anglais, l’emploi de 78 % d’entre eux était à bas niveau de compétence.

Niveau de français ou d’anglais parlé au Québec et emploi approprié

Le lien entre la connaissance des LO au Québec et le type d’emploi occupé n’est pas aussi clair que celui observé dans l’ensemble du Canada. Les graphiques 4.6  à 4.10  sont en fonction du niveau autodéclaré de français parlé tandis que les graphiques 4.11  à 4.15  présentent les résultats en fonction du niveau autodéclaré d’anglais parlé au Québec.

Graphique 4.6 Proportion d'immigrants occupant un emploi à haut niveau de compétence, selon le niveau de français parlé à chaque cycle, Québec
Note(s) :  Les estimations pour le cycle 1 sont trop peu fiables pour être publiées. Les estimations correspondant aux niveaux 3 et 4 au cycle 2, ainsi que celle du niveau 1 au cycle 3 doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.7 Proportion d'immigrants occupant un emploi dans le domaine envisagé, selon le niveau de français parlé à chaque cycle, Québec
Note(s) :  Les estimations pour le cycle 1 sont trop peu fiables pour être publiées. Toutes les estimations des cycles 2 et 3 doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.8 Proportion d'immigrants occupant un emploi similaire à celui occupé avant d'immigrer, selon le niveau de français parlé à chaque cycle, Québec
Note(s) :  Les estimations pour le cycle 1 sont trop peu fiables pour être publiées. Toutes les estimations des cycles 2 et 3 doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.9 Proportion d'immigrants occupant un emploi relié à la formation ou aux études, selon le niveau de français parlé à chaque cycle, Québec
Note(s) :  L'information permettant de déterminer si l'emploi est relié à la formation ou aux études n'était pas disponible au cycle 1. Les estimations correspondant au cycle 2, ainsi que celles correspondant aux niveaux de français parlé 1 et 3 au cycle 3, doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.10 Salaire horaire moyen des immigrants occupés, selon le niveau de français parlé à chaque cycle, Québec
Note(s) :  Les estimations pour le cycle 1 sont trop peu fiables pour être publiées. Les estimations correspondant au niveau de français parlé 3 au cycle 2, et au niveau de français 1 au cycle 3, doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.

La relation entre le niveau de français parlé et chaque caractéristique d’emploi n’est pas très linéaire; elle semble parfois évoluer en dents de scie. Aussi, on remarque souvent une baisse de la proportion de la caractéristique étudiée pour les niveaux de français 3 et 4, donc pour les immigrants parlant assez bien ou bien la langue (mais pas très bien). De plus, les proportions observées pour les immigrants parlant très bien français sont rarement plus élevée que celles des immigrants ne le parlant pas du tout. Enfin, on remarque au cycle 3 que les courbes ont tendance à être plus plates qu’aux cycles précédents, indiquant que l’effet du français tend à disparaître avec le temps.

Graphique 4.11 Proportion d'immigrants occupant un emploi à haut niveau de compétence, selon le niveau d'anglais parlé à chaque cycle, Québec
Note(s) :  L'estimation correspondant au niveau d'anglais parlé 1 au cycle 1 est trop peu fiable pour être publiée. Les estimations correspondant au niveau d'anglais parlé 1 des cycles 2 et 3 doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.12 Proportion d'immigrants occupant un emploi dans le domaine envisagé, selon le niveau d'anglais parlé à chaque cycle, Québec
Note(s) :  Les estimations correspondant au niveau d'anglais parlé 1 sont trop peu fiables pour être publiées. Les estimations correspondant au niveau d'anglais parlé 2 doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.13 Proportion d'immigrants occupant un emploi similaire à celui occupé avant d'immigrer, selon le niveau d'anglais parlé à chaque cycle, Québec
Note(s) :  Les estimations correspondant aux niveaux d'anglais parlé 1 et 2 doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.14 Proportion d'immigrants occupant un emploi relié à la formation ou aux études, selon le niveau d'anglais parlé à chaque cycle, Québec
Note(s) :  L'information permettant de déterminer si l'emploi est relié à la formation ou aux études n'était pas disponible au cycle 1. Les estimations correspondant au niveau d'anglais parlé 1 doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.
Graphique 4.15 Salaire horaire moyen des immigrants occupés, selon le niveau d'anglais parlé à chaque cycle, Québec
Note(s) :  L'estimation correspondant au niveau d'anglais parlé 1 au cycle 1 est trop peu fiable pour être publiée. Les estimations correspondant au niveaux d'anglais parlé 2 et 5 au cycle 1 doivent être utilisées avec prudence.
Source(s) :  Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.

Les résultats pour l’anglais quant à eux semblent mettrent en évidence une relation généralement positive entre le niveau de compétence et chaque caractéristique d’emploi, bien que cette relation ne soit pas toujours parfaitement régulière et que l’allure des courbes semble s’aplanir avec le temps.

Modélisation de la probabilité d’occuper un emploi approprié en fonction de la connaissance des LO

On aborde maintenant la portion analytique de cette étude. On a vu à la section précédente qu’il semble y avoir un lien important entre le niveau d’anglais parlé et les cinq caractéristiques utilisées pour désigner un emploi approprié. Toutefois ce lien pourrait être dû à des facteurs qui n’ont pas été pris en compte. Ainsi, à l’aide de modèles de régression logistique ou linéaire, on tentera de voir si la connaissance des langues officielles a vraiment un effet sur les chances d’occuper un emploi approprié. On définira un emploi approprié tour à tour comme étant un emploi à haut niveau de compétence, un emploi dans le domaine envisagé, un emploi similaire à celui occupé avant d’immigrer, un emploi relié à la formation ou aux études, et on évaluera le logarithme naturel du salaire horaire de cet emploi. Une définition plus précise de chaque caractéristique est donnée un peu plus loin.

Population visée par cette analyse

Puisque le niveau autodéclaré d’anglais et de français parlé n’est connu qu’à trois moments fixes dans le temps (soit six mois, deux ans et quatre ans après l’arrivée), on examine le lien entre le niveau de connaissance de la langue et l’emploi principal occupé à ces moments. On conservera donc pour les fins de cette analyse seulement les immigrants qui occupaient un emploi au moment de chaque interview 2 . Au cycle 1, il s’agit d’un échantillon de 3 284 immigrants représentant environ 71 700 immigrants dans la population; au cycle 2, la taille de l’échantillon s’élève à 4 480 immigrants représentant environ 93 100 immigrants dans la population; au cycle 3, il s’agit d’un échantillon de 5 215 immigrants représentant environ 107 700 immigrants dans la population.

L’analyse a été faite à l’aide du fichier du cycle 3 de l’ELIC. Ce fichier contient toutes les informations des cycles 1, 2 et 3 ainsi que les poids correspondant à la population du cycle 3, soit les nouveaux immigrants qui sont toujours au pays après quatre ans.

Méthodes d’analyse

Des modèles de régression logistique ont été utilisés pour modéliser la probabilité d’occuper un emploi à haut niveau de compétence, un emploi dans le domaine envisagé, un emploi similaire à celui occupé avant d’immigrer et un emploi reliés à la formation ou aux études. On a en revanche eu recours à des modèles de régression linéaire pour modéliser le logarithme naturel des gains horaires puisque cette variable est continue. Tous ces modèles ont été pondérés avec les poids « bootstrap » 3  du cycle 3 pour tenir compte du plan de sondage dans les tests statistiques et les calculs de variance des estimateurs.

On a étudié chaque cycle séparément, donc de façon transversale. Ainsi, on a pu observer une image de la situation de la cohorte d’immigrants six mois, deux ans et quatre ans après leur arrivée au pays. Cependant, on doit se rappeler que ce ne sont pas nécessairement les mêmes immigrants qui occupent un emploi à ces trois périodes de temps, bien qu’ils fassent tous partie de la même cohorte.

On a également cherché à vérifier de façon longitudinale s’il existe un lien significatif entre le fait d’améliorer ses compétences dans les LO au cours du temps et le fait d’occuper un emploi approprié quatre ans après l’arrivée. Cependant des contraintes de taille d’échantillon et les faibles changements observés au cours de la période ont empêché l’obtention de résultats fiables. Pour plus de détails à ce sujet, voir la section « Qualité des données, concepts et méthodologie — Contraintes rencontrées lors de l'analyse longitudinale  ».

Variables dépendantes

On a eu recours à cinq variables dépendantes représentant chacune des cinq caractéristiques d’emplois dits appropriés. Voici comment on a défini ces caractéristiques d’emploi 4 .

La première variable dépendante dichotomique vise à classifier chaque emploi selon qu’il correspond à une profession avec haut niveau de compétence ou non. Dans l’ELIC, on a procédé au codage des professions à l’aide de la Classification type des professions (CTP 5 ) de 1991. À partir de ces codes et d’une table de concordance, on a pu dériver une approximation du niveau de compétence de chaque profession déclarée dans l’ELIC. Pour les fins de cette étude, les professions dont le niveau de compétence était entre 1 et 3 ont été jugées à haut niveau de compétence, tandis que les niveaux 4 à 6 étaient jugés à bas niveau de compétence. Le niveau de compétence 1 correspond à des professions qui requièrent généralement une formation universitaire, tandis que les niveaux 2 et 3 correspondent à des professions qui requièrent une formation collégiale ou une formation via un programme d’apprentissage de profession.

  1. Emploi à haut niveau de compétence : HIGHSKILL = 1; 0 autrement

La deuxième variable dépendante examinée dans cette étude indique si l’immigrant travaille dans le domaine envisagé. Lors de l’interview du premier cycle, on demandait à chaque immigrant s’il avait l’intention de travailler et si oui, dans quel domaine. Ce domaine a été codé à l’aide de la CTP et a été apparié au domaine de l’emploi principal pour vérifier s’il y avait correspondance entre les deux. Cet appariement a été fait au premier niveau de la classification, correspondant aux grandes catégories professionnelles (c'est-à-dire selon la première lettre du code) 6 .

  1. Emploi dans le domaine envisagé : INTENDED 7  = 1; 0 autrement

La troisième variable dépendante dichotomique indique si l’immigrant travaille dans un domaine similaire à celui dans lequel il travaillait avant d’immigrer (sans égard au niveau de compétence 8 ). Lors de l’interview du cycle 1, on demandait à chaque immigrant s’il travaillait avant de quitter son pays et si oui, dans quelle profession. Ces professions ont été codées à l’aide de la CTP et ont été appariées par grandes catégories professionnelles (c'est-à-dire appariées selon la première lettre du code), à l’emploi principal occupé au Canada.

  1. Emploi similaire à celui avant d’immigrer : ASBEFORE 9   = 1; 0 autrement

La quatrième variable dépendante dichotomique indique si le répondant travaille dans un domaine lié à sa formation ou à son domaine d’études. Cette information est tirée d’une question directe demandée au répondant lors de l’interview des deuxième et troisième cycles. Cette question n’était pas posée au premier cycle.

  1. Emploi relié à la formation ou aux études : RELTOEDUC = 1; 0 autrement

Enfin, la cinquième et dernière variable dépendante utilisée pour cette étude correspond au logarithme naturel 10  des gains horaires de l’emploi de l’immigrant. On obtient les gains horaires en divisant le salaire hebdomadaire par le nombre moyen d’heures travaillées par semaine.

  1. Logarithme naturel du salaire horaire : LOG_AHE 11 

Variables indépendantes

On a voulu contrôler les résultats pour un certain nombre de facteurs. On peut ainsi analyser l’effet de la capacité à parler les langues officielles sur les caractéristiques d’emploi en tenant compte de l’effet de ces facteurs. Voici la liste des variables de contrôle utilisées dans l’étude : 

  1. Sexe 12  (homme; catégorie de référence = femme)
  2. Groupes d’âge (15 à 24 ans, 25 à 44 ans; catégorie de référence = 45 ans ou plus)
  3. Catégorie d’immigration (regroupement familial, demandeurs principaux de la catégorie des travailleurs qualifiés, conjoints et personnes à charge de la catégorie des travailleurs qualifiés, autres; catégorie de référence = réfugiés)
  4. Plus haut niveau d’éducation atteint à l’extérieur du Canada (niveau secondaire, niveau postsecondaire, niveau universitaire; catégorie de référence = inférieur au niveau secondaire)
  5. Région du monde de naissance (Amérique centrale ou du Sud, Europe, Afrique, Asie et Moyen-Orient, Océanie; catégorie de référence = États-Unis)

Deux autres variables pouvant avoir un impact sur le type d’emploi obtenu par les immigrants ont également été utilisées dans les modèles.

  1. L’emploi occupé avant l’immigration était à haut niveau de compétence (oui; catégorie de référence= non ou pas d’emploi avant d’immigrer)
  2. Indicateur de minorité visible (oui; catégorie de référence= non)

Pour ce qui est de la connaissance des langues officielles, comme on l’a mentionné plus tôt, on a utilisé les variables reliées à la capacité de parler en anglais et en français plutôt que celles reliées à la capacité de lire ou d’écrire dans ces deux langues. Ces variables ont été utilisées de deux façons différentes (dans des modèles différents).

Dans un premier temps, on a utilisé deux variables continues 13  dans les modèles afin de représenter le niveau parlé pour chaque langue. Cette façon de modéliser et les résultats obtenus sont présentés à la section 4.3. Les variables utilisées sont définies comme suit.

  1. Capacité à parler anglais 14  (1=ne le parle pas, 2=mal, 3=assez bien, 4=bien, 5=très bien)
  2. Capacité à parler français 15  (1=ne le parle pas, 2=mal, 3=assez bien, 4=bien, 5=très bien)

Dans un second temps, on a plutôt utilisé des variables dichotomiques d’appartenance à chaque niveau de chaque langue. De cette façon, on pouvait bien cerner les différences entre chacun des niveaux de langue par rapport aux autres. On a modélisé les variables dépendantes en choisissant tour à tour chaque niveau de langue comme étant le niveau de référence afin de déterminer le seuil de signification de l’effet de chaque niveau de langue par rapport aux autres. On a donc créé cinq variables dichotomiques pour chaque langue, bien que seulement quatre étaient utilisées dans les modèles à chaque fois (la cinquième correspondant au niveau de référence). L’analyse de ces modèles ainsi que les résultats sont donnés à la section 4.4. Les variables dichotomique ont été créées comme suit.

  1. Anglais_1 (=1 si ne parle pas anglais; 0 autrement)
  2. Anglais_2 (=1 si parle mal anglais; 0 autrement)
  3. Anglais_3 (=1 si parle assez bien anglais; 0 autrement)
  4. Anglais_4 (=1 si parle bien anglais; 0 autrement)
  5. Anglais_5 (=1 si parle très bien anglais; 0 autrement)
  6. Français_1 (=1 si ne parle pas français; 0 autrement)
  7. Français_2 (=1 si parle mal français; 0 autrement)
  8. Français_3 (=1 si parle assez bien français; 0 autrement)
  9. Français_4 (=1 si parle bien français; 0 autrement)
  10. Français_5 (=1 si parle très bien français; 0 autrement)

Modélisation à l’aide des variables de langue continues

On a examiné au total les résultats de 14 modèles au niveau du Canada, soit un modèle par variable dépendante par cycle (on rappelle que l’information pour modéliser la probabilité d’avoir un emploi relié aux études ou à la formation n’était pas disponible au cycle 1). On a également étudié ces 14 modèles pour le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique.

Voici d’abord les résultats pour le Canada et les provinces. On examine ici la tendance de l’effet de la capacité à parler chaque langue, c’est-à-dire qu’on tente d’évaluer s’il existe une tendance positive ou négative entre le niveau parlé de chaque langue et la probabilité d’occuper un emploi approprié.

Le tableau suivant résume l’ensemble des résultats. Seuls les coefficients des variables de capacité en anglais et en français sont donnés ici. Un coefficient positif indique une tendance positive, c’est-à-dire que plus le niveau de la langue est élevé, plus les chances sont grandes d’occuper ce type d’emploi ou plus le salaire horaire est élevé. Un coefficient négatif indique une tendance négative, c’est-à-dire que plus le niveau de la langue est élevé, moins les chances sont grandes d’occuper ce type d’emploi ou moins le salaire horaire est élevé. Comme le lien entre le niveau parlé et les caractéristiques d’emploi n’est pas nécessairement linéaire (surtout pour le français), on vise simplement ici à obtenir une idée générale des résultats pour chaque variable dépendante et ce, pour chacune des deux LO. Les coefficients des autres variables sont disponibles dans l'appendice H .

 
Coefficients beta provenant de la modélisation des caractéristiques d'emploi selon la capacité à parler français et anglais (variables continues), Canada et provinces
  Canada Québec Ontario Colombie- Britannique
Emploi à haut niveau de compétence  
Anglais  
Cycle 1 0.32 ** 0.29 * 0.30 ** 0,09
Cycle 2 0.22 ** 0,02 0.22 ** 0.26 **
Cycle 3 0.26 ** 0,06 0.28 ** 0.26 **
Français  
Cycle 1 0.15 ** 0,00 0.21 ** 0,21
Cycle 2 0,06 -0,01 0,06 0,07
Cycle 3 0,03 -0,10 0,07 0,15
Emploi dans le domaine envisagé  
Anglais  
Cycle 1 0.26 ** 0,24 0.27 ** -0,11
Cycle 2 0.16 ** 0,05 0.19 ** 0,15
Cycle 3 0.12 ** 0,05 0,11 0,11
Français  
Cycle 1 0,05 0,07 -0,07 0,22
Cycle 2 0,01 -0,07 -0,05 0,12
Cycle 3 -0,05 -0,17 -0,08 0,30
Emploi similaire à celui avant d'immigrer  
Anglais  
Cycle 1 0.31 ** 0,09 0.31 ** 0.33 *
Cycle 2 0.20 ** -0,12 0.30 ** 0,16
Cycle 3 0.21 ** -0,07 0.31 ** 0.24 *
Français  
Cycle 1 0.09 * 0,18 0,03 0,22
Cycle 2 0,03 -0,20 0,00 0,15
Cycle 3 0,02 -0,21 -0,02 0,22
Emploi relié à la formation ou aux études  
Anglais  
Cycle 1 .. .. .. ..
Cycle 2 0.34 ** 0.29 ** 0.36 ** 0.27 **
Cycle 3 0.23 ** 0,02 0.32 ** 0,09
Français  
Cycle 1 .. .. .. ..
Cycle 2 0.13 ** -0,02 0.13 * 0,16
Cycle 3 -0,01 0,00 0,05 0,04
Logarithme naturel du salaire horaire  
Anglais  
Cycle 1 0.08 ** 0.08 ** 0.06 ** 0.07 **
Cycle 2 0.08 ** 0.05 ** 0.07 ** 0.06 **
Cycle 3 0.09 ** 0.05 ** 0.10 ** 0.09 **
Français  
Cycle 1 0,00 -0,04 0,03 0,01
Cycle 2 -0,01 -0,04 0,01 -0,01
Cycle 3 0,00 -0,03 0,02 0,03
le coefficient beta est significatif au seuil de 5 %.
le coefficient beta est significatif au seuil de 1 %.
Note(s) :
L'information permettant de déterminer si l’emploi est relié à la formation ou aux études n’était pas disponible au cycle 1.
Source(s) :
Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.

Interprétation des résultats (variables de langue continues)

Résumé des tendances au Canada

  1. Capacité à parler anglais
  1. De façon générale, plus le niveau autodéclaré d’anglais parlé des immigrants est élevé, plus ils sont susceptibles d’avoir un emploi avec haut niveau de compétence, un emploi dans le domaine envisagé, un emploi similaire à celui avant d’immigrer, un emploi relié aux études ou à la formation et enfin, plus le salaire est élevé comparativement aux immigrants dont le niveau d’anglais parlé est moins élevé. Ceci est vrai six mois, deux ans et quatre ans après l’arrivée des immigrants au pays.
  1. Capacité à parler français
  1. De façon générale, plus le niveau autodéclaré de français parlé des immigrants est élevé, plus ceux-ci sont susceptibles d’avoir un emploi avec haut niveau de compétence, un emploi similaire à celui avant d’immigrer et un emploi relié aux études ou à la formation comparativement aux immigrants dont le niveau parlé en français est moins élevé. Toutefois, cet effet ne dure pas dans le temps puisque deux ans après l’arrivée, on ne note plus d’effet significatif du français sur les chances d’obtenir un emploi similaire à celui occupé avant d’immigrer, et quatre ans après l’arrivée, on ne note plus d’effet significatif du français sur la probabilité d’occuper un emploi à haut niveau de compétence et un emploi relié à la formation ou aux études.

Résumé des tendances au Québec

Il est important de noter que la taille d’échantillon pour les immigrants ayant occupé un emploi à l’un des trois cycles au Québec est relativement faible, allant de 354 à 673 selon le modèle et le cycle examiné.

  1. Capacité à parler anglais
  1. Six mois après l’arrivée, plus le niveau d’anglais parlé des immigrants au Québec est élevé, plus ils sont susceptibles d’occuper un emploi avec haut niveau de compétence. Mais cet effet n’est plus significatif deux ans ou quatre ans après l’arrivée. De même, plus le niveau d’anglais parlé par les immigrants au Québec est élevé, plus ils ont de chances d’occuper un emploi relié aux études ou à la formation deux ans après leur arrivée, mais cet effet n’est plus significatif quatre ans après l’arrivée. Enfin, plus le niveau d’anglais parlé des immigrants au Québec est élevé, plus leur salaire est élevé comparativement à ceux dont le niveau d’anglais parlé est moins bon, et cet effet persiste dans le temps.
  1. Capacité à parler français
  1. Le niveau de français parlé par les immigrants n’a pas d’effet significatif sur leurs chances d’occuper un emploi approprié.

Résumé des tendances en Ontario

  1. Capacité à parler anglais
  1. Les résultats pour l’Ontario sont presque identiques à ceux obtenus pour l’ensemble du Canada, c'est-à-dire que les immigrants dont le niveau parlé en anglais est plus élevé sont plus susceptibles d’occuper un emploi à haut niveau de compétence, un emploi dans le domaine envisagé, un emploi similaire à celui avant d’immigrer, un emploi relié aux études ou à la formation, et ils ont un salaire horaire plus élevé que les immigrants dont le niveau d’anglais est moins élevé. Toutefois, l’effet de l’anglais sur les chances d’obtenir un emploi dans le domaine envisagé n’est plus significatif en Ontario quatre ans après l’arrivée des immigrants.
  1. Capacité à parler français
  1. Plus le niveau de français parlé des immigrants de l’Ontario est élevé, plus ils sont susceptibles d’occuper un emploi avec haut niveau de compétence six mois après leur arrivée. Toutefois cet effet disparaît par la suite.

Résumé des tendances en Colombie-Britannique

  1. Capacité à parler anglais
  1. Les immigrants de la Colombie-Britannique dont le niveau d’anglais était élevé deux ans et quatre ans après l’arrivée étaient plus susceptibles d’occuper un emploi à haut niveau de compétence. Cet effet n’était toutefois pas significatif six mois après l’arrivée. De même, on note un effet significatif, six mois après l’arrivée, du niveau parlé d’anglais sur les chances d’occuper un emploi similaire à celui avant d’immigrer, mais cet effet disparaît par la suite. Les immigrants dont le niveau parlé d’anglais est plus élevé avaient plus de chances d’occuper un emploi relié aux études ou à la formation deux ans après leur arrivée que ceux dont le niveau était moins élevé, mais cet effet n’était plus significatif quatre ans après l’arrivée. Enfin, les immigrants dont le niveau parlé d’anglais est plus élevé avaient un meilleur salaire horaire que ceux dont le niveau d’anglais était moins élevé et ce, aux 3 cycles.
  1. Capacité à parler français
  1. Le niveau de français parlé par les immigrants de la Colombie-Britannique n’a pas d’effet significatif sur leurs chances d’occuper un emploi approprié.

Modélisation à l’aide des variables de langue dichotomiques

Comme mentionné précédemment, on a également modélisé les caractéristiques d’emploi à l’aide des variables dichotomiques d’appartenance aux différents niveaux d’anglais et de français parlé. Cette façon de faire permet de mieux cerner les différences entre chacun des niveaux de langue par rapport aux autres.

Interprétation des résultats (variables de langues dichotomiques)

On examine au tableau 4.3  un exemple de résultat en ce qui concerne l’effet du niveau d’anglais parlé sur la probabilité d’obtenir un emploi avec haut niveau de compétence au cycle 1 au Canada. Tous les autres résultats, tant au niveau national que provincial, sont donnés dans l'appendiceI . Étant donné la quantité de résultats, il serait impossible de tous les décrire ici. On explique ici comment interpréter les tableaux, puis on donne ensuite un résumé des tendances pour le Canada. Le lecteur est invité à consulter l’annexe pour obtenir les résultats détaillés qui l’intéressent.

Lorsqu’on examine la première colonne du tableau  4.3 , on observe que seul l’effet du niveau 5 est significativement différent du niveau 1 quant à la probabilité d’occuper un emploi approprié au cycle 1. C’est-à-dire que les immigrants qui parlaient très bien anglais (niveau 5) six mois après leur arrivée étaient plus susceptibles d’occuper un emploi approprié, comparativement aux immigrants qui ne le parlait pas du tout (niveau 1). Cependant, les chances d’occuper un emploi approprié six mois après l’arrivée pour les immigrants des autres niveaux d’anglais parlé (niveaux 2, 3 et 4) n’étaient pas significativement différentes de celles des immigrants ne parlant pas la langue (niveau 1).

De plus, les deuxième et troisième colonnes du tableau 4.3  indiquent que, par rapport aux niveaux 2 et 3 d’anglais, les niveaux 4 et 5 ont un effet significatif. Enfin, on note aussi que le niveau 5 a un effet significatif par rapport au niveau 4 sur les chances d’occuper un emploi approprié au cycle 1.

On a fait l’analyse des résultats détaillés au niveau du Canada et voici un résumé des tendances observées pour l’anglais et le français.

 
Coefficients beta provenant de la modélisation de la probabilité d'occuper un emploi à haut niveau de compétence, Canada
Cycle 1 1 Niveau de référence utilisé pour l'anglais
ne parle pas (1) parle mal (2) parle assez bien (3) parle bien (4) parle très bien (5)
Niveau d'anglais parlé  
ne parle pas (1) .. 0,09 -0,08 -0,45 -0.81 *
parle mal (2) -0,09 .. -0,17 -0.54 ** -0.90 **
parle assez bien (3) 0,08 0,17 .. -0.37 ** -0.73 **
parle bien (4) 0,45 0.54 ** 0.37 ** .. -0.36 **
parle très bien (5) 0.81 * 0.90 ** 0.73 ** 0.36 ** ..
le coefficient beta est significatif au seuil de 5 %.
le coefficient beta est significatif au seuil de 1 %.
Cycle 1 : basé sur une taille d'échantillon de 3 263 immigrants.
Source(s) :
Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.

Résumé des tendances au Canada

  1. Capacité à parler anglais
  1. Ce qui ressort de l’ensemble des résultats des modèles utilisant les variables dichotomiques pour l’anglais au Canada est que l’effet est assez souvent variable d’un niveau de langue à l’autre. De plus, on observe que les résultats sont surtout significatifs pour les deux plus hauts niveaux d’anglais (c’est-à-dire pour les immigrants qui parlent bien ou très bien l’anglais), et sont peu souvent significatifs pour les niveaux inférieurs. Ces constats pour l’anglais sont observés pour presque tous les modèles et presque tous les cycles. Donc les immigrants dont le niveau d’anglais parlé est bien ou très bien sont plus susceptibles d’occuper un emploi approprié six mois, deux ans et quatre ans après l’arrivée comparativement aux immigrants parlant moins bien la langue.
  1. Capacité à parler français
  1. Avant de décrire les tendances observées pour le français au Canada, une mise en garde s’impose. D’abord, peu d’immigrants parlent français au Canada. Ensuite, le taux d’emploi global des immigrants six mois après leur arrivée n’était que de 45 %. Ceci implique que les résultats pour certains niveaux de français sont basés sur de très petites tailles d’échantillon. Par exemple, l’échantillon ne contient que 74 répondants qui occupaient un emploi au cycle 1 et dont le niveau de français parlé était bien (niveau 4). Il faut donc être prudent dans l’interprétation des résultats pour le français puisqu’il est possible que certains effets soient observés à cause de la variabilité due à la faible taille d’échantillon.
  1. Néanmoins, ce qu’on peut noter au sujet de l’ensemble des résultats pour le français au Canada est que contrairement à l’anglais, on n’observe pas de relation claire et systématique entre le niveau parlé et les caractéristiques d’emploi. On observe parfois que les immigrants dont le niveau de français est plus élevé (surtout pour les niveaux 3 et 4, mais aussi parfois pour le niveau 5 en français) sont moins susceptibles d’occuper certains types d’emploi comparativement à ceux dont le niveau est moins élevé en français.
  1. Il faut dire que même au Québec, on obtient ce genre de résultat pour le français. Doit-on s’en surprendre? S’attendait-on à ce que les immigrants qui ont un meilleur niveau de français parlé au Québec soient plus susceptibles d’occuper un emploi approprié?
  1. On sait que la grande majorité (87 %) des immigrants au Québec habitent Montréal. Or le français n’est pas la seule langue de travail à Montréal. Dans l’ELIC, on a demandé aux immigrants qui occupaient un emploi au moment de chaque interview, dans quelles langues ils parlaient avec leurs collègues, patrons, clients, fournisseurs, etc. Bien que cette information ne représente pas la langue requise pour effectuer le travail, elle donne néanmoins une idée générale des langues qui sont utilisées au travail par les immigrants. Au cycle 1, 26 % des immigrants occupés du Québec ne parlaient qu’en français au travail, comparativement à 19 % qui ne parlaient qu’en anglais, tandis que 37 % parlaient français et anglais (mais il est impossible de savoir laquelle des deux langue est parlée plus fréquemment). Les autres immigrants (18 %) parlaient une langue non officielle, avec ou sans l’anglais ou le français. Au cycle 3, les proportions avaient peu changé : 31 % des immigrants du Québec qui occupaient un emploi à ce moment-là ne parlaient qu’en français au travail, 13 % ne parlaient qu’en anglais, alors que 37 % parlaient français et anglais. Les autres 19 % parlaient une langue non officielle avec ou sans l’anglais ou le français. Donc peu d’immigrants utilisent exclusivement le français au travail.
  1. Bien que les résultats pour le français soulèvent des questions importantes, ils doivent tout de même être interprétés avec prudence pour les raisons invoquées plus haut. En effet, il n’y a que très peu d’immigrants dans l’échantillon de l’ELIC aux niveaux de français 2, 3 et 4, niveaux qui correspondent aux principaux endroits où on dénote des effets négatifs de la langue sur les chances d’occuper un emploi approprié.

Interaction entre le français et l’anglais au Québec

La situation du Québec est particulière étant donné l’utilisation des deux langues officielles. Afin de mieux cerner l’effet de l’interaction entre les deux langues, on a crée des variables dichotomiques représentant le niveau parlé pour les deux langues à la fois. Voici ces variables, la dernière représentant le niveau de référence.

  1. F5A5 (=1 si le niveau de français est 5 et le niveau d’anglais est 5; 0 autrement)
  2. F5A4 (=1 si le niveau de français est 5 et le niveau d’anglais est 4; 0 autrement)
  3. F5A3 (=1 si le niveau de français est 5 et le niveau d’anglais est 3 ou moins; 0 autrement)
  4. F4A5 (=1 si le niveau de français est 4 et le niveau d’anglais est 5; 0 autrement)
  5. F4A4 (=1 si le niveau de français est 4 et le niveau d’anglais est 4; 0 autrement)
  6. F4A3 (=1 si le niveau de français est 4 et le niveau d’anglais est 3 ou moins; 0 autrement)
  7. F3A5 (=1 si le niveau de français est 3 ou moins et le niveau d’anglais est 5; 0 autrement)
  8. F3A4 (=1 si le niveau de français est 3 ou moins et le niveau d’anglais est 4; 0 autrement)
  9. F3A3 (catégorie de référence indiquant que le niveau de français est 3 ou moins et le niveau d’anglais est 3 ou moins)

La modélisation du logarithme naturel des gains horaires des immigrants du Québec avec ces nouvelles variables dichotomiques a permis de mieux saisir l’effet sur les gains de la capacité à bien ou très bien parler conjointement les deux LO, comparativement à ne bien parler aucune des deux LO. Le tableau 4.4  suivant donne les coefficients beta obtenus.

 
Coefficients beta provenant de la modélisation du logarithme naturel du salaire horaire des immigrants selon la capacité à parler conjointement le français et l'anglais, Québec
  Niveau d'anglais parlé
Niveaux 1 à 3 Niveau 4 Niveau 5
Cycle 1  
Niveau de français parlé  
Niveaux 1 à 3 0 0,39 ** 0,51 **
Niveau 4 0,02 -0,09 0,02
Niveau 5 0,06 0,25 0.28 **
Cycle 2  
Niveau de français parlé  
Niveaux 1 à 3 0,00 0,31 0,31 **
Niveau 4 -0,01 -0,24 0,04
Niveau 5 0,02 0,06 0,21 **
Cycle 3  
Niveau de français parlé  
Niveaux 1 à 3 0 0,10 0,31 **
Niveau 4 -0,02 0,02 0,16
Niveau 5 0,00 0,11 0,17
le coefficient beta est significatif au seuil de 5 %.
le coefficient beta est significatif au seuil de 1 %.
Note(s) :
Le niveau de référence comprend les immigrants ne parlant pas bien ni le français ni l'anglais.
Source(s) :
Statistique Canada, Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, 2005.

On pourrait résumer les résultats en disant que, comparativement aux immigrants qui ne parlaient bien ni l’une ni l’autre des deux LO, les immigrants qui parlaient très bien français devaient également très bien parler anglais pour que leurs gains soient significativement plus élevés. Cependant, les immigrants qui parlaient bien ou très bien anglais avaient un salaire horaire significativement supérieur à celui des immigrants qui ne parlaient bien ni l’une ni l’autre des deux langues et ce, même s’ils ne parlaient pas bien français. À partir du deuxième cycle, seuls les immigrants dont le niveau d’anglais était très bien (peu importe le niveau de français) avaient des gains plus élevés, tandis que quatre ans après l’arrivée, seuls les immigrants qui parlaient très bien anglais et ne parlaient pas bien français avaient des gains horaires significativement plus élevés que les immigrants qui ne parlaient bien ni l’une ni l’autre des LO.